MŒURS ROMAINES

 

LIVRE VIII — LE LUXE ROMAIN.

CHAPITRE III. — Le luxe de l’habillement et de la parure.

 

 

Le luxe du costume, dans ces temps reculés, portait en majeure partie sur d’autres objets qu’au moyen âge et dans les temps modernes. Vu le faible développement de l’industrie manufacturière dans l’antiquité, il n’y avait que peu d’étoffes riches. Les lainages étaient celles dont l’usage, pour l’habillement, remontait le plus haut ; cependant, les femmes portaient aussi des tissus de lin, déjà sous la république, tandis que les hommes commencèrent seulement dans les derniers temps de ce régime à faire usage de la toile fine, qui plus tard servit principalement à leur faire des mouchoirs. La tunique de lin était portée généralement, à Rome, depuis le troisième siècle de notre ère[1], peut-être même depuis plus longtemps[2]. La toile la plus fine, celle qu’on appelait byssus, venait de l’Égypte, de la Syrie et de la Cilicie. L’importation du coton des Indes orientales (carbasus, en sanscrit carpãsã) à Rome date, pour le moins, des guerres d’Asie (de l’an 491 avant Jésus-Christ), si elle ne remonte pas plus haut ; les mousselines étaient aussi employées à l’habillement. La soie de Chine ne fut d’abord importée qu’à l’état de soie grège et moulinée, mais à cette importation vint se joindre ensuite celle de tissus légers de soie teinte, mélangée de lin ou de coton. Ces tissus mi-soie, diaphanes comme une gaze, et bariolés, étaient portés, dans le premier siècle de notre ère, non seulement par, les femmes, mais aussi par des hommes efféminés. C’est bien plus tard seulement que, par suite de l’accroissement des rapports commerciaux avec l’Orient, les étoffes riches de soie pure s’introduisirent également en Europe. Héliogabale fut le premier qui en porta. Quant au satin et au velours, ils étaient, que nous sachions, parfaitement inconnus dans l’antiquité. Le luxe, oriental aussi, des étoffes brochées d’or, en soie particulièrement, se répandit à mesure que l’usage de la soie devenait plus général. Mais celui des broderies d’or se bornait aux tapis, rideaux et couvertures, au costume d’apparat des généraux triomphateurs, ainsi qu’aux galons, bordures et garnitures des vêtements du beau sexe[3]. Les habits faits de tissus d’or et d’argent, si fréquents dans les temps modernes, paraissent n’avoir été que d’un usage extrêmement rare dans l’antiquité. Le manteau tissu d’or, sans l’adjonction d’aucune autre matière, que l’impératrice Agrippine portait à la naumachie du lac Fucin, était une curiosité de parade comme on n’en avait jamais vu, et que non seulement Pline l’Ancien, mais aussi Dion Cassius et Tacite mentionnent comme telle[4]. Or, on nous apprend que, vers la fin du moyen âge, Charles le Téméraire, par exemple, n’avait pas emporté moins de 400 caisses de tissus d’or et d’argent, comprenant 100 habits tout couverts de broderies, d’or, pour son usage personnel, à la bataille de Granson[5]. Les fourrures étaient bien aussi employées en Italie, depuis un temps immémorial, à des usages particuliers dans l’habillement[6] ; mais elles n’y étaient jamais entrées dans le costume ordinaire, avant l’irruption des peuples germaniques dans le midi de l’Europe, et rien absolument ne témoigne de l’existence d’un luxe de pelleteries dans l’antiquité. On n’y avait pas non plus la manie de prodiguer les étoffes, pour donner aux vêtements une ampleur démesurée, en les taillant plus longs ou plus larges que le corps, et l’on ne connaissait pas toutes ces déformations, de pure fantaisie, auxquelles la mode s’est si souvent complu dans la coupe, tant au moyen âge que dans les temps modernes, et qui étaient en partie si dispendieuses, comme les souliers à la poulaine, les pantalons à gros plis, les vertugadins, les corps de jupe à baleines, les crinolines, les robes à queue et les perruques longues[7]. Or les costumes des anciens n’étaient pas seulement plus conformes à la nature et de meilleur goût, mais aussi, bien que la mode fût très sujette à varier, même dans l’antiquité, beaucoup plus stables que ceux des modernes. Chez ceux-ci, les variations que l’on y remarque, d’une génération à l’autre, sont parfois plus grandes qu’elles ne paraissent avoir été, chez ceux-là, d’un siècle à l’autre[8]. Il en résulte que, le luxe étant en grande partie déterminé par ces variations continuelles, il y eut certainement, dans l’antiquité, beaucoup moins de luxe d’habits qu’au moyen âge et dans les temps modernes. Enfin, le costume antique était d’une bien plus grande simplicité que le moderne, en ce qu’il ne comprenait pas autant de pièces d’habillement. On connaissait le luxe des gants tout aussi peu que celui des chapeaux et de la coiffure, laquelle, par exemple, forme de nos jours encore annuellement, en Perse, un article de dépense de près de 60 ducats (705 fr.), par suite de la nécessité de la renouveler trois ou quatre fois par an[9]. Il s’en faut beaucoup aussi que les changements apportés à la mode par les vicissitudes des saisons fussent, dans le Midi, aussi multiples et aussi importants qu’ils le sont dans les pays du Nord. Cela ne veut pas dire, cependant, qu’il n’y eût pas également déjà, à Rome, des gens qui poussaient le soin de conformer leur mise à ces variations jusqu’au dernier ridicule, dans les plus petites choses. Cela ressort assez clairement de la manière dont Juvénal[10] persifle le petit maître qui, trouvant trop lourdes, pour ses doigts en transpiration, des bagues chargées de pierreries, y fait jouer des bagues plus légères, faites spécialement pour l’usage d’été. En été, le climat entraînait effectivement la nécessité de changer souvent de vêtements, ce qui ne pouvait manquer, comme c’est encore aujourd’hui le cas en Perse, de rendre assez dispendieux l’entretien de la garde-robe des personnes qui avaient à soigner leur mise. Il devait arriver aussi que l’on crût devoir, et cela s’expliquerait tout naturellement, changer plusieurs fois de vêtements le même jour ; cependant il n’existe qu’une seule mention d’un fait duquel on puisse conclure que cela fût jamais arrivé réellement. Cet exemple se trouve dans Martial (V, 79) et concerne un type des mieux réussis du riche parvenu sans éducation, qui, pendant un festin, change onze fois de toilette, pour échapper à la transpiration, comme il dit, mais, en réalité, pour faire parade de la richesse de sa garde-robe. Or, dans les temps modernes, le luxe de changer de vêtements plusieurs fois par jour, indépendamment de toute nécessité de climat, n’est pas seulement assez commun, mais a été même, parfois, poussé jusqu’à l’exagération la plus ridicule. Vers la fin du seizième siècle, les ecclésiastiques s’en plaignent, en Allemagne aussi ; au commencement du dix-septième, la femme d’un certain Jean Meinhard de Schœnberg laissa, quand elle mourut, 32 habillements complets, pendant que le mari en possédait lui-même 72, des gants, brodés d’or et d’argent, en proportion, et 21 chapeaux, avec 26 plumes de toutes couleurs servant à les garnir[11]. La garde-robe du comte de Bruhl était aussi d’une richesse fabuleuse[12]. A l’époque de la Révolution française, on voyait même des dames changeant de perruque plusieurs fois par jour, pour assortir leur coiffure à leurs diverses toilettes[13]. Il y a 40 ou 50 ans, le prince Puckler-Muskau[14] estimait qu’un dandy, en Angleterre, avait besoin chaque semaine, pour son usage, de 20 chemises, 24 mouchoirs et 9 ou 10 pantalons d’été, de 30 cravates, à moins qu’il n’eût adopté la cravate noire, d’une douzaine de gilets et de bas à discrétion.

Le luxe des couleurs éclatantes et précieuses, si conforme aux goûts des méridionaux, est celui qui frappe le plus dans le costume des deux sexes, du temps de l’empire romain[15]. Les couleurs les plus estimées étaient l’écarlate (coccus), que Pline[16] comprend dans son énumération des produits précieux de la nature, mais par-dessus tout, les différentes espèces de pourpre. La meilleure laine de pourpre, celle de Tyr double teint, coûtait plus de mille deniers (1.087 fr. 50) la livre ; une qualité moindre, la pourpre améthyste ou violette, seulement 375 fr.[17] Du premier de ces deux prix, il y a 100 sesterces (27 fr. 50) à déduire pour la laine. Voilà du moins ce que coûtait, suivant Pline[18], la plus belle laine du Pô, et il n’est guère probable que l’on en teignit jamais de qualité moindre en pourpre de Tyr. Cependant Martial[19] n’estime le prix d’un manteau de pourpre tyrienne du meilleur teint que 10.000 sesterces (2.718 fr. 75). Si ce prix doit s’entendre de la même qualité que la plus estimée du temps d’Auguste, il faudrait admettre qu’il y eût eu, dans le cours de celle-ci, une baisse telle que l’esprit se refuse à y croire. La pourpre dont parle Martial n’était donc probablement que de qualité moyenne. Il faut observer, d’ailleurs, que la laine si précieuse de pourpre véritable était, comme usage et durée, presque indestructible. Les vêtements dont elle fournissait le tissu, pouvaient ainsi se transmettre héréditairement de génération en, génération, comme les châles de l’Orient. En Perse., par exemple, un seul habillement confectionné de châles revient quelquefois à 200 ducats (2.350 fr.)[20]. Cependant les habits exclusivement faits de pourpre paraissent avoir été très rares dans les premiers temps de l’empire[21]. Ordinairement, la pourpre n’était employée que sous forme de bandes et de rubans à galonner, festonner, garnir, border ou franger. Jules César déjà restreignit l’usage des vêtements de pourpre seule à certaines personnes et à certains jours[22] ; Auguste ne le permit qu’aux sénateurs en charge[23] ; Tibère chercha à imprimer, par son exemple, une nouvelle force à cette défense, souvent transgressée[24]. Néron alla jusqu’à prohiber la vente de la pourpre tyrienne et de la pourpre améthyste[25] ; mais il faut, ainsi qu’il appert d’un passage cité plus haut de Martial, qu’elle ait été de nouveau permise sous Domitien, probablement même dès avant ce règne. Marc-Aurèle et Pertinax firent vendre à l’enchère publique les garde-robes impériales, indubitablement riches en vêtements de pourpre[26].

Le luxe de pourpre de l’antiquité romaine ne supporte pas non plus la comparaison avec le luxe d’habits des temps modernes. Un Anglais du temps de la reine Élisabeth rapporte, comme une chose très ordinaire, que le produit de la vente de mille troncs de chêne et de cent têtes de bœufs passât dans un costume, ou qu’un fou entiché de la mode se mît sur le corps le prix de tout un domaine. Vers la fin du seizième siècle, on renchérit encore beaucoup, dans l’habillement, sur le luxe des étoffes par celui des garnitures en application de dentelles, broderies et galons d’or, perles et joyaux, ce qui eut pour effet de rendre tellement exorbitant le prix de la main d’œuvre et des façons, qu’il arrivait jusqu’à 2.250 fr. pour la confection seule d’un habit d’homme. Le maréchal de Bassompierre en eut un dont la broderie éleva le prix à 52,500 fr.[27] L’électeur Jean-Philippe de Trèves (de 1756 à 1768) portait des manchettes de dentelles à 30, 40 et 60 carolins la paire, et l’on n’estimait pas à moins de 100.000 livres l’aube en point à l’aiguille qu’il revêtait dans les grandes cérémonies, à la cour de Versailles[28]. En Russie, la cote des peaux de zibeline atteignit et dépassa même 170 roubles, à la fin du dernier siècle ; aussi toute une fourrure de zibeline devait-elle, alors, revenir quelquefois jusqu’à 20.000 roubles[29]. Un châle des Indes, tissu de la plus fine laine de cachemire, coûte présentement environ 300 livres sterling ; parmi les cachemires d’imitation française, les plus chers vont jusqu’au prix de 1,500 fr.

Dans l’antiquité romaine, le luxe en étoffes et autres produits naturels ou fabriqués de l’Orient, servant à la parure, dans la plus large acception du mot, tels que soie, byssus, pierres précieuses, perles, parfums, se trouvait déjà limité par ce fait qu’il était en majeure partie exclusivement à l’usage des femmes ; mais, dans ce cercle même, il ne paraît pas avoir été très répandu. Pline déclare[30], sur la foi des registres de la douane probablement, qu’il n’y avait pas d’année où il s’importât, dans l’empire romain, pour moins de 55 millions de sesterces (environ 15 millions de francs) de marchandises de l’Inde, et que les produits réunis de cette région, de l’Arabie et de la Syrie faisaient sortir annuellement des frontières de l’empire, en mettant le chiffre au plus bas, une centaine de millions de sesterces (près de 27.200.000 francs). Voilà, ajoute-t-il, ce que nous coûtent nos fantaisies et nos femmes. En admettant même, comme semblerait l’indiquer le dernier mot du passage précité, qu’il ne s’agisse pas ici de la totalité des articles du luxe oriental importés d’Asie, parmi lesquels figuraient aussi des épices, de la gomme, du lapis-lazuli, de l’opium, des eunuques et des animaux féroces[31], mais seulement ou principalement des articles de toilette et de parure à l’usage des femmes surtout, le chiffre de cette importation doit nous paraître plus que modique, nous dirions même extrêmement faible. Il est vrai que le mécontentement des patriotes romains de voir s’écouler chaque année de pareilles sommes à l’étranger et même en pays ennemi[32], était justifié à ce point de vue que l’exportation d’Europe ne la contrebalançait aucunement. Comme il paraît que cette dernière était effectivement à peu près nulle, il y avait lieu de solder en espèces ou lingots la presque totalité de l’importation. De nos jours, des envois très considérables de marchandises européennes accompagnent l’exportation des métaux précieux pour l’Asie. Or, on évalue la moyenne annuelle de cette dernière exportation, pour la période 1861-69, à 13 millions sterling 2/3, soit près de 342 millions de francs, chiffre représentant plus de douze fois celui du temps de Pline l’Ancien.

Pendant les neuf années de la période susdite, 122 millions sterling ¼ (3 milliards 62 millions ½ de francs) ont ainsi passé d’Europe en Asie ; la majeure partie de cette somme est allée dans l’Inde anglaise, une vingtaine de millions seulement, en Chine. Humboldt n’évaluait la moyenne annuelle de cette même exportation de métaux précieux, pour la période 1803-1806, qu’à 5.318.750 livres sterling ; pour la longue période écoulée de 1788 à 1810, elle ne ressortirait même, d’après Jacob, qu’à un million sterling.

S’il est permis d’ajouter foi à la justesse de l’évaluation approximative qui conduisit Pline à établir comme on l’a vu le chiffre total des importations d’Asie de son temps, la consommation de l’empire romain en articles de luxe asiatiques doit, en considération de la grande étendue de l’empire, également paraître très faible, comparativement aux proportions du commerce moderne, lors même que l’on tient compte dia fait que les marchandises importées étaient généralement, en vue des droits qui les frappaient à la frontière, déclarées beaucoup au-dessous de leur valeur réelle.

Dès la seconde moitié du dernier siècle, la France exportait annuellement en Allemagne pour 67 millions de francs de soieries et d’articles de Paris ; et en 1853 son exportation de soieries seule s’élevait à 236 millions ¼ de francs pour l’Angleterre et au quintuple pour l’Amérique du Nord ; l’exportation des articles de l’industrie parisienne, tels que bronzes, bijouterie, quincaillerie fine, montres et pendules, modes, passementerie, tabletterie, instruments de musique, etc., y ajoutait de son côté 78 millions ¾ de francs.

De plus, il y a lieu de considérer que les prix de certains articles de luxe fournis par l’Orient étaient énormes, du temps de l’empire romain ; et ceux de tous les autres articles du même genre, probablement aussi plus élevés qu’ils ne le sont aujourd’hui.

La soie, dans la seconde moitié du troisième siècle encore, se vendait son pesant d’or[33] ; le jus de bétel revenait jusqu’à 400 deniers (435 francs), le jus de cannelle jusqu’à 1.500 deniers (1.631 fr. 25) la livre romaine[34] ; telles perles se payaient même plusieurs millions de sesterces[35]. Avec des prix pareils, toute l’importation annuelle des articles constituant le luxe oriental eût, certes, commodément trouvé place dans une seule des boutiques de la Voie Sacrée, ou du Forum de la Paix. Il est vrai que les prix payés à Rome étaient bien supérieurs aux prix d’achat, qu’ils dépassaient même du centuple, d’après Pline. Mais, en acquittant les droits à la frontière romaine, ces marchandises se trouvaient déjà grevées d’une grande partie, dans bien des cas même de la majeure partie des frais du transport, ce qui en enflait les prix proportionnellement. Or, c’est sur cette première élévation du prix que devait être basé, chez Pline, le calcul qui porte à 100 millions de sesterces le total de l’importation. Celle-ci, si cet auteur était bien renseigné, aurait donc été très modique, d’après les idées de notre époque. Le luxe du temps des empereurs romains, en marchandises et produits de l’Orient, devait être, par conséquent, essentiellement limité à Rome et à quelques autres grandes villes de l’empire. C’est ce que paraissent aussi confirmer, pour la fin du deuxième siècle encore, quelques passages de Galien. Il dit effectivement, en propres termes, que, de son temps, les femmes riches faisaient usage de la soie dans maintes localités de l’empire romain, notamment dans les grandes villes, où il y a beaucoup de grandes dames, et il désigne l’essence de nard comme un des parfums que l’on fabriquait à Rome pour les femmes riches[36]. Mais au quatrième siècle, par suite d’un changement complet survenu dans les rapports commerciaux, l’usage de la soie s’était déjà répandu dans toutes les classes[37].

Le luxe des perles et des pierreries prit naissance à Rome avec le triomphe de Pompée sur Mithridate[38]. Le diamant, quoique estimé par les Romains la plus précieuse de ces pierres[39], n’était guère, que nous sachions, employé à la parure ; il ne servait qu’à orner des bagues, et ce mode d’emploi même parait avoir été très rare. Le diamant que Trajan reçut de Nerva, quand celui-ci l’eut désigné pour successeur, et qu’il transmit de même à Adrien dans la suite, n’était pas, selon toute probabilité, monté sur une bague[40]. La bague en diamant que la reine de Judée, Bérénice, l’amante de Titus, avait eue en cadeau de son frère Agrippa et dont il fut tant parlé du temps de Juvénal, est presque la seille que nous connaissions de l’antiquité[41].

L’émeraude venait, parmi les pierres précieuses, immédiatement après le diamant. Les, plus belles ; émeraudes, celles de la Scythie comme dit Pline, étaient peut-être originaires des mines de l’Oural et de l’Altaï qui, de notre temps encore, en ont fourni de superbes[42]. Au troisième rang suivaient l’aigue-marine (béryl) et l’opale, qui paraissent avoir été, toutes les deux, particulièrement portées par les dames ; puis la sardoine de prix, excellente aussi pour cachets aux bagues. Tel était alors, suivant Pline[43], le classement de ces pierres, tel que l’avaient fixé les préférences du beau sexe. Dans celles qu’ils donnaient au diamant, les anciens n’avaient fait que suivre l’exemple des habitants de l’Inde. Les Persans, au treizième siècle, ne lui assignaient que le cinquième rang, au-dessous de la perle, du rubis, de l’émeraude et de la chrysolithe, pierre jaune à teinte verdâtre. Benvenuto Cellini ne le met aussi qu’après le rubis et l’émeraude, et ne lui reconnaît que la huitième partie de la valeur du rubis. De même en 1565 Garcias ab Horto, tout en déclarant le diamant le roi des joyaux, pour la dureté, lé subordonne, pour le prix et la beauté, au rubis d’abord et à l’émeraude ensuite. Le prix de l’émeraude, très élevé jusqu’au seizième siècle, et que Benvenuto Cellini estimait alors à 400 écus d’or le carat, baissa beaucoup depuis les arrivages des mines du Pérou ; mais il est remonté depuis, par suite de la cessation complète, des envois d’Amérique, de sorte que l’émeraude sans défaut est aujourd’hui de toutes les pierres précieuses, sur le marché de Londres, celle qui se paye le plus cher[44].

Nous savons très peu du prix des pierres précieuses dans l’antiquité romaine. La pierre dans laquelle était gravée une Amymone[45], que le joueur de flûte Isménias paya quatre pièces d’or et que l’on supposait une émeraude, ne peut avoir été qu’une chrysoprase[46]. Les émeraudes gravées ne remontent guère au-delà du temps d’Adrien. Celles qui offrent les portraits de ce prince et de Sabine passent pour les meilleures. Peut-être Adrien avait-il une prédilection pour cette pierre et fut-ce là ce qui détermina un redoublement d’activité dans l’exploitation des mines de Djébel Zabourah en Égypte, celles qui en fournissaient le plus[47]. On indique 7.000 sesterces (environ 1.875 fr.) comme prix d’une bague de jaspe, dont une statue de femme, dans le midi de l’Espagne, avait été ornée par le fils de la personne qu’elle représentait[48]. Un tel prix fait supposer que la pierre était gravée. Le sénateur Struma Nonius possédait une opale de la grosseur d’une aveline, montée sur une bague. Ce bijou l’ayant fait vouer à la proscription par Marc-Antoine, ce fut le seul objet qu’il emportât dans sa fuite, abandonnant tous ses autres biens. Le prix en était, parait-il, estimé à 2 millions de sesterces ou près de 544.000 fr.[49]

Pline donne des renseignements nombreux et précis sur l’imitation, en faux, des pierres précieuses, et fait mention d’écrits initiant à cet art, notamment à la manière de fabriquer des émeraudes en cristal coloré et des sardoines en cornaline, la plus lucrative de toutes les industries frauduleuses[50]. Parmi les ouvrages, extrêmement nombreux, en vitrifications, couleur antiques parvenus jusqu’à nous, il faut, tout particulièrement, distinguer les émeraudes en verre, qui surpassent de beaucoup, en beauté de la couleur, éclat et dureté, les vitrifications modernes, et que les marchands de pierres fines vendent, encore aujourd’hui, souvent pour des émeraudes véritables[51]. Il est certain du reste que, dans l’antiquité aussi, l’industrie consistant dans l’imitation en faux des pierres précieuses n’a pas été exercée uniquement dans un but de fraude, mais qu’elle s’est appliquée, de plus, à satisfaire au besoin de parures éclatantes et de toutes couleurs, répandu dans les classes moins aisées.

Le luxe le plus grand, et pour cela même aussi le plus vivement blâmé, était celui des perles chez les femmes[52]. Elles se payaient plus cher que les pierres précieuses les plus recherchées[53]. L’emploi des perles à la parure ne devint très répandu qu’à dater de la prise d’Alexandrie, dont le commerce porta, depuis lors sans doute, principalement à Rome les produits de la pêche qui se faisait de cet article dans le golfe persique et l’océan Indien[54]. Il est possible que ce courant d’importation régulier en ait amené et fait accumuler, à Rome, des massés, comme on en voit maintenant encore en Russie, où le seul couvent de Troïtza offre, en chasubles, habits épiscopaux, parements d’autel et draps mortuaires, plus de perles, peut-être, que tous les autres pays de l’Europe réunis ; où, dans beaucoup de gouvernements, de simples paysannes en portent de deux cents à trois cents, souvent même jusqu’à mille et plus, au cols et dans les cheveux ; où, comme à Nijni Novgorod, les plus pauvres femmes de pêcheurs même ont deux ou trois rangs de perles véritables autour du cou[55].

A Rome, Néron put faire décorer ses petits appartements pour les rendez-vous d’amour (cubilia amatoria), dans la Maison d’Or probablement, tout en perles, avec une telle profusion que, sans doute, les murs devaient en être complètement tapissés[56]. Les dames romaines en portaient, surtout comme pendants d’oreilles, ce qui, suivant Pline l’Ancien, était aussi la grande ambition des femmes pauvres, parce que, disaient-elles, une grosse perle à l’oreille faisait, dans la rue, le même effet que d’y paraître précédées d’un licteur. Cependant on appliquait aussi des perles aux chaussures ; on en garnissait non seulement les cordons et les attaches des souliers, mais on en couvrait même des pantoufles[57]. Caligula portait des souliers ainsi garnis[58]. On dépensait souvent, pour se donner ce luxe, des sommes indubitablement très fortes. Sénèque dit, sans exagérer beaucoup, on peut le croire, que les dames portaient quelquefois à leurs oreilles le prix de deux ou trois terres[59]. On manque de données plus précises. Jules César, lors de son premier consulat, en 59 avant Jésus-Christ, époque où les perles étaient encore à Rome une rareté, acheta, au prix de six millions de sesterces (1.631.250 francs), une perle pour la mère de Marcus Brutus, Servilia, qu’il aimait beaucoup[60] ; mais d’un pareil acte de galanterie du plus grand homme de son siècle, auquel il arrivait aussi, parfois, de vouloir imposer, même par des extravagances, on ne petit rien conclure sur les prix moyens des belles perles. Ce que Pline rapporte de l’une des épouses de Caligula, Lollia Pauline, ne peut guère non plus servir de mesure. Notre auteur l’avait vue non dans une grande solennité, mais à de modestes fiançailles, avec une parure d’émeraudes et de perles, garnissant toute la tête, les cheveux, les oreilles, la gorge et les doigts. L’ensemble de cette parure représentait une valeur de 40 millions de sesterces (10.876.000 francs), constatée par des pièces dont la production immédiate n’eût souffert aucune difficulté. Ce n’était pas un présent de l’empereur, époux de Lollia Pauline, mais un héritage de famille, provenant des exactions commises, en Orient, par le grand-père de la dame, M. Lollius, exactions dont la notoriété lui avait fait encourir la disgrâce de C. César et l’avait obligé à se suicider par le poison ; en l’an 2 avant Jésus-Christ[61]. Pour la richesse énorme, en bijoux, des familles de ces hommes, à la disposition arbitraire desquels étaient échus en proie les trésors des princes de l’Orient, il n’y a, dans les temps modernes, de termes de comparaison que les richesses analogues, rapportées d’Amérique, au seizième siècle, par les conquérants espagnols du Nouveau Monde, et de l’Inde, au dix-huitième, par les nababs anglais. Le cadeau de noce que Fernand Cortès fit à sa fiancée, en 1529, se composait de cinq bijoux en émeraudes taillées et montées sur or, avec le plus grand art, par des bijoutiers mexicains, ainsi que richement ornées, de perles. Des marchands génois avaient offert, à Séville, 40.000 ducats pour un seul de ces bijoux. Toute la parure fut perdue en 1541, dans un naufrage, lors de l’expédition contre Alger[62]. Clive, qui s’était promené dans les magasins de Mourschadabad, au milieu de monceaux d’or et de joyaux, avec la liberté de prendre tout ce qu’il eût voulu, fit preuve en cette occasion, comme en beaucoup d’autres qui s’offrirent à lui dans l’Inde, d’une grande modération ; cependant ses achats de diamants, dans la seule ville de Madras[63], atteignirent une somme de 25.000 livres sterling, et un écrin de bijoux de sa femme fut estimé à 200.000 livres sterling, soit 5 millions de francs[64]. Peut-être lady Clive possédait-elle plus de bijoux que les plus grandes princesses de son temps. Le fameux collier, que Marie-Antoinette avait trouvé trop cher pour elle, ne coûtait que 1.600.000 francs[65], tandis qu’Auguste le Fort, électeur de Saxe, avait eu pour plus de 2 millions de pierreries sur un seul habit[66]. Encore aujourd’hui, le luxe des perles et des bijoux est considérable en Orient. En Perse, les dames portent, entre autres objets de parure, des bracelets et des anneaux de pied en perles, les dames de qualité même un bouquet de diamants de grand prix ; et l’on y voit souvent des boucles de ceinture garnies de pierres précieuses d’une valeur de mille à deux mille ducats[67]. D’ailleurs il y eut, en Europe, au moyen âge aussi, un grand luxé de perles et de pierres précieuses, le plus grand à la cour de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. On estimait son costume de fête, tout garni de perles et de pierres précieuses, à 200.000 ducats ; son chapeau n’était pas moins remarquable de magnificence, et les damés d’atour de la duchesse recevaient, annuellement, 400.000 écus de Brabant pour leur parure[68]. Le luxe des bijoux précieux s’accrut encore, dans une mesure considérable, après la découverte du Nouveau Monde. Marie de Médicis, au baptême de son fils, portait une robe garnie de 32.000 perles et de 3.000 diamants. Dans l’inventaire des bijoux de Meinhard de Schœnberg, mort en 1625, les bijoux en perles couvrent seuls deux pages in-folio d’une écriture très serrée ; on y voyait figurer trois colliers, avec des roses en perles, et quinze grosses perles, dont la vente produisit 3.286 florins[69]. L’art d’imiter les perles n’a été inventé qu’en 1680, par Jacquin à Paris, d’où l’on exporte, chaque année, pour la valeur d’un million de francs de fausses perles, assure-t-on[70].

Nous manquons presque absolument de données qui puissent nous fixer sur la question de savoir jusqu’à quel point le luxe de l’habillement et de la parure s’était communiqué, dans l’antiquité, aux classes inférieures, ainsi que nous faire connaître l’extension qu’y avait prise l’habitude de bien des gens de porter sur eux une partie de leur fortune, habitude encore existante dans beaucoup de pays, mais particulièrement dans les contrées du Midi et dans celles qui ne jouissent que d’une demi civilisation. Les colliers d’ambre, qu’au temps de Pline l’Ancien les paysannes de la contrée au nord du Pô, ou Lombardie actuelle, portaient, d’après leur dire, aussi comme préservatifs contre les tumeurs du goitre[71], ne peuvent avoir été bien précieux. Mais il est parfaitement avéré que, de nos jours, chaque zitella, en Toscane, a l’ambition d’avoir son collier de plusieurs rangs de perles, fussent-elles de forme irrégulière ou d’une couleur fausse, et la possession d’un pareil collier y est regardée, le plus souvent, comme une dot suffisante[72]. En Russie, dans le gouvernement de Vologda, telle camisole, en belle étoffe de soie blanche et brochée d’or, d’une riche paysanne, coûte seule 500 roubles argent, soit 2.000 francs[73]. Qui ne sait aussi que les costumes des femmes mauresques, en Algérie, valent souvent près de 4.000 francs ?

Les Romains faisaient aussi beaucoup de luxe en parfums précieux, de provenance orientale surtout ; mais, hors de Rome, ce luxe ne se retrouvait probablement, comme on l’a déjà dit, que dans les autres villes les plus grandes de l’empire. D’après Pline, les Romaines usaient même si largement des parfums que l’approche d’une dame frappait tous les passants, quelque préoccupés qu’ils fussent d’ailleurs, par les odeurs qui s’exhalaient de ses cheveux et de ses vêtements. Il trouve ce luxe d’autant plus insensé que non seulement le plaisir chèrement acheté, qu’il procure, est fugitif, mais qu’en outre la personne qui l’a payé en profite bien moins qu’autrui[74]. On a déjà fait mention de l’énormité des prix de certains parfums. Martial réfléchit s’il fera mieux de faire cadeau à sa Phyllis de dix jaunets de la monnaie impériale (environ 262 fr. 50), ou d’une livre d’un parfum sortant des magasins de l’un des deux marchands de pommades et d’essences les plus renommés du temps, Cosmus et Nicéros[75]. Il se peut que mainte dame eût alors, dans ces magasins, des comptes ouverts aussi élevés que celui de Marion Delorme, qui se trouva devoir, un jour, à un seul parfumeur quelque chose comme 187.500 francs, pour les fournitures de l’année.

Les renseignements que l’on a, sur le luxe de l’habillement et de la parure chez les Romains, ne permettent, maigres et défectueux comme ils sont, de porter sur ce chapitre qu’un jugement très imparfait. Mais rien n’y autorise à penser que les anciens aient, en général, surpassé les modernes dans ce luxe ; tout, au contraire, tend à faire croire plutôt que le luxe de l’empire romain n’a, dans cette branche non plus, égalé d’aucune façon celui de mainte époque des temps modernes.

 

 

 

 



[1] Marquardt, Manuel, V, 2, 95 à 97.

[2] Juvénal, III, 150 :

. . . . . . . . . . vel si consuto volnere crassum

Atque recens linum ostendit non una cicatrix.

Il semble bien qu’il ne peut être ici question que d’une tunique reprisée.

[3] Marquardt, Manuel, 98, 108 à 111, 144, 157, etc.

[4]

Voir à ce sujet le tome I, p. 374, de cette traduction, ainsi que, pour d’autres exemples, Marquardt, Manuel, 144, etc. ; puis dans l’Histoire Auguste, la Vie d’Élagabal, 23, où l’on dit de cet empereur : Usus est aurea omni tunica, usus et purpurea, usus et de gemmis Persica (Il portait des tuniques toutes en or, d’autres de pourpre d’autres encore constellées de pierreries à la mode perse).

[5] Falke, Costumes et modes de l’Allemagne (1858), I, 262 (en allem.), et pour l’usage des étoffes d’or et d’argent au commencement du seizième siècle, II, 76, etc.

[6] Marquardt, Manuel, 189, etc.

[7] Voir, sur l’ampleur des pantalons, Falke, II, 47, et, sur celle des perruques, le même, II, 233, etc.

Même en Allemagne, on portait des perruques longues coûtant plus de 1.000 thalers (3.750 francs) et la perruque ordinaire d’un homme de qualité revenait à 50 thalers (137 fr. 50 c.).

[8] Voir ce que dit Falke de l’extrême variabilité des caprices de la mode vers le milieu du quatorzième siècle (I, 192, etc.) et de ses inconstances au seizième, même en Allemagne (II, 115).

[9] Polack, la Perse, I, 151 (en allemand).

[10] Satires, I, 28, etc.

[11] Falke, II, 149.

[12] Vehse, XXXIII, 331.

[13] Falke, II, 312, etc.

[14] Lettres d’un trépassé (1826-28), IV, 39.

[15] Stace (Silves, II, 1, 128-131) dit, en vantant les beaux habits qu’Atédius Mélior faisait porter à son favori Glaucias :

Semper ad annos

Texta legens, modo puniceo velabat amictu

Nunc herbas imitante sinu, nunc duite rubente

Murice, nunc vivis digitos incendere gemmis

Gaudebat.

[16] Hist. nat., XXXVII, 204.

[17] Cornelius Nepos, cité par Pline, Hist. nat., IX, 137.

[18] Hist. nat., VIII, 190.

[19] VIII, 10 ; IV, 61, 4.

[20] Polack, la Perse, 1, 153.

[21] W. A. Schmidt, Explorations sur le domaine de l’antiquité, p. 157, etc. (en allem.).

[22] Suétone, César, ch. XLIII.

[23] Dion Cassius, XLIX, 16.

[24] Ibidem, LVII, 13.

[25] Suétone, Néron, ch. XXXII.

[26] Schmidt, ibidem, p. 175. — Marcus Antoninus, 17. — Pertinax, ch. VII.

[27] Falke, II, 109, 149 et 152.

[28] Vehse, XLVI, 59.

[29] Beckmann, Traité des marchandises, II, 263 (en allemand).

[30] Hist. nat., VI, 101 ; XII, 84.

[31] D’après la liste d’Élius Marcien dans le Digeste, XXXIX, 4, 16, § 7.

[32] Tacite, Annales, III, 53.

[33] Histoire Auguste, Vie d’Aurélien, ch. XLV.

[34] Pline, Hist. nat., XII, 129 ; ibid., 93 : Pretia (joris cinnami) quondam fuere in libras denarium millia, auctum id parte dimidia est, incensis, ut feront, silvis ira barbarorum.

[35] Suétone, César, ch, L.

[36] Galien, éd. K, X, 492 ; VI, 440 (De sanitate tuenda, VI, 13) ; XII, 429 et 604.

[37] Marquardt, Manuel, V, 2, 109, etc.

[38] Pline, Hist. nat., XXXVII, 12.

[39] Ibidem, 95. — Voyez pourtant aussi King, Pierres et métaux précieux, p. 47, etc. (en anglais).

[40] Histoire Auguste, Vie d’Adrien, ch. III.

[41] Juvénal, VI, 156, etc. — Pour deux autres, à une statue d’argent d’Isis, voyez Hubner, Hermès, I, 347, et C. I. L., II, 3386 : In digito minimo anuli duo gemmis adamant.

[42] King, p. 282 à 284.

[43] Hist. nat., XXXVII, 85.

[44] King, p. 48, etc., 304, etc.

[45] Nom de celle des Danaïdes qui seule ne partagea pas la punition de ses sœurs.

[46] Pierre d’un vert clair à reflet jaunâtre.

[47] King, p. 297, etc.

[48] Hubner, Hermès, I, 357.

[49] Pline, Hist. nat., XXXVII, 81, etc., en admettant une légère altération du texte. Celui-ci, tel qu’il est, porte vingt mille (XX), chiffre beaucoup trop bas pour être vraisemblable, au lieu de lXXl, que nous adoptons ici.

[50] Pline, Hist. nat., XXVII, 83 : imitation d’opales, 98 : d’escarboucles, 117 : de jaspe, 128 : de leucochrysus, sortie de quartz hyalin. Voir aussi ibidem, 197. — Sénèque, Lettres, 90, 33. — Marquardt, Manuel, V, 2,339, n. 3078. — Beckmann, Histoire des inventions, I, 373, etc. — Sardonyches veri, dans Martial, IX, 59, et X, 87.

[51] King, p. 291.

[52] Pline, Hist. nat., XIII, 91 : Mensarum insania quas feminæ viris contra margaritas regerunt. — Pline le Jeune, dans ses Lettres (V, 16) ; mentionne des vêtements brodés de perles (vestes margaritas gemmas) comme le cadeau qu’il est de rigueur, pour le père de la fiancée, de mettre dans la corbeille de mariage.

[53] King, p. 266.

[54] Pline l’Ancien, IX, 123 : Romæ in promiscuum ac frequeutem usum venisse Alexandria in dicionem redacta, primum auteur cœpisse circa Sullana tempora minutas et viles Fenestella, tradit, manifesto errore, cum Ælius Stilo Jugurthino bello nomen unionum imponi cura maxime grandibus margaritis prodat. — Pline, ici, ne réfute évidemment comme erronée que la seconde partie de l’allégation de Fenestella.

[55] Haxthausen, I, 87 et 309.

[56] Pline, Hist. nat., XXXVII, 17.

[57] Ibidem, IX, 114.

[58] Ibidem, XXXVII, 17. — Margaritarum saccali (XXXVII, 14).

[59] Sénèque, Remed. fort., 16, 7 ; de Benef., VII, 9, 4.

[60] Suétone, César, ch. L.

[61] Pline, Hist. nat., IX, 117 : Margaritisque opertam, alterno texto fulgentibus toto capite, crinibus, auribus, collo, digitisque.

[62] King, p. 299, etc.

[63] Macaulay, Sir John Malcolms life of lord Clive : He invested great sums in juvels, then a very common mode of remittance from India.

[64] Vehse, XIX, 220.

[65] King, p. 116.

[66] Vehse, XXXII, 38.

[67] Polack, la Perse, I, 146,157, 162.

[68] Falke, I, 262 à 269, et King, p. 63 à 66.

[69] Le même, I, 153.

[70] King, p. 276, etc.

[71] Pline, Hist. nat., XXXVII, 44.

[72] King, p. 268.

[73] Haxthausen, I, 229 et230.

[74] Pline, Hist. nat., XIII, 20.

[75] Martial, XII, 95. — Voir aussi XI, 27, 9 : At mea me libram foliati poscat amica.