L'INVASION GERMANIQUE - LE ROYAUME DES FRANCS

LIVRE TROISIÈME. — L'INVASION GERMANIQUE

 

CHAPITRE VII. — ÉTABLISSEMENTS DES WISIGOTHS ET DES BURGONDES.

 

 

Ce qui fut nouveau au cinquième siècle, ce ne fut pas l'admission de soldats germains au service de l'empire, ce fut leur admission en troupes nombreuses et compactes. Au lieu de petits corps qui étaient disséminés au milieu des légions romaines, il y eut de grandes armées, et elles furent plus fortes que le gouvernement, impérial.

En 376, les Wisigoths qui fuyaient éperdus devant les Huns[1], se présentèrent aux frontières de l'empire sur la rive du Danube. C'était une foule en désordre que les contemporains évaluent à 200.000 personnes[2]. Ils demandaient à être reçus, à quelque condition que ce fût, sur la terre romaine ; ils tendaient les mains en suppliants[3] ; ils offraient d'être les sujets de l'empire[4].

On les fit attendre plusieurs semaines sans qu'ils pussent ou osassent traverser le fleuve ; enfin l'empereur Valens leur envoya l'autorisation de le franchir en livrant leurs armes. Ce fut un moment de joie dans l'empire d'Orient ; on calcula que ces 200.000 barbares peupleraient les maisons d'esclaves, les champs de colons, et que les plus robustes serviraient comme soldats[5].

Par malheur l'empire, alors occupé d'une guerre contre la Perse, n'avait pas de troupes en Europe. Les barbares sachant qu'ils, étaient menacés de l'esclavage, pressés d'ailleurs par la faim[6], sentant surtout qu'il n'y avait aucune force militaire dans le pays, se révoltèrent[7]. La négligence des fonctionnaires impériaux avait permis à beaucoup d'entre eux de garder des armes. Ils parcoururent la Thrace pillant et détruisant tout. L'empereur revint d'Asie à la hâte ; il n'avait que peu de troupes ; mais il avait autrefois vaincu ces mêmes Goths et il les méprisait ; sans attendre les renforts qui couraient le rejoindre, il les attaqua imprudemment, fut vaincu et tué (378).

Les barbares ravagèrent alors les plaines, sans pouvoir s'emparer des villes, n'ayant d'ailleurs aucun plan suivi. Le nouvel empereur Théodose réunit une armée et les battit dans plusieurs rencontres[8]. Il pouvait les rejeter hors des frontières, il les garda comme sujets de l'empire. Tous les historiens du temps sont d'accord pour affirmer qu'ils reconnurent l'empereur pour leur maître et qu'ils se mirent à son service comme soldats fédérés[9]. Le prince disposait d'eux à son gré ; ayant une expédition à faire du côté de l'Occident, il y envoya 20.000 d'entre eux.

Le fameux Alaric commandait précisément ce corps d'auxiliaires[10] ; de retour dans le pays, il accrut son commandement et se fit accepter comme roi par les hommes de sa nation. Ainsi que tous les chefs de fédérés, il était en même temps roi à l'égard de ses soldats et officier à l'égard de l'empire[11]. Il ambitionna un titre plus élevé que celui de roi, celui de maître de la milice romaine, qui était le plus haut grade militaire de l'empire[12]. Sur le refus de l'empereur, il se révolta et ravagea la Grèce, mais fut à la fin vaincu par une armée envoyée d'Italie.

Quelques années après, nous trouvons ce même personnage en relations amicales avec l'empereur d'Occident ; Honorius qui prétendait joindre l'Illyrie à sa part d'empire, prit Alaric à sa solde et le chargea de conquérir cette province. Alaric après des efforts infructueux fut repoussé par les armées de l'empereur d'Orient et rentra dans les États d'Honorius[13]. Il n'y était toujours qu'un chef de fédérés ; il voulut être maître de la milice romaine. Honorius consentit à lui accorder le traitement attaché à ce grade ; mais il lui en refusa le titre et les privilèges. Le Wisigoth rabattit alors de ses prétentions et demanda seulement une solde plus forte ou des cantonnements plus étendus[14]. Cela même lui fut refusé. C'est alors qu'il prit le parti de mettre la main sur la capitale de l'empire et de faire nommer par le sénat un autre empereur, Attalus, duquel il obtint sans peine le titre qu'il convoitait depuis si longtemps.

Mais il y eut alors, dans Rome même, une série de querelles que les chroniqueurs ne racontent pas et dont ils laissent seulement voir le caractère général. La société italienne était alors divisée entre le parti païen et le parti chrétien ; car dans ces temps où les historiens modernes ont cru voir une lutte de races, les hommes étaient surtout occupés d'une grande lutte religieuse. Attalus, que le Wisigoth avait fait nommer empereur, était l'espoir et l'appui du parti païen. Soit qu'Alaric, qui était chrétien, eût regret d'avoir relevé ce parti, soit qu'il reconnût l'impuissance d'Attalus à gouverner, il se détacha de celui qu'il avait fait empereur et se rapprocha d'Honorius qui régnait encore à Ravenne. Ce nouvel accord dura peu, Honorius persistant à refuser au barbare le plus haut grade de l'armée romaine ; Alaric se porta de nouveau contre Rome ; la ville lui fut livrée par un parti[15] ; il la mit au pillage en n'épargnant que les églises.

Ataulph qui lui succéda comme chef des Wisigoths fédérés, fit sa soumission à Honorius dont il devint le beau-frère. Il rentra au service de l'empire[16]. C'est avec l'autorisation et peut-être l'ordre formel du gouvernement impérial qu'il passa d'Italie en Gaule et de Gaule en Espagne, pour combattre des usurpateurs. Son successeur Wallia fut, comme lui, le chef d'une armée fédérée aux ordres de l'empereur ; son contrat d'engagement portait qu'il soutiendrait toute espèce de combats pour l'État romain[17], et c'est après plusieurs victoires remportées en Espagne au service d'Honorius qu'il reçut en récompense l'Aquitaine[18].

On ne peut certainement pas supposer que ces barbares fussent des sujets obéissants ; ils étaient au moins, d'une certaine façon, sujets de l'empire. Le titre de roi que prenait le chef des Wisigoths n'indiquait pas dans la langue de ce temps-là une autorité souveraine et indépendante. Depuis trois siècles on était accoutumé à voir des rois Germains au service de l'empire, dans les troupes ou même parmi les courtisans de l'empereur. L'historien Orose, qui était témoin de ces événements, marque bien que les rois Wisigoths, s'ils avaient la force d'être des maîtres, affectaient au moins d'être des serviteurs. Jornandès rapporte que ce fut seulement le septième de ces rois Wisigoths, Euric, qui eut la pensée de s'affranchir de la sujétion impériale et d'occuper la Gaule méridionale en souverain, jure suo[19]. Celte prétention nouvelle indique clairement que jusque-là les Wisigoths s'étaient regardés comme sujets de l'empire. Elle étonna d'ailleurs les contemporains et fut repoussée comme une usurpation.

Il y a en tout cela quelque chose que les hommes de nos jours ont peine à comprendre. Ils sont portés à n'admettre que les relations simples et nettes, et ne conçoivent guère de milieu entre la condition d'un sujet docile et celle d'un maître. La situation que les documents de ce temps-là nous dépeignent était plus vague et plus complexe. Ces barbares obéissaient à l'empire et l'attaquaient en même temps, sans s'apercevoir de cette contradiction. Ils étaient fort peu dociles parce qu'aucune force ne les contraignait à l'être, et pourtant ils prétendaient servir l'empire. Ils étaient ses soldats, même dans le moment où ils ravageaient ses provinces. Ils n'étaient jamais des ennemis ; ils étaient souvent des rebelles. S'ils se révoltaient ainsi, c'est parce qu'ils croyaient que leurs services étaient méconnus, leur solde insuffisante, leurs cantonnements trop étroits[20]. L'idée qu'ils fussent des conquérants et des envahisseurs n'entrait pas dans leur esprit, bien qu'ils tinssent la même conduite à peu près que s'ils avaient été des envahisseurs et des conquérants.

Les Burgondes ont eu une histoire assez semblable à celle des Wisigoths. On ne connaît pas l'origine de ce peuple ; on sait seulement qu'à la fin du troisième siècle de notre ère il avait été presque entièrement exterminé par les Gépides[21]. Au siècle suivant, il avait voulu entrer au service de l'empire ; mais ses offres avaient été repoussées. En 406, les Burgondes se présentèrent en ennemis ; à la suite des Alains et des Vandales ils franchirent le Rhin. Pendant sept ou huit années, à la faveur des désordres de l'empire et des luttes des compétiteurs, ils parcoururent et ravagèrent la Gaule vide d'armée romaine. Puis, à la suite d'événements dont le souvenir a disparu, ils s'entendirent avec le gouvernement impérial, qui leur accorda un cantonnement entre les Vosges et le Rhin, apparemment à titre de sujets et de soldats fédérés. En 436, un chroniqueur contemporain rapporte qu'ils se révoltèrent contre l'empire ; mais le général romain Aétius les remit dans le devoir[22]. Nouveaux mouvements l'année suivante ; cette fois une partie de leurs bandes fut massacrée par les troupes impériales, et le peu qu'il en resta fut confiné dans le pays qu'on appelait alors Sabaudie[23]. Plus tard, ils servirent avec zèle l'empereur Majorien et reçurent en récompense la province qui s'appelait Première Lyonnaise.

Ces Burgondes, sous des chefs nationaux, étaient une armée au service de l'empire. Leurs rois, en véritables fonctionnaires, briguaient les titres des dignités romaines et étaient fiers de les obtenir. Gundioc et Childéric étaient maîtres de la milice, magistri militiæ ; Gondebaud était patrice[24] ; Sigismond écrivait à l'empereur : Mon peuple vous appartient ; je vous obéis en même temps que je lui commande ; je parais roi au milieu des miens, mais je ne suis que votre soldat[25].

Il est bien vrai que cette année burgonde n'était pas plus docile que l'armée wisigothique. Le gouvernement impérial ne réussissait pas aisément à se faire obéir de ces singuliers soldats. Il avait toujours à les contenir, souvent à les combattre. Ils se trouvaient à l'étroit dans leurs cantonnements et voulaient en étendre les limites ; il fallait se défendre contre leur cupidité. Maintes fois il arrivait ce que raconte un chroniqueur à l'année 436 : Cette année-là, les Goths rompirent leur engagement et attaquèrent la plupart des villes voisines. Tantôt c'est Arles qu'ils assiègent, tantôt c'est Narbonne, tantôt c'est Clermont. Les Burgondes font de même ; on les voit de temps à autre surprendre une ville et la mettre au pillage. Retenir chacune de ces armées dans le pays qui lui avait été assigné, était la grande affaire et là suprême difficulté du gouvernement impérial.

Par bonheur, ces armées se détestaient mutuellement. Lès Burgondes ne pouvaient souffrir le voisinage des Wisigoths, qui ne pouvaient souffrir celui des Alains ni des Suèves. Pendant une trentaine d'années, l'empire se servit des uns pour affaiblir ou maîtriser les autres. Le général de l'empire Aétius employa tour à tout les Wisigoths contre les Burgondes et les Burgondes contre les Wisigoths. Quand les Wisigoths se révoltaient, il enrôlait des troupes de Huns ; quand les Huns voulurent envahir, il fit marcher les Wisigoths[26].

On s'est quelquefois représenté la barbarie conjurée contre l'empire ; c'est le contraire qui se voit dans les chroniques du temps. Tous ces barbares se combattaient entre eux, et ils se disputaient les faveurs impériales. Le roi Ataulph s'engageait envers l'empereur Honorius à combattre toutes les autres nations germaniques dans l'intérêt de l'empire. De leur côté, les rois des Suèves et des Vandales disaient au même empereur : Reste en paix avec nous tous ; laisse-nous seulement nous battre entre nous. Le chroniqueur contemporain ajoute : Tout cela est à peine croyable, et tout cela est pourtant vrai ; aussi voyons-nous chaque jour quelqu'une de ces nations barbares en exterminer une autre ; nous avons vu deux troupes de Goths s'entre-détruire ; ces peuples se déchirent entre eux[27]. Qu'on lise le livre du Goth Jornandès ; on n'y trouvera aucun sentiment hostile à l'empire ; mais on y remarquera une violente animosité contre les Gépides, les Vandales, les Burgondes, les Huns. Plus tard, les mêmes haines entre Germains se retrouveront dans tous les récits de Grégoire de Tours.

Le gouvernement impérial avait beaucoup de peine à se faire respecter de ces demi-sujets ; il y avait pourtant un point sur lequel il les trouvait toujours dociles ; dès qu'il leur donnait l'ordre de combattre d'autres Germains, ils obéissaient. Ils défendirent toujours les frontières avec la plus grande vaillance contre les hommes de leur race. Ils s'insurgèrent souvent contre l'empire, ils ne le trahirent jamais. Une fois à son service, ils n'hésitèrent pas à regarder les autres Germains comme leurs vrais ennemis. Leur patrie n'était plus la Germanie, c'était l'empire.

 

 

 



[1] Orose, VII, 33 : Gens Hunnorum Gothos sparsim conturbatos ab antiquis sedibus expulit. — Jornandès, De reb. get. : Gothi, ut Hunnos viderunt, expavescunt. — Cf. Ammien, XXXI, 3 ; Zozime, IV, 20.

[2] Eunape, fragm. 42, édit. Dindorf, p. 257.

[3] Zosime, IV, 20. — Eunape, Vie des philosophes et des sophistes.

[4] Ammien, XXXI, 4 : Missis oratoribus ad Valentem, suscipi se humili prece poscebant... — Jornandès : Legatos ad Romaniam direxere ut, par tem Thraciœ si illis traderet AD COLENDUM, ejus legibus viverent ejusque imperiis subderentur. — Cassiodore, Hist., VIII, 15 : Expulsi de propriis, ad Romanorum loca confugiunt, servire potius volentes Imperatori.

[5] Ammien : Negotium lœtitiœ fuit magis quam timori, quod tot tirocinia... Le même historien ajoute que beaucoup d'entre eux furent emmenés comme esclaves : Mancipia, inter quœ et filii optimatum ducti sunt. Eunape dit qu'à cette nouvelle chaque habitant de l'empire espéra τήν οίκίαν καταπλήσειν οίκετών καί τά χώρία βοηλατών. Zosime rapporte qu'on ne voyait en cela rien autre chose que κτήσιν οίκετών ή γεωργών. Personne, pas même Ammien, ne prévoyait en ce moment ce qui devait arriver deux années plus tard.

[6] Jornandès : Quibus evenit penuria famis. — Orose : Fame adacti.

[7] Tous les historiens du temps présentent ce mouvement comme une révolte : Rebellare coacti sunt, dit Jornandès (De successione temporum) ; Παράλογος έπανάσταοις, dit Eunape. Il est à remarquer aussi que tous, au lieu d'accuser les barbares, accusent les fonctionnaires impériaux. On dirait que l'opinion publique de ce temps-là ait donné raison à ces Germains.

[8] Jornandès, De success. temporum : Theodosius Gothos diversis prœliis vicit. — Orose, VII, 34 : Theodosius Gothos magnis multisque prœliis vicit. — Cassiodore, Hist., IX, 4 : Theodosius in Thracias est profectus... immensa cœdes facta est barbarorum. — Ausone dit deux fois (édit. Carpet, t. II, p. 40 et 260) que la défaite de Valens fut vengée.

[9] Orose : Universœ Gothorum gentes romano se imperio dediderunt. — Jornandès, De reb. get. : Cunctus Gothorum exercitus in servitio Theodosii imperatoris perdurans, romano se imperio subdens... dicti sunt fœderati. — Latinus Pacatus (Panegyrici, XII, 22) : Dicam ne receptos in servitium Gothos, castris tuis militem, terris sufficere cultorem.

[10] Zosime, V, 5. Jornandès, ibid.

[11] Socrate, Histoire ecclés., VII, 10. Cassiodore, XI, 9 : Alaricus, ditioni Romanorum subjectus, et romanis dignitatibus honoratus.

[12] Zosime, V, 5.

[13] Ces faits sont racontés par Olympiodore, Fragm. 3 (collection Didot, t. IV, p. 58) ; Sozomène, IX, 4 ; et Cassiodore, Hist., X, 24.

[14] Sozomène, IX, 7. — Orose, VII, 38 : Alaricum cunctamque Gothorum gentem pro pace et quibuscumque sedibtis suppliciter orantem.

[15] Τήν Ρωμήν εϊλε προδοαία. (Sozomène, IX, 8.)

[16] Orose, VII, 43 : Militare fideliter Honorio imperatori ac pro defendenda romana republica vires Gothorum prœoptavit.

[17] Isidore de Séville, Histor. Goth. : Wallia promisit imperatori propter rempublicam omne certamen implere. — Orose, VII, 43 : Pacem optimam cum Honorio, datis obsidibus, pepigit. — Orose a été témoin oculaire de ces faits, et voici comment il en parle : Modo Gothi illi... societatem romani fœderis precibus sperant ; exiguœ habitationis sedem, non ex sua electione, sed ex nostro judicio, rogant ; semetipsos in tuitionem romani regni offerunt. (Orose, I, 16.)

[18] Isidore de Séville : Confecto bello in Hispania, Gallias repetit data ei ab imperatore ob meritum victoriœ secunda Aquitania.

[19] Jornandès, De reb. get. : Euricus, crebram mutationem principum cernens, Gallias suo jure nisus est occupare. — Sidoine (Lettres, VII, 6) dit la même chose sous une autre forme : Evarix rupto dissolutoque fœdere antiquo. Or fœdus désigne le lien qui unissait le soldat fédéré à l'empire.

[20] Sidoine, Lettres, III, 1 : Gothi Septinianiam suant fastidiunt ; veterum finium limitibus effractis, metas in Rhodanum et Ligerim proterminant.

[21] Jornandès, De reb. get., ch. 6 (17).

[22] Idatii chronicon : Burgundiones, qui rebellaverant a Romanis duce Actio debellantur. — Cassiodore, Chron. : Gundicharium Burgundionum regem Actius bello subegit pacemque ei reddidit supplicanti.

[23] Idatii chronicon : Burgundionum cœsa viginti millia. — Prosperi Tyronis chr. : Bellum contra Burgundiones memorabile exarsit, quo universa pene gens deleta ; Burgundionum reliquiis Sabaudia datur.

[24] Sidoine, Lettres, V, 6. — Epistola Hilarii papœ ad Leontium. Voyez une chronique citée par dom Bouquet, t. II, p. 13, n. d.

[25] On a deux lettres du roi des Burgondes, Sigismond, écrites en 517 à l'empereur. Rédigées par l'évêque Avitus, ministre de ce roi, elles ont tous les caractères de pièces officielles, et elles marquent les rapports légaux qui existaient entre les chefs burgondes et l'empire. On les trouvera dans le Recueil des lettres d'Avitus, ou dans dom Bouquet (t. IV). En voici les passages les plus caractéristiques : Vester quidem est populus meus, sed me plus servire vobis quant illi prœesse delectat. Cum gentem nostram videamur regere, non aliud nos quant milites vestros credimus ordinari. Per nos administratis remotarum spatia regionum. Ambio si quid sil quod jubere dignemini... Post obitum fidelissimi vobis patris mei, proceris vestri, ad commendanda meœ militiœ rudimenta (militia dans la langue du temps signifie service) sicut debebam, unum de consiliariis meis misi. Chaque mot marque la dépendance la plus complète.

[26] Voyez les chroniques d'Idace et de Prosper d'Aquitaine.

[27] Orose, VII, 43, et VII, 37.