LES TRANSFORMATIONS DE LA ROYAUTÉ PENDANT L'ÉPOQUE CAROLINGIENNE

LIVRE III. — [LES INSTITUTIONS MONARCHIQUES SOUS LE GOUVERNEMENT DES CAROLINGIENS]

 

CHAPITRE VI. — LE PALAIS.

 

 

[Après avoir examiné les différents caractères de h royauté carolingienne, il faut étudier les institutions qui se rattachaient directement à elle, le Palais, les grands, le Conseil et les assemblées qui entouraient le roi et l'aidaient à gouverner, c'est-à-dire les principaux organes de la vie politique et de l'administration centrale.]

Le Palais, tel que nous l'avons vu sous les Mérovingiens, se continue avec la nouvelle dynastie. Ce Palais n'est pas une demeure, il est un ensemble d'hommes. un personnel qui entoure ie roi, et qui, s'il se déplace, se déplace avec lui[1].

 

1° [L'ORGANISATION DU PALAIS.]

 

On l'appelle palatium regis[2], aula reqia[3], domus reqia[4], regis comitatus[5]. Ces noms sont ceux qui étaient usités, depuis le temps de l'Empire romain, pour désigner l'entourage du prince. Le terme nouveau de curia regis commence à apparaître[6].

Comme au temps de J'Empire romain, on l'appelle le Palais sacré, sacrum palatium[7]. Les hommes qui en font partie s'appellent des palatini[8] ou des aulici[9]. Être dans le Palais, c'est être au service du roi, et dans la langue du temps cela se dit servire ou militare in palatio[10].

Pour connaître ce Palais carolingien nous possédons quelques documents importants : le traité fait par Adalhard au temps même de Charlemagne et dont un résumé nous a été conservé par Hincmar ; un capitulaire de 820 sur le règlement intérieur du Palais ; plusieurs lettres d'Éginhard et un poème de Théodulfe. Il semble bien que la bonne organisation du Palais ait été l'un des principaux objets de préoccupation des esprits. Gouverner le Palais était aussi important, peut-être aussi difficile, que gouverner le royaume[11]. Peut-être même peut-on dire que la grande supériorité de Pépin et de Charlemagne s'est plus marquée dans le gouvernement du Palais que dans celui du royaume et de la société.

Sous les Mérovingiens, le Palais avait eu un chef unique, le maire. C'était par l'exercice de cette charge que les Pépins avaient attiré à eux l'obéissance de tous les hommes, et acquis ainsi la force de renverser l'ancienne dynastie. Lorsqu'ils changèrent le titre de maire contre celui de roi, ils se gardèrent bien de nommer un autre maire. Ils firent disparaître la mairie.

L'ancien comte du Palais devint alors le premier dans la hiérarchie. Nous voyons ce haut fonctionnaire figurer dans les actes de jugement, comme autrefois[12] ; mais, ce qui est nouveau, c'est qu'il a la surveillance et le gouvernement de tout le Palais[13]. Il est le premier des grands. Encore apercevons-nous cette singularité qu'il existe plusieurs comtes du Palais à la fois[14]. Nous ignorons d'ailleurs s'ils se partagent la direction du Palais, ou bien si chacun d'eux l'a tout entière à tour de rôle.

Sous ces comtes du Palais, le Palais se partage en plusieurs groupes ou services, que l'on appelle officia ou ministeria, comme au temps de l'Empire romain[15]. Chaque groupe a son chef, magister, duquel les subordonnés sont les ministri ou les juniores[16].

Nous trouvons d'abord les services domestiques, c'est-à-dire ceux qui ont pour objet la table du roi, l'écurie du roi, la chambre du roi.

1° Le chef du service de la table s'appelle sénéchal. Ce nom est germanique. Il existait déjà, ainsi que la fonction qu'il désigne, sous les Mérovingiens[17]. Nous le retrouvons au temps de Charlemagne et de Charles le Chauve[18]. Il avait la charge de la nourriture du roi et de tous les siens[19]. Aussi l'appelait-on, en langage latin, præpositus regiæ mensæ, magister regiæ mensæ, ou encore dapifer[20]. Ce dernier nom, rare sous les Carolingiens, deviendra fréquent sous les Capétiens. De lui dépendaient la cuisine et la boulangerie[21].

2° Les hommes employés à la boisson du roi s'appelaient pincema, échanson, et leur chef était le magister pincernarum. Théodulfe parle de cet officier comme d'un très haut personnage[22]. On l'appelait aussi le bouteiller, et ce titre lui restera attaché sous les Capétiens[23].

3° Le chef de l'écurie royale conserve son ancien nom de comes stabuli[24]. Au-dessous de lui sont des marescalci[25].

4° Le trésor royal s'appelle camera ; c'est la chambre qui contient l'argent monnayé ; à cette chambre vont toutes sommes dues au roi[26], d'elle partent toutes celles qui sont payées par le roi[27]. Dans cette même chambre sont déposés les dons des sujets, les présents apportés par les ambassadeurs étrangers[28]. Là s'entassent les ornements impériaux, les bijoux, les armes de prix, les belles étoffes, la vaisselle d'or, et même les livres[29]. Le chef de cette chambre était un très haut fonctionnaire, que l'on appelait camerarius[30].

5° L'appartement privé du roi, cubiculum, renfermait d'autres dignitaires, les chambellans, cubicularii[31]. Il faut mentionner aussi les huissiers, ostiarii[32], les veneurs, venatores[33], les gardes du corps, satellites[34], les fauconniers, et surtout le maître des logis, mansionarius, dont les fonctions étaient importantes et difficiles, puisqu'il s'agissait de loger une cour et un immense personnel qui se déplaçaient souvent[35].

À côté des services domestiques et personnels, le Palais contenait ce qu'on peut appeler les services publics, quoique les habitudes du temps ne distinguassent pas les uns des autres. On y trouvait ce que notre langue administrative appelle des bureaux, ce que la langue d'alors appelait des portefeuilles, scrinia.

6° On écrivait beaucoup dans le Palais. Outre les lois et ordonnances, outre les instructions aux fonctionnaires, il y avait à rédiger un nombre incalculable de diplômes, diplômes d'immunité ou de donation, confirmations des chartes des particuliers, et il y avait encore une correspondance suivie avec les évêques, avec les papes, avec les empereurs. Il fallait des séries de rédacteurs et de copistes et toute une chancellerie. Aussi Hincmar montre-t-il qu'il existait un personnel d'hommes sages, intelligents et sûrs, pour écrire les lettres royales, hommes desquels on exigeait deux qualités, le désintéressement et la discrétion[36]. Ces hommes sont ordinairement nommés notarii[37], et sous eux se trouvaient les scribæ[38]. Le terme de référendaire, fréquent sous les Mérovingiens, ne se retrouve plus sous la nouvelle dynastie. Le chef de ces bureaux s'appelait protonotaire ou chancelier[39]. Hincmar fait remarquer qu'il tenait la place de celui qui dans l'ancien Palais impérial avait été désigné par l'expression a secretis[40]. C'était lui qui, ayant la responsabilité de la rédaction des actes royaux, les signait le plus souvent[41]. Nous savons ainsi les noms des chanceliers Hilérius, Radon, Ercambald, Hélisachar, Frédégise, Théoto, Hugues, l'abbé Louis, Gozlin[42].

7° Aux bureaux où l'on rédigeait les actes étaient joints d'autres bureaux où on les conservait. C'était ce qu'on appelait spécialement l'archive, archivum palatii[43]. L'usage était qu'il fût fait de chaque acte royal plusieurs exemplaires, dont l'un restait dans l'archive[44]. Même les diplômes d'un caractère privé, tels que les donations, étaient faits en deux exemplaires, dont l'un était remis à la personne intéressée et l'autre était gardé dans l'archive du Palais[45]. Tous ces bureaux étaient sous la direction du chancelier[46].

8° Une autre partie fort importante du Palais carolingien était la chapelle. Toute grande maison avait son oratoire ; le Palais ne pouvait manquer d'avoir le sien. Ce nom de chapelle donné à l'oratoire du Palais lui venait de la chape ou manteau de saint Martin qui y était conservé comme relique précieuse[47], au milieu de beaucoup d'autres[48]. L'importance de ces reliques était immense : elles protégeaient le souverain et son entourage pendant la paix ; elles le suivaient à la guérie et lui donnaient la victoire. Même l'exercice de la justice, avec l'usage du serment judiciaire, n'aurait pu se faire sans elles. Celui qui avait ces reliques sous sa garde s'appelait le chapelain, ou l'archichapelain, plus tard l'apocrisiaire[49]. On le choisissait rarement parmi les évêques ; c'était le plus souvent un abbé de grand monastère[50]. Grand personnage d'ailleurs[51], auquel un nombreux personnel de clercs-et de chantres était subordonné[52].

9° A la chapelle était attachée une école [dont les .contemporains nous ont longuement parlé[53]].

 

2° [LE GOUVERNEMENT DE L'ÉTAT PAR LE PALAIS.]

 

[C'était donc un organisme fort compliqué que le Palais carolingien. A lui seul il formait un petit État, ayant ses cadres et sa vie. Mais, malgré la diversité apparente de ses services, il offrait une cohésion singulière, il avait une unité parfaite, et son personnel, si nombreux qu'il fût, était animé du même esprit.] Il faut en effet observer deux choses [qui nous aideront à comprendre la nature du gouvernement carolingien] : la dépendance de chacun des palatins à l'égard du roi, l'accord de tous entre eux.

Nul ne faisait partie du Palais du roi que si le roi l'y admettait. Il n'y avait ni naissance, ni richesse, ni dignité ecclésiastique qui conférât un droit d'en faire partie. Pour y être admis, il était de règle ou d'usage qu'on se commendât au roi[54]. [Les officiers du Palais s'intitulaient ses fidèles ou ses vassaux[55]. Or, entrait à la cour pour servir le roi comme un seigneur qui nourrit et qui protège, plutôt que comme un maître qui commande.]

[De même, on n'en peut sortir sans la permission du roi. Et quand] Éginhard, vieux et malade, [veut être affranchi des soucis du monde, c'est à l'empereur qui] réclame sa liberté. Nul homme du Palais ne peut rompre de son plein gré le lien de fidélité qui l'unit au roi[56].]

[Celte union des fidèles du Palais avec leur roi est si intime, qu'il ne doit pas leur suffire d'obéir : il faut aussi qu'ils soient de corps et d'âme avec lui, qu'il y ait accord parfait, unanimitas, entre sa volonté et la leur[57].]

[Même l'esprit mystique et religieux qui régnait à la cour carolingienne exigeait davantage. Les soldats du Palais devaient vivre en union complète les uns avec les autres, comme ils l'étaient avec leur roi. Ils avaient, entre eux, des devoirs de charité et de fraternité[58]. Ils formaient, à vrai dire, une sorte de confrérie et le prince était pour eux autant un supérieur et un père qu'un maître et qu'un seigneur. C'étaient comme les membres d'un seul corps, dont le roi était l'âme.]

[C'est avec ce corps des palatins que le roi gouvernait l'État.] Ces titres de services domestiques, que nous énumérions tout à l'heure, ne doivent pas faire illusion. Les fonctions ne sont domestiques que par un côté.

En effet, les documents montrent sans cesse que les hommes appelés bouteillers, échansons, sénéchaux^ chambriers, chefs d'écurie, remplissaient fréquemment des fonctions de tout autre nature. En 782, Charlemagne envoyant trois armées en Saxe met à leur tête le chambrier Adalgise, le chef d'écurie Geilon, le comte du Palais Worad[59]. En 781, il charge d'une mission importante en Bavière un diacre de sa chapelle et son grand échanson[60]. En 786, le chef de la table ou sénéchal est chargé de combattre les Bretons[61]. En 791, le chambrier Mégenfrid est à la tête d'une armée. En 807, le chef d'écurie Burchard commande une flotte[62].

Un huissier, ostiarius, est chargé d'une mission auprès du pape Adrien Ier[63]. Un chef des huissiers est placé par Louis le Pieux auprès de son fils Lothaire comme conseiller et comme chef de gouvernement[64]. Un notaire remplit une importante mission auprès du pape[65]. Un autre notaire ou chancelier, Hélisachar, commande une armée en 824 et administre la plus difficile des provinces frontières en 829.

Il y a donc un mélange et une confusion des services domestiques et des fonctions publiques. Il ne faudra donc pas s'étonner plus tard de voir le connétable et le maréchal devenir des chefs d'armée, le chambrier devenir un ministre des finances, le bouteiller et le chef de la table (dapifer) devenir de vrais ministres d'État.

Dès le temps de Charlemagne, les bureaux du Palais ressemblent quelque peu à ce qu'on a appelé plus tard des ministères.

L'archichapelain n'est pas seulement le prêtre de l'oratoire royal. Il est le juge de tous les débats qui surviennent entre les ecclésiastiques. Il a la décision de toutes les affaires qui concernent la religion, la discipline de l'Eglise, les intérêts ou les devoirs des évêques, des chanoines, des moines[66]. Tous les évêques de l'Empire s'adressaient à lui pour les affaires de leur diocèse, et il en avait la décision[67]. Sa charge était un véritable ministère ecclésiastique[68].

Le comte du Palais était le chef de la justice ; c'était lui qui présidait le tribunal suprême du royaume[69], et Hincmar ajoute que ce n'était là qu'une de ses innombrables attributions. Toute l'administration du royaume aboutissait à lui. Il était le premier ministre du roi pour la société laïque, comme l'archichapelain l'était pour la société ecclésiastique.

Le Palais n'était pas seulement une cour ; il était l'administration centrale et le grand instrument du gouvernement. [Les officiers qui le formaient étaient à la fois des serviteurs et des fidèles du roi, et des hauts fonctionnaires de l'État. On comprend qu'un jour, dans le système féodal, lés plus grands seigneurs du royaume seront rattachés par leurs titres à la domesticité du suzerain.]

 

 

 



[1] [Voir La monarchie franque, c. 8.]

[2] Disciplina palatii, capitulaire de 820, Borétius, p. 297. Hincmar, De ordine palatii. Capitulaire de 882, Baluze, II, 285. — L'expression ad palatium venire (exemple, capitulare Pippini, Borétius, p. 32, art. 7) ne signifie pas se rendre à tel ou tel des palais possédés par le roi, mais se rendre là ou est le roi. — Palatium signifie aussi, dans les Capitulaires, le trésor royal ; Borétius, p. 125, 216, et diplômes, passim. — Palatium se dit pour la royauté même, diplôme de Louis le Pieux, n° 33, Bouquet, VI, 650.

[3] Vita S. Benedicii Anianensis, c. 41.

[4] Moine de Saint-Gall, I, 31, Jaffé, p. 662. — Hincmar, De ordine, 1. — Vita S. Willelmi ducis, 18, dans Mabillon, IV, 1, p. 80.

[5] Éginhard, Annales, année 787. — Idem, année 793. — Idem, année 797. — Vita Caroli, 14. — Éginhard, Historia translations Marcellini, c. 22 ; c. 56. — Nithard, II, 8. — Moine de Saint-Gall, I, 5. — Idem, I, 33. — Vita Walæ, II, 1 (Bouquet, VI, 280).

[6] On le trouve dans le Moine de Saint-Gall, II, 21.

[7] Leidradi ad Karolum epistola, dans le Liber carolinus, édit. Jaffé, p. 420. — Hincmar, Epistola 23 (Migne, II, 154). — Hincmar, De ordine palatii, 1.

[8] Moine de Saint-Gall, I, 25. — On disait également proceres palatini (l'Astronome, c. 21 et 63) et exigui palatini, indigentes palatini (Moine de Saint-Gall, c. 31, Jaffé, p. 745 et 748).

[9] Éginhard, De translatione, IV, 8. — Eginhard, Annales, année 778 ; année 785. — Éginhard, Historia translationis Marcellini, 22. — Vita S. Willelmi ducis, 4 (Mabillon, IV, 74).

[10] Éginhard, Annales, année 796. — Capitulaire de 820, art. 3, Borétius, p. 298. Ibidem, art. 1. — On disait aussi : Aulæ regiæ milites (Vita Benedicti, 41, Mabillon, IV, 1, 207) ; viri regales (Vita Walpurgis, 5, Mabillon, III, 2, 293). — Éginhard, De translatione, I, 1. On dit militare principi comme on dit militare Deo.

[11] Notons cette expression d'Agobard (Opera, II, 67). — Hincmar, c. 12.

[12] Tardif, n° 55, acte de 753. N° 75, acte de 775. N° 103, acte de 812. Éginhard, Annales, année 782. Hincmar, c. 21.

[13] Capitulaire de 820, Borétius, p. 298. — Le Moine de Saint-Gall dans une de ses anecdotes (II, 6, Jaffé, p. 672) nous montre comitem palatii in medio procerum concionantem.

[14] Lettres d'Éginhard (édit. Jaffé, n° 31, p. 465, Teulet, n° 11). Il ressort de ce texte qu'il existait au moins trois comtes du Palais à la fois. — Le capitulaire de 820 cité plus haut parle des comites palatini. — Un diplôme de 818 est fait par Louis le Pieux en présence de quinze personnages qui sont qualifiés comites palatii nostri (diplôme cité dans l'Histoire du Languedoc, édit. de 1875, t. II, preuves, p. 122, d'après la collection Dupuy ; Sickel, Acta Ludovici, spuria, p. 392). — Noter cependant que le comes palatii est ordinairement nommé au singulier (exemple, Borétius, p. 502, art. 5) et qu'Hincmar, c. 19 et 21, ne parle que d'un seul comte. — Voir magistratus palatii dans Agobard, Opera, t. I, p. 101.

[15] Hincmar, 28 ; c. 23. Moine de Saint-Gall, I, 11, Jaffé, p. 642. — Aussi les membres du Palais sont-ils souvent appelés ministeriales, capitulaire de 820, fretins, p. 298. — On les appelle aussi officiâtes. Vita Walæ, II, 8.

[16] Moine de Saint-Gall, I, 11. Hincmar, 28. Ibidem, 17. — Il n'est pas besoin d'ajouter que les chefs de service eux-mêmes étaient qualifiés ministri, serviteurs, quand on les envisageait pur rapport au roi. Éginhard, année 782. Cf. Epistola episcoporum, année 858, dans Walter, III, 90. Hincmar, c. 16.

[17] Lex Alamannorum, LXXIX. Marculfe, I, 25. Pardessus, n° 552.

[18] Capitulaire de villis, 16. Annales de Lorsch, année 786. Annales de Fulde, année 786. Hincmar, c. 23. Diplôme de 851 (Bœhmer, 419 ; Sickel, 292).

[19] Hincmar, c. 23. Cf. c. 22 où il est dit du camerarius : Omnia absque cibo et potu vel equis ad camerarium pertinebant ; cibus ici désigne le service particulier du sénéchal. — Théodulfe montre le sénéchal portant les plats à la table royale.

[20] Éginhard, Vita Caroli, 9. — Audolf qui est qualifié senescalcus dans les Annales de Lorsch, année 786 (Bouquet, V, 44 ; Pertz, I, 169), est qualifié regiæ mensæ præpositus dans les Annales d'Éginhard, même année. — Moine de Saint-Gall, II, 6, Jaffé, p. 750. — Le titre de dapifer n'existe, a ma connaissance, que dans un diplôme de Carloman de 878, dans Muratori, Antiquitates Italicæ, I. 929.

[21] Ermold, IV, v. 461. — Théodulfe décrivant les fonctions d'un sénéchal le montre vallatus cuncis pistorum atque coquorum. — Alcuin (p. 246 des Monumenta, ou Migne, II, 781) représente aussi le sénéchal surveillant et punissant les cuisiniers.

[22] Vita Benedicti, 4. — Théodulfe. — Annales de Lorsch, année 781. — Cf. Ermold, IV, v. 465.

[23] Hincmar, c. 25 et c. 16. Capitulaire de villis, c. 16.

[24] Hincmar, c. 16 et c. 23. Éginhard, Annales, année 782 ; idem, année 807. L'Astronome, 49. Traditiones Wissemburgenses, Zeuss, n° 69. — La forme comistabilis ou conestabulus est dans Aimoin et dans Réginon. — Le Moine de Saint-Gall représente comitem stabuli in medio subjectorum suorum consistentem (II, 6, p. 671).

[25] Capitulaires, 801-803, c. 10, Borétius, p. 171. Cf. Lex Alamannorum, LXXIX.

[26] Gesta Dagoberti, 35. — Le mot s'employait même dans un sens métaphorique. Muratori, Antiquitates Italicæ, II, p. 62. Monumenta Boiat, XXXI, p. 168. — On disait aussi arca publica, l'Astronome, 23, in fine ; et encore sacellum regis, capitulaire de Pépin dans Borétius, p. 52, art. 3 et 4.

[27] Édit de Pistes de 864, art. 14.

[28] Hincmar, c. 22.

[29] Vita Caroli, 33. L'Astronome, 65. Cf. Thégan, 8.

[30] Hincmar, 22. Éginhard, Annales, année 782 ; année 817, in fine. Annales de Saint-Bertin, année 830. Annales de Fulde, année 829. L'Astronome, 29 et 43 ; — Alcuin appelle ce fonctionnaire regalis palatii arcarius (Lettres, 69, p. 318). — Nous trouvons aussi le terme sacellarius, qui est peut-être synonyme de camerarius ; en effet un même personnage nommé Tanculfe est qualifié, a la même date, sacellarius (Éginhard, Annales, année 826), sacrorum scriniorum prælatus (l'Astronome, c. 40, année 826), et camerarius (Vita Benedicti Anianensis, c. 57, année 821) ; mais dans Hincmar, c. 17, le sacellarius paraît être un subordonné du camerarius.

[31] Sur le cubiculum, Moine de Saint-Gall, II, 12, édit. Jaffé, p. 684 ; Éginhard, Translatio Marcellini, c. 22. — Les cubicularii sont mentionnés par le Moine de Saint-Gall, II, 17, p. 695, où ils font un service tout privé, et le magister cubiculariorum est désigné, ibidem, II, 6, p. 672.

[32] Liber carolinus, édit. Jaffé, p. 256. L'Astronome, c. 35. Éginhard, Annales, année 822. Miracles de saint Goar (Bouquet, VI, 309). Lettre de Frothaire, Bouquet, VI, 386, 387. Annales de Saint-Bertin, année 868.

[33] Hincmar, c. 16. Capitulaire de villis, c. 47. Lettres d'Éginhard, Jaffé, n° 25. L'Astronome, c. 56 ; idem, c. 20. Concilium Ticinense, 850, c. 4.

[34] Annales de Fulde, années 866, 877, 880, 881, 886. Hincmar, c. 27, Moine de Saint-Gall, I, 11 ; I, 26 ; I, 50. Vita Caroli, 22.

[35] Cf. Hincmar, c. 23. — Capitulaire de 820, art. 2, Borétius, p. 298.

[36] Hincmar, c. 16.

[37] Codex Laureshamensis, t. I, p. 48, n° 20. Hincmar, De prædestinatione, II, 7, édit. de la Patrologie, t. I, col. 85. Éginhard, Annales, année 801. Acte de 827, Tardif, n° 119. — On sait que le titre de notarius n'était pas particulier au Palais. Les évêques avaient leurs notarii ; même les laïques riches avaient les leurs ; Éginhard envoie à Rome suum notarium (De translatione, I, 2).

[38] Le Moine de Saint-Gall parle de dictatores et de scriptores, I, 4, p. 655. — Loup de Ferrières (Bouquet, VII, 481) parle d'un Luduicus epistolare officium in palatio gerens.

[39] Hincmar, c. 16.  — On l'appelle quelquefois archinotarius (acte de 855, Cartulaire de Saint-Bertin, p. 82).

[40] Hincmar, c. 16. Cette dénomination ne se rencontre pas dans les documents mérovingiens.

[41] A partir de Louis le Pieux, c'est souvent un subordonné, notariat qui signe ad vicem du chancelier.

[42] Sickel, Acta regum et imperatorum Karolinorum, I, p. 103-105.

[43] Éginhard, Annales, année 813. Voir Mühlbacher, Actes de Louis, p. 471, 487, 578 ; et Mansi, XIV, p. 657. Tardif, n° 124, p. 188. — On dit aussi archivum publicum. On peut voir dans les Capitulaires de Borétius que in archivo publico de la page 275 est exactement synonyme de in archivo palatii nostri de la page 264. — On dit aussi armarium palatii, nostrum armarium. Acte de 816, dans Bouquet, VI, p. 533, expression synonyme de in publico archivo recondere des Capitulaires, p. 275. — On trouve aussi cette phrase dans un acte de Louis : Imperialis aulæ reconditorio palatinis salvetur excubiis (Mühlbacher, p. 578). — Quelquefois encore on dit simplement scrinium. Mühlbacher, p. 577 ; capitulaire de 853, Walter, III, p. 55.

[44] Ainsi, lorsque en 794, Borétius, p. 74, Charlemagne règle le sort de Tassilo, il fait faire trois exemplaires de cet acte, très brèves. — De même pour les Capitulaires ; voir capitulaire de 808, c. 8, Borétius, p. 138. Ordonnance de Louis le Pieux de 852, Tardif, n° 124, p. 89. Epistola Ludovici Pii ad archiepiscopum Senonensem. Præceptum de Louis le Pieux, de 815, pro Hispanis, c. 7.

[45] Tardif, n° 123, p. 84, charte de 852.

[46] De là ces expressions : Quartum exemplar (il s'agit d'un capitulaire fait spécialement en quadruple exemplaire) habeat cancellarius noster (capitulaire de 808, art. 8, Borétius, p. 138) ; capitula avi et patris nostri qui non habuerint et eis indiguerint, de scrinio nostro vel a cancellario nostro accipiant (capitulaire de 853, art. 11, Walter, III, 55, Pertz, I, 425) ; quæ in nostro palatio apud cancellarium relineatur (édit de Kiersy, 861, Walter, III, p. 120, Pertz, I, 471). — C'étaient aussi les bureaux du chancelier qui délivraient les copies des actes (capitulaire de 825, art. 26, Borétius, p. 307 ; capitulaire de 853, art. 11, Pertz, I, 425).

[47] Moine de Saint-Gall, I, 4. — Cappa, chape, manteau ; capella, petit manteau (Vita S. Walarici, Acta Sanctorum, avril, t. I, p. 22). La chape de saint Martin était déjà dans l'oratoire royal dès le temps des Mérovingiens. Marculfe, I, 38. Acte de jugement de Thierry III, dans Tardif, n° 22.

[48] Walafrid Strabo, De exordiis ecclesiæ, 35. — Capitulaire de 769, art. 1, Borétius, p. 45.

[49] Diplôme de 768, Tardif, n° 60. Éginhard, Annales, année 750. L'Astronome, 26. Diplôme de 819, Tardif, n° 112. Diplôme de 827, Tardif, n° 119. Alcuin, Lettres, 128, p. 515. Hincmar, c. 15 ; c. 16. Translatio S. Austremonii, Bouquet, V, 433. — L'expression palatii custos ou capellæ custos paraît avoir été fort usitée (Hincmar, c. 16 et c. 32 ; diplôme de 858, Bouquet, VIII, 406 ; Neugart, p. 422) ; cf. Monumenta Boica, XI, 455 ; Ducange, t. II, p. 127. Dans la langue du temps, custos signifie gardien des reliques, custos palatii, gardien des reliques du Palais. — Ce même personnage est appelé summus abbas clericorum palatii (Mabillon, Annales, 2e édit., p. 212), antistes palatii (Agobard, I, p. 192), magister ecclesiasticorum (Loup de Ferrières, lettre 110, p. 162).

[50] Hincmar, c. 13. — Pour que Angelramne et après lui Hildebold, qui étaient évêques, fussent archichapelains et pussent vivre constamment au Palais, Charlemagne crut devoir demander l'autorisation des évêques et du pape (Capitulaires, Borétius, p. 78).

[51] Vita Anskarii, c. 12. Vita Chrodeganqi, c. 8.

[52] Capitulaire de 769, Borétius, p. 45. Concile de Paris de 829, c. 12. Hincmar, c. 16. Annales de Lorsch, année 800. Vita Walæ, II, 5. Loup de Ferrières, lettre 25. Annales de Saint-Bertin, année 864, p. 141.

[53] [Voir notamment : dans les Œuvres d'] Alcuin, les lettres 78, p. 347 ; 112, p. 459 ; 111 p. 455 ; Annales de Saint-Bertin, p. 51 ; Vita Adalardi, Mabillon, IV, 3.10 ; Vita Walæ, 6 ; Éginhard, De translatione, IV, 8.

[54] Vita Willelmi ducis, Mabillon, IV, p. 74. — Gesta Aldrici, c. 1 ; Bouquet, t. VI, p. 299. — Translatio sancti Alexandri, c. 4 ; Pertz, t. II, p. 476. — Thégan, c. 12. — Cf. Vita Benedicti, c. 4 ; Mabillon, I, 1, 194 ; Bouquet, t. V, p. 456.

[55] Capitulaire de 821, c. 4. — Annales de Lorsch, année 802. — Voir aussi l'expression de milites. Vita Willelmi, c. 14, Mabillon, p. 78. Vita Benedicti, c. 41, ibidem, p. 207. — Vita Walpurgis, c. 5, ibidem, III, 2, p. 295.

[56] Lettre d'Éginhard, dans Jaffé, n° 14, p. 453. Il demande à l'empereur a curis sæcularibus absolutum et liberum fieri. — Cf. Gesta Alarici, Bouquet, VI, p. 299 ; Vita Willelmi, ibidem, V, p. 475-474 ; Vita Othgeri, ibidem, p. 468 ; Vita Angelberti, c. 4, ibidem, p. 477.

[57] Vita Willelmi, c. 14, Mabillon, t. IV, 1, p. 78. — Cf. le traité de Mersen, 851, art. 6, dans les Annales de Saint-Bertin, p. 75, 76, 77.

[58] Cf. le Synode de Paris, 829, dans Mansi, t. XIV, p. 582. [Cf. le capitulaire de 882, plus haut.]

[59] Eginhard, Annales, année 782. — Éginhard, Annales, année 778.

[60] ibidem, année 781.

[61] Ibidem, année 786. — Un autre chef de la table est signalé comme tué dans une bataille, Vita Caroli, 9.

[62] Annales d'Éginhard et de Lorsch.

[63] Lettre d'Adrien, 788, Jaffé, p. 256.

[64] Éginhard, Annales, année 822, édit. Teulet, p. 354.

[65] Lettre d'Etienne II.

[66] Hincmar, c. 20 et c. 19.

[67] Hincmar, c. 13.

[68] Loup de Ferrières, lettre 110. — Hansi, XIV, 634. — Translatio Sebastiani, Mabillon, IV, p. 387.

[69] Hincmar, c. 19 et c. 21.