LES TRANSFORMATIONS DE LA ROYAUTÉ PENDANT L'ÉPOQUE CAROLINGIENNE

LIVRE III. — [LES INSTITUTIONS MONARCHIQUES SOUS LE GOUVERNEMENT DES CAROLINGIENS]

 

CHAPITRE PREMIER. — DE LA ROYAUTÉ.

 

 

Il y a lieu de se demander d'abord si la révolution qui avait renversé du trône les Mérovingiens avait été provoquée par le désir d'affaiblir l'autorité royale. Il a paru, en effet, à quelques historiens modernes que ce changement de dynastie avait été le dernier acte d'une longue lutte de l'aristocratie contre les rois, et qu'elle marquait la victoire de cette aristocratie. On a même quelquefois ajouté que c'était l'esprit germanique qui avait renversé la famille mérovingienne, et qu'il l'avait renversée parce qu'elle avait trop suivi les traditions monarchiques de l'Empire romain.

Une telle pensée n'apparaît jamais dans les documents. Ils ne laissent voir à aucun signe que cette révolution ait répondu à des idées particulièrement germaniques. On n'y lit jamais que les hommes aient voulu remplacer une royauté trop absolue et trop romaine par une royauté plus germanique et plus limitée. Ces mots mêmes, dont nous sommes forcé de nous servir ici, ne se rencontrent jamais dans les textes. On n'y trouve nulle part l'expression de cette antithèse toute moderne entre un esprit germanique et un esprit romain, entre une royauté absolue et une royauté tempérée.

 

1° QUE L'ACTE DE 753 N'A PAS ÉTÉ UN AFFAIBLISSEMENT, MAIS PLUTÔT UN RELÈVEMENT DE LA ROYAUTÉ.

 

La famille des Pépins n'avait jamais fait la guerre à la royauté. Dans les cent cinquante années de son histoire que nous avons déjà vues, nous n'avons pas trouvé un seul indice d'hostilité contre le pouvoir monarchique. On ne rencontre pas d'elle un seul acte qui ait eu pour effet d'affaiblir ce pouvoir. Ceux qui la représentent sortie des rangs d'une aristocratie ennemie de la royauté, font une hypothèse contraire aux textes et à tous les faits connus. Cette famille carolingienne, avant d'être une famille royale, avait été une famille de fonctionnaires royaux. Arnulf, le premier Carloman, le premier Pépin, Clodulf et Anségise, avaient tous été des dignitaires du Palais mérovingien. La famille était née dans le Palais et y avait grandi. Ces hommes étaient devenus maires du Palais, c'est-à-dire premiers fonctionnaires du roi, chefs de la hiérarchie des fonctionnaires royaux, en théorie ministres d'un monarque, en réalité monarques eux-mêmes, enfin tout le contraire de ce qu'auraient été des adversaires de la royauté.

Les voici rois en 753. Cette nouvelle royauté n'est pas différente de la royauté précédente ; surtout elle n'est pas amoindrie. Ils ont pris.en mains la royauté mérovingienne, sans en rien retrancher, sans en rien tasser perdre. Ils l'ont plutôt rendue plus forte.

Le caractère de la révolution de 753 est nettement marqué dans tous les annalistes qui parlent d'elle. Ils en disent la cause ; et tous sont d'accord pour n'indiquer qu'une seule cause, toujours la même. Les Mérovingiens, disent-ils, ont été exclus de la royauté parce qu'ils n'exerçaient pas la royauté avec assez de vigueur, avec assez de puissance.

Observez la formule de la question posée au pape : c'est le mot force ou pouvoir qui y domine. On demande s'il faut conserver des rois qui ne possèdent pas le pouvoir qui convient à des rois. Le pape répond qu'il vaut mieux avoir pour roi celui qui a la force que celui qui ne l'a pas. Dira-t-on que cette pensée pouvait être personnelle au pape ? Mais les Francs, qui se réunirent ensuite pour reconnaître et proclamer le nouveau roi, se décidèrent sur celte réponse du pape. Elle leur fut présentée, et ils n'y firent pas d'objection. C'est certainement sur cette formule que le changement de dynastie fut opéré.

Éginhard au début de son Histoire de Charlemagne s'applique à donner la raison de la chute des Mérovingiens. Leur reproche-t-il d'avoir été des rois absolus ou d'avoir adopté les idées romaines ? Il leur reproche uniquement de n'avoir pas eu assez de vigueur, de n'avoir pas assez régné. Regardez ce portrait dédaigneux qu'il fait de ces rois et que font tous les annalistes avec lui. Il semble que les peuples aient rougi d'eux parce que leur main ne se faisait pas assez sentir.

Cette impuissance, dira-t-on, était le résultat de l'indiscipline des grands. Cela est vrai en partie. Mais il n'est pas contraire aux habitudes de la nature humaine que les mêmes hommes affaiblissent l'autorité sans le savoir, et lui reprochent ensuite d'être trop faible. Il semble bien, en tout cas, que les hommes du VIIIe siècle se soient plaints d'avoir des rois sans pouvoir et les aient renversés pour avoir un gouvernement plus fort et mieux obéi. L'idéal de ces hommes paraît bien avoir été le relèvement de la royauté. Un annaliste postérieur exprime cette idée lorsqu'il dit que les Francs, affligés d'avoir supporté si longtemps des rois sans valeur, voulurent élever Pépin sur le trône[1]. Un autre s'exprime encore plus nettement : La famille d'Arnulf, dit-il, a relevé l'honneur de la dignité royale, que les pois mérovingiens avaient laissé périr[2].

L'acte de 753 n'avait donc pas été accompli pour affaiblir la royauté, mais pour la fortifier. Aussi la suite des faits nous montrera-t-elle deux choses : l'une, que le principal effort de la nouvelle dynastie fut appliqué à relever et à agrar.tir l'autorité royale ; l'autre, que les hommes ne firent aucune opposition à celte politique de leurs rois.

 

2° QUE LES DIPLÔMES CAROLINGIENS CONTINUENT LES DIPLÔMES MÉROVINGIENS.

 

Que la famille carolingienne ait pris la succession de la royauté mérovingienne, c'est ce qui apparaît à un simple coup d'œil jeté sur les diplômes. Que l'on compare aux diplômes qui nous sont parvenus des rois mérovingiens ceux que nous avons de Pépin, de Charlemagne et de Louis, on reconnaîtra d'abord que les uns et les autres ont les mêmes objets. Des Mérovingiens nous avons des actes de donation de terres ou des confirmations de donations privées, des concessions d'immunité, des actes de jugement, des formules d'affranchissement, des formules de nomination d'évêques. De même, les princes carolingiens font des donations ou confirment des donations privées, confèrent l'immunité, affranchissent, rendent dès arrêts judiciaires, nomment les évêques et convoquent, les conciles.

Les Mérovingiens avaient fait des lois, qu'ils appelaient edicta, decreta, præceptiones ; Pépin et Charlemagne font aussi des lois, qu'ils appellent plus volontiers capitularia, et qui ne diffèrent pas par nature des actes législatifs mérovingiens ; comme leurs prédécesseurs, ils légifèrent aussi bien pour l'Église que pour l'État. Comme eux, ils disent : Nous voulons, nous ordonnons.

Non seulement le roi carolingien fait tous les actes qu'a faits le roi mérovingien, mais il les fait dans les mêmes formes. Les diplômes de Pépin commencent par les mots Pippinus rex Francorum vir illuster. Rex Francorum est l'ancien titre officiel des Mérovingiens ; la nouvelle dynastie l'a pris, et elle l'a toujours conservé, même après qu'elle y a joint le titre d'empereur. Vir inluster était une simple épithète d'honneur, à laquelle les rois avaient droit comme leurs hauts fonctionnaires ; Pépin l'a prise ; il l'a employée, non plus tout à fait comme il l'employait quand il était maire du Palais ; il l'a employée exactement de la même façon que les rois mérovingiens[3]. Comme eux, il adresse ses diplômes à ses ducs, comtes et autres agents de l'autorité royale. Il écrit les mêmes préambules. Il exprime les mêmes faits dans les mêmes termes. En signant il prend l'épithète de gloriosissimus comme les Mérovingiens, et il date suivant la manière de dater de ces rois.

On peut même faire cette remarque que beaucoup de diplômes de Pépin, de Charlemagne et de Louis ne sont que des diplômes mérovingiens retranscrits et renouvelés. C'était un vieil usage de faire confirmer à chaque nouveau règne les donations ou immunités antérieures. Maintes fois les rois carolingiens déclarent que telle personne leur a présenté un ancien diplôme et qu'ils confirment la même donation ou la même immunité. Il se trouve ainsi que beaucoup de leurs actes ne sont, à vrai dire, que des actes de Dagobert ou de Clovis II. Et ils le disent : Nous accordons, écrit Pépin, ce qu'ont accordé nos prédécesseurs[4]. Louis le Pieux écrit qu'il suit l'usage des rois antérieurs et qu'en conséquence il renouvelle un acte de Dagobert[5]. Pareils exemples sont nombreux. Quant aux arrêts judiciaires et aux concessions d'immunité, ils sont rédigés exactement dans les mêmes termes qu'à l'époque précédente.

Cette similitude dans les actes de la chancellerie royale ne prouve pas précisément que l'esprit du gouvernement ait été le même. Mais une telle succession de diplômes se ressemblant pour le fond et pour la forme, ayant mêmes objets, même réalité, et aussi même phraséologie, prouve au moins qu'il ne s'est pas opéré en 753 une révolution dans le régime politique, surtout une révolution dans le sens d'un affaiblissement de la royauté, et marque bien que la famille nouvelle s'est appliquée à continuer la précédente, sans nulle rupture avec le passé.

 

3° DE LA FORMULE GRATIA DEI.

 

On aperçoit dans les diplômes carolingiens l'expression Gratia Dei rex Francorum. Elle est dans un diplôme de Pépin et dans presque tous ceux de Charlemagne[6]. Au contraire on ne la trouve pas dans les diplômes qui nous sont parvenus des Mérovingiens[7]. Mais il faut se demander quel était le caractère de cette innovation et chercher le sens qu'avaient les mots gratia Dei.

Il arrive souvent qu'une expression ou une formule représente une certaine idée de l'esprit à une époque, cl en présente une toute différente à une autre époque. Aujourd'hui et depuis trois ou quatre siècles, les mots roi par la grâce de Dieu signifient que l'autorité ne vient pas du peuple ; ils forment une antithèse avec la volonté du peuple et ils présentent ainsi à l'esprit une pensée d'orgueil surhumain. C'est bien ainsi que les peuples, sinon les rois, comprennent cette formule. Mais au VIIIe siècle tout le monde la comprenait autrement. Le mot gratia signifiait acte de bonté, pure faveur, et présentait à l'esprit l'idée d'un don obtenu sans qu'on l'eût précisément mérité[8]. A cette même époque, le sentiment religieux étant très fort dans les âmes, on admettait que toute chose bonne était une faveur de Dieu, et avec les habitudes d'humilité auxquelles on s'astreignait surtout dans le langage, on se plaisait à dire que l'on devait un bien, non à son propre mérite, mais à la clémence et à l'indulgence de Dieu.

Ce sont les ecclésiastiques qui ont commencé à adopter cette expression. Dans les formules d'âge mérovingien, nous voyons qu'un évêque se disait gratia Dei episcopus, évêque par la bonté de Dieu[9]. Dans un diplôme de 632, un évêque de Cologne signe : Cunibertus gratia Dei Coloniensis episcopus[10] ; en 652, l'évêque Landri se qualifie évêque de Paris par la bonté divine[11] ; ailleurs encore, en 728, nous voyons un Widigern par la grâce de Dieu évêque de Strasbourg[12]. Des abbés aussi pouvaient se dire abbés par la grâce de Dieu[13]. En 745, un simple prêtre de l'Église de Rome du titre de Saint-Marc s'intitule, au milieu des Actes d'un concile : Stephanus gratia Dei presbyter[14]. Il est donc avéré que cette expression a été employée par des hommes d'Église avant de l'être par le roi carolingien.

Or chez ces ecclésiastiques elle n'était pas une expression d'orgueil. Elle ne signifiait pas que l'évêque ou l'abbé déclarât tenir son pouvoir de Dieu seul. Le prélat qui l'employait ne faisait pas entendre par là qu'il n'eût pas été nommé par le roi après une élection ou un simulacre d'élection du peuple. Il voulait dire seulement qu'il reportait sa grandeur, non à ses mérites, mais à l'indulgence de Dieu. Aussi les mots gratia Dei étaient-ils quelquefois remplacés par misericordia Dei, qui en étaient l'équivalent[15].

Le sens de ces expressions est surtout manifeste si l'on songe que c'était un usage général chez les évêques, lorsqu'ils signaient un acte, de se dire évêques quoique indignes, ou quoique pécheurs ; ces mots se trouvent partout. L'expression par la grâce de Dieu est l'équivalent de ces mots-là ou en est le développement. Aussi lisons-nous quelquefois : Un tel, quoique pécheur, par la faveur de Dieu, évêque[16] ; ou encore : Un tel, quoique indigne, cependant par la grâce de Dieu, évêque[17]. Dans tout cela le gratia Dei est une simple expression de piété et même d'humilité par laquelle on reporte à la faveur ou à la clémence de Dieu des biens que l'on n'eût pas mérités par soi-même. C'est ainsi que Boniface, vers 720, s'intitule gratia Dei episcopus[18], et il dit cela dans une lettre adressée au pape qui précisément l'a lait évêque. C'est qu'en s'appelant, au commencement de cette lettre, gratia Dei episcopus, il ne veut pas dire autre chose que lorsque, à la fin de la même lettre, il se dit exiguus episcopus.

Pépin et Charlemagne ont emprunté cette expression aux évêques avec l'idée qui s'y attachait. Quand Pépin se dit roi par la grâce de Dieu, il n'entend pas nier par là toute participation de la nation franque dans la collation de son pouvoir ; il veut seulement reconnaître là faveur et la bonté de Dieu à son égard[19]. Charlemagne emploie les mêmes mots dans le même sens. Il n'en fait pas une formule caractéristique du pouvoir souverain. Il permet aux évêques de continuer à s'en servir. Il ne défend même pas à ses comtes de l'employer. Un comte, qu'il a nommé lui-même et qu'il peut révoquer, peut par piété s'intituler comte par la grâce de Dieu[20].

Quelquefois l'expression est modifiée, et Charlemagne se dit roi des Francs par la miséricorde de Dieu[21]. Ou bien encore il écrit : Le royaume que Dieu m'a donné quoique indigne[22]. Louis le Pieux remplace volontiers gratia Dei par divina ordinante providentia, par misericordia Dei, par divina clementia[23]. Quelquefois il s'explique plus clairement encore : Si je règne, dit-il, c'est par pure faveur de Dieu ; c'est par sa bonté et non par notre mérite que j'ai été élevé à ce rang[24]. Sous toutes ces formes la pensée est la même : c'est une simple pensée de piété.

Or cette pensée n'avait pas été étrangère aux rois mérovingiens. Elle était déjà dans le style de leur chancellerie. S'ils ne l'exprimaient pas par les mots gratia Dei, ils avaient des expressions fort analogues. Clotaire II signait Chlotacharius in Christi nomine rex[25]. Il parlait de son royaume qu'il devait à la bonté de Dieu[26] ; cette dernière formule était de style sous les Mérovingiens et nous la trouvons encore dans un diplôme de Thierry III[27]. Toutes ces formules, aussi bien que l'expression gratia Dei, ne sont qu'un hommage rendu à la puissance divine. Toutes signifient uniquement que rien ne se fait sans la volonté de Dieu, et les hommes exprimaient la même pensée en disant que c'est par Dieu que règnent les rois[28].

Mais, en héritant de toute la royauté mérovingienne, la royauté des Carolingiens se présente avec quelques caractères nouveaux, que nous étudierons tout à l'heure.

 

 

 



[1] Appendix ad Gesta Francorum, ex Chronico Ademari, Bouquet, II, p. 576.

[2] Vita S. Sigeberti regis, a Sigeberto Gemblacensi, c. 10 ; Bouquet, II, p. 606.

[3] Comme maire, il écrivait inluster vir Pippinus major domus (voir Tardif, n° 53 et 54). Roi, il écrit Pippinus rex Francorum vir inluster. C'est donc bien exactement la suscription mérovingienne qu'il adopte. — [Voir Nouvelles Recherches, p. 157-260.]

[4] Tardif, n° 61. — Bouquet, n° 14, p. 706. — Bouquet, n° 19, p. 710. — Diplôme de Carloman, de 770 (dans Martène, Amplissima collectio, t. I, col. 32). — Diplôme de Carloman, de 770 (Migne, VI, col. 1578).

[5] Tardif, n° 107.

[6] Acte de Pépin, de 768, en original aux Archives, Tardif, n° 62. — Borétius, Capitularia, p. 42. —  Tardif, n° 63, 70, 71, 72, 75, 76, 77, 81, 82, 85, 89, 96. Les mots gratia Dei ne sont pas dans le n° 69. — Tardif, n° 66.

[7] Il y a, il est vrai, dans le Recueil de Pardessus, huit diplômes mérovingiens qui portent les mots gratia Dei a côté de rex Francorum ; ce sont les n° 91, 252, 289, 306, 321, 395, 462, 548 ; mais ces diplômes ne sont que des copies, et peu authentiques. Par contre, parmi les originaux que nous possédons aux Archives, et qui sont au nombre de vingt-sept, non compris ceux dont l'en-tête a disparu ou est illisible, il n'en est aucun qui porte le gratia Dei. — Quelques formules portent gratia Dei, mais elles paraissent être d'âge carolingien ; voir Rozière, 57, et Zeumer, p. 119, 120, 121, 124, 125. On peut donc admettre que l'expression n'était pas adoptée par les Mérovingiens.

[8] Comparez les expressions de Marculfe, I, 11 ; Senonicæ, 18, Rozière, 436 ; idem, 25. — Marculfe, I, 12 ; Senonicæ, 19, Rozière, 38 ; Salicæ Bignonianæ, 1, Rozière, 56. — Marculfe, I, 13. — Rozière, 432, Zeumer, p. 120.

[9] Marculfe, II, 40. — Formulæ Bituricenses, 8 ; Zeumer, p. 171 ; Rozière, n° 92. — Formulæ Salicæ Bignonianæ, 26 ; Zeumer, p. 237 ; Rozière, n° 857.

[10] Pardessus, n° 258.

[11] Pardessus, n° 520.

[12] Pardessus, n° 545. — Cf. Ibidem, p. 353, note.

[13] Formulæ Salicæ Merkelianæ, 54 ; Zeumer, p. 260 ; Rozière, n° 553. — Formulæ Salicæ Bignonianæ, 26 ; Rozière, n° 857. — Diplôme de 772 (Migne, n° 11, t. I, col. 924).

[14] Actes du concile de Rome de 745 dans les Monumenta Moguntina, édit. Jaffé, p. 146.

[15] Jaffé, Monumenta Carolina, p. 392, anno 810.

[16] Formulæ Bituricenses, 8. — Bignonianæ, 26. — Charte de 778 [Testamentum Remigii, dans Grandidier, et dans Migne, XCVI, col. 1585).

[17] Rozière, n° 744. — On ne dira pas qu'ici les termes gratia Dei soient une expression d'orgueil par laquelle l'évêque se place au-dessus du roi et se déclare indépendant de lui ; car c'est la lettre d'un évêque écrite au chapelain du Palais pour solliciter une faveur du roi. — Testamentum Tellonis, de 766, dans Migne, t. XCVI, col. 1555.

[18] Jaffé, Monumenta Moguntina, p. 76. De même dans les Actes du concile de Rome de 745 que nous citions plus haut, le gratia Dei presbiter tient lieu de la formule humilis presbyter ou indignus presbyter que les autres signataires ont écrit (Monumenta Moguntina, p. 146, 147).

[19] C'est dans le même sens que Pépin dit, dans un diplôme de 768 : Quia per Dei misericordiam regna ferræ gubernare videmur (Migne, t. XCVI, col. 1570).

[20] On a un acte où un certain Guillaume, contemporain de Charlemagne, s'intitule Willelmus gratia Dei comes. Bibliothèque de l'École des Charles, II, p. 179.

[21] Borétius, Capitularia, p. 126, 168, 169, 211, 241, 246, 397. — Dans une lettre écrite en 809, Charlemagne se dit Karolus... per misericordiam Dei rex Francorum et Langobardorum (Jaffé, Monumenta Carolina, p. 401). — Ailleurs nous lisons : Karolus Dei fretus auxilio rex Francorum et Langobardorum (Borétius, p. 80 ; Jaffé, p. 369). — Ailleurs, il réunit les deux expressions gratia et misericordia.

[22] Vita Alcuini, c. 10 (Bouquet, V, p. 446 ; Bénédictins, IV, p. 153) ; l'auteur, qui est un contemporain, met dans la bouche de Charlemagne cette parole : Honor iste (id est regnum) quem quanquam indigna dedit mihi Deus.

[23] Tardif, n° 104, 107, 108, 109, 112, 113, etc. ; Borétius, p. 261, 263, 273, 350, 355, etc. — Borétius, p. 355. — Tardif, n° 129. — Louis le Bègue se dit aussi rex misericordia Dei (Annales de Saint-Bertin, année 877, p. 265).

[24] Capitulaire de 818, dans Borétius, p. 274, lignes 11 et 25.

[25] Édit de 614, Borétius, p. 23.

[26] Édit de 614, Borétius, p. 20.

[27] Archives nationales, acte de 681, Tardif, n° 23. — Pardessus, n° 167 et 191, mais ce sont des copies d'authenticité douteuse.

[28] Lettre d'Etienne IV a Charlemagne, Jaffé, p. 167. La même pensée est exprimée dans un passage de saint Augustin que Hincmar reproduit, De regis persona, c. 1. Migne, I, col. 834.