I. — L’IDÉE D’UNITÉ. Dans la transformation générale des esprits, chaque cité grecque est nécessairement amenée à s’ouvrir aux échanges plus facilement que jadis, a régler ses relations avec les autres cités grecques d’après des idées moins étroites et moins jalouses. Toute ville où le commerce et l’industrie avaient pris de l’ampleur attirait une masse hétérogène, gens de métier désireux d’y gagner leur vie, et envoyait ses marins visiter toutes les côtes de la Méditerranée. Par ce va-et-vient, s’opérait un constant échange d’hommes, de marchandises et d’idées. Le sang se méfait, les préventions tombaient une à une. A l’intérieur de chaque pays, les citoyens et les métèques, à force d’être rapprochés pendant des générations par les mêmes nécessités de la vie économique et sociale, ressentaient le même amour pour la commune patrie : les ports surtout étaient des creusets où se faisaient de jour en jour de solides alliages. D’un pays à l’autre, se formait, de plus en plus précise, de plus en plus consciente, la conception de l’unité hellénique. C’était elle déjà qui avait groupé jadis contre les Mèdes, les Carthaginois et les Étrusques les combattants de Salamine et de Platées, d’Himère et de Cumes. La fraternité d’armes qui avait sauvé la Grèce fut chantée avec enthousiasme par les poètes contemporains. Pindare, quoique fils d’une ville traîtresse à la cause nationale, trouva de magnifiques accents pour saluer Athènes couronnée de violettes, rempart de l’Hellade et pour lui associer dans la gloire Égine, Sparte et Syracuse[1]. Dans les Perses d’Eschyle, le sublime péan qui prélude à la victoire est un appel aux enfants des Hellènes groupés pour délivrer les temples des dieux et les tombes des ancêtres[2]. Tous ces souvenirs, Hérodote les avait transmis à la postérité, pour en faire honneur avant tout à cette Athènes qu’il chérissait comme urge mère adoptive, mais aussi pour montrer que l’enjeu de la lutte avait été la destinée d’une race, d’une langue, d’une religion, de toute une civilisation[3]. En pleine guerre du Péloponnèse, tandis que des mains grecques versaient à flots le sang grec, des voix s’élevaient pour déclarer que c’étaient là des luttes fratricides et que l’honneur commandait, au lien de mendier à qui mieux mieux l’or des Perses, de marcher tous ensemble contre eux. Si Aristophane ne se lasse pas de réclamer la paix, ce n’est pas seulement parce qu’il la croit nécessaire aux paysans de toutes les cités belligérantes, c’est aussi qu’il pense à cette parenté des Panhellènes qui s’affirme devant les sanctuaires des Amphictionies et qui devrait les réunir contre les barbares[4]. Thucydide avait probablement les mêmes idées, au moins à l’égard des Perses : lui qui se fait une si haute conception de la vérité historique et des devoirs qu’elle impose, il n’ose pas, sans doute par pudeur patriotique, mentionner la paix de Callias, et, tandis qu’il raconte les humiliantes démarches des Lacédémoniens auprès du grand roi[5], il se tait sur les négociations tout aussi déshonorantes qu’engagèrent à leur tour les Athéniens. Même du côté adverse, on voit Callicratidas, une des plus nobles figures de ce temps, rougir de l’alliance perse, opposer aux haines inexpiables des cités le sentiment de la solidarité grecque, travailler à une réconciliation générale. Malgré les innombrables conflits qui suivirent la grande guerre du Péloponnèse, l’idée de l’unité panhellénique fit de grands progrès au IVe siècle dans les esprits. Comme par le passé, mais avec une précision que n’avaient point eue des croyances nuageuses et qu’atteignirent des théories raisonnantes, l’hellénisme se définissait par opposition à la barbarie. On admit que, par son climat même et par sa conception de la cité, la Grèce avant une supériorité essentielle sur les monarchies des pays torrides et sur les- peuplades des régions froides, que la nature avait mis entre les Grecs et les barbares la même distance qu’entre les hommes et les bêtes, qu’en tout cas elle avait créé une race de maîtres et des races d’esclaves, de façon à former à tout ce qui était grec des droits évidents sur tout ce qui ne l’était pas[6]. Mais ceux-là même qui faisaient reposer la conception de l’hellénisme, sur un principe physique, l’unité de race, y ajoutèrent un principe plus élevé, l’éducation (παιδεία), la forme de pensée (διανοία), bref, la civilisation[7]. Par conséquent, le Grec a beau être d’une cité, il doit se considérer comme faisant partie d’une communauté qui comprend toutes les cités d’origine et de mœurs grecques. Platon veut faire réaliser ses projets de réforme politique par les tyrans de Sicile. Quand Isocrate cherche à qui proposer les siens, à défaut d’Athènes et de Sparte, il s’adresse à un prince de Cypre, avant d’admettre qu’un Macédonien est encore un Grec. Si étendue que soit la Grèce ainsi définie, l’unité ethnique et morale des hommes qui l’habitent fait que toute guerre entre cités apparaît comme une guerre civile, une maladie, dit l’un[8], une folie, dit l’autre[9], une guerre fratricide. Il n’en faut plus. Tel est le langage que les plus fameux orateurs tiennent aux foules assemblées dans les panégyries d’Olympie. Gorgias de Léontinoi donne l’exemple en 392 : il exhorte les Grecs à mettre fin à des luttes qui les affaiblissent tous et à entreprendre tous ensemble en Orient la seule qui soit digne d’eux. Avec les mêmes développements, le discours panégyrique devient un genre littéraire, où s’exercent tour à tour Lysias et Isocrate. Gorgias ne craint pas de présenter ses idées aux Athéniens : dans un discours consacré à la mémoire des citoyens morts au champ d’honneur, il regrette qu’ils aient payé de leur vie des victoires moins glorieuses que celles de Marathon et de Salamine. Éloges et regrets qui se retrouvent dans un autre Épitaphios prononcé par un contemporain de Lysias. Il était impossible que l’idéal d’unité ne se traduisit pas sur certains points dans la réalité : Ide tout temps, les arts et les lettres avaient constitué pour tous les Grecs une sorte de patrimoine commun. Cette communion devient plus intime. Les écoles de sculpteurs se distinguaient jadis par des particularités locales ; il n’y a plus désormais qu’une évolution générale de la sculpture avec des traits individuels. On sait combien étaient variés jusque-là les alphabets ; l’alphabet ionien, le plus complet de tous, l’emporte sur les autres : en Attique, il commençait, dans le dernier quart du Ve siècle, à dominer dans l’usage privé et à pénétrer dans les actes publics ; sous l’archontat d’Euclides (403/2), il devient officiel. Mais c’est Athènes qui se place sans conteste à la tête de l’hellénisme. Elle se vantait déjà au temps de Périclès d’être l’école de la Grèce[10] et se proclamait sur la tombe d’Euripide l’Hellade de l’Hellade. Par les écrits d’Isocrate, elle justifie ses titres. Elle est la capitale de la civilisation grecque (άστυ τής Έλλαδος)[11] parce qu’elle en réunit les éléments essentiels sous une forme éminente, parce que tout ce qui en fait la grandeur, humanité, savoir, raison, elle le concentre chez elle pour le répandre chez les autres[12]. Admirable panégyrique, confirmé par les faits. Le dialecte attique est devenu la langue de culture pour tous les Grecs. Les autres dialectes continuent de servir aux usages locaux, l’ionien d’Hippocrate se conserve dans les livres de médecine, et le dorien de Pythagore dans maints ouvrages de mathématiques ; mais l’attique est la langue littéraire, la langue commune de tous les gens instruits, la koinè. Pour rattacher plus complètement leur pays au monde grec, les rois de Macédoine l’emploient comme langue d’État. Du domaine intellectuel et moral, l’idée d’unité pouvait-elle se propager au domaine politique ? Ici, malheureusement pour la Grèce, elle devait se heurter longtemps encore à des obstacles insurmontables. On a vu qu’elle fendait à grouper les Grecs contre le monde extérieur. Comment se fait-il cependant qu’un quart de siècle à peine après les guerres médiques les cités grecques aient commencé, pour ne plus jamais cesser, à demander chacune aux Perses un appui contre les autres cités, et qu’au printemps de 386 un édit envoyé de Suse leur ait fait la loi à toutes, leur imposant pour de longues années la paix du roi ? C’est qu’il y avait, ancré dans le cœur des Grecs, un sentiment capable de contrebalancer l’orgueil du nom hellénique et le mépris des barbares- un invincible amour de l’autonomie. Le patriotisme le plus pur ne pouvait se faire à l’idée que la cité fondée par les dieux et maintenue par les ancêtres ne serait plus une communauté libre et indépendante, maîtresse absolue de sa constitution, de ses lois, de son armée, de ses finances. Il ne faut pas perdre de vue que les plus grands esprits, aussi bien dans les spéculations transcendantes que dans les théories réalistes, ne croyaient pas que la science politique pût s’appliquer à un État autre que la polis. Ainsi, deux forces contraires vont se heurter : l’unité morale et la passion du particularisme. Par elle-même, la Grèce était hors d’état de faire prévaloir la centralisation. Seule, une poussée extérieure pourra renverser les barrières qui la hérissaient de tontes parts : elle ne sera unifiée que par la conquête. Il faudra que la Grèce succombe pour que disparaisse le régime politique de la cité. Mais, avant de disparaître, il devait s’altérer, par l’action des idées nouvelles et de nouveaux besoins. On va voir les petites communautés, si exclusives jadis, s’ouvrir plus facilement aux individus. On va les voir, contraintes par la nécessité de se défendre congre des ennemis trop puissants, renoncer à une partie de leur souveraineté pour se prêter à des tentatives d’union restreinte et de fédéralisme. II. — LA COLLATION DU DROIT DE CITE ET L’ISOPOLITIE. Quand on sait ce qu’était en principe le droit de cité dans les villes grecques et qu’on voit ce- qu’il fut en réalité au IVe siècle, particulièrement à Athènes, on se rend bien compte qu’il n’y a pas de dispositions légales qui tiennent contre les mœurs. Aussitôt après la restauration démocratique de 403, le peuple athénien rétablit la loi de Périclès qui défendait le corps des citoyens contre l’intrusion des métèques. Cette loi avait été constamment violée ou tournée dans les dernières années de la guerre du Péloponnèse, par suite des nécessités militaires et des troubles politiques. Sur la proposition d’Aristophon, amendée par Nicomédès, il fut décidé que cette loi serait remise en vigueur sans effet rétroactif[13]. Pour l’avenir, on prit toutes les précautions imaginables. A ne consulter que les textes législatifs, jamais la collation du droit de cité ne paraît aussi compliquée, aussi difficile. Le décret qui le conférait devait être motivé par des services exceptionnels rendus au peuple ; il devait être confirmé en assemblée plénière par au moins six mille suffrages i enfin, il pouvait être attaqué par une action publique d’illégalité[14]. L’usurpation du droit de cité tombait sous le coup d’une accusation extrêmement grave, dont la sanction n’était rien moins que l’esclavage avec confiscation des biens (γραφή ξενίας)[15]. De temps en temps, quand il devenait évident que trop de malins avaient passé par les mailles des lois, on tâchait de les rattraper par le contrôle des registres. Les livres des dèmes, qui équivalaient à nos actes de l’état civil, furent soumis à une révision générale en 346/5[16], comme ils l’avaient été un siècle auparavant. Ceux des phratries, qui faisaient également foi à l’occasion, pouvaient chacun être l’objet d’une révision analogue[17]. Mais on avait beau faire : ce luxe de précautions et certains éclats d’indignation populaire[18] laissent entrevoir des fraudes persistantes. Les métèques riches et influents n’avaient pas de peine à dénicher un bon petit dème, où il n’en coûterait pas trop cher d’obtenir une inscription complaisante. Le bourg pourri de Potamos avait à cet égard une réputation bien établie[19]. Là ou ailleurs, le démarque lui-même pouvait se charger de l’opération et trouver les complices nécessaires, à cinq drachmes par tête[20]. A défaut du dème, on avait la ressource de la phratrie, et un habile homme pouvait pénétrer dans une famille de citoyens authentiques par le subterfuge de l’adoption ou se faufiler dans une promotion de naturalisations légitimes[21]. Ainsi se formait et se reformait sans cesse une classe de faux citoyens, les παρέγγραπτοι[22]. Deux ou trois accès de colère en un siècle n’empêchaient pas le peuple lui-même d’étendre et d’avilir le droit de cité par le nombre toujours croissant des décrets honorifiques. Déjà dans les dernières années du Ve siècle, ce genre d’abus faisait rire ou crier : la comédie houspillait fort le luthier Cléophon, ce démagogue grossier et ignorant, issu d’une mère thrace et de père inconnu[23]. Bientôt les récriminations des orateurs se font aussi vives et aussi fréquentes contre la facilité des naturalisations que coutre les inscriptions frauduleuses. Isocrate s’attriste de voir prostituer un titre de noblesse qui devrait inspirer tant de respect et d’orgueil, Démosthène, dans une de ces tirades qu’il sait par cœur et fait passer d’un discours à un autre, oppose le temps où la plus belle récompense que pussent obtenir les souverains étrangers était une fictive exemption de taxes à ces tristes jours où le droit de cité n’est qu’une vile marchandise offerte à des esclaves fils d’esclaves : Ce n’est pas, dit-il à l’Assemblée, que vous soyez par nature inférieurs à vos pères ; mais ils avaient, eux, la fierté de leur nom, et cette fierté, vous l’avez perdue[24]. Sans doute les admirateurs du passé se changent aisément en contempteurs du présent. On ne voit pas encore au IVe siècle, comme à l’époque hellénistique, les banquiers cumuler autant de nationalités qu’ils ont de succursales et les cités vendre officiellement à prix fixe les lettres de naturalisation. Isocrate exagère évidemment, quand il en vient à dire que les étrangers remplacent les citoyens à la guerre[25]. Pourtant, dans ces exagérations il y a beaucoup de vrai. Les exemples que nous fournissent les orateurs et les inscriptions donnent l’impression bien nette que les décrets conférait le droit de cité augmentent en nombre et diminuent de valeur. 4n reste encore dans la tradition avec le décret tumultuaire proposé par Hypéride après la défaite de Chéronée et qui promet la qualité d’Athénien aux métèques qui s’armeront pour la défense de la patrie[26]. Mais Athènes se montre de moins eu mains avare de privilèges individuels. Elle accorde le titre de citoyen pour des services de tous genres : à un homme politique comme Héracleidès de Clazomènes, à un chef de mercenaires comme Charidèmos, simple métèque d’Oréos, à des banquiers d’origine servile comme Pasion, Phormion, Épigénès, Conon, à des marchands de salaisons comme Chairéphilos et ses trois fils[27]. Elle fait même des citoyens honoris causa par des décrets qui peuvent avoir une valeur pratique pour des amis d’Athènes chassés de leur patrie (Astycratès de Delphes, Peisitheidès de Délos), mais qui ne sont souvent que des distinctions honorifiques, de véritables décorations à titre étranger (Storys de Thasos, Denys l’Ancien, Tharyps et Arybbas rois des Molosses)[28]. Un fait curieux, bien propre 5 échauffa- la bile de Démosthène, montre avec quelle légèreté se faisaient les nominations de ce genre : le droit de cité est successivement accordé au roi de Thrace Cotys et à ses meurtriers[29]. Les Athéniens ne sont pas sans s’apercevoir qu’ils violent les principes qu’ils font pourtant profession de respecter : ils multiplient et compliquent tant qu’ils peuvent les formalités de la naturalisation et plus encore les formules qui la mentionnent[30]. Mais ce n’est pas avec des moyens de procédure et des procès-verbaux qu’on s’oppose à l’incessante poussée des idées et des mœurs nouvelles. Si caractéristique que fût la tendance à multiplier les naturalisations personnelles, elle n’était qu’un signe des temps. Ce qui pouvait avoir une grande valeur d’avenir en altérant le régime des petites souverainetés, c’était l’admission en masse d’une cité dans une autre. Déjà, au va siècle, l’exemple des Platéens et des Sauriens nommés citoyens d’Athènes n’était pas resté isolé. A la même époque, deux villes d’Asie Mineure s’ouvraient aux citoyens de deux villes siciliennes : Antandros, aux Syracusains ; Éphèse, aux Sélinontiens[31]. Ce n’était au fond qu’une façon d’honorer des hommes de guerre qui venaient de rendre service à des alliés sur place ; mais la forme générale donnée à cette distinction n’en marque pas moins un penchant à l’extension indéfinie du droit de cité. Au IVe siècle, on relève des cas analogues, mais susceptibles de résultats politiques. Les Cyrénéens resserrent les liens qui les unissent à Thèra en reconnaissant comme frères les fils de la vieille métropole[32]. Pour la première fois, on voit, non plus seulement une ville conférer son droit de cité à une autre par un décret unilatéral, mais deux villes se communiquer leur droit de cité par une convention bilatérale : vers 365 un traité conclu entre Céos et Histiaia déclare que chacun des États contractants accordera aux citoyens de l’autre la liberté de commerce et, sur demande individuelle, les droits civiques[33]. Cet échange de citoyens entre États qui restent sur le pied d’égalité, en gardant chacun sa souveraineté avec sa constitution et ses lofs, c’est ce que le droit public de la Grèce appellera plus tard l’isopolitie. III. — LES LIGUES ET LES FÉDÉRATIONS. Une autre institution marque un pas de plus : c’est le groupement des cités en communautés plus larges. Nous avons déjà vu au va siècle se former, grandir ou péricliter un certain nombre de ligues et de fédérations. La fermentation qui travaille la Grèce au IVe siècle [multiplie ces essais de concentration politique où apparaissent pour la première fois des éléments du système représentatif. Tandis que l’Élide et Rhodes maintiennent plus ou moins paisiblement l’unité qu’elles se sont donnée par synœcisme et que les sympolities d’Arcadie et de Chalcidique mènent une existence tourmentée, on voit un bois nombre de groupements jusqu’alors amorphes prendre forme. En même temps, Lacédémone, Athènes et Thèbes feront de grands efforts pour reconstituer sur de nouveaux plans les ligues ou confédérations qu’elles commandaient pendant la guerre du Péloponnèse et tâcheront d’y trouver les forces nécessaires pour dominer le monde grec. Aussitôt après sa victoire sur Athènes, Sparte fortifie sa position dans la ligue du Péloponnèse. Elle dispose de toute la force que lui donnent dans la Grèce entière l’autorité de ses harmostes et l’organisation des décadarchies. Elle exige de tontes les cités qu’elle a fait sortir de l’empire athénien les tributs qu’elles payaient auparavant ; elle exige un tribut d’Athènes elle-même[34]. Aussi pèse-t-elle d’un poids bien lourd sur les Péloponnésiens. Les décisions continuent d’être prises conjointement par le Conseil des alliés et l’Assemblée spartiate ; mais le Conseil ne délibère plus séparément avant de voter, il prend seulement part aux débats de l’Assemblée, procédure qui ne lui laisse plus sa pleine liberté[35]. Pendant ce temps, toute tentative de synœcisme, de sympolitie ou de confédération Faite en dehors de la ligue lacédémonienne rencontrait à la fois l’apposition vies partis oligarchiques, qui n’espéraient maintenir les privilèges traditionnels que dans les cadres restreints des cités autonomes, et l’hostilité systématique des Spartiates, qui voulaient à tout prix empêcher la formation d’États assez vastes et puissants pour leur tenir tête. Ce n’est que pendant la guerre de Corinthe, première attaque dirigée contre l’hégémonie de Sparte, roue des Péloponnésiens purent concevoir de pareils projets. En 393, Corinthe, tombée au pouvoir de la démocratie, décida de s’incorporer à l’Argolide. Vers 394, les cités d’Achaïe — qui avaient toujours profité des fêtes célébrées dans le bois sacré de Zeus Homarios pour s’entendre sur l’attitude à prendre à l’égard des puissances étrangères — changèrent cette espèce d’amphictionie en une fédération, qui étendit son droit de cité à une ville acarnanienne[36]. Sparte ne manque pas de réagir. Appelée à l’aide par les oligarques de Corinthe, elle rétablit la dualité favorable à leurs intérêts et aux siens[37]. Mais que faire contre Thèbes, que la confédération de 447 rendait de plus en plus puissante ? Comment arrêter Athènes, qui préludait à la reconstitution de son empire par des traités d’alliance défensive et qui déjà se faisait autoriser à intervenir dans la politique intérieure des cités alliées, à changer leurs constitutions, à leur envoyer des garnisons et des gouverneurs, à leur demandez des contributions, à leur interdire de donner asile aux gens bannis d’Athènes[38] ? Ce fut pour la politique spartiate un coup pie maître que le traité d’Antalcidas (386). En imposant à toutes les cités grecques l’autonomie comme une obligation absolue, la paix du rai ne brisait pas seulement l’empire renaissant d’Athènes qui inquiétait plus encore les Perses que les Spartiates ; elle mettait fin à la confédération de Béotie ; elle faisait rentrer Corinthe, détachée à jamais d’Argos, dans la ligue lacédémonienne ; enfin, elle allait permettre de dissoudre, comme contraires au nouveau droit des gens, tous les synœcismes. En Béotie, les onze districts fédéraux furent supprimés ; les villes se gouvernèrent, chacune à part, comme elles l’entendaient, c’est-à-dire comme l’exigeait le commandement militaire de Sparte[39]. Toutes les dépendances de Thèbes en furent détachées[40], et, pour la tenir en bride, Platées fut reconstruite. Plus de monnaie commune : chaque cité eut de nouveau la sienne, qui pouvait bien porter au droit le bouclier béotien comme indication géographique, mais qui portait au revers son emblème à elle et son nom[41]. Une série de traités particuliers grossirent l’armée péloponnésienne de contingents nouveaux[42]. Dés 384, la population de Mantinée, à la grande joie des oligarques, fut de nouveau dispersée dans ses cinq villages c’est même surtout par les renseignements donnés sur ce dioikismos que l’on connaît le synoikismos antérieur[43]. La lointaine Chalcidique se croyait à l’abri. Ses institutions s’étaient bien consolidées depuis un demi-siècle. De sympolitie, elle était en passe de devenir un État unitaire[44]. Sans créer formellement un droit de cité fédéral, une loi commune en offrait l’équivalent à tous les Chalcidiens : il suffisait, en effet, de posséder les droits civiques dans une ville pour avoir dans toutes les autres le droit de mariage et le droit de propriété[45]. L’égalité civile était ainsi garantie, indépendamment de l’égalité politique, dans toute l’étendue de la communauté. Une pareille disposition, imposée à toutes les villes, dénote, à elle seule, une forte restriction de l’autonomie. Restriction égale pour toutes, au moins en principe. De fait, la république s’appelait officiellement koinon des Chalcidiens[46]. Elle avait le droit exclusif de battre monnaie, et c’est par exception qu’au nom des Chalcidiens s’ajoute sur certaines pièces celui d’Olynthe[47]. Mais, placée en apparence sur le même pied que les autres cités, la capitale dissimulait mal une hégémonie réelle. L’Assemblée fédérale siégeant à Olynthe ne différait guère de l’Assemblée olynthienne. Ses pouvoirs étaient considérables. Elle s’occupait des affaires étrangères, des traités politiques et des conventions commerciales, réglait les affaires militaires, sans excepter la conduite des opérations, choisissait le stratège, premier magistrat de la confédération, enfin, votait les contributions fédérales, qui étaient des droits de douane perçus dans les ports et les emporia[48]. Par sa forte organisation, l’État chalcidien acquit une puissance respectable. Son alliance fut achetée par la Macédoine au prix d’avantages commerciaux et de concessions territoriales[49]. Il s’étendit en exerçant son influence sur la presqu’île de Pellène par Potidée et sur la presqu’île Sithonia par Toronè. Tout lui réussissait, lorsque deux villes, sommées d’entrer dans la confédération, appelèrent Sparte à leur secours. L’armée spartiate accourut (382). Après trois ans de guerre, la sympolitie fut forcée de se dissoudre. Sparte avait bien travaillé. En Arcadie, en Boétie, en Chalcidique, partout où elle pouvait craindre sur le continent une association de cités ennemies, elle avait rétabli l’autonomie. Mais, par son triomphe même, elle renforçait le désir d’unification dans toutes les parties de la Grèce où elle le comprimait. La marche sur Olynthe avait débuté par l’occupation de Thèbes ; en 379, Thèbes fut délivrée par un coup de train nocturne. Dès le lever du jour, l’Assemblée réunie d’urgence nomma quatre béotarques[50]. C’était annoncer que la confédération béotienne allait se reformer ; c’était déclarer aussi qu’elle ne pouvait reprendre vie que par l’accord du peuple tout entier, qu’elle devait cette fois être démocratique. Il y eut fort à faire pour lui donner l’extension qu’elle avait jadis : il fallut détruire de nouveau Platées, réduire Thespies à la condition de sujette, soumettre Orchomène et, le moment venu, la raser jusqu’au sol en massacrant toute la population virile. Pour la forme et en droit, la nouvelle confédération ressemble à l’ancienne[51] ; elle a pour principe l’autonomie des villes : sans avilir leur droit de cité par un droit de cité collectif[52], en leur laissant le soin d’amener leur contingent à l’armée[53], elle leur retire le droit de battre monnaie[54]. Mais, en réalité, les Béotiens se rapprochent bien plus que jadis du régime unitaire, grâce à une hégémonie bien plus forte. La suppression des districts de Thespies et d’Orchomène, le rattachement de leur territoire aux autres villes réduit le nombre des béotarques de onze à sept[55] ; comme Thèbes en garde quatre, à elle seule elle a la majorité dans le comité de direction. C’est elle par conséquent qui gère la politique extérieure, et ses représentants prétendent dans les congrès internationaux que le nom de Béotiens ait pour équivalent celui de Thébains. Autre changement considérable et qui agit plus énergiquement encore dans le même sens : le damas formé par l’ensemble des citoyens n’est plus représenté dans le Conseil par un nombre de délégués proportionnel à l’importance des villes ; il siège en assemblée à jours fixes[56]. Comme cette Assemblée se réunit à Thèbes, elle se compose en très grande majorité de Thébains. Toutes les affaires, principalement les affaires étrangères, sont donc traitées directement entre les béotarques et le peuple ; car le chef officiel de la confédération, le magistrat éponyme, l’archonte, n’a aucun pouvoir. Les béotarques, qui convoquaient jadis le Conseil, convoquent maintenant l’Assemblée ; ils lui présentent leurs rapports, préparent ses décisions et les exécutent ; ils négocient avec l’étranger et commandent les contingents militaires des sept districts. Mais ils sont constamment sous la dépendance de l’Assemblée : élus par elle et rééligibles, non seulement ils lui rendent des comptes au bout de l’année, mais ils sont responsables devant elle durant leur gestion et peuvent être déposés[57]. Quoique l’Assemblée soit compétente en matière d’attentat contre le pacte fédéral, à côté d’elle fonctionne comme précédemment une Haute Cour, dont les membres sont tirés au sort et qui juge les magistrats fédéraux accusés de forfaiture[58]. Cette constitution pouvait mener la Béotie par une progression prudente à une plus complète unité. Malheureusement, Thèbes n’y voyait qu’un point d’appui pour la politique extérieure, un instrument de règne. Jamais la Béotie n’aurait pu refaire son unité en 378, si elle n’avait pas été couverte sur sa frontière méridionale. Mais Athènes, provoquée comme elle par la violence et la perfidie de Sparte, reconstitua comme elle sa confédération. Au premier moment, les deux peuples limitrophes conclurent un traité contre l’ennemi commun[59], et Athènes, reprenant le système d’alliances qu’elle aurait inauguré en 386 et dû abandonner en 386, conclut des traités analogues avec Chios, Mitylène, Méthymna, Rhodes et Byzance[60]. Ces engagements bilatéraux entre une cité et six autres furent convertis aussitôt en un pacte mutuel à sept, et au faisceau primitif s’agrégèrent pendant plusieurs années de nouveaux adhérents. La confédération maritime d’Athènes ressuscitait[61]. Il fut convenu tout d’abord que toutes les cités participantes, resteraient autonomes et jouiraient de droits égaux dans le Conseil fédéral : on respectait ainsi la paix du roi et on limitait d’avance l’hégémonie d’Athènes. Pour donner tout apaisement à quiconque pouvait craindre un retour aux procédés de la première confédération, les Athéniens rendirent, en février ou mars 377, le décret d’Aristotélès. Ils garantissaient l’autonomie promise aux cités. Ils s’engageaient à ne point intervenir dans leur gouvernement intérieur, à n’envoyer dans aucune d’elles ni gouverneur, ni garnison, à ne point exiger de tribut, à respecter les juridictions locales. Des sûretés toutes spéciales étaient données contre l’établissement de clérouquies : non seulement les Athéniens renonçaient à toute propriété acquise auparavant en territoire fédéral, mais ils s’interdisaient d’en acquérir à l’avenir, à titre public ou privé, par achat, hypothèque ou par tout autre moyen. Toutes ces clauses étaient valables et obligatoires à perpétuité : tout auteur d’une proposition tendant à les modifier était passible d’atimie et de confiscation préventive, avant d’être condamné à mort ou au bannissement[62]. La nouvelle confédération ne pouvait cependant pas faire autrement que de soumettre l’autonomie des cités à l’hégémonie d’Athènes[63]. Il y avait là deux principes qu’il fallait bien concilier. L’association impliquait un dualisme qui se manifestait nettement dans le none officiel qu’elle se donna : les Athéniens et les alliés. Le parti fédéral eut donc à organiser une action conjointe. Il fit fonctionner ensemble et de concert les organes délibératifs d’Athènes et un Conseil fédéral, le Synédrion des alliés, où les Athéniens n’étaient pas représentés, mais qui siégeait en permanence à Athènes[64]. Ainsi furent prises les résolutions des alliés et du peuple athénien, les dogmata qui fixèrent la constitution fédérale[65]. Claque cité pouvait se faire représenter par un ou plusieurs synèdres[66], mais ne disposait que d’une voix : comme les votes étaient rendus à la majorité simple, Athènes avait toutes facilités pour s’assurer le concours des petites cités. Il va de soi qu’un pareil système, qui prétendait mettre en équilibre une grande puissance et un groupe de petites puissances indépendantes, pouvait bien se maintenir tant qu’on avait à lutter pour le salut commun, mais ne pouvait pas durer indéfiniment. Tout alla bien jusqu’en 371. Les rapports du Synédrion avec l’Ecclésia et la Boulé athéniennes furent ce qu’ils devaient être d’après le pacte fédéral. Athènes avait l’initiative et la direction des négociations aven l’étranger, mais ne faisait rien de définitif sans consulter les alliés. Comme c’était elle qui avait formé la confédération par des traités séparés, elle continua de traiter avec les cités qui demandaient à y entrer, et c’est par un décret de l’Assemblée rendu sur la proposition du Conseil que l’admission était prononcée[67]. Mais l’affaire intéressait le Synédrion, puisqu’il s’agissait d’y introduire un nouveau membre avec droit de vote et puisque tous les confédérés étaient tenus, en cas d’agression contre l’un d’eux, de le soutenir sur terre et sur mer avec toutes leurs forces et de tout leur pouvoir. Aussi l’échange des serments, sans quoi l’admission ne pouvait être parfaite, exigeait-il le concours de jureurs alliés et, par conséquent, le consentement du Synédrion[68]. Quant aux traités conclus avec les États qui étaient et restaient en dehors de la confédération, ils n’étaient soumis à l’Assemblée athénienne que par un probouleuma de la Boulé fondé sur un dogma du Synédrion[69] et ne devenaient exécutoires pour chaque cité que jurés par elle. Encore en 371, au congrès de Sparte, tandis que les Lacédémoniens prêtaient seuls serment pour eux et leurs alliés, tous les confédérés des Athéniens jurèrent après eux, ville par ville[70]. C’était juste le contraire de ce qui s’était fait pour la paix de Nicias[71], et rien ne montre mieux le chemin parcouru par Sparte et Athènes depuis un demi-siècle. En somme, toutes les résolutions qui intéressaient la confédération étaient prises en ce temps-là comme l’avaient été les dogmata constitutionnels : le Synédrion ne pouvait rien sans l’Ecclésia, ni l’Ecclésia sans le Synédrion. Il en résultait un modus vivendi qui établissait entre Athènes et les confédérés un partage d’attributions. L’hégémonie d’Athènes consistait essentiellement dans la direction des affaires étrangères, dans le commandement de l’adnée fédérale et dans la libre disposition de la flatte, qui était presque exclusivement composée de navires athéniens. Sur le reste, le Synédrion avait la haute main. — Par cela même que le pacte fédéral interdisait la levée d’un phoros, la confédération ne pouvait avoir de finances que du consentement de ses membres. Le trésor commun n’appartenait pas aux Athéniens et aux alliés, mais aux alliés uniquement. Pas de tribut, des contributions (συντάξεις)[72]. Fixées, réparties, perçues et gérées parles soins du Synédrion, elles ne devaient et ne pouvaient servir qu’à des dépenses d’intérêt commun, surtout de guerre[73]. Si elles augmentèrent rapidement, c’est que la plupart des cités demandaient vite à se racheter du service militaire qui était à l’origine la principale de leurs obligations. Au trésor commun revenaient aussi les amendes infligées par la juridiction fédérale. La confédération avait, en effet, un droit de haute justice. Devant le Synédrion siégeant comme cour souveraine, comparaissaient les individus ou personnes morales accusés d’infraction au pacte fédéral. D’après le décret d’Aristotelès, sauvegarde de ce pacte, le Synédrion reçoit les dénonciations contre les Athéniens coupables d’avoir acquis des biens-fonds sur le territoire des villes confédérées, confisque les propriétés litigieuses et partage le produit de la vente entre le dénonciateur et le trésor commun[74]. D’après le même décret, tout citoyen ou magistrat qui proposerait ou mettrait aux voix une motion tendant à abolir une clause quelconque serait jugé par devant les Athéniens et les confédérés comme coupable de vouloir dissoudre la confédération, pour être puni de mort ou banni des territoires soumis aux Athéniens et aux confédérés, sans préjudice de la confiscation préalable de ses biens[75]. — C’étaient là des dispositions d’une importance capitale. Elles dénotent même d’une telle condescendance d’Athènes envers les confédérés, qu’elles ont besoin de certaines restrictions pour ne pas être invraisemblables. Il faut admettre que, dans le cas où le Synédrion était juge et partie, Athènes ne lui livrait pas ses citoyens pieds et poings liés. Le Synédrion, qui était placé en général sur le même pied que la Soule athénienne, ne pouvait sans doute pas plus qu’elle donner farce exécutoire à toits ses jugements : au delà de certaines limites pénales, le condamné, si c’était un Athénien, devait avoir le droit d’en appeler à la juridiction athénienne. Quoi qu’il en soit, le pacte de la seconde confédération athénienne marquait un progrès tout à fait remarquable dans le droit international. Sparte devait tout accepter. Elle essaya cependant de réagir. Elle usa d’abord des mêmes moyens que ses adversaires. Elle voulut opposer aux Thébains et aux Athéniens cime ligne plus puissante que les leurs, en renforçant son hégémonie ; mais, cité militaire, elle ne songea qu’à l’armée. Déjà en 383/2, au moment d’entreprendre la guerre de Chalcidique, elle avait fait autoriser par une diète les États péloponnésiens à se racheter du service : innovation grave qui permettait de recruter des soldats professionnels, mais déshabituait de la guerre les citoyens. En 378, pour faire pièce à Thèbes et à la confédération athénienne, elle divisa tous les pays qui dépendaient d’elle en dix régions de recrutement : 1° Lacédémone, 2° et 3° l’Arcadie, 4° l’Élide, 5° l’Achaïe, 6° la Corinthie et la Mégaride, 7° Sicyone, Phlionte et les villes côtières d’Argolide, 8° l’Acarnanie, 9° la Phocide et la Locride, 10° la Chalcidique[76]. Mais, dès 375, la sympolitie des Chalcidiens, que Sparte venait de détruire, se reconstitua et, pour s’assurer contre toute vengeance, entra dans la confédération d’Athènes[77]. Les Acarnaniens étaient dispersés dans des bourgades qui longtemps ne s’étaient unies que pour la guerre, mais qui s’étaient décidées à se faire représenter a Stratos par un organe commun et à frapper une monnaie commune[78] ; ils avaient dû accepter la domination spartiate en 390[79]. Ils firent comme les Chalcidiens au même moment[80]. En 371, Sparte résolut d’employer d’autres moyens. Elle convoqua les représentants de toutes les puissances dans un congrès où devait être conclue une paix générale basée sur la paix du roi. Là-dessus tout le monde était d’accord. Encore fallait-il voir comment chacun concevait le principe d’autonomie et le conciliait avec le droit fédéral. Le jour venu d’échanger les serments, les Lacédémoniens jurent comme tels au nom de tous leurs alliés ; personne ne bouge. Avec les Athéniens jurent successivement tous leurs alliés. Les Thébains sont du nombre. Ils jurent et contresignent l’instrument de paix en ajoutant au nom de Thébains une note spécifiant que leur serment et leur signature sont valables pour, tous les Béotiens. Des protestations s’élèvent contre cette interprétation. Les Thébains demandent alors à remplacer le nom de Thébains par celui de Béotiens. C’eût été la reconnaissance formelle par toute la Grèce de l’État fédéral. Les Lacédémoniens s’y refusent absolument ; les Thébains s’en tiennent à leur dernière proposition et rejettent un traité qui eût annulé en un jour huit ans d’efforts et de succès[81]. C’est la rupture définitive avec Sparte et avec Athènes. Un mois après, la puissance de Sparte s’écroulait dans la plaine de Leuctres (août 371). Une nouvelle époque commence pour toutes les associations de cités. Thèbes a les mains libres, non seulement en Béotie, mais au delà de ses frontières septentrionales. Sur la confédération dont elle est sûre, elle eux appuie une antre, plus vaste, qu’elle crée dans la Grèce centrale. Les Phocidiens, les Locriens et les Hèracléotes, enlevés à la ligue lacédémonienne, s’unissent à leurs voisins les Maliens et les Ainianes et sont rejoints par une partie des Acarnaniens, par les Eubéens et bientôt par les Byzantins, détachés ceux-là de la confédération athénienne. Tous ces peuples s’engagent à se défendre mutuellement en cas d’agression ; ils envoient leurs délégués à un Synédrion qui siège à Thèbes et reconnaissent force obligatoire aux résolutions prises par leurs représentants de concert avec ceux des Béotiens[82]. Mais c’était trop demander à la bonne volonté des uns et à la modération des autres. Les Phocidiens ne s’étaient jamais entendus avec les Thébains. Quand ils furent accusés de sacrilège par leurs ennemis devant le Conseil amphictyonique et condamnés à une amende énorme, ils coururent aux armes (356) et reconstituèrent une confédération qui avait une vague existence depuis au moins deux siècles[83]. Les citoyens de leurs vingt-deux villes se réunissaient en Assemblée peur exercer le droit de paix et de guerre et pour nommer ou, à l’occasion, déposer les magistrats[84]. Durant la guerre sacrée, les principaux de ces magistrats furent les stratèges[85]. L’un d’entre eux, le stratège autocratôr, avait le commandement suprême de l’armée. Il était investi de pouvoirs dictatoriaux : son nom remplaça sur les monnaies le mot de Phocidiens qui s’y trouvait jadis[86] ; il avait même le droit de désigner son successeur, droit qui plaça, en fait, le pays sous la domination d’une dynastie. En 346, la Phocide, vaincue, désarmée, plus qu’à moitié déserte, eut pour clefs des archontes, et le devoir fédéral se borna pour elle à fournir, aux vainqueurs, de semestre en semestre, une effroyable contribution de guerre[87]. Chez les Arcadiens, la défaite de Sparte autorisait tous les espoirs. A peine Épaminondas parait-il dans le Péloponnèse (printemps 370), qu’ils prennent leur revanche. Les Mantinéens des cinq bourgades reconstruisent leur ville et reconstituent leur synœcisme[88] ; ils se donnent le régime de démocratie modérée qui convient à des paysans trop affairés pour fréquenter l’Assemblée et ne pas préférer s’en remettre pour les affaires courantes à des magistrats élus[89]. Aussitôt, à l’appel du Mantinéen Lycomédès, tous les Arcadiens, sauf ceux du Nord, décident de former un État sur le modèle de la confédération béotienne[90]. A cet État il faut une capitale. Pour éviter toute compétition entre Mantinée et Tégée, les deux rivales séculaires, on nomme une commission de dix oikistes, chargés de fonder une ville nouvelle. En 369, s’élève la grande ville, Mégalopolis. Les dimensions de son enceinte étaient telles qu’elle pût abriter en cas de besoin tous les Arcadiens du Sud-Ouest et du Centre avec leurs troupeaux. Sa population devait se recruter immédiatement parmi les Mainaliens, les Eutrésiens, les Parrhasiens, les Cynuriens, les Aigytes, les Skirites, les gens de la Tripolis, etc. Elle devait absorber au moins une quarantaine de communes[91]. Forgé par un synœcisme, le nouvel État, l’Arcadicon[92], se donna un régime fédéral. Les cités gardaient leur autonomie, leurs vieilles institutions, leur Conseil, leurs magistrats ; elles continuaient d’avoir leur monnaie particulière à côté de la monnaie commune[93]. Pas de droit de cité fédéral au-dessus du droit de cité local : on était Arcadien au titre de Tégéate, de Mantinéen, etc. Mais la sympolitie eut d’autant plus de facilités pour restreindre la souveraineté des cités, qu’elle les répartit bientôt dans des circonscriptions politiques selon le mode athénien. — La constitution fédérale a très nettement les caractères d’une démocratie mitigée. Elle ne reconnaît aucune hégémonie, mais assure aux cités une représentation proportionnelle à la population. Le corps des citoyens est constitué par les Dix Mille[94], c’est-à-dire probablement par les propriétaires eu état de servir à leurs frais comme hoplites, à l’exclusion des pauvres. Ils ont tous, et eux seuls, accès à l’Assemblée ou Ecclésia[95]. Pour cette Assemblée on construisit à Mégalopolis un édifice immense, le Thersilion. Ses attributions s’étendent à toutes les affaires importantes : elle conclut les traités de paix ou d’alliance, déclare la guerre, envoie ou reçoit les ambassadeurs, règle la solde des troupes, fixe les contributions matriculaires des cités, accorde des distinctions honorifiques. — Au pouvoir délibératif elle ajoute le pouvoir judiciaire ; elle rend des arrêts contre les magistrats de la confédération ou des cités ou contre les simples particuliers convaincus d’infraction au statut fédéral ou de résistance aux décrets fédéraux ; elle arbitre les litiges qui surgissent entre les cités[96]. — Comme l’Assemblée ne siège que par intervalles et qu’elle est trop nombreuse pour préparer le travail législatif, elle a pour auxiliaire un Conseil ou Boulé. Mais le seul corps qui fonctionne en permanence, c’est une commission exécutive de cinquante membres. Elle représente inégalement les villes, à raison de cinq délégués par ville pour sept d’entre elles, de deux et de trois pour deux autres, et de dix pour Mégalopolis. Leur titre officiel est celui de démiourgoi ; mais, comme ils répartissent entre eux les différentes administrations et qu’ils forment ainsi des collèges de magistrats, on les appelle quelquefois aussi les archontes[97]. Étant donnée l’importance des affaires militaires et diplomatiques, le premier magistrat de la confédération est le stratège[98], qui a sous ses ordres un corps d’armée permanent, les éparites. Une pareille atteinte aux principes ataviques d’autonomie et d’isolement, le déplacement obligataire d’une masse d’hommes considérable, les lotissements nécessaires, tout cela soulevait bien des difficultés et provoqua bien des résistances. Il y eut des bourgades qui ne fournirent à Mégalopolis qu’une partie du contingent demandé ; elles subsistèrent à titre de communautés plus ou moins libres. Il y en eut dont les habitants refusèrent net d’abandonner leurs maisons et leurs terres ; il fallut les contraindre par la force, faire marcher contre elles les éparites ; on en connaît une, Trapézouse dont la population se fit massacrer ou émigra au fond du Pont-Euxin. Dès 363, les vieilles haines de cité à cité se réveillaient, exacerbées par de graves dissentiments sur la politique intérieure. C’était la scission. Mantinée revenait à l’oligarchie et se montrait favorable à Sparte ; Tégée, d’accord avec la capitale, restait fidèle à la démocratie et à l’alliance thébaine, bans la bataille de Mantinée (362), les Arcadiens se battirent entre eux, pour ou contre Épaminondas. Une réconciliation se fit ; mais elle ne fut ni générale ni durable. En 361, eut lieu un retour en ruasse des paysans vers leurs anciennes demeures ; pour les faire revenir dans la capitale, une armée thébaine dut procéder à la destruction systématique des villages[99]. Tant il était dur pour des Grecs de renoncer à l’indépendance locale en faveur d’une union même restreinte ! Et pourtant la formation de Mégalapoliticon marquait un progrès sérieux dans la lutte contre les forces centrifuges. L’Arcadie avait pour la première fois sa grande ville, dont le district comprenait un tiers du territoire fédéral. Et l’exemple agissait sur tee régions d’alentour, même sur les parties de l’Arcadie qui s’étaient tenues à l’écart du mouvement. Les bourgades de Triphylie s’unirent à Lépréon et adhérèrent ensuite à l’union arcadienne[100]. Le canton d’Hèraia, mitoyen entre l’Arcadie et l’Élide, se constitua en une cité à neuf dèmes[101]. Gamme trois localités voisines d’Orchomène s’étaient rattachées à la confédération, les Orchoméniens, pour réagir coutre l’affaiblissement qui résultait pour eux de cet abandon, s’annexèrent par synœcisme les Enaimmiens, en concluant avec eux une convention fort curieuse avec ses articles sur le culte, le mariage, la justice, le lotissement des terres et la mise en commun des dettes publiques[102]. La confédération athénienne ne pouvait pas échapper aux répercussions des grands événements qui avaient signalé l’an 371. Le congrès de Sparte était pour elle le commencement de la rupture avec la Béotie ; la bataille de Leuctres mettait fin au danger spartiate. Comme Thèbes, Athènes chercha aussitôt à tirer parti de la situation. Toutes les cités qui voulaient maintenir la paix du roi et, par conséquent, l’autonomie entendue en un sens étroit furent invitées à envoyer des plénipotentiaires à Athènes. C’était l’exclusion des Thébains. Tandis qu’ils se consolaient en créant la confédération de la Grèce centrale, le congrès d’Athènes décidait la formation d’une ligue hellénique qui devait comprendre dans une large unité Lacédémone avec sa ligue et Athènes avec sa confédération[103]. Idée grandiose et pleine d’avenir en apparence ; en réalité, pauvre petit succès diplomatique sans lendemain. Sparte n’étant plus à craindre et Thèbes devenant de jour en jour plus hostile, les membres de la confédération athénienne trouvèrent bien vite gênants les liens qui les y rattachaient. Le mécontentement devait amener la défection, et la lutte congre la défection, justifier et aggraver le mécontentement. L’hégémonie d’Athènes, légère en somme de 378 à 371, allait donc peser lourdement sur la constitution fédérale et en fausser les clauses primitivement équitables. Une méfiance réciproque caractérise désormais les rapports du Synédrion et de l’Ecclésia. Athènes avait le droit de traiter toute seule avec les puissances qui ne faisaient point partie de la confédération, à condition de ne pas l’engager mais il était bien difficile que les engagements pris par la cité principale m’eussent pas pour conséquence de lier les autres indirectement, et, par contre, il était bien facile pour Athènes d’abuser de son droit pour conclure toute seule des traités qui intéressaient directement ses co-associés. Si certains décrets relatifs à des alliances qui valent seulement pour Athènes n’ont cependant été adoptés qu’après consultation des confédérés, il faut voir dans cette procédure une satisfaction de pure forme donnée à l’amour-propre de partenaires pointilleux. Quand le Synédrion prend vraiment part à des négociations d’intérêt fédéral, tout ce qu’il obtient maintenant, c’est de faire présenter ses dogmata à l’Ecclésia par l’intermédiaire de la Boulé cru tout au plus, si la Boulé y consent, de les apporter à l’Ecclésia lui-même[104]. En tout cas, les décrets du peuple ont seuls valeur exécutoire, qu’ils soient conformes ou contraires au dogma : les synèdres sont tenus de prêter le serment d’usage conjointement avec les jureurs athéniens[105], et, si l’un d’eux doit faire partie d’une ambassade envoyée pour de nouveaux pourparlers, c’est l’Ecclésia qui le choisit[106]. Aussi bien le Synédrion renonce-t-il parfois à dissimuler la réalité des faits : tel dogma déclare à l’avance que ce qui sera décidé par l’Assemblée des Athéniens vaudra comme résolution commune des alliés[107]. Bref, au lieu d’être un organe législatif au même titre que l’Ecclésia, le Synédrion n’est plus qu’un organe consultatif, comme la Boulé. Comment, dans ces conditions, les autres garanties données aux confédérés auraient-elles résisté aux emprises d’une hégémonie d’autant plus exigeante qu’elle était plus contestée ? Le régime financier fut complètement bouleversé. En principe, la syntaxis n’était payée que par les villes qui renonçaient à fournir un contingent naval[108] ; en fait, la défection des grandes villes, qui pouvaient seules avoir une flotte, eut pour résultat que toutes les villes restées fidèles s’acquittaient en espèces et que la contribution ressemblait fort à un tribut. Une corrélation s’établit entre le droit de participer au Synédrion et l’obligation d’envoyer la syntaxis[109]. Et ce ne fut plus le Synédrion qui fixa les sommes à payer ; l’Assemblée athénienne réglait la politique extérieure ; à elle d’en évaluer le coût. S’il arrivait qu’une ville s’entendit avec un stratège sur la part qui lui incombait, l’accord n’était valable qu’après vérification par l’Ecclésia[110]. Athènes seule ordonnait à cloaque ville d’apporter les fonds à la caisse fédérale, ou de les verser à tel stratège pour telle opération, ou de les remettre au commandant de la garnison pour la solde de ses hommes[111]. En cas de retard, c’est encore le peuple athénien qui élisait les fonctionnaires chargés de percevoir les arriérés avec emploi de la force, s’il le fallait[112]. Quant à la juridiction du Synédrion, on dirait qu’elle n’existe plus. En 357/6, certains membres de la confédération avaient pris part à une attaque dirigée contre une ville confédérée, Érétrie. Occasion ou jamais, pour la juridiction fédérale, d’intervenir. Ce fut l’Ecclésia qui prit toutes les initiatives. Un décret fit commandement à la Boulé de préparer un règlement de procédure pénale à fin de poursuites contre les coupables et prescrivit qu’à l’avenir le fait de prendre les armes contre Érétrie ou toute autre ville de la confédération entraînerait la peine de mort et la confiscation totale au profit du trésor fédéral[113]. Même l’autonomie des cités reçut de rudes atteintes à partir du moment où il fallut réagir contre les défections. Athènes expédié sur tous les points à surveiller des garnisons et des gouverneurs. Elle intervient dans les luttes intérieures en faveur de la démocratie et se fait largement payer ses services. Après avoir rétabli la paix à Céos, elle autorise les insurgés à en appeler de la justice locale à ses tribunaux, puis étend cette règle à tous les jugements, en même temps qu’elle se fait octroyer le monopole de l’exportation du minium[114]. Sur un point, cependant, Athènes respectait les promesses faites en 375/1 : elle n’envoyait pas de clérouquies sur le territoire fédéral. Mais, à partir de 366/5, elle ne se fit pas faute d’eu poster sur des points stratégiques qui ne relevaient pas de la confédération ou avaient été reconquis après défection : à Samos[115], à Potidée[116], en Chersonèse[117]. Il y avait de quoi inquiéter ceux même qui n’étaient point menacés. La transformation générale d’une hégémonie qui cachait mal ses faiblesses par ses violences devait fatalement provoquer la résistance et la révolte. D’abord il y eut des soulèvements partiels ; ils furent réprimés. Puis les cités formèrent des unions locales. Pour faire défection, les quatre villes de Céos, Carthaia, Poièessa, Ioulis et Coressos, formèrent une sympolitie. Elles gardèrent chacune son Conseil et son Assemblée qui continuait à conférer un droit de cité particulier[118] ; mais elles avaient toutes ensemble un Conseil, une Assemblée, un droit de cité commun et cette prérogative d’une souveraineté supérieure, une monnaie commune[119]. Vers le même moment, Byzance concéda son droit de cité à deux villes de moindre importance, Sélymbria et Chalcédoine[120]. Enfin éclata la guerre sociale, la guerre de sécession. En deux ans (357-355), la confédération fut brisée. Il n’en resta aux mains des Athéniens que des fragments, qui leur furent bientôt enlevés par la conquête macédonienne. IV. — LA LIGUE DE CORINTHE. En face de tantes ces tentatives qui ont toujours pour but d’introduire un peu d’unité dans les relations anarchiques des cités et presque toujours pour résultat de les lancer les unes contre les autres par groupes, on est tout d’abord effaré, comme à la vue d’innombrables flots qui se soulèvent, se heurtent et s’annihilent. Cependant, si l’on néglige les contingences historiques qui ont produit et détruit cette multitude d’associations, on distingue deux grands courants. D’une part, on voit le système dos ligues fédératives, comme la ligue lacédémonienne et la confédération athénienne. Elles groupent à de grandes distances des cités alliées, en leur donnant un minimum de gouvernement commun, sans droit de cité propre, sans moyen d’action immédiat sur les individus. En théorie, elles laissent à chaque cité son autonomie à peu près complète en ce qui concerne sa vie intérieure. Leur souveraineté consiste uniquement dans la direction des affaires diplomatiques et militaires. Ayant pour noyau un État beaucoup plus puissant que les autres, elles reconnaissent à cet État l’hégémonie. Elles sont donc soumises a un régime dualiste, dont l’équilibre est forcément instable. Comme le principal organe de la ligue est un Conseil où toutes les cités ont vote égal et dont les décisions sont Obligatoires pour toutes, la cité prépondérante réussit plus ou moins longtemps à grouper autour d’elle une majorité. Mais, une fois que le but assigné à la ligue fédérative est atteint (lutte contra les Mèdes ou contre Sparte, lutte contre Athènes), l’hégémonie ne rend plus les services qui la justifiaient, elle parait et devient oppressive ; pour se maintenir, elle soutient un parti dans chaque cité, jusqu’au moment où le principe d’autonomie se venge et reprend le dessus. D’autre part, on assiste à un pullulement d’États fédéraux qui rassemblent des cités voisines et congénères (Béotiens, Chalcidiens, Arcadiens, etc.). Ce sont les sympolities. Elles respectent dans l’ensemble les droits antérieurs de ces cités ; mais, si elles n’arrivent jamais à l’unité complète, elles s’en rapprochent. Elles ont leur droit de cité fédéral, qui a pour fondement un droit de cité local, c’est-à-dire que tout citoyen d’une ville est citoyen de la confédération : étant Thébain, on est Béotien ; on est Arcadien par cela même qu’on est Tégéate. D’une ville à l’autre, le statut fédéral assure les droits civils, mais non les droits politiques : il est probable que dans la plupart des sympolities, comme dans celles des Chalcidiens et des Orchoméniens, un citoyen de la confédération a le droit de libre résidence, de légitime mariage et de propriété sur tout le territoire fédéral. Cette disposition suffit à montrer que la confédération exerce dans certains cas son action sur les sujets des villes particulières sans l’intermédiaire des autorités locales. Il est évident, d’ailleurs, que ses institutions agissent spontanément dans le sens de l’unification par leur caractère politique, en favorisant soit la démocratie, soit l’oligarchie. Si diverse que puisse être, en vertu de la constitution et des traités particuliers, la souveraineté fédérale, elle a toujours pour symbole le droit de battre monnaie qui suppose en outre un système commun de poids et mesures, pour fonctions principales la gestion de la politique extérieure et l’administration de l’armée, pour garantie une juridiction suprême. Selon que le régime est oligarchique, démocratique ou à demi démocratique, le pouvoir délibératif appartient à un Conseil, à une Assemblée ou aux deux à la fois ; mais le pouvoir exécutif ne peut jamais être exercé que par de hauts magistrats d’ordre diplomatique rit militaire, béotarques ou stratèges. Et cela seul doit empêcher qu’on estime trop haut les progrès réalisés dans la voie de la centralisation par les sympolities. Au fond, il s’agit encore d’alliance, de défense commune, de groupes opposés à d’autres groupes, et l’idéal est d’arriver à la formation d’un petit État sur le modèle de l’Attique ou de la Laconie, et non pas de s’acheminer vers l’unité hellénique. L’unité hellénique ne fut réalisée qu’après la catastrophe de Chéronée par Philippe de Macédoine, à la pointe de l’épée. Il ne suffit pas au vainqueur d’avoir subjugué les Grecs d’Europe ; il voulut se poser en champion de l’idée panhellénique, afin d’étendre sa domination sur ceux d’Asie. Pour grouper ensemble les forces de ses anciens ennemis et de ses anciens amis, il lui fallait une paix générale et une alliance mutuelle. Il convoqua les délégués de toutes les cités à Corinthe. A cette assemblée constituante il donna ses instructions. C’étaient des ordres. Ainsi fut formée une ligue qui rappelait à bien des égards les ligues à hégémonie des temps passés, mais qui s’en distinguait par ces traits essentiels, pouvoir illimité d’un chef unique, intervention décidée dans la politique intérieure des cités[121]. Le nom officiel de la ligue dite de Corinthe est bien simple les Hellènes (οί Έλληνες) ; ce n’est que dans le langage vulgaire qu’on dit la confédération des Hellènes (τό κοινόν τών Έλλήνων). Les Macédoniens n’en font point partie, car l’opinion générale ne les reconnaît pas comme Hellènes ; mais leur roi, avec toute sa puissance, est le chef, l’hègémôn, de la ligue. En tête de l’acte fédéral vient l’inévitable appât : toutes les cités sont libres et autonomes ; elles ne recevront pas de garnison, elles ne paieront pas de tribut. Maïs voici de singulières restrictions au principe posé. La ligue doit s’opposer à toute tentative faite en vue de renverser les constitutions existantes — constitutions qui étaient pour la plupart oligarchiques, grâce à une vigoureuse pression exercée depuis quelques mois par Philippe. Elle interdit les exécutions et les bannissements illégitimes, les confiscations, tout nouveau partage des terres, toute abolition des dettes, tout affranchissement en masse des esclaves. En un mot, elle a le droit et le devoir d’intervenir partout où le besoin s’en fait sentir, de protéger les classes possédantes coutre la révolution. Par suite, chaque cité est tenue 4d’empêcher que des bannis ne préparent sur son territoire une attaque armée contre aucune autre ville de la ligue. D’une façon plus générale, les cités, clans leurs relations mutuelles, doivent rester fidèles à la paix jurée, n’apporter aucune entrave à la liberté des mers et faire régler leurs différends par les voies judiciaires, c’est-à-dire par l’arbitrage d’une tierce cité. Elles devaient toutes, non seulement s’interdire à elles-mêmes toutes menées contraires à la paix, mais aider avec leur contingent à repousser toute agression tentée contre l’une d’elles et considérer quiconque violerait le traité comme exclu de la paix, comme ennemi commun. L’organe de la ligue, c’est le Conseil, le Synédrion des Hellènes (συνέδριον τών Έλλήνων ou κοινόν)[122]. Il représente les cités. Cependant les délégations dont il se compose n’ont pas toutes également une voix, comme jadis dans les statuts de la ligue du Péloponnèse ou de la confédération athénienne, mais une ou plusieurs, au prorata de la population représentée, selon le principe adopté chez les Béotiens et les Arcadiens[123]. Siégeant en général à Corinthe, il s’occupe de toutes les affaires fédérales, des questions de paix et de guerre d’abord, mais aussi de toutes les questions qui concernent le contrôle politique et social des cités. Pour maintenir l’ordre légal et pour faire arbitrer les différends qui surgissent entre elles, il agit de concert avec des magistrats spéciaux. Il fonctionne comme tribunal suprême pour statuer sur toute violation dei pacte fédéral, sur tout acte de haute trahison : il juge, par exemple, le citoyen d’une ville fédérée qui prend du service dans une armée étrangère contre la ligue ou contre son chef, et peut le condamner au bannissement ou à la confiscation[124]. Mais le Synédrion des Hellènes n’est qu’un instrument aux mains d’un maître. C’est l’hégémôn qui le convoque ou le fait convoquer par un mandataire ; c’est lui probablement qui nomme, comme des missi dominici, les personnages chargés de surveiller avec le Conseil les cités suspectes. Il est tout, parce qu’il s’appelle Philippe, parce qu’il s’appellera Alexandre, parce qu’il est et restera, comme l’indique soit titre, le commandant de l’armée, le chef de guerre. Pour commencer, il fait faire dans toutes les cités le recensement des hommes en état de porter les armes, afin d’établir un pourcentage pour la fixation des contingents à exiger : il lui faut 200.000 fantassins et 15.000 cavaliers. La voilà, l’unité, telle qu’elle s’est faite sur l’ordre du Macédonien. Ce ne sont plus des ligues qui partagent la Grèce en deux, ce ne sont plus de petites confédérations qui cherchent à sauvegarder des intérêts locaux ; c’est bien la Grèce tout entière qui se forme en koinon et déclare la concorde obligatoire. Mais il faut voir ce qu’est en réalité la paix qu’on proclame et quelle est la valeur politique et sociale de l’union qu’on vient de réaliser. Ce que sera la paix ? Le premier acte qui manifeste l’existence de la ligue, c’est le vote de la guerre contre les Perses et la désignation de Philippe comme stratège autocrate. Sans cesser d’être agitée par des tourbillons intérieurs, la Grèce subira incessamment le contrecoup des tourmentes qui bouleversent le monde. Ce que seront les principes sur quoi vont vivre les générations nouvelles ? On en a l’avant-goût quand on lit les clauses du pacte fédéral qui, en voulant maintenir à jamais le régime existant, interdit comme une mesure révolutionnaire l’affranchissement des esclaves. |
[1] PINDARE, Pythiques, I, 73-89.
[2] ESCHYLE, Perses, 402 ss.
[3] HÉRODOTE, VIII, 144.
[4] ARISTOPHANE, Lysistrata, 1128 ss.
[5] THUCYDIDE, II, 67 ; IV, 59 ; VIII, 18, 39, 43, 57 ss., 80, 99 ss.
[6] ARISTOTE, Pol., IV (VII), 6, 1 ; ISOCRATE, Antid., 293 ; Panathénaïque, 150 ss.
[7] ISOCRATE, Panégyrique, 50. Cf. LVI, p. 41 ss.
[8] PLATON, Rép., V, p. 470.
[9] ISOCRATE, Philippe, 126.
[10] THUCYDIDE, II, 41.
[11] ISOCRATE, Antid., 299.
[12] Id., ibid., 293 s., 300 ; Panégyrique, 47-50.
[13] Schol. ESCHINE, C. Timocrate, 39 ; ISÉE, Succ. de Philostr., 47 ; Succ. de Cimon, 43 ; DÉMOSTHÈNE, C. Euboulos, 60.
[14] Ps. DÉMOSTHÈNE, C. Néaira, 88-91, ANDOCIDE, S. le retour, 23.
[15] Voir CVI, t. II, p. 416 ss.
[16] Voir CII, p. 38-51.
[17] IJG, t. II, n° XXIX, A, l. 13 ss.
[18] DÉMOSTHÈNE, C. Euboulos, 49.
[19] DÉMOSTHÈNE, C. Léocharès, 35 ss. ; HARPOCRATION, s. v. Πόταμος.
[20] DÉMOSTHÈNE, C. Euboulos, 59 ss. ; HYPÉRIDE, P. Euxénippe, 3 ; HARPOCRATION, s. v. Άγασικής.
[21] ISÉE, Succ. d’Euphilétos, 1-2 ; LYSIAS, C. Agoratos, 61, 73.
[22] ESCHINE, Ambassade, 76, 177 ; HARPOCRATION, SUIDAS, s. v. διαψήφισις.
[23] ARISTOPHANE, Grenouilles, 679 ss., 1504, 1533 et Schol. ; PLATON LE COMIQUE, fr. 60 Kock (t. I, p. 617) ; ESCHINE, l. c., 76.
[24] ISOCRATE, Paix, 30 ; DÉMOSTHÈNE, S. l’org. fin., 23-25 ; C. Aristocrate, 210 ss.
[25] ISOCRATE, Paix, 88.
[26] Ps. PLUTARQUE, Vie des dix orateurs, Hypéride, 8-9, p. 849 a ; LYCURGUE, C. Léocrate, 41 ; SUIDAS, s. v. ύπεψηφίσατο.
[27] CIV, n° 6480, 15380, 11672, 14951, 4782, 8700, 15187.
[28] SIG2, n° 175, 226, 127, 169, 228.
[29] DÉMOSTHÈNE, C. Aristocrate, 118 s.
[30] Voir A. WILHELM, AM, t. XXXIX (1914), p. 266 ss. ; VII, p. 964.
[31] XÉNOPHON, Helléniques, I, 1, 25 ; 2, 10. Voir LXXIII, p. 96 s.
[32] S. FERRI, Abh. BA, 1925, fasc. V, p. 4 ss. ; Notiziaro arch. d. Minist. delle Colonie, fasc. IV (1927).
[33] SIG2, n° 172.
[34] DIODORE, XIII, 70, 4 ; XI V, 10, 2 ; XÉNOPHON, l. c., 6, 12 ; II, 2, 24 ; LYSIAS, C. Nicomède, 22 ; ISOCRATE, Panégyrique, 132 ; Panathénaïque, 67 ; ARISTOTE, Const. d’Ath., 39, 2.
[35] XÉNOPHON, Helléniques, V, 2, 12, 18.
[36] Id., ibid., IV, 6, 1 ; cf. XLI, p. 416. Voir VII, p. 1535, n. 1.
[37] Id., ibid., 5, 6 ss.
[38] Id., ibid., 8, 27 ; IG, t. II2, n° 211, 28.
[39] XÉNOPHON, op. c., V, 1, 33, 36.
[40] Cf. XLI, p. 344 ss.
[41] Ibid.
[42] XÉNOPHON, l. c., 2, 4, 25, 29 ss.
[43] Id., ibid., 2, 1-7 ; ÉPHORE, fr. 138 (FHG, t. I, p. 272) ; DIODORE, XV, 5, 12 ; PAUSANIAS, VIII, 8, 7 s.
[44] XXVII, p. 149 ss. ; LXIII, p. 148-150 ; SWOBODA, AEM, t. VII (1881), p. 1 ss., 17 ss. ; LXXI, p. 212 ss. ; A. B. WEST, Cl. Ph., t. IX (1915), p. 124 ss.
[45] XÉNOPHON, Helléniques, V, 2,19 ; cf. 12, 14.
[46] RIG, n°5.
[47] XLI, p. 208.
[48] XÉNOPHON, l. c., 16-17 ; DÉMOSTHÈNE, Philippiques, III, 56, 66 ; RIG, l. c. ; SIG2, n° 143.
[49] RIG, l. c.
[50] PLUTARQUE, Pélop., 13 s. ; Agésilas, 24.
[51] Cf. XXVII, p. 134 ss. ; LXXIII, p. 156 ss., LXXI, p. 262 ss. ; VII, t. II, p. 1426 ss. ; J. H. THIEL, De synœcismo Bœotiœ post annum 379 peracho (Mn, 1926, p. 19-29).
[52] Voir VII, l. c., p. 1427, n. 1.
[53] DIODORE, XV, 79 ; PAUSANIAS, IX, 13, 8.
[54] Voir XLI, p. 351 ss.
[55] IG, t. VII, n° 2407 s. ; DIODORE, XV, 32, 1 ; 53, 3 ; PAUSANIAS, l. c., 6-7.
[56] DIODORE, l. c., 89, 2 ; PAUSANIAS, l. c., 1, 5.
[57] DIODORE, l. c., 71, 7 ; 72, 2 ; CORN. NEPOS, Épaminondas, 7.
[58] PLUTARQUE, l. c., 25 ; CORN. NEPOS, l. c., 8 ; PAUSANIAS, IX, 14, 7.
[59] XÉNOPHON, Helléniques, V, 4, 20 ss., 34 ; DIODORE, XV, 28, 3 ss. ; 29, 6 ; PLUTARQUE, l. c., 14 s. ; Agésilas, 24, 26.
[60] RIG, n° 86, A, l. 24 ss., 79 ss. ; IG, t. II2, n° 40-43.
[61] Voir CVIII.
[62] RIG, l. c., l. 51 ss.
[63] DIODORE, XV, 29, 3 ; 29, 6 ; XÉNOPHON, Revenus, V, 6.
[64] IG, l. c., n° 96, 103 : ISOCRATE, S. la paix, 29 ; Plat., 21 ; ESCHINE, Ambassade, 86.
[65] IG, l. c., n° 96. cf. n° 43, 44, 123.
[66] Un seul : IG, l. c., n° 124, 282 ; plusieurs : n° 96, 107.
[67] SIG3, n° 116, 148.
[68] Ibid., n° 149, 150.
[69] Encore après 371 : ibid., n° 159, 181 ; ESCHINE, l. c., 60 ss. ; C. Ctésiphon, 60 ss., 74.
[70] XÉNOPHON, Helléniques, VI, 3, 10 ; cf. SIG3, n° 159.
[71] THUCYDIDE, V, 18, 9.
[72] THÉOP., fr. 97 (FHG, t. I, p. 294) ; cf. IG, l. r., n° 126, l. 13 ss. Voir CVIII, p. 38 ss.
[73] ISOCRATE, Antid., 113 ; XÉNOPHON, l. c., 2, 1 ; cf. IG, l. c., n° 113, 297.
[74] RIG, n° 86, A, l. 44 ss.
[75] Ibid., l. 51 ss.
[76] DIODORE, XV, 31, 2.
[77] RIG, l. c., l. 80.
[78] XÉNOPHON, Helléniques, IV, 6, 4 ; XLI, p. 328 ss.
[79] XÉNOPHON, l. c., 7, 1 ; Agésilas, II, 20.
[80] RIG, l. c., B, l. 5 ; SIG2, n° 150.
[81] XÉNOPHON, Helléniques, VI, 3, 19 ss.
[82] DIODORE, XV, 57, 62, 85 ; XÉNOPHON, l. c., 5, 23 ; VII, 3, 11 ; 5, 4 ; Agésilas, II, 24 ; RIG, n° 617.
[83] Cf. VII, t. II, n° 1447.
[84] DIODORE, XVI, 23, 6 ; 24, 1 ; 27, 2 ; 32, 2-4 ; PAUSANIAS, X, 2, 3 et 7.
[85] DIODORE, l. c., 35, 1 ; 56, 3, 7.
[86] Cf. XLI, p. 339.
[87] SIG2, n° 234-235.
[88] XÉNOPHON, Helléniques, VI, 5, 3-5. Voir XXII, p. 596 ss.
[89] ARISTOTE, Politique, VIII (VI), 2, 2.
[90] XÉNOPHON, l. c., 6-22 ; VII, 1, 23 ; DIODORE, XV, 59, 1 ; 67, 2.
[91] Marbre de Paros, 73 ; PAUSANIAS, VIII, 9-7, 3 ss. ; DIODORE, XV, 72, 4. Voir XXIII, p. 115 s.
[92] XÉNOPHON, l. c., VI, 5, 6, 11 s., 22, etc.
[93] Id., ibid., 4 ; VII, 4, 33 ; BCH, t. XXXIX (1915), p. 55, l. 30 ss. ; IG, V, II, n° 351-357 ; XLI, p. 444, 449.
[94] SIG2, n° 183 ; HARPOCRATION, s. v. μύριοι ; DIODORE, XV, 59, 1 ; XÉNOPHON, Helléniques, VII, 4, 35 ss.
[95] PHYLARQU., fr. 65 (FHG, t. I, p. 354).
[96] XÉNOPHON, l. c., 4, 33 ; 5, 38 ; BCH, l. c., p. 53 ss. ; IG, l. c., n° 343, A, l. 9 ss.
[97] SIG2, l. c., l. 9 ss. ; XÉNOPHON, l. c., 1, 24 ; 4, 33 ss.
[98] XÉNOPHON, l. c., 3, 1 ; DIODORE, XV, 62, 2.
[99] DIODORE, XV, 94 ; PAUSANIAS, VIII, 27, 7. Voir VII, t. II, p. 1404.
[100] SIG2, l. c. ; Fouilles de Delphes, t. III, I, n° 8 ; XÉNOPHON, l. c., 1, 33.
[101] STRABON, VIII, 3, 2, p. 337.
[102] BGH, l. c., p. 98 ss.
[103] XÉNOPHON, Helléniques, VI, 5, 1-3.
[104] SIG2, n° 181 ; cf. n° 184.
[105] ESCHINE, Ambassade, 60 ss. ; C. Ctésiphon, 69 ss., 74.
[106] ESCHINE, Ambassade, 21, 97, 126.
[107] ESCHINE, Ambassade, 20.
[108] ISOCRATE, Paix, 2.
[109] ISOCRATE, Paix, 29 ; ESCHINE, C. Ctésiphon, 93.
[110] Cf. RIG, n° 1463, b ; Ps. DÉMOSTHÈNE, C. Théocratès, 37.
[111] PLUTARQUE, Phocion, 7 ; ISOCRATE, Antid., 113 ; Ps. DÉMOSTHÈNE, C. Timoth., 49 ; IG, t. IV, n° 123, 207.
[112] RIG, n° 95, 600, 1463 ; cf. DÉMOSTHÈNE, S. les aff. de Chers., 26.
[113] RIG, n° 1455.
[114] Ibid., n° 96, 401 ; cf. IG, t. II2, n° 179.
[115] CRATER., fr. 15 (FHG, t. II, p. 622) ; PHILOCH., fr. 131 (ibid., t. I, p. 405).
[116] SIG2, n° 185 ; DIODORE, XV, 108, 113 ; DÉMOSTHÈNE, Philippiques, II, 20.
[117] DÉMOSTHÈNE, Philippiques, III, 15 ; S. les aff. de Chers., 6.
[118] Cf. RIG, n° 443, 404, 406.
[119] Voir IG, t. XII, v, p. XXXVI ; LXXIII, p. 138 s. ; SWOBODA, Sb. WA, CXCIX, II (1826), p. 88 ss.
[120] DÉMOSTHÈNE, S. la lib. des Rhod., 26 ; THÉOP., fr. 65 (FHG, t. I, p. 287).
[121] Les principales sources sont : DIODORE, XVI, 89 ; JUSTIN, IX, 5 ; SIG3, n° 260 ; cf. Ps. DÉMOSTHÈNE, S. le traité avec Alex., 4 ss. ; IG, t. II2, n° 329. Voir A. WILHELM, Urkunden d. korinth. Bundes (Sb. MA, t. CLXV, II, 1911) ; U. WILCKEN, Beitr. z. Gesch. d. korinth. Bundes (Sb. MA, 1917, fasc. X) ; Id., ibid., 1922, p. 142 ss. ; XLVI, p. 268 ss., 526 ss. ; cf. VII, t. II, p. 1389 ss.
[122] RIG, n° 14, 33 ; JUSTIN, l. c., 2 ; ESCHINE, C. Ctésiphon, 181, 254 ; cf. P. Oxy., t. I, p. 25, col. III, l. 27 ; DIODORE, l. c., 3 ; XVII, 73, 5.
[123] SIG3, l. c. Voir A. LARSEN, Representative Govern. in the Panhell. Leagues (Cl. Ph., t. XX, 1925, p. 313 ss. ; t. XXI, 1926, p. 52 ss.).
[124] RIG, n° 33, l. 14 ss. ; ESCHINE, l. c. ; HYPÉRIDE, P. Euxénippe, 24 ; DÉMOSTHÈNE, P. la cour., 201.