L'ALLEU ET LE DOMAINE RURAL PENDANT L'ÉPOQUE MÉROVINGIENNE

 

CHAPITRE VI. — LE SOL ÉTAIT-IL DISTRIBUÉ EN VILLAGES OU EN DOMAINES ?

 

 

Quand nous avons étudié l'état des terres dans la société gallo-romaine à la veille des invasions, nous avons remarqué que le sol n'était pas distribué en villages, mais qu'il l'était plutôt en domaines, que la langue du temps appelait prædia, agri, ou villæ. Ce n'est pas qu'il n'y eût aussi des villages composés de petits propriétaires et de paysans libres ; mais le nombre n'en était pas grand, et, en tout cas, la villa ne dépendait pas de ce vicus et n'en faisait pas partie. Au contraire, le vicus était souvent une dépendance de la villa et n'était autre chose que le groupe des habitations de colons ou de serfs appartenant au propriétaire de cette villa. En sorte que, bien qu'il ait existé un certain nombre de villages semblables aux nôtres, on doit pourtant penser que le territoire rural était plutôt réparti en domaines qu'en villages. Nous devons chercher maintenant ce qu'il est advenu de cette distribution du sol après les invasions.

Trois choses sont possibles. Il se peut d'abord que, les Germains s'étant partagé la terre également comme entre hommes égaux, les domaines romains aient disparu pour faire place aux petites propriétés et aux villages libres. Il se peut aussi que, les envahisseurs étant constitués entre eux suivant une hiérarchie militaire, chaque chef ait obtenu une grande part de sol, dont il aurait ensuite distribué des parcelles entre ses compagnons restant groupes autour de lui et vivant sur sa terre. Le sol aurait alors reproduit l'image d'une armée : il aurait eu ses terres en quelque sorte gradées, comme l'armée avait son échelle de grades. C'est le système de plusieurs érudits modernes. La troisième chose possible est que le sol soit resté distribué après les invasions comme il l'était avant elles, c'est-à-dire avec la prédominance du domaine et la rareté du village libre. De ces trois hypothèses, nous devons chercher quelle est celle qui s'est réalisée.

Le problème est difficile, mais non pas insoluble. Pour arriver à saisir cet état du sol, nos principaux documents sont les lois, les formules d'actes et les chartes. Les lois, par quelques-unes de leurs dispositions, laissent voir l'organisme de la propriété foncière. Les formulaires mérovingiens contiennent vingt et une formules pour les ventes ou cessions d'immeubles, onze pour les échanges, treize pour des constitutions de dot où des immeubles figurent, cinquante-quatre pour des donations soit, à des particuliers, soit à l'Église. Nous possédons des documents encore plus précis : ce sont les chartes, dans lesquelles chaque propriété est indiquée par son nom et décrite dans sa nature. Il y a quatre-vingt-quatre diplômes royaux qui ont pour objet ou une donation de terre, ou la confirmation d'une donation faite par un particulier, ou un jugement royal relatif à un bien foncier. Quant aux actes des particuliers, il y a dix-neuf testaments où nous pouvons voir par leurs noms les immeubles que possède le testateur ; il y a quatre-vingt-deux chartes de donation, douze actes de vente et neuf actes de partage ou d'échange. Si l'on ajoute à cela les chartes que nous avons de Saint-Bénigne de Dijon, de Saint-Pierre de Bèze, de Saint-Victor de Marseille, de Saint-Bertin, et les riches cartulaires des abbayes de Wissembourg, de Saint-Gall, de Fulda, de Saint-Maximin de Trèves, si l'on tient compte des chartes écrites dans les quatre-vingts années qui ont suivi la période mérovingienne, et qui reproduisent trait pour trait celles de cette période, on arrive à un total de plusieurs milliers d'actes, qui tous ont pour objet le transfert d'un immeuble et qui tous nomment cet immeuble et le décrivent dans ses divers éléments. Avec des documents si nombreux, et pourvu qu'on les observe avec attention, il est possible de savoir avec certitude comment le sol était distribué et quelle était la nature du domaine rural. C'est cette analyse que nous allons faire.

La Loi des Burgundes ne contient pas une seule fois le mot qui signifie village ; vicus n'y est pas. Plusieurs fois, au contraire, l'unité rurale est désignée par. le mot villa. Comme ce code est écrit dans une langue toute latine, nous devons penser que le mot villa y a le même sens que dans tous les autres textes latins, c'est-à-dire celui de domaine. Cela est d'ailleurs manifeste si l'on observe de près le titre XXXVIII de la loi. Le législateur veut assurer l'hospitalité à tout homme qui voyage pour le roi ou à tout ambassadeur étranger venant vers le roi. Or il suppose que ce voyageur s'arrête pour passer la nuit, non dans un vicus, mais dans une villa[1]. Et cette villa est si bien un domaine, qu'elle est régie par un intendant ou fermier, conductor, qui y représente le propriétaire absent[2]. La majorité des habitants de cette villa est composée d'esclaves et de colons[3]. Ailleurs, la loi parle de l'actor, c'est-à-dire du régisseur d'une villa, ainsi que des colons et des esclaves qui la cultivent[4].

On n'a pas assez remarqué que la Loi salique ne fait jamais mention de villages. Le mot vicus ne s'y trouve pas, tandis que le mot villa y est plusieurs fois. Quelques érudits, ayant l'idée préconçue que le village libre avait dû former le fond de la société franque, ont voulu que le mot villa, qui n'a nulle part la signification de village, eût par exception ce sens dans la Loi salique. Mais cette opinion est bien téméraire. On n'a pas le droit de changer la valeur d'un mot pour construire un système. La Loi salique n'est pas écrite en un latin arbitraire, comme le disent ceux qui l'ont peu étudiée ; il est au contraire très digne d'attention que les radicaux latins qu'elle emploie ont toujours le sens exact que leur donnait la langue latine. Il n'existe donc pas de raison suffisante pour imaginer que le mot villa y signifie autre chose que ce qu'il signifie dans les mille exemples qu'on en a du cinquième, du sixième, du septième siècle.

Il y a plus : la Loi salique elle-même indique très clairement que c'est bien d'un domaine ou d'une propriété privée qu'elle veut parler lorsqu'elle emploie le mot villa. Quand elle parle en deux passages de celui qui a assailli et forcé la villa d'un autre, il est clair qu'il ne s'agit pas de tout un village : il s'agit d'une propriété particulière[5]. Ailleurs, au titre XLV, une rubrique, qui est dans quarante-neuf manuscrits sur soixante-trois, porte : De celui qui aura occupé la villa d'un autre[6]. Ici encore il est clair que c'est d'une propriété privée qu'il s'agit, et non pas d'une commune rurale. Sous cette même rubrique, un long article contient quatre fois le mot villa ; tout homme qui n'aura pas l'esprit prévenu le traduira par une propriété, et non pas par un village. Plusieurs hommes, à la vérité, l'habitent, et la loi ne dit pas s'ils sont serfs, colons ou libres, s'ils sont propriétaires ou tenanciers ; mais en tout cas dans ce long article il n'y a pas un mot qui indique que ces hommes forment entre eux une commune rurale[7].

Dans la Loi ripuaire on ne trouve ni le mot vicus, ni aucun terme qui donne l'idée d'un village. On y trouve la villa, et il est manifeste que cette villa est une propriété privée, puisque la loi parle de l'homme qui a acheté une villa à un autre homme[8]. Il est clair qu'une villa qui passe ainsi des mains d'un propriétaire unique dans les mains d'un autre propriétaire, est un domaine, et n'est pas un village, au moins dans le sens moderne que nous donnons à ce mot.

Les formules de la pratique donnent, lieu à la même observation. Sur plus de cent qui sont relatives au transfert des immeubles par donation, vente ou testament, vous ne trouvez le mot vicus qu'une seule fois[9]. Le mot villa y est sans cesse. Il n'y a pas une ligne qui décrive un village. La villa est manifestement une propriété privée, puisqu'un homme la vend, la lègue, la donne. L'auteur de l'acte dit : villam juris mei, villam proprietatis meæ. Il la transfère tout entière, in integrum, cum integritate sua ou cum soliditate sua[10]. Plus de cent fois cette villa est décrite avec ses terres, maisons, constructions, esclaves, colons, champs en labour, prairies, vignes, forêts, eaux et cours d'eau[11]. Elle n'appartient pas toujours à un seul homme, car nous verrons qu'elle peut être partagée. Mais, bien qu'il puisse se trouver dans ses limites plusieurs propriétaires, elle n'a pas pour cela le caractère d'une commune rurale, et ne ressemble pas à ce que nous appelons un village.

Passons aux chartes. Ici les textes sont plus précis encore, parce que chaque immeuble qu'on lègue ou qu'on donne est déterminé, nommé et décrit. Il n'y est jamais question de villages ; il n'y est fait mention que de domaines. Par exemple, Bertramn écrit : Je lègue la villa dont je suis propriétaire et qui s'appelle Bonalpha[12]. Il lègue de même sa villa Colonica, sa villa Bructiagus, sa villa Bréa, sa villa Umbriacus, et plusieurs autres. Théodétrude fait donation de trois terres, dont chacune est une villa : villa Matrius, villa Patriacus, villa Milgiacis ; ce sont trois domaines dont elle est pleinement propriétaire et qu'elle donne avec plein pouvoir de tenir, posséder, vendre, échanger, en faire tout ce qu'on voudra[13]. Ursinus et Beppolène se partagent la succession de leur père Chrodolène, et cette succession consiste en plusieurs villæ[14]. Ce sont aussi des villæ que lègue Burgundofara[15]. Un évêque d'Auxerre écrit qu'il fait donation de sa villa Vallis, et nous voyons dans le même acte que la villa Clamiciacus a été la propriété d'un certain Godin, qui l'a vendue à un évêque[16]. Adalsinde, fille d'Amalgaire, fait donation de plusieurs villæ[17]. Ce sont encore des villæ que donnent les rois[18], et ils prononcent des jugements entre plaideurs qui se disputent la possession d'une villa[19]. Nous lisons dans un diplôme que, dans la vallée de la Somme, la villa Corbeia avait été la propriété d'un certain Guntland[20]. Le comte Wulfaud fait donation de la villa Condate qu'il possède dans le Barrois[21]. Léodger lègue sa villa Tiliniacus qu'il tient de sa mère et que sa mère tenait d'une suite d'ancêtres[22]. Vandemir et sa femme Ercamberte font donation de leur villa Ingolinocurtis, de leur villa Fraxinetus et de plusieurs autres[23].

Cela n'est pas vrai seulement du midi et du centre de la Gaule, mais tout aussi bien des régions du nord et de l'est où prévaut la population germanique, Dans le pays de Thérouenne, Adroald est propriétaire de la villa Sithiu et de plusieurs autres villas, tandis qu'il n'est parlé d'aucun village[24]. Dans le pays de Liège, nous trouvons la villa Lenione, la villa Wandelini et beaucoup d'autres qui sont des propriétés privées[25]. Dans la vallée de la Moselle, nous trouvons des localités qui s'appellent Baldebrunno, Hildenesheim, Walcheim, Speia : ce sont des villas ; leur propriétaire les donne à un monastère ;. près de Trêves, Munsenfeld et Wintersdorf étaient des domaines appartenant à une femme avant d'être donnés à l'Église[26]. D'autres villæ situées sur le cours même de la Moselle s'appellent Marningus, Sugiacus, Sarabodisvilla et sont simplement des domaines[27]. En Alsace, Hodulsisheim, Austondorf, Haganbach, Brunningovillare, Plitaresdorf ne sont pas des villages ; ce sont des villæ, et elles appartiennent en propre à Rodalus, à Hildifrid, à Wérald, à Haimo, à Graulf[28]. Adalgise et sa femme Flawinsinde vendent leur villa Gerleihes qu'ils tiennent d'héritage, et Ermembert fait donation de sa villa Audowinus qu'il possède au même titre[29]. Nous pourrions multiplier ces exemples. Voici dans le même pays deux localités appelées Monesisheim et Onenheim ; ce ne sont pas des villages de paysans libres ; ce sont des domaines, et un diplôme nous montre qu'il sont cultivés par des colons et par des serfs[30].

On peut noter qu'il en est de même dans les pays germaniques. Prenez, par exemple, le recueil de chartes de Neugart : vous voyez partout des domaines, et non pas des villages ; et ces domaines appartiennent à un seul propriétaire, sauf le cas de partage dont nous parlerons plus loin ; tous aussi sont cultivés par des serfs ou des colons appartenant au même propriétaire. Les plus anciens documents où l'on peut saisir l'étal du sol en Allemagne, montrent que c'est le domaine qui prévaut, et non la commune rurale[31].

Ainsi, à l'époque mérovingienne comme à l'époque romaine, c'est la villa que nous trouvons partout. Elle est dans toutes nos chartes. Cette villa comprend des terres de diverses sortes, car les chartes disent sans cesse qu'il s'y trouve des champs à labour, des vignes, des prés, des forêts, des pâquis. Toutes aussi laissent bien voir quelle est la population qui habite cette villa ; car le propriétaire déclare qu'il la vend avec les esclaves et les colons qui y sont manant. Les vignes sont vendues avec leurs vignerons, les troupeaux avec leurs bergers. Pas une seule charte ne parle de paysans libres ; elles parlent toutes de colons et de serfs. La villa est le contraire d'une commune rurale.

Pour désigner ce domaine, les chartes et les formules emploient quelquefois d'autres termes que le mot villa, mais des termes qui n'en sont que les équivalents. Les mots prædium et fundus en sont visiblement synonymes ; mais ces termes, très usités dans la Gaule romaine, deviennent assez rares dans la Gaule mérovingienne[32]. Le mot ager est plus fréquent. Comme dans l'ancienne langue latine, il est employé avec deux significations très distinctes : tantôt il désigne seulement la partie des terres qui est en labour, tantôt il s'applique à l'ensemble du domaine entier et comprend même des prés et des bois[33]. Il est bien vrai que dans l'ancienne langue les deux termes ager et villa n'avaient pas été strictement synonymes, puisque villa désignait spécialement les constructions, et ager le terrain ; mais le langage usuel employait indifféremment l'un ou l'autre pour désigner le domaine entier. Dans beaucoup de chartes un ager n'est pas autre chose qu'une villa. Ainsi, le domaine nommé Albiniacus est appelé villa seu ager[34]. De même le domaine de Brogeria[35]. Dans un acte de 665, la terre d'Elariacus, propriété d'un couvent, est tantôt villa, tantôt ager[36]. Nous lisons dans un acte de 653 : Je fais donation de trois agri que je possède et qui sont très considérables, Meliganna dans le pays de Sens, Vincellæ et Truciacus dans le pays d'Auxerre[37] ; or ces trois agri sont visiblement trois domaines, lesquels sont devenus aujourd'hui les villages de Mingenne, Vincelles et Trucy. Ce qu'une charte appelle l'ager Floriacus était un ancien fisc royal et est en 667 la propriété de Léodébode[38]. L'ager Littidus, qui appartient pour une part à ce même personnage, comprend maisons, constructions, champs, vignes, forêts, prés et pâquis[39]. Arédius lègue, en 575, sa part de l'ager Sisciacus, et cette seule part comprend des maisons, une chapelle, plusieurs terres en labour, des prairies, des forêts, des terres incultes, et des colons[40]. Je donne, écrit Eligius en 651, mon domaine de Solignac, agrum Solemniacensem, avec toutes les constructions qu'il porte, avec ses esclaves et ses colons, avec ses vignes, ses prés, ses bois, ses eaux et cours d'eau, avec toutes ses limites et dans toute son intégrité[41]. De tels exemples montrent, clairement que le mot ager dans la langue du temps désignait un domaine rural.

Le mot chors, cortis, curtis, dans l'ancienne langue, s'était dit de la cour de ferme qu'entouraient les maisons, étables et granges ; il a encore ce sens dans la Loi des Burgundes et dans la Loi salique[42] ; et il ne l'a même jamais perdu[43]. Mais en même temps et par une extension naturelle il s'est appliqué au domaine entier. Comme la curtis était le chef-lieu du domaine, on en est venu à appeler le domaine curtis, pour la même raison qu'on l'appelait villa. C'est ainsi que dans un acte de 525 nous voyons un propriétaire faire donation de plusieurs curies, dont chacune est une grande propriété[44]. Dans un diplôme de 656, un même domaine est appelé d'abord curtis, ensuite villa[45]. Ailleurs, la villa Latiniacus est appelée aussi curtis Latiniacus[46]. Un donateur cède la curtis Sarclidæ, qui comprend maisons, esclaves, vignes, forêts, prés, pâquis, moulins, troupeaux avec leurs bergers, et toutes dépendances[47]. Un autre, dans, la région de la Moselle, donne une curtis en son entier, comprenant maisons, courtils, champs, prés, pâquis, forêts, eaux et, cours d'eau, esclaves, bergers, porchers[48]. Le même donne une partie de sa curtis Monhora, dans le pays de Trêves ; or cette seule partie comprend quatre cents journaux de terre arable, le tiers d'une forêt, des prés, un troupeau de porcs avec deux porchers, un troupeau de bœufs avec deux bouviers, et enfin sept habitations de colons avec les terres que chacun d'eux cultive[49]. Voilà donc bien la curtis analogue à la villa ; c'est un domaine rural. Aussi voyons-nous dans nos chartes une série de domaines qui s'appellent Calvonecurtis, Epponecurtis, Curtis Runciana, Curtis Allionicus, Friscinicurtis, Winardocurtis, Curtis Darciacus[50].

Quelquefois les chartes emploient le mot locus ; c'était un terme vague en soi, mais auquel les hommes attachaient volontiers la signification précise de domaine et dont ils faisaient un synonyme de villa. Ainsi nous voyons dans un diplôme de 628 qu'un riche propriétaire nommé Chrodolène a laissé dans sa succession trois lieux appelés Ferrariæ, Leubaredovillare et Eudoncovilla[51]. En 652, Ermembert fait donation de deux lieux qui s'appellent Marciacus et Posciacus[52]. Ces noms indiquent visiblement deux domaines. Il est clair que le locus Taciacus que Frodinus a acheté et qu'il a ensuite cédé au fisc en échange d'une autre terre est encore un domaine[53]. De même nous trouvons un lieu qui s'appelle villa Baltrudis[54]. De même encore, nous voyons une femme faire donation de la moitié du lieu appelé Pladanus[55]. Le domaine de Avna est appelé dans une même phrase locus et villa[56] ; Corbie est dans le même diplôme un locus et une villa[57]. Le lieu appelé Commenariæ est un domaine que son propriétaire a donné à une église[58]. En Toxandrie, Engilbald fait donation de son locus vel villa Waderlo, qu'il possède par héritage et qui comprend terres en labour, prés, pâquis, forêts, esclaves[59] ; et dans le même pays Ansbald donne le lieu Diesne avec maison de maître, six maisons, et six familles d'esclaves[60].

Quelquefois encore un domaine rural est désigné par le terme domus. C'est ce que nous voyons plusieurs fois dans Grégoire de Tours. De même Arédius lègue sa domus Scauriniacus, qui comprend des vignes, des prés, des forêts[61].

Le sens exact des mots ne doit pas être jugé sur de simples apparences. On rencontre souvent les termes villula, villare, locellus, agellus, et l'on est d'abord tenté de croire qu'ils désignent une très petite propriété. Cela est vrai quelquefois. Mais le plus souvent nous les trouvons appliqués à de grands domaines, analogues et égaux à la villa. La langue de ce temps-là ne se piquait pas de précision ; elle visait plutôt à l'élégance et même à l'afféterie. Loin qu'elle fût simple et rude, comme on se l'imagine quelquefois, elle avait horreur du naturel. Elle recherchait les périodes arrondies, les tours singuliers. Elle allongeait les mots pour les rendre plus gracieux ; elle disait terrula, prædiolum, campellus, vineola, possessiuncula, silvula, sans attacher à ces mots un autre sens qu'à prædium, campus, vinea ou silva. On disait de même servulus, mancipiolum, monacholus, monasteriolum. Bertramn dans son testament désigne la même propriété par les mots villa et villula[62]. Ce que Léodébode appelle sa terrula Mariniacus renferme maisons, esclaves, champs, prés, forêts, vignes[63]. L'agellus Ancharianus, dont Césaire a donné une partie à un couvent, comprend 150 arpents de vigne, 145 arpents de terre en labour, sans compter le reste[64]. Le locellus de Fontanido que lègue Bertramn en toute son intégrité, avec ses vignes, avec ses esclaves, est un don royal qu'il tient de la générosité de Clotaire II ; et ce domaine est aujourd'hui la commune de Fontenay (Sarthe), dont la superficie dépasse 1.100 hectares[65]. Le prædiolum appelé Novavilla est aujourd'hui le territoire de Neuville (Indre-et-Loire)[66]. On peut voir enfin par un grand nombre de chartes et de formules que ces hommes appelaient locellus un domaine qui comprenait presque toujours maisons, champs, vignes, prés, esclaves[67].

Ainsi, sous les noms divers de villa, ager, prædium, villare, agellus, les chartes présentent toujours une même chose, c'est-à-dire un domaine rural. Ce domaine peut être de grande ou de moyenne étendue ; mais toujours il comprend des terres de diverse nature, et toujours aussi il est cultivé par des paysans qui sont des serfs ou des colons.

Tandis que les chartes nomment et décrivent un millier de villæ, je n'y rencontre que dix-sept fois le mot vicus. Encore serait-il fort imprudent, à chaque fois que ce terme se présente, de se figurer qu'il s'agisse d'un village comme sont ceux d'aujourd'hui, c'est-à-dire d'une réunion de paysans libres et propriétaires. Il ne faut pas se tenir à une première apparence. Quand nous lisons, par exemple, dans la chronique de saint Bénigne de Dijon, que le roi Gontran fit don à ce monastère d'un vicus de grande étendue nommé Elariacus[68], nous voyons tout de suite que ce vicus est un domaine ; il était la propriété privée du roi Gontran, désormais il sera la propriété d'un monastère ; ni dans l'un ni dans l'autre cas il n'est un village d'hommes libres. Ce que la chronique appelle ici un vicus n'est pas autre chose qu'une villa, et la preuve en est que, quelques pages plus loin, le même Elariacus est appelé villa[69].

Le vicus Mauriciacus que nous trouvons dans une charte n'est pas un village d'hommes libres, car il est la propriété d'une femme[70]. Bertramn lègue sa villa ou vicus Pocilenus, qu'il a acheté d'un certain Ludovicus pour la somme de mille pièces d'or[71]. Le vicus Aurienus est une propriété privée que son propriétaire lègue à une église[72]. Le vicus Busiacus a été successivement la propriété de Hadoin, de Lonégisile, puis de l'église du Mans[73]. Un diplôme de 652 montre qu'un monastère possède des vici comme il possède des villæ[74]. Un donateur s'exprime ainsi : Je donne les vici dont les noms suivent, à savoir la villa Fracillus, la villa Montelliacus, et onze autres[75]. Annémund déclare dans une charte que le vicus Dolomicuraticus avait été la propriété d'un certain Albertus avant d'être donné à un monastère avec ses champs, manses et bois[76]. Un autre fait donation du vicus Artinus avec ses terres, manses, colons, esclaves, lites, vignes, prés et forêts[77]. En Alsace, Eberhard est propriétaire de quatorze vici dont il donne les noms ; il les tient d'héritage, et il en fait donation au monastère de Murbach[78]. Dans un acte, le domaine de Belenavum est appelé en même temps vicus et villa. Le vicus Altrisiacus d'une chronique est nommé quelques pages plus loin Altriciensis villa[79]. Tous ces exemples montrent bien que ce que la langue du temps appelait vicus était, le plus souvent, une propriété privée. Il s'en trouvait un dans chaque domaine. En ce sens on peut dire qu'il y avait presque autant, de villages dans la Gaule mérovingienne que dans la France d'aujourd'hui ; mais chacun de ces villages faisait partie d'un domaine, appartenait tout entier à un propriétaire et n'était que le groupe d'habitations des colons et des serfs.

Cela ne surprend pas, si l'on se rappelle qu'il en était de même dans la société romaine. Nous avons cité, dans un chapitre précédent, des exemples tirés des écrivains latins et même des lois, où l'on a vu que le vicus était souvent un domaine ou l'annexe d'un domaine. Au fond ce terme ne signifiait pas autre chose qu'une agglomération d'habitations, et il pouvait tout aussi bien s'appliquer à des habitations d'esclaves qu'à des habitations d'hommes libres. Sur un grand domaine romain le vicus avait été la réunion des esclaves du propriétaire ; il fut encore la même chose dans le domaine de l'époque mérovingienne.

Nous n'affirmons nullement que tous les vici qui sont cités dans nos chartes fussent de cette nature. L'expression in vico ou juxta vicum se rencontre plusieurs fois sans rien qui explique de quels hommes se compose ce vicus ; on peut supposer alors, si l'on veut, qu'il s'agit d'un village libre[80]. Mais il est curieux de noter que, toutes les fois qu'il se trouve un détail explicatif, le vicus est incontestablement un domaine cultivé par des colons ou des serfs.

Les écrivains du temps donnent lieu à la même observation. Grégoire de Tours nomme un assez grand nombre de vici, sans dire quelle en est la nature ; mais trois fois il laisse échapper un détail explicatif qui montre qu'ils étaient des domaines. Il mentionne, par exemple, le vicus Sexciacensis, et six lignes plus bas il dit qu'il était la propriété de Sévérus[81]. Ailleurs, une localité est qualifiée par lui de vicus et de domus ; or ce dernier terme, dans les habitudes de langage de Grégoire, est synonyme de villa[82]. C'est ainsi que chez Flodoard ou dans les sources qu'il consultait, le même lieu est appelé villa et vicus[83]. Un hagiographe mentionne un vicus Celciacus que son propriétaire donna à l'église[84]. Un autre rapporte un miracle arrivé dans la propriété d'un certain Gamardus, et cette propriété privée est appelée par lui un vicus[85].

On inclinerait d'abord à penser qu'au moins dans les régions du nord et de l'est, plus particulièrement habitées par les Germains, on trouverait des villages libres. Il n'en est rien. En Toxandrie, Alfheim avec ses onze manses d'esclaves est la propriété d'Engelbert par héritage[86]. Diesne avec ses six manses d'esclaves et sa maison de maître est la propriété d'Ansbald[87]. En Alsace, ce ne sont pas seulement les localités dont les noms sont terminés en villa ou villare qui sont des domaines, ce sont aussi bien les localités en heim ou en dorf. Winlicheim est une villa qui appartient à Rohingus, Rodenheim et Einsisheim à Eberhard[88]. Liulfrid vend sa villa qui s'appelle Burckheim[89]. Altdorf est la villa d'une femme[90]. Heimendorf est un petit domaine qui est rattaché à un domaine plus grand nommé Arlesheim[91]. Wintersdorf est aussi une propriété privée et a été donné en dot à une femme[92]. Bruningesdorf, Plitaresdorf, Didendorf, Sarensdorf, Ratolfesdorf, Riberesdorf sont des domaines, c'est-à-dire des lieux cultivés par des esclaves et possédés par des propriétaires[93].

Toutes ces observations ne prouvent pas qu'il n'ait existé dans la Gaule aucun village d'hommes libres ; elles prouvent seulement qu'il serait erroné de prendre tous les vici que l'on rencontre pour de pareils villages. Il est clair, d'autre part, que certains vici, comme Ambasia, aujourd'hui Amboise, Brivate, aujourd'hui Brioude, Ricomagus, aujourd'hui Riom, n'étaient pas et probablement n'avaient jamais été des propriétés privées. Il faut donc admettre que le terme vicus s'appliquait tantôt à des villages d'hommes libres, tantôt à des villages serfs faisant partie intégrante d'un domaine.

Peut-être la forme des noms fournit-elle un moyen de les distinguer. Quand nous voyons des vici qui s'appellent Silviacus, Celciacus, Gaudiacus, Sexciacensis, Vibriacus, Luciliacus, Nobiliacus, Priscianiacus, ces noms, qui sont visiblement dérivés de noms de propriétaires, nous permettent de croire qu'ils désignent des domaines. Au contraire, les noms comme Ambasia, Brivate, Crovium, Iciodorum, Mantolomagus, Nemptodorum, Ricomagus, Tornomagus, nous paraissent désigner plutôt des bourgs ou des villages peuplés d'hommes libres.

Cette distinction faite, on arrive à cette conclusion que les vrais villages d'hommes libres sont fort peu nombreux dans nos textes. Je n'ai réussi à en trouver qu'une cinquantaine au plus, contre plus de douze cents villæ. Telle était, semble-t-il, la proportion entre les villages et les domaines.

Reste encore à se demander si ces villages libres avaient un territoire fort étendu, et si la part de sol qu'ils représentent est au moins proportionnelle à leur nombre. Il y a quelque raison d'en douter. Ces villages sont plutôt présentés comme des lieux d'habitation que comme des, lieux de culture. Je ne trouve aucun texte où leurs habitants soient désignés comme cultivateurs. Comme ces villages étaient ordinairement sur les routes ou au passage des rivières, il est possible qu'ils aient été des centres d'industrie et des rendez-vous pour le commerce. Ils étaient aussi des centres religieux. Dans Grégoire de Tours le vicus est presque toujours une paroisse ; un évêque y bâtit une église et y installe un prêtre, voilà le vicus ; et les habitants des villæ voisines s'y rendent le dimanche et aux jours de fête comme à un chef-lieu ecclésiastique. Nulle part le vicus n'apparaît comme un centre de culture. C'est, au contraire dans les villæ que nous trouvons toutes les catégories d'hommes qui cultivent la terre, colons, esclaves, manants ; et c'est aussi dans les villæ, non dans les vici, que les documents nous disent qu'il y a terres arables, prairies, vignes, forêts, pâquis. Le village libre, outre qu'il est rare, paraît être en dehors de la culture générale. Cultures et cultivateurs sont plutôt distribués en villæ. La véritable unité d'exploitation rurale n'est pas le village, c'est le domaine.

 

 

 



[1] Lex Burgundionum, XXXVIII, 1 : Quicunque hospiti venienti.... Si conviva regis est.... De legatis vero extranearum gentium, id volumus custodiri ut unum porcum aut berbicem prxsumendi habeant facultatem. 3 : Qui intra terminum villæ commanent. 4 : A consistentibus intra terminum villæ.

[2] Lex Burgundionum, XXXVIII, 9 : Si in villa conductor ingenuus est, et tectum aut focum non dederit, inferat solidos 3 ; si servus est, fustigetur.

[3] Lex Burgundionum, XXXVIII, 10 : Quod de Burgundionum et Romanorum colonis et servis præcipimus custodiri. — D'ailleurs, plusieurs hommes libres peuvent habiter dans cette villa, et ils peuvent être indifféremment des Romains et des Burgundes : cela ressort du § 6.

[4] Lex Burgundionum, XXXIX, 5 : Si inconscio domino..., ab adore aut colono receptus fuerit. — 5 : Si servus....

[5] Lex Salica, XIV, 6 : Si quis villam alienam adsalierit. XLII, 5 : Si quis villam alienam expugnaverit. — Sur le sens du mot alienus synonyme de alterius, voyez de nombreux passages de la Loi salique, notamment XVI, 5 ; XXII ; XXIII ; XXV, 5 et_ 6 ; XXVI, 1 ; XXVII ; XXXIV, 5 et 4.

[6] De eo qui villam alterius occupaverit. — La rubrique De migrantibus se lit dans les manuscrits les meilleurs, ceux de Wolfembutel et de Munich, ceux de Paris 4404, 4405 B, 4627, 9655, 18 257, dans celui de Saint-Gall 751, dans celui de Montpellier II 136. D'après la division très arbitraire qui a été faite entre un soi-disant ancien texte et une lex emendata, la rubrique De migrantibus appartiendrait au premier. Mais tous ces manuscrits sont à peu près du même âge ; Wolfembutel et 4404 sont seulement antérieurs de vingt ou trente ans à plusieurs de ceux qu'on range dans l'Emendata. Donc les deux rubriques ont été écrites, à très peu de chose près, dans le même temps.

[7] Ce sont quelques modernes qui ont imaginé de voir dans cet article une commune rurale. Et ils l'y ont mise à force de ne pas voir qu'il ne s'y trouve pas un seul mot qui marque une commune ou une association quelconque. Lorsque ce même article, en 819, fut présenté à l'examen des conseillers de Louis le Pieux, à une époque où la Loi salique était en pleine vigueur, ces hommes ne virent dans ce titre XLV (XLVII) qu'une villa, et aucune espèce de commune. Voyez le commentaire qu'ils ont fait dans le capitulaire de 819, art. 9.

[8] Lex Ripuaria, LX, 1 : Si quis villam, aut vineam, vel quamlibet possessiunculam ab alio comparavit.

[9] C'est dans une des formules d'Auvergne, n° 6 : Mansum nostrum in pago Arvernico, in vico Mo, in villa illa. — On trouve aussi, mais dans une autre acception, l'expression per civitates, vicos et castella (Marculfe, 1, 40). Dans la Bituricensis, 5, vicus a le sens de paroisse, ainsi que dans la Merkeliana, 65. Le mol se rencontre ensuite cinq ou six fois dans les formules carolingiennes.

[10] Marculfe, I, 15, 17, 51 ; II, 6, 17, 19. — Turonenses, 1, 4, 25, 55.

[11] Marculfe, II, 4 : Villam nuncupantem illam cum omni merito et termino suo (avec tous ses revenus et toutes ses limites), cum adjacentiis, adjunctis, appandiciis, cum terris, domibus, ædificiis, accolabus, mancipiis, vineis, silvis, campis, pratis, pascuis, aquis aquarumve decursibus, farinariis.... — Voyez aussi Marculfe, II, 19 ; Turonenses, 55, et beaucoup d'autres.

[12] Testamentum Bertramni, Diplomata, n° 250, p. 198 : Villam juris mei cujus vocabulum est Bonalpha.

[13] Charta Theodetrudis, Diplomata, n° 241 : Dono..., villa quæ vocatur Matrius..., villa quæ cognominaiur Patriago..., ut tenendi, possidendi, vendendi, commutandi, vel quidquid volueritis faciendi liberam in omnibus habeatis potestatem.

[14] Archives nationales, Tardif n° 6, Pardessus n° 245, Pertz n° 12 : Ferrarias, Laubaredovillare, Eudoncovilla..., villas illas.

[15] Diplomata, édition Pardessus, n° 257.

[16] Ibidem, n° 275.

[17] Ibidem, n° 528.

[18] Archives nationales, Tardif n° 15, Pardessus n° 550 ; et beaucoup d'autres diplômes.

[19] Archives nationales, Tardif n° 15, Pardessus n° 552 ; et beaucoup d'autres.

[20] Diplomata, n° 556 : Super fluvium Somna, in loco qui dicitur Corbeia quem Guntlandus quondam possederat. Ce locus Corbeia est appelé trois lignes plus bas villa Corbeia.

[21] Diplomata, n° 575.

[22] Diplomata, n° 582 : Dono, trado et transfundo.... Tiliniaco villa quæ de jure materno ab avis et proavis mihi competit.

[23] Diplomata, n° 412.

[24] Charta Adroaldi, dans le cartulaire de Saint-Berlin, p. 18 : Dono, in pago Taroannense, villam proprietatis meæ nuncupantem Sitdiu... Magnigeleca, Talingavilla, Launardiacavilla....

[25] Diplomata, n° 588.

[26] Beyer, Urkundenbuch.... miltelrheinischen Territorien, n° 7.

[27] Beyer, n° 10 et 15.

[28] Schœpflin, Alsatia diplomatica, I, p. 16. — Codex Wissemburgensis, n° 16, 58, 45, 192.

[29] Codex Wissemburgensis, n° 46 et 205.

[30] Diplomata, n° 568.

[31] Exemples de noms de villæ en pays germanique : villa Franchenheim, villa Winideresdorf, villa Buxuvillare, villa Wolfindovillare, villa Sesinbeim. villa Hariolvesheim, villa Spiridorf, villa Ratolfesdorf (Codex Wissemburgensis, 55, 54, 57, 51, 55, 56,85, etc.). — Villa Trutmaresheim, villa Wacharenheim, villa Fridelfisheim, villa Mitilesdorf (Codex Fuldensis, 9,14, 51, 66, etc.). — Villa Hagenheim, villa Hephenheim, villa Wattenheim, villa Beckenhova, villa Dionesheim (Codex Laureshamensis, 1, 6, 27, 48, 55, 60, etc.). — Villa Athorinswanc, Maurinivillare, Berolfesvillare, villa Altdorf, villa Uzzinaha, villa Centoprato, villa Rotunvilla, villa Forchheim, villa Richinbach, Leontii villa, villa Fishbach (Neugart, 4, 10, 11, 12, 15, 16, etc., etc.). — Tous ces domaines sont décrits comme ceux de la Gaule, id est casis, mansis, ædificiis, campis, pratis, silvis, pascuis, pecoribus, aquis aquarumque decursibus, mancipiis, servis, accolabus. Toutes les chartes contiennent cela.

[32] Diplomata, n° 260 : Dono... prædia quorum nomina sunt Cannis, Cressiacum. — N° 266 : Dono prædium meum Wallare dictum, cum villis, terris, silvis. — Formulæ Senonenses, 9 : Si qua prædia comparaveris. — Diplomata, t. I, p. 158 : Fundus Sisciacus.

[33] Un exemple curieux de cela est le testament d'Arédius, où le mot ager est employé avec ces deux significations dans la même phrase : Dono AGRUM Sisciacensem... cum AGRIS, silvis, pratis.

[34] Diplomata, n° 186 : In villa seu agro Albiniaco.

[35] Charta Chrotildis, Diplomata, n° 561.

[36] Diplôme de Clotaire III, Pertz n° 41, Pardessus n° 549.

[37] Charta Palladii, Diplomata, n° 275.

[38] Charta Leodebodi, Diplomata, n° 558, t. II, p. 142 et 144 ; à la page 142 on lit ager Floriacus, et fiscus Floriacus à la page 144.

[39] Ibidem : Portionem meam quæ est infra (intra) agrum Littidum cum domibus, ædificiis, vineis, silvis, campis, pratis, pascuis.

[40] Diplomata, n° 180, page 157.

[41] Diplomata, n° 254 : Cedo cessumque esse volo agrum Solemniacensem, cum ædificiis, colonis, servis, dominiis, vineis, pratis, silvis, aquis aquarumque decursibus, cum omni termino et integro suo statu.

[42] Lex Burgundionum, XXIII, 1 ; L1V, 5. Lex Salica, XXXIV, 4 : Si quis in curte alterius aut in casa. — VI, 5, édit. Hessels, col. 55 : Canem custodem domus sive curtis.

[43] On le trouve en ce sens dans les Andegavenses, 54, dans les Merkelianæ, 1, dans les Sangallenses, dans les Augienses, Zeumer, p. 348, 351.

[44] Diplomata, n° 105, t.1, p. 70 : Dono... curtes nuncupatas Briogia, Orona, Cacusa, Rubregio, Communiaco.... — Plus loin il appelle ces mêmes terres du nom de villæ : Quidquid ad ipsas villas aspicere videtur.

[45] Diplomata, t. II, p. 42 : CURTEM nostram quæ vocatur Patriagus cum tribus ecclesiis in eadem VILLA consistentibus.

[46] Diplomata, n° 478.

[47] Diplomata, n° 268.

[48] Diplomata, n° 458.

[49] Diplomata, n° 458 : In curte nostra Monhore donamus tibi septem hobas et septem et 400 diurnales de terra aratoria et tertiam partem de silva et prata, et porcarios duos cumporcis et vaccarios duos cum 12 vaccis.

[50] Diplomata, n° 419, 475, 516, 554, 559, 587.

[51] Archives nationales, Tardif, n° 6, Pardessus, n° 245 : Ex successione genitoris... loca quorum vocabula sunt Ferrariæ, Leubaredovillare, Eudoncovilla.

[52] Diplomata, n° 256.

[53] Diplomata, n° 556.

[54] Diplomata, t. I, p. 76

[55] Charta Chrotildis, n° 361, t. II, p. 149.

[56] Diplomata, n° 300.

[57] Diplomata, n° 336.

[58] Diplomata, n° 454.

[59] Diplomata,, n° 461.

[60] Diplomata,, n° 485. — Grégoire de Tours appelle locus le domaine de Navicella (Mirac. Martini, 1, 29).

[61] Diplomata, t. I, p. 158.

[62] Diplomata, t. I, p. 202.

[63] Diplomata, t. II, p. 145.

[64] Diplomata, t. I, p. 106.

[65] Diplomata, t. I, p. 202.

[66] Translatio S. Benedicti, édition Certain, p. 10.

[67] Voyez, par exemple, Marculfe, I, 50 : Dedi locellum nuncupantem illum, cum colonicas Mas, et merito suo, tam domibus, mancipiis, vineis, silvis, campis, pratis. Cette formule est un acte d'échange, et l'on échange un locellus contre une villa. — De même, Marculfe, II, 25 : Locellum nuncupantem illum cumterris, domibus, accolabus, mancipiis, vineis, silvis, campis, pratis. — Diplomata, I, p. 205 : Locella nuncupata Logiacas, Noginto, Novavilla, Antonaco. — N° 458 : Dono hæc locella cum terris, vineis, silvis, pratis, hominibus tam ingenuis quam servis.

[68] Chronicon S. Benigni, édition Bougaut, p. 29.

[69] Chronicon S. Benigni, p. 61.

[70] Diplomata, n° 177 : Meum Mauriciacum.

[71] Diplomata, n° 250, t, I, p. 208 : Similiter villam Pocilenum vicum quem Ludovicus nobis pro solidis M venumdedit.

[72] Diplomata, n° 500, t. II, p. 70,

[73] Diplomata, n° 257 et 258, t. I, p. 222 et 224.

[74] Diplomata, n° 258, t. II, p. 18 : Vicos monasterii. De même dans Beyer, Urkundenbuch des mittelrh. territorien, n° 12, 26, etc. : Ecclesiæ vicos, villas, vineas, homines.

[75] Diplomata, n° 285 : Dono hos vicos, videlicet villam Fracillo, Montelliacum, Avendelliacum, Noziocum, Movilliacum, etc.

[76] Diplomata, n° 524 : Dolomicuraticum vicum cum ecclesia B. Petri et terris et mansis et nemoribus, dedit Albertus monasterio.

[77] Diplomata, n° 484 : Convenit nobis ut vicum qui vocatur Artinis... cum omni integritate ad ipsum vicum pertinente, hoc est, terris, mansis, accolabus, mancipiis, lidis, vineis, silvis, pratis, ad monasterinm concederemus.

[78] Diplomata, n° 544, t : II, p. 556.

[79] Chronique de Bèze, édition Garnier, p. 255. 555, 541.

[80] Tels sont le vicus Pocilenus, t. I, p. 208 ; le Cabrias vicus et le Ucellus vicus, II, 145 ; le vicus Bonisiacensis, II, 257 ; le vicus Curbrius, II, 415, 416.

[81] Grégoire, De gloria confessorum, 49, 50 (édit. Krusch, 48, 49).

[82] Grégoire, Miracula Juliani, 48. Joignez-y le Gaudiacus vicus, qui, suivant quelques érudits, serait le même que la domus Jucundiacus. Domus a encore le sens de villa dans Grégoire (Hist., VIII, 43). — Ajoutez que, le plus souvent, Grégoire emploie le mot vicus dans le sens de paroisse ecclésiastique. C'est alors un centre du culte pour les domaines environnants. — Beaucoup de ces vici sont devenus des villages ; mais ils ne l'étaient pas à l'origine.

[83] Flodoard, Hist. Rem. eccl., II, 11, in fine : Dedit Rodemarusres suas in vico Castricensi ; item Austrebertus in eadem VILLA.

[84] Vita Ernæi, Bouquet, III, 455 : Dedit vicum suum Celciacum.

[85] Voyez le récit dans la Vita Ermemberti, Mabillon, II, 604 : Pervenit ad POSSESSIONEM Viliolicortem quam Gamardus ex successione parentum jure hereditario possidebat... Ignis eam POSSESSIONEM exurendam invasit, cumque flamma omnem absorptura VICUM... Eurus qui vico incendia sparserat, compescuit.

[86] Charta Engelberti, Diplomata, n° 474 : Dono... in pago Toxandriæ, in loco nuncupante Alfheim, quod mihi expaterno jure pervenit, casatas undecim, cum sala et curtile meo, cum mancipiis... cum casis, silvis, terris, pratis, pascuis et aratoria terra.

[87] Charta Ansbaldi, Diplomata, n° 485 : Dono, in pago Toxandriæ, loco Diesne, casatas sex cum sala. Notez que les mots loco Diesne ne doivent pas être interprétés comme si Ansbald avait donné six casatæ dans le village de Diesne ; il a donné Diesne tout entier : cela ressort du testament de Willibrod ; rappelant la même donation, il appelle Diesne une villa et dit qu'Ansbald l'a donnée tout entière : Ansbaldus mihi condonabat villam quæ vocatur Diesna (t. II, p. 550).

[88] Diplomata, n° 540, 544, 558 : Donamus Hillenheim, Selatstat, Percheim, Gundoltesheim, Flobolesheim.

[89] Codex Wissemburgensis, n° 11 ; de même n° 14 : Villas nuncupantes Papenheim, Patenheim.

[90] Diplomata, n° 578, t. II, p. 591.

[91] Diplomata, n° 510, p. 518.

[92] Diplomata, n° 578, p. 168 : Filia nostra Irmina a sponso suo Hermanno in dotent suscepit.... Mutzenfeld, Wintersdorf.

[93] Codex Wissemburgensis, n° 16, 25,55, 85, etc. ; Beyer, Urkund., p. 147, 149, 181, etc. Acte de 765 dans les Monumenta Boica, IX, 7 : In villa Schlehdorf..., in villa Sindolvesdorf.