LES TRANSFORMATIONS DE LA ROYAUTÉ PENDANT L'ÉPOQUE CAROLINGIENNE

 

PRÉFACE.

 

 

Nous avons réuni dans ce volume tous les chapitres que M. Fustel de Coulanges a composés sur là décadence mérovingienne (livre Ier), l'avènement d'une nouvelle dynastie (livre II), le gouvernement des premiers Carolingiens (livre III), le triomphe du régime féodal (livre IV). Comme le montre le début de l'ouvrage, ces chapitres devaient faire immédiatement suite au volume précédent, sur le Bénéfice.

La division en livres, l'ordre des matières, le titre de la, plupart des chapitres, avaient été indiqués par M. Fustel de Coulanges. La rédaction à peu près entière du volume est également son œuvre. Voici en quoi seulement il nous a paru utile d'intervenir.

C'est nous qui avons choisi le titre de ce volume, Les Transformations de la Royauté pendant l’époque carolingienne. Ce titre nous a paru le plus conforme au système historique de M. Fustel de Coulanges. L'historien montre d'abord la royauté mérovingienne, toute-puissante en droit, perdant tour à tour ses impôts, ses soldats, ses sujets, au profit de l'aristocratie des grands et des évêques ; celle-ci se groupant sous la direction du maire du Palais et formant déjà une société qui ressemble à la société féodale (livre Ier) ; — puis le chef de cette aristocratie, maître effectif de l'Etat par le commandement des fidèles et la direction des évêques, devenant roi et fondant une dynastie nouvelle (livre II) ; — la royauté carolingienne apportant à la monarchie l'appui de l'Église et du principe féodal, le roi franc devenant ainsi chef d'Etat, d'Église et de fidèles, et s'appliquant à restaurer l'autorité monarchique (livre III) ; — enfin les derniers rois de la nouvelle dynastie laissant eux aussi cette autorité faiblir et se perdre, et réduits au rôle de chefs de fidèles (livre IV). — C'est de cette manière que la royauté s'est transformée, en s'inspirant peu à peu du principe qui avait grandi en dehors d'elle, et qui seul gouverne les hommes à la fin de l'époque carolingienne, le principe de fidélité.

Dans le livre Ier, nous avons écourté un assez grand nombre de notes, qui renfermaient la transcription de textes déjà cités tout au long dans La Monarchie franque et Les Origines du système féodal. Nous avons renvoyé à ces deux volumes pour ne pas étendre démesurément celui-ci.

Un certain nombre de chapitres des livres I et II, qui n'avaient pour en-tête que des indications chronologiques, ont reçu des titres en rapport avec la nature de l'ouvrage et la pensée de l'auteur. Nous avons, dans ces deux livres et les suivants, donné des titres à un assez grand nombre de subdivisions qui n'étaient indiquées sur le manuscrit que par des numéros d'ordre.

En vue du livre III de ce volume, M. Fustel de Coulanges n'avait rien rédigé, ni sur les Impôts, la Justice et la Législation au temps des Carolingiens, ni sur leurs Rapports avec l'Église. Les chapitres que nous avons insérés sur ce sujet (c. 12, c. 13, § 1, c. 14) sont presque tous empruntés au travail sur les Institutions politiques au temps de Charlemagne[1], travail qui est l'ébauche du livre III du présent volume. Le chapitre sur le Pouvoir législatif (c. 11) n'est autre que l'article publié en 1877 sous le titre De la Confection des lois au temps des Carolingiens[2], auquel nous n'avons fait que des changements sans conséquence. La conclusion du chapitre sur les Assemblées générales (c. 9) était trop succincte dans le manuscrit laisse par l'auteur : le travail cité plus haut nous a permis de la compléter.

Les livres I, II et III ont été rédigés presque simultanément, vers 1884-1886. La rédaction en est donc à peu près contemporaine de celle du précédent volume.

Le livre IV a été rédigé en partie vers 1874-1876 (c. 1, 7, 8, 9, 10), en partie vers 1878-1880 (c. 4, 5, 6). Les matières y sont traitées avec infiniment moins de détails que dans les trois premiers livres ; les notes sont moins nombreuses, les discussions plus écourtées. Il est visible que M. Fustel de Coulanges aurait longuement remanié cette partie de son œuvre. Peut-être même ce livre eût-il fait, à lui seul, la matière d'un volume. Nous n'avons voulu, malgré cela, ni supprimer, ni refondre ces chapitres. Il nous a paru que le mieux était de les réimprimer sous leur forme primitive. Nous nous sommes borné à ajouter les chapitres 2 et 3, destinés à combler une lacune visible. Mais ces deux chapitres ne sont que les résumés des trois premiers livres, et ces résumés sont faits, le plus souvent, à l'aide d'expressions empruntées à l'auteur lui-même. — En note, nous avons remanié quelques citations, pour donner le même aspect à toutes les références. — Remarquons en outre que deux des chapitres de ce livre (c. 1 et 8) ne sont que des reproductions d'un article paru dans la Revue des Deux Mondes de 1874[3] : M. Fustel de Coulanges s'était borné, dans le manuscrit destiné à son ouvrage, à allonger la rédaction de cet article et à compléter les notes.

Rédigé dix ans plus tôt que les trois premiers livres de ce volume, le livre IV présente avec eux, au premier abord, certaines divergences. Il ne nous appartenait ni de les faire disparaître ni de les dissimuler. D'ailleurs le lecteur attentif reconnaîtra vite que ces divergences sont toutes de forme, et qu'elles consistent plutôt dans des détails d'expression que dans le fond de la pensée.

Quelques transitions et quelques remarques, d'ailleurs très courtes, ont été ajoutées, afin de donner à l'ouvrage plus de cohésion et d'unité. Elles ont été indiquées par des crochets.

Nous nous sommes abstenu de grossir les notes d'indications bibliographiques : la chose eût été facile, vu les progrès accomplis ces dernières années par la science des textes carolingiens. Mais je ne crois pas que cela eût été conforme aux vues de l'auteur. Du reste, la pensée et les théories de M. Fustel de Coulanges n'auraient rien gagné à ce surcroît de renseignements, et c'est cette pensée que le public cherchera surtout dans ce livre.

La conclusion paraît remonter à 1874 ou 1876. Elle se trouve, malgré la date où elle a été écrite, en singulière harmonie avec le plan et la rédaction de l'Histoire des Institutions, telle que M. Fustel de Coulanges l'avait recommencée dans les dernières années de sa vie. Elle est, des six volumes de cette Histoire, un résumé admirable de vigueur et de concision.

 

Ces six volumes embrassent donc l'Histoire des Institutions politiques de l'Ancienne France depuis les origines jusqu'au moment où la féodalité se trouve constituée. Ils forment un ensemble complet, traitent d'une même période historique, s'ajustent tous au même système. De ce qu'a laissé M. Fustel de Coulanges pour les autres époques, rien ne peut être publié. La rédaction en est très ancienne, mais surtout incomplète et mutilée. Certes on regrettera profondément qu'il en soit ainsi et que l'historien n'ait pu conduire son œuvre jusqu'en 1789. Mais, s'il avait le désir d'y arriver, il en avait peu l'espérance ; il avouait souvent que cette tâche dépassait les limites assignées au travail humain, et il semble bien qu'il ait, à la fin de sa vie, voulu borner, son étude aux Origines du système féodal[4]. Ce qui doit donc diminuer nos regrets, c'est que nous possédons maintenant cette étude, c'est que nous avons, dans ces six volumes, une œuvre homogène et finie, telle que M. Fustel dé Coulanges l'avait conçue et pensée, et, sauf quelques lignes, telle qu'il l'avait écrite. Qu'il nous soit permis d'ajouter ici un mot sur l'esprit de cette œuvre, pour justifier le désir que sa famille et ses élèves ont eu de la livrer tout entière au public.

 

Il y a, dans notre littérature historique, des œuvres plus longues, ou plus colorées, ou d'apparence plus scientifique. Il n'y en a pas qui présente un tel mélange de grandeur et de simplicité. Elle peut se résumer en une formule de quelques lignes, et la même pensée maîtresse qui fait l'unité de l'ouvrage entier fait celle de tous les volumes, et de tous les chapitres de chacun d'eux.

Cette œuvre d'art est un travail scientifique de premier ordre. M. Fustel de Coulanges y a consacré les vingt-cinq dernières années de sa vie ; il l'a refaite trois fois sous forme de cours. Il a lu, la plume à la main, tous les documents, sans exception, laissés par l'antiquité et le moyen âge ; il a relu les principaux plus d'une fois. Il était bien de l'école de ces grands liseurs de textes, comme il aimait à les appeler, des Tillemont, des Godefroi, des Guérard, des Pardessus.

Il a mis le même soin à étudier les ouvrages modernes, ceux de Dubos et de Guérard, comme ceux de Waitz et de Roth, les écrits politiques du XVIIIe siècle et les thèses allemandes de notre temps. Il y a dans ses papiers une importante liasse relative aux écrivains qui ont traité du système féodal et de l'invasion barbare ; il se proposait de les passer en revue dans une longue préface[5] à son grand ouvrage ; il n'avait négligé ni les plus obscurs ni les moins savants, et il commençait à Grégoire de Tours, pour finir à M. Léopold Delisle. Que de fois cependant on lui a fait le singulier reproche d'affecter d'ignorer les œuvres de ses devanciers ! C'est le premier reproche qu'il subit dans sa carrière scientifique, c'est celui qui le blessa le plus : il en a souffert toute sa vie, et l'on devine dans ses écrits que ses joies de travailleur en ont été souvent gâtées.

Pour mieux montrer qu'il connaissait ses devanciers, il ne cessait de les combattre. De là ce, caractère de polémique que ses livres prenaient chaque jour davantage. Ils n'ont pas toujours la sérénité des écrits historiques de la génération précédente. Ce sont des œuvres de combat autant que de science, et il serait facile, en regard de chaque page, de mettre le nom des écrivains contre lesquels elle est dirigée.

Presque toujours, ces auteurs sont des grands noms de notre littérature, Thierry et Michelet surtout, moins souvent Guizot et Henri Martin. Dès le début, l'œuvre de M. Fustel de Coulanges a été une réaction contre la manière dont on a compris l'histoire de France de 1820 à 1850, contre le mouvement historique de la Restauration. Dans les derniers temps de sa vie, il s'est retourné souvent, avec une grande vivacité, contre l'érudition de la fin de notre siècle. Mais il attaqua surtout les grands historiens des temps qui l'ont précédé, ceux qui ont créé l'histoire littéraire, aux synthèses brillantes et aux récits imagés.

Cette génération historique a élevé, sinon formé, M. Fustel de Coulanges : elle régnait encore vers 1850, au moment où il songeait à écrire. Une chose surtout l'inquiétait chez elle, et blessait son amour de la science austère et désintéressée : les écrivains les plus solides, les artistes les plus vrais de cette époque, se laissaient dominer par les idées contemporaines : il le pensait du moins. Selon lui, ils vécurent trop de la vie de leur temps pour aimer assez et pour bien comprendre le temps passé. C'étaient les passions et les faits du monde présent que les historiens d'alors allaient rechercher dans le monde d'autrefois, et c'est ce qui irritait le plus M. Fustel de Coulanges.

Les uns ont surtout marqué l'antagonisme des races. Celtes et Romains, Gaulois et Germains, ont apparu dans leurs ouvrages se livrant à travers les siècles une lutte éternelle. L'invasion a été pour ces écrivains une conquête, une brutalité, et on sent dans leurs livres respirer en dessous un cœur ému contre la force fatale, l'invasion, triomphatrice grossière de l'âme nationale et du droit de liberté. L'avènement des Carolingiens a été un second triomphe de la Germanie guerrière, et la restauration complète des vieilles coutumes germaniques. On a protesté contre César au nom de Vercingétorix, parfois même au nom d'Arminius contre Varus. Le romantisme aidant, on s'est épris des Celtes et de leurs druides, on leur a prêté un long passé de patriotisme et de poésie. On a fait se combattre dans l'histoire les nations d'aujourd'hui. Plus tard même, on a réveillé les races d'autrefois pour les mettre aux prises dans le présent. Au lendemain de 1848, ces fantaisies historiques sont venues en aide aux intérêts politiques, et nous savons le rôle qu'on a fait jouer au patriotisme d'Arminius et au génie des races latines. C'est à cette théorie de l'antagonisme des races que s'attaqua surtout M. Fustel de Coulanges. Il s'acharna véritablement contre elle, et il semble bien qu'il en souffrit autant comme patriote que comme historien.

Un autre désir s'était emparé des historiens de la génération de Juillet. Ils avaient assisté à l'avènement du gouvernement parlementaire, ils croyaient à son triomphe définitif. Ils le regardaient comme le salut et l'avenir de la France. De là le besoin chez eux d'en faire remonter les origines le plus loin possible et de lui donner la consécration historique. Les historiens de l'Allemagne contemporaine se figurent volontiers leur patrie comme marchant depuis quinze siècles dans la voie tracée par la Providence pour arriver à l'hégémonie prussienne et à l'acte du couronnement de 1871. Nos historiens d'il y a soixante ans faisaient de même pour notre pays. Leurs œuvres reflétaient les grandes joies et les vastes espérances de leur temps. Les uns, songeant à l'union inespérée de la monarchie et de la représentation nationale, ont dit que cette union était la loi providentielle de nos destinées. Les autres, dans le brillant matin de Juillet, ont cru que le triomphe populaire et les Trois glorieuses Journées étaient la conclusion de notre histoire et la fin des luttes éternelles entre la Liberté et le Despotisme. Pour les historiens comme pour les poètes, la Révolution de 1830 a été un instant l'apothéose de la vie nationale et le couronnement de la mission de la France dans le monde. La plus belle œuvre de notre littérature historique, celle de Michelet, fut conçue d'un moment, de l'éclair de Juillet : dans ces jours mémorables, une grande lumière se fit, et j'aperçus la France. Henri Martin, avec cette foi mystique qui survécut à tant d'espérances, admirait depuis longtemps le développement progressif de l'unité nationale, que l'Assemblée Constituante a consommée lorsqu'elle a proclamé le gouvernement représentatif et l'égalité de tous les Français devant la loi. Plus pratique et plus intéressé, Guizot demandait à l'histoire de nouveaux moyens de civilisation, c'est-à-dire un appui pour le gouvernement qu'il aimait et comme une préparation à' son ministère ; il étudiait avec soin cet élément germain qui a fourni à la civilisation moderne naissante le souvenir des assemblées nationales. Les événements du milieu de ce siècle furent pour ces âmes demeurées jeunes une véritable catastrophe. Le plus populaire de ces écrivains, Augustin Thierry, cessa un instant de comprendre l'histoire de son pays. Le régime constitutionnel de 1814 et celui de 1830 sont venus renouer la chaîne des temps et des idées, reprendre sous de nouvelles formes la tentative de 1789, l'alliance de la tradition nationale et des principes de liberté. C'est à ce point de vue qui m'était donné par le cours même des choses que je me plaçai dans mon ouvrage, m'attachant à ce qui semblait être la voie tracée vers l'avenir, et croyant avoir sous mes yeux la fin providentielle du travail des siècles écoulés depuis le douzième. Vint éclater sur nous la catastrophe de février 1848. J'en ai ressenti le contre-coup de deux manières, comme citoyen d'abord et ensuite comme historien. Par cette nouvelle Révolution, l'histoire de France paraissait bouleversée autant que l'était la France elle-même.

C'est au moment où ces lignes parurent que M. Fustel de Coulanges se mettait au travail. On dirait qu'en combattant ce qu'il appelait l'esprit systématique des temps modernes, il les a eues sans cesse sous les yeux. Elles sont en effet l'expression la plus nette et la plus naïve de l'esprit de celte génération, qui s'inspirait du présent pour expliquer les institutions d'autrefois. Réagissant à outrance, M. Fustel de Coulanges ne désirait qu'une chose, s'abstraire de son époque, ne tirer que du passé même les moyens de comprendre le passé. S'il a eu dans sa vie une cuisante passion, c'est de n'être qu'un liseur de textes, c'est d'oublier son temps, de s'enfermer dans les documents et d'y voir la vérité. La science historique a été pour lui une religion absorbante, absolue et militante.

A cet égard cependant, et malgré la puissante portée scientifique de ses ouvrages, ils sont un document capital pour l'histoire de notre époque, des lettres et de l'esprit français. M. Fustel de Coulanges a fait en histoire ce que tant de ses contemporains faisaient en littérature. Il a aimé la science pour la science même, comme autour de lui on aimait l'art pour l'art. Par cela seul qu'il s'enfermait dans le passé, il était bien de son temps, qui, revenu des enthousiasmes de la génération de 1830, demanda à la seule recherche du beau ou du vrai son courage et ses espérances.

Si M. Fustel de Coulanges n'a cessé de lutter contre l'école historique qui l'a précédé, il s'y rattachait cependant de deux manières. Il tenait d'elle le souci littéraire, le soin de la composition et du style. Comme elle surtout, il eut le culte du travail. Pour être moins épanoui et plus austère, pour être fait de plus de foi que d'espérance, le culte du travail a été, avec l'amour de la famille, le vrai bonheur de sa vie. Il l'a donné à ses élèves, il le leur a enseigné autant que la lecture des textes. S'il voulut oublier, en écrivant, les choses du présent, il n'en a pas moins admirablement servi la France de nos jours par ses livres, par ses leçons, par son exemple ; et, pour me servir de l'expression du maître qu'il a le plus combattu et auquel il ressemble le plus, il a donné à son pays tout ce que lui donne le soldat mutilé sur le champ de bataille.

 

Bordeaux, 1er novembre 1891.

CAMILLE JULLIAN.

 

 

 



[1] Les Institutions politiques au temps de Charlemagne ; Académie des Sciences Morales, Compte rendu, 1876, t. CV, p. 460 et 612 ; t. CVI, p. 605. — Cf. Le Gouvernement de Charlemagne, dans la Revue des Deux Mondes du 1er janvier 1876 : cet article n'est qu'une variante du précédent mémoire. — Nous n'avons pas cru devoir utiliser, ni pour ce volume, ni pour le précédent, L’Étude sur les Origines du système féodal, parue dans l'Académie des Sciences Morales, Compte rendu, 1874 et 1875, t. CII, p. 495 et t. CIII, p. 59 et 360. Les idées de M. Fustel de Coulanges s'étaient sensiblement modifiées depuis. Ainsi je ne trouve rien, dans les dernières notes écrites par l'auteur, sur la question qu'il avait traitée dans la seconde partie de ce dernier mémoire (essai d'un système d'institutions libres à l'époque mérovingienne). Il est visible qu'il avait écarté cette question de ses recherches comme de sa pensée.

[2] Revue historique, deuxième année, t. III, janvier-février 1877.

[3] Origines du régime féodal. II. Le patronage et la fidélité. 1874, t. IV, p. 564-572, p. 575-579.

[4] La conclusion de ce volume suffirait à l'indiquer. Cf., plus loin, l'introduction citée à la note suivante, et encore La Gaule romaine, introduction, p. XII, L'Invasion, germanique, p. 226 ; La Monarchie franque, préface et p. 651 ; L'Alleu, p. 464, etc.

[5] En voici l'introduction :

Je me suis proposé comme sujet de travail, depuis longues années, la recherche purement scientifique des origines du régime féodal. Cette question, comme toutes celles que renferme encore l'histoire, ne pouvait se résoudre que par la lecture directe des documents et l'observation attentive des faits. Toutefois, avant de me lancer dans l'étude des faits et des documents, j'ai cru qu'il était sage de me demander d'abord ce que les historiens et les érudits de tous les temps avaient pensé sur le même sujet. J'ai consulté leurs écrits, je les ai lus, comparés, avant de commencer mes recherches personnelles. Les notes que j'avais prises sur eux et où je résumais leurs opinions n'étaient pas destinées à la publicité ; ce n'étaient que les notes d'un liseur qui veut se souvenir. Je crois pourtant que quelques esprits curieux y pourront trouver de l'intérêt. Il ne sera pas inutile de voir, resserré en un court tableau, tout ou à peu près tout ce qui s'est dit sur une grave question. Quant à ce qui me concerne, ces notes expliqueront pourquoi j'ai cru qu'après tant de travaux il y avait encore des recherches à faire.