I. — ORIGINES DE LA DÉMOCRATIE. Tandis que les grands gérè accaparaient la puissance croissante de la cité, que devenaient tous ceux qui étaient relégués par leur naissance dans une condition inférieure ? Les artisans travaillant pour le public et les thètes à peine distincts des esclaves ne pouvaient guère espérer d’améliorer jamais leur situation. Quant aux paysans, ils la voyaient empirer de jour en jour. Les lopins de terre qu’ils cultivaient à la sueur de leur front étaient comme perdus au milieu des grands domaines. La terre noble, protégée contre toute aliénation par le retrait lignager, s’étendait continuellement par des défrichements aux dépens des pâtures communales, par des achats de parcelles, par des réalisations de créances gagées à réméré. Ainsi se forma dans certaines cités, au-dessus même des chevaliers, une élite de grands propriétaires, par exemple en Attique la classe des pentacosiomédimnes. Au contraire, les vilains avaient beau s’assujettir a la dure loi du travail, assignée aux hommes par les dieux[1] ; ils avaient peine à vivre. Les plus avisés ne vos 1aient qu’un fils, pour éviter le morcellement du bien et ne pas faire souche de misérables[2]. Ceux-là parvenaient, si les circonstances étaient favorables, à constituer une classe de cultivateurs moyens, possédant leur attelage de bœufs pour le labour et capables, en cas de guerre, de s’armer à leurs frais. Mais le plus grand nombre vivaient de privations. Dans les mauvaises années, ils étaient contraints d’emprunter au seigneur du voisinage les quelques médimnes de grains dont ils avaient besoin pour subsister et faire les semailles ; ils devaient les rendre avec usure. Engagés dans cette voie, ils n’en sortaient plus. Le débiteur insolvable tombait au pouvoir des créanciers, lui, sa femme et ses enfants. Et ce qu’il y avait de plus désespérant dans la situation des classes inférieures, c’est que tout homme qui ne faisait point partie du génos privilégié était livré sans défense à la justice de maîtres cupides et irresponsables. Pour des mangeurs de présents, il n’y avait pas de meilleure source de revenus que l’iniquité[3]. Témoin et victime de sentences torses, Hésiode ne peut qu’en appeler à Zeus protecteur de Diké[4] et conseiller aux malheureux tombés entre les griffes des oppresseurs la résignation du rossignol pris aux serres de l’épervier[5]. Un pareil état de choses aurait pu durer indéfiniment, si le régime économique de la Grèce ne s’était pas complètement transformé à partir du VIIIe siècle. Jusqu’alors les cités n’avalent, pour ainsi dire, d’autres ressources que celles de l’agriculture et de l’élevage ; à peine y ajoutaient-elles le bénéfice tiré du troc et de la piraterie. Mais voilà que les Grecs essaiment star toutes les côtes de la Méditerranée, à la recherche de terres nouvelles et de nouveaux clients ; entre colonies et métropoles circulent sans répit les produits naturels, les matières premières et les objets fabriqués ; le commerce et l’industrie prennent une activité inconnue ; prés des ports fréquentés, les ateliers se multiplient et les marchés s’organisent. Il s’agit bien, dès lors, d’échanger de chétives pacotilles contre quelques têtes de bétail ou des ustensiles de métal ! C’est le règne de la monnaie qui commence. Avec les brillantes piécettes d’électron, d’or et d’argent, se répand le crédit et le goût de la spéculation. Un capitalisme de plus en plus hardi domine le monde grec. Arrière, la vie mesquine des vieux temps ! Place à la chrèmatistique[6] ! La révolution économique eut nécessairement de graves répercussions dans l’ordre politique et social. Certains cantons, il est errai, restèrent à l’écart du mouvement : la plus grande partie du Péloponnèse, la Béotie et la Phocide, la Thessalie, l’Acarnanie, l’Étolie et l’Epire conservèrent, avec les mœurs agricoles et pastorales, des institutions plus ou mains fidèles aux principes gentilices et aristocratiques. Mais, partout ailleurs, le régime urbain prit un développement remarquable. Bon w=bire de cités qui s’adonnaient à la navigation maritime devinrent de grandes villes. En Asie Mineure, pour une Kymé qui se contenta d’être une bourgade rurale aux lois archaïques, il y eut des ports par dizaines, avec Milet en tête, qui jouirent d’une prospérité inouïe. En Eubée, sur la côte de l’Euripe, Érétrie et Chalcis prirent une part considérable à la colonisation et joignirent aux produits de la plaine lélantine ceux des mines voisines. Sur le golfe 5aronique, relié au golfe de Corinthe par un isthme de quelques kilomètres, toutes les positions importantes, Corinthe et Mégare, Égine et plus tard Athènes, arrivèrent à la puissance politique par le commerce et l’industrie. Cette richesse mobilière qui allait toujours croissant, à qui profitait-elle ? Ce fut d’abord, pour une banne part, à ceux qui détenaient déjà la richesse foncière. Les nobles mirent en exploitation les mines et les carrières de leurs vastes douzaines, convertirent en monnaie leurs récoltes et les lingots amassés dans leurs trésors, rassemblèrent des thètes et des esclaves dans les ateliers dont ils firent les fonds et, renonçant aux prouesses de la piraterie, se lancèrent dans des entreprises plue sûres et plus fructueuses. Toutefois les nobles n’étaient pas seuls à faire fortune. A côté d’eux, il y avait maintenant dans les cités un groupe de bourgeois enrichis, les uns cadets on bâtards de grande famille, les autres issus de roture. Ils avaient de quoi acheter des terres chaque fais que l’occasion se présentait ; ils pouvaient, eux aussi, élever des chevaux, si l’envie leur en prenait ; ils étalaient volontiers leur opulence de fraîche date. Tout d’abord l’aristocratie de naissance dédaigna les nouveaux riches, comme jadis le chef de pirates méprisait le capitaine de navire marchand. Elle ne tarda pas à se les annexer dés qu’elle vit jour à de profitables mésalliances : n’est-il pas vrai que l’argent fait l’homme[7]. C’est la ploutocratie désormais qui mène les cités. A Colophon, par exemple, les chevaliers n’étaient qu’une catégorie des Mille. Sous un régime où le pouvoir se proportionnait à la fortune, le luxe était plus qu’une satisfaction offerte au goût des jouissances ou à la vanité, un indice social, un véritable critère des valeurs politiques[8]. Si le régime de l’économie commerciale, industrielle et monétaire altéra la composition de la classe dominante, souvent il renforça les autres classes ou en créa de nouvelles. C’est lui qui opposa désarmais le dèmos aux nobles et aux riches. A l’époque homérique, les artisans n’avaient aucun rapport avec les cultivateurs. Quand les ressources de chacun s’évaluèrent en monnaie, un rapprochement naturel se fît entre tous ceux qui devaient à leur travail une modeste aisance, Il se forma ainsi une bourgeoisie moyenne. Elle était composée de citoyens qui avaient de quoi se procurer une armure complète en un temps où les progrès de l’industrie facilitaient l’acquisition d’armes à meilleur marché. Le nombre des fantassins combattant en phalange serrée augmenta dans de fortes proportions[9]. La puissance guerrière des cités s’accrut d’autant ; mais les cavaliers furent déchus de leur supériorité militaire. Là où ils n’abandonnèrent pas le pouvoir à l’oligarchie plus large des hoplites, comme ils le firent à Sparte, ils virent se dresser contre leur égoïsme les revendications de ceux qui avaient rendu assez de services pour demander des droits politiques et l’accès aux magistratures. Mais la classe moyenne — les μέσοι, comme les appelle Aristote[10] — n’était pas très nombreuse. Elle se vidait constamment, eux haut par des mariages avec la noblesse, en lacs par les souffrances infligées à l’agriculture et au travail manuel. D’une façon générale, l’économie nouvelle augmentait rapidement les classes inférieures et aggravait leur situation. A mesure que les riches devenaient plus riches, les pauvres s’appauvrissaient encore. La vie fut dure pour les générations de paysans qui eurent à prendre l’habitude d’acheter et de vendre en valeur monétaire. Il leur fallait payer très cher les objets fabriqués dont ils se pourvoyaient en gille, tandis que les denrées naturelles étaient à bas prix, par suite des facilités offertes à la concurrence étrangère par l’extension de la navigation maritime. Plus souvent que par le passé, ils étaient réduits à contracter des dettes, et, maintenant que toutes les transactions s’opéraient en numéraire, les créanciers, plus durs, exigeaient l’intérêt commercial, qui était très élevé. L’usure rongeait les petits. Une fois insolvables, ils pouvaient être vendus comme esclaves à l’étranger avec toute ; leur famille, et devaient se considérer comme heureux s’ils étaient admis à cultiver leur propre champ comme colons partiaires à des conditions léonines. On a peine à s’imaginer la détresse de ces hectèmores qui n’avaient droit qu’au sixième de leur récolte, dans une Attique où le médimne de céréales (52 litres) et le métrète de vin (39 litres) ne valaient pas plus d’une drachme argent (0 fr. 97)[11]. Si, aux plus beaux temps, le paysan grec, absorbé par le travail, isolé sur sa terre, se tenait à l’écart de la politique[12], ce n’est certes pas à l’époque archaïque, quand il était guetté ou dégradé par la misère, qu’il pouvait fréquenter l’agora de la ville et s’occuper des affaires publiques. Et pourtant il y avait dans les classes inférieures des éléments susceptibles de s’intéresser à la politique : c’était la plèbe de la ville, petits artisans et revendeurs, ouvriers et manœuvres, pécheurs et matelots, les plus humbles parmi les gens dis métier que l’épopée appelle démiurges et toute la masse des mercenaires qu’elle appelle thètes. Ce prolétariat vivait au jour le jour de salaires qu’avilissait l’emploi de plus en plus fréquent de la machine humaine, de l’esclave. Les enfants du pays s’y trouvaient mêlés aux étrangers de toute provenance ; mais, par cela même qu ils étaient concentrés dans les mêmes faubourgs, dans le même port, ils devaient à la longue avoir le sentiment de leur solidarité, trouver le moyen de s’unir. L’armée de la révolte était prête. Elle avait besoin de chefs. Une élite, la bourgeoisie, capable par sa bravoure, ses habitudes de travail, son intelligence, de prendre les droits politiques qu’en lui refusait, se mit à la tête de la fonce qui s’offrait à elle. Dés lors, la cité fut nettement coupée en deux. Le temps était passé où les mécontents se contentaient de gémir eux invoquant le ciel ; les mystiques faisaient place aux violents. La lutte des classes commença. Elle fut effroyable et dura longtemps. Depuis le VIIe siècle jusqu’à la conquête romaine, toute l’histoire grecque est remplie de révolutions et de contre-révolutions, de massacres, de bannissements et de confiscations. La haine de parti ne s’est jamais exprimée avec plus de férocité que dans ces petites cités où les luttes intestines étaient de véritables vendettas. Au milieu de tempêtes où toujours la vague qui vient s’élève plus haut que celles qui précèdent[13], on entend des cris de joie ou de fureur sauvage qui donnent le frisson. C’est le poète Alcée de Mitylène qui exulte à la nouvelle que le chef du parti populaire vient d’être assassiné[14]. C’est Théognis de Mégare enragé contre les vilains qui naguère, étrangers à tout droit et à toute loi, usaient sur leurs flancs des seaux de chèvre et pâturaient hors des murs comme des cerfs, déchargeant sa bile sur les marchands qui commandent, ne songeant qu’à écraser du talon une populace sans cervelle, enfin éclatant en cette exclamation de cannibale : Ah ? puissé-je boire leur sang ![15] Pour savoir à quel paroxysme d’horreur peuvent atteindre les passions humaines, il faut lire le tableau que trace Thucydide des guerres civiles exaspérées par la guerre étrangère[16]. Il y a peut-être pourtant quelque chose de plus affreux encore : c’est le serment de haine et de férocité que prêtaient froidement devant l’autel, à leur entrée au Conseil, les oligarques de certaines cités. La première revendication que fit entendre la démocratie, quand elle se fut organisée en parti, eut pour objet la publication des lois. Tous les adversaires de l’aristocratie y avaient le même intérêt. On en avait assez de ces sentences torses que les Eupatrides donnaient pour l’expression de la volonté divine et qui n’étaient trop souvent que l’exploitation cynique d’un monopole odieux et suranné. Plusieurs générations avaient vainement attendu que le juge statuant sous la foi du serment se souvint d’Horcos vengeur du parjure et que les plaintes apportées par Diké devant le trône de Zeus eussent leur effet sur terre[17]. On voulait connaître la loi. L’usage de l’écriture, qui avait presque disparu pendant plusieurs siècles, recommençait à se répandre : on demanda des lois écrites. Ce progrès fut d’abord réalisé dans les colonies de la Grande Grève et de Sicile. Dans ces pays neufs, le travail de codification était plus urgent encore et aussi plus facile que dans la vieille Grèce ; car les coutumes y étaient en nombre trop restreint pour fournir des solutions à tous les litiges et n’avaient pas la consécration d’une antiquité immémoriale. Zaleucos donna un code à Lucres vers 663/2 ; une trentaine d’années plus tard, Charondas en donna un à Catane. L’œuvre de ces législateurs eut un grand succès, celle de Charondas surtout : elle fut copiée dans les autres villes chalcidiennes d’Occident et inspira sans doute Androdamas de Rhégion lorsqu’il légiféra pour la Chalcidique de Thrace[18] ; puis elle passa dans l’île de Cos et delà en Asie Mineure, à Téos, à Lébédos et jusqu’en Cappadoce[19]. Il n’est pas invraisemblable que l’influence des colonies siciliennes se sait exercée sur Corinthe et sur Thèbes, lorsque la première de ces villes reçut une législation de Phidon, et la seconde, du Bacchiade Philolaos[20]. Au reste, la vieille Grèce ne tarda pas à se fournir de lois écrites ou de codes par ses propres moyens. La Crète semble avoir fait dès le VIIe siècle de vigoureux efforts pour mettre ainsi un terme aux guerres privées : de cette époque datent nombre de lois insérées dans le célèbre code de Gortyne et une loi sur les coups et blessures édictée par l’obscure cité d’Eltynia[21]. De leur côté, les Éléens consacrèrent dans le Sanctuaire d’Olympie une tablette de bronze où était gravé un document juridique de premier ordre, une rhètra qui portait un coup décisif au principe de la responsabilité collective[22]. On voit à quel ensemble se rattachent les législations les plus connues de toutes, celles dont Athènes fut dotée par Dracon en 621/0 et par Solon en 594/3. La publication des lois eut de grandes conséquences. Sans doute un grand nombre d’entre elles, arrachées à une oligarchie désireuse de sauver le plus possible de ses prérogatives, gardaient encore une empreinte fortement aristocratique. Inaliénabilité du patrimoine familial et fixation d’un nombre immuable de lots ; formalités solennelles en cas de vente foncière ; interdiction des transactions par intermédiaires, des contrats par écrit et des opérations à crédit : autant de prescriptions opposées par les plus anciens législateurs aux1ntérétsde la classe commerçante et à la circulation de la richesse. Mais le seul fait que les lois étaient mises à la connaissance de tous et sanctionnées par la cité marquait une époque dans l’histoire du droit. Les chefs des grands génè perdaient à tout jamais le privilège de procurer et d’interpréter à leur guise les formules qui devaient régler la vie sociale et politique. Plus de thémistes sortant d’une tradition ténébreuse et déformées par des mémoires infidèles ou des consciences vénales ; mais le nomos promulgué au grand jour, faisant avec exactitude la répartition des droits et des devoirs et, quoique revêtu lui aussi d’un caractère sacré, variable selon les exigences de l’intérêt commun. D’un coup le régime gentilice croulait, ruiné par la base. L’État se mettait en rapport direct avec lés individus. La solidarité de la famille, sous la forme tant active que passive, n’avait plus de raison d’être. Dans tous les cas où l’État lui-même ne reconnaissait pas, au moins implicitement, le droit de vengeance ou de transaction privées, il imposait sa juridiction à la partie lésée et, pour la faire accepter, réprimait toutes les violences avec une sévérité qui ne devait cependant jamais aller au delà du talion. Quand il accordait au demandeur une satisfaction pécuniaire, il en prenait sa part pour les frais de justice, faisant ainsi sortir de la composition l’amende. Mais, par l’interdiction de la vendetta, le génos, dépouillé d’un droit collectif, était libéré d’une responsabilité collective : la juridiction de l’État ne pouvait imputer à chacun que ses actes propres. C’est la proclamation de la responsabilité individuelle par ces mots : Paix et salut à la généa de l’accusé qui donne à la rhètra éléenne du VIIe siècle tant de grandeur morale et d’importance historique. II. — LA TYRANNIE. Presque toujours, c’est en pleine guerre civile, au milieu des passions déchaînées, que travaillait le législateur. Il ne s’agissait pas pour lui de faire à tête reposée une œuvre de cabinet, mais d’arrêter l’effusion de sang par une conciliation. Il était désigné par un compromis pour intervenir comme arbitre entre les factions frémissantes. Investi de pouvoirs extraordinaires, il devenait pour tout le temps nécessaire le chef suprême de la cité. On ne sait trop quel titre il recevait en général ; on voit seulement qu’ut Asie Mineure le nom d’aisymnète, qui désignait souvent le premier magistrat, passa tout naturellement à celui qui devait en effet, comme le disait ce nom, connaître les bonnes coutumes et régler le droit. Que Solon d’Athènes ait été nommé thesmothète ou tout simplement archonte, il n’en fut pas moins un véritable aisymnète au sens large, comme sors contemporain Pittacos de Mitylène le fut au sens étroit. Une pareille mission était temporaire : elle était donnée tantôt pour une durée indéterminée, jusqu’à l’achèvement de la tâche assignée, tantôt pour une durée fixe, un an, cinq ans, dix anis même. En tout cas, elle mettait la puissance publique aux mains d’un seul homme : pour Aristote, c’était une tyrannie élective ; pour Denys d’Halicarnasse, qui avait sous les yeux l’histoire de Rome, c’était une dictature, une dictature à l’intérieur, s’entend[23]. Une fois l’État sauvé par tune révolution pacifique, le sauveur n’avait plus qu’à rentrer dans la vie privée. Il était souvent difficile de trouver dans la cité bouleversée par les querelles de partis un homme capable d’inspirer confiance et de donner satisfaction à tout le monde : Pittacos eut pendant dix ans à lutter contre l’hostilité de la faction oligarchique ; Solon fut en butte aux attaques des pauvres comme des riches. En maintes occasions, on eut l’idée de s’adresser à des arbitres étrangers, des sortes de podestats, pour mettre fin aux discordes et faire la réforme législative. Vers le milieu du vie siècle, l’Athénien Aristarchos et le Mantinéen Démonax, appelés comme conciliateurs, l’un par Éphèse, l’autre par Cyrène, fabriquèrent pour ces villes des constitutions démocratiques[24]. Un peu plus tard, Milet, épuisée par les luttes que se livraient depuis deux générations la Ploutis et la Kheiromakha, décida de s’en rapporter à des Pariens, et ceux-ci, après enquête, remirent le gouvernement aux propriétaires qui avaient maintenu leurs terres en bon état de culture pendant la tourmente, c’est-à-dire à la classe moyenne qui s’était tenue à l’écart de la guerre civile[25]. Mais L’oligarchie des nobles et des riches n’avait pas toujours la sagesse de se résigner à des concessions. Alors, pour briser toute résistance, pour obtenir coûte que coûte une amélioration matérielle de son sort et tout au moins une apparence de droits politiques, le peuple avait recours au moyen suprême : il se fiait à un tyran. Qu’est-ce que ce régime de la tyrannie ? Tout y est extraordinaire, anormal. A vrai dire, le nom de tyran n’était rien moins que flétrissant à son apparition dans le monde grec. Venu probablement de Lydie au temps de Gygès, il avait d’abord le sens de maître, de roi, et, comme son équivalent basileus, convenait à certains dieux. Cependant, à cause de sou origine même, parce qu’il désignait les despotes orientaux, il fut appliqué dans un sens péjoratif par d’irréconciliables adversaires à ceux qui tenaient le pouvoir absolu, non plus d’un accord légitime entre les partis, mais d’une insurrection. Eux-mêmes, ils ne prirent jamais le titre de tyran. Ils auraient pu prendre celui de roi, qui n’avait pas laissé de mauvais souvenir et qui leur aurait donné une sorte de consécration ; mais précisément la plupart des cités avaient leur roi, qui n’était plus qu’un magistrat religieux de rang secondaire. Il n’y eut donc pas, pour les désigner, de titre officiel et général, et c’est bien pourquoi on est obligé depuis l’antiquité de leur donner celui dont leurs ennemis les stigmatisaient. Toutes les diffamations, toutes les calomnies dont les accabla la haine des oligarques eurent crédit auprès de la démocratie, quand elle n’eut plus besoin d’eux et s’aperçut qu’un gouvernement de bon plaisir était contraire à ses principes. Dés lors, tous les Grecs à l’envi jetèrent la pierre au régime exécré. C’est le pire de tous, cette déformation de la royauté, cette usurpation par ruse et violence, cette élévation d’un homme au-dessus des lois. S’étant placé hors du droit, le tyran n’y peut plus rentrer, et la vie de ce maître tout-puissant, qui s’est proscrit lui-même, est à qui la prendra[26]. Avant d’être ainsi devenu un sinistre personnage de légende, le tyran a joué un rôle historique. Il a été le démagogue qui mène les pauvres contre les riches, ou les roturiers contre les nobles, le chef que la multitude suit aveuglément et à qui elle laisse tout faire pourvu qu’il, travaille pour elle. Aussi bien n’y a-t-il pas eu de tyrannie dans toutes les parties de la Grèce. Si l’on met à part la Sicile, où elle mettait fin aux querelles intestines pour diriger la défense nationale, elle n’a existé que dans les cités où le régime industriel et commercial tendait à prévaloir sur l’économie rurale, mais où il fallait une main de fer pour organiser la foule et la lancer à l’assaut d’une classe privilégiée. Avec sa perspicacité ordinaire, Thucydide considère l’accroissement de la richesse comme la cause déterminante de la tyrannie[27]. Rien de plus exact. La lutte des classes a pu parfois être exaspérée par des haines de race, par exemple à Milet, oh les Gergithes apportaient de vieilles rancunes au parti de la Kheiromakha[28], et surtout à Sicyone, où les Orthagorides entraînèrent la populace prédorienne à la revanche ; mais c’est bien à mesure que les villes prospèrent qu’on y voit infailliblement se propager la tyrannie[29]. Depuis les côtes de l’Asie Mineure voisines de l’opulente Lydie jusqu’aux rives de l’Euripe, du golfe Saronique et du golfe de Corinthe, la liste des tyrans coïncide, pour ainsi dire, avec la carte des grands ports. Si Égine fait exception, c’est que les marchands n’eurent jamais à faire face à une aristocratie foncière dans cette petite île au sol ingrat, Si Athènes vit échouer le, coup de main tenté par Cylon en 631 et ne fut acquise à la tyrannie qu’en 560, c’est que, dans l’intervalle, la législation de Solon avait poussé une cité jusque-là purement agricole dans une voie toute nouvelle. Il pourrait sembler paradoxal d’affecter plus de précision que Thucydide et d’établir un rapport entre la tyrannie et l’exportation des poteries ; on s’explique cependant ‘ fort bien que la céramique, indice du commerce international, nous montre Milet maîtresse des marchés au temps de Thrasyboulos, puis Corinthe sous Cypsélos et Périandre, enfin Athènes sous les Pisistratides. De même que jadis les premiers coups avaient été portés au régime du gênas par les cadets ou les bâtards des grandes familles, de même les tyrans qui se firent les champions des classes inférieures furent le plus souvent des transfuges du camp adverse. Ils arrivaient généralement à s’emparer du pouvoir par l’exercice d’une haute magistrature ou par un commandement militaire, en faisant agir au bon moment une bande de partisans armés. Thrasyboulos était prytane ; Cypsélos, basileus ; Orthagoras, polémarque ; la plupart des tyrans siciliens, stratèges. Quelquefois ils s’assuraient l’appui de l’étranger : Cylon tenta un coup de main avec des Mégariens ; Pisistrate revint d’exil avec des mercenaires recrutés uni peu partout, entre autres ceux que lui amena Lygdamis ; Lygdamis, à son tour, demanda des secours à Pisistrate pour rentrer en vainqueur à Naxos ; sous la domination perse, les tyrans d’Asie Mineure furent désignés par le roi des rois, leur maître à fous. Dans tous les casa le tyran s’établissait sur l’acropole en s’entourant d’une bonne garde du corps, procédait au désarmement général, bannissait les oligarques les plus dangereux et, pour tenir les autres, leur prenait des otages. Il était parfaitement inutile dès lors de changer la constitution, d’autant plus qu’il eût été bien embarrassant de traduire en formules légales l’état de fait. Aussi les tyrans ont-ils rarement suspende les lois politiques et n’ont-ils jamais aboli les lais civiles : il leur suffisait d’in accommoder la pratique à leur intérêt personnel et de les compléter, s’il y avait lieu, par des dispositions favorables aux basses classes. Ils exerçaient la magistrature qui convenait le mieux à leurs desseins, bien surs de réduire leurs collègues au silence, de la servilité. Souvent ils dédaignaient pour eux-mêmes les charges publiques et se contentaient d’en investir annuellement leurs amis et surtout leurs parents, en commençant par leurs fils. La tyrannie devenait ainsi un gouvernement de famille, un régime dynastique, et, de viagère, tendait à être héréditaire. Elle avait beau sauver les apparences et respecter les formes constitutionnelles, laisser le jugement des procès privés aux tribunaux ordinaires, s’adresser de loin en loin à l’Assemblée pour lui faire voter sous la surveillance de porte-gourdins des propositions d’ailleurs populaires ; tout cela, infime quand le maître était humain et méritait une place parmi les sept sages de la Grèce, ne dissimulait ni les origines révolutionnaires ni le caractère despotique du régime. Abaisser l’aristocratie et relever les humbles : tel est le principe général qui guide les tyrans. On connaît le conseil donné par Thrasyboulos à Périandre, couper tous les épis qui dépassent les autres[30] : c’était préconiser les exécutions, les sentences d’exil, les confiscations, l’espionnage. On pouvait recourir à des mayens plus doux et d’effet plus durable. Peur briser les cadres de la noblesse, il n’était rien de tel que de remplacer les tribus gentilices par des tribus territoriales où tous les citoyens avaient une place égale : le tyran de Sicyone Clisthènes en eut l’idée et donna un exemple qui fut précieusement recueilli par son petit-fils et homonyme, le réformateur démocratique d’Athènes[31]. Il fallait aussi diminuer le prestige qu’assuraient à la noblesse la possession des sacerdoces héréditaires et la célébration des cultes traditionnels. Les tyrans eurent une politique religieuse. Ils font bien, dit Aristote, d’afficher une exemplaire piété, parce qu’on redoute moins l’injustice de la part d’un maître qu’on croit plein de la crainte des dieux et parce qu’on est moins porté à conspirer contre qui a les dieux pour alliés[32]. Ils demandaient au droit divin la légitimité que leur refusait le droit humain. c’est leur pouvoir, leur vie même que défendaient les Cypsélides, les Orthagorides et les tyrans de Sicile, quand ils comblaient d’offrandes les sanctuaires de Delphes et d’Olympie, quand ils consultaient les oracles avant toute entreprise, quand ils élevaient des sanctuaires, immolaient des hécatombes, instituaient des fêtes, dirigeaient des processions. Pourtant, ils faisaient un choix entre les cultes. Leur dévotion allait d’abord aux divinités panhelléniques et poliades. Mais ils se gardèrent bien de considérer comme nationales celles qui avaient pris dans les génè, les tribus et les cités même un caractère aristocratique. Au contraire, les dieux populaires et les héros agrestes reçurent des honneurs spéciaux, surtout quand ils étaient en rapport avec la localité d’où était issue la famille du tyran et avaient ainsi un aspect dynastique en même temps que démocratique. Clisthènes expulsa ignominieusement de Sicyone l’Adraste cher à la noblesse dorienne, Pisistrate installa Artémis Brauronia sur l’Acropole et se plut à répandre la légende du Diacrien Thésée. D’une façon générale, la grande vogue de Dionysos, dieu de la vigne et de la joie, date des tyrans. Mais le devoir essentiel des démagogues est d’améliorer la condition matérielle des petites gens. Ce fut pour les tyrans une préoccupation constante. La question agraire exigeait ulve solution rapide. On y pourvut sans doute avec les biens des bannis. Toujours est-il que les paysans de l’Attique, qui avarient demandé en vain un remaniement de la propriété à Solon, ne demandèrent plus rien après le gouvernement de Pisistrate. En Mégaride, Théagénès avait conquis le pouvoir en se jetant sur les troupeaux des grands éleveurs à la tête d’une bande affamée[33] ; il ne put faire autrement que de réduire le droit de vaine pâture pour distribuer des terres à ses partisans. Il se fit ainsi, grâce aux tyrans, un grand travail de défrichement,’qui donna une extension nouvelle aux vignobles et aux oliveraies. Une fois satisfaits, les nouveaux propriétaires doivent rester attachés au sol ; il ne faut pas qu’ils viennent grossir la plèbe urbaine, ni même qu’ils s’habituent à fréquenter l’agora[34]. Pour les retenir chez eux, Pisistrate leur envoie des juges itinérants, Ortygès rend la justice aux portes d’Érythrées et n’y laisse pénétrer aucun habitant des dèmes, Périandre fait siéger des conseils locaux jusqu’aux extrémités du territoire corinthien[35]. Restait à résoudre le problème le plus compliqué : comment protéger et faire tenir en repos les classes laborieuses des villes ? Là encore les tyrans virent clair. Dans un centre industriel comme Corinthe, l’esclavage pesait lourdement sur les salaires ; Périandre interdit d’introduire de nouveaux esclaves[36]. Assurant au travail une juste rémunération et l’estime publique[37], il se crut en droit, comme son contemporain Solon, de renouveler les vieilles prescriptions des génè contre les parasites qui vivaient sur le fonds commun sans prendre leur part de la besogne commune : il porta une loi contre l’oisiveté[38]. Les tyrans, au moins tous ceux qui ont marqué dans l’histoire, ont fait mieux : ils ont été de grands bâtisseurs. C’était pour eux un principe. Aristote en donne une explication assez bizarre : d’après lui, ils voulaient appauvrir leurs sujets, afin qu’occupés à la, tâche quotidienne, ils n’eussent pas le temps de conspirer[39]. Non, s’ils tenaient à occuper les gens de métier, c’était au contraire pour les enrichir et leur inter par là, non pas le temps, mais le désir de faire de l’apposition. Ils avaient d’autres idées encore : par les travaux d’utilité publique (adduction d’eau et digues), ils facilitaient l’existence aux citadins et favorisaient le commerce maritime ; par les travaux d’embellissement, ils gagnaient les dieux à leur cause et inspiraient à leur peuple une fierté civique qui lui faisait oublier la liberté perdue, Le .nom de Périandre s’attacha pour toujours à la source Pirène. Bien ne contribua davantage à la popularité de Pisistrate que la fontaine aux neuf bouches (l’Ennéacrounos) et le temple aux cent pieds (l’Hécatompédon). Les travaux de Polycrate sont devenus proverbiaux en Grèce : Hérodote, qui les connaissait de visu, en parle avec admiration[40]. Ainsi, en voulant protéger de toutes manières l’industrie, le commence et la navigation, les tyrans étaient intéressés à l’haussmannisation de leur capitale. Pour en augmenter la splendeur et ajouter à leur prestige personnel, ces souverains entendaient ne pas demeurer, sur leur acropole, au milieu de leurs gardes, dans un isolement farouche. Ils menaient la vie de cour. Autour d’eux se pressait une domesticité nombreuse ; ils avaient leur médecin, leur orfèvre, quelquefois leurs mignons. Ils donnaient au peuple des fêtes magnifiques qui ne consistaient pas seulement en sacrifices, repas et beuveries, mais dont l’éclat se rehaussait de concours lyriques et de représentations théâtrales. Leurs libéralités attiraient de toutes parts les architectes, les sculpteurs, les poètes. Comme les princes de la Renaissance italienne, les tyrans grecs s’enlevaient les uns aux autres par des surenchères tous les hommes de talent et tâchaient d’opposer à un monument en renom un monument encore plus beau. Ces rivalités ne dépassaient pourtant pas les limites de la courtoisie. D’une façon générale — exception faite pour les stratèges siciliens, qui avaient à justifier leur toute-puissance par des victoires sur les Sicules et les Carthaginois —, les tyrans aimaient la paix ; ils savaient bien que l’exaltation des esprits en temps de guerre est une force irrésistible, que la moindre défaite leur coûterait le pouvoir et la vie. Entre eux, ils se sentaient solidaires : n’avaient-ils pas à se pourvoir contre un danger commun, l’hostilité de l’aristocratie ? Périandre prend conseil de Thrasyboulos et offre ses bons offices à Pittacos ; Lygdamis aide Pisistrate, à charge de revanche, et, tranquille dans son île, se fait le geôlier des otages que confie à sa garde son protégé devenu son protecteur. Unis par intérêt, les tyrans s’unissent par mariage ; ils étendent de ville à ville la politique de famille qu’ils pratiquent chacun chez soi. Proclès d’Épidaure donne sa fille à Périandre ; Théagénès prend pour gendre Cylon ; en Sicile, les alliances de ce genre ne se comptent pas. Si le régime de la tyrannie avait pu durer, qui sait ? peut-être aurait-il rompu avec l’étroite autonomie des cités et mené la Grèce, si non à l’unité, du moins à une sorte de fédéralisme. Déjà Pisistrate avait tenté non spins succès de faire reconnaître la primauté d’Athènes aux Ioniens des îles, et Polycrate se croyait sans cloute capable de représenter la race hellénique en face de l’empire perse. Mais ce régime ne dura nulle part. Api ès avoir rendu les services que les classes populaires en attendaient, lorsqu’il eut puissamment contribué à la prospérité matérielle et au développement de la démocratie, il disparut avec une étonnante rapidité. Le génie mime n’y pouvait rien. Le seul exemple d’aine dynastie qui se soit maintenue pendant un siècle est celui des Orthagorides à Sicyone. Ailleurs, le fils du fondateur réussissait encore à conserver le pouvoir, l’hérédité n’allait pas au delà. Consulté par Cypsélos, l’oracle de Delphes lui aurait, dit-on, garanti le bonheur pour lui et ses enfants, mais non pas pour les enfants de ses enfants[41] : prophétique ou rédigé après l’événement, l’oracle est d’une portée générale. D’où vient qu’un régime si fort ait été si éphémère ? Le caractère personnel des tyrans, les uns cruels, les autres faibles, la difficulté d’assurer la transmission d’un pouvoir usurpé dans une famille déchirée par les jalousies, ce ne sont là que contingences qui n’expliquent pas un fait universel. Faut-il donc tout uniment alléguer les vices du régime, tels que les ont dépeints les philosophes et les historiens de l’antiquité, et croire à une réaction fatale contre d’abominables excès ? De fait, certains tyrans ont pu trouver leur intérêt et leur plaisir à déprimer l’esprit public, à exciter la défiance entre les citoyens, à étouffer l’initiative individuelle, la pensée libre et le talent, à n’admettre autour d’eux que bassesse et médiocrité, espionnage et flatterie. Il n’en est pas moins vrai que le système dirigé contre l’aristocratie a persisté partout tant qu’il a eu l’appui du peuple. Mais cet appui ne pouvait être que provisoire. Le peuple rie voyait dans la tyrannie qu’un expédient. Il s’en servait comme d’un bélier propre à démolir la citadelle des oligarques. Le résultat obtenu, il rejetait vite une arme qui lui blessait les mains. Il n’y a pas d’homme libre, dit Aristote, qui supporte volontairement un pareil pouvoir[42]. On le supportait par nécessité ; ou s’en débarrassait avec joie. Au tyran porté au pinacle par la foule et prêt à travailler pour elle succédait un épigone éloigné d’elle par son éducation, plus dur et généralement moins capable. A mesure qu’elle devenait inutile, la tyrannie se faisait oppressive. Une contradiction interne la condamnait à mourir dès l’instant où elle avait donné la vie à la démocratie. |
[1] HÉSIODE, Travaux et Jours, 397 ss. ; cf. 299 ss.
[2] Id., ibid., 876.
[3] Id., ibid., 219 ss. ; 260 ss.
[4] Id., ibid., 20, 252 ss.
[5] Id., ibid., 208 ss.
[6] Tel est le terme qui exprime le mieux ce que les modernes appellent capitalisme (voir PLATON, Gorgias, p. 437 a ; Euthym., p. 307 a ; ARISTOTE, Pol., I, 2, 2 ; 8, 14).
[7] ALCÉE, fr. 49.
[8] Cf. ARISTOTE, Pol., VI (IV), 8, 1 et 8 ; VII (VI), 4, 6.
[9] Id., ibid., VI (IV), 10, 11.
[10] Id., ibid., 9, 3 ss.
[11] PLUTARQUE, Solon, 23.
[12] ARISTOTE, Pol., VII (VI), 2, 1.
[13] ALCÉE, fr. 19.
[14] Id., fr. 24.
[15] THÉOGNIS, 53 ss., 677 ss., 847, 349.
[16] THUCYDIDE, III, 82-83.
[17] HÉSIODE, Travaux et Jours, 219 ss., 252 ss.
[18] ARISTOTE, Pol., II, 9, 5 et 9.
[19] HÉRONDAS, Mimiambes, II, 41 ss. ; RIG, n° 34, l. 60 ss., 120 ss. ; STRABON, XII, 2, 9, p. 539.
[20] ARISTOTE, Pol., II, 3, 7 ; 9, 6-7.
[21] IJG, t. I, n° XVIII ; Έφ., 1920, p. 76.
[22] XXXIII, p. 244 ss.
[23] ARISTOTE, Pol., III, 9 (14), 5 ; DENYS D’HALICARNASSE, V, 73.
[24] SUIDAS, s. v. Άρίσιαρχος ; HÉRODOTE, IV, 161.
[25] HÉRODOTE, V, 28-29.
[26] Cf. XXXVI, t. I, p. 242-244.
[27] THUCYDIDE, I, 13.
[28] HÉRACLIDE DE PONT ap. ATHÉNÉE, XII, 26, p. 524 a.
[29] Voir LXXVI.
[30] HÉRODOTE, V, 92, 6.
[31] Id., ibid., 69.
[32] ARISTOTE, Pol., VIII (V), 9, 15.
[33] Id., ibid., 4, 5 ; Rhét., I, 2, 7.
[34] POLLUX, VII, 68 ; DENYS D’HALICARNASSE, VII, 9.
[35] ARISTOTE, Const. d’Ath., 16, 5 ; HIPPIAS d’Érythrées (FHG, t. IV, p. 431) HÉRACLIDE DE PONT, V, 2 (FHG, t. II, p. 213).
[36] HÉRACLIDE DE PONT, l. c. ; NICOLAS DE DAMAS, fr. 59 (ibid., t. III, p. 393) ; cf. TIMÉE, fr. 48 (ibid., t. I, p. 272).
[37] HÉRODOTE, II, 167.
[38] NICOLAS DE DAMAS, l. c. ; cf. XXXVI, t. I, p. 321, 434.
[39] ARISTOTE, Pol., VIII (V), 9, 4.
[40] Id., ibid. ; HÉRODOTE, III, 64.
[41] HÉRODOTE, V, 92, 5.
[42] ARISTOTE, Pol., VI (IV), 8, 5.