Le pavillon de remise dans une lie du Rhin. — Portrait de la Dauphine. — Fêtes à Strasbourg, à Nancy, à Châlons, à Soissons. — Arrivée à Compiègne. — Réception de la Dauphine par le Roi, le Dauphin et la cour. — La Dauphine à la Muette. — Cérémonies de mariage à Versailles. — Accident de la place Louis XV.Il avait été construit, dans une île du Rhin, auprès de Strasbourg, un pavillon meublé par le garde-meuble du Roi et décoré de tapisseries représentant, funeste présage ! le tragique hymen de Jason et de Médée. Ce pavillon devait être la maison de remise[1]. La Dauphine mettait pied à terre dans la partie du pavillon réservée à la cour autrichienne. Là elle était déshabillée selon l'étiquette, dépouillée de sa chemise même et de ses bas, pour que rien il ne lui restât d'un pays qui n'était plus le sien[2]. Rhabillée, elle se rendait dans la salle destinée à la cérémonie de la remise. Elle y était attendue par le comte de Noailles, ambassadeur extraordinaire du Roi pour la réception de la Dauphine, par le secrétaire du cabinet du Roi, et par le premier commis des affaires étrangères. La lecture des pleins pouvoirs faite, les actes de remise et de réception de la Dauphine signés par les commissaires, le pété où se tenait la cour française de la Dauphine est ouvert. Marie-Antoinette se présente à sa nouvelle patrie ; elle va au-devant de la France, émue, tremblante, les yeux humides et brillants de larmes. Elle parait : elle triomphe. La Dauphine est jolie, presque belle déjà. La majesté commence en ce corps de quinze ans. Sa taille, grande, libre, aisée, maigre encore et de son âge, promet un port de reine. Ses cheveux d'enfant, admirablement plantés, sont de ce blond rare et charmant plus tendre que le châtain cendré. Le tour de son visage est un ovale allongé. Son front est noble et droit. Sous des sourcils singulièrement fournis, les yeux de la Dauphine, d'un bleu sans fadeur, parlent, vivent, sourient. Son nez est aquilin et fin, sa bouche, petite, mignonne et bien arquée. Sa lèvre inférieure s'épanouit à l'autrichienne. Son teint éblouit : il efface ses traits par la plus délicate blancheur, par la vie et l'éclat de couleurs naturelles, dont le rouge eût pu suffire à ses joues[3]. Mais ce qui ravit avant tout, dans la Dauphine, c'est l'âme de sa jeunesse répandue en tous ses dehors. Cette naïveté du regard, cette timidité de l'attitude, ce trouble et ces premières hontes où tant de choses se mêlent, embarras, modestie, bonheur, reconnaissance ; l'ingénuité de toute sa personne emporte d'abord tous les yeux, et gagne tous les cœurs à cette jeune Grâce apportant l'amour pudique à la cour de Louis XV et de la du Barry ! Chaque personne de la suite autrichienne de la Dauphine est venue lui baiser la main, puis s'est retirée. Le comte de Noailles présente à la Dauphine son chevalier d'honneur, le comte de Saulx-Tavannes ; sa dame d'honneur, la comtesse de Noailles. Madame de Noailles, à son tour, lui présente ses dames : la duchesse de Picquigny, la marquise de Duras, la comtesse de Mailly et la comtesse de Tavannes ; le comte de Tessé, premier écuyer ; le marquis Desgranges, maître des cérémonies ; le commandant du détachement des gardes du corps, le commandant de la province, l'intendant d'Alsace, le préteur royal de la ville de Strasbourg, et les principaux officiers de sa maison. La Dauphine monte dans les carrosses du Roi pour entrer dans la ville. Les régiments de cavalerie du Commissaire-Général et de Royal-Étranger, en bataille dans la plaine, la saluent. Une triple décharge de l'artillerie des remparts, les volées des cloches de toutes les églises annoncent son entrée en ville. A la porte de la ville, le maréchal de Contades reçoit la Dauphine devant un magnifique arc de triomphe. En passant devant l'hôtel de ville, la Dauphine voit couler les fontaines de vin pour le peuple. Elle descend au palais épiscopal, où le cardinal de Rohan la reçoit avec son grand chapitre, les comtes de la cathédrale : le prince Ferdinand de Rohan, archevêque de Bordeaux, grand prévôt ; le prince de Lorraine, grand doyen ; le comte de Trucksès ; l'évêque de Tournay ; les comtes de Salm et de Mandrechied ; le prince Louis de Rohan, coadjuteur ; les trois princes de Hohenlohe ; les deux comtes de Kœnigsec ; le prince Guillaume de Salm, et le jeune comte de Trucksès. La Dauphine embrasse le cardinal de Rohan, le prince de Lorraine, et les princes Ferdinand et Louis de Rohan ; puis tous les corps sont présentés à la Dauphine. Les dames de la noblesse de la province ont l'honneur de lui être nommées. La Dauphine dîne à son grand couvert, et permet au magistrat de lui présenter les-vins de la ville pendant que les tonneliers exécutent une fête de Bacchus, formant des figures en dansant avec leurs cerceaux. Le soir, la Dauphine se rendait à la Comédie française. A son retour elle trouvait toutes les rues illuminées, une colonnade et des jardins de feu vis-à-vis du palais épiscopal. A minuit, elle allait au bal donné par le maréchal de Contades, dans la salle de la Comédie, à toute la ville, à la noblesse, aux étrangers, aux officiers de la garnison, aux bourgeois et aux bourgeoises, habillés à la strasbourgeoise et parés de rubans aux couleurs de la Dauphine. Le 8, la Dauphine recevait les personnes présentées, admises à lui faire leur cour, les députations du canton et de l'évêque de Bâle, de la ville de Muthausen, du conseil supérieur d'Alsace, du corps de la noblesse et des universités luthérienne et catholique. Elle se rendait à la cathédrale, à la porte de laquelle le prince Louis de Rohan, en habits pontificaux, accompagné des comtes de la cathédrale et de tout le clergé, venait la complimenter. Saluant d'avance la promesse d'une union si belle, il disait : C'est l'âme de Marie-Thérèse qui va s'unir à l'âme des Bourbons ! Après la messe en musique et le grand concert au palais épiscopal, la Dauphine quittait Strasbourg, et était reçue à Saverne par le cardinal de Rohan, à sept heures du soir. Un bataillon du régiment du Dauphin, commandé par le duc de Saint-Mégrin, un détachement du régiment Royal- : Cavalerie, commandé par le marquis de Serent, formaient une double haie dans l'avenue du château. Il y avait un bal où la Dauphine dansait jusqu'à neuf heures ; après le bal, un feu d'artifice ; après le feu, un souper qui réunissait autour de la Dauphine les dames de sa maison et ses dames autrichiennes. Le 9, la Dauphine déjeunait entendait la messe, faisait ses adieux aux dames et aux seigneurs autrichiens qui l'avaient accompagnée. Le 9, la Dauphine arrivait à Nancy. Reçue à la porte Saint-Nicolas par le commandant de Lorraine, le marquis de Choiseul la Baume, elle couchait à l'hôtel du Gouvernement. Le lendemain elle accueillait les respects de la Cour souveraine, de la Chambre des comptes, du Corps municipal et de l'Université. Après avoir dîné en public, la Dauphine allait vieller aux Cordeliers les tombeaux da sa famille[4]. La Dauphine reparlait, couchait à Bar, recevait à Lunéville les honneurs militaires dû corps de la gendarmerie, du marquis de Castries et du marquis d'Autichamp. A Commercy, une petite fille de dix ans présentait à la Dauphine des fleurs et un compliment. Le 11, la Dauphine descendait à Châlons, à l'hôtel de l'Intendance. Six jeunes filles, dotées par la ville à l'occasion du mariage du Dauphin de France, lui récitaient des vers. Les acteurs des trois grands spectacles, venus de Paris, jouaient devant la Dauphine la Partie de chasse de Henri IV et la comédie de Lucile. Le souper de la Dauphine était précédé d'un feu d'artifice et suivi d'une illumination figurant le temple de l'Hymen. Le 12, la Dauphine continuait sa route par Reims. A Soissons, la bourgeoisie et la compagnie de l'Arquebuse l'attendaient aux portes. Les trois rues conduisant à l'évêché étaient décorées d'arbres fruitiers de vingt-cinq pieds de hauteur, entrelacés de lierre, de fleurs, de gazes d'or et d'argent, de guirlandes de lanternes. Reçue par l'évêque au bas du perron du palais épiscopal, la Dauphine se rendait à ses appartements par une galerie magnifiquement éclairée. Après le souper, tandis que deux tables de six cents couverts, servies avec profusion, régalaient le peuple, la Dauphine, conduite dans un salon construit exprès pour elle, voyait, dans le rayonnement d'un feu d'artifice, le temple élevé par l'évêque au fond de son jardin sur une montagne d'où jaillissait une source. Un groupe le couronnait : c'était la Renommée annonçant la Dauphine à la France, et un Génie portant son portrait. Le lendemain, la Dauphine communiait dans la chapelle de l'évêque, recevait les présents de la ville, du chapitre et des corps, assistait dans l'après-dînée à un Te Deum en musique. Sortie de la cathédrale, elle se montrait au peuple, qui l'applaudissait. Le lendemain 14, à deux heures après-midi, elle partait pour Compiègne[5]. La route avait été, pour la Dauphine, un long et fatigant honneur ; mais elle avait été aussi une continuelle et douce ovation. Qu'elle est jolie, notre Dauphine ! disaient les villages accourus sur son passage, les campagnes endimanchées rangées sur les chemins, les vieux curés, les jeunes femmes. Vive la Dauphine ! ce n'était qu'un cri courant de champs en champs, de clochers en clochers. N'oubliant jamais de plaire ni de remercier, les stores de sa voiture baissés pour se laisser voir, houleuse et ravie de toutes ces louanges qui la suivaient, la Dauphine avait un sourire pour chacun, une réponse à toute chose ; et même, quelques lieues de Soissons, elle retrouvait quelques mots du peu de latin qu'elle avait appris pour répondre au compliment cicéronien de jeunes écoliers[6]. Le Roi avait envoyé le marquis de Chauvelin complimenter la Dauphine à Châlons, le due d'Aumont, premier gentilhomme, la complimenter à Soissons. Le dimanche 13 mai, il partait de Versailles, après la messe, avec le Dauphin, madame Adélaïde, mesdames Victoire et Sophie ; il couchait à la Muette, et le lendemain il allait attendre la Dauphine à Compiègne. Reçue à quelques lieues de Compiègne par l'ami de Marie-Thérèse, le duc de Choiseul, Marie-Antoinette rencontre dans la forêt, au pont de Berne, le Roi, le Dauphin, Mesdames et la cour en grand cortège. La maison du Roi et le vol du cabinet précèdent le carrosse du Roi dans leurs rangs ordinaires. La Dauphine descend de carrosse. Le comte de Saulx-Tavannes et le comte de Tessé la mènent au Roi par la main. Toutes ses dames l'accompagnent. Arrivée au Roi, la Dauphine se jette à ses pieds : Louis XV, l'ayant relevée et embrassée avec une bonté paternelle et royale, lui présente le Dauphin, qui l'embrasse. Arrivés au château, le Roi et le Dauphin donnent la main à la Dauphine jusque dans son appartement. Le Roi lui présente le duc d'Orléans, le duc et la duchesse de Chartres, le prince de Condé, le duc et la duchesse de Bourbon, le prince de Conti, le comte et la comtesse de la Marelle, le duc de Penthièvre et la princesse de Lamballe. Le mardi 15 mai, la Dauphine quitte Compiègne, s'arrête à Saint-Denis, aux Carmélites, pour rendre visite à madame Louise, et arrive à sept heures du soir au château de la Muette, où l'attend la magnifique parure de diamants que lui offre le Roi[7]. Au souper, madame du Barry obtient du lâche amour de Louis XV de s'asseoir à la table de Marie-Antoinette. Marie-Antoinette sait ne pas manquer au Roi ; et, après souper, comme des indiscrets lui demandent comment elle a trouvé madame du Barry : Charmante, fait-elle simplement[8]. Le mercredi 16 niai, vers neuf heures, Marie-Antoinette, coiffée et habillée en très-grand négligé, part pour Versailles, où doit se faire sa toilette[9]. Le Roi et le Dauphin avaient quitté la !luette après le souper, à deux heures du matin, afin de recevoir la Dauphine. Le Roi passe chez elle aussitôt son arrivée, l'entretient longtemps, et lui présente Madame Élisabeth, comte de Clermont et la princesse de Conti. A une heure la Dauphine se rendait à l'appartement du Roi. De là le cortège allait à la chapelle. Au pourtour du sanctuaire et dans les tribunes avaient été placés des gradins à six rangs, afin de procurer au public la facilité de voir la cérémonie. Dans la tribune du Roi était un amphithéâtre destiné aux grands dignitaires de Versailles ; un autre amphithéâtre avait été monté dans le salon de la chapelle en face de la tribune du Roi, amphithéâtre fermé par-devant et d'où l'on voyait passer la cour. Précédés du grand maître, du maître et de l'aide des cérémonies, suivis du Roi, le Dauphin et la Dauphine s'avancent au bas de l'autel. L'archevêque de Reims bénit d'abord treize pièces d'or et un anneau d'or ; il les présente au Dauphin, qui met l'anneau au quatrième doigt de la main gauche de la Dauphine, et lui donne les treize pièces d'or. A la fin du Pater, le poêle de brocart, d'argent est tenu, du côté du Dauphin, par l'évêque de Senlis, du côté de la Dauphine, par l'évêque de Chartres[10]. Jamais bénédiction nuptiale à Versailles n'avait attiré pareille affluence. A Paris, le bureau des voitures de la cour était assiégé. Les carrosses de remise se payaient jusqu'à trois louis pour la journée, les chevaux de louage deux louis. Les rues semblaient désertes[11]. Enfin Marie-Antoinette était Dauphine de France. Elle recevait le serment des grands officiers de sa maison, et M. d'Aumont lui remettait la clef d'un coffre rempli de bijoux, apporté par ordre du Roi[12]. Madame de Noailles lui présentait les ambassadeurs et les ministres des cours étrangères. Le soir il y avait une table de vingt-deux couverts pour la famille Royale, les princes et les princesses du sang. Le souper était servi dans la salle de spectacle, dont le plancher avait été relevé à la hauteur du théâtre. Une balustrade en marbre, avec ornements d'or, entourait la table à distance et séparait des spectateurs les officiers qui servaient. Un salon de musique, où jouaient soixante musiciens, en forme d'arcade, avait été établi dans la partie de l'avant-scène bordant le théâtre. L'arcade reposait sur des colonnes de marbre séracolin aux bases, aux chapiteaux, aux roseaux d'or, et les colonnes étaient séparées par de grandes glaces, contre lesquelles s élevaient des tables de marbre chargées de trophées de musique dorés. Au milieu des archivoltes, des groupes de génies portaient les chiffres du Dauphin et de la Dauphine. L'archevêque de Reims bénissait le lit. Le Roi donnait la chemise au Dauphin, la duchesse de Chartres t la Dauphine. Le lendemain commençaient à Versailles des fêtes sans exemple : grands appartements, bals parés dans la nouvelle salle de spectacle, bals masqués, feux d'artifice d'une demi-heure, illumination du grand canal et de tous les jardins, remplis de bateleurs, de musiques et de danses[13]. Le peuple de Paris eut des écus de six livres, des distributions de pain, de vin, de viande, et la foire des remparts[14]. Ces joies étourdissantes n'avaient point encore délivré la pensée de la jeune épouse de l'émotion et du souvenir de cet orage éclatant sur Versailles après son mariage, de ces coups de tonnerre ébranlant le château le jour même où elle y entrait[15]. Bientôt une catastrophe l'alarmait de pressentiments plus sinistres. Le 30 mai, jour de la clôture des fêtes, Ruggieri tirait un feu d'artifice t la place Louis XV. Le manque d'ordre, l'insuffisance de la garde, laissaient, après le feu, la foule aller contre la foule. Il y eut une presse, un carnage épouvantable. Des centaines de blessés étaient recueillis rue loyale. On ramassait cent trente-deux morts[16], et ces morts des fêtes du mariage du Dauphin et de la Dauphine étaient jetés au cimetière de la Madeleine[17]. Qui eût dit alors les voisins qu'ils y attendaient ? |
[1] Mercure de France, mai 1770.
[2] Mémoires de Mme Campan, vol. I.
[3] Mémoires pour servir à l'histoire de la République des lettres, vol. VIII.
[4] Je n'utilise pas, à mon grand regret, pour l'autobiographie de Marie-Antoinette, les lettres des recueils d'Hunolstein et Feuillet de Couches. S'il n'y avait, contre ces lettres, que la langue, les tournures de phrase, enfin, selon l'expression de M. Geffroy, le ton littéraire et moral, je n'aurais pas la défiance absolue des éditeurs allemands et du critique français pour ces documents ; car, pour moi, la princesse qui a écrit au comte Rosemberg, dans cet autographe indiscutable : Vous conviendrez que j'aurais assez mauvaise grâce auprès d'une forge, je n'y serais pas Vulcain et le rôle de Vénus pourrait lui (le roi) déplaire beaucoup plus que mes goûts qu'il ne désapprouve pas ; cette princesse aurait bien pu écrire certaines lettres des recueils d'Hunolstein et Feuillet de Couches. Malheureusement il est des arguments plus puissants auxquels, je dois l'avouer, M. Feuillet de Conciles n'a pas répondu. Est-ce répondre quand on affirme qu'il n'a jamais existé aux Archives impériales de Vienne — fait ou défait — un cahier de copies de lettres de l'archiduchesse Dauphine ! Est-ce répondre catégoriquement que de dire : A coup sûr une semblable objection ne saurait émaner des Archives elles-mêmes ! Comment ne pas apporter une attestation officielle des Archives, déclarant si ce cahier existe ou a existé : oui on non ! Est-ce répondre quand on affirme à propos d'une lettre qui fait assister Louis XVI le 11 janvier 1775 à la représentation d'Iphigénie en Aulide et qu'il est établi que le roi ne venait pas aux spectacles de Paris ; est-ce répondre catégoriquement que de dire : Un curieux de Londres possède une lettre de Gluck constatant la présence du roi, qui en raison du deuil trop récemment déposé avait voulu garder l'incognito complet ! Comment M. Feuillet de Conciles, qui a couru toute l'Europe à la recherche d'autographes, n'a-t-il pas fait le voyage de Londres, pour rapporter, à la confusion de ses adversaires, le texte triomphant de l'autographe ! Est-ce une réponse acceptable, propos de cette lettre, où Marie-Antoinette dit : Je ne vous ai jamais parlé de Mme Dubarry, que la version qui fait de cette phrase à la seconde lecture : Je ne vous ai jamais reparlé de Mme Dubarry et la transforme définitivement à la troisième lecture, avec l'aide d'un conseil d'experts et de connaisseurs armés de loupes, en la phrase concordante avec les lettres du recueil d'Arneth : Je ne vous ai jamais assez reparlé de Mme Dubarry !
Par quel miracle enfin les originaux de M. d'Hunolstein de 1770, de 1771, de 1772, sont-ils écrits de la petite écriture conforme à l'écriture des autographes connus de la reine et non à la première grosse et informe écriture de la Dauphine, à l'écriture des lettres qu'elle écrivait alors à Marie-Thérèse.— ?'Puis pourquoi ce secret et ce silence suspect sur la provenance des autographes, et de qui vraiment M. d'Hunolstein les tient-il ?
Ce sont ces arguments et bien d'autres encore qu'il serait trop tong d'énumérer ici, qui, selon moi, imposent le devoir à tout écrivain amoureux de la vérité historique, de ne pas se servir de ces documents, devant être considérés comma apocryphes, jusqu'à ce qu'une commission — je ne la veux pas de littérateurs et de savants — une commission de paléographes et de marchands d'autographes ait prononcé en dernier ressort sur l'authenticité des lettres des recueils d'Hunolstein et de Feuillet de Couches.
[5] Mercure de France — Gazette de France, mai 1770.
[6] Mémoires de Weber, vol. I.
[7] Mercure de France, mai 1770.
[8] Mémoires de Weber.
[9] Journal des événements tels qu'ils parviennent à ma connaissance, par Hardy. Bib. nat. manuscrits S. F. 2886.
[10] Gazette de France — Mercure de France, mai 1770.
[11] Journal manuscrit de Hardy, vol. I.
[12] Je possède un curieux manuscrit intitulé : SOMMAIRE DES DÉPENSES de l'argenterie, menus plaisirs et affaires de la chambre du Roi ordonnées par MM, les premiers gentilshommes de la chambre de Sa Majesté. Dans ce manuscrit tout un chapitre est consacré au mariage de Marie-Antoinette.
[13] Le jeudi 19 mars on donnait la première représentation de la reprise de Persée chanté par les demoiselles Dubois, Arnould, Rosalie, les sieurs Geslin, Legros, Cassagnade, dansé par les sieurs Vestris, Gardel, Dauberval, les demoiselles Guimard, Heinel, etc. Le 19 mai le bal paré avait leu dans trois galeries tendues de brocard bleu et argent, garnies de colonnes de marbre vert-campail, de candélabres supportant des enfants chargés des attributs de l'amour, de guirlandes de fruits ou argent sur fonds d'émeraude encadrés d'or. Au sortir du bal paré, le Roi donnait le signal pour tirer le feu d'artifice qui devait avoir lieu le 16 et qu'avait retardé le mauvais temps. On tirait un corps de feu composé de dix mille fusées volantes, de mille gros pots à feu, de vingt-quatre bombes, qui au milieu de leurs feux et de leurs éclatements laissaient apercevoir un temple de l'Hymen. Une charmante illumination suivait toute semée de dauphins lumineux. Le 21 mai il y avait bal masqué dans la grande galerie, ainsi que dans le salon d'Hercule, de Mercure, des Tribunes miles masques admiraient les jolis enguirlandements de fleurs autour des lustres de cristal. Enfin le 24 mai Athalie était jouée avec toute la pompe imaginable et le talent de Mlle Clairon qui, retirée du théâtre, consentait à jouer ce jour-là. (Journal des spectacles de la Cour pendant l'année 1770.)
[14] Gazette de France — Mercure de France, mai 1770.
[15] Mémoires de Weber, vol. I.
[16] Gazette de France, 4 juin 1770.
[17] Mémoires de Weber, vol. I.