L’EMPIRE GREC ET LES BARBARES

DEUXIÈME PARTIE

 

CHAPITRE PREMIER. — LE MONDE BARBARE.

 

 

En regard de l'Empire romain, centre unique de vie politique, seul État policé et organisé seul en possession d’institutions administratives et militaires stables ; de plus, clos de toutes parts et sur tout son pourtour par une ligne continue de fleuves, de montagnes, par des murailles et des postes fortifiés, partout où les obstacles naturels font défaut, s’agite et se presse le monde des barbares, en travail de formation politique, masse tumultueuse à l’aspect sans cesse mobile et changeant. A chaque siècle se modifie la distribution, l’habitat, la composition, le nom même des peuples que les Romains désignent sous l’appellation commune de barbares. Le monde de Tacite n’est plus celui que nous dépeint Ammien Marcellin ; de celui-ci il reste peu de chose à l’époque de Justinien ; la géographie du vi e siècle ne fournit que peu d’éléments à celle que nous ont transmise les traités de Constantin Porphyrogénète. Dans l’intervalle, des peuples qui ont joué les premiers rôles dans les conflits engagés contre l’Empire ont complètement disparu, détruits par la guerre, absorbés dans d’autres nationalités ; tels sont les Huns ; d’autres ont passé du nord à l’ouest et au midi, ou se sont divisés en plusieurs tronçons, désormais sans rapports entre eux : tels, parmi beaucoup d’autres, les Vandales et les Longobards. D’autres enfin sont entrés dans l’unité romaine et sont devenus, selon l’expression consacrée, des membres de la République ; parmi ceux-là, quelques-uns se sont fondus avec les anciens habitants fixés au sol ; d’autres ont formé des nationalités distinctes sous la tutelle de l’Empire et à l’abri des institutions laissées par lui dans les provinces aliénées de son domaine direct ; tels sont les Francs, les Visigoths et les Ostrogoths. Au milieu de ces éléments sans homogénéité et sans consistance, qui s’agrègent et se désagrègent sans cesse, s’absorbent ou se transforment dans les amalgames les plus divers, l’Etat romain apparaît comme le seul point fixe, comme un noyau solide enveloppé d’une sorte de matière cosmique, qu’il entraîne dans son mouvement et qui gravite autour de lui.

Comment Byzance va-t-elle se comporter à l’égard de ce monde barbare ? Quelle action exercera-t-elle sur lui ? Par contre, quelle réaction subira-t-elle ? Elle qui est l’aînée de la vieille Europe, la dépositaire de tant de civilisations qu’elle a vaincues et dont elle a hérité, inaugurera-t-elle, dans ses rapports avec ces nouveaux venus, ces mineurs, une politique nouvelle ? Quels droits et quels devoirs se reconnaitra-t-elle vis-à-vis d’eux ? Dans quelle mesure cette politique différera-t-elle de la politique traditionnelle de Rome ? Ce sont autant de questions difficiles que complique la variété même des éléments qui concourent au problème, et que la présente étude essaiera de résoudre.

Ce qui frappe le plus dans le spectacle de la grandeur de Rome et des monuments de tous genres qu’elle en a laissés, c’est l’unité et la continuité de sa politique. Sous la république, le pouvoir se divise entre un grand nombre de magistrats annuels ; un corps dirigeant, le sénat, reste le gardien fidèle de la tradition. Cette tradition se maintient sous l’empire, grâce encore au sénat et malgré la diminution de ses prérogatives, grâce à la force des institutions éprouvées par l'expérience, grâce â la concentration des pouvoirs publics dans la personne d’un magistrat suprême. C’est par sa politique autant que par ses armes que Rome a vaincu l’univers. A la suite de luttes opiniâtres, elle a fait de l’Italie le prolongement et comme la banlieue de la capitale. Elle s’attacha l’aristocratie des villes ses rivales ; elle sut les affaiblir en appuyant tour à tour les partis les uns contre les autres ; elle opposa des peuples aux peuples, fit désirer son alliance et craindre son hostilité ; la victoire acquise, elle sut communiquer aux vaincus ses institutions et leur graduer ses bienfaits. Peu à peu elle s’assimila complètement ces vaincus, ouvrit l’accès de son sénat aux premières de leurs familles, fit de tous ces peuples divers des Romains. Cet<e politique qui lui valut tant de succès en Italie, puis en Grèce, elle l’appliqua aux barbares, dès qu’elle fut en contact avec eux. Cette fois, elle n’avait pas affaire à des populations de même race, de même civilisation, de même dignité qu’elle-même ; mais à des populations inférieures, sinon par l’origine, du moins par le degré de civilisation acquise. Elle agit cependant à leur égard d’après les mêmes principes et par les mêmes procédés. On sait dans quelles conditions s’opéra la conquête de la Gaule : le diplomate dans César fut à la hauteur du chef d’armée. Il ne fit que généraliser les moyens qui avaient servi, plusieurs siècles auparavant, contre les Véïens, les Volsques, les peuples de l’Etrurie et de la Campanie. Dès l’époque républicaine et encore sous le principat d’Auguste, l’empire comptait au nombre de ses clients plusieurs royaumes, généralement répartis aux extrêmes limites de ses possessions d’Orient. Il lui convenait de conserver aux peuples des dynasties locales auxquelles ils avaient accoutumé d’obéir. Un légat auprès d’eux représentait Rome et les contenait dans le devoir ; aux mineurs le sénat nommait, comme un bon patron, des tuteurs qui les entretenaient dans l’amour du peuple romain. Leurs enfants, ceux des principales familles, étaient élevés à Rome, près du prince, recevaient l’éducation des jeunes patriciens, prenaient le goût des arts et de la civilisation romaine. Le prince recueillait de cette mesure un double avantage : il tenait en eux des otages qui lui garantissaient la fidélité des parents ; il préparait de futurs agents de la politique impériale, intéressés à ses succès et à la stabilité de l’empire. C’était comme une pépinière de jeunes gens de race royale, parmi lesquels l’empereur choisissait de sa main ceux qu’il destinait à porter un jour la couronne. Il expédiait ainsi leurs rois aux Arméniens, aux Parthes, aux peuples du Pont et de la Commagène[1].

Sa conduite différait peu, à l’égard des véritables barbares, de ceux qui vivaient au delà du Rhin et du Danube, sous le régime de la tribu ou groupés en nations sous l'autorité de chefs héréditaires. Ceux-là, décimés par des guerres perpétuelles, victimes de famines et d’exterminations périodiques, sans cesse inquiets du lendemain, ne demandaient qu’à entrer dans l'unité romaine. Il fallait contenir leur empressement, mettre des bornes à leur émulation de servitude. La plupart des combats qui se livraient aux avant-postes avaient moins pour objet la défense de leur indépendance que la répression de leurs tentatives pour pénétrer de gré ou de force dans l’empire. La paix profonde dont jouissaient les sujets de l’empereur, la sécurité de l’existence au delà des frontières, la richesse des villes et la fertilité des campagnes bien cultivées, exerçaient sur eux un prestige extraordinaire. Il y entrait de l’envie et do la convoitise, mais aussi le désir impatient d’être associés à ces avantages très-positifs. Du reste, la civilisation venait au-devant d’eux ; elle s’insinuait sous mille formes sous leurs tentes de peaux ou dans leurs chariots de voyage ; elle suscitait en eux des besoins nouveaux qui, passés en habitudes, demandaient à être satisfaits[2]. Rome, d’abord, leur mesura parcimonieusement ses faveurs, pour leur en faire mieux sentir le prix. Elle pensionna ceux de leurs chefs qui lui étaient le plus dévoués et dont le concours lui était le plus utile[3]. Comme la faim était leur principal ennemi, la cause la plus habituelle de leurs prises d’armes et de leurs rapines, les commandants des avant-postes leur envoyaient, dans les années stériles, des approvisionnements de blés et de bestiaux[4]. Les enfants des familles princières étaient envoyés à Rome sous le nom d’otages ou à titre d’hôtes ; élevés avec soin, parfois promus à la dignité de citoyens ou même de chevaliers, ils revenaient chez eux transformés par ce séjour, hantés par la nostalgie des beautés et des agréments de la ville impériale. Les nations modernes, qui attirent chez elles, dans les mêmes intentions politiques, les chefs de tribus africaines ou océaniennes, ont souvent le regret de voir leurs élèves retourner invinciblement à l’état et la condition de leurs compatriotes, repris par la contagion du milieu et la force des habitudes ancestrales. Le péril était moindre dans le temps qui nous occupe. Nos ancêtres étaient des barbares, mais non des sauvages. Leurs facultés intellectuelles et morales les plaçaient de niveau avec les peuples de race italiote ou hellénique. Sans doute il y avait quelque danger à fournir ainsi aux barbares des chefs instruits à l’école des arts et de la tactique romaine. Mais, pour un Arminius ou un Mérobaudes, combien de Ségestes ! Parmi les rois alamans que Julien fit prisonniers sur les bords du Rhin, plusieurs avaient vécu à Rome ; l’un d’eux s’était fait initier aux mystères d’Eleusis et avait donné à son fils le nom de Sérapion[5]. Tout pesé, les avantages compensaient largement les inconvénients de ces adoptions intéressées. L’esprit de révolte contre le joug de Rome n’était qu’une exception. Les chefs étaient heureux de livrer leurs enfants à leurs vainqueurs, de savoir qu’ils seraient admis à contempler Rome et César. Beaucoup pensaient comme ce roi qui disait à Julien, en parlant de son fils : Sa servitude est pour lui un bonheur qui vaut mieux que ma royauté[6].

Dès le second siècle de notre ère et surtout à partir du troisième, les empereurs commencèrent à se départir des sages tempéraments conseillés par la prudence à leurs devanciers. Les barbares commencèrent à affluer dans l’empire. Après des campagnes heureuses, les Césars les amenaient par milliers et les faisaient vendre sur les marchés de l’empire. Les propriétaires, les agriculteurs se disputaient ces travailleurs robustes et peu exigeants. L’offre restait toujours au-dessous de la demande. D’autres, attirés par le haut prix des salaires, accouraient dans les villes et s’occupaient des petits métiers. Les Burgondes passaient pour les meilleurs maçons de l’empire. Un grand nombre pénétrait dans les armées ; ils y entraient de deux façons : soit à titre d’auxiliaires ; en vertu des traités, leur nation était tenue de fournir un certain contingent, ceux-là servaient à part ; soit à titre de réguliers, ceux-là étaient catalogués dans les cadres des légions[7]. Les premiers, la campagne terminée et le service pour lequel ils étaient en réquisition accompli, pouvaient rentrer dans leurs foyers ; les autres s’absorbaient pour ainsi dire dans la légion ; ils finissaient par y perdre leur nationalité. Leur congé reçu, ils participaient aux avantages dont Rome payait les longs et durs services de ses vétérans. La pente était glissante, les empereurs ne surent s’y retenir. L’armée élargit sans cesse ses cadres pour y faire entrer l’élément barbare. A l’époque de Constantin, c’est-à-dire au commencement de la période byzantine, les barbares servaient déjà en corps de nations, avec leurs armes, leur équipement et leurs chefs, sous le nom de fœderati[8]. Destinés à soutenir et à flanquer l’armée véritable, recrutée elle-même en grande partie de barbares, ils finirent par la dépasser par le nombre et par lui faire un dangereux contrepoids. Cette armée, ce n’est pas Byzance qui l’a créée ; elle l’a reçue de Rome ; elle l’a quelque peu modifiée par la suite, mais dans un sens plutôt favorable à la dignité et à la sécurité de l’empire. Jamais les Byzantins n’ont souffert pour empereur un barbare comme le fut le Goth Maximin.

Le pas décisif, celui qui devait précipiter la crise et déchaîner sur l’empire les plus effroyables tempêtes, fut franchi sous l’empereur Valens, Deux cent mille Visigoths, fuyant affolés devant l’invasion des Huns, avec leurs femmes, leurs enfants, leurs richesses, se présentèrent en suppliants aux bords du Danube, implorant contre leurs ennemis un asile inviolable dans l’empire, promettant pour le reste de se remettre entièrement à la volonté de l’empereur. Qui croirait que la nouvelle de cet exode suscita à Byzance une joie insensée et générale ? Aux uns, cette affluence de barbares promettait pour leurs maisons et leurs terres des serviteurs à bon marché ; les autres se préparaient à trafiquer des femmes et des enfants, cédés par les nouveaux venus pour quelques mesures de blé ; l’empereur et ses conseillers virent surtout en eux des soldats. On félicitait le prince du bonheur inespéré dont le comblait la fortune. Ces recrues innombrables allaient rendre ses armées invincibles ; ces étrangers seraient un rempart inexpugnable contre les entreprises des autres barbares. Valens n’aurait plus de rivaux et de compétiteurs à craindre dans l’empire[9]. La catastrophe qui suivit de si coupables illusions, la révolte des Goths et la mort de Valons ne furent pas la pire des conséquences de cette fatale imprudence. L’armée s’en trouva pour longtemps désorganisée et énervée : l'empereur, ayant sous la main toute facilité pour en garnir les cadres de barbares, négligea de retenir sous les drapeaux les vétérans qui en faisaient la vigueur mais coûtaient cher ; il diminua le contingent annuel que les propriétaires provinciaux étaient tenus de fournir et fixa la prime d’exemption à quatre-vingts écus d’or. Théodose pensait tirer de là double profit ; en réalité, il ouvrit la brèche à des abus qui devaient bien des fois compromettre le salut de l’empire[10].

Enfin avec ces Visigoths qui n’étaient plus une armée, mais une nation en marche, pénétra dans l’empire comme un corps étranger, que celui-ci n’eut la force ni d’éliminer, ni de s’assimiler complètement. Il avait englobé dans son unité et fait siens avec le temps bien des peuples, sans que sa constitution en fût atteinte. Mais cette fois l’effort était trop grand et trop subit pour un organisme débilité. Ces barbares vécurent donc, à peu près nomades, comme avant leur admission dans l’empire, en Mésie, en Epire, en Illyrie, en Italie, ruineux pour les provinces où ils s’imposaient, risquant dans les accès de leur humeur batailleuse, de briser la fragilité des trônes d’Orient et d’Occident, jusqu’au jour où, amollis par un contact prolongé avec des popu-lions d’une civilisation raffinée, disciplinée par l’habileté d’une femme, ils finirent par s’établir à poste fixe en Espagne. Mais après eux vinrent d’autres nations barbares qui prirent le même chemin, profitèrent des mêmes faiblesses, et par des traités en règle obtinrent de gré ou de force d’élire domicile dans les anciennes provinces de l’empire. Ainsi furent occupées les Gaules, le Norique, les deux Pannonies, l’Illyrie, la Dacie, la Mésie, une partie de la Thrace et de la Macédoine, l’Afrique et jusqu’à l’Italie, d’abord par les Ostrogoths, puis par les Lombards et les Francs. Partout les barbares se superposèrent aux vieilles populations, se faisant leur part aux dépens des propriétés publiques et privées, rançonnant et pillant ceux qu’ils s’étaient chargés de défendre, substituant leurs dynasties de rois aux administrations locales, éteignant maints foyers de civilisation brillante, qui ne se rallumèrent jamais. Sans doute sur ces peuples et ces provinces, l’empire gardait ses droits de premier propriétaire ; il pouvait en faire foi, montrer dans ses archives les chartes de concession qui témoignaient à quelles conditions il les avait aliénés. Mais, dans la plupart des cas, l’occupation valut titre. Les barbares s’installèrent dans la maison d’autrui et refusèrent de payer le loyer promis. Il eût fallu la force pour appuyer des revendications fondées en droit, et le plus souvent la force fit défaut aux maîtres légitimes. Sous des Césars énergiques et bien servis par les circonstances, sous Justinien, sous Maurice, sous Basile, il fut possible de reprendre quelques-unes des provinces perdues, de les faire rentrer dans le giron de l’empire, et pour le reste de rendre leur lustre et leur valeur à des conventions tombées dans l’oubli. Mais ces réveils furent intermittents, les efforts méritoires de quelques-uns des Césars byzantins, mal soutenus et peu suivis, les exigences de la défense des frontières trop multiples, pour qu’il fût possible de tenir tète contre tant d’ennemis à la fois, pour punir toutes les défaillances et réprimer toutes les rébellions.

Ce n’est pas que l’aimée fût pire que pendant les derniers siècles de Rome. Un fragment d’Olympiodore nous en indique la composition aux temps d’Honorius et d’Arcadius. Elle comptait des fédérés, sous la conduite de leurs chefs barbares, masse confuse et mal disciplinée, et des réguliers ou bucullaires, qui n’étaient autres que les anciennes légions, recrutés de nationaux et de volontaires barbares[11]. Ces deux grandes divisions subsistèrent tant que dura l’empire. A côté des numeri ou légions recrutés de soldats, rompus aux exercices de la tactique savante, et qui faisaient leur profession du métier des armes, quelle que fût d’ailleurs leur origine, continuèrent à figurer des auxiliaires liés pour un temps et par des traités particuliers à la fortune d’un général ou au sort d’une campagne. Lorsque Constance voulut désorganiser l’armée de Julien, il lui manda de détacher de ses troupes et de lui envoyer les auxiliaires Hérules, Bataves et Celtes, ainsi que trois cents soldats choisis dans chaque légion. Mais les auxiliaires refusèrent d’obéir, sous prétexte que leurs conventions portaient qu’ils ne serviraient pas au delà des Alpes. Julien appuya leurs réclamations et fit valoir auprès de l’empereur que s’il ne respectait pas les traités, le recrutement outre-Rhin deviendrait impossible[12]. Quand une nation barbare avait été vaincue et reçue à composition, le général commençait par se faire livrer des otages qu’il envoyait en lieu sûr, généralement à Byzance et dans quelques-unes des grandes villes de l’empire ; puis il prélevait sur la jeunesse valide un contingent de choix qu’il incorporait aux légions[13]. Quelques-uns de ces soldats d’occasion et d’aventure, abandonnant tout esprit de retour, dédaigneux de leurs forêts et de leurs huttes natales, s'attachaient de cœur à leur nouvelle patrie, et se poussaient aux plus hautes dignités de l’armée et du palais. Byzance comme Rome dut souvent son salut à un Romain d’adoption. A la masse inconsistante et tumultueuse des fédérés, les empereurs préférèrent de plus en plus les cadres plus solides de l’ancienne légion ainsi modifiée. Elle offrait l’avantage de laisser le commandement à des officiers éprouvés et dévoués à leur drapeau ; on pouvait de plus y introduire des barbares de toute origine et de toutes langues, sans craindre des défections combinées et l’action exercée par des chefs barbares sur des soldats qui étaient en même temps leurs sujets[14]. Outre ces troupes régulières, les armées byzantines comptaient encore des corps spéciaux, désignés sous les noms les plus divers, suivant leur armement : scutaires, comtes-archers, cataphractes[15]. Quelques-uns étaient entièrement composés de barbares, mais choisis avec soin, et de longue main exercés aux manœuvres et aux évolutions recommandées par les traités de tactique. Les historiens nous ont transmis la composition de quelques-unes des armées romaines dont ils racontent les travaux. Narsès conquit l’Italie sur Totila et Teïas avec des troupes de choix où se coudoyaient des Hérules, des Huns, des Maures, des Perses et des Gépides. Il menait en outre avec lui des auxiliaires Lombards, commandés par leur roi Audouin ; mais il dut s’en défaire et les renvoyer dans leurs cantonnements, à cause de leur indiscipline et de leurs instincts effrénés de rapine[16]. L’armée que l’empereur romain Lécapène envoya en Lombardie, vers 933, comptait des Russes, des Chazares, des Arabes, des Panormitains, des Turcs, des Arméniens[17]. Celle qui eut pour mission à la même époque de reprendre la Crète sur les Musulmans était recrutée, pour une grande part de Russes, de Tulmatzes et de Slaves d’Opsicium[18].

Quant aux nations barbares, on ne les employait guère que pour appuyer les mouvements des armées régulières ; elles servaient surtout à contenir et à refouler le flot sans cesse renouvelé de l’invasion. Les empereurs opposaient barbares à barbares. C’était du reste la besogne qu’ils acceptaient le plus volontiers. Ceux qui ont imaginé, pour dramatiser le conflit de l’empire contre la barbarie, une conjuration de l’esprit d’indépendance contre l’esprit d’oppression ; ceux qui ont supposé dans ces peuples accourus à la curée de l’empire la haine du nom romain et le ressentiment d’anciennes injures subies par des compatriotes et des frères d’armes, ceux-là ont complètement méconnu les instincts beaucoup plus primitifs des bandes pillardes qu’attirait la richesse de l’empire. Ce que les barbares haïssaient le plus cordialement, c’étaient les autres barbares, et parmi ceux-là ceux qui leur étaient apparentés de plus près par le sang, la langue, les usages. Ils voyaient en eux des rivaux, des co-partageants du butin promis. Si le spectacle le plus doux au cœur d’un Romain, ce Romain fût-il Tacite, c’était de voir aux prises deux tribus barbares luttant entre elles jusqu’à l’extermination, leurs ennemis leur donnèrent souvent cette satisfaction chère à leur patriotisme. A peine les Ostrogoths ont-ils signé avec l’empereur Marcien le traité qui les admet comme fédérés de l’empire, que par ostentation et pour montrer leur vertu, ils se mettent à guerroyer impitoyablement tous les peuples qui les entourent[19]. Ils s’acharnent contre la confédération des tribus hunniques, en pleine dissolution depuis la mort d’Attila. Ils chassent les Satages qui occupaient la Pannonie intérieure, battent le fils d’Attila, Dinzio, qui avait groupé autour de lui les Ulzingures, les Angiscires, les Bittieges, repoussent dans ses forêts le roi des Suèves, Hunimond, exterminent presque jusqu’au dernier homme les Scires, qui disparaissent désormais comme nation. Il en fut de même des Avares qui, traités en alliés par Justinien, renversent la puissance des Huns Utigures, des Sales et des Sabires[20]. Contre les Sarmates Picenses, Constance réveille les inimitiés des autres Sarmates et des Taïfales qui dispensent les Romains d’intervenir[21]. Dans une bataille livrée par les Alamans à un comte romain, le drapeau des auxiliaires Hérules et Bataves tombe au pouvoir de ces barbares. Ce sont aussitôt des cris de joie et de triomphe ; autour de ce drapeau, les Alamans organisent des danses et trépignent d’enthousiasme. Hérules et Bataves étaient leurs ennemis particuliers plus que les Romains eux-mêmes[22]. De même contre les Bulgares qui ont battu ses armées, l’empereur Léon-le-Philosophe appelle les Hongrois, qui viennent de déboucher sur les rives de la Theiss[23]. Sans les barbares, en un mot, jamais les Romains ne seraient venus à bout de contenir si longtemps la barbarie et de lui disputer leurs frontières.

Du reste, ils n'ont pas changé, depuis le jour où Jules César les a vaincus pour la première fois et que l’empire a traité avec eux. Insolents dans la bonne fortune, rien n’égale leur humilité dès que le sort des armes a tourné contre eux. Les protestations d’obéissance, les signes extérieurs de la vénération la plus plate ne leur coûtent pas. Ils ne croient pas leur orgueil intéressé à résister à ceux dont la force leur impose. Ils offrent leurs femmes, leurs enfants, leur dévouement prêt à toute réquisition, pourvu qu’on leur accorde la vie, des terres, la sécurité. Le chef des Quades et des Sarmates, Zizaïs, mis en présence de l’empereur Constance, tremble de tous ses membres et perd de frayeur l’usage de la voix. Il la recouvre enfin et, à genoux, en présence de son armée qui a jeté ses boucliers et tend des mains suppliantes, il demande pardon de sa révolte et offre lui et sa nation à la discrétion de la clémence impériale[24]. Les rois des Sarrasins de l’Euphrate se prosternent aux pieds de Julien, lui offrent une couronne d’or et l'adorent comme le maitre de leurs nations[25]. Les Sarmates Limigantes implorent de l’empire l’oubli de leurs fautes et se déclarent prêts à accepter des terres dispersées au loin dans l’empire, à recevoir le nom avec les charges de tributaires et plongés désormais dans un repos profond, à adorer la Paix comme leur déesse tutélaire[26]. Tous, même ceux qui dans la fougue de leur premier élan ont fait trembler Rome et Byzance, sont ainsi ; protestant de leur fidélité, vantant les services qu’ils sont disposés à rendre, offrant l’épreuve de leur vaillance. Les Huns, désorganisés après la mort d’Attila, font auprès des empereurs assaut de servilité. Dotés de pensions ou de terres, ils se jalousent les uns les autres, se dénoncent aux officiers de l’empereur, rivalisent à qui méritera le mieux les grâces et les faveurs de Byzance. Les Huns Uturgures, envieux du bonheur des Cuturgures, qui viennent d’être admis dans l’empire, envoient à Justinien leur roi Sandich, qui plaide en ces termes la cause de sa nation :

Les bergers ont coutume de prendre à la mamelle de petits chiens, de les nourrir et de les élever chez eux. Le chien adulte reconnaît les bienfaits de ses nourriciers et les aime uniquement. De sorte que si les loups se jettent sur le troupeau, ils le défendent et protègent avec le berger la bergerie. Les chiens ne tendent pas d’embûches aux troupeaux ; ils ne font jamais contre eux alliance avec les loups. Ô prince ! dans ton empire si plein de richesses que l’intelligence ne les peut concevoir, les choses ne se passent pas autrement. Tu as besoin de gardiens fidèles pour le préserver contre les loups dévorants.

Or pendant que nous vivons péniblement dans nos solitudes stériles, tu dispenses aux Cuturgures le blé en abondance ; leurs celliers regorgent de vin ; on les reçoit dans les bains publics ; ils se parent d'ornements précieux ; pour vêtements ils ont des tissus légers brodés d’or. Et cependant ils ont entraîné dans leur patrie, des milliers de Romains, ils ont exigé d’eux les humiliants devoirs de l’esclavage. Au moindre délit, et même sans aucun prétexte ils leur infligeaient le fouet et toutes les tortures que la cruauté peut suggérer à l’esprit de maîtres méchants. Pour nous, nous avons délivré ces malheureux de leurs outrages, nous les avons rendus à leurs familles. Voilà nos services et les leurs. Nous demandons à être traités aussi bien qu’eux[27].

En termes presque semblables, les Lombards dénonçaient au même prince les déprédations des Gépides dans le Norique, et obtenaient de les supplanter dans leurs cantonnements et leurs réserves. Pour prix de ces bienfaits, ils exterminaient leurs voisins et prenaient leur place[28].

Pour contenir dans le devoir ce monde turbulent, à l’humeur inquiète et violente, il eût fallu, comme faisaient les premiers Césars, entretenir à demeure auprès de ces nations, des résidents ou des tuteurs, leur donner de la main du prince des chefs dont la fidélité ne fût pas douteuse, même leur en imposer d’étrangers. Les empereurs ne le voulurent ou ne le purent point. Cependant instruits par l’expérience ils essayèrent quelquefois d’éviter les écueils d’une politique trop imprévoyante. L’empereur Théophile installa à demeure auprès du chagan des Chazares, le comte Petronas avec le titre de préfet, en raison de l’importance du passage de la Chersonèse que tenaient ces barbares[29]. L’empereur Basile ayant fait rentrer sous l’autorité de l’empire les peuples Croates, Serbes et autres tribus, scythiques, qui depuis un siècle avaient vécu sur les rives de la Save, dans une indépendance absolue, leur nomma des préfets qu’ils consentirent, par crainte des Sarrasins, à accepter de lui[30]. Peut-être Maurice fit-il une tentative analogue au commencement de l'établissement des Lombards en Italie[31]. Mais ce ne furent là que des velléités passagères, des mesures transitoires et personnelles qui n’acquirent jamais la consistance et la suite d’un plan politique.

Les Byzantins comptaient davantage sur la connaissance profonde qu’ils avaient acquise du caractère et des appétits des barbares. Ils tenaient leur cupidité et leur amour-propre en éveil par l’octroi des titres et des honneurs qu’on leur décernait, par les pensions, les dons en nature et en argent dont la valeur était stipulée par les traités. Tous tendaient les mains vers Byzance qui leur apparaissait comme une mine inépuisable de richesses. Ils étaient très-sensibles aux douceurs et aux raffinements d’un luxe qui excitait leur curiosité avide, qui faisait germer en eux des besoins que l’empereur pouvait seul satisfaire. On ne réfléchissait pas que ces besoins une fois éveillés, la crainte seule, et l’attente d’une répression impitoyable et sûre, pouvait empêcher ces natures primitives et fougueuses de se précipiter, pour peu que l’occasion s’y prêtât, sur l’objet de leurs convoitises, et d’assouvir leur passion de luxe et de jouissances.

Aux chefs de nations avides de considération, désireux d’occuper une place dans l’empire, d’y jouer un rôle officiel et de joindre au titre que leur donnait la naissance parmi leurs compatriotes, le prestige d’une dignité qui imposait aux Romains eux-mêmes, les empereurs distribuaient les honneurs les plus enviés de la cour. Alaric, sans pouvoir obtenir la maîtrise delà milice qu’il ambitionnait, recevait le traitement de général d’armée, soit quatre-vingts centeniers d’or[32]. Attila était payé comme stratège et réclamait chaque année impérieusement sa solde[33]. Théodoric, fils de Valamir, se parait du titre de patrice et de duc. Le futur roi des Ostrogoths d’Italie avait revêtu à Byzance la pourpre consulaire, et Zénon l'avait adopté en fils. D’autres souverains, comme les rois francs et burgondes, reçurent le patriciat et le consulat. Les rois wisigoths d’Espagne et les Lombards obtenaient de porter le nom de Flavii que les empereurs eux-mêmes ajoutaient h leurs titres. Le roi des Bulgares au x e siècle, et par une faveur tout exceptionnelle, fut désigné par la chancellerie byzantine, si pointilleuse, par le terme sacré de βασιλεύς, qui lui constituait une supériorité sur tous les autres chefs barbares. Les empereurs espéraient ainsi rattacher officiellement à l’empire et compter comme sujets des princes devenus, pour la plupart, réellement indépendants dans leurs provinces.

Il fallait bien d'ailleurs, au moins pour les plus puissants et les plus éloignés du centre d’action de l’empire, se contenter de sauver les apparences. C’est pourquoi tous devaient recevoir avant toutes choses les images et les statues du prince. Les rejeter c’était se déclarer en état de révolte contre l’empire ; les accepter c’était avouer sa suprématie et sa tutelle morale. L’usage était général et sa signification bien connue de tous les barbares. Constantin envoyai tous les petits rois indiens, dont les ambassadeurs étaient venus le saluer, son portrait peint sur bois et ses statues. Eusèbe, qui cite le fait, ajoute : En les recevant ils témoignaient le reconnaître pour l’autocrate et l’empereur[34]. Parfois ces envois officiels étaient déguisés sous une forme qui devait tout particulièrement flatter la cupidité des barbares. C’étaient de gros médaillons d’or, généralement munis de belières et destinés à être suspendus au cou comme les médailles de nos ordres. Ils portaient au droit l’effigie du César régnant à Byzance ; au revers, la formule : Gloria Romanorum. Ils atteignaient parfois un poids considérable. Celui que Chilpéric montrait avec complaisance à Grégoire de Tours et qu’il avait reçu de Tibère II, pesait soixante-douze solidi[35]. Nous en avons de Justinien et de Constance de cinquante-six solidi. Nulle part les historiens n’en signalent un pareil à celui qui était conservé dans le trésor-des rois wisigoths. S’il faut en croire Frédégaire, ou si Frédégaire n’a pas été victime d’une erreur de transcription, il aurait pesé cinq cents solidi. Pour se rendre maître de cette pièce unique, Dagobert aurait déclaré la guerre au roi Swintila[36]. On saut que l’effigie de l’empereur frappée même sur une monnaie, à plus forte raison sur des médailles fabriquées à l’usage des barbares, équivalait à l’image et à la statue du prince. L’insulter ou la contrefaire était puni comme un crime de lèse-majesté. Les princes barbares portaient ainsi sur leur costume de cérémonie, comme l’emblème de leur dépendance et le signe visible de la suprématie impériale.

Outre des sommes parfois énormes et qui pouvaient passer pour la rançon d'un Etat, trois cents livres d’or aux Lombards, quatre-vingt mille écus aux Avares, les empereurs expédiaient du blé, du vin, des vêtements, souvent les matières premières nécessaires à l’industrie rudimentaire des barbares ; à chacune de ces nations, suivant ses goûts, ses besoins ou ses désirs. Il semblait que l’empire fût devenu tributaire de la barbarie, et qu’il ne crût pas devoir acheter trop cher la tranquillité de ses frontières. Il nous reste un de ces traités, un des moins onéreux et des plus raisonnables, conclu par l’empereur Constantin Porphyrogénète, avec un des peuples scythes qui gardaient la Chersonèse taurique. Il est intéressant par les articles qui s’y trouvent énumérés. Parce que vous avez travaillé honnêtement pour nous, comme d'ailleurs pour les pieux ancêtres de notre divinité, nous vous confirmons les privilèges et immunités d'impôts à travers nos provinces que vous avez déjà obtenus. Nous vous donnons en outre notre statue d’or, avec une chlamyde impériale, les fibules et la couronne d’or, pour servir d’ornement à votre cité, de même une charte de notre main consacrant les privilèges et immunités de vous et de vos matelots ; de plus, comme signe de la sincérité de nos intentions, des anneaux d’or, portant gravée l’image de notre Majesté, afin que les messagers chargés de vos suppliques soient partout reconnus ; nous vous donnons encore des nerfs de bœufs, des bois à grain fin, du fer et de l’huile pour la confection de vos balistes de guerre, mille rations de blé pour vous encourager à l’exercice de la balistique : Le tout vous sera chaque année expédié dans la Chersonèse[37].

Si tous les traités conclus par les princes byzantins avaient eu ce caractère d’utilité pratique, on serait mal venu à contester les avantages de la politique suivie avec les barbares. Malheureusement ni les exigences de ceux-ci n’étaient toujours aussi modestes, ni les empereurs ne furent toujours assez sages pour restreindre leurs faveurs en des limites raisonnables. Il est vrai qu’ils avaient souvent la main forcée par les nécessités du moment, les barbares étant habiles à exploiter les périls de l’empire et par le désir d’éviter des mécontentements et des complications qui auraient divisé leurs forces. Les princes avaient l’air de faire des grâces, de dispenser leurs dons par pure bénévolence ; ils prenaient le ton de bienfaiteurs dans les harangues de leurs légats ; en réalité ils subissaient une contrainte et par malheur cette attitude ne trompait personne. L’histoire des Avares est instructive, comme exemple des dangers que pouvaient faire courir à l’Etat ces admissions en masse de tribus barbares, et de l’insolence auxquelles les inclinaient invinciblement des concessions trop généreuses.

Après avoir longtemps erré par le monde, dit un historien, ils s’abouchèrent avec les Alains et prièrent leur roi Sarosius de les faire connaître aux Romains[38]. C’est ainsi que de proche en proche se répandait le bruit des générosités des Césars et le désir d’entrer à leur service. L’officier qui commandait dans le Lazique transmit à Justinien la pétition des Avares. Les orateurs de cette nation furent mandés à Byzance. On peut résumer en peu de mots leurs discours. Nous appartenons à la nation la plus forte et la plus brave du monde entier ; elle est capable de repousser et d’exterminer tous vos ennemis. Votre intérêt vous commande de conclure avec nous une alliance et de vous assurer des auxiliaires aussi précieux. Quant à nous, nous ne servirons l’empire qu’à condition de recevoir une solde annuelle et une région fertile que nous puissions cultiver[39]. Justinien accepta un concours si pompeusement offert, et satisfait des premiers services des Avares, il les établit sur les rives de la Save. L’empire devait bientôt se repentir de tels alliés. Peu d'années après, sous le règne de Tibère, le chagan ou khan envoie à l’empereur le lieutenant chargé de toucher la solde, de faire tous les achats nécessaires à la nation ; sitôt qu’il est de retour, le barbare, sans provocation, sans donner te moindre prétexte, se jette sur Sirmium, dont il voulait faire sa capitale. L’empereur qui était tout absorbé par la guerre contre les Perses, essaie d’apaiser les Avares et de leur faire entendre raison. Voici la réponse curieuse que fit le chagan aux officiers impériaux : Le prince nous ménage en ce moment, parce qu’il a sur les bras une guerre contre les Perses ; mais cette guerre terminée, qui sait s’il ne tournera pas ses armes contre nous. Aussi désirons-nous prendre nos sûretés. Nous n’avons pas la naïveté de croire que l’empereur porte grand intérêt aux Avares. Pourquoi en pleine paix a-t-il pourvu Sirmium de nouvelles fortifications ? Sans doute le khan reçoit chaque année exactement les dons impériaux ; ce sont assurément de belles et bonnes choses que l’or, l’argent et les tissus de soie ; mais de tous les biens, le plus précieux est encore la vie. Or, nous n’ignorons pas que les Romains ont souvent attiré chez eux par l’appât de hautes récompenses des nations barbares, et que par la suite ils les ont ruinées et détruites. Aussi discours et présents n’y feront rien, les Avares prendront Sirmium et n’auront pas de repos qu’ils y soient installés. Il fallut en passer par ces conditions. L’empereur commit la faute de livrer Sirmium, après en avoir transporté ailleurs les habitants ; il paya de plus au khan le solde de trois années[40].

Tant de condescendance de la part de l’empereur, un succès si facile ne firent qu’encourager les exigences des barbares. A quelque temps de là, le khan réclama une augmentation de solde, vingt mille écus d’or, en plus des quatre-vingt mille qu’il recevait. L’empereur consentit par amour de la paix. Bientôt le khan demande un éléphant de l’Inde, parce qu’il De connait pas cet animal, et des coussins dorés. La curiosité des barbares satisfaite, nouvelle réclamation. Cette fois il s’agissait d’un autre supplément de solde de vingt mille écus. L’empereur Maurice, à bout de patience, refusa. Alors le khan se jeta sur Belgrade, Anchialum et menaça les Longs-murs, après avoir envoyé à Maurice, en signe de dérision et de défi une lettre portant la suscription suivante : Au roi des Romains, le khan, grand seigneur des sept nations et le maître du monde. On dut en venir à une guerre ouverte ; les patrices Elpidius et Commentiolus châtièrent les Avares et les firent rentrer dans leurs cantonnements ; mieux eût valu commencer par là. La paix obtenue n’était qu’une trêve ; à la première occasion favorable, les Avares devaient reprendre les armes[41]. Cette histoire est celle de la plupart des barbares introduits dans l’empire sous prétexte de le protéger. Frappés de loin par son éclat et sa renommée, ils se taisaient humbles et promettaient leur concours empressé ; dès que familiarisés avec les institutions et les populations romaines, ils avaient appris à connaître le secret de leur faiblesse, ils retrouvaient toute leur arrogance et élevaient d’exorbitantes prétentions. Tout leur était prétexte pour faire contribuer l'empire. Soldats pour défendre un point des frontières, il leur suffisait de prendre les armes pour se faire acheter leur repos ; tour à tour et suivant l’occasion les loups et les chiens du troupeau.

Si les empereurs furent tous d’accord pour se servir des barbares et les considérèrent comme un appoint nécessaire à leurs combinaisons politiques, ils en usèrent avec plus ou moins de discrétion et de prudence, selon leur caractère, les nécessités de l’empire, et la solidité ou la fragilité de leur situation personnelle. Deux systèmes dominèrent tour à tour dans les conseils des princes : la terreur ou la confiance, l’extrême libéralité ou l’extrême rigueur. Constantin, tout pénétré de la majesté de l’empire et des desseins de Dieu sur sa personne, ayant de plus le sentiment de la force que l’unité de l’empire assurait à ses armes, traita les barbares avec raideur et révoqua la plupart des pensions qui leur étaient payées par ses prédécesseurs. Les empereurs, dit son biographe[42], payaient autrefois tribut aux Scythes et aux Sarmates. En réalité, les Romains étaient dans la servitude de ces barbares, puisqu’ils acquittaient envers eux une redevance annuelle. Le prince ne voulut pas souffrir une telle indignité ; il estima que ses victoires le mettaient au-dessus des engagements contractés par ses prédécesseurs. Sous Constance, sous Julien, sous Théodose, loin de faire la loi, les Barbares la subirent ; on obtenait plus d’eux par l’intimidation que par la faiblesse. Mais, il mesure que l’empire s’affaiblit et que, chaque jour plus nombreuses, les nations barbares se pressèrent autour des frontières, s’entraînant Tune l’autre comme pour un butin commun à partager, il fallut compter davantage sur un élément qui n’avait occupé jusqu’alors qu’une part secondaire dans les préoccupations des Césars. Au déploiement de forces, souvent non disponibles, on dut suppléer par des prodiges d’adresse et de diplomatie. L’étude du monde barbare devint le souci constant des politiques. Sur chacune de ces tribus, leurs parentés, leurs rapports de voisinage, leurs dissensions intestines, leurs relations commerciales, on tint au palais les notes les plus minutieuses et les plus exactes. Pour agir sur elles, les manier, les opposer l’une à l’autre et les tenir mutuellement en échec, il était indispensable de connaître les familles influentes qu’il fallait gagner, les présents qui leur étaient le plus sensibles, les sentiments ou les intérêts qu’il convenait de remuer et de mettre en jeu[43].

Cette science fut rarement pratiquée avec autant de dextérité et de succès que par Justinien. Quoi que la malignité de Procope ait pu lui suggérer, il restera toujours à l’actif de la politique impériale d’avoir obtenu sous ce prince des résultats positifs et considérables. La conquête de l’Italie sur les Ostrogoths, celle de l’Afrique sur les Vandales, l’influence de Byzance rétablie chez les Visigoths et chez les Francs ; c’en est assez pour venger Justinien des reproches accumulés contre sa mémoire par la rancune de l’historien, pour excuser même bien des imprudences et des mécomptes. Pour employer une expression moderne, personne ne connut mieux que lui l’échiquier politique de son temps ; du fond de son palais et de sa capitale, dont il ne sortit guère, personne ne sut en manœuvrer les pièces avec plus de précision et d’habileté. Qu’entraîné par l’esprit du système, il ait commis des fautes, qu’il ait surexcité chez les barbares des convoitises que ses successeurs eurent de la peine à réprimer, nul ne le niera ; mais jamais aussi le nom romain ne pénétra plus loin et ne retentit aux extrémités de la terre avec plus d'éclat.

Ecoutons maintenant les accusations de Procope : Il prodigua des richesses immenses à toutes les nations barbares, sans en oublier aucune, celles du levant aussi bien que celles du couchant, celles du midi et celles du nord, et jusqu’aux peuples du fond de la Bretagne. Il combla de ses faveurs des nations dont avant lui personne n’avait su le nom et qu’on voyait pour la première fois avant d’en connaître l’origine et la race. Aussi les barbares, devinant sa manie, affluaient de tous les points du globe à Byzance. Lui cependant les recevait aussitôt, et témoignait par l’épanouissement de ses traits du plaisir qu’il avait à les voir et du profit qu’il en espérait. Aussi épuisa t-il les richesses de l’empire en prodigalités aux barbares, en bâtiments, en dépenses de luxe. Le trésor des Romains fut à la discrétion de ces étrangers pensionnés par l’Etat, et qui lui vendaient le butin qu’ils avaient fait, les captifs qu’ils avaient enlevés, les conditions de paix qu’ils acceptaient (t). Une fois qu’ils avaient goûté des richesses de Byzance, il était impossible de les en détacher et de leur en faire oublier le chemin[44].

Les conséquences de cette politique ne tardent pas à se faire sentir : Avant Justinien, les Romains vivaient en paix avec leurs voisins. Mais cet homme, impatient de repos et animé d’une fureur sanguinaire, n’eut pas de cesse qu’il ne les mit aux prises les uns avec les autres. Il manda sans aucun prétexte auprès de lui les chefs des Huns, leur prodigua dans sa munificence insensée des sommes énormes, pour s’assurer, disait-il, leur amitié. Revenus chez eux, chargés de notre or, ils prévenaient d’autres chefs et d’autres hordes, qui ravageaient nos provinces, pour se faire acheter une paix que César était toujours empressé de leur vendre. Après ceux-là d’autres venaient encore, tirant double profit des rapines auxquelles ils se livraient et du trésor qu’on leur tenait ouvert. Ainsi la curée continuait sans trêve, les barbares se passant la main, et revenant à l’assaut de nos richesses comme en un cercle sans issue[45]. Il faut croire que ces plaintes avaient quelque fondement, puisqu’elles sont répétées par plusieurs des historiens contemporains, Agathias, Ménandre, Ephrémius, Jean d’Antioche, et puisque le peuple dans l’hippodrome reprocha au prince ses largesses, comme si les Romains avaient à racheter des torts à l’égard des barbares[46].

Dans le fait, il serait difficile de citer une peuplade que Justinien n'ait fait explorer par ses ambassadeurs, qu'il n’ait tentée par’ des présents. Des négociations en règle étaient entamées avec les plus lointaines et les plus inconnues, comme les Sarrasins des bouches de l’Euphrate, les Abares de la Colchide, le roi d’Axoum, les Ethiopiens et les Homérites de l’Abyssinie[47]. La Chine reçut ses missionnaires qui y entretinrent des chrétientés florissantes, comme en témoigne la longue inscription de Si-gnan-fou, de quelque temps postérieure. Ce ne fut à Byzance, durant son règne, que défilés de barbares, que cortèges de souverains exotiques, suivis de leurs sujets dans les costumes les plus variés et les plus pittoresques. Les historiens ont retenu les réceptions faites au roi des Hérules, Grétès ; à Gordas, roi des Huns du Bosphore ; à Alundus, roi des Gépides ; à Sandil, souverain des Avares ; à Kaysus, cheik des Sarrasins ; au roi des Axumètes, Adadius ; à Zamanarcus, roi des Ibères, dont la femme fut comblée de présents et parée de bijoux précieux par Théodora[48].

l serait puéril de mettre ces empressements sur le compte de la curiosité ou d’une vaine ostentation de magnificence. Quelques passages d’Agathias et de Jean d’Antioche nous mettent sur la voie d’explications plus plausibles. Il y avait un calcul dans ces prodigalités. Plutôt que de mettre sur pied des armées nombreuses, qui grevaient le trésor public d’énormes charges et qui auraient tait de toutes les frontières un vaste champ de bataille, Justinien préférait consacrer les forces militaires de l’empire à des entreprises plus fructueuses et plus difficiles, comme les guerres de Perse, la conquête de l'Afrique et de l'Italie ; en ce qui concerne les barbares, il multipliait contre eux les barrières et les postes fortifiés, et s'en remettait pour les paralyser et les détruire aux inimitiés et aux haines qui les divisaient. Il suffisait pour cela de mettre le prix nécessaire au dévouement intéressé de quelques rois ou d’attiser leurs rivalités. C’est par ces procédés qu’il ruina les unes par les autres les tribus hunniques qui se pressaient sur la rive droite du Danube. Il écrivait à l’un de leurs chefs, pour s’excuser de la modicité des présents qu’il lui adressait : Je t’en destinais de bien plus beaux ; mais ils ont été détournés en chemin par ton collègue, sous prétexte qu’il mérite, par la supériorité de sa force et de ses services, de garder pour lui la meilleure part. Montre-lui et montre-nous qu’il se trompe et que tu l’emportes sur lui. De telles ruses, souvent renouvelées et variées, semaient entre les tribus la discorde et la défiance. Les Huns s’exterminèrent les uns les autres, sans qu’il fût besoin de les aider en recourant aux armées byzantines. Au moment où la mort le surprit, Justinien était occupé à jouer le même jeu avec les Avares et avec le même succès[49]. A mesure qu’il vieillissait, craignant davantage de commettre sa fortune aux hasards des armes et de conflits sans gloire, il se plaisait de plus en plus à ces combinaisons et à ces coups de partie où excellait son génie patient et rusé. Lui aussi, comme Bélisaire et Narsès, remportait des-victoires qui allongeaient la liste de ses titres ; mais ses triomphes ne coûtaient qu’au trésor de l’empire et épargnaient le sang de ses peuples.

Son successeur Justin II prit le contre-pied de la politique de son oncle. Il appartenait à la faction qui blâmait le système des largesses aux barbares. Il voulut procéder par l’intimidation et la peur. Plus de réceptions fastueuses au palais, plus de pensions et de dons gracieux à ces rois que Justinien avait habitués à tant de générosité. Il refusa une audience publique à un cheik sarrasin et ne consentit à le recevoir que seul, sans suite ni cortège. Et comme celui-ci insistait pour recevoir les présents stipulés par ses conventions avec Justinien : Il serait par trop ridicule, s’écria-t-il, que les Romains se reconnussent tributaires des nations sarrasines et de tous ces nomades ![50] Cependant ces mêmes Sarrasins étaient fort utiles à l’empire dans ses démêlés avec la Perse ; ils se chargeaient d’opérer au sud de leurs États des diversions heureuses aux opérations qui avaient pour théâtre les plateaux de l’Arménie et le haut Euphrate. Plus tard Justin lui-même dut en convenir et payer aux Sarrasins le prix qu’ils réclamaient de leur concours, mais il stipula qu’ils tenaient ce don de sa libéralité et non d’une convention qui l’engageât pour les années suivantes. Il recevait avec le même mauvais vouloir l’ambassadeur du roi de Perse, Sebochtès, qui venait réclamer les sommes dues à son maître par l’empire, aux termes du traité consenti par Justinien, Je ne puis approuver, dit-il, une amitié qui s'estime au poids de l’or, c’est un marché honteux et servile quand elle s’achète ; la véritable amitié n’est fondée que sur la nature et la raison. Discours admirable, si les intérêts des États se conduisaient selon les maximes de la philosophie, mais qui n’eut pour réponse qu’une déclaration de guerre de la part des Perses[51]. L’ambassade des Avares n’eut pas plus de succès ; il est vrai que le langage de leur orateur tantôt humble, tantôt menaçant, n’était pas fait pour se concilier l’atrabilaire empereur. Je ne me laisserai, répondit-il, ni gagner par vos flatteries, ni effrayer par vos menaces. Allez-vous-en d’ici, satisfaits de pouvoir quitter sains et saufs ma capitale. Rapportez à vos frères, au lieu de l’or et de l’argent que vous attendiez, une salutaire terreur. Nous n’avons que faire de vos secours. Quand nous aurons besoin de vous, nous vous paierons, et l’or que vous recevrez sera, non pas un tribut, mais le prix de votre servitude[52]. Ce langage à coup sûr était digne de la majesté de l’empire, il rappelait la fierté du vieux temps ; mais les forts seuls ont le droit de parler ainsi, de tels discours veulent être appuyés par des actes qui en fassent sentir le poids. Peut-être n’étaient-ils pas en situation dans la bouche d’un prince dont on savait l’incapacité et la faiblesse. Le premier étonnement passé, ils prêtaient à la risée et appelaient de promptes vengeances. Et ce fut le cas pour la harangue de Justin, que d’ailleurs son historien Ménandre appelle un faible d’esprit. La vérité était entre ces deux extrêmes.

Cette science du gouvernement des barbares, si nécessaire aux empereurs, puisque d’elle dépendait en partie le salut de l’État et la tranquillité publique, a inspiré à Constantin Porphyrogénète la plupart de ses très-curieuses compilations. Jamais la barbarie n’a tenu une si grande place dans les préoccupations des politiques ; il est évident que le souci capital est de se défendre contre elle. Et comme dix siècles se sont écoulés depuis que l’empire est en contact avec elle, comme il a vu se renouveler fréquemment le nom de ces tribus et de ces États acharnés à se détruire les uns les autres, ce sont les leçons de cette longue expérience que l’empereur érudit a voulu consigner dans ses livres pour régler la conduite de ses successeurs. Si l’on veut en effet prêter quelque attention aux titres et au contenu de ces ouvrages, on s’apercevra bien vite de cette préoccupation dominante. Le livre des Cérémonies lui-même peut se diviser en deux parties qui traitent exclusivement de l’étiquette à observer, l’une pendant les solennités religieuses, l’autre pendant la réception des barbares. Le recueil des Ambassades est de tous le plus précieux. Il contient les fragments d’historiens pour la plupart perdus, depuis le troisième siècle jusqu’au neuvième, racontant les missions dont furent chargés auprès des nations barbares les dignitaires de la cour de Byzance. Un ouvrage, dont de rares fragments ont été retrouvés par Fabricius Peiresc, le De virlutibus et vitiis. renfermait deux livres dont la perte est infiniment regrettable pour nous, intitulés : Sur les peuples et sur les demandes de secours ; ce devaient être des traités de géographie politique. La Tactique qui contient les préceptes de l’art militaire, tels que le temps, l’expérience et la qualité des adversaires ont pu le modifier depuis Végèce, nous donne le récit de plusieurs expéditions importantes, et ce, qui intéresse davantage l’historien, la composition des armées qui opérèrent en divers lieux contre les barbares. La préface du Traité d’administration nous indique la portée et le but de l’ouvrage. Je vais, dit l’empereur à son fils, t’enseigner une science dont la connaissance est nécessaire pour t’éviter bien des erreurs dans l’exercice des affaires publiques. Je l’expliquerai quelles sont chacune des nations qui avoisinent l’empire, et dans quelle mesure elles peuvent le servir, dans quelle mesure lui nuire, quelles sont les qualités et les mœurs de chacune, et par qui parmi leurs voisines, elles peuvent être surveillées, attaquées et maîtrisées. Je te dirai quelle est leur avidité et leur cupidité insatiable, comment on doit éluder leurs réclamations iniques. Tu sauras enfin par quels procédés on peut les manier, les gagner, les repousser et les subjuguer. Suit, conformément à ce programme, l’énumération des peuples qui gravitent autour de l’empire. Ce monde barbare a complètement changé depuis Constantin et Justinien. Au Xe siècle il est question surtout des Russes, des Turcs, des Khazares, des Bulgares, des Slaves, des Patzinaces. Nous ne pouvons suivre l’auteur dans la description qu’il donne de chacun d’eux et dans les instructions très-détaillées et très-pratiques dans lesquelles il entre, pour s’assurer leur fidélité toujours intéressée et chancelante. On voit que le système de Justinien n’a jamais été complètement abandonné par ses successeurs, et que les procédés en usage vis-à-vis des barbares résultaient de la nécessité et de la nature des choses. Pour clore ce tableau, en regard de cette poussière de nations, inférieures et haineuses, le royal écrivain esquisse à grands traits et à grands renforts de métaphores bibliques, l’image de l'empire et de l’empereur. Ta Majesté leur apparaîtra formidable et elles fuiront loin de toi, comme du feu. Le frein sera à leur bouche et tes paroles les transperceront comme des traits. Ton aspect leur sera terrible, et en ta présence elles seront saisies de tremblement. Le Dieu-tout puissant sera contre elles ton bouclier, il t’instruira de ses conseils, dirigera tes pas et t’affermira comme sur un piédestal inébranlable. Ton trône sera comme le soleil devant lui, ses yeux seront tournés vers toi, parce qu’il t’a choisi lui-même, qu’il t’a séparé du troupeau dès le sein de ta mère afin de te réserver son empire comme au meilleur, et il t’a placé comme un observatoire sur une colline, une statue d’or sur une montagne, une ville sur une hauteur, afin que les peuples t’apportent leurs présents et que les habitants de la terre se prosternent devant toi.

 

 

 



[1] Suétone, Auguste, cap. 48. Idem, Caligula, cap. 14. Petrus. Patricius, De Legat., cap. 1. Spartien. Hadrien, cap. 20.

[2] Ammien Marcellin, lib. XXVII, cap. 5.

[3] Spartien, Hadrien, cap. 6.

[4] Priscus Rhetor ex hist. Gothicâ, cap. 9.

[5] Ammien Marcellin, lib. XVI, cap. 12.

[6] Eunapii Sardiani, Excerpta de Legat.

[7] Voir le traité passé par Aurélien avec les Vandales. Ad ann. 271 (Dexippus, Excerpta de Legat., cap. 12).

[8] En grec on leur conserve le nom de φοιδεράτοι. V. Malchus. Excerpta de Legat., II, 94. Jornandès, Hist. Gothor., cap. 16, 21, 28.

[9] Voir, sur cet évènement capital : Jornandès. Hist. Goth., cap. 25-48 ; Eunapius Sardianus. Excerpta de Legat., II, 6 et 7, et II, 19, 20 ; Ammien Marcellin, lib. XXXI, 4 ; Socrate. Hist. Eccles., lib. IV, cap. 34.

[10] Ammien Marcellin, lib. XXXI, 4 ; Socrate, Hist. Eccles., lib. IV, cap, 34.

[11] Olympiodore, Bibliotli. Photii, n° 80.

[12] Ammien Marcellin, lib. XX, cap. 4.

[13] Ammien Marcellin, lib. XXXI, cap. 10. Il est question des Lentiens vaincus par l’empereur Gratien. V. Zosime, lib. II, trad.

[14] Pour le peu de solidité de ces troupes auxquelles on était quelquefois obligé de recourir, voir Zosime, lib. III, la composition de l’armée de l’usurpateur Procope ; Cédrénus, Hist. Comp., II, 772, 773 ; les mésaventures de Justinien Rhinotmète.

[15] Ammien Marcellin, lib. XVIII, cap. 9.

[16] Procope, De Bell. Goth., lib. IV, cap. 26.

[17] Constantin Porphyrogénète, De Cerim., lib. II, cap. 45.

[18] Constantin Porphyrogénète, De Cerim., lib. II, cap. 46.

[19] Jornandès. Hist. Goth., cap. 52, 53.

[20] Menander Protector., Excerpta de Legat., II, 99.

[21] Ammien Marcellin, lib. XVII, 13.

[22] Ammien Marcellin, lib. XXVII, cap. 1.

[23] Cédrénus, II, 1055.

[24] Ammien Marcellin, lib. XVII.

[25] Ammien Marcellin, lib. XXIII, cap. 3.

[26] Ammien Marcellin, lib. XVII, cap. 10.

[27] Procope, De Bell. Goth., Lib. IV, cap. 19.

[28] Procope, De Bell. Goth., Lib. III, cap. 33.

[29] Cédrénus, Hist. Comp., II, 930.

[30] Cédrénus, Hist. Comp., II, 1018-1020.

[31] Voir notre chapitre sur les Lombards.

[32] Olympiodore, Biblioth. Photii, n° 80.

[33] Priscus Rhetor., Hist. Goth., II, 65.

[34] Eusèbe, De vita Constant., Lib. IV, cap. 50.

[35] Grégoire de Tours, lib. VI, cap. 2.

[36] Frédégaire, cap. 73.

[37] Constantin Porphyrogénète, Opera. De Adminlst. Imperio, cap. 53.

[38] Menander Protector. Excerpta de Legat., II, 99, 1.

[39] Menander Protector. Excerpta de Legat., II, 99, 1.

[40] Menander Protector. Excerpta de Legat. Barbarorum, II, 21-31.

[41] Menander Protector. Excerpta de Legat. Barbarorum, II, 21-31. — Theoph. Simocatta, II, 189, 190. — Cédrénus, Hist. Compend., II, 691, 692.

[42] Eusèbe, De Vita Constant., lib. IV, cap. 5.

[43] Voir, comme exemple, le curieux interrogatoire subi par le chef des envoyés turcs, Maniach, en présence de Justin II. (Menander Protector. Excerpta de Legat., cap. 7.)

[44] Procope. Hist. secret., cap. 8.

[45] Procope. Hist. secret., cap. 2.

[46] Agathias. lib. V.

[47] Voir la curieuse ambassade de Nonnosus. Biblioth. Photii, p. 3.

[48] Voir Cédrénus, qui mentionne année par année ces visites et ces réceptions.

[49] Agathias, lib. V.

[50] Menander Protector. Excerpta de Legat., II, 106, cap. 6.

[51] Menander Protector. Excerpta de Legat., cap. 20.

[52] Menander Protector. Excerpta de Legat., II, 102, 103, cap. 5.