LA CIVILISATION ÉGÉENNE

LIVRE IV. — LA VIE ARTISTIQUE ET INTELLECTUELLE.

CHAPITRE II. — L’ÉCRITURE ET LA LANGUE.

 

 

I. — L’ÉCRITURE.

Si loin qu’on remonte dans le passé, on voit les hommes représenter des objets, des idées, des mots, par des signes. Dès l’époque du renne, sur les parois des grottes, sur des instruments en corne, en os ou en ivoire de mammouth, sont peintes ou gravées des images à sens conventionnel, des traits mystérieux. Plus ou moins ressemblantes, ces écritures primitives sont communes à l’ensemble des races néolithiques : elles se retrouvent de la Scandinavie à l’Afrique, de l’Asie Mineure à l’Ibérie. Les plus antiques des hiéroglyphes égyptiens et des cunéiformes chaldéens dérivent de prototypes plus antiques encore. Une civilisation aussi complète et aussi avancée que celle des Crétois — avec cette administration savante des palais, ce commerce actif, ces hymnes qu’accompagne la musique sacrée, ces épopées que révèlent les œuvres d’art — ne pouvait pas ignorer le moyen de propager la pensée dans l’espace et dans le temps.

Perrot péchait par excès de prudence, lorsqu’en 1894 il refusait de voir sur aucun des objets découverts à Mycènes ou ailleurs rien qui ressemble à une écriture quelconque[1]. Déjà Tsountas avait constitué une collection de signes tracés sur des vases égéens[2], et Flinders Petrie avait trouvé en Égypte, à Kahoun, des vases inscrits dont il n’hésitait pas à chercher l’origine dans l’Égéide. Bien mieux, dès 1893, avait étudié les pictogrammes des pierres à lait que les femmes grecques s’attachent au cou comme amulettes pour être bonnes nourrices, et il avait reconnu sur ces gemmes, attribuées avant lui au Péloponnèse et aux îles, des hiéroglyphes qui, à son avis, ne pouvaient être que crétois. Il fit le voyage de Crète pour réunir le plus de documents possible sur la question et revint, l’année même où Perrot publiait son volume sur la civilisation mycénienne, avec un mémoire qui établissait l’existence de plusieurs écritures crétoises[3]. Les fouilles ont brillamment confirmé ce qui n’était qu’une géniale divination. Des milliers de sceaux, des masses de barres et d’étiquettes percées, un grand nombre de pierres et de poteries sont couverts de caractères variés. Les incendies mêmes qui ont détruit les villes et les palais ont cuit et durci une quantité innombrable de tablettes en argile ; le feu, partout ailleurs fatal aux bibliothèques, a préservé les archives des rois et des seigneurs crétois.

Ces documents, par malheur, sont encore lettre morte pour nous et resteront peut-être indéchiffrables tant que la découverte d’une inscription bilingue n’en donnera pas la clef. Tout ce qu’a pu faire jusqu’à présent la sagacité pénétrante d’Evans, c’est de distinguer dans les scripta minoa des classes différentes d’écritures[4]. Les Crétois ont débuté par une idéographie grossière qui s’est simplifiée, stylisée en deux systèmes d’hiéroglyphes, picturaux, symboliques ou phonétiques, de plus en plus conventionnalisés. Des hiéroglyphes se sont dégagées deux écritures linéaires : l’une est commune à toute la Crète, l’autre est spéciale à la Cnosse du M. R. II ; toutes les deux ont des caractères qui désignent tantôt encore des mots entiers, tantôt des syllabes, tantôt déjà des lettres. L’évolution est semblable à celle qui a mené les scribes égyptiens de l’écriture hiéroglyphique à l’écriture hiératique.

La similitude ne se borne pas à cette transformation générale, qui est conforme à une loi universelle ; un grand nombre de signes crétois présentent une ressemblance frappante avec des hiéroglyphes égyptiens. Ainsi se pose une question fort compliquée, celle des rapports qui ont existé au IIe millénaire entre l’écriture égyptienne et les écritures des peuples contemporains.

On a recherché de tout temps l’origine de l’alphabet phénicien. D’accord avec les Crétois de l’époque hellénique, qui avaient conservé des souvenirs très nets de leurs précurseurs, l’historien Diodore déclare que les Phéniciens n’avaient pas inventé leurs lettres, mais les avaient empruntées à la Crète[5]. De nos jours, Champollion et de Rougé ont soutenu que les alphabets sémitiques sont d’origine égyptienne. Si les fouilles de Crète et les travaux d’Evans ont quelque temps remis en vogue la thèse crétoise, l’étude d’une inscription découverte au Sinaï a fait prévaloir la thèse égyptienne. Des Sémites, la théorie a été aussitôt étendue aux Crétois. Cependant, on peut toujours se demander si les Phéniciens, après avoir recueilli le fonds de l’alphabet sémitique créé entre 1788 et 1580, n’y ont pas introduit encore des éléments empruntés aux Égéens. En tout cas, la solution du problème en ce qui concerne les Sémites laisse la question entière en ce qui concerne les Crétois.

Il n’est pas douteux que les écritures crétoises rappellent, par un bon nombre d’hiéroglyphes et, par suite, de signes linéaires, les écritures égyptiennes. Quelques-unes de ces ressemblances ne prouvent rien, parce qu’elles tiennent aux conditions mêmes de l’écriture primitive : dans quelque pays que ce soit, on commence par choisir comme signes et on dessine d’une façon à peu près identique le corps humain, la main et l’œil, un arbre ou des animaux, le croissant de la lune et l’étoile, une arme comme la flèche, des instruments très simples comme le coin et le pilon. Dans d’autres cas, l’emprunt est certain, à raison de la forme particulière et du sens politique ou rituel donnés aux objets représentés : voyez l’homme assis et parlant, la porte et le palais, la scie et l’herminette, l’abeille royale, le trône et l’ankh ou signe de vie. Mais, par contre, un très grand nombre d’hiéroglyphes crétois n’ont pas leur pareil en Égypte : il suffit de mentionner les plus manifestement indigènes : le lis et le crocus, les rameaux de palmier et d’olivier, la bipenne et le poignard, lui charrue cet la lyre à trois ou à huit cordes.

Selon qu’ils attachent plus d’importance à lune ou à l’autre de ces catégories, les auteurs arrivent à une conclusion différente. D’après Sundwall[6], les scribes crétois ont copié la plupart de leurs signes picturaux, hiéroglyphes ou linéaires sur des prototypes égyptiens et n’ont eu quelque indépendance qu’à cause de la nécessité imposée par la différence de langue. D’après Evans et Hall[7], la grande masse de signes crétois est autochtone. Ce qui est certain, c’est que, sur les 135 hiéroglyphes de la liste dressée par Evans, Sundwall n’en a étudié que 44, à quoi il ajoute, il est vrai, 9 signes connus par l’écriture linéaire. Quant aux ressemblances qu’il constate, elles sont souvent de celles qui ne prouvent rien (croissant, croix, etc.). Plus souvent encore le dessin d’objets identiques, même l’œil et la main, à plus forte raison un vase, une flèche, ou un navire, fait plutôt ressortir la différence des deux écritures. Au reste, Sundwall est le premier à reconnaître l’originalité dont firent preuve sur des points d’importance les scribes crétois. Les hiéroglyphes égyptiens avaient une valeur consonantique, qui leur était assignée par le principe acrophonique, c’est-à-dire par l’initiale du mot désignant l’objet représenté. Les Sémites du Sinaï se bornèrent à donner aux signes égyptiens des noms correspondants d’après le même principe, ainsi qu’avaient fait les Sémites d’Accad pour les signes sumériens. Les Crétois allèrent plus loin. Ils exprimèrent des sons qui manquaient aux Égyptiens, par exemple la lettre l. De plus, comme Sundwall croit avec l’école allemande que l’écriture égyptienne était purement consonantique, il attribue aux Crétois le mérite d’avoir ajouté à leurs caractères une valeur de sons vocalisés.

Le plus simple, dès lors, est d’admettre, non seulement que les Phéniciens puisèrent à la source crétoise aussi bien qu’à l’égyptienne, mais que les Crétois et les Égyptiens puisèrent également à la source primitive des écritures néolithiques. Les écritures phénicienne et crétoise ne sont pas des branches issues d’un même tronc. L’une est un produit relativement tardif et composite qui doit d’ailleurs plus à l’Égypte qu’à la Crète. L’autre n’est pas venue toute faite du dehors, mais s’est développée spontanément, en toute indépendance, avant qu’on empruntât à un pays étranger quelques conceptions religieuses, quelques institutions politiques, et, peut-être aussi, les signes exotiques exprimant ces idées nouvelles. Deux particularités fondamentales de l’écriture crétoise suffiraient à démontrer qu’elle n’a point les mêmes rapports de filiation que les écritures sémitiques : elle va de gauche à droite, quelquefois avec retour de droite à gauche (boustrophédon), et présente les figures des êtres animés dos au lecteur, tandis que l’écriture des Égyptiens va de droite à gauche, comme celles des Babyloniens, des Hittites et des Sémites, et présente les figures face au lecteur. C’est en vivant de sa vie propre que l’écriture crétoise a passé de la période purement figurative à la période des hiéroglyphes de plus en plus schématiques, puis à celle des caractères linéaires.

Quant à l’influence asiatique, elle n’apparaît nulle part dans l’écriture crétoise. Il y a bien un rapport extérieur entre les tablettes d’argile usitées en Crète et celles de Babylonie. De prime abord, on pourrait admettre à la rigueur un emprunt purement matériel, les signes crétois n’ayant de toute façon aucune ressemblance avec les traits des cunéiformes. Mais cela même est peu vraisemblable. Les tablettes, en Crète, apparaissent assez tard : il n’y en a pas avant le M. M. II. Les formes souvent rondes qu’on y affectionne n’ont pas été créées par le stylet. On se servait d’encre et de plume ; nous en avons la preuve par les inscriptions de deux coupes, inscriptions dont la sépia résiste au lavage et dont les caractères portent quelquefois la trace double d’un roseau bifide[8]. Mais ce procédé n’a pas non plus été inventé pour écrire sur des vases avant la dernière cuisson. Il était employé sur une matière périssable : une tradition crétoise parle d’un papier fait avec des feuilles de palmier, analogue au papyrus égyptien. Peut-être aussi a-t-on eu longtemps en Crète des tablettes en bois enduites de cire, avant d’avoir des tablettes en argile[9]. On doit donc supposer que les documents parvenus jusqu’à nous n’appartenaient pas aux catégories les plus répandues : les écrits tant religieux que littéraires ont disparu ; des pièces commerciales ou juridiques, du papier timbré, il ne reste que les empreintes de sceaux qui y étaient attachées. Non seulement les signes qu’on incisa sur les tablettes d’argile existaient bien avant, mais ils étaient incisés auparavant sur d’autres objets d’argile, et l’on assiste ainsi en Crète même à l’origine des tablettes[10]. On commença par mettre des graffites sur les empreintes encore fraîches des sceaux, sur des étiquettes de toutes formes et, par exemple, sur les quatre faces de barres oblongues et perforées. Les plus anciennes tablettes de Crète, les tablettes à hiéroglyphes, ont bien plus de rapports avec les faces de ces barres qu’avec les tablettes de Babylonie. De celles-ci elles n’ont ni l’épaisseur, ni les belles dimensions, ni la forme carrée ; exiguës et oblongues comme celles-là, elles sont même percées pour être réunies en nombre par une ficelle ou attachées comme étiquettes. Ce n’est qu’à la longue, par une transformation autonome, que les tablettes crétoises ressemblent un peu aux asiatiques : celles qui portent l’écriture linéaire de la classe A restent oblongues quand elles deviennent plus grandes, ou restent petites quand elles sont presque carrées ; même celles dont l’écriture appartient à la classe B ont, avec des dimensions respectables, des formes diverses et sont en général plus larges que hautes, comme les beaux exemplaires qui mesurent 15 centimètres sur 12, 19 sur 10 au, 27 sur 15 ½, avec 8, 13 ou 26 lignes[11]. Dans tout cela il n’y a pas trace d’imitation, et, à vrai dire, des scribes qui auraient cherché des modèles en Asie n’auraient-ils pas au moins cuit leurs tablettes incisées ? Si l’écriture crétoise doit peu aux Égyptiens, elle semble bien ne rien devoir du tout, pas même de procédé matériel, aux Babyloniens[12].

 

C’est au début du M. M. que les idéogrammes de la période précédente, aux formes contournées et souvent monstrueuses, se fixent en un système hiéroglyphique que consacre une calligraphie officielle. Les hiéroglyphes de la classe A[13] ne sont connus que par des, sceaux et des empreintes. Le dessin en est régulier, mais raide, archaïque, surtout par comparaison avec les hiéroglyphes égyptiens de la même époque. Les hiéroglyphes de la classe B[14], apparaissent avec le M. M. II. Ils figurent sur un grand nombre de sceaux en pierre dure, d’étiquettes, de barres perforées[15] et de petites tablettes oblongues. Ils témoignent d’un art avancé : les formes sont, harmonieuses, pittoresques ; la figure humaine, quand il s’agit de grands personnages, est représentée par de véritables portraits ; les animaux sont d’un naturalisme charmant. Evans a rangé 91 hiéroglyphes dans la première classe, 95 dans la seconde ; 51 de ces signes sont communs aux deux classes, avec de simples nuances dans le style. On en connaît donc 135 en tout : c’est trop peu pour une écriture purement figurative ou symbolique ; c’est trop pour une écriture purement phonétique. Certaines séries gardent donc manifestement un sens idéographique. Les sceaux portent souvent l’insigne d’une fonction publique ou d’une profession, comme celui qui représente par les signes trône et lion l’administration royale de la guerre, ou ceux qui désignent les gens, de métier par un outil caractéristique. Un navire surmonté de deux croissants, c’est une image facile à comprendre : il s’agit d’un voyage de deux mois sur mer. Mais l’exemple des hiéroglyphes égyptiens apprend à se méfier de ces interprétations. Au lieu de prendre une forme de plus en plus réaliste, à l’époque où le réalisme triomphe dans l’art, l’ensemble des hiéroglyphes se schématise à ce seul fait suffirait à prouver que les signes représentent aussi, par le procédé du calembour habituel au rébus, non plus un objet ou une idée qu’il fait surgir, mais le son ou les sons ou la partie initiale des sons qui en expriment le nom. Réduits ainsi à une valeur phonétique ou même déjà syllabique, les hiéroglyphes se prêtent à toutes les combinaisons. Pour en presser le sens, on fait dans certains cas comme en Égypte : on ajoute au mot écrit phonétiquement un idéogramme déterminatif.

Les hiéroglyphes marquaient donc une tendance très nette vers un type de moins en moins figuratif, de plus en plus syllabique, quand ils furent emportés par la tourmente qui détruisit les premiers palais Dès que de nouvelles dynas6es s’installèrent dans les seconds palais, au M. M. III, on fit entrer les matériaux empruntés aux anciennes écritures dans une écriture définitivement linéaire. Une sélection artificielle se fit non seulement parmi les hiéroglyphes les plus avancés, mais parmi tous ceux qui avaient été en usage depuis les époques les plus reculées. Imposé peut-être par l’autorité royale, le nouveau système fut seul enseigné désormais. Il est analogue à l’hiératique des Égyptiens. L’écriture linéaire de la classe A se compose, à notre connaissance, de 90 signes — ou de 76 seulement, si l’on ne tient pas compte de certaines variantes[16]. Il y en a donc beaucoup moins que d’hiéroglyphes. Si cette diminution permet de mesurer les progrès du phonétisme, elle n’est pas telle toutefois qu’une bonne part des signes, une vingtaine peut-être, ne conserve sous une forme conventionnalisée une valeur idéographique. On n’en est pas encore à l’alphabet purement syllabique, comme celui qui fut tiré de l’écriture crétoise à Cypre. En effet, quand on voit sur une tablette un lingot accompagné de chiffres, puis une balance suivie d’un autre nombre, on peut traduire, sans crainte de se tromper : tant de lingots pèsent ou valent, tant pour les noms propres surtout, à ce qu’il semble, on se servait de figures exprimant un mot ou une idée : le navire, par exemple, contribuait à désigner un nom dans le genre de Naucratès[17]. Mais la grande majorité des signes se prêtent à des combinaisons variées de valeur phonétique : ce sont des syllabes, peut-être parfois des lettres. Certains signes ont l’air de racines qui entrent dans la composition des mots ; le signe main se montre ainsi avec treize variétés[18].

Ce système resta d’un usage courant dans toute la Crète. Mais à Cnosse, à la fin du M. R. I, la chancellerie fit prévaloir une écriture qui fut sans doute réservée aux actes royaux, l’écriture linéaire de la classe B. Il n’y faut point voir une simple dérivation de la classe A : la moitié seulement des caractères sont communs. On imagina un amalgame nouveau, dont certains éléments semblent plus proches des hiéroglyphes que les équivalents linéaires de la classe rivale et sont, par conséquent, tirés directement de prototypes conservés on ne sait où : la tête de porc, par exemple, n’est pas reconnaissable dans le caractère de la classe A qui en est dérivé ; elle l’est, au contraire, dans celui de la classe B[19]. Les principes ne changèrent pas. Les inventaires du palais mentionnent plus que Jamais, par des signes figuratifs, des lingots avec des balances, et puis des poignards, des chars et des chevaux, des vases, des céréales, du bétail, des maisons. Sur les listes, de personnes, le sexe se reconnaît par la déterminative qui suit le nom d’un côté, les guerriers ou les marins ; de l’autre, des femmes, probablement les esclaves qui formaient le personnel de la cour[20]. Mais le plus grand nombre des signes est indéchiffrable, et ce sont probablement les tablettes les plus intéressantes qui nous dérobent leur secret.

Du moins, grâce aux inventaires consignés sur de nombreuses tablettes, nous connaissons les signes numéraux des écritures crétoises. Les voici[21] :

L’usage de l’écriture nous est connu surtout par des documents d’ordre administratif. Mais, loin d’être le monopole des scribes officiels ou professionnels, il était très répandu. On a fait grand bruit Jadis d’une école prétendument installée en plein palais de Cnosse. Rien ne prouve que la salle dont les bancs ont suggéré cette idée ait eu cette destination ; n’importe : des écoles, des maîtres d’écriture, il devait y en avoir dans la Crète entière. — La vie religieuse comportait un large emploi de l’écriture. Maints ex-voto portent des dédicaces[22]. Les tables à libations, la vaisselle rituelle, notamment des cuillers d’argile ou de pierre, sont souvent couvertes de caractères, et la répétition d’un même groupe de quatre signes sur plusieurs de ces objets semble indiquer une formule consacrée ou le nom d’une divinité. C’est peut-être le nom du dédicant qui est gravé sur une plaque de bronze, au-dessous d’un homme qui danse dans un lieu saint, ou sur une figurine d’argile trouvée à Tylissos. — En Crète comme en Phénicie, le commerce fit largement son profit des ressources offertes par l’écriture. Partout on aval des tablettes pareilles à celles des archives royales ; partout on y inscrivait, avec les signes qui représentaient des denrées de toute espèce, ceux du navire, du lingot et de la balance, et l’on accompagnait de chiffres le signe -| qui, bien avant de prendre la forme |- pour avoir à Cypre le son ta et en Grèce le sens de drachme, désignait peut-être en Crète le talent, unité de poids et de valeur. Certaines rondelles d’argile portent au centre des signes inscrits et tout autour les marques de différents sceaux[23] : c’étaient probablement des contrats, qui pouvaient être des contrats commerciaux. Les milliers d’empreintes trouvées dans les palais et les maisons servaient sans doute à authentiquer des actes écrits sur une madère passable : à Cnosse, c’étaient les actes de l’administration royale ; dans un port comme Zacro, c’étaient des actes privés. L’écriture cursive qui couvrait ces documents d’affaires servait quelquefois aux potiers pour inscrire des phrases entières à l’encre sur le fond de leur vase ; mais, le plus souvent, ils peignaient quelques signés linéaires, un mot de consécration, leur nom peut-être ou celui du client[24]. — Il y a des raisons de croire que les peintres de fresques accompagnaient leurs tableaux de légendes explicatives[25]. Mais certains détails montrent mieux que tout le reste à quel point l’écriture était d’un usage courant. A Haghia Triada comme à Pompéi, on Voit sur les murs des graffites tracés par des passants désœuvrés[26]. Les gens les plus humbles savaient lire et écrire. Un tailleur de pierre, pour ne pas dépasser l’alignement en incisant des caractères, les règles par des lignes horizontales[27]. Dans la première moitié du XIXe siècle, des ouvriers crétois émigrés en Égypte tracent des caractères de chez eux sur les pots qu’ils se fabriquent[28].

 

Puisque les Crétois emportaient avec eux leur système d’écriture, il n’est pas étonnant qu’ils l’aient fait adopter dans toutes les parties de l’Égée. A Mélos, les potiers tracent les signes de l’écriture linéaire A, non seulement sur les vases qu’ils exportent en Crête, mais sur ceux qui doivent rester dans l’île, voire sur la poterie commune[29]. Ceux de Thèra font de même. Tout semble indiquer que, dans les des, c’est la langue crétoise qui est exprimée par l’écriture crétoise.

Mais, sur le continent, les choses ne se présentent pas avec cette simplicité[30]. Tandis que certaines inscriptions de vases sont conformes au système linéaire A, d’autres semblent marquer la transition entre les hiéroglyphes et les signes linéaires. A Mycènes, on trouve un exemple de chaque sorte[31]. A Delphes et à Orchomène, sur une hache en bronze et sur un vase à étrier appartenant à la fin de la période mycénienne, des caractères linéaires de la classe A sont mêlés à des hiéroglyphes, et les chiffres sont notés comme en Crête au temps de l’écriture hiéroglyphique et au commencement de l’écriture linéaire A[32]. C’est surtout en Béotie que prévalut le système archaïque. Les fameuses lettres cadméennes dont parlaient les Grecs étaient usitées, en effet, sur la Cadmée, comme à Orchomène, et ce sont elles qui étaient sans doute gravées sur les tablettes de bronze qu’Agésilas découvrit à Haliarte dans le tombeau d’Alcmène, et qu’il prît pour des hiéroglyphes égyptiens[33]. Cette réapparition de signes antiques rappelle la substitution du système linéaire B au linéaire A à Cnosse ; mais elle est plus extraordinaire encore dans la Grèce du XIIIe siècle que dans la Crète du XVe. Il faut bien admettre que les hiéroglyphes primitifs menaient une existence obscure et mystérieuse dans les différents pays de la Méditerranée et qu’ainsi, malgré des emprunts manifestes à la Crète, l’écriture de la Grèce préhistorique présentait déjà toutes sortes de variantes.

Le même phénomène, la multiplicité des alphabets locaux à éléments communs, s’observe dans presque tous les pays de l’Orient visités ou colonisés par les Crétois. Certains de ces pays, pourtant, n’eurent rien à prendre aux Égéens, parce qu’ils avaient un système d’écriture déjà fixé. Nous avons un exemple éclatant d’autonomie absolue il nous est fourni par un disque en terre cuite trouvé à Phaistos[34]. D’où venait-il ? comment est-il parvenu en Crète ? On ne sait ; mais il est certain qu’il n’a rien de crétois. L’argile n’en est pas indigène. Les caractères hiéroglyphiques qui en couvrent les deux faces, s’enroulent en spirale de la périphérie au centre, se suivent de droite à gauche et présentent les figures d’êtres animés face au lecteur. Ils ont été imprimés au moyen de poinçons : le scribe avait une série de types mobiles, un pour chaque signe, et son travail tenait plutôt de la typographie que de l’écriture. Au reste, ce disque date d’une époque où Phaistos, comme le reste de l’île, avait déjà renoncé aux hiéroglyphes, et précisément il a été découvert en compagnie de poteries M. M. III et de tablettes à écriture linéaire de la classe A. Sur les 45 signes représentés, quelques-uns seulement de ceux qui n’admettent pas de grandes différences, comme la fleur, l’arbre ou le poisson, ressemblent aux anciens hiéroglyphes des Crétois. Les autres n’ont rien de minoen, ni dans le type des personnages, ni dans la forme des objets : des hommes en tunique courte, de grosses femmes en double jupe, des enfants en chemise, des maisons semblables aux pagodes lyciennes. Tous ces hiéroglyphes sont fortement spécialisés, bien plus que ne l’ont jamais été ceux de Crète : les hommes, par exemple, ont des particularités ethniques, la joue tatouée, le chapeau à plumes raides. L’évolution s’est faite ici dans le sens figuratif : les idéogrammes se sont précisés, au lieu de se schématiser, quoique souvent groupés dans un dissématisme quasi-syllabique, ils ne sont pas assez mêlés d’éléments phonétiques pour tourner en écriture vraiment linéaire. Certains groupes manifestent encore la prédominance de l’image sur le son, comme la succession de la tête de guerrier, du bouclier et du captif aux mains liées dans le dos. Un tiers des signes paraît ainsi avoir une valeur idéographique. Aussi la simple vue de pareils hiéroglyphes, auxquels s’ajoutent les menottes, l’arc et la flèche, le navire, l’oiseau de proie, suggère-t-elle l’idée d’une expédition entreprise par l’un de ces peuples de la mer que mentionnent les documents égyptiens. Peut-être lisait-on sur le disque quelque récit d’aventures. Dès lors, la voie des hypothèses est ouverte[35]. Chacune des deux faces est divisée en sections, qui se terminent quelquefois par un signe de ponctuation : sur l’une, 122 signes sont répartis en 31 sections et 10 groupes ; sur l’autre, 119 signes forment 30 sections et 9 groupes. Si l’on admet que, sur la première face, le premier groupe remplissant la première section est ‘un exorde, les deux faces portent également 9 groupes en 30 sections. On obtient ainsi un schéma d’une symétrie remarquable, que régit le nombre 3 : on peut donc croire à une composition métrique et, comme le même groupe de signes reparaît trois fois sur une face, à un chant comportant un refrain. N’est-on pas en présence d’un hymne triomphal ? Nous l’avions dit, sur la voie des hypothèses on peut aller loin. Tenons-nous en à ce fait certain : les Crétois du XVIIe siècle étaient en relations avec un peuple qui possédait un système d’hiéroglyphes national et autochtone. Ce fait n’est d’ailleurs pas unique : les graffites de Troie en fourniraient un autre exemple[36].

Mais là où les Crétois et les Mycéniens fondèrent des établissements durables, les écritures indigènes se transformèrent. La preuve en est faite par Cypre[37]. Lies inscriptions les plus anciennes qu’on y ait trouvées ne se rattachent ni aux hiéroglyphes égyptiens ni aux cunéiformes. Les deux tiers de leurs caractères sont identiques aux signes linéaires de Crète, et les autres le sont presque ou ressemblent aux hiéroglyphes crétois. Cypre a donc eu d’abord une écriture hiéroglyphique, empruntée au fonds primitif des peuples méditerranéens ; cette écriture s’était peut-être déjà linéarisée quelque peu par ses propres moyens, quand elle adopta une bonne partie des signes que les marchands et les colons crétois apportaient avec eux. Cette forme locale de l’écriture crétoise suivît sa destinée propre. Quand elle fut réduite à l’état de syllabaire, des Achéens venus du Péloponnèse l’adaptèrent tant bien que mal à leur idiome ; mais elle témoigna toujours, par son insuffisance à noter certaines nuances malgré ses 54 signes, qu’elle n’avait pas été créée pour exprimer le grec. L’écriture crétoise joua un rôle analogue dans la partie méridionale de l’Asie-Mineure. A l’époque historique, l’alphabet lycien et l’alphabet carien comprenaient un certain nombre de caractères qui n’avaient rien de commun avec l’alphabet grec. De tableaux dressés par Evans[38] il résulte clairement que ces signes hétérogènes sont les plus anciens et qu’ils ont des affinités avec tous les systèmes d’écriture usités en Crète : les uns, semble-t-il, proviennent directement des linéaires A et B ; les autres remontent à la source commune des idéogrammes, non sans interférences d’hiéroglyphes égéens. Par une rencontre curieuse qui a la valeur d’une allégorie, le seul passage où Homère mentionne clairement l’écriture est celui où Bellérophon, parti d’Argos pour les rives d’Asie, remet au roi des Lyciens des tablettes couvertes de signes[39].

Si nous plaçons dans ce contexte historique la question de l’alphabet phénicien, elle en recevra de grandes clartés[40]. Au XIVe siècle, quand les princes de Syrie correspondaient avec les pharaons, ils employaient des cunéiformes, et leurs successeurs conservèrent ce système d’écriture jusqu’à la fin du XIIe, siècle. Mais, dans l’intervalle, les Kherétim, grossis des Pélésati, étaient venus de Kaphtor en Canaan. La Palestine avait été convertie à la civilisation égéenne. Les immigrés avaient acclimaté dans leur nouvelle patrie leur agriculture, leur industrie, leurs usages militaires, leur religion, leur écriture. Dans les moindres villes, les chefs avaient des archives et des scribes, comme les rois de Cnosse : lorsque, vers 1117, le prêtre égyptien Ounamonou se présenta chez les Zakkara, à Dor, le prince Badira lui demanda ses lettres de créance et lui montra les listes de présents envoyés à ses aïeux[41]. Dès cette époque, les Peuples établis dans le voisinage de Canaan méritaient le nom de Kefti que lui donneront encore les Égyptiens de l’époque ptolémaïque, et celui de Phéniciens, les Peaux Rouges, qui les désignera toujours chez les Grecs. Pour satisfaire aux besoins de leur commerce, ils se composèrent un alphabet qui, allant jusqu’au bout de J’évolution suivie jusqu’alors par toutes les autres écritures, décomposait la parole en sons simples et dégageait des syllabaires vingt-deux lettres. Or, un tiers de ces caractères porte des noms qui ne sont explicables dans aucune des langues sémitiques et a des formes connues par les systèmes linéaires et hiéroglyphiques de Crète[42]. Quant aux autres caractères, les objets qu’ils sont censés représenter d’après leurs noms phéniciens sont bien ceux que reproduisent au vrai les hiéroglyphes tant crétois qu’égyptiens. Par conséquent, la plus grande partie de cet alphabet peut être un prolongement des écritures sémitiques empruntées à l’Égypte, mais peut dériver aussi des hiéroglyphes crétois par l’intermédiaire des linéaires A et B ; en tout cas, toutes les lettres dont le nom étranger a été conservé sans être traduit ont tout l’air d’avoir été transmises aux Phéniciens par les Philistins, héritiers des Crétois. Même l’alphabet phénicien rentre dans la série des systèmes locaux qui, malgré des différences plus ou moins grandes, sont en rapport les uns avec les autres et tous avec celui de Crète. Mais c’est le dernier venu de ces systèmes et le plus parfait. Non plus ici qu’ailleurs, les Phéniciens n’ont eu le don d’invention ; ils auront seulement le mérite, tandis qu’ils courront la Méditerranée pour leurs affaires, d’infuser à l’écriture que les Grecs auront presque laissée périr une vie nouvelle pour l’éternité.

II. — LA LANGUE.

Sur la langue qui se cache derrière les inscriptions crétoises, nous savons malheureusement bien peu de chose[43]. À voir la régularité avec laquelle progresse l’écriture depuis la fin de la période chalcolithique jusqu’aux invasions grecques, on a l’impression que c’est le même parler qui, avec d’inévitables variations, se transmit aux générations successives. Ce parler n’était ni indo-européen, ni sémitique. Il présentait, d’après certains groupes de signes, des altérations de suffixes où l’on peut voir des désinences et des flexions ; cette particularité le rapproche des langues aryennes, mais ne prouve rien.

Comment compléter des indications aussi vagues ? On a bien recueilli en Crète et à Cypre des inscriptions qui donnent en écritures lisibles, alphabet grec et syllabaire cypriote, des textes d’une langue non grecque. Mais ces patois, que parlaient encore en pleine époque historique les Étéocrétois de Praisos et les gens d’Amathonte n’ont pas livré leur secret aux plus savantes investigations[44]. Quant à l’Égypte, elle nous offre deux documents fort intéressants en leur genre : 1° un écolier, qui avait pour sujet de devoir : Dites les noms de Kefti que vous connaissez, en a écrit quatre sur sa planchette, dont le nom d’Akashau qui fait penser au nom philistin d’Akhish[45] ; 2° un livre de médecine donne une formule en langue kefti pour conjurer une maladie, et dans les trois ou quatre mots de cette formule on croît reconnaître celui de tirrka ou tarkha qui rappelle le nom d’un dieu cilicien et peut-être celui du roi étrusque Tarquin[46]. Mais, si curieux que soient ces documents, ils ne peuvent pas, avec quelques noms propres, dissiper les ténèbres qui enveloppent la langue kefti.

Tout ce qui est possible pour le moment — et ce n’est pas inutile —, c’est de dresser des listes de mots crétois à l’aide de diverses méthodes. Certaines terminaisons de mots conservés en Grèce et en Asie sont caractéristiques. C’est d’abord la terminaison -inth-os, qui reparaît dans les langues asiatiques sous la forme -ind-a ou -and-a et peut-être même en étrusque sous la forme -uns. C’est aussi la terminaison -sos ou -ssos. L’une et l’autre désignent comme préhelléniques, non pas seulement des noms de lieu comme Corinthe et Tirynthe, et Coressos et Cnossos, mais encore un grand nombre de noms communs. Le sigma initial ou pris entre deux voyelles n’est pas grec non plus ; il permet de reconnaître dans la langue grecque nombre de mots dont elle a hérité, et fournit même une raison de considérer le messapien, resté incompréhensible, comme ayant des rapports avec les langues égéennes ou asiatiques. Beaucoup de mots grecs sont inexplicables par des racines indo-européennes : on est d’autant mieux fondé à les porter au dompte des Préhellènes, que quelques-uns d’entre eux sont fréquemment usités dans les poèmes homériques et disparaissent aussitôt après de la langue commune, comme μέροπες (les humains) et δέπας (la coupe). Beaucoup de mots apparentés en grec et dans les langues sémitiques n’ont d’étymologie acceptable ni de part ni d’autre et, d’ailleurs, ne se conforment aux lois ordinaires de filiation ni dans un sens ni dans l’autre : ils ne peuvent être dérivés que d’une source commune. Même défaut de correspondance normale entre des mots grecs et des mots latins ; même conclusion. Enfin, nous avons la chance de connaître un certain nombre de mots conservés par les patois crétois de l’époque historique et dont les anciens, particulièrement Hesychius dans son Lexique, nous donne la signification.

Il vaut la peine de classer les mots ainsi connus ; faisons-en l’essai :

La simple liste que nous avons là sous les yeux est le résumé de tout ce que nous ont appris les documents archéologiques, le tableau fidèle d’une civilisation très avancée. Tout y est : sous un gouvernement fort, une agriculture florissante, une industrie prospère, des marins et des marchands dont l’activité embrasse toute la Méditerranée, puis le goût des belles fleurs et des beaux vases, les costumes brillants et les parfums, enfin les cérémonies du culte oit la déesse, entourée des animaux sacrés, écoute favorablement les chants lyriques qui l’exaltent. Voila ce que nous disent encore les quelques mots qui ont survécu.

C’est assez pour qu’on puisse s’imaginer que la langue crétoise était capable d’exprimer toutes les nuances de la poésie et mie satisfaire à des exigences de littérature, et de science. Quand Homère décrit les danses exécutées au théâtre de Cnosse, il nous autorise à penser que les aèdes qui chantaient dans le palais d’Alkinoos avaient des précurseurs dans le palais de Minos et que l’épopée grecque, avec sa langue artificielle, s’inspirait de poèmes bien plus vieux. Si, dans l’Égypte de la XVIIIe dynastie, les livres de médecine font des emprunts textuels aux formules des Kefti, il est à croire que ces formules ne circulaient pas seulement par tradition orale, et la réputation de certaines recettes, où entraient le cétérac (asplenum), le panais (daucos) et les simples de la montagne (dictame), nous certifie que les traités crétois mêlaient à des pratiques de sorcellerie de véritables études d’histoire naturelle. Sans aller jusqu’à faire du légendaire Icare le précurseur de l’aviation, on voit bien que les procédés d’art et d’industrie connus des Crétois, les inventions attribuées à Dédale et à l’homme de bronze Talôs, ne furent pas de simples tours de main, mais les résultats mie recherches et d’enseignements qui durent être consignés par écrit et créer un vocabulaire technique. N’oublions pas la science hydraulique dont témoigne le drainage dans le palais de Cnosse ; rappelons-nous que les connaissances astronomiques dont avaient besoin les architectes pour observer le cardo et les marins pour compter les lunes se fixèrent dans le calendrier de Minos, qui transmît au moins les noms de mois aux Crétois des temps historiques. Il n’y a pas de doute, l’écriture crétoise exprimait une langue de haute civilisation qui rayonna au loin et qui se survécut.

 

 

 



[1] LXVII, 985.

[2] LXXXIX, 292.

[3] XII.

[4] XVII ; XX, 195-6, 271-85, 612-46.

[5] DIODORE, V, 74.

[6] Acta Academiae Aboensis, I (1920), 2 ; II (1921), 3 ; cf. JAI, 1915, 41-64.

[7] EVANS, XVII, 236-41 ; XX, 289 ss. ; HALL, XXXVII, 216 ss.

[8] XX, 613-4.

[9] Voir Iliade, VI, 160 ; cf. XVII, 64-5 ; XXXVII, 217-8.

[10] XXXVII, 220-1.

[11] XVII, 48 et fig. 26.

[12] C’est à propos des tablettes crétoises que HALL (XXXVII, 121) a pu dire : No culture of the ancient world appears so absolutely un Babylonian, so completely uninfluenced by the ideas of Euphratean civilization, as does that of prehistorie Greece.

[13] XVII, 134, 149 ss. ; XX, 195-6.

[14] XVII, 138 ss., 144 ss., 152 ss., 263 ss. ; XX, 271 ss.

[15] XVII, 170.

[16] Ibid., 28 ss. ; XX, fig. 476 ; cf. SUNDWALL, l. c., 1923.

[17] EVANS, XX, 644.

[18] Ibid., 645.

[19] Ibid., fig. 476-7, n° 87.

[20] XVIII, fig. 25. On voit sur cette tablette chaque nom terminé par le signe femme et séparé du suivant par un petit trait vertical.

[21] XX, 279, 617-8, cf. SUNDWALL, l. c., 1920, 8.

[22] EVANS, XX, 625-36.

[23] Ibid., 624-5.

[24] Ibid., 550, 613-1, 616-7 ; cf. XXXVIII, 66.

[25] XX, 637.

[26] Ibid., fig. 473.

[27] Ibid., 621-2.

[28] FL. PÉTRIE, Kahun, Gurob and Hawara, pl. XXVII, XXVIII.

[29] XXI, 177-85 ; XVII, 35-6.

[30] Voir XVII, 56-9, fig. 31-5.

[31] Ibid., 58, fig. 33-4.

[32] Ibid., fig. 35, 31-2.

[33] PLUTARQUE, Œuvres morales, 579 A ; cf. BCH, 1921, 515.

[34] PERNIER, Au., 1909, 255 ss. ; DELLA SETA, RAL, 1909, mai ; AD. REINACH, RA, 1910, I, 1-65 ; EVANS, XVII, 22-8, 273-93 ; XX, 647-68 ; CUNY, REA, 1911, 296-312 ; 1912, 95 ss. ; SUNDWALL, l. c., 1920.

[35] Voir CUNY, l. c. ; EVANS, XX, 659 ss.

[36] LXVII, 206-8 ; cf. EVANS, XVII, 67.

[37] EVANS, ibid., 68-77 ; DUSSAUD, XI. 128-32, HALL, l. c., 223 ss. ; cf. MEILLET, Aperçu d’une hist. de la langue gr., 88.

[38] XVII, 66, fig. 36.

[39] Iliade, VI, 168 ss.

[40] S. REINACH, An., 1900, 497-502 ; EVANS, XVII, 177-91t ; DUSSAUD, XI, 433-4.

[41] W. MAX MÜLLER, Papyrus Golenischefl, 25.

[42] XVII, fig. 41.

[43] KRETSCHMER, Einleitung in die Geschichte der griech. Sprache, 370 ss. ; FICK, XXII, XXIII ; CONWAY, BSA, VIII 125 ss. ; X, 115 ss. ; BURROWS, VI, 159 ss. ; CUNY, REA, 194,0, 154-64 ; MEILLET, Mém. de la soc. de linguistique, XV, 161-4 ; Aperçu d’une hist. de la langue grecque, 63 ss. ; DUSSAUD, XI, 437-42 ; HALL, XXXVII, 229-31 ; AUTRAN, Phéniciens, 11 ss. ; cf. VENDRYES, Mém. de la soc. de linguistique, XVIII, 271 ss.

[44] Voir CONWAY, VENDRYES, ll. cc.

[45] W. MAX MÜLLER, Assyr. Zeitschrift, IX, 394.

[46] WRESZINSKI, Londoner Med. Papyrus, 192 ; Cf. HALL, l. c., 230.