SAINT-GEORGES ET NIEUPORT

SAINT-GEORGES

 

— II — LES PRÉLIMINAIRES D’UN INVESTISSEMENT.

 

 

Une double offensive, concomitante à l’action personnelle de l’escadre anglaise sur les batteries allemandes de la côte, devait être dirigée à la fois sur Lombaertzyde et sur Saint-Georges, la première par le général de Buyer, avec son groupement de toutes armes et des fractions de la 2e et de la 4 e division belge ; la seconde, par le colonel Hennocque, avec le bataillon des fusiliers marins, le groupe cycliste et un groupe d’artillerie de la 5 e division de cavalerie. D’ordre du général de Mitry, commandant le détachement d’armée, les deux offensives s’ouvriraient le lendemain 15 décembre, à 6 heures du matin. Dès que la nouvelle fut officielle, écrit le lieutenant de vaisseau L..., il y eut dans tout le village une animation extraordinaire. Chacun faisait ses préparatifs ; les hommes vérifiaient leurs armes, leurs équipements. Vers le soir arriva le groupe des chasseurs cyclistes[1] qui cantonna dans l’église, vacante depuis que deux de nos compagnies avaient leurs cantonnements d’alerte dans les dunes d’Oost-Dunkerque et de Nieuport-Bains. Et, toute la nuit, ce fut un défilé continuel d’autobus, venant déverser dans le village leurs troupes d’attaque. Bruits de moteurs, interpellations, cris, jurons, piétinements rageurs des unités à la recherche de leurs cantonnements d’une heure et tombant dans un village archicomble, on voit d’ici le tableau et l’on pense bien que nous ne pûmes dormir cette nuit-là... Les dispositions adoptées pour l’attaque de Saint- Georges, la seule dont nous ayons à nous occuper ici, étaient les suivantes : Une compagnie de fusiliers marins (la 3e, capitaine Le Page), et un groupe cycliste (capitaine de Tarlé, celui-ci chargé du commandement de la colonne) attaqueraient directement par la chaussée de Saint-Georges, le reste de la compagnie de chasseurs demeurant en réserve, ainsi que la 2e compagnie de fusiliers (capitaine Huon de Kermadec). Cette attaque serait appuyée à droite par la 4 0 compagnie de fusiliers (capitaine Martinie), partie en doris de Ramscapelle et qui prendrait l’offensive sur les fermes Groot-Northuys et Klein-Northuys situées dans l’inondation ; à gauche, par la 1re compagnie (capitaine Riou) qui se porterait en avant par la berge nord de l’Yser sous la protection de trois canonnières qui remonteraient le canal jusqu’au coude de l’Union[2]. Le plus grand silence était recommandé aux hommes, car on voulait agir par surprise, seule manière, à ce qu’il semblait, d’emporter de front et du premier coup une position qui n'était abordable, suivant l’expression du commandant de l’armée belge, que par l’étroit couloir d’une chaussée de dix mètres de large. La nuit avait été calme. Il avait fait un peu de pluie, mais, jusqu’à Nieuport tout au moins, les colonnes empruntaient une bonne route, convenablement macadamisée et presque droite dans toute sa longueur. Partie à 4 heures du matin d’Oost-Dunkerque, la 3e compagnie, chargée de l’attaque, devait trouver aux Cinq-Ponts la compagnie de chasseurs cyclistes et la 2e compagnie de fusiliers désignée pour marcher en réserve. Le silence s’était tout de suite établi aux approches de Nieuport. L’ennemi possédait de larges vues sur la route : fusants et percutants avaient déchiqueté le Bois-Triangulaire, dont l’écran d’arbres maigres couvrait les abords immédiats de la ville ; l’hiver avait achevé de l’ajourer et des balles perdues y sifflaient à tous moments. Elles ne nous firent cette fois aucun mal. Notre mouvement n’avait pas été éventé /et quelques salves seulement s’écrasaient par intervalles sur Nieuport, qui n’était pas encore le cadavre de ville qu’elle est devenue : si ses petites maisons hispano-flamandes n’avaient plus de toits ni de planchers, la plupart avaient encore des façades. Mais nulle lumière n’y veillait. La vie s’y était terrée. Dans une des caves aménagées pour la garnison[3], le colonel Hennocque attendait nos officiers. Il leur distribua ses ordres, les leur commenta brièvement. Mais déjà un premier accroc venait d’arriver au programme : les canonnières, qui devaient remonter l’Yser en même temps que la 1re compagnie, étaient arrêtées à Fumes par une avarie de machines. On décida de se passer d’elles, et les compagnies de marins, par la rue Longue, se mirent en route pour les Cinq-Ponts, où se réunissent les six branches de l’éventail que dessine l'Yser au-dessus de la ville. La branche principale pointe droit dans le, sud jusqu’à une cinquantaine de mètres du pont de l’Union où elle fait un coude vers l’ouest. Saint-Georges est dans ce coude, entre l’Yser et le  canal du Noord-Vaart, sur la route de Nieuport à Mannekensvere. Un chemin de halage suit le fleuve et, par une levée de terre qui s’y articule près de la Maison du Passeur, peut conduire obliquement au village. Mais c’est une piste plus qu’un chemin et, pour une troupe un peu compacte, le village n’est vraiment abordable que par la chaussée, dès lors que l’inondation interdit de prendre par les champs.

En tout temps, l’hiver, le suintement des eaux souterraines, le débordement des canaux d’irrigation jettent sur ces plaines basses des multitudes de petites flaques. Mais, depuis que le génie belge avait fermé les vannes du Beverdyck, l’immense paysage mouillé de naguère s’était transformé en un grand lac d’un seul tenant dont les eaux venaient mordre le pied des levées qui le quadrillaient et qui étaient les seules parties solides du paysage. Les deux adversaires, également obligés de se terrer, avaient dû utiliser le remblai des digues, les accotements des routes et des voies ferrées. Plus loin, sur le littoral, ils avaient la ressource des dunes, hautes quelquefois de cinquante mètres, où les obus sont neutralisés par la mollesse même de la couche sablonneuse. Là, c’était encore la guerre de taupes. Ici, où l’eau couvrait tout, à l’exception des chaussées, des digues et de ces petites bosses de terrain appelées clyttes ou pacauts et dues à l’affleurement de l’argile dans les parties hautes des prairies[4], c’était une lutte d'amphibiens, une batrachomyomachie en action, la guerre des grenouilles, comme l'appelaient déjà les gentilshommes du grand Roi qui nous avaient précédés dans ces marécages. L’histoire, une fois de plus, allait se répétant...

La compagnie des chasseurs était en retard et quelques minutes précieuses furent perdues aux Cinq-Ponts à l’attendre. Cependant, le jour n’était pas encore levé quand les deux troupes d’attaque parvinrent aux tranchées de première ligne, établies à l’embranchement des routes de Saint-Georges et de Ramscapelle. Elles ne s’y arrêtèrent pas et prirent aussitôt la formation en colonne par un, les marins à droite, les chasseurs à gauche. Il ne pleuvait plus, mais le ciel restait chargé. Temps couvert, disent les carnets. Le shoore dormait dans la brume. L’ennemi aussi. On n’avançait cependant qu’avec précaution et en tâtant le terrain. Il y a peu de maisons le long de cette chaussée de Nieuport à Mannekensvere et, tapies dans la dépression, c’est à peine si leur faîte atteint le niveau de la chaussée. L’une des premières qu’on rencontra, raccordée au remblai par un appentis, plongeait par l’autre bout dans l’inondation. Cette maison sans histoire et que ne blasonnait pas encore l’os frontal de bovidé encastré au-dessus de sa porte, comme à l’entrée d’une hypogée égyptienne, portait simplement jusque-là, sur nos cartes, le nom de maison K. Devant elle, sur la route, s’étalait un cadavre de vache affreusement gonflé par les gaz de la fermentation. On n’avait pas le loisir pour l'instant d’en débarrasser le paysage et longtemps ses émanations obsédèrent nos marins : d’où le nom de Poste de la Vache-Crevée qui fut donné à la bicoque, quand le commandant de Jonquières s'y installa[5]. La maison, d'ailleurs, était vide et ne tenait plus debout que par miracle. Enlisée dans l’eau grise, elle découpait sur les ouates du petit jour la silhouette tragique d’une épave. Il était à peu près 6 heures et demie du matin. Aucune autre maison n’était en vue des deux côtés de la chaussée jusqu’au prochain carrefour et la double colonne en avait profité pour accélérer son allure. Elle arriva ainsi, sans avoir essuyé un coup de feu, en se défilant d’arbre en arbre, à la croisée de la grande route et d’une petite levée de terre qui allait de celle-ci à la berge sud du canal. Au delà de la fourche, en contre-bas, des maisons s’ébauchaient : il y en avait une à main droite et tout un groupe à main gauche qui pouvaient recéler des forces ennemies. La prudence commandait de les reconnaître avant de continuer la progression. Des patrouilles y furent donc envoyées. Celle des marins, qui avait à explorer la maison de droite, était commandée par l’enseigne de vaisseau Souêtre. Elle n’était pas encore à destination que le bruissement d’un obus passa au-dessus de la chaussée, suivi de plusieurs autres. Le capitaine Le Page se retourne, voit une mare de sang, des lambeaux de capote, tout ce qui reste d’un de ses marins anéanti par un projectile lancé de nos lignes.

Un second projectile tombe sur la ferme que la patrouille s’apprête à explorer et où l’ennemi, dit-on, avait un dépôt d’approvisionnement. Les murs sautent. D’autres obus fauchent à droite et à gauche. Vite on détache des coureurs jusqu’aux anciennes tranchées de la route de Ramscapelle, qui possèdent la liaison téléphonique, pour prévenir l’artillerie de son erreur et lui demander d’allonger son tir. Mais, dans l’intervalle, l’aube avait fait place au jour : éveillé par notre artillerie, l’ennemi s’était mis sur ses gardes et l'on ne pouvait plus compter le surprendre. D'un commun accord, le capitaine de Tarlé et le lieutenant de vaisseau Le Page décidèrent de s’en tenir là provisoirement et comme, entre temps, les patrouilles avaient reconnu que les maisons voisines étaient vides, ordre fut donné de les occuper et de les créneler. Une tranchée fut creusée en avant sur la route ; deux autres sur la levée de terre qui furent garnies par les marins, tandis que les chasseurs, poussant jusqu'au canal, allaient s’établir dans de vieilles tranchées allemandes évacuées par leur garnison.

La décision des deux officiers avait été prise sous leur responsabilité personnelle et, bien quelle dérangeât les plans de l’état-major, celui-ci la jugea si raisonnable qu’il y donna tout de suite les mains, comprenant qu'à continuer l'attaque en plein jour, on courait à un échec complet. Jusqu’aux maisons crénelées en effet, la route, oblique à l'Yser, échappait à peu près aux vues de l’ennemi, mais elle adoptait ensuite une direction parallèle au fleuve et la conservait jusqu’à Saint-Georges : l'ennemi, dans une position dominante, la prenait d'enfilade sur une longueur de 300 mètres et une largeur de 10. Pas un homme n’en réchapperait. Tout ce qu’on pouvait faire pour l'instant, c’était d’envoyer de nouvelles patrouilles reconnaître le terrain : l’une, de trois chasseurs, qui s’avancerait par la berge sud de l’Yser ; l’autre, de trois marins, qui prendrait par la route de Saint-Georges.

Six volontaires s’offrirent. La patrouille des marins était commandée par le quartier-maître Besnard (Onésime) ; les deux hommes s’appelaient Savary et Dizet. Elle réussit à se faufiler jusqu’à 100 mètres du village. Pouvait-on pousser plus loin ? Une certaine hésitation se manifestait chez les deux matelots. Le quartier-maître Besnard, pour leur montrer qu’il n’y avait aucun danger, partait seul en éclaireur, posait son béret à terre, revenait en rampant vers ses hommes et retournait le chercher avec eux[6]. Ce petit jeu continua jusqu’au moment où il plut à l’ennemi d’y mettre un terme : Besnard s’affaissa, une balle dans le ventre et la hanche brisée ; Savary et Dizet aussi étaient touchés. Mais aucun d’eux n’était mort. Tous les trois eurent le courage de rester sans bouger à l’endroit où ils étaient tombés. A la nuit seulement, en se traînant sur le ventre, ils réussirent à regagner nos lignes et purent rendre compte de leur mission. Proposés pour la médaille et une citation, ils durent les attendre assez longtemps, car à cette époque le Quartier Général n’était pas prodigue de ces faveurs qui ne récompensaient que des actions d'un éclat exceptionnel.

Pendant ce temps, les trois hommes de la patrouille des chasseurs remontaient à la file indienne la berge sud du canal. Tout va bien tant qu'ils ont l’abri du remblai. Mais, en obliquant vers la Maison du Passeur, ils sont découverts à leur tour par les guetteurs ennemis et tirés à bout portant : le caporal est tué, les deux chasseurs blessés. Trois de leurs camarades décident d'aller les chercher. Pour téméraire qu'elle fût, dit un officier[7], l’entreprise aurait pu réussir, si les Allemands n’avaient pas occupé, en avant de la Maison du Passeur, une tranchée qui coupait le chemin de halage et, par un angle droit, se prolongeait le long de la berge en éléments discontinus. De face et de flanc, les trois hommes étaient sous le feu ennemi ; ils durent se replier, mais la tranchée et la maison, signalées à la batterie du capitaine Boueil, furent soumises aussitôt à un bombardement d’une précision et d’une efficacité remarquables : lâchant leurs terriers démolis, les Boches se mirent à fuir comme des lapins, poursuivis par les feux de notre infanterie. Les trois chasseurs profitèrent de cette minute de désarroi pour renouveler leur tentative et furent assez heureux cette fois pour ramener dans leurs lignes les deux blessés et le corps du caporal.

Le jour déclinait. Il pleuvait légèrement. Dans ces ciels bouchés, la nuit empiète sur son heure habituelle et il valait mieux utiliser ce qui restait de clarté pour achever d’organiser nos positions ; les tranchées de la levée de terre, le groupe de maisons crénelées et la tranchée en avant de ces maisons furent laissés aux marins ; les chasseurs demeurèrent dans les tranchées à l'ouest et à l’est de la levée de terre, mais sans tenir complètement ces dernières, dont les éléments voisins de la Maison du Passeur s’étaient regarnis d’Allemands.

La compagnie Riou, qui opérait en soutien de la compagnie des chasseurs et de la compagnie Le Page par la berge nord de l’Yser, était arrivée dans la matinée à peu près à la même hauteur que ces compagnies[8] et un petit poste avait été installé par elle dans les ruines de la maison F..., entre la ferme Versteck et la route du vieux fort de Nieuwendamme. La 4e compagnie de marins, sous les ordres du lieutenant de vaisseau Martinie, avait également atteint les premiers objectifs qui lui étaient assignés. Cette compagnie, on s’en souvient, était venue cantonner dans la nuit à Ramscapelle, en pleines lignes belges ; elle y avait trouvé les vingt doris expédiées de Dunkerque le 14, à 11 heures du soir, sur des camions automobiles, et qui devaient la transporter de l’autre côté de l’inondation. Ces doris sont d’assez grandes barques à fond plat qui servent à la pêche moruyère ; les hommes y prennent place, quand la goélette est à la cape, pour aller mouiller et relever leurs palangres. Deux pêcheurs, un patron et un avant, forment tout leur équipage, mais, comme l’embarcation ramène quelquefois jusqu’à trois cents morues, on lui donne un gabarit assez large. Très légères et très mobiles cependant, maniables à la perche comme à la rame, ces doris paraissaient on ne peut plus propres à naviguer sur des marais sans profondeur. Elles avaient été logées à la gare, d'où l’on pouvait aisément les lancer en bas de la voie ferrée qui trempait dans l’inondation. Le commandant de Jonquières s’était rendu de nuit à Ramscapelle pour procéder en personne à l’opération. Mais, au dernier moment, on constata que le choix de l'intendance ne s’était pas porté sur la fleur du panier : plusieurs des doris avaient besoin d’être calfatées, trois étaient complètement hors de service, et toutes manquaient de nables, qu'il fallut leur confectionner sur place. Vaille que vaille, on put en mettre dix-sept à l’eau, et la compagnie s’y embarqua au complet, à raison de sept ou huit hommes par embarcation. Les écharpes de la brume, l’absence de lointain, le calme de l’air, tout conspirait pour donner on ne sait quoi d’étrange et comme de léthéen à cette zone inondée dont la surface ne reflétait que les blancheurs molles en suspension dans l’atmosphère ou le grand vol las d’un héron dérangé par les nageurs. Les barques partaient l’une après l’autre en s’espaçant ; les hommes se courbaient pour que leur silhouette ne dépassât pas trop le niveau de bordage ; les ordres se transmettaient à voix basse, car, bien qu’on fût assez loin de l’ennemi, on savait avec quelle intensité l’eau propage le son ; les rames mêmes, feutrées de chiffons, ne faisaient aucun bruit en plongeant. Presque tout de suite la brume absorba ces fantômes. On les vit quitter la rive, dit un témoin[9], diminuer, se fondre. Ils étaient partis deux cents[10], l'arme bien en main. On ne les vit plus. Longtemps après, longtemps, on entendit des coups de fusil. Mais cette fusillade venait d’ailleurs, et la traversée s’était accomplie sans accident, sinon sans difficulté. Malgré leur faible tirant d’eau, les doris touchaient continuellement ou s’embarrassaient dans les herbes, et les hommes devaient entrer dans la vase pour les dégager. Heureusement le tir de l’artillerie allemande, concentré sur Nieuport, négligeait provisoirement les entours de Ramscapelle. A 9 heures 30, toute la compagnie prenait pied sur la rive opposée du lagon d’où elle se dirigeait vers les fermes Klein et Groot-Noordhuyst qu’elle avait pour objectifs. Les deux fermes, l’une assez importante, avec grand corps de logis et communs, l’autre plus petite et dépendant peut-être de la précédente, se présentaient de biais sur leurs clyttes. Tout le reste de la dépression était vide. Rien, pour se défiler, que quelques bouquets de saules et les têtards défeuillés qui balisaient lès canaux d’irrigation. Les deux fermes étaient-elles occupées ? On l’ignorait, bien qu’on sût que les Belges eussent par là un poste avancé. L'enseigne de Blic partit en reconnaissance. Il revint sans avoir essuyé aucun coup de fusil : la ferme Groot-Noordhuyst contenait un petit poste belge et, dans la ferme Klein-Noordhuyst, qui touchait le canal, il n’y avait personne.

Le silence de l’ennemi s’expliquait. On laissa la ferme Groot-Noordhuyst à la garde des Belges, et les 120 hommes des doris occupèrent Klein-Noordhuyst, d’où une petite levée de terre conduit au pont de Katelersdamme, rattaché lui-même par une autre petite levée à la Ferme-aux-Canards, que 200 mètres à peine séparent de Saint-Georges. Mais, de ce côté du Noord-Vaart encore, on retrouvait l’inondation. La Ferme-aux-Canards ne faisait plus qu’un îlot. On ne pouvait même pas l’aborder à pied sec par sa chaussée, submergée sur une moitié de sa longueur. La 4° compagnie allait néanmoins s’y engager, quand elle apprit que la colonne principale s’était retranchée à la hauteur des maisons crénelées. Elle n’avait plus qu’à rester sur ses positions, et c’est ce qu’elle fit.

 

 

 



[1] Ce groupe, qui portait le numéro du 29e chasseurs, faisait partie intégrante de la 5e division de cavalerie.

[2] L’effectif total du détachement placé sous les ordres du colonel Hennocque se décomposait comme suit, d’après M. JEAN-BERNARD (Histoire générale et anecdotique de la guerre de 1914) :

3 pelotons de chasseurs cyclistes de la 5e division de cavalerie : 150 hommes ;

1 bataillon de fusiliers marins : 660 hommes ;

3 escadrons de cavalerie à pied (des 9e et 29e dragons, 5e et 15e chasseurs) : 388 hommes ;

1 section du génie : 40 hommes ;

Total : 1.238 hommes.

(Pour mémoire, une compagnie territoriale qui n’a pas eu à intervenir.)

4 batteries de 75 (3 de la 5e D. C. et 1 batterie) : 16 pièces :

1 batterie de 90 : 4 pièces ;

1 section de 95 : 2 pièces ;

1 batterie de 155 : 4 pièces ;

1 pièce de 120 anglaise sur chaland : 1 pièce ;

Total : 27 pièces.

(Pour mémoire, 3 batteries belges de 75 qui n’ont pas eu à intervenir.)

Deux canonnières venues par l’Yser.

Quelques doris vers Rarascapelle.

(Vers la fin des opérations, six nouveaux escadrons de la 5e D. C., sous les ordres du commandant Pomier-Layrargues, avaient été mis à la disposition du colonel Hennocque au fur et mesure de leur relève dans le secteur des dunes ; on devait, le lendemain de la prise de Saint-Georges (29 décembre), y ajouter un escadron à pied du 3e cuirassiers (escadron Contenson).

[3] Le colonel Hennocque avait établi son quartier général rue des Cuisiniers, dans une salle de rez-de-chaussée à peu prés intacte de la maison du notaire Perlau, de Nieuport ; le bombardement l’obligea à réunir ses officiers dans la cave, pour leur donner ses ordres et les commenter. (JEAN-BERNARD, ibid.).

[4] Raoul BLANCHARD, la Flandre.

[5] D'après M. Georges LE BAU (la Brigade des Jean Le Gouin), c’est lady Dorothée Feilding, l’héroïque et gracieuse ambulancière de la Croix-Rouge anglaise, qui aurait baptisé ainsi cet affreux coin de terre, où elle visitait fréquemment nos marins. (Voir plus loin.)

[6] Second maître Ludovic LE CHEVALIER, Carnet de campagne.

[7] Carnet du lieutenant de vaisseau L...

[8] Près d’un tas de briques jusqu’où s’était avancé un de ses pelotons, précise le journal du docteur L. G...

[9] Albert Londres, Matin du 21 décembre 1914.

[10] Exactement, 120.