Les faits racontés par Ammien Marcellin ont-ils été bien vus, bien saisis et compris ? Méritent-ils notre créance ? L'historien a-t-il été lui-même sincère et indépendant, soucieux avant tout de la vérité historique ? Est-il digne de confiance ? En un mot, l'auteur a-t-il fait preuve de sens critique et d'impartialité dans sa manière d'exposer et d'apprécier les faits ? Telle est la double question à laquelle nous allons essayer de répondre. Parlons d'abord des qualités critiques de son esprit. I. — Sens critique d'Ammien Marcellin. Il ne paraît pas que l'historien ait ignoré aucun des devoirs qui appartiennent à tout homme qui cherche la vérité. Ses déclarations à cet endroit sont nombreuses et des plus explicites. Il affirme qu'il pousse la prudence jusqu'à la timidité, n'exagérant rien et ne donnant comme sûr que ce qui est établi par des témoignages certains[1]. Il observe que tout n'est pas digne d'être raconté, mais qu'il faut s'en tenir aux faits essentiels, ayant une importance majeure[2]. Néanmoins, un récit doit être complet, la brièveté n'étant louable qu'autant qu'elle ne dérobe rien à la connaissance des choses, en élaguant tout développement inutile[3]. Pour lui, l'historien qui sciemment passe sous silence un détail nécessaire à l'exacte appréciation des faits ne trompe pas moins que celui qui imagine une fausseté[4]. Enfin, l'auteur termine son œuvre par une déclaration où respire toute la franchise, toute la loyauté du soldat. Tels sont les événements que j'ai racontés, dit-il, depuis l'avènement de Nerva jusqu'à la mort de Valens, à la manière d'un grec autrefois soldat, et selon la mesure de mes forces : cette œuvre se réclame avant tout de son exactitude, et l'auteur ne croit pas l'avoir jamais sciemment altérée par le mensonge ou la réticence[5]. Ces déclarations sont excellentes et font honneur à celui qui les a formulées. Mais, dans le. fait, en a-t-il tenu compte et sa pratique est-elle conforme à sa théorie ? L'historien a-t-il toujours été bien informé, sincère et impartial, sans se laisser troubler dans son esprit critique par la crédulité ou l'exagération, dans son indépendance par l'esprit de parti ou les préjugés ? C'est ce que nous allons examiner. Le sens critique dans un auteur qui fait de l'histoire contemporaine — et c'est le cas pour Ammien Marcellin, car les livres de son histoire qui avaient rapport au passé ont été perdus — ce sens critique consiste à acquérir des hommes et des choses une connaissance si parfaite que l'histoire est comme la reproduction idéale et fidèle de la réalité. Pour une telle œuvre, il faut beaucoup de sagacité et de bon sens : de la sagacité, pour découvrir les causes des événements, les comprendre et en mesurer la portée ; pour démêler l'apparent du réel, l'accessoire de l'essentiel ; pour connaître les vrais motifs des actions, démasquer les personnages et pénétrer jusqu'à l'homme, jusqu'à l'âme même ; pour y lire et mettre à nu la passion dominante, vrai mobile des actes et réelle inspiratrice des événements. Il faut du bon sens pour ne pas raffiner dans une telle recherche, ne pas être plus profond que les personnages eux-mêmes, et ne pas leur prêter les calculs de son génie. Sagacité et bon sens, tels sont, les éléments constitutifs du sens critique en histoire, et telles sont, semble-t-il, les qualités vraiment éminentes de notre historien. Grec d'origine et par l'éducation, tour à tour soldat et magistrat, il apporta dans la composition de ses récits cet esprit d'investigation, propre au génie grec, qu'il vante lui-même dans Timagène, Timagenes diligentia græcus et lingua, cette claire et nette intelligence des faits que donnent l'expérience de la vie et le maniement des affaires. Comme Dion Cassius, Hérodien, Dexippe, ses modèles et ses sources dans l'histoire des deux siècles précédents, Ammien Marcellin fut longtemps un homme d'action avant de se faire auteur ; or, avoir vu et fait beaucoup de choses est encore le meilleur moyen pour se préparer à les raconter. Les commentateurs ont souvent comparé notre historien à Thucydide, et, de fait, toute question d'art mise de côté, il y a dans Ammien Marcellin le même esprit que dans l'auteur de la Guerre du Péloponnèse. Comme lui, il est avant tout pénétré du respect qui est dû à la vérité, et il ne néglige rien pour la rechercher et la saisir. Thucydide, exilé, avait ses partisans dévoués qu'il envoyait en mission dans toutes les villes de la Grèce afin d'être au courant des résolutions prises sur l'agora des cités helléniques et des événements qui se succédaient dans la péninsule. Ammien Marcellin raconte ce qu'il a vu, ce dont il a été témoin, interroge les témoins oculaires, puise aux sources les plus authentiques, aux documents officiels, aux récits partiels les plus complets ; il visite les champs de bataille qui, même après dix ans, sont couverts des ossements blanchis des victimes, s'entoure enfin de tout ce qui peut lui servir à la connaissance des faits. Ces matériaux, il les remanie et les travaille de façon à pénétrer dans les faits, à distinguer ce qu'ils offrent de fortuit ou de voulu. Il cherche les causes, interprète les motifs avoués ou secrets, explique les actions, de sorte que le lecteur, éclairé et satisfait, n'éprouve aucun besoin de recourir à d'autres auteurs pour les contrôler ou en avoir une autre explication. Telle est l'impression qui se dégage en effet, en dehors même de tout examen comparatif, de la lecture d'un grand nombre des récits de notre historien. Prenons par exemple le récit de la révolte de Procope en 365. On voit ce parent de Julien, qui pensait avoir quelque droit à lui succéder, redouté des nouveaux maîtres de l'empire, de Valens en particulier, traqué et poursuivi par eux,' réduit enfin à un tel excès de misère et de terreur qu'il était prêt à tout hasarder plutôt que de prolonger une telle existence. Il se ménage donc des complices, les intéresse à sa cause, achète à prix d'or l'appui de quelques légions, et, profitant des mécontentements que les ministres de Valens ont déjà provoqués dans l'armée, il usurpe la pourpre à Constantinople, tandis que l'empereur et sa cour, alors- en Syrie, marchent au-devant du roi des Perses toujours en hostilité avec l'Empire. A cette nouvelle, Valens se trouble et veut abdiquer ; mais son entourage le rappelle à un plus juste sentiment de sa dignité. Son effroi n'est pas moins comique que la faible contenance de Procope, promené par la soldatesque dans les rues de Constantinople — sous un costume improvisé, comme un roi de théâtre — pendant que le peuple, habitué à ces sortes de révolutions et comme hébété, n'attendant pas plus de celui-ci qu'il ne regrette celui-là laisse faire et reste indifférent. Le succès de cette tentative fut des plus rapides, mais il n'en fut que plus éphémère. L'armée entière avait fait défection et pris parti pour l'usurpateur, quand un vieux soldat en retraite, le général Arbétion, reprend l'épée, s'avance au-devant des troupes mutinées, et d'un mot les rappelle au devoir. Procope est livré à son rival par ceux-là même qu'il avait achetés pour le défendre[6]. Rien ne manque à ce récit : ni description originale des types saisis sur le vif, ni précision dans les circonstances, ni explication naturelle et raisonnée des faits. Les événements sont présentés avec une telle plénitude de sens, dans une si grande vraisemblance, qu'après les avoir lus on se reconnaît pleinement satisfait et sûrement informé. On n'éprouve aucun désir de vérifier ces renseignements par ceux des auteurs du même temps ; et cet examen fait ne nous apprendrait rien. Il est possible et même probable que notre historien avait travaillé sur un récit partiel bien fait ; mais en l'adoptant et remaniant selon les exigences du sujet, il l'a fait sien, et nous devons l'apprécier comme tel. II. — Étude comparée de ses récits et de ceux de ses contemporains. Ce récit n'est pas le seul ; mais nous l'avons cité comme plus propre qu'un autre à mettre en relief les qualités de l'esprit d'Ammien Marcellin comme critique. Il en est d'autres aussi bien conduits et intéressants au même titre. Tels sont, par exemple, le récit de la mort du jeune César Gallus, compromis par son inconduite et ses tentatives d'indépendance après quelques mois de commandement ; celui de l'expédition dirigée contre les Isaures, rudes montagnards qui par leurs surprises ravageaient les villes de la Cilicie, et surtout les récits des exactions du comte Romanus dans les villes de la Libye et de la campagne de Théodose en Afrique contre Firmus révolté[7]. Chacun d'eux se fait remarquer par ce grand air de vérité qu'ils offrent dans toutes leurs parties, par cette intelligence claire et nette qu'ils donnent des faits racontés. Dès lors, il semblerait inutile de les comparer aux récits des rhéteurs et historiens contemporains : des Libanius et Themistius, Eunape et Zosime, des auteurs ecclésiastiques Socrate, Sozomène, Théodoret et Rufin. Néanmoins, il est bon, pour quelques faits particuliers, de mettre en lumière ces divers témoignages. Cet examen ne fera que mieux ressortir les éminentes qualités critiques d'Ammien Marcellin. Pendant que Julien empereur résidait à Antioche, dans la seconde moitié de l'année 362, il fit enlever du bourg de Daphné les, reliques de saint Babylas, et orna d'un superbe péristyle le temple fameux consacré à Apollon. Or, peu de temps après, le feu prit au temple pendant la nuit, consuma les toits, les statues et les ornements. Ce fut de tous côtés une explosion de haines, d'attaques perfides et de récriminations sans fin. Les chrétiens affirmèrent que le feu du ciel était tombé sur le temple en punition de l'outrage récent que Julien avait fait aux reliques du saint martyr en les expulsant. En revanche, les païens accusèrent les chrétiens d'avoir, par esprit de vengeance, incendié le temple. Julien, irrité, ordonna une enquête et soumit les malheureux à d'atroces tourments : Ad id usque imperatorem ira provexit ut quæstiones agitari juberet solito acriores, avoue l'historien[8]. On ne découvrit rien et pour cause. Le coupable, ou l'auteur du fait, insinue Ammien Marcellin, était un philosophe du nom d'Asclépiade, qui, ayant fait la veille ses dévotions au dieu, avait laissé un cierge allumé devant la statue. Quelques étincelles s'élevèrent jusqu'au toit et enflammèrent de vieilles poutres. L'explication était fort simple ; mais chrétiens et païens étaient trop surexcités pour l'admettre. C'est à la sagesse d'esprit et au bon sens de notre historien que nous la devons. Le fait est peu important, mais il n'en montre que mieux les qualités critiques de notre auteur et son amour pour la vérité. Un autre fait plus connu et plus souvent discuté est la tentative de Julien pour reconstruire le temple de Jérusalem et convaincre par là de mensonge les prophéties. On se mit à l'œuvre en. disposant de sommes énormes. Alypius, originaire d'Antioche et ami dévoué de Julien, eut la direction des travaux. Les magistrats de la province d'Orient reçurent l'ordre de ne rien négliger pour en assurer l'exécution. Or, tout à coup, des tourbillons de flammes jaillirent du sol, épouvantèrent les ouvriers, firent de nombreuses victimes et mirent à nu les fondements du temple. On s'y remit à plusieurs reprises, mais le phénomène se reproduisit, et l'on dut, en désespoir de cause, abandonner les travaux. Il ne resta pas pierre sur pierre du vieux temple d'Esdras. Ce fut pour les Juifs et les païens une grande déception ; mais les chrétiens triomphèrent, et longtemps après les Pères de l'Église rappelèrent le fait et en déduisirent toutes les conséquences. Les auteurs païens contemporains se gardent bien d'en faire mention. Les écrivains ecclésiastiques, orthodoxes ou hérétiques, le rapportent longuement et l'entourent de circonstances les unes plus merveilleuses que les autres. Seul, Ammien Marcellin rapporte simplement ce prodige, avec toutes les circonstances nécessaires, sans dépit et sans fausse interprétation, comme un homme qui raconte ce qu'il a vu. Son témoignage a depuis paru être d'un si grand poids qu'on a pu chercher à expliquer naturellement ce fait, mais non à le nier[9]. C'est en particulier dans les récits militaires, campagnes, sièges et batailles, qu'Ammien Marcellin s'entend à noter tous les incidents, à se rendre compte des personnes et des choses, à donner toute la vérité. L'ancien officier des gardes se retrouvait sans doute dans ces narrations si prolixes mais si fidèles, et quelque défectueuses qu'elles soient au point de vue de l'art, elles n'en sont pas moins instructives et précieuses comme sources de documents. L'historien était, en effet, Compétent et il aimait la vérité. Pour s'en assurer, il suffit de comparer quelques-uns de ses récits aux renseignements fournis par les autres écrivains du même temps. Prenons, par exemple, la célèbre victoire de Julien à Argentoratus (Strasbourg, août 357). Eunape, le médecin-sophiste, et, après lui, Zosime, partisan dévoué de l'hellénisme, donnent à ce combat des proportions démesurées. Zosime met en présence du jeune César une armée innombrable de barbares, πλήθος άτειρον βαρβάρων, et il affirme que soixante mille d'entre eux périrent sur le champ de bataille. Cet enthousiaste admirateur de Julien pensait qu'on ne saurait jamais en dire assez en faveur de son héros. Ammien Marcellin est autrement exact et fidèle. Il nous' dit que les barbares, ligués ensemble, étaient au nombre de trente-cinq mille et que six mille d'entre eux environ tombèrent dans le combat. Pour les Romains, ils ne perdirent que deux cent quarante-trois soldats et trois généraux[10]. Dans des récits analogues, le rhéteur Libanius ne se permet pas moins qu'Eunape et Zosime des exagérations, et par instinct d'orateur ou de lettré, se laisse induire en erreur afin de mieux achever une période ou d'insérer un rapprochement littéraire. Il raconte que Mien, encore César, assiégea mille soldats de race franque, dans une forteresse sur les bords du Rhin, et, à ce sujet, il rappelle la défense des mille Lacédémoniens assiégés par Créon dans l'île de Sphactérie. Pour Ammien Marcellin, le jeune César n'eut à combattre que six cents soldats : c'était se priver de l'occasion de faire une amplification oratoire, mais c'était dire la vérité[11]. Eunape donne dans un travers de ce genre quand, au sujet de l'invasion des Goths dans les provinces danubiennes, en 376, il fait grandir subitement les jeunes barbares donnés en otages afin de pouvoir rappeler hi légende de Cadmus, les dents du dragon, la moisson d'hommes qui surgirent inopinément. Ammien Marcellin, historien et non commentateur, raconte que le maître des milices Julius réunit en plusieurs endroits ces jeunes gens, qui avaient grandi depuis deux ou trois ans et pouvaient être à craindre, les fit surprendre et massacrer par les troupes. Grâce à cette manœuvre, peu loyale mais utile, avoue l'historien, l'empire, déjà fortement ébranlé par le désastre d'Andrinople, fut délivré d'un danger imminent[12]. Cette claire intelligence des choses, cet esprit d'investigation, Ammien Marcellin ne l'a pas moins apporté dans l'art plus difficile de connaître les hommes, de pénétrer au plus intime de la pensée, de découvrir, sous les mille prétextes officiels, l'intention secrète et vrai motif des actions. Si le chambellan Eusèbe s'acharne à décrier auprès de l'empereur Constance le maître des milices Ursicin et à le rendre suspect et redoutable, c'est qu'il ambitionne son palais d'Antioche et qu'il veut l'en dépouiller, la confiscation étant une des lois de l'empire[13]. L'empereur Julien fait-il appeler à sa cour les évêques de toutes les sectes chrétiennes et les encourage- t-il à soutenir hardiment leur manière de penser, ce n'est point pour assurer leur indépendance, mais bien pour les diviser encore plus et n'avoir pas à combattre, en restaurant l'hellénisme, les résistances d'une multitude animée des mêmes sentiments. Quod agebat ideo obstinate ut, dissensiones augente licentia, non timeret unanimantem plebem[14]. Lors de l'élection de Valentinien Ier à l'empire, à la veille du jour où ce dernier devait être reconnu et proclamé par l'armée réunie à Nicée (364), l'historien rapporte que, sur la motion du préfet Salluste, les généraux prirent l'engagement, sous peine de mort, de ne pas paraître le lendemain devant les troupes assemblées. C'était pour ne pas diviser les suffrages et ne pas provoquer des compétiteurs à Valentinien déjà désigné par le choix de quelques chefs : La nuit qui suivit, observe l'historien, fut témoin de bien des regrets étouffés et d'ambitions déçues[15]. C'est toujours ainsi le même esprit fin et sagace qui pénètre les conseils, se rend compte des mesures prises, arrive à cette connaissance du vrai, à cette possession de la réalité sans laquelle il n'y a pas d'histoire, car l'historien, selon la force du mot, est l'homme qui sait ΐστωρ. Le danger d'une telle sagacité est de tomber dans le raffinement et la subtilité ; c'est de voir des intentions là où il n'y en a pas, de les exagérer, de prêter les siennes aux autres et d'assigner aux faits des causes imaginaires ou purement occasionnelles. On a souvent fait ce reproche à Tacite, ce scrutateur des âmes, non moins grand par sa puissance de réflexion que par la magie de son style. On a dit qu'il croyait facilement le mal et qu'il inclinait au pire par haine des crimes dont il avait été témoin ou par intuition d'artiste qui se plaît à exciter de vives émotions ; qu'il lui arrive même d'affirmer comme sûr ce qu'il avait tout d'abord annoncé comme probable et donné comme tel. On ne trouve pas trace dans Ammien Marcellin de cet esprit dangereux qui tend à transformer l'historien en juge inquisiteur. La candeur de son âme et son amour de la vérité l'ont préservé de cet écueil. Avec une entière bonne foi, il n'hésite pas à dire ce qu'il sait ; mais il ne dit que ce qu'il sait, s'appliquant à mesurer et à restreindre sa pensée de manière à ne donner à ses jugements que le degré de probabilité qui leur convient. Sur ce point, Ammien Marcellin a poussé la réserve jusqu'à la timidité, fidèle à son principe de ne rien exagérer, de n'affirmer que ce qui repose sur des témoignages certains[16]. L'empereur Constance a-t-il été de connivence avec Vadomaire, roi des Alamans, pour susciter des embarras, sur les frontières du Rhin, d'abord à l'usurpateur Magnence en 350, et puis à Julien proclamé Auguste en 361 ? La rumeur publique le disait hautement et le fait est possible. Julien, révolté et flétrissant dans ses lettres au Sénat la politique de son cousin, n'a eu garde de négliger une telle accusation ; il l'a nettement affirmée. C'était son intérêt de proclamer ce crime bien haut, et après lui les historiens modernes n'ont pas hésité à l'admettre. Ammien Marcellin a été plus prudent. Avec un sens critique d'autant plus digne d'éloges que l'historien n'avait aucune estime pour le caractère de l'empereur Constance, il a soin d'indiquer que cette accusation n'a d'autre fondement que celui de la renommée, si famœ solius admittenda est fides. Bien autrement affirmatif est Libanius à ce sujet : Constance, dit-il, eut recours à une manœuvre bien connue : il fit appel aux armes des barbares, les priant en grâces de réduire en servitude les provinces romaines ; il décida entre autres Vendomaire à se parjurer et à rompre l'alliance des Romains[17]. On voit par cette différence de ton combien le récit de l'historien diffère de la harangue du rhéteur. Toujours préoccupé de rester dans le. vrai et de se prononcer avec pleine connaissance de cause, Ammien Marcellin n'hésite pas à avouer, à l'occasion, en toute simplicité, qu'il n'a pu se rendre compte du fait allégué par un document écrit ou par un témoignage certain. La noblesse du comte Aginatius, une des victimes du préfet de Rome, Maximin, est-elle hors de doute ? La voix publique le dit, mais aucun document ne le confirme : nec enim super hoc ulla documentorum rata est fides[18]. Julien, partant pour son expédition en Perse, donna-t-il des instructions secrètes à Procope, son parent, et le désigna-t-il, en cas de malheur, pour son successeur ? On l'a dit, mais aucun témoin ne peut l'affirmer : ut susurravit obscurior fama, nemo enim dicti auctor exstitit verus[19]. Le général Arbétion, cet ennemi personnel d'Ursicin, le maître de cavalerie, protecteur et ami de notre historien, cet Arbétion, homme violent, toujours prêt à susciter des troubles, a-t-il été réellement coupable du crime de lèse-majesté ? Ammien Marcellin ne l'affirmera pas, mais c'était un bruit persistant : ut loquebatur pertinax rumor[20]. Athanase, évêque d'Alexandrie, était-il réellement habile dans l'art de la divination ? On le répète et on le redit partout : ut prodidere rumores assidui[21]. Si le fait en question est important, l'historien ne craint pas d'insister ; il expose les opinions contraires, les discute et donne à la fin son avis, sous le voile transparent d'une fine allusion. Ainsi, l'empereur Jovien, à peine de retour de la désastreuse expédition de Julien, passe en Occident afin de raffermir le pouvoir souverain dont il vient d'être investi. Or, dans ce voyage, il meurt subitement, à la force de l'âge, dans son lit, à Dadastane, sur les confins de la Bithynie et de la Galatie. Mille bruits circulèrent à ce sujet : selon les uns, la chambre où l'empereur avait couché et était mort avait été récemment blanchie, et Jovien aurait été étouffé soit par les exhalaisons de la chaux, soit par la vapeur du charbon allumé pour, assainir l'appartement ; selon d'autres, le prince aurait succombé à la suite d'un trop copieux festin. Pour tous, la mort de cet homme, jeune encore et dans toute sa force, parut étonnante et mystérieuse. Ammien Marcellin fut ; semble-t-il, dans le secret et il ose, avec toute la prudence voulue, soulever un coin du voile qui cache la vérité. Cette mort subite et prématurée lui remet en mémoire celle de Scipion Émilien, et il observe que pour celle-ci comme pour l'autre on jugea bon de ne faire aucune enquête. N'est-ce pas donner à comprendre assez finement que l'empereur Jovien mourut victime d'un attentat ? Cc prince, en effet, avait été porté au pouvoir dans les plaines de l'Assyrie, après la mort de Julien, par un mouvement populaire et de réaction, parti des derniers rangs de l'armée et en dépit des chefs réunis en désaccord pour l'élection. Ces derniers se résignèrent pour le moment et reconnurent Jovien, lui abandonnant la responsabilité d'une retraite désastreuse et d'une paix honteuse. Mais dès qu'ils furent arrivés en Cilicie et quand Jovien prenait toutes ses mesures pour assurer son pouvoir, les chefs surent l'atteindre et le faire disparaître. Ils restèrent maîtres de l'élection pendant dix jours. Ce fut Valentinien qui l'emporta, moins peut-être à cause de son mérite personnel que parce qu'il était absent et que les chefs de l'armée réunis ne surent point s'entendre et céder l'un à l'autre. Ammien Marcellin connut sans aucun doute toutes ces menées, et si la prudence lui faisait encore un devoir, à vingt ans d'intervalle, de parler à mots couverts, son amour de la vérité lui faisait trouver un moyen détourné pour livrer sa pensée par d'habiles sous-entendus[22]. III — Objections tirées de sa croyance au fatalisme, à la divination et de son esprit d'exagération. Cette recherche minutieuse des causes des événements et des motifs d'action, cette intelligence si nette des faits et des situations ne laissent pas de nous surprendre dans un historien qui paraît croire à la fatalité. N'y a-t-il pas contradiction à pénétrer si bien les mobiles des hommes, à faire la part des circonstances et des temps, et à soutenir ensuite qu'il est impossible à l'homme de se dérober à la puissance aveugle du destin ? Pourquoi faire une enquête si précise sur les attentats dont l'empereur faillit être victime pour déclarer en fin de compte que le terme de sa vie était fixé dès l'instant de sa naissance ? Ces déclarations ne sont pas les seules ; elles se représentent souvent et paraissent être, au premier abord, la raison dernière des événements. Procope révolté fait-il montre d'un orgueil intolérable dans ses triomphes si faciles ? c'est que le malheureux oublie que l'homme le plus heureux, au matin, est le soir même, au gré de la fortune, plongé dans la dernière misère[23]. L'expédition de Julien en Perse, si heureuse au début, n'a abouti qu'à un affreux désastre ; mais il faut beaucoup moins s'en prendre à l'habileté et au courage de ce prince qu'à l'inflexible volonté du ciel : Si consiliis ejus (Juliani) et factis decreta cœlestia congruissent[24]. Bien plus, Julien n'eût pas même entrepris cette campagne devant les sages représentations de son conseiller et ami, le préfet Saluste, si les destins ne l'y eussent poussé : Quoniam nulla vis humana vel virtus meruisse unquam potuit ut quod prœscripsit fatalis ordo non fiat[25], et bien d'autres de ce genre. A toute occasion, Ammien Marcellin parle de la fortune, du destin, de la fixité de ses lois, de l'empire inéluctable qu'il exerce sur les destinées humaines[26]. C'est la théorie antique de la fatalité, croyance étrange qui parut être au barbare, comme au grec et au romain, la raison dernière des choses. Bien qu'à vrai dire il nous fallût mourir hier, si ce n'était aujourd'hui, dit le Germain tombé sur le champ de bataille ; nul ne vit un soir au delà de ce que les Nornes ont décrété[27]. Et de nos jours encore, il ne faudrait pas chercher longtemps pour trouver dans le langage du peuple des expressions analogues tenant à la fois d'une fausse idée de la Providence et de l'impuissance à expliquer des faits étonnants et incompris. Cette espèce de fatalisme introduit dans l'histoire et poursuivi avec logique et suite ne tendrait à rien moins qu'à la détruire[28]. Le rôle de l'historien serait du moins singulièrement réduit : il se bornerait à consigner machinalement les événements sans aucune recherche des causes. Ainsi faisait le grand pontife à Rome, notant au jour le jour dans les Annales tous les faits importants sans aucune explication. Et ce serait logique : mais la contradiction est la loi nécessaire de l'erreur. Ammien Marcellin, malgré toutes les déclarations, n'en a pas moins recherché les causes, donné des explications et montré la part des hommes dans les événements. A l'endroit même, indiqué plus haut, où il déclare que les décrets des dieux ne répondirent pas à la prudence et au courage de Julien, l'historien n'en remonte pas moins aux causes très humaines de cette expédition. Le véritable instigateur de ces guerres contre les Perses, nous dit-il, fut Constantin, qui acquiesça trop vite aux perfides suggestions du négociateur Métrodore. De ce jour datent les malheurs de l'empire, les armées romaines détruites, les villes ravagées, les provinces épuisées. D'autre, part, l'ambitieux Sapor rêvait de rétablir l'ancien empire des Perses jusqu'aux rivages de la Propontide[29]. On le voit, l'historien se gardait bien d'être fidèle à ses professions de foi fatalistes ; il faisait une enquête minutieuse des causes, assignait des responsabilités, donnant à chacun la part de louange et de blâme qu'il croyait méritée. C'est que, de fait, ces affirmations étaient un langage de pure convention. Le Grec et le Romain qui avaient sans cesse à la bouche les mots de fortune et de fatalité ne prenaient pas moins toutes leurs mesures pour forcer la destinée et mettre toutes les chances de leur côté. Ils agissaient comme agit de nos jours tout homme qui a foi dans son intelligence et son activité Ammien Marcellin faisait de même : il jugeait des événements en dehors de toute théorie préconçue et ne faisait intervenir la fortune ou la fatalité que par manière d'acquit ou faute de meilleure explication. Il est étrange, d'ailleurs, de voir que dans ces récits l'idée d'une Providence secourable ou vengeresse n'intervient pas moins souvent que celle du destin. On trouve sans cesse des expressions comme celles-ci : ope numinis summi, favore superi numinis, arbitrio numinis ; ou bien : inconnivens justitiœ oculus, arbiter et vindex perpetuus rerum, vigilavit attente[30]. L'historien se rendait-il bien compte de ces notions si différentes de Providence et de Fatalité ? Ne les confondait-il pas dans une vague idée d'intervention divine dans les choses humaines ? Il est permis de le croire, et, dans tous les cas, il est certain que ces théories fatalistes sont restées dans le domaine de la pure spéculation, qu'elles n'ont point influé sur l'esprit de l'historien et ne l'ont pas détourné de la recherche opiniâtre des causes des événements et des motifs d'actions. Ce prudent esprit de critique a-t-il été atteint et altéré par la croyance de l'auteur à la divination ? Nous ne le croyons pas davantage. Au premier abord, Ammien Marcellin paraît, comme tous ses contemporains, très superstitieux. Il ne saurait commencer le récit d'un événement important sans le faire précéder d'Un présage. C'est tantôt un lion tué par les soldats et offert à Julien mettant le pied sur le sol assyrien, signe certain de la mort d'un chef d'armée ; tantôt une victime qui, amenée devant l'autel, brise ses liens et s'échappe, présage de la colère des dieux ; et d'autres de ce genre[31]. Bien plus, l'historien ne se contente pas de citer et d'alléguer des faits en passant, il remonte aux principes et prétend établir la légitimité de l'art de la divination. Dans une théorie assez obscure, il expose les procédés de cet art divin qu'il ne faut pas confondre, dit-il, avec les pratiques secrètes et coupables des magiciens[32]. Faut-il croire l'historien sur parole et penser qu'il ajoutait foi à ces mille contes plus ou moins absurdes dont il agrémente ses récits ? Faut-il croire surtout que, confiant dans cette prétendue intervention divine, l'historien s'est dispensé de rechercher les causes humaines et réelles des faits qu'il raconte ? Assurément non, et toute l'œuvre d'Ammien Marcellin proteste contre une telle supposition. Nul plus que lui ne s'est rendu compte des faits et n'a pénétré plus avant dans le cœur des personnages pour démêler tous leurs secrets mobiles. Seulement, à l'occasion, soit pour faire œuvre d'art, soit pour éveiller l'attention de ses auditeurs, l'historien ne craignait pas d'insérer un de ces prodiges que crée et colporte la rumeur publique alors plus que jamais avide de merveilleux. Et quant à la digression, développée à dessein, semble-t-il, sur la vérité de l'art de la divination, il est à croire que l'historien l'emprunta à quelque ouvrage de mathématicien, comme on disait alors, et l'inséra dans son œuvre pour faire étalage de science, — ce qui est dans ses habitudes d'écrivain, — ou bien pour défendre la mémoire de Julien et légitimer quelque peu sa crédulité Dans le fait, Ammien Marcellin, ancien soldat et magistrat de l'empire, croyait peu aux présages. Il observe même que si la divination par les songes est possible, l'interprétation n'en est pas moins toujours dangereuse. Il blâme l'importance que prirent, sous le règne de Julien, les magiciens, charlatans encouragés par la protection de ce prince[33]. Il nous montre l'empereur Julien lui-même, en homme avisé, habile à forcer le sens des présages et à leur trouver une issue favorable[34]. C'est ainsi qu'en usaient les hommes d'État de l'antiquité : Thémistocle, en présence de l'invasion des Perses, se fit dicter par le dieu ses propres résolutions. Après cela, qu'Ammien Marcellin ait, dans une certaine mesure, payé tribut à l'esprit superstitieux du temps, il ne faut pas s'en étonner : rarement un homme est assez fort pour se dérober complètement à l'influence du milieu où il vit et des erreurs de ses contemporains. Ces niaiseries étaient partout répétées et colportées. Ammien Marcellin n'a fait que se conformer à l'usage dans sa manière de parler. Les mille présages ou divinations insérés dans ses livres ne sont d'aucune valeur ; ces riens ne font pas corps avec la trame du récit et ne le dénaturent pas. Ce sont de pures superfétations qui se détachent facilement comme les nombreux rapprochements tirés de l'antiquité. La vérité historique n'est pas atteinte par ces puérilités : elle n'éclate que mieux, dirons-nous, et d'une Manière plus complète ; ces futilités sont la parure obligée d'un livre écrit dans le plus superstitieux des siècles. Les récits d'Ammien Marcellin, a-t-on dit encore, sont faux par l'exagération bien connue de l'auteur dans la forme et dans les faits, à tel point qu'on se demande parfois s'il faut entendre le texte dans le sens réel ou figuratif. Faut-il, par exemple, ajouter foi à ces descriptions de batailles ou de supplices dont les détails atroces paraissent empruntés aux temps les plus barbares ? Que penser des sanglantes répressions des empereurs Constance et Valens après les usurpations de Magnence et de Procope, de la cruauté de Maximin et d'Héliodore dans les accusations de sorcellerie et de magie, de la perfidie d'Eusèbe et de Modeste dans l'administration ordinaire de l'empire ? Dans ces tableaux surchargés de couleur, il faut l'avouer, quel est le point précis où les nuances justes s'effacent et disparaissent écrasées par les tons faux et criards de l'artiste ? Ne faut-il voir dans ces longues pages qu'un développement de rhéteur déclamant devant un auditoire affadi, ou bien une image fidèle de l'affreux despotisme qui pesait alors sur les sujets de l'empire romain ? En un mot, l'historien est-il exagéré dans les faits eux-mêmes ou seulement dans la forme ? L'objection a quelque chose de fondé, et Gibbon en particulier l'a plus d'une fois mise en avant[35]. Évidemment, l'historien anglais a raison de reprocher à Ammien Marcellin ses récits boursouflés, ses tableaux faits à la brosse et de couleurs à peine broyées, ses descriptions interminables toujours clos.es par un appel à la justice incorruptible et aux furies vengeresses. Mais de l'exagération dans la forme conclure à l'exagération dans les faits serait en retour tomber dans le défaut reproché à notre historien. N'exagérons rien : reconnaissons qu'Ammien Marcellin est généralement un écrivain inégal, un médiocre artiste, un peintre grossier, mais n'élevons point de doutes sur l'exactitude de ses renseignements. Sans doute, le philosophe-rhéteur, Thémistius, célèbre la générosité de Valens après la répression de la révolte de Procope, et Libanius, l'avocat officiel du paganisme, vante à deux reprises la clémence de cet empereur. Mais que peuvent ces témoignages intéressés contre les dépositions multiples de l'histoire ? Thémistius est un politique prudent, ami tour à tour des empereurs Constance, Julien, Valens et Valentinien, un indifférent en religion, un habile sceptique, préfet de Constantinople sous Julien et précepteur des enfants de Théodose. Pouvait-il parler autrement qu'il ne l'a fait dans un panégyrique prononcé devant le prince, ou même ne s'est-il pas servi de la louange pour flatter Valens, lui inspirer un peu de modération et sauver ainsi son ami compromis, le fameux Maxime d'Éphèse ? Et quant à Libanius,. ses déclarations en faveur de ce prince sont suspecte ; : le chef de l'hellénisme aux abois ne pouvait oublier qu'à deux reprises il avait failli payer de la vie ses relations avec les philosophes et n'avait été sauvé que par l'intervention d'un général en faveur auprès de ce prince[36]. Ces témoignages ne sauraient donc infirmer les dires de notre historien, que nous pouvons d'ailleurs contrôler par les récits d'auteurs contemporains. Saint Grégoire de Nazianze ne juge pas le préfet du prétoire Modeste avec moins de sévérité qu'Ammien Marcellin ; saint Jean Chrysostome raconte comment, à l'âge de vingt ans, il faillit être lui-même arrêté et mis à mort parce que, dans une promenade, il avait ramassé un livre ayant trait aux pratiques de la magie, le crime irrémissible du jour[37]. Sozomène, parlant des cruautés de Valens dans la répression du complot de Théodore, nous fait un récit non moins chargé que celui d'Ammien Marcellin. Il raconte que l'empereur sévit d'abord contre les philosophes presque tous engagés dans ces pratiques superstitieuses, et puis contre beaucoup d'autres qui n'avaient de philosophe que l'extérieur. Aussi le pallium fut-il à cette époque abandonné de tout le monde. Libanius lui-même, qu'on citait en témoignage à la décharge de Valens, se contredit dans la défense ou apologie qu'il dut écrire à la fin de sa vie. Il avoue que l'empereur Valens châtia les coupables et poursuivit sa vengeance sur un grand nombre d'innocents ; que les magiciens en particulier, μάντις άπας, et ceux qui usaient de leurs bons offices furent regardés comme les ennemis de l'État. Eunape, enfin, nous dit que cette répression fut un carnage et il la compare à une boucherie[38]. De cet ensemble de témoignages puisés à des sources si différentes, il ressort évidemment que les représailles de Valens, légitimes dans le principe, devinrent outrées dans la suite et furent sans mesures. Le récit d'Ammien Marcellin est donc fidèle et exact ; il mérite notre confiance. Les longueurs et les exagérations de la forme ne sauraient porter atteinte à l'intégrité du fond. Comme les présages et les déclarations fatalistes, elles ne sont que des ornements de convention, une parure obligée de style : le signe et la preuve de l'altération du goût au quatrième siècle. |
[1] Ammien Marc., XVIII, 6, 23.
[2] Ammien Marc., XXVIII, 1, 15.
[3] Ammien Marc., XV, 1, 1.
[4] Ammien Marc., XXIX, 1, 15.
[5] Ammien Marc., XXXI, 16, 9.
[6] Ammien Marc., XXVI, 6 et suiv. — Themistius, Orat. VII. — Zosime, IV, 5-6, d'après Eunape.
[7] Ammien Marc., XIV, 2 ; XXVIII, 6 ; XXIX, 5.
[8] Ammien Marc., XXII, 13. — Sozomène, V, 19. — Rufin, I, 35. — Socrate, III, 18 et sqq. — Théodoret, III, 10, etc. — Libanius, De Daphn. Apoll. fano. — L'aveu d'Ammien Marcellin justifie tous les récits des atrocités commises par ordre de Julien sur les accusés et racontées par les historiens ecclésiastiques.
[9] Ammien Marc., XXIII, 1, 2. — Saint Jean Chrys., Contra Judæos et Gentiles. — Rufin, I, 37. — Théodoret, III, 20. — Sozomène, V, 22. — Saint Grég. Naz., Orat. VIa, 5, 7.
[10] Ammien Marc., XVI, 12, 63. — Zosime, III, 3.
[11] Libanius, In Oratione funebri. - Ammien Marc., XVII, 2, 2.
[12] Müller, Fragmenta historic. græcor., t. IV. — Eunape, Fragm. — Ammien Marc., XXXI, 16, 8.
[13] Ammien Marc., XVIII, 4, 3.
[14] Ammien Marc., XXII, 5, 4. — Sozomène, V, 5. — Saint Augustin, Lettre 166.
[15] Ammien Marc., XXVI, 2, 1. - Niceph. Callistus, liv. XI.
[16] Ammien Marc., XVIII, 6, 23.
[17] Ammien Marc., XXI, 3, 4. — Julien, Ad Senat. Populumque epistola. — Libanius, Oratio funebris Juliani.— Sozomène, V, 8. — Gibbon, IV.— De Broglie, IV, 95. — V. Duruy, VII, 320. Ce dernier n'hésite pas à croire, comme lés précédents, que Constance était en relations avec Vadomaire pour susciter des embarras à Julien, et il cite à l'appui de son dire Ammien Marcellin, mais sans parler de la restriction apportée par l'historien, si famœ solius, etc. Il y aurait cependant une explication assez naturelle du fait. Constance put soudoyer les barbares afin de les empêcher d'entrer comme soldats dabs les armées de Magnence et de Julien, sans les autoriser par là à ravager les provinces de l'empire. Quant à la lettre de Vadomaire, interceptée par un soldat et apportée à Julien (Ammien Marc., XXX, 3, 5), elle prouve que Vadomaire trahissait Julien afin d'obtenir de Constance un commandement dans l'empire, ce qu'il obtint en effet peu après, et de Julien lui-même, car Ammien Marcellin dit en cet endroit que Vadomaire devint duc de Phénicie, et peu après, c'est-à-dire après la mort de Julien, il dit qu'il avait été duc. (Comparer Ammien Marc, XXI, 3, 5, et XXVI, 8, 2.)
[18] Ammien Marc., XXVIII, 1, 30.
[19] Ammien Marc., XXVI, 6, 2.
[20] Ammien Marc., XVI, 6, 1.
[21] Ammien Marc., XV, 7, 7.
[22] Ammien Marc., XXV, 10, 12. Nicéphore Calliste dit que Valentinien fut élu empereur par les suffrages de l'armée et de ceux qui avaient les grades les plus élevés, du patrice Datien, du préfet du prétoire Secundus, d'Arinthée maitre des milices, et de Dagalaïfe, comte des Domestiques (liv. XI).
[23] Ammien Marc., XXVI, 8, 13.
[24] Ammien Marc., XXV, 4, 26.
[25] Ammien Marc., XXIII, 5, 5.
[26] Ammien Marc., XXI, 14, 3 ; XXXI, 1, 1.
[27] Cité par Ozanam, les Germains, p. 387.
[28] Il est vrai qu'on peut déplacer le fatalisme et le mettre dans les circonstances de milieu, de temps, d'éducation, de famille, etc., comme a fait M. Taine ; mais ces théories étaient ignorées des anciens.
[29] Ammien Marc., XXV, 4, 23.
[30] Ammien Marc., XXIX, 2, 20 ; XXV, 8, 3 et passim.
[31] Ammien Marc., XXIII, 5, 8 ; XXIV, 6, 17 ; XXX, 5, 16 ; XXXI, 1, 1.
[32] Ammien Marc., XXI, 1, 6.
[33] Ammien Marc., XXII, 12, 7.
[34] Ammien Marc., XXI, 2, 2.
[35] Gibbon, Hist. de la décadence de l'empire rom., t. V, pp. 34, 121, 173, 188 de la traduction Guizot.
[36] Thémistius, Orat., 7a. — Libanius, De Vita sua. — Zosime, IV, 5, 6.
[37] S. Grégoire de Naz., Oraison funèbre de saint Basile. —S. Jean Chrys., Hom. in Act. Apost., XXXVIII, édition Gaume, t. IX, p. 316.
[38] Sozomène, VI, 35. — Libanius, De Vita sua. — Eunape, in Maximo.