MŒURS ROMAINES

 

LIVRE VIII — LE LUXE ROMAIN.

CHAPITRE IV — Le luxe des bâtiments.

 

 

§ 1. — Palais urbains.

Les premiers et modestes commencements du luxe dans la, construction des demeures ne remontent pas au-delà des premières années du dernier siècle avant Jésus-Christ. Jusque-là les habitations de la haute classe même étaient aussi simples que peu coûteuses. Sylla, qui était né en 138 et ne jouissait, tant qu’il fut jeune, il faut le dire, que d’une très médiocre aisance, habitait encore un rez-de-chaussée, l’étage aristocratique du temps, pour lequel il payait 3.000 sesterces (652 fr. 50) de loyer par an, dans une maison, dont l’étage supérieur, au loyer de 2.000 sesterces (435 fr.), était occupé par un affranchi[1]. L’emploi du marbre, sans excepter celui de Carrare, à la construction et aux usages décoratifs, était demeuré complètement inconnu aux Romains, jusqu’aux derniers temps de la république ; ils ne l’empruntèrent aux Grecs que plus tard[2]. Vers l’an 92 avant Jésus-Christ encore, après tant d’expéditions guerrières et de victoires, dans les pays helléniques et orientaux, tous alors si riches en colonnades, pas un seul édifice public, à Rome, n’avait des colonnes de marbre[3]. On fut d’autant plus choqué de voir le censeur du temps, L. Crassus, un des premiers personnages de l’État ; orner le premier l’atrium de sa maison, sur le mont Palatin, de quatre, suivant d’autres rapports, même de six ou dix colonnes de marbre du mont Hymette, qu’il avait du reste fait venir, non dans ce but, mais pour le théâtre construit pendant son édilité. Cela lui valut, de la part de Cn. Domitius, son collègue dans la censure, un blâme très vif, et, de la part de M. Brutus, le sobriquet de Vénus palatine[4].

La maison de Crassus, estimée à 6- millions de sesterces (1.315.575 fr.), et qui tirait principalement sa valeur d’un jardin avec six beaux et vieux micocouliers, sans lequel on ne l’estimait qu’à la moitié, ou 3 millions de sesterces, le cédait cependant à la maison du vainqueur des Cimbres, Q. Catulus, consul en l’an 102, également située sur le mont Palatin, ainsi qu’à celle d’un jurisconsulte, du chevalier C. Aquilius, située sur le Viminal, et qui était, alors, généralement, réputée la plus belle de Rome[5]. En l’an 78 ; la plus belle maison fut celle du consul de l’année, M. Lépide[6], dont le seuil en marbre de Numidie (giallo antico), espèce inconnue à Rome jusqu’alors, fit également beaucoup jaser.

Mais, 35 ans plus tard, il y avait déjà à Rome une centaine de maisons plus belles que celle-là, ayant toutes le caractère de véritables palais. Pline rapporte ce gigantesque accroissement de la magnificence et du luxe des bâtiments comme un des plus grands prodiges, dans l’histoire de cette ville, non sans y rattacher, selon son habitude, une sentence sur la durée passagère de la vie humaine[7]. Ce qui doit étonner plutôt, c’est que Rome, depuis si longtemps la première ville du monde en importance, fût restée, jusque-là, tellement en arrière sous le rapport architectural. Il en résulta que l’on se mit à opérer soudainement, sur une échelle d’autant plus grande, cette reconstruction des bâtiments privés qui, d’ordinaire, a plutôt lieu graduellement, dans les villes en voie de prospérité croissante, ainsi que l’a, par exemple, si bien fait ressortir Macaulay[8], pour celles de l’Angleterre, dans son tableau des progrès énormes que la civilisation y a faits, depuis la fin du dix-septième siècle.

A Rome, on rattrapa, pendant la durée d’une seule génération, tout le temps perdu dans les siècles antérieurs. Ces 35 années, qui s’écoulèrent depuis le consulat de Lépide et la mort de Sylla, en 78, jusqu’à celle de Jules César, en 44 avant Jésus-Christ, furent le temps des conquêtes et des acquisitions les plus grandes, en Orient comme en Occident, le temps -des guerres de Q. Metellus le Crétique, de P. Servilius l’Isaurique, de Pompée et de Lucullus en Orient, ainsi que de Jules César dans les Gaules. L’empire y gagna les nouvelles provinces de la Bithynie et du Pont, file de Crète, la Cilicie et la Syrie. Dans ces guerres, des généraux, des officiers, des fonctionnaires de l’ordre civil et des traitants, comme cet affranchi de Pompée, Démétrius, qui doit avoir laissé 4.000 talents (23.576.250 fr.)[9], s’emparèrent d’immenses richesses. Elles furent employées en partie à la construction d’édifices publics des plus somptueux, au nombre desquels figurait aussi, avec un caractère purement temporaire, le mirifique théâtre de Scaurus, élevé en l’an 58. Cette magnificence et cette aspiration au grandiose se communiquèrent vite aussi aux constructions privées. Scaurus fit ériger dans l’atrium de sa maison, sur le mont Palatin, les plus grandes des 360 colonnes, de 38 pieds de haut, dont il avait orné la scène de son théâtre[10]. Elles étaient d’un marbre noirâtre, de l’île de Mélos, que Lucullus avait le premier introduit à Rome, où on l’appela, d’après lui, marbre lucullien[11]. Le premier qui n’eut absolument, dans sa maison, sur le mont Célius, que des colonnes de marbre, et, ce qui plus est, consistant toutes en monolithes de marbre cipolin, veiné de vert, de Caryste dans l’Eubée, et de marbre de Carrare, fut le chevalier romain Mamurra de Formies, un des lieutenants de César dans les Gaules. Sa maison, construite en 48 avant Jésus-Christ[12], était, comme dit Pline, un témoignage plus éloquent de ses rapines éhontées, dans les Gaules, que les vers acerbes dans lesquels elles lui furent reprochées par Catulle. Il fut aussi le premier qui revêtit des murs entiers de plaques de marbre ou, autrement dit, introduisit à Rome le procédé alexandrin d’incrustation[13].

Ainsi, Salluste[14] déjà put parler de palais semblables à de véritables villes, et Cicéron[15] appeler Rome une belle cité, richement ornée, bien qu’à vrai dire, d’après le jugement de Plutarque[16], tous les bâtiments de Rome antérieurs à l’ère impériale ne fussent pas comparables avec les constructions dont Périclès avait embelli Athènes. Aussi Suétone fut-il sans doute fondé à dire qu’Auguste ne trouva pas la ville de Rome, à tout prendre, ornée comme il convenait à la majesté de l’empire romain[17].

Avec l’accroissement des constructions, on vit aussi monter la valeur des terrains, ainsi que les loyers des appartements. Le terrain sur lequel Jules César construisit le Forum, dans la partie la plus animée de la ville, coûta cent millions de sesterces, soit près de vingt-deux millions de francs[18]. En moyenne, les loyers atteignaient, à Rome, le quadruple de ce qu’ils étaient dans les autres villes d’Italie[19]. Il y eut des remises de loyer dans les années 46 et 41 avant Jésus-Christ[20]. Célius[21], d’après Cicéron, occupait modestement une maison de Clodius, avec un loyer de 10.000 sesterces (environ 2,194 fr.) ; ses accusateurs avaient déclaré le triple, afin de pouvoir lui reprocher sa prodigalité et aider, en même temps, Clodius à vendre sa maison plus cher. Cicéron acheta la sienne, sur le mont Palatin, de Crassus, pour la somme de 3 millions ½ de sesterces (environ 766.000 fr.)[22]. Quand, à son retour de l’exil, il la retrouva en ruines, le sénat lui offrit deux millions d’indemnité, d’où l’on peut inférer qu’il estimait la valeur du terrain à un million et demi de sesterces[23].

Les constructions prirent à Rome un nouvel et plus grand essor après la bataille d’Actium et l’avènement d’Auguste, non seulement par suite de l’effet du sentiment général de la sécurité, revenue avec la pacification du monde, des progrès du bien-être ; de l’accroissement de la population et de l’affluence des capitaux, mais aussi à la faveur de la volonté bien arrêtée d’Auguste de donner à Rome tout l’éclat et toute la magnificence nécessaires pour faire de cette capitale le digne centre de la monarchie universelle, fondée par lui ; et de transformer la ville de briques en une ville de marbre. Si ces embellissements devaient, tout d’abord, se traduire et se déployer sur la plus grande échelle en établissements publics et en constructions monumentales, il ne saurait, pourtant, y avoir de doute que le désir formel et la ferme volonté du monarque furent également décisifs pour les grands, les capitalistes et les entrepreneurs, même dans l’ordre des constructions privées, et firent promptement surgir un grand nombre de belles maisons particulières et de palais fastueux, qui éclipsèrent en partie les bâtiments plus anciens[24]. Aux progrès constants de ce luxe de bâtir se liait aussi l’exploitation des carrières de marbre de Carrare, non encore mentionnées par Vitruve (II, 7), et qui ne paraissent pas avoir été exploitées en grand avant la fin du règne d’Auguste. Les blocs extraits de ces carrières étaient, comme les autres matériaux de construction, envoyés par mer à Ostie, d’où ondes faisait remonter jusqu’à Rome par le Tibre[25].

Il y a lieu de croire que la volonté d’Auguste avait fait à Rome, en grand, ce qu’en petit celle de Frédéric II fit, après la guerre de Sept ans, pour l’embellissement de Berlin[26], et celle d’Auguste le Fort, pour Dresde, qui commença seulement sous le règne de ce prince à se transformer d’une ville en bois en une ville de pierre[27]. Cependant les immenses travaux de construction et d’embellissement exécutés de nos jours à Paris et à Vienne admettent seuls, pour les proportions et la masse des bâtiments, la comparaison avec ceux de Rome, sous les règnes d’Auguste et de plusieurs de ses successeurs.

Celles des poésies d’Horace qui datent des premières années du règne d’Auguste[28] sont remplies des impressions que ce luxe de bâtiments, en se répandant de plus en plus, causait aux gens à goûts simples du bon vieux temps. Les atria des grands palais, construits dans le nouveau genre, imposaient par leur élévation, et leurs colonnes, de marbre phrygien (pavonazzetto), excitaient un étonnement mêlé d’envie[29]. Peut-être l’atrium, déjà mentionné, de Scaurus, fut-il le premier que l’on eût bâti dans le nouveau style. La comparaison de sa hauteur de trente-huit pieds avec celle de douce, à laquelle on s’arrêtait auparavant, peut, dans tous les cas, si l’on n’admet pour l’atrium de Crassus que les dimensions ordinaires, donner une idée du changement qui s’était opéré, car elle marque très bien la différence entre ce que nous appelons la maison bourgeoise et le palais. Les autres dimensions subirent, naturellement aussi, un agrandissement proportionnel. Dans ces nouvelles demeures, des traverses de la roche blanche du mont Hymette pesaient sur des colonnes de giallo antico, provenant de l’Afrique citérieure ; l’ivoire éclatait sur les soffites dorées[30], comme on les avait vues, pour la première fois, après la destruction de Carthage, dans le temple de Jupiter Capitolin[31]. Entre les colonnes multicolores des cours s’élevaient des bosquets et des groupes d’arbres[32], et murmuraient des jets d’eau[33]. Des bannes de pourpre, tendues d’un entablement de colonnade à l’autre, garantissaient des rayons du soleil et projetaient une lueur rougeâtre, sur le pavé, ou le tapis de mousse du sol[34]. On peut juger des progrès qu’avait faits l’usage des parquets en mosaïque, déjà connus avant Sylla[35], par ce fait que César en emportait jusque dans ses expéditions militaires, pour sa tente[36]. Avec les descriptions d’Horace cadrent parfaitement les indications et prescriptions contemporaines de l’architecte Vitruve[37], sur la manière de construire une grande maison. Quand, dit-il, on bâtit pour de grands personnages, il faut faire des vestibules élevés et d’un aspect royal, un atrium très large et des péristyles, des parcs et des allées spacieuses d’un aspect imposant, de plus construire des bibliothèques, des galeries de tableaux et des basiliques, aussi grandioses que celles dès édifices publics.

Or le luxe des palais, durant la période qui s’étend du règne d’Auguste jusqu’à la mort de Néron, était encore fortement en progrès, à bien des égards, les grandes familles continuant de chercher à briller par un faste princier, dans lequel on les voyait renchérir les unes sur les autres[38] ; et, bien que le luge en général eût postérieurement diminué, depuis Vespasien, il n’en dut pas moins surgir, plus tard encore, assez de bâtiments somptueux, pouvant rivaliser de magnificence avec les constructions antérieures du même genre. Valère Maxime (IV, 4), vers la fin du règne de Tibère, dit qu’un palais occupant, avec toutes ses dépendances, y compris le jardin notamment, une surface de quatre arpents ; passait pour un logis étroit : S’il peut y avoir de l’exagération dans son dire, il faut, d’un autre côté, certainement prendre à la lettre ce propos contemporain, de Velleius Paterculus (II, 10, 1), qu’en se contentant d’un logement de 6.000 sesterces (un peu plus de 1.630 fr.) par an, on aurait de la peine à se faire considérer comme un sénateur. Ce dernier langage, il est vrai, semblerait de nature à prémunir contre toute généralisation outrée de l’idée qu’on peut avoir du luxe de l’époque, en fait de logements, vu que, de nos jours, à Londres et à Paris, comme à Vienne et à Berlin, la dépense d’un loyer triple même de la somme indiquée ci-dessus, suffirait à peine pour loger un dignitaire du même rang ; et, pourtant, il est certain que la valeur effective de l’argent, à cette époque, ne saurait être calculée au triple de ce qu’elle est aujourd’hui.

Les palais continuèrent-ils à s’élargir encore, depuis le règne de Tibère ? Il paraît difficile de l’affirmer ; du moins sur la seule autorité de phrases comme celle où Sénèque dit qu’ils étaient semblables à des villes, qu’ils avaient l’étendue de domaines ruraux[39], Salluste s’étant déjà ex-primé, sur le même sujet, en termes analogues. Entre autres cependant, Vedius Pollion, l’ami d’Auguste, eût à Rome un de ces palais immenses. Mais en général la manière dont étaient construites les grandes maisons romaines justifiait, du moins jusqu’à un certain point, les exagérations de la rhétorique. Par cela même qu’elles n’avaient jamais qu’un étage au milieu et quelquefois de même aux ailes, elles couvraient toujours un très grand emplacement ; puis, aussi parce qu’elles n’étaient, ordinairement, privées ni de jardins ni de parcs, et qu’elles comprenaient, d’ailleurs, nombre de bâtiments accessoires et de dépendances, déjà en partie mentionnés par Vitruve, tels que jets d’eau, bains, portiques et grandes allées pour les voitures. Il est vrai que toute cette grandeur et cette magnificence s’y déployaient ; parfois, aux dépens de l’espace restant pour le logement proprement dit, comme dans certain palais, dont Martial[40] a parlé dans ses vers. On manque de renseignements sur la valeur et les prix de ce genre d’immeubles à Rome. Pour le prix, accidentellement mentionné par Martial (XII, 66), de 100.000 à 200.000 sesterces, on ne pouvait, sans doute, avoir qu’une petite maison, bâtie sans luxe ; car, d’après Juvénal (VII, 178, etc.), une maison de bains seule devait revenir à 600.000 sesterces, et un portique encore plus cher. La preuve que ces estimations sont plutôt au-dessous qu’au-dessus de la vérité, pour beaucoup de constructions de l’espèce, on la trouve dans le fait que Fronton, un sénateur qui n’était pas riche, dépensa, pour l’établissement de ses bains, 350.000 sesterces, et elle résulte encore mieux de la description, que l’on verra tout à l’heure, de ceux de Claude Etruscus.

Mais un luxe romain peut-être sans exemple dans toute l’histoire de l’architecture, ce fut celui de la décoration architecturale. Avec l’usage des marbres de couleur pour colonnes, vint aussi la pratique, existante en Asie depuis un temps immémorial, de revêtir les murs de pierres multicolores et d’autres matériaux précieux. C’est également sous le règne d’Auguste qu’elle commença à se répandre[41]. Sénèque (Lettres, 86, 6) est le premier qui tonne contre le luxe de ce lambrissage, où d’énormes plaques de marbres précieux rivalisent d’éclat, et où les tables de provenance alexandrine contrastent avec les tables extraites des carrières de la Numidie. A côté du lambrissage avec des tables de marbre posées en plein, la mode d’extraire de celles-ci des fragments et de remplir les excavations avec d’autres pierres prit, déjà sous Claude. On trouvait ainsi moyen d’y figurer toute sorte d’animaux et d’autres objets, ou, suivant l’expression de Pline l’Ancien, de peindre avec la pierre. Deux incrustations de marbre, ainsi combinées, ont été trouvées sur le mont Palatin, Sous Néron, l’on parvint ensuite à faire des marbres de fantaisie, par l’introduction artificielle de veines et de bigarrures variées dans des tables en pierres de couleurs différentes[42].

En général, l’habitude de prodiguer les pierres fines et rares, celles de couleur surtout, se répandit étonnamment dans le cours du premier siècle de notre ère. Dans une salle à manger, construite par Calliste, un des affranchis de Caligula, Pline vit trente colonnes d’albâtre d’Orient. Cornélius Balbus avait encore dû se contenter de faire poser, comme une rareté, quatre colonnes plus petites de la même pierre dans son théâtre, construit sous Auguste[43]. De nouvelles carrières furent ouvertes dans le cours des siècles postérieurs : ainsi notamment, sous Claude, les mines de porphyre de l’Égypte, situées près de la mer Rouge[44], ainsi que des carrières de granit (granito bigio), dans le mont Claudien, où il y en avait aussi de porphyre[45]. À en juger parles restes qui existent encore, il doit y en avoir eu, sur le littoral égyptien, plus de quarante en exploitation, et fournissant à Rome des matériaux de luxe, pour l’architecture. Dans la petite mais somptueuse maison de bains que fit construire le fils de Claude Etruscus, on avait, d’après Stace[46], qui la décrit, dédaigné comme trop vulgaires des espèces de marbre précieuses, mais déjà fréquemment employées, telles que le marbre de Thasos, celui de Caryste, le marbre ophite, tacheté comme la peau des serpents, et l’albâtre onyx. A peine la serpentine verte de Laconie avait-elle trouvé grâce. Pour servir, en longues bandes, à l’encadrement de grandes tables de marbre de Synnada, blanc tacheté de violet (pavonazzetto). On y voyait aussi du marbre jaune de Numidie, un marbre de Phénicie, blanc comme neige, que Pline l’Ancien, paraît-il, ne connaissait pas encore. Les voûtes resplendissaient d’images de toutes les couleurs, en mosaïque de verre ; l’eau jaillissait de tubes d’argent dans des bassins d’argent ; le courant d’eau conduit à travers le grand bassin, encadré de marbre, était si limpide que l’on croyait simplement apercevoir le pavé de marbre du fond ; la salle du jeu de paume avait un parquet chauffé du bas. D’autres descriptions de Stace et de Martial montrent que c’était alors un luxe très commun de prodiguer les pierres de tontes couleurs, dans les constructions. Chez ce dernier[47], un homme riche bâtit des thermes avec des marbres de Caryste, de Synnada, de Numidie et de Laconie. Il sera parlé plus loin des villas du temps et du palais de Domitien. C’est probablement sous Adrien que le luxe des pierres de cou-leur arriva à son apogée, mais il a continué d’être en faveur jusqu’aux derniers temps de l’antiquité.

C’est depuis peu seulement que la découverte de l’antique entrepôt de marbres sur le port de rivière du Tibre, au pied de, l’Aventin, a permis de concevoir une idée plus juste de la stupéfiante richesse en marbres de Rome, sous l’empire. On y a déjà retrouvé, jusqu’à présent, environ mille tas de pierres, parmi lesquelles prédominent largement les espèces de couleur, applicables aux usages de l’architecture. Il est parfaitement établi que cet emplacement fut utilisé, comme entrepôt de marbres, dans la période de Néron à Marc-Aurèle ; probablement même, il continua de servir comme tel, jusqu’au troisième siècle, et ce qui a été trouvé de marbres, en ce lieu, peut être considéré comme le solde non employé des immenses fournitures reçues des carrières de l’antiquité, pour les constructions des Flaviens et des Antonins[48].

On poussa, de bonne heure aussi, jusqu’à l’exagération l’emploi du verre pour des usages décoratifs. Sénèque déjà (Lettres, 86, 6) parle de plafonds disparaissant derrière des glaces. Le sol de Rome est comme jonché de fragments de verre, ainsi que de débris de verre façonné et moulé, provenant du revêtement des murs et des parquets. A Véies, on a trouvé un parquet formé d’une masse de verre compacte, de la grandeur de la pièce dont il recouvrait le sol.

Des vitrifications à deux couleurs, polies en camées, dans le genre du vase de Portland, se sont conservées, en partie, avec les restes du stuc de la muraille dans laquelle elles étaient incrustées. Les fragments de véritables vitraux peints ne manquent pas non plus[49]. Pline mentionne, comme une nouvelle invention, le placage de la mosaïque de verre aux voûtes[50]. Le même auteur signale aussi déjà le revêtement des murs avec des plaques d’or[51], luxe qui atteignit son point culminant dans la Maison d’Or de Néron. Au dix-septième siècle, on découvrit, au mont Aventin, une chambre dont les murs disparaissaient derrière un revêtement de plaques en bronzé doré, avec incrustation de médailles ; au mont Palatin, une autre, entièrement revêtue de feuilles d’argent, garnies de pierres fines[52]. Cette invention, comme d’autres encore, témoignant du luxe le plus effréné, en fait d’architecture, date probablement du temps de Néron : ainsi la construction de soffites à panneaux mobiles, particulièrement dans la salle à manger, qui, par suite de cet arrangement, changeaient d’aspect à chaque service[53]. Parfois il existait aussi, dans les palais de l’époque, des chambres dites d’indigents, qui contrastaient avec ce faste excessif. La simplicité artificielle de ces pièces n’était due, sans doute, qu’à la spéculation de mieux faire ressortir ainsi la magnificence des appartements voisins[54].

Cependant tout cet éclat pâlissait devant la splendeur féerique des deux palais de Caligula et de Néron, qui, comme dit Pline[55], embrassaient toute la ville. Nous ne savons rien de plus du premier. Le second, la fameuse Maison d’Or, rebâtie après le grand incendie de l’an 64[56], s’étendait du mont Palatin, par-delà le vallon, sur la pente nord-est de celui-ci, jusque sur les hauteurs de l’Esquilin, où il touchait aux jardins impériaux de Mécène. Il était coupé de plusieurs rues. Sur la place d’entrée s’élevait une statue colossale, de Néron, de plus de cent pieds de haut. Le palais comprenait, entre autres dépendances, de triples portiques de la longueur d’un mille romain, soit d’environ un kilomètre et demi, un étang semblable à une petite mer et entouré de bâtiments qui figuraient, ensemble, comme une espèce de ville, des parties agrestes, avec des champs, des vignobles, des prés et des bois, contenant une multitude de bêtes sauvages et apprivoisées, de toute espèce. Les salles et autres pièces y étaient toutes revêtues d’un placage d’or, incrusté de pierres précieuses et de nacre ; les boudoirs galants, tapissés de perles[57], comme on l’a déjà dit plus haut. On avait pris, pour les décorer, des chefs-d’œuvre de l’art hellénique, choisis dans ce que le butin de la Grèce et de l’Asie Mineure comprenait de plus merveilleux[58]. Parmi les artistes du temps qui furent occupés à la décoration de ces pièces, Pline nomme un peintre distingué par la vivacité de son coloris, Amulius ou Fabulllis[59]. Des inventions et découvertes nouvelles y furent mises en application ainsi on y bâtit un temple de la Fortune avec une pierre trouvée en Cappadoce, d’une transparence telle que l’on y voyait clair, même à portes fermées[60]. Les panneaux d’ivoire du plafond des salles à manger pouvaient être écartés, dé manière à répandre sur les convives des fleurs, ou des eaux de senteur, jaillissant de tubes. La grande salle des festins était surmontée d’une coupole, tournant jour et nuit sur son axe[61]. Les bains contenaient de l’eau de mer et des baux minérales. Quand les travaux du palais furent assez avancés pour que Néron pût s’y installer, il dit, en témoignage de sa satisfaction, qu’il commençait enfin à être logé comme il convient à un homme. Othon accorda pour la continuation des travaux 50 millions de sesterces, soit près de 13.600.000 fr.[62] Vitellius, pourtant, trouva ce qui avait été fait indigne d’une résidence impériale[63]. Vespasien fit démolir la majeure partie de ces constructions, que lui-même et Titus remplacèrent par des édifices consacrés au divertissement du peuple : ainsi l’amphithéâtre s’éleva sur l’emplacement du grand étang et les thermes de Titus furent bâtis sur le mont Esquilin[64]. Quant au colosse de Néron, Vespasien le transforma en dieu du Soleil. Le piédestal du géant existe encore[65].

Parmi les constructions de palais des empereurs suivants, celles de Domitien se distinguèrent par leur magnificence[66]. Plutarque[67] rapporte que, dans le quatrième temple de Jupiter, bâti sur le Capitole par cet empereur, la dorure seule avait fait l’objet d’une dépense de plus de. 9 2.000 talents, soit près de 71 millions de francs ; mais quiconque, ajoute-t-il, aura eu la bonne fortune de voir, dans le palais du maître, un portique ou une grande salle, les thermes ou un des appartements de ses maîtresses, sera bien obligé de convenir que le créateur de toutes ces belles choses trouvait, comme un autre Midas, son plaisir à changer en or tout ce que sa main venait à toucher. Ce bâtiment si grandiose et si imposant, d’après l’élogieuse description de Stace[68], reposait, non sur cent, ce serait trop peu dire, mais sur une multitude de colonnes, si grandes qu’elles paraissaient en état de soutenir la voûté du firmament, et il comprenait, dans son enceinte, de vastes espaces libres. Les marbres de Numidie, de Synnada, de Chios et de Caryste, y rivalisaient d’éclat et de splendeur avec le granit de Syène ; il n’y avait que les bases des colonnes qui fussent en simple marbre de Carrare. L’élévation de l’édifice était telle que le regard fatigué pouvait à peine atteindre lés cintres des coupoles et les soffites dorées.

 

§ 2. — Maisons de campagne et jardins.

Si, dans Rome même, le luxe de bâtir rencontrait beaucoup de difficultés, venant des bornes relativement étroites de l’espace, dans la circonscription limitée du ressort urbain, et du prix élevé qu’y avaient les terrains, la passion de bâtir, pouvait se donner carrière, d’autant plus librement, dans la construction des villas, sur les immenses domaines des grands[69]. L’insalubrité de Rome, en été et au commencement de l’automne, nourrissait le goût de la vie champêtre et faisait d’une villégiature régulière un besoin pour les classes supérieures. Des possessions étendues leur offraient, déjà dans les derniers temps de la république, le choix entre des résidences diverses, également agréables. Il suffit de rappeler ici les différentes villas de Pompée, d’Hortensius, de Cicéron et de Lucullus[70].

Les constructions de villas, en se multipliant, firent hausser considérablement les prix des biens-fonds en bonne situation pour cela. A la vérité cependant, si Lucullus paya 2.500.000 deniers la villa que Marius avait au cap Misène, et que Cornélie, la mère des Gracques, n’avait elle-même payée que 75.000 deniers, on ne saurait déterminer dans quelle proportion des embellissements et des constructions nouvelles peuvent avoir contribué à cette énorme augmentation de prix[71].

L’envie de bâtir ne fit que s’accroître encore, dans toute l’Italie, après la bataille d’Actium. Horace (Odes, II, 15) voyait déjà, dans sa pensée, approcher le moment où les palais princiers ne laisseraient plus à la charrue que peu d’arpents de terre, où les étangs artificiels prendraient, près du lac Lutrin, une extension toujours croissante, où le platane supplanterait partout l’orme entouré de vignes grimpantes, où des bosquets de myrtes et de lauriers répandraient leurs ombrages, et des parterres de violettes, leur parfum, en se substituant aux plantations d’oliviers si productives, et où des portiques, garantissant du soleil et de l’aquilon, s’élèveraient à la place du gazon, prodigué par la nature. Ajoutons que les sénateurs furent, à plusieurs reprises, obligés, par des sénatus-consultes et des édits, à l’achat de terres en Italie, et que ces acquisitions, naturellement aussi, déterminèrent des constructions multiples de villas nouvelles. L’envie leur prenait-elle de respirer, au fort de l’été, l’air pur des montagnes sabines ou albaines, de se faire caresser, au printemps ou sur la fin de l’automne, par les douces haleines du ciel de l’Italie méridionale, de jouir en plein des beautés enivrantes et de toutes les magnificences du rivage qui encadre le golfe de Naples, d’oublier le tumulte de Rome dans la retraite et le silence des massifs de platanes, sur les bords de quelque lac de la haute Italie : partout ils trouvaient des maisons de campagne parfaitement meublées, ou de somptueux palais prêts à les recevoir. Pline le Jeune, qui n’avait qu’une assez modique fortune, possédait cependant, comme on l’a déjà dit, des terres en Étrurie (près de Tifernum Tibérinum), près de Côme et dans le Bénévent, plusieurs villas sur le lac de Côme et une maison de campagne près de Laurente. Regulus, rhéteur dont on parlait beaucoup en ce temps-là et dont on évaluait la fortune à près de soixante millions de sesterces[72] (plus de 16.300.000 fr.), avait des propriétés en Ombrie, près de Cales (aujourd’hui Calvi en Campanie), en Étrurie, à Tusculum et dans la campagne de Rome, sur la route de Tibur (Tivoli)[73].

Les grandes difficultés de terrain qu’il y avait souvent à vaincre, pour construire des villas, contribuaient à rendre ce luxe bien plus dispendieux encore. Stace fait valoir hautement en faveur de celle de Pollius Félix, près de Sorrente, qu’elle était située dans un lieu Où la nature, domptée par la volonté de l’homme, avait appris à servir ses desseins. , dit le poète, où vous voyez maintenant une plaine, il y avait une montagne, où vous marchez sous l’abri d’un toit, une affreuse solitude ; où vous apercevez de grands arbres, il n’y avait pas même de la terre. Regardez ici pour voir comment la pierre apprend à porter son joug, comment le palais avancé et comment la montagne recule, docile au commandement du maître. Des récifs dans la mer étaient transformés en vignobles et les Néréides y cueillaient des raisins doux, à la faveur des ombres de la nuit[74]. A la villa, près de Cumes, où Servilius Vatia, homme riche et de rang prétorien, sous Tibère, passa le temps de sa vieillesse à jouir dans l’oisiveté, il existait deux grottes, artificielles, improvisées à force de travail ; elles avaient les dimensions d’un atrium dés plus vastes, et, tandis que l’une n’était jamais touchée par le soleil, l’autre se trouvait constamment éclairée par ses rayons, jusqu’aux derniers moments du crépuscule du soir. Un canal, creusé de la mer au lac d’Achéruse, à travers un bois de platanes, servait de lieu de pêche, quand la mer était trop houleuse. Cette villa offrait tous les agréments que l’on pouvait trouver dans la ville voisine de Baïes, sans présenter les inconvénients de ce dernier séjour[75]. La prédilection pour la mer et le désir d’en jouir d’aussi près que possible, firent, à ce qu’il paraît, souvent exécuter de grandes constructions hydrauliques, dont les assises, suivant l’expression d’Ovide (Amours, III, 126), refoulaient les vagues bleues. Horace aussi (Odes, III, 24, 3) revient plusieurs fois sur les murs en pierre de taille comblant la mer. Partout où la mer creuse une baie, dit Sénèque (Lettres, 89, 21), vous posez aussitôt vos fondations et créez un sol artificiel. On aperçoit encore aujourd’hui, sous le miroir des eaux, des restes de ces palais, bâtis dans la mer, près d’Antium, ainsi que sur d’autres points. On avait artificiellement pratiqué aussi des bâtisses hydrauliques sur les côtes des provinces. Des possessions du riche sophiste Damien d’Éphèse, près du littoral, on voyait de même des îles et des digues artificielles, assurant des ancrages aux navires qui venaient y prendre ou y déposer des chargements. Ses maisons, dans le faubourg qui se trouvait là, avaient en partie la disposition de logements urbains, en partie celle de grottes, et toutes ses terres étaient plantées d’arbres fruitiers, qui les couvraient de leurs ombrages[76].

Nous avons des descriptions contemporaines, ou peu s’en faut, de villas montées les unes fastueusement, les autres sur un pied plus modeste, les unes de Pline le Jeune (Lettres, II, 17 ; V, 6), les autres de Stace. La villa Laurentine et la villa toscane de Pline, assises l’une au bord de la mer, l’autre dans la vallée du Tibre, sur le revers de l’Apennin, avaient toutes les deux une situation aussi remarquable par la beauté du paysage que par la salubrité du climat ; elles offraient des chambres de toute espèce, pour les besoins de toutes les parties de la journée et de toutes les saisons, avec la plus grande variété de vues charmantes, par toutes les fenêtres. L’arrangement intérieur était flatteur pour l’œil, commode et très élégant, mais presque entièrement dépourvu de luxe proprement dit. A l’exception de quatre colonnettes de marbre de Caryste, servant de supports à lin cep de vigne, dans la villa toscane, on ne voyait, dans celle-ci comme dans l’autre, que du marbre blanc ; encore paraît-il que l’on n’en avait usé que très sobrement, en se bornant à décorer les murailles de simples peintures. Dans la villa Laurentine, les jours de deux galeries couvertes étaient fermés avec des feuilles de mica, employé en guise de verre ; il n’y avait point de jets d’eau, bien que les jardins du temps en fussent presque généralement pourvus, comme l’indique assez un passage de Quintilien (VIII, 3, 8). Aussi, la villa toscane en offrait-elle plusieurs. Les jardins et allées de Pline le Jeune ne contenaient que dés plantes et arbres communs, en rapport avec la nature du sol : ici des violettes, du buis, du romarin, des vignes, des mûriers et des figuiers ; là, des roses, des acanthes, encore du buis et des vignes, des lauriers, des platanes, en partie recouverts de lierre, et des cyprès.

Nous avons déjà mentionné, à propos des grands ouvragés de terre que l’on avait exécutés à la même occasion, l’une des deux villas décrites par Stace, celle que le riche Pollius Félix de Pouzzoles s’était fait bâtir, sur la hauteur de Sorrente. Ou y voyait tout d’abord, sur le rivage même, des thermes avec deux coupoles, un temple de Neptune et un temple d’Hercule. Un portique, construit en avant de la ville de Sorrente, conduisait, le long d’un chemin sinueux remontant la côte, jusqu’à la villa. Des différentes pièces de celle-ci on avait les échappées de vue les plus diverses, sur la mer et les îles. Une salle ou aile, d’oit la vue portait directement sur Naples, par-delà le golfe, formait la partie la plus saillante de tout l’édifice. On y avait prodigué les marbres de couleur des carrières les plus estimées de la Grèce, de l’Asie-Mineure, de la Numidie et de l’Égypte. Partout on voyait des peintures et sculptures précieuses d’anciens maîtres, des portraits de généraux, de poètes et de philosophes[77].

Sur la terre de Manilius Vopiscus, près de Tibur[78], s’élevaient, face à face, deux palais, sur les deux rives de l’Anio, à un endroit où la rivière coulait tranquillement, pendant qu’on la voyait, tout près de là, en amont comme en aval, se précipiter, écumante et avec fracas, du haut des rochers. Ces palais étaient si rapprochés que l’on pouvait, d’une rive à l’autre, se voir et causer, presque même se tendre les mains. Une forêt touffue et de haute futaie s’avançait jusqu’au bord de l’eau, dont le miroir en reflétait le feuillage, ombrageant au loin le cours de l’onde. Là il faisait frais, même aux jours des plus fortes chaleurs du Sirius, et la brûlante ardeur de juillet ne parvenait pas à pénétrer dans l’intérieur des appartements. Ceux-ci resplendissaient de travées couvertes de dorures au plafond, de piliers de marbre jaune aux portes, de lambrissages sur lesquels l’incrustation de veines bigarrées simulait des peintures[79], de parquets de mosaïque précieux, d’une foule d’objets d’art de maîtres célèbres, en bronze, ivoire et or, garnis de pierreries. Une conduite d’eau en alimentait toutes les pièces, dont chacune avait sa fontaine spéciale. Là aussi chaque pièce offrait une autre vue, donnant ici sur d’antiques bosquets, là sur la rivière. Partout régnait le calmé, avec un silence interrompu seulement par le doux murmure de l’onde, berçant les habitants dans leur sommeil. Au bord de l’Anio même se trouvaient des thermes. Au centre de l’un des deux palais s’élevait un arbre superbe, dont le faîte dépassait la toiture. Près de la villa s’étendait un verger qui devait, semblait-il au poète, surpasser les jardins d’Alcicoüs et de Circé[80]. Niebuhr[81] dit, avec éloge, des poésies de Stace, qu’elles sont véritablement empreintes de la couleur locale du pays et qu’on éprouve un plaisir particulier à les lire en Italie même, et il est naturel que l’on aime à s’y absorber dans cette contrée, quand on veut évoquer des ruines un fantôme de la magnificence qui, jadis, s’y unissait au charme d’une nature superbe, pour rendre d’autant plus enviable l’existence des riches et des grands. Nulle part, peut-être, on ne se sent plus porté à de telles contemplations qu’en parcourant la vaste solitude, jonchée, sur un espace de plusieurs milles, d’immenses débris, qui furent jadis la villa tiburtine d’Adrien. Son architecture et, sans doute, aussi l’arrangement du paysage environnant, offraient des imitations des lieux et sites qui avaient le plus vivement excité l’intérêt de ce prince, dans les voyages, dé plusieurs années, qu’il avait faits, à travers toutes les provinces de son empire. On y voyait un lycée, une académie, un portique pécile, un prytanée, un Canope, une vallée de Tempé, même un Tartare[82]. Peut-être les imitations de ce genre n’étaient-elles pas unie rareté dans les villas de grands personnages qui, presque tous, avaient beaucoup voyagé. Il y en eut du moins une de Memphis, sur un domaine de Septime Sévère, empereur qui avait visité les monuments de l’Égypte avec un intérêt particulier, et une du labyrinthe, sur une autre propriété de ce prince, comme on l’a déjà dit.

Parmi les villas des temps postérieurs, celle des Gordiens, sur la route dé Préneste, mérite une mention. Elle comprenait, entre autres merveilles, un carré de colonnades ou tétrastyle, orné de deux cents colonnes, toutes d’égale hauteur, dont cinquante de giallo antico, autant de cipolin, autant de pavonazzetto et autant de porphyre rouge ; plus, des basiliques de trois cents pieds de long[83], des thermes comme il ne s’en trouvait nulle part ailleurs, si l’on excepte Rome, et tout le reste à l’avenant, pour les dimensions et le style[84].

Une comparaison du luxe des palais, des villas, des parcs et des jardins, sous l’empire romain, avec le luxe correspondant de nos jours, serait très difficile par la raison déjà que, dans l’antiquité, ce luxe dépendait en partie d’influences tout autres et avait une tout autre direction que dans le monde actuel. Ce sont les châteaux, le plus exactement décrits, de l’aristocratie anglaise qui sembleraient encore le mieux se prêter à une pareille comparaison. Woburn-abbey, par exemple, un château de la famille de. Bedford, forme avec ses écuries, son manège, sa galerie de statues et de tableaux, ses serres et ses jardins, toute une petite ville, et offre, comme échantillon du luxe le plus raffiné, un ensemble aussi parfait qu’une civilisation très avancée, dirigée sur un pareil objet depuis des siècles, pouvait, seule, le produire. Parmi les jardins qui en dépendent, il y a, par exemple, une immense plantation uniquement formée d’azalias et de rhododendrons. Dans le jardin chinois, on distingue la laiterie, bâtie en forme de temple chinois, avec une profusion de marbre blanc et de verres de couleur, un, jet d’eau au milieu, etc., etc. La volière (aviary) comprend une très grande place entourée de haies, de grandes plantations, et un cottage, avec un petit étang au milieu ; les loges des innombrables oiseaux, en partie exotiques et rares, dont elle est peuplée, sont faites avec des branches de chêne, entourées d’un treillis de fil de fer ; la couverture est également en treillage, et l’intérieur, garni d’arbustes toujours verts. Le parc a une contenance de quatre milles carrés d’Allemagne.

Ashridge-park, résidence des comtes de Bridgewater, a plus de trois milles allemands de circonférence, est orné d’innombrables bouquets d’arbres gigantesques et renferme un millier de pièces de gibier. La grande pelouse (pleasure ground) et les jardins y ont encore plus d’étendue qu’à Cashbury-park, la résidence du comte d’Essex, laquelle, avec son magnifique parc, ses serres et ses jardins, coûte 40.000 livres sterling (250.000 fr.) d’entretien par an. A Warwick-castle, avant l’incendie qui ravagea ce lieu magique, les salons de réception formaient, des deux côtés de la grande salle (hall), deux enfilades de pièces de 340 pieds de longueur, sans interruption ; de plus, des murs de 8 à 44 pieds d’épaisseur offraient, dans chaque embrasure de fenêtre, de 40 à 42 pieds de large aussi chacune, autant de véritables cabinets, desquels on jouissait des vues les plus, belles et les plus variées[85].

On trouverait, du reste, également en France et en Russie, sans parler des autres pays, nombre de châteaux offrant des termes de comparaison avec les villas romaines. A Alupka, propriété du prince Voronzof, en Crimée, M. de Haxthausen (II, 443) vit un palais qui, à l’époque de la visite de ce voyageur, avait déjà, disait-on, coûté 7 millions de roubles, bien que l’intérieur fût encore loin d’être terminé.

Tandis que la magnificence des châteaux anglais est le produit d’un travail continué pendant des siècles ; les palais romains du temps de l’empire étaient des bâtiments de date récente, attendu que Rome, comme on l’a déjà fait remarquer, ne fut dotée de constructions, ayant le caractère de palais, qu’au dernier siècle avant notre ère. Néanmoins le luxe du bâtiment n’a peut-être été poussé, à nulle autre époque, aussi loin qu’au temps d’Auguste à Vespasien. Bien des circonstances se réunissaient alors pour faire prendre au luxe un développement, inouï, précisément dans cette branche. Une direction propre au fond du génie romain et développée au suprême degré par son avènement à la domination universelle, la tendance à l’imposant et au colossal, qui se laissait facilement aller, dans ses écarts ; à l’extravagance et à la monstruosité, trouvait à se satisfaire pleinement dans la construction d’édifices présentant de grandes masses et couvrant de vastes espaces, et cela non seulement dans la construction d’édifices publics. Au désir de fonder leur existence propre et leur représentation personnelle sur un pied digne, fastueux et magnifique, se joignait, chez les Romains, la superbe ambition du triomphe d’obstacles en apparence insurmontables, ainsi que l’habitude, nourrie et de plus en plus favorisée, chez eux, par l’esclavage, de traduire en réalités même des caprices du moment et de pures fantaisies. Ces tendances, qui avaient leur couronnement dans la manie d’omnipotence impériale, étaient également très répandues, se manifestaient dans une forme analogue, et n’affectaient que des proportions moins monstrueuses chez les riches et les grands de cette époque, naturellement portés et fondés, en conscience, à se regarder comme les maîtres de la terre. Aussi lit-on déjà dans Horace[86] : Quand un riche a manifesté le ravissement qu’il éprouve à l’aspect du rivage de Baïes, le lac et la mer subissent, aussitôt, les effets de la passion dont s’enflamme le maître, impatient de bâtir ; qu’une nouvelle fantaisie le prenne et, dès demain, les ouvriers seront obligés de transporter leurs outils à Téanum. On voit par Strabon (V, p. 235 C) qu’à Rome, de son temps du moins, les maisons passaient sans cesse de main en main ; or, ces ventes continuelles d’immeubles devaient aussi, continuellement, occasionner des reconstructions et de nouvelles bâtisses. Il va sans dire que cette passion de bâtir, particulièrement considérée comme une des nobles passions de l’époque, endettait on ruinait même complètement bien des gens. Une maison somptueuse, dit Plutarque (De cupid. divitiarum, II), ne met que trop souvent dans la nécessité d’emprunter. Cétronius, lisons-nous dans Juvénal (XIV, 86-95), avait la manie de bâtir (ædificator erat) et faisait sortir de terre, tantôt sur la courbe du littoral de Gaëte, tantôt, sur la hauteur de Tivoli, tantôt dans les montagnes de Palestrina, des villas aériennes, qui, avec leurs marbres, apportés là de la Grèce et d’autres provenances lointaines, éclipsaient le temple de la Fortune et le temple d’Hercule. Il diminua ainsi considérablement son avoir ; cependant il lui restait encore beaucoup ; mais sols fils, s’étant, en véritable fou, mis à bâtir des villas nouvelles, dans lesquelles il employa des marbres plus précieux encore, se ruina complètement. Horace[87] et Martial (X, 19) appliquent aux petits, cherchant à rivaliser avec les grands, dans la manie de bâtir, la fable de la grenouille qui veut se faire grosse comme un bœuf ; chez le second, la grenouille, c’est un préposé de district (vici magister), qui s’avise de rivaliser avec un consul. Celui-ci possédant un palais à quatre milles de la ville, l’autre aussi s’achète à quatre milles de la ville un lopin de terre ; l’un a fait construire des thermes de la dernière élégance en marbre de toutes couleurs, l’autre bâtit une chambre de bain de la grandeur d’un chaudron ; l’un a une plantation de lauriers sur sa terre, l’autre sème un cent de marrons sur son lopin.

Ce qui caractérise tout particulièrement le luxe des constructions de cette époque, c’est, on l’a déjà dit, la profusion excessive des plus précieux matériaux de couleur. Cela n’était possible que dans la métropole d’un empire embrassant tout le monde alors connu, dans un centre. ayant la facilité, de se procurer par la voie maritime des colonnes, des pilastres et des blocs, tirés des carrières, aussi nombreuses que variées, de tous les pays riverains de la Méditerranée.

Mais, s’il n’est pas impossible que les anciens palais romains l’emportassent en magnificence sur les châteaux modernes de l’Angleterre et des autres pays, il n’est pas douteux, d’autre part, que les jardins et parcs romains étaient bien inférieurs à ceux qu’on voit en Angleterre. Il n’est guère plus probable qu’ils égalassent ces derniers en étendue, parce que, dans l’antiquité, le sentiment de la nature, trouvant plus de satisfaction dans dés tableaux du genre de ceux dont l’art embellit un simple jardin que dans l’imitation des grands paysages, n’était aucunement favorable à la parcomanie. Le luxe des serres manquait d’ailleurs à l’antiquité ; partant, aussi le moyen de reproduire en petit la végétation des autres zones et parties du monde.

Contrairement à la variété de couleurs qui éclatait, chez les Romains, dans la décoration des palais, la magnificence de couleurs dont brille la Flore moderne est précisément ce qui faisait défaut à leurs jardins. Le luxe des fleurs de l’antiquité romaine ne consistait pas dans la multiplicité et la diversité des espèces, mais dans la profusion avec laquelle on employait un nombre relativement assez limité d’espèces, disponibles pour l’objet dont il s’agit, notamment les lis, les roses et les violettes. Déjà du temps de Varron[88], les plantations de roses et de violettes, dans le voisinage immédiat de Rome, étaient d’un bon rapport, et l’on vit s’étendre de plus en plus le rayon des jardins qui entouraient la ville[89]. La culture des fleurs, pour les besoins de la capitale, fut même portée beaucoup plus loin, jusqu’en Campanie et à Pæstum. Au temps de Sénèque, les roses, demandées même en hiver, s’importaient par navires de l’Égypte, ou, dans cette saison, étaient cultivées sous verre, comme le lis[90]. L’Europe moderne est redevable au goût, si prononcé, des Turcs, pour les fleurs, d’une grande partie de sa magnifique flore des jardins. De Stamboul, la tulipe, le lilas ou seringat, qui embaume l’air, l’hyacinthe d’Orient, la fritillaire impériale, la renoncule des jardins, ont passé, par Vienne et Venise, dans les jardins de l’Occident ; de même le châtaignier (æsculus hippocastanum), le laurier-cerise et la mimosa ou acacia farnesiana. L’œillet se répandit d’Italie par-delà les Alpes, à l’époque de la Renaissance.

Puis commença, avec la découverte de l’Amérique, une nouvelle importation, bien plus abondante, de fleurs et de plantes d’ornement, parmi lesquelles il faut mentionner la vigne vierge, la. capucine du Pérou, le peuplier pyramidal dit lombard, le platane d’Amérique, l’acacia de l’Amérique du Nord, la Bignonia Catalpa, l’arbre à tulipes, et, au-delà des Alpes, la magnolie, le poivrier, etc. Le cactus opuntia ou figuier de Barbarie, et l’aloès, ont apporté le complément parfait d’un élément tout harmonique dans le type du paysage des contrées riveraines de la Méditerranée, type qui avait, depuis longtemps, reçu de l’Orient son coloris sévère et mat[91]. La multiplication, extrême et artificiellement poussée jusqu’à l’infini, des espèces et des variétés, a donné naissance à un luxe nouveau, tout à fait inconnu de l’antiquité, et les prix énormes, payés de nos jours, par des amateurs de fleurs recherchées ou rares, comme par exemple, en France, 70.000 fr. pour une planche de dahlias en 1838, et, en Angleterre, 100 livres sterling pour une variété insignifiante de la même fleur en 1839 [92], peuvent être mis en parallèle, dans l’antiquité, seulement avec ceux que l’on y payait pour des curiosités rares et des objets de collection d’amateurs.

 

 

 

 



[1] Plutarque, Sylla, ch. I.

[2] Semper, le Style, I, 493 (en allem.).

[3] Pline, Hist. nat., XVII, 1, s : Tam recens est opulentia.

[4] Ibidem, XXXVI, 7. Dans ce passage Pline dit six colonnes ; dans le précité, quatre seulement. — Valère Maxime (IX, 1, 4) en mentionne dix, qui auraient coûté ensemble 100.000 sesterces.

[5] Pline, Hist. nat., XVII, 1, 2.

[6] Ibidem, XXXVI, 109 : M. Lepido, Q. Catulo coss. ut constat inter diligentissimos auctores, domus pulcrior non fuit Romæ quam Lepidi ipsius,etc.

[7] Ibidem.

[8] History of England, éd. Tauchnitz, III, 341, etc., pour Bath, et 352, etc., pour Londres.

[9] Plutarque, Pompée, ch. II.

[10] Pline, Hist. nat., XXXVI, 5, 6.

[11] Ibidem, 49, etc.

[12] Promis, Dell’ antica Luni, p. 49.

[13] Pline, Hist. nat., XXXVI, 48. — Semper, le Style, I, p. 493.

[14] Bellum Catilinarium, ch. XII.

[15] Ad Quirites, p. red., ch. I : Quæ pulchritudo urbis !Verrines, II, 5, 48, 127 : Urbs pulcherrima atque ornatissima.

[16] Comparat. Periclis cum Fabio Maximo, ch. III, 7.

[17] Suétone, Auguste, ch. XXVIII : Urbem neque pro majestate imperii ornatam et inundationibus incendiisque obnoxiam excoluit ita ut jure sit gloriatus marmoream se relinquere quam latericiam accepisset (La beauté de Rome ne répondait point à la majesté de l'empire: elle était exposée aux inondations et aux incendies. Il l'embellit tellement, qu'il se vanta avec raison d'avoir trouvé une ville de briques et d'en avoir laissé une de marbre).

[18] Drumann, Hist. rom., III, 318 et 617 (en allem.).

[19] Suétone, César, ch. XXXVIII.

[20] Drumann, Hist. rom., III, 616, 52. — Dion Cassius, XLVIII, 9. — voir aussi Cicéron, Ad Atticum, 1, 6.

[21] Pro Cœlio, 7,17.

[22] Drumann, Hist. rom., II, 209.

[23] Cicéron, Ad Atticum, IV, 2, 5 : Nobis superficiem ædium consules de consilii sententia æstimarunt HS viciens : cetera valde illiberaliter. L’allégation de Pline (Hist. nat., XXVI, 103) que Clodius aurait acheté de Scaurus, sur le mont Palatin, une maison pour 14.800.000 sesterces doit être erronée, de l’avis de Drumann aussi (Hist. rom., II, 367, 31).

[24] Pline, Hist. nat., XXXVI, 110 : Cum pulcherrima laudatissimaque certantes centum domus, posteaque ab innumerabilibus aliis in hune diem victas.

[25] Strabon, V, 222. — Voir aussi Bruzza, Iscr. dei nzarnzi grezzi, Ann. d. hist., 1870, p. 166, etc. — D’après Serv. A., VIII, 720, dans le Manuel de Becker, I, n. 865, le temple de l’Apollon Palatin, déjà inauguré en l’an de Rome 726, était construit de solido marmore, quod allatum fuerat de Portu Lunæ.

[26] Busching, Géographie, 6e édit. (1778), III, 2, 987.

[27] Vehse, XXXIII, 174, etc. Auguste décréta, par un rescrit de 1708, la construction de maisons en pierre à Dresde, que lui et ses favoris dotèrent les premiers de beaux édifices. — Lady Montagne écrivait en 1716 (lettre 15) : The town is the neatest I have seen in Germany ; most of the houses are new built.

[28] L’origine des trois premiers livres de ses Odes est rapportée par Beutley à la période des années 29 à 22 avant Jésus-Christ, par Grotefend à 31-19, par Kirchner à 39-18, et par Franke à 36-24.

[29] Horace, Odes, III, 1, 41-46.

[30] Horace, Odes, II, 18, 1-5 et 17-19. — Voir aussi Marquardt, Manuel, V, 2, 219.

[31] Pline, Hist. nat., XXXIII, 57. — Manilius, Astron., V, 287. — Voir aussi Varron, De re rustica, III, 1, etc.

[32] Horace, Épîtres, I, 10, 22 :

Nempe inter varias nutritur silva columnas.

Odes, III, 10, 5 :

. . . . . . . . . . . Nemus

Inter pulchra satum tecta.

[33] Il n’est fait mention d’un jet d’eau dans une cour, à cette époque, que dans Suétone (Auguste, ch. LXXXII), où on lit : Æstate... sæpe in peristylo saliente aqua... cubabat. — Mais, d’après ce que l’on voit dans les maisons pompéiennes, il y a d’autant plus de raison d’admettre, par analogie, l’existence de ces jets d’eau, à Rome aussi, qu’il y était facile de les multiplier.

[34] Ovide, Métamorphoses, X, 595, etc. — Pline, Hist. nat., XIX, 25.

[35] Marquardt, Manuel, V, 2, 227.

[36] Suétone, César, ch. XLVI.

[37] VI, 8, 2e éd. Rose et Muller-Strubing.

[38] Tacite, Annales, II, 55.

[39] Sénèque, Lettres, 90, 43 ; 114, 9.

[40] XII, 50 et 57, 15-25. — Voir aussi Olympiodore, apud Phot. Biblioth., éd. Bekker, p. 63 A.

[41] Semper, le Style, 1, 495, etc.

[42] Pline, Hist. nat., XXXV, 2, etc. ; Helbig, Explications relatives aux peintures mitrales de la Campanie, dans le Nouveau Musée rhénan, XXV (1870), p. 397 (en allemand).

[43] Pline, Hist. nat., XXXVI, 60.

[44] Letronne, Recueil, I, 136, etc.

[45] Bruzza, p. 169, etc.

[46] Silves, I, 5, 36 :

Mœret onyx longe, queriturque exclusus ophites.

Stace semble avoir voulu corriger, dans ce vers, une erreur de Martial, qui avait dit, dans sa propre description, de ces thermes :

Siccos pinguis onyx anhelat æstus.

Et flamma tenui calent ophitæ. (VI, 42)

[47] Martial, IX, 75, 6.

[48] Klugmann (l’Antique marmorata à Rome, 1871), Marquardt (Manuel, V, 2, 221, etc.), et Reumont (Histoire de la ville de Rome, I, 272) (tous les trois en allemand) ont donné des listes des espèces principales. Les dates inscrites sur des blocs de marbre vont de l’an 17 à l’an 206 de notre ère, suivant Bruzza (p. 138 et 172).

[49] Semper, le Style, I, 504.

[50] Hist. nat., XXXVI, 189.

[51] Ibidem, XXXV, 2.

[52] Semper, I, 504.

[53] Sénèque, Lettres, 90, 5.

[54] Becker, Gallus, I, 3e éd., 109, etc.

[55] Hist. nat., XXXVI, 111.

[56] Suétone, Néron, ch. XXXI. — Voir aussi Becker, Manuel, I, 431, etc.

[57] Pline, Hist. nat., XXXVII, 17.

[58] Ibidem, XXXIV, 84.

[59] Ibidem, XXXV, 120.

[60] Ibidem, XXXVI, 163.

[61] Voir aussi Varron, De re rustica, III, 5.

[62] Suétone, Othon, ch. VII.

[63] Dion Cassius, LXV, 4.

[64] Martial, Des Spectacles, 2.

[65] Becker, Manuel, I, 220, n. 341.

[66] Ibidem, 433, etc.

[67] Publicola, ch. XV.

[68] Silves, IV, 2, 18-31.

[69] Tacite, Annales, III, 32 : Villarum infinita spatia.

[70] Voir Drumann, IV, 538, etc. ; III, 105 ; VI, 387, etc. ; IV, 167.

[71] Plutarque, Marius, ch. XXXIV. — Cicéron, Ad Atticum, IV 2, 5 : Consules æstimarunt (valde illiberaliter) : Tusculanam villam quingentis millibus, Formianum HS ducentis quinquaginta millibus.

[72] Pline le Jeune, Lettres, II, 20.

[73] Martial, VII, 31, 9, et I, 12, 62.

[74] Stace, Silves, II, 52, etc., 98, etc.

[75] Sénèque, Lettres, 55, 6.

[76] Philostrate, Vies des sophistes, II, 23, 3.

[77] Stace, Silves, II, 2.

[78] Ibidem, I, 3.

[79] Ibidem, I, 3, 34 : Picturata lucentia marinora vena.

[80] Ibidem, I, 3.

[81] Cours d’histoire romaine, III, 209.

[82] Histoire Auguste, Vie d’Adrien, ch. XXVI.

[83] Sur les basiliques, voyez Jordan, Topographie, II, 218, etc.

[84] Histoire Auguste, Gordien, III, ch. XXXII.

[85] Prince Puckler-Muskau, Lettres d’un trépassé, III. 208, etc., 213, 216, etc., 223, etc.

[86] Épîtres, I, 83-87.

[87] Satires, II, 3, 307, etc.

[88] De re rustica, I, 16, 3.

[89] Rodbertus, Éléments pour l’histoire du développement des rapports agraires de Rome, dans les Annales d’économie politique de Hildebrand, 1864, p. 216 (en allemand).

[90] Hehn, p. 169.

[91] Le même, p. 382-385.

[92] Volz, Éléments pour servir à l’histoire de la culture, 505 (en allem.).