Roi des Arvernes
An de R. 700. Av. J.-C. 52. Lors dé l’invasion de César dans César, informé en Italie des projets des Gaulois, et
voyant les troubles de Rome apaisés par la fermeté de Pompée, que le sénat
avait créé seul consul, se hâta de partir pour César méditait sur les moyens d’éluder les obstacles qui s’opposaient
à sa- réunion à ses troupes, lorsqu’un autre péril vint mettre un terme à ses
incertitudes ; Luctérius, ainsi que nous l’avons dit, s’était porté, par les
ordres de Vercingétorix, chez les Ruténiens, afin de les gagner à l’alliance
des Arvernes. Après avoir accompli cette mission, et fait entrer les
Nitiobriges[3]
et les Gabals dans Bientôt même les empereurs romains, pour diviser les
peuples transalpins, les maintenir plus facilement dans l’obéissance, et se
créer des appuis contre les Italiens, déshérités de tous droits politiques,
Allaient conférer à quelques-unes des villes gauloises les privilèges des
cités latines ou romaines : c’est ainsi que, du temps de Strabon, Némossus la
capitale des Volsques Arécomices, jouissait des prérogatives des anciens Latins
; en sorte qu’il n’était pas rare de rencontrer dans cette ville des citoyens
qui eussent été revêtus des titres d’édiles ou de préteurs[5]. Puissante par la
population de ses vingt-quatre bourgs, Némossus était entraîné par son
exemple les peuples de A peine Luctérius a-t-il opéré sa retraite que César donne
l’ordre à une partie des légions de Vercingétorix, alors dans le Berry, s’y occupait de l’organisation
de son armée, et sollicitait sans doute les Éduens de se joindre aux
défenseurs de Bituitus, fils de Luern, si célèbre par son opulence,
régnait alors sur l’Arvernie ; ses Etats s’étendaient jusqu’au Rhône. Plus
prévoyant que les Éduens, il comprit qu’il fallait s’opposer de bonne heure
aux progrès de la politique envahissante des Romains ; il s’unit donc aux
Allobroges et marcha, avec eux, contre le consul Domitius[10]. Les deux armées
se rencontrèrent au-dessus d’Avignon, au confluent de Depuis cette époque, les Éduens, toujours rivaux des
Arvernes, n’implorèrent cependant plus contre eux l’appui des Romains ; mais
ils eurent recours à la protection de César lorsque les Helvétiens envahirent
leur territoire. Le proconsul saisit, avec empressement cette occasion d’intervenir
dans les affaires des Gaulois qui lui ouvraient ainsi eux-mêmes l’entrée de
leur pays. Après avoir battu les Helvétiens, et délivré les Éduens et les
Séquaniens du joug d’Arioviste, il établit ses quartiers d’hiver en Séquanie
et ne s’occupa plus que d’étendre ses conquêtes dans La majorité des Éduens était depuis longtemps animée d’une
profonde défiance contre l’ambition de César, qui n’avait pu obtenir de ces
peuples les vivres nécessaires à son armée, même pendant sa campagne contre
les Helvétiens. Dummorix, chef du parti national à Bibracte, traversait de
tout son pouvoir les op6-rations du proconsul. Mais César le fit tuer plus
tard, parce qu’il refusait de l’accompagner dans sa seconde expédition contre
Le généralissime gaulois ne se méprit pas sur le but de cette diversion de son ennemi qui voulait évidemment ramener l’armée gauloise en arrière, afin d’éviter de la rencontrer sur sa route en allant rejoindre ses troupes chez les Lingons. Aussi Vercingétorix paraissait-il décidé à conserver la position centrale qu’il avait choisie, d’où il lui était facile de communiquer avec les États de la confédération qui le reconnaissait pour chef ; do transmettre ses ordres à chacun d’eux, et d’en recevoir promptement les secours nécessaires. De là encore il était plus rapproché des Belges, et plus à portée de se réunir à eux, s’ils se décidaient à prendre les armes pour accabler l’armée romaine. Mais en cette circonstance, comme en beaucoup d’autres, il ne fut pas libre de se livrer aux inspirations de son génie. Les chefs des Arvernes, instruits du ravage de leur pays par les troupes de César, entourent Vercingétorix et le supplient de préserver leur patrie des dévastations des Romains, puisque seule maintenant elle est en proie aux horreurs de la guerre. Quoique le général gaulois fût bien certain que cette invasion de César, chez les Arvernes, ne serait que passagère, et qu’elle cachait un dessein auquel il était plus important de mettre obstacle ; néanmoins, vaincu par les instances de son armée, il leva son camp, évacua le Berry et se dirigea sur l’Arvernie. César avait prévu la résolution que les Arvernes
imposeraient en quelque sorte à Vercingétorix. Deux jours étaient à peine
écoulés, depuis qu’il ravageait leurs campagnes, que, sous prétexte de
rassembler des forces plus considérables, il quitta son armée et en confia le
commandement au jeune Brutus[12]. Il lui
recommande d’envoyer partout et au loin, des cavaliers porter le ravage et la
terreur, et lui promet d’être de retour dans trois jours au plus tard.
Aussitôt après, il marche, à grandes journées, sur Vienne[13] où l’attendait
sa cavalerie de nouvelle levée, qui s’y était rendue, comme il le lui avait
ordonné quelque temps auparavant. Sous son escorte, et ne s’arrêtant ni jour
ni nuit, il se transporta immédiatement dans le pays des Lingons, en
traversant celui des Éduens ; voulant ainsi, par la rapidité de sa marche,
prévenir les mauvais desseins que ces derniers pourraient former contre lui.
Telle était la confiance que ces anciens et fidèles alliés de Home, dans A peine arrivé à Langres où deux de ses légions étaient en quartiers d’hiver, César indiqua aux autres un point de rassemblement, et les réunit toutes avant que les Arvernes en eussent connaissance. Brutus, se conformant aux ordres que le proconsul dut lui faire transmettre, après son départ, évacua l’Arvernie à l’approche de Vercingétorix. Mais ce général, bientôt informé de la concentration de l’armée romaine, se hâta de retourner dans le Berry. Alors, ne gardant plus de ménagements avec les Éduens, qu’il croyait avoir accordé, sur leurs terres, un libre passage à César, il alla mettre le siége devant une ville des Boïens, appelée Gergovia, comme-la capitale des Arvernes. Les Boïens, vaincus parle général romain, dans la même bataille que les Helvétiens, leurs alliés, jouissaient de la plus grande réputation de bravoure. Les Éduens les lui demandèrent ; il les leur donna[14], et, plus tard, les deux peuples se confondirent. |
[1]
César, de Bell. Gal., lib. I, c. 1,
et Strabon, liv. IV, c. I et IV. Strabon n’est pas entièrement d’accord avec
César ; car, au sud, il étend les limites des Belges jusqu’à
[2]
Lingones, les peuples de Langres (Haute-Marne) ; les Trévires étaient ceux de
Trèves, sur
[3] Niotiobriges, peuples d’Agen (Haute-Garonne).
[4] Nîmes (Gard). Les Volsques Tectosages avaient Toulouse (Haute-Garonne) pour chef-lieu. Pour leurs expédiions en Germanie, en Grèce et en Asie, voir le livre VI, c. XXIV des Commentaires de César sur la guerre des Gaules, et Strabon, liv. IV, c. I.
[5] Strabon, liv. IV, c. I.
[6] In Rutenis provincialibus : Com de Bell. Gal., lib. VII, c. VII.
[7] Helvii, habitants du Vivarais (Ardèche).
[8] Bibracte, Autun (Saône et Loire).
[9] Florus, lib. III, c. Il.
[10] Cn. Domitius fut un des ancêtres de Néron. Suétone, Vie de Néron, c. Il.
[11] Strabon, liv. IV. c. Il. Ces deux batailles eurent lieu l’an 631 de R., et 121 avant J.-C.
[12] Ce n’est point M. Junius Brutus, le chef de la conspiration contre César, mais Décimus Brutus qui fut aussi un des meurtriers du dictateur ; il était parent de Junius.
[13] Vienna, Vienne (Isère), alors capitale des Allobroges (Strabon, liv. IV, c. I).
[14] Com. de Bell. Gal., lib. I, c. XXVIII.