MŒURS ROMAINES

 

LIVRE VIII — LE LUXE ROMAIN.

CHAPITRE V — Le luxe de l’ameublement et du ménage.

 

 

L’ameublement des habitations différait essentiellement, dans l’antiquité, comme il diffère encore partiellement de nos jours, dans le midi, du mobilier en usage dans les pays du centre et du nord de l’Europe ; il tenait le milieu entre ce dernier et l’ameublement oriental. On n’y visait ni à la commodité de l’installation, ni au confort, si peu connu dans le midi qu’il n’y a même pas de mot, pour le désigner, dans les langues des pays méridionaux, mais à une représentation aussi imposante et aussi fastueuse que possible de la dignité du possesseur. Si les chambres d’habitation proprement dites, où l’on se tenait peu le jour, n’étaient, d’après nos idées, que maigrement garnies de meubles et d’ustensiles de ménage[1], en revanche les salles de réception, vastes et élevées, qui s’ouvraient le matin au flot des visiteurs et, vers le soir, aux personnes conviées pour le repas, contenaient des meubles relativement peu nombreux, il est vrai, mais consistant en pièces capitales, d’autant plus précieuses et plus parfaites qu’elles étaient principalement, sinon exclusivement, destinées à servir de décoration : ainsi des tables, avec dessus de bois de citre (citrus), reposant sur des pieds d’ivoire, des lits de repos incrustés d’écaille, ou richement ornés d’or et d’argent, et couverts de tapis de Babylone, des vases magnifiques de bronze corinthien et de murrha, des candélabres d’Égine, des dressoirs garnis d’argenterie d’un travail ancien, des statues et des peintures d’artistes célèbres.

On a, pour plusieurs des articles de mobilier et de ménage alors le plus en vogue, des indications de prix, généralement fort élevés, en partie même énormes. Des candélabres d’Égine étaient payés 25.000 sesterces (près de 6.800 fr.), quelquefois même le double, du moins si l’on veut bien admettre que le traitement d’un tribun atteignît déjà un chiffre aussi élevé du temps de Pline l’Ancien[2], ce qui n’a rien d’invraisemblable. Quant aux vases de murrha, matière de provenance orientale, qui était un mystère pour les anciens mêmes, dont ils faisaient autant de cas que de l’or, et que Pompée apporta le premier à Rome, après sa victoire sur Mithridate, il y en avait, en possession de particuliers, jusque dans les prix de 300.000 sesterces (environ 81,500 fr.) la pièce. De cette précieuse matière (espèce de fluorite probablement), Néron fit faire une coupe qui, seule, coûta un million[3]. A ces prix on pourrait, à la rigueur, comparer ceux de la porcelaine au siècle dernier, où le comte de Bruhl aussi en possédait, dit-on, un service de la valeur d’un million[4]. Il y avait de même, à Rome, beaucoup d’amateurs possédés de la manie du cristal de roche. Pline[5] raconte comme quoi, peu d’années avant qu’il consignât lui-même ce fait, une femme, qui n’était même pas riche, avait acheté, au prix de 150.000 sesterces (40.770 fr.), une grande cuiller à puiser de cette matière. Sous Néron, deux gobelets fabriqués au moyen d’un procédé de nouvelle invention, mais qui n’étaient ni de grandes dimensions, ni des objets d’art, furent vendus 6.000 sesterces (1.630 fr.)[6].

Le goût pour l’argenterie artistement travaillée était devenu Une passion très répandue à Rome, dès le deuxième siècle avant Jésus-Christ. Déjà l’orateur L. Crassus, consul en l’an 95, possédait des vases revenant à 6.000 sesterces (1.630 fr.) la livre et dans lesquels, partant, le prix de la façon représentait dix-huit fois la valeur de la matière première[7]. Il est vrai que dans l’argenterie anglaise la façon entre, souvent aussi, pour plus du décuple de la valeur intrinsèque de l’argent même[8]. Du temps de Martial, la somme de 5.000 sesterces par livre semblerait avoir été un prix élevé[9]. Mais les pièces qui étaient réellement où passaient pour être les œuvres d’artistes célèbres, et c’est précisément de celles-là qu’il se faisait un grand luxe, au temps de Martial, se payaient, généralement, encore plus cher. Il y a des exemples que des tapis brodés, de Babylone, pour couvrir les sofas ou lits de repos, dans une salle à manger, s’étaient, au deuxième siècle avant Jésus-Christ, déjà vendus 800.000 sesterces, représentant alors une valeur de plus de 175.000 fr. ; plus tard Néron en eut même qui avaient coûté 4 millions de sesterces (près de 1.088.000 fr. à cette époque)[10]. Mais la manie poussée le plus loin, jusqu’à la fureur, fut celle des tables de bois de titre (citrus), que les femmes opposaient aux hommes, quand ils s’avisaient de leur reprocher leurs folies en perles. De grandes tablettes joliment madrées, que l’on coupait sur le tronc de cet arbre, espèce de thuya, qui croît dans l’Atlas, se payaient des prix fous, parce que les troncs n’arrivaient que rarement à la grosseur voulue ; cependant il s’en trouvait ayant jusqu’à quatre pieds de diamètre. Cicéron possédait une table de bois de citre, valant 500.000 sesterces, alors près de 110,00 fr., qui existait encore au temps de Pline l’Ancien, ce dont celui-ci se formalisait, encore plus au point de vue de l’esprit qui dominait, à l’époque où Cicéron se permit ce luxe, qu’à celui de la pauvreté relative de cette époque. Il y eut cependant, plus tard, des tables de l’espèce encore plus chères, jusqu’au prix de 1.400.000 sesterces ou plus de 380.000 fr. On assure que Sénèque possédait, à lui seul, cinq cents tables de bois de citre[11].

Il va sans dire que tous ces prix n’étaient pas les prix courants du marché, mais des prix d’une élévation exceptionnelle ; c’est précisément comme tels, et pour la curiosité du fait, que les auteurs anciens les ont mentionnés ; aussi, ne saurait-on les mettre en comparaison qu’avec les prix les plus élevés, payés pour meubles et ustensiles de luxe, à d’autres époques de l’histoire. S’il faut encore une preuve pour nous convaincre de la modicité beaucoup plus grande des prix courants du gros des articles nécessaires pour l’installation luxueuse d’un ménage, nous la trouvons également dans une pièce de vers de Martial (III, 62). Le poète y fait le portrait d’un homme qui aime à se vanter, en prétendant que tout ce qu’il possède est de toute première qualité et lui a coûté beaucoup d’argent. Ce faiseur d’embarras achète des esclaves dans les prix de cent mille à deux cent mille sesterces, boit du vin le plus vieux, a de l’argenterie à 5.000 sesterces la livre, un carrosse doré qui vaut une terre, ainsi qu’une mule payée au prix d’une maison ; en somme, toute son installation domestique, sans être des plus grandes, lui coûte un million de sesterces. Cette somme était donc, alors, jugée suffisante pour meubler luxueusement une maison, peut-être un palais.

Cependant les prix mentionnés par Pline l’Ancien ne sont pas seulement des prix extraordinairement élevés, mais pour la plupart aussi des prix d’amateur, c’est-à-dire de ceux que l’on paye uniquement pour des articles formant l’objet d’un goût d’amateur spécial, ou, comme le qualifie Pline à plusieurs reprises, d’une manie poussée jusqu’au délire. On sait qu’en effet de telles passions, inspirées par la mode, croissent souvent jusqu’à la folie, et se manifestent par des symptômes qui trahissent un état maladif. Ainsi Pline raconte du consulaire Annius, chez lequel la passion des vases murrhins avait tourné en manie de collectionneur, qu’il avait, dans un transport d’amour frénétique, rongé avec les dents le bord d’un grand calice en murrha, de la contenance de près de trois setiers (plus d’un litre et demi), payé 700.000 sesterces (plus de 190.000 francs), et dont cette extravagance fit encore hausser considérablement le prix, dans la suite[12].

Dans les temps modernes aussi, des prix énormes ont été payés pour des raretés, devenues précieuses par suite de l’extravagance de quelques amateurs, comme l’a fait observer Sénèque[13], à propos des bronzes corinthiens. Ainsi des amateurs, des Anglais notamment, ont donné, par exemple, 600 l. st. pour un denier du temps de Henri VII[14] ; 2.260 l. st. (en 1812) pour un Décaméron[15], etc., etc. Il est vrai, cependant, que l’extrême élévation des prix d’amateurs, à son apogée au temps de l’empire romain, ne paraît plus avoir été jamais atteinte dans la suite, même approximativement. C’est d’ailleurs, précisément sous ce rapport comme sous bien d’autres, par la singularité de ses extravagances que cette époque a surpassée tous les autres temps.

Pour ce qui concerne le luxe de l’ameublement domestique, la supériorité de qualité et de prix d’une quantité comparativement minime de pièces magnifiques, dans les palais romains, doit être plus que compensée, dans les modernes, par une multiplicité et une variété infiniment plus grandes de meubles et d’accessoires de luxe, d’autant plus que ceux-ci ont été et sont encore, assez souvent, très dispendieux et qu’ils reviennent même en partie à des prix exorbitants.

Sans nous arrêter, aux splendeurs inouïes du mobilier de la cour de France et de son entourage, depuis François Ier et Louis XIV, que n’a-t-on pas vu, en ce genre, même dans les petites cours d’Allemagne ! L’électeur Maximilien-Emmanuel II de Bavière, par exemple, paya au commencement du dix-huitième siècle, pour une cheminée et deux tables de Paris, en style rococo, de 60.000 à 100.000 écus, soit de 225.000 à 375.000 fr.[16] ; les meubles pour l’installation de la comtesse Kosel, dans le château de plaisance de Pillnitz, coûtèrent même 200.000 écus (750.000 fr.), etc., etc. On rapporte des choses également fabuleuses au sujet de l’ameublement du palais Esterhazy et des objets précieux que possédait l’électeur de Cologne, Clément-Auguste[17]. En Angleterre, le mobilier de Northumberlandhouse est estimé à plusieurs centaines de milliers de livres sterling. Dans les appartements de Warwickcastle, on se croyait transporté complètement dans un autre âge. Presque tout y était ancien, magnifique et original. On y voyait les étoffes les plus bizarres et les plus riches, des étoffes, que l’on ne serait probablement guère plus en état de fabriquer de nos jours, offrant un mélange de soie, de velours, d’or et d’argent, le tout broché et combiné dans un même tissu. Les meubles étaient, presque exclusivement, en noyer et en chêne de couleur foncée et sculpté, avec d’anciennes dorures d’une richesse extraordinaire ; les armoires et les commodes, françaises de vieux modèle, avec les incrustations et garnitures d’usage en cuivre jaune. Il y avait, de plus, nombre de pièces superbes de mosaïque, et de tabletterie, composée des bois les plus précieux. Les trésors d’art que renfermait le château étaient innombrables, les tableaux, presque tous des plus grands. maîtres[18]. Ces descriptions et d’autres semblables de châteaux anglais rappellent que les Romains de l’empire, bien qu’il y eût beaucoup d’amateurs d’antiquités parmi eux, ne connurent, très probablement, pas le luxe de la reproduction d’un style historique déterminé, dans l’arrangement intérieur des appartements, au moyen de la réunion de meubles et d’ustensiles provenant tous d’un même âge, oui de l’imitation artificielle desdits objets.

Le luxe de la vaisselle d’argent mérite d’être considéré à part. La vaisselle d’or, dont l’usage n’a, probablement, jamais été d’une grande rareté, dans les temps modernes[19], ne peut avoir figuré à Rome, depuis Tibère, qui la limita, pour les particuliers, aux cérémonies du sacrifice, jusqu’à Aurélien, par lequel cette restriction fut levée, que sur les tables impériales[20], à part quelques autres exceptions. En vaisselle plate, au contraire, il se faisait un grand luxe[21], indépendamment de celui des vieux vases d’argenterie, dont nous avons déjà parlé, vases dont la valeur consistait surtout dans leur ancienneté et le mérite artistique de leur travail ou ciselure, et qui servaient principalement de pièces de montre[22]. Dans l’ancien temps, l’argenterie était si rare, à Rome, que les ambassadeurs carthaginois, y ayant été plusieurs fois invités à dîner, retrouvèrent à tous ces repas la même, que l’on se prêtait, de maison à maison. Une longue suite de conquêtes et d’annexions territoriales généralisa, peu à peu, l’usage de l’argenterie. En 206, la conquête de l’Espagne, qui fut le Pérou des anciens, procura à l’État, entre autres avantages, la possession des mines d’argent situées près de Carthagène. Suivant Polybe, 40.000 hommes y travaillaient, et elles donnaient un profit net de 25.000 drachmes (24.375 fr.) par jour[23]. Puis, les campagnes de Syrie et de Macédoine, le sac de Carthage et celui de Corinthe, la réversion de la province d’Asie, la conquête de la Provence, enfin les guerres contre Mithridate, accumulèrent, à Rome, des masses énormes du précieux métal[24]. Quoique l’importation de celui-ci, à la suite de la découverte de l’Amérique, qui doit avoir porté la masse d’argent en circulation, dans la vieille Europe, de 34 millions de livres sterling à 130 millions sterling, à la fin du seizième siècle, et à 297 millions sterling, à la fin du dix-septième[25], ait été incomparablement plus grande, l’accumulation du même métal, dans l’antiquité romaine, se trouvant limitée à un moindre espace, put, à la faveur de cette circonstance, produire des effets semblables à ceux qui ont été constatés du seizième siècle au dix-huitième. Au seizième siècle, Guichardin, mentionne l’argenterie massive des bourgeois, en Flandre, et Holinshed se lamente à propos de l’introduction des cuillers d’argent, en Angleterre[26]. Au dix-septième siècle, l’emploi du métal précieux à la fabrication d’objets d’ornement et d’ustensiles s’accrut beaucoup. Les costumes civils et militaires furent surchargés de galons et de broderies d’or et d’argent. On vit, chez les nobles et chez les bourgeois opulents, des glaces et des tableaux pourvus de cadres en argent, et même des tables, sinon d’argent massif, au moins recouvertes de feuilles d’argent. En Angleterre, il paraît que la fabrication de la vaisselle plate prit, sous la reine Anne, un essor subit, sur lequel l’accroissement de la consommation du thé exerça une grande influence. Durant la période de 1765 à 1780, l’usage des machines à thé, théières et cafetières, terrines, plats, assiettes, plateaux et seaux d’argent, pour rafraîchir le vin, augmenta beaucoup ; celui des assiettes et des couvercles d’argent se répandit même dans les classes inférieures ; les plus pauvres voulurent avoir des montres, et la dorure de l’intérieur des appartements commençait déjà à absorber beaucoup d’or. En France aussi l’emploi de l’argent, dans le costume, l’installation domestique et la confection des articles de luxe, étaient déjà très considérables au commencement du dix-huitième siècle ; parmi les objets que l’on fabriquait le plus en argent, figuraient surtout des aiguières, des mouchettes, des salières, des réchauds, des boucles, des agrafes, des étuis, des gaines, des poignées et des gardes d’épée. On estimait qu’il y avait en Angleterre, vers 1830, dix mille familles possédant chacune, en articles divers d’orfèvrerie et d’argenterie, une valeur moyenne de 500 livres sterling, ne comprenant, bien entendu, que la valeur intrinsèque, déterminée sur le poids du métal, et environ cent cinquante mille familles ayant chacune pour 100 l. st. d’articles de luxe d’or et d’argent, évalués au prix d’achat. Certains petits articles de l’espèce, tels que pendants d’oreilles, cuillers et autres semblables, étaient en possession de familles des moins aisées, de pauvres journaliers même[27].

Il paraît difficile, avec l’insuffisance et l’incohérence des données que nous avons sur la matière, d’établir, avec quelque certitude, le rapport du luxe de l’argenterie, à Rome, depuis la fin du deuxième siècle avant notre ère, avec celui de l’Europe moderne. S’il y avait à Rome, dès avant les guerres de Sylla, plus de cent vases d’argent du poids de cent livres romaines (32.750 grammes) la pièce, dont plusieurs attirèrent la proscription sur les têtes de leurs possesseurs, si un esclave de Claude, Rotundus, dispensateur dans l’Espagne citérieure, en avait même un du poids de cinq cents livres, et si plusieurs de ses compagnons en possédaient de deux cent cinquante livres, il faudrait, peut-être, n’y voir qu’une affectation d’un luxe particulier à ces temps-là, que la mode et la vanité avaient extraordinairement contribué à répandre ; de même que, par exemple, au treizième siècle, à Paris, on faisait un grand luxe de vases pompeux d’or, d’argent et de cristal, ornés de pierres fines ou d’émaux, pièces pour la confection desquelles l’orfèvrerie du moyen âge était sans pareille, tandis que les appartements étaient encore très pauvrement meublés. Le fait est que l’on plaçait, alors, la majeure partie de sa fortune en or et en pierreries. Princes et comtes, en France, amassaient des monceaux d’or, qui souvent rappellent les richesses tant admirées de l’Orient[28]. Mais dans, ce cas probablement, comme peut-être aussi dans celui du luxe d’argenterie de l’antiquité romaine, on avait de plus en vue de s’assurer, par le même moyen, un fonds de réserve, ou trésor, en tout temps disponible et d’un transport facile, en cas de besoin, ce que tend d’ailleurs également à faire supposer l’habitude générale des Romains de graver sur chacun de ces vases le chiffre exact de son poids[29]. On peut se former une idée de la grandeur du luxe de l’argenterie, dans les premiers temps de l’empire, d’après le dire de Pline[30] que Pompée Paulin, beau-père de Sénèque, commandant l’armée romaine dans la basse Germanie en l’an 58 de notre ère, n’emportait pas avec lui moins de 12.000 livres romaines, soit environ 4.000 kilogrammes d’argent. Peut-être arrivait-il rarement que l’on eût sous la main des réserves de cette importance ; mais, tout récemment, en 1868, la découverte du trésor d’argent de Hildesheim, comprenant une soixantaine de pièces[31], a remis en évidence combien, même en Germanie, les tables des généraux, hauts fonctionnaires, officiers et traitants romains, étaient richement pourvues de vaisselle d’argent, dont naturellement mainte pièce tomba, comme butin de guerre ou autrement, entre les mains des Germains de la rive droite du Rhin. D’autres allégations de Pline, comme pals exemple celle que les femmes dédaignaient de se servir de baignoires autres que d’argent, sont peu faites pour préciser nos idées sur ce sujet, en partie parce qu’elles sont trop hyperboliques. Cependant, elles confirment aussi le fait que l’usage de l’argenterie était, à certains égards, très répandu dans les classes moyennes et inférieures. Des soldats avaient la poignée du glaive et le ceinturon garnis d’argent, le fourreau orné de chaînettes de ce métal ; des femmes du peuple portaient aux pieds des anneaux d’argent (compedes). Pétrone (c. LXVII) en donne à Fortunata, femme de Trimalcion, du poids de 6 livres ½ et d’argent aussi, sans nul doute. Enfin, même des esclaves avaient des miroirs portatifs en argent[32]. Les fouilles de Pompéji, dont les habitants, comme la ville ne fut pas engloutie, mais ensevelie sous les cendres, doivent cependant avoir trouvé moyen de chercher et d’emporter ce qu’ils avaient de plus précieux, avaient jusqu’à 1837 déjà, paraît-il, eu pour résultat la découverte de plus de cent vases d’argent[33]. Or, il est permis d’admettre que le luxe de cette ville, d’importance moyenne, était un luxe commun alors, au moins dans les villes d’Italie.

 

 

 

 



[1] Voir Marquardt, Manuel, V, 2, 314 et 317.

[2] Hist. nat., XXXIV, 11 : Nec pudet tribunorum militarium salariis emere.

[3] Pline, Hist. nat., XXXVII, 18, etc.

[4] Vehse, XXXIII, 326.

[5] Pline, Hist. nat., XXXVII, 29 : Alius et in his furor.

[6] Ibidem, XXVI, 195.

[7] Pline, Hist. nat., XXXIII, 147 : Nec copia argenti tantum furit vita, sed valdius pæne manipretiis.

[8] Prince Puckler-Muskau, Lettres d’un trépassé, 4, 322.

[9] Martial, III, 62, 4 :

Libra quod argenti millia quinque rapit.

[10] Pline, Hist. nat., VIII, 196. — Voir aussi Marquardt, V, 2, 146, etc. — Dans les Lettres d’un trépassé (IV, 125), il est fait mention d’un tapis brodé à l’aiguille, d’après un Carlo Dolce, et payé 3.000 guinées.

[11] Pline, Hist. nat., XIII, 91. — Marquardt, Manuel, V, 2, 314.

[12] Pline, Hist. nat., XXXVII, 19.

[13] De Brevitate vitæ, 12, 2.

[14] Roscher, Principes d’économie nationale, § 100, 7.

[15] Vehse, XXI, 148.

[16] Keyssler, Voyages, I, 60.

[17] Vehse, XXXII, 152 ; XLII, 165 ; XLV, 319.

[18] Prince Puckler-Muskau, Lettres d’un trépassé, III, 229, etc.

[19] Vehse (XXII, 280) parle de tout un service en or dû duc de Newcastle.

[20] Marquardt, Manuel, V, 2, 258, 7.

[21] Marquardt, Manuel, V, 286, etc. — Pline, Hist. nat., XXXIII, 139, etc.

[22] Ibidem, V, 2, 271, etc.

[23] Strabon, III, 2 ; p. 147 à 149. — Voir aussi Marquardt, V, 2, 264, 2438.

[24] Marquardt, III, 1, 160, etc.

[25] Jacob, Production et consommation des métaux précieux (en anglais).

[26] Jacob, ouvrage précité.

[27] Jacob, ouvragé précité.

[28] Springer, Paris au treizième siècle, p. 28, etc.

[29] Interp. ad Petronium, ch. XXXI, XXXIII, LIX, LXVIII.

[30] Hist. nat., XXXIII, 143.

[31] Wieseler, le Trésor d’argenterie de Hildesheim, 19, etc. (en allem.).

[32] Hist. nat., XXXIV, 160.

[33] Becker, Gallus, II, 3e éd., 322.