L'INVASION GERMANIQUE - LE ROYAUME DES FRANCS

LIVRE TROISIÈME. — L'INVASION GERMANIQUE

 

CHAPITRE II. — LES GERMAINS AU CINQUIÈME SIÈCLE.

 

 

Entre l'époque où Tacite décrivait les institutions des Germains et celle où ils sont entrés dans l'empire, il s'est écoulé trois siècles. Nous devons observer ce que ces peuples étaient devenus dans ce long intervalle.

Il n'y a pas d'indice qu'ils eussent fait aucun progrès. Ils n'avaient pas plus de villes qu'au temps de Tacite et leur sol n'était pas mieux cultivé. Aucune unité ne s'était faite entre eux. Leurs institutions n'avaient reçu aucun développement, n'avaient acquis aucune solidité. Ils n'étaient supérieurs ni moralement ni politiquement à ce qu'ils avaient été. Ils n'étaient pas devenus plus forts.

Il s'était même produit une série de faits qui avaient dû inévitablement les affaiblir.

On sait que dans cet espace de temps, les Germains ne cessèrent pas d'avoir des relations avec l'empire. Or ces relations étaient de deux sortes. Pendant qu'une moitié des Germains lui faisaient la guerre, l'autre moitié étaient ses alliés ; quelques-uns par peur, la plupart par intérêt et par cupidité acceptaient son influence. La politique romaine répandait chez eux l'argent ; elle avait partout ses émissaires, ses partisans, ses amis ; elle corrompait sans beaucoup de peine une foule de chefs et il lui arrivait souvent de faire donner la royauté aux hommes de son choix. Tacite montre bien que cette politique réussissait déjà de son temps ; Dion Cassius et Ammien Marcellin attestent qu'elle se continua avec le même succès dans les siècles qui suivirent[1].

Il n'est pas difficile de deviner quels en furent les effets. Supposons qu'une population déjà divisée en elle-même et où les institutions politiques manquent de force, soit livrée durant dix générations de suite à cette intervention étrangère et à cette corruption constante, nous voyons sans peine ce qu'y peuvent devenir les institutions et les mœurs. Tacite, Dion, Hérodien, Ammien, tous les historiens sont d'accord pour montrer que les Germains se prêtèrent, sauf quelques exceptions rares, à cette influence énervante et mauvaise. Ils prirent facilement les vices que leurs ennemis désiraient qu'ils eussent. On ne peut douter qu'il n'y eût là une première, cause de trouble dans l'existence de ces sociétés, un premier élément de désorganisation.

Il y en avait un autre. On ne se rend pas assez compte de ce que fut l'histoire intérieure de la Germanie pendant ces trois siècles. Il est incontestable qu'il s'est déroulé une série d'événements qui intéressaient sa vie intime. Il n'y à pas eu, à la vérité, d'historiens germains pour nous en conserver le souvenir ; les historiens romains ou les ont ignorés ou se sont peu souciés de nous les transmettre. Il est pourtant resté quelques traces et quelques sûrs indices des révolutions qui, durant toute cette période, agitèrent la Germanie et changèrent la face des sociétés germaines. On sait, par exemple, qu'une guerre civile éclata chez le peuple des Cattes et qu'après des luttes dont nous ne connaissons pas le détail, une partie d'entre eux fut chassée du pays et réduite à chercher un refuge dans l'empire romain[2]. On sait encore que chez les Chérusques il y eut une guerre civile tellement acharnée et sanglante que toute la noblesse y périt[3]. Une autre guerre civile nous est signalée chez un peuple sarmate que les écrivains du temps rangent parmi les Germains et qui habitait alors au nord du Danube ; les esclaves s'insurgèrent contre les classes libres et les chassèrent du pays[4]. Par ces trois faits qui ont échappé à l'oubli, on peut juger de ce qui se passa dans la Germanie tout entière. On peut croire qu'elle fut, pendant ces trois siècles, déchirée par des luttes de partis qui furent en même temps des guerres de classes, c'est-à-dire les plus cruelles de toutes les guerres et les plus dissolvantes pour une société.

Gardons-nous de penser que les révolutions soient un mal particulier aux nations civilisées ; elles sont aussi fréquentes chez les barbares, et elles ne sont assurément pas moins violentes. Si nous avons peu de renseignements sur celles de la Germanie, au moins en voyons-nous clairement les effets. Que l'on compare aux institutions que décrivait Tacite celles que les Germains ont au cinquième siècle, et l'on pourra calculer combien de luttes et de déchirements il y a eu dans l'intervalle.

Les Germains avaient eu autrefois une noblesse héréditaire et sacrée ; au cinquième siècle celte noblesse a disparu presque partout. De ces familles que l'on disait descendre des dieux, il n'en reste que quatre chez les Bavarois, deux chez les Goths, une chez les Francs. Si quelques autres survivent, elles sont tombées dans l'obscurité ; elles ont perdu leur prestige et jusqu'au souvenir de l'empire qu'elles avaient exercé autrefois.

Le sacerdoce même a disparu. Les Germains avaient eu autrefois une religion, quelques dogmes, beaucoup de cérémonies ; les prêtres avaient possédé une grande puissance et, au temps de Tacite, ils conservaient encore une sorte d'empire. Trois siècles plus tard, nous ne voyons plus rien de semblable. Plusieurs de ces peuples deviennent chrétiens avec une facilité qui prouve assez que leur sacerdoce n'avait plus aucune force. D'autres restent encore païens, comme les Francs ; ils conservent quelques rites grossiers, un culte d'habitude, quelques idoles informes ; mais on ne voit pas plus de traces de croyances dans leur âme que de prêtres dans leur société.

Une autre institution qui avait été presque partout renversée, c'était la royauté héréditaire. L'un des objets de la politique romaine avait été de la faire disparaître chez la plupart des peuples et de la remplacer par une royauté élective qui se prêtait mieux à l'influence étrangère. La liberté n'avait rien gagné à ce changement ; mais les rivalités des partis et les haines intérieures s'en étaient accrues, et les révolutions étaient devenues plus faciles.

Mais voici la différence capitale entre la Germanie du temps de Tacite et celle du cinquième siècle. Les anciens Germains étaient en général sédentaires et, autant qu'il leur était possible, fixés au sol qu'ils cultivaient. Chacun de ces peuples avait sa place qu'il occupait depuis plusieurs générations et qu'il ne quittait que lorsqu'il en était violemment chassé. Tacite parle des Chauques, les plus puissants et les plus nobles des Germains, qui exempts de cupidité et d'ambition, tranquilles et renfermés chez eux, ne provoquaient aucune guerre. Il parle aussi d'un autre grand peuple, les Chérusques, qui nourrissaient la molle oisiveté d'une paix que personne n'osait troubler[5]. Il signale ailleurs comme une chose fréquente la longue paix dans laquelle s'endormaient ces peuples. Que l'on observe les traits dont il peint les Chauques toujours préoccupés des règles du droit, les Chérusques, que l'on appelait par excellence le peuple bon et juste et qui n'était pas insensible aux douceurs du repos et de la civilisation ; et l'on pourra conjecturer quels véritables progrès les Germains auraient accomplis s'ils étaient restés dans cette voie. Au temps de Tibère, le Marcoman Marbod avait essayé de fonder un empire paisible et fortement constitué au centre de la Germanie[6]. Un essai de même nature avait été tenté chez les Gètes ; un roi avait voulu relever sa nation par le travail, par la sobriété et par la discipline[7]. Les Germains n'étaient certes pas incapables de ces vertus et ils pouvaient grandir pacifiquement par le travail au milieu d'institutions régulières.

Par malheur pour la Germanie, il se trouvait quelques peuples à qui cet état régulier répugnait. Ce qui était plus fâcheux encore et ce qui devait avoir de plus graves conséquences pour l'avenir, c'est que, dans le sein même des peuples paisibles, les mœurs germaines autorisaient tout homme qui aimait la guerre ou qui en convoitait les profits à sortir de l'état de paix et à se faire soldat sous un chef de son choix. Rien n'était plus ordinaire et ne semblait plus légitime. Un homme se levait au milieu d'une assemblée ; il annonçait qu'il allait faire une expédition, en tel lieu, contre tel ennemi ; ceux qui avaient confiance en lui et qui désiraient du butin, l'acclamaient pour chef et le suivaient. Il se formait ainsi, sans l'autorisation du roi, sans l'assentiment du peuple, une bande guerrière qui allait combattre et piller où elle voulait. Le lien social était trop faible pour retenir les hommes malgré eux contre les tentations de la vie errante et du gain ; il était admis que chacun fût libre de choisir entre les institutions paisibles de l'État et le régime de la bande guerrière.

Cet usage devait être, un jour, funeste à l'empire romain ; il le fut d'abord à la Germanie elle-même. Nous devons nous représenter cette sorte de désertion presque annuelle, ces forces vives qui sortaient périodiquement du pays. Tantôt elles n'y revenaient pas, et c'était déjà un mal. Tantôt elles y revenaient, et c'était un mal plus grand ; car après des courses vagabondes et un brigandage sans scrupule, elles rapportaient des habitudes mauvaises, des goûts malsains, des richesses mal acquises et des convoitises inassouvies ; elles rapportaient surtout la haine des travaux de la paix et une indiscipline dédaigneuse à l'égard des lois sévères de la patrie. Que l'on songe que cela dura pendant douze générations d'hommes, et que l'on calcule tous les vices et tous les désordres qui durent s'infiltrer dans la population germanique et la corrompre. Il n'est pas un peuple au monde qui puisse conserver ses mœurs, son caractère, ses institutions, en présence de tels faits se renouvelant incessamment durant trois siècles. La société germaine se dissolvit.

Il est une décadence pour les nations civilisées, et il en est une aussi pour les peuples barbares. Chacune d'elles a ses vices qui lui sont propres ; mais il y a deux symptômes qui leur sont communs : l'un est l'affaiblissement graduel des institutions, l'autre est la diminution lente ou rapide de la population, lente chez les nations civilisées, plus rapide chez les barbares.

Regardons ce qu'est devenue la population germanique deux siècles après Tacite. Tous les peuples qui avaient été grands et forts ont cessé de l'être, et plusieurs ont même tout à fait disparu. Il n'est plus parlé ni des Cattes, ni des Chauques, ni des Chérusques. Les Cimbres, déjà peu nombreux au temps de Tacite, les Teutons, qui existaient encore au temps de Pline, ne se retrouvent plus. On ne voit plus ni ces puissants Marcomans qui avaient pu lever 75.000 guerriers, ni les Hermondures, ni les Quades, ni les Semnons la nation sacrée qui avait occupé jadis cent cantons, ni les Lygiens, autrefois si puissants, ni les Narisques, ni les Eudoses, ni les Suardones, ni les Buriens. On rencontre encore les noms de Bructères, de Chamaves, de Sicambres ; mais ces noms ne désignent plus les grandes nations que Tacite avait connues et n'en représentent que les faibles restes. Tout ce que Tacite avait décrit, tout ce qu'il avait admiré, a cessé d'être.

A la place des peuples dont il parlait avec quelque complaisance, nous trouvons les Alamans, les Francs, les Saxons. Ces noms nouveaux ne désignent pas des populations nouvelles ; ils ne sont pas non plus des noms de peuples, et c'est pourquoi ils n'existaient pas du temps de Tacite ; ils sont des noms de guerre. Franks[8] et Saxons signifient guerriers ; Alamans signifie hommes de pays divers[9] : assemblages d'hommes que la guerre ou le hasard avait formés. On a imaginé de nos jours que c'étaient des confédérations d'anciens peuples ; ce n'en était que des débris. Les Francs étaient tout ce qu'il restait des Cattes, des Sicambres, des Bructères, des Chamaves, des Tenctères, des Angrivariens[10] ; les Saxons semblent les restes des Chauques et des Chérusques ; les Alamans des Quades, des Hermondures et de plusieurs autres peuples. Qu'on ajoute à cela les Burgondes dont l'origine est inconnue, quelques hordes qui portaient encore le grand nom des Suèves, les Langobards qui devaient rester longtemps obscurs, voilà tout ce qui subsistait de l'ancienne Germanie.

Ce n'était pas seulement la population qui s'était amoindrie ; les institutions surtout avaient péri. Il ne faut se faire illusion ni sur le nombre ni sur l'organisation de ces Francs et de ces Alamans. Ils n'étaient que des bandes guerrières. Il est bien vrai que le guerrier germain traînait après soi sa femme, ses enfants, ses vieillards, ses lites et ses esclaves ; il occupait des villages, il cultivait ou faisait cultiver le sol ; ces bandes avaient donc quelque apparence de peuples. Ce qui leur manquait, c'était l'organisation politique. Observons bien l'ancien régime de l'État germain, tel que Tacite l'expose ; nous ne trouvons plus rien de semblable chez les Francs et les Alamans. Le gouvernement y est fort instable ; tantôt ils ont des ducs et tantôt ils ont des rois. La liberté n'est pas mieux assurée, et nous ne voyons jamais ni l'assemblée nationale, ni la réunion régulière des grands. Ils n'ont aucune législation certaine ; une partie des Francs essaye, à la vérité, de se donner des lois ; mais le reste et tous les Alamans semblent avoir attendu jusqu'au sixième siècle. Ils ont des traditions, des coutumes, mais rien d'arrêté ni de fixe. L'ancien régime de l'État, avec ses règles nettes et précises, avait disparu dans les désordres et les guerres civiles des derniers siècles. Les peuples s'étaient dissous et il n'était resté que les bandes. Ces troupes de Francs et d'Alamans obéissaient, non à des lois, mais à des chefs ; elles les choisissaient avec quelque apparence de liberté ; mais elles leur vouaient une obéissance absolue sous la seule condition que le butin fût également partagé. Tout cela était l'opposé du régime légal et pacifique que Tacite avait vu. Ces nouveaux Germains n'avaient plus les institutions politiques de la vieille Germanie. Ils avaient perdu aussi le goût de la vie sédentaire, rattachement au sol, l'idée de la patrie.

Ces débris de peuples tenaient bien peu de place. Dès la fin du second siècle de notre ère, la Germanie était presque vide. Il arriva alors que les peuples du Nord et de l'Orient s'y précipitèrent. Les Vandales quittèrent les bords de la Baltique et s'avancèrent sur l'Elbe. Les Goths abandonnèrent la Scandinavie et allèrent prendre position sur le Danube ; les Gépides et les Hérules se placèrent derrière eux. En même temps les Alains et les Huns accoururent de l'Orient. La Germanie, qui, au temps de Tacite, avait été remplie de peuples nombreux et forts, n'eut rien à opposer à tous ces nouveaux venus. C'était une terre qui manquait d'hommes ; elle appartenait au premier occupant[11].

Ces peuples nouveaux n'étaient pas bien puissants et ils ne pouvaient refaire une Germanie bien vigoureuse. Ce qu'il y avait de plus fort parmi eux, c'étaient les Goths ; l'historien Jornandès, qui appartenait à cette nation, ne nous en donne pourtant pas une idée bien haute. Il nous dit que, dans toute la première moitié du troisième siècle, ces Goths établis au nord du Danube et vivant sous des rois, étaient au service de l'empire romain dont ils recevaient une solde[12]. Un peu plus tard, à la faveur des troubles de l'empire, ils franchirent le Danube et ravagèrent quelques provinces ; ils étaient alors au nombre de 50.000, en y comprenant Ostrogoths et Wisigoths. Dès que Dioclétien eût remis l'ordre dans l'empire, ces barbares redevenus humbles lui offrirent leurs services et s'engagèrent par un traité à lui fournir des soldats[13]. Ils songèrent dès lors à combattre les autres barbares plutôt qu'à faire la guerre à l'empire. Ils luttèrent avec succès contre les Gépides et les Vandales et soumirent un grand nombre de petites peuplades inconnues. Jornandès, à ce moment, exalte la grandeur où ils étaient parvenus, non aux dépens de l'empire, mais aux dépens des autres Germains. Toutefois Ammien Marcellin, qui vivait à cette époque, raconte un fait qui peut nous faire juger leur faiblesse. Ils avaient soutenu, à titre de soldats auxiliaires, un compétiteur à l'empire ; Valens, résolu à les châtier, se porta contre eux avec une armée et entra dans leur pays ; Aussitôt, dit l'historien, l'effroi s'empara des Goths et ils s'enfuirent avec leurs familles bien loin dans les montagnes[14]. De leur retraite, ils implorèrent la paix et livrèrent des otages (367). Ce trait suffit à montrer que ce qu'on a appelé de nos jours l'empire gothique n'était pas bien puissant. Ajoutons que, peu d'années après, la guerre civile éclata entre ces Goths[15]. Puis vinrent les Huns ; à leur seule apparition et avant toute bataille, les Goths se divisèrent et leur empire se décomposa. Tout cela paraît grand, vu de loin ; de près, ce n'est que faiblesse, désorganisation, impuissance.

Les Germains qui vont se montrer dans l'histoire au cinquième siècle et qui envahiront l'empire romain, ne sont pas un peuple jeune qui vient hardiment se faire sa place entre les peuples. Ce sont les restes d'une race affaiblie, qui a été assaillie et vaincue pendant trois siècles par les Romains, qui a été ensuite assaillie et vaincue encore par les Slaves et par les Huns, qui a été surtout déchirée par ses longues luttes intérieures, qui a été énervée par une série de révolutions sociales et qui a perdu ses institutions.

 

 

 



[1] Tacite, Germ., 42 ; Ann., XII, 29 ; XI, 16. Spartien, Adrien, 12 et 17. Jules Capitolin, Marc-Aurèle, 17. Dion Cassius, LIX, 9. Ammien, passim. Eutrope, VIII. — Voyez dans Ammien (XVII, 12, XVIII, 2) combien les germains se plaçaient volontiers in clientela rei romanœ.

[2] Tacite, Hist., IV, 12 : Seditione domestica pulsi.

[3] Tacite, Ann., XI, 16 : Amissis per interna bella nobilibus. — Cf. XIII, 17-18 ; XIII, 54-56.

[4] Ammien, XVII, 12 : Conjuratio clandestina servos armavit... Vicerunt dominos. — Strabon parlait déjà des dissensions des Daces (VIII, 3).

[5] Tacite, Germ., 35, 36.

[6] Velleius, II, 109 ; Tacite, Ann., II, 26, 44, 62.

[7] Strabon, VII, 3, 11.

[8] Le mot Francs, qui apparaît pour la première fois vers l'an 240, n'est jamais employé par les écrivains comme le nom spécial d'un peuple. La table de. Peutinger porte : Chauci, Ampsuarii, Cherusci, Chamavi, qui et Franci. — Ammien (XX, 10) montre Julien portant la guerre contre les Francs, et attaquant tour à four les Salii, les Chamavi, les Attuarii. — Il est probable que le mot frank signifie guerrier ; on a pourtant proposé une autre étymologie : frank serait le mot vrang, errant, et aurait désigné des hommes sortis de leur pays pour chercher aventure.

[9] Agathias, Hist., I, 6. — L'historien grec fait observer qu'il tient ce renseignement d'Asinius Quadratus, qui a écrit avec une grande exactitude l'histoire des Germains.

[10] Sulpicius Alexander, cité par Grégoire de Tours (II, 9), mentionne, parmi les Francs, des Bructères, des Chamaves, des Ampsuaires, des Cattes. On sait que Clovis était, de son nom national, un Sicambre.

[11] Voyez sur tous ces faits : Ammien, XXVI, 5 et 5 ; XXVII, 5 et 14. Jornandès, De reb. get., 15, 14, 22, 55. Paul Diacre, De gest. Langobardorum. Procope, De bello gothico, II, 14-15 ; De bell. Vand., I, 2.

[12] Reipublicœ romanœ fœderati erant et annua munera percipiebant... Distracta sibi stipendia œgre ferentes. (Jornandès, c. 6.).

[13] Fœdere inito cum imperatore, quadraginta suorum millia illi contra omnes gentes obtulere, quorum et numerus et millia usque ad prœsens in republica nominantur fœderati. (Jornandès, c. 6.)

[14] Imperator transgressus est Istrum, resistentibus nullis, quum ultro citroque discurrens nullos inveniret ; omnes enim formidine perciii montes petivere Serrorum arduos et inaccessos. (Ammien, XXVII, 5.)

[15] Athanaricus proximorum factione genitalibus terris expulsus. (Ammien, XXVII, 5.)