MŒURS ROMAINES

 

LIVRE VII — LES VOYAGES DANS L’EMPIRE ROMAIN.

CHAPITRE II — Voyages de terre ferme, hôtelleries, douanes et brigandage.

 

 

Des mentions éparses nous apprennent comment on s’organisait pour les voyages de terre. Tels faisaient route simplement à pied, les vêtements bien troussés, ou bien avec un faible bagage, modestement à dos de mule, ou bien à cheval, garantis de la pluie par un manteau ; mais les moins aisés même manquaient rarement de se faire accompagner, quand ils le pouvaient, d’un ou de plusieurs esclaves, à moins d’être dans le cas de Dion Chrysostome, obligé de voyager tout seul, comme il nous l’apprend lui-même[1].

Quand on voulait voyager vite, on préférait naturellement le cheval, à la voiture[2]. Dans les voyages en voiture d’une certaine durée, les esclaves, suivant leur maître, étaient ordinairement aussi en voiture. Sénèque eut une fois l’idée de voyager tout à fait sans façon[3]. Il monta donc dans une voiture avec son ami Maxime, sans autre bagage que ce qu’ils portaient sur eux, et avec si peu de domestiques que tous trouvèrent place dans une autre voiture. Pour son coucher, on étendait un matelas sur la dure, avec deux manteaux, contre la pluie, servant l’un de drap, l’autre de couverture. Le repas était aussi frugal que possible ; il ne fallait pas plus d’une heure pour l’apprêter ; des figues sèches et les tablettes où le philosophe prenait note de ses observations et de. ses pensées, n’y manquaient jamais. La voiture était Un chariot de paysan, le pas des mules si tranquille qu’elles paraissaient tout juste donner signe de vie ; le conducteur, pieds nus, et cela non seulement à cause des chaleurs de l’été. Sénèque avait passé ainsi deux jours de bonheur. Ce voyage lui avait appris combien il est dans la vie de choses superflues dont on peut se séparer sans aucun regret. Cependant il ne pouvait se défendre d’un sentiment de malaise, quand il rencontrait sur son chemin quelque brillant équipage de route ; il ne pouvait alors se mettre au-dessus d’une fausse honte, s’enhardir à désirer que l’on prît cette méchante voiture pour la sienne. Avec cette manière bizarre de voyager, chez un homme de son âge, un personnage consulaire, énormément riche, il n’y avait pas, d’ailleurs, à s’étonner d’un pareil sentiment, car les gens de qualité, de son temps, ne se décidaient pas facilement à voyager sans une ou plusieurs personnes de compagnie, une nombreuse domesticité et de gros bagages. Tel était déjà l’usage sous la république[4], où les voyageurs d’importance n’épargnaient pas le luxe et les dépenses d’agrément. Dans un voyage à Lanuvium, avec sa femme, Milon, indépendamment de la tourbe des esclaves et servantes de sa suite, emmena toute la chapelle de sa maison[5]. César emportait avec lui, dans ses pérégrinations, des parquets de mosaïque[6]. Les voyages de Marc-Antoine, avec leur immense attirail, les chars attelés de lions, la masse de vases d’or que l’on y portait, comme à une procession[7], rappellent déjà les coutumes orientales[8]. On renchérit encore sur ce faste, sous l’empire. Il paraît que Néron ne voyagea jamais avec moins de mille carrosses. Ses mules étaient ferrées d’argent, ses muletiers en livrée rouge, ses piqueurs et ses valets de pied, non moins resplendissants[9]. Poppée fit ferrer d’or ses bêtes de trait, et elle emmenait toujours avec elle cinq cents ânesses, pour fournir à son bain de lait quotidien[10]. Il paraît que les hautes classes se piquaient d’émulation pour imiter, le plus possible, l’exemple de la magnificence impériale ; du moins le luxe de voyage était-il très grand et très général, d’après l’assurance de Sénèque[11] ; aussi ne pouvait-il manquer d’arriver que maint de ces fastueux voyageurs ne fût opulent que sur la grande route, et que plus d’un s’y préoccupât déjà vivement de la question s’il ne se mettrait pas bientôt lui-même à gages, comme bestiaire ou comme gladiateur, vu l’imminence de sa déconfiture[12]. Des nègres, en costume bariolé, des piqueurs numides et des valets de pied[13], ouvraient un pareil cortège, pour écarter tout obstacle de la marche. La voiture était traînée par des mules bien nourries, qu’on aimait à choisir de même couleur, ou par des chevaux gaulois, petits et gros, mais lestes. Afin d’avoir une monture toujours prête, on emmenait aussi des chevaux d’amble. Les animaux de trait étaient couverts de housses, de pourpre ou brodées, et portaient un mors et des chaînes dorées. Les voitures de voyage, garnies d’ornements précieux, parfois même de figurines d’argent et d’or, valaient quelquefois autant qu’un bien de campagne[14]. Les rideaux y étaient de soie, ou de quelque autre étoffe riche[15]. On emportait de la vaisselle de table faite des matières les plus précieuses, comme d’or, de cristal, de murrha, jusqu’à des vases d’une grande valeur artistique, qu’il eût été dangereux d’exposer aux cahots de la voiture et qu’il fallait, par conséquent, porter à bras. Un pareil équipage de route suppose naturellement une suite et une domesticité nombreuses. Les pages favoris avaient des masques en pâte sur la figure, pour que la peau fût à l’abri des effets de la gelée et de la chaleur[16]. La disposition confortable des voitures de voyage et le raffinement avec lequel on s’appliquait à y joindre d’autres commodités, témoignent assez, d’ailleurs, du grand usage qu’on en faisait. On pouvait non seulement y lire, mais encore y écrire[17]. Il paraît même qu’il y avait des livres d’un petit format spécial, pour la commodité de la lecture en route[18]. Il existait des voitures disposées de manière à ce que l’on y pût dormir[19]. Cependant les femmes faisaient aussi grand usage de litières en voyage[20]. Claude, qui aimait beaucoup jouer aux dés, avait des voitures munies de planches bien fixées, pour faire sa partie en route[21]. Commode en avait avec des siéges tournants, pour échapper à l’ardeur des rayons du soleil, ou recueillir la fraîcheur de la brise, et d’autres, avec des appareils servant à mesurer le chemin parcouru et à marquer les heures[22].

La grandeur des équipages et le luxe des préparatifs de voyage avaient leur raison en partie dans l’esclavage, en partie dans l’état défectueux des hôtelleries. Les riches, disposant de centaines d’esclaves, trouvaient moyen de se procurer les jouissances et les commodités de leurs valais même en voyage, outre que l’habitude leur avait créé le besoin de se faire servir par une multitude de domestiques. Les aubergistes étaient rarement en position d’avoir à suffire aux besoins de ces voyageurs gâtés, d’autant plus rarement que le climat méridional permettait, le plus souvent, de passer la nuit dans des tentes portatives[23] ; et moins on avait recours à eux, moins ils se trouvaient en mesure de satisfaire à ce qu’on pouvait leur demander. Il y avait certainement aussi de bons hôtels, luxueux même, dans lesquels on pouvait très bien se laisser aller à passer plus que le temps nécessaire[24]. Ils n’étaient pas rares, en général, et il y en avait certainement bon nombre dans les endroits très fréquentés, les places de commerce, notamment, et les principales villes de bains, comme Canope, Édepsus ou Baïes[25]. Mais, ce qui n’est pas douteux, c’est que les auberges étaient généralement mal pourvues, d’où il ne faut pas conclure, cependant, qu’elles ne servissent qu’à loger des gens de la basse classe. Le fait est qu’elles laissent, encore aujourd’hui, beaucoup à désirer dans le midi, partout où l’influence des habitudes et de la civilisation de l’Europe septentrionale n’a pas encore pénétré, les méridionaux s’accommodant de fort peu, en fait d’aménagement, et peut-être les anciens, habitués à des appartements étroits et peu meublés, étaient-ils, à cet égard, encore moins difficiles que les modernes. Il devait être d’autant plus facile de satisfaire les voyageurs ne demandant qu’un gîte, un repas, ou un abri contre le mauvais temps. L’organisation des auberges restait ainsi chétive ou, pour le moins, très simple, lors même que la grande majorité des voyageurs y descendaient ; car ceux qui emportaient des tentes et tout l’attirail nécessaire pour leurs besoins, qui recevaient l’hospitalité soit d’amis, soit de fonctionnaires, ou voyageaient autrement aux frais du trésor public, ne peuvent avoir été, relativement, qu’en petit nombre. Quand Caton, par exemple, voyageait en Asie-Mineure, il envoyait, chaque matin, sou boulanger et son cuisinier en avant, dans l’endroit où il voulait prendre ses quartiers pour la nuit. Quand ils n’y trouvaient pas l’hospitalité d’un ami paternel ou de quelque autre personne de la connaissance de Caton, ils s’installaient dans une hôtellerie, sans se mettre à la chargé de personne, et ce n’est qu’à défaut d’une auberge, dans la localité, qu’ils s’adressaient aux autorités, auprès desquelles, cependant, la modestie même de Caton, dans ses prétentions, lui valut souvent un médiocre accueil[26]. Il faut dire, pour l’excuse de ces fonctionnaires, que leurs hôtes officiels et les grands personnages, qui descendaient chez eux, n’étaient probablement que trop enclins à se faire héberger et traiter gratis, ou se comportaient peut-être même, quelquefois, assez mal[27]. Mais c’étaient là des privilégiés, tandis que, pour le gros des voyageurs, il devait, indubitablement, y avoir aussi des hôtelleries auprès de toutes les routes très passantes. Ce qui prouve indirectement qu’elles n’y manquaient pas, c’est que, dans la jurisprudence romaine, les dépenses d’hôtel figurent, régulièrement, parmi les frais dont un voyageur du commerce est fondé à se faire indemniser[28].

Le rhéteur Aristide rend ainsi compte de son voyage de Smyrne à Pergame[29]. Parti vers le soir, en été, il arrive à une auberge, avec le coucher du soleil ; malade et très échauffé, il n’y peut supporter la chaleur des appartements, mais préfère continuer sa route. A une heure très avancée du soir, il gagne Larisse, où il n’y a pas meilleur gîte, et, au milieu de la nuit, Cumes, où il trouve toutes les portes fermées. Arrivé à Myrina, au chant du coq, il trouve ses gens, qu’il avait envoyés en avant, devant la porte d’un hôtel, prêts pour la route, et’ il se repose sur un lit de campagne, dressé dans le vestibule ; plus tard un ami l’accueille chez lui. Reparti de Pergame, il atteint, très avant dans la soirée, les sources thermales, où tout est plein de bruit et de tumulte. Ne pouvant trouver un gîte, il continue sa route, mais est obligé de faire halte à cent vingt stades ou vingt-deux kilomètres et demi de la ville. Là, il obtient une chambre, un lit de camp et un tapis propre, pour son coucher.

S’il y avait manque d’auberges en Thrace, c’est que c’était là un pays à demi barbare, où l’on voyageait peu[30]. Il en existait cependant, même près de routes tout à fait écartées[31]. Il va sans dire qu’on devait en trouver dans toutes les villes[32], et dans les localités d’une certaine importance on avait certainement partout le choix entre plusieurs hôtels[33]. Souvent aussi, des particuliers bâtissaient sur les propriétés, attenantes à des routes, des tavernes et auberges, qu’ils faisaient gérer par leurs affranchis ou esclaves, ce qui était une manière de tirer parti très avantageusement du terrain. Beaucoup de stations avaient emprunté les noms de ces tavernes, ou offrant seules un gîte, ou jointes aux asiles (mansiones) bâtis et entretenus à frais publics.

On mentionne ainsi des stations aux trois tavernes (ires tabernæ), près de la voie Appienne et sur la route de Dyrrhachium à Byzance[34] ; ad medias, ad novas, ad pictas[35] (tabernas), veteribus (tavernis), et d’autres, qui tiraient probablement leurs noms d’enseignes d’auberges, comme il y en avait ad gallum gallinaceum[36], (à Narbonne et même entre Utique et Carthage), ad siabulum olearum, ad ensem, ad aquilam majorem, ad aquilam mirtorem, ad draconas, ad gruem magnum, et peut-être aussi ad ursum pileatum[37]. Les enseignes étaient, comme il paraît et comme le prouve même celle de Narbonne, souvent des figures d’animaux : Des inscriptions y invitaient les voyageurs à descendre à l’hôtel, en lui promettant un service plein de prévenances, des bains et toutes les commodités, à la mode de la capitale, comme on avait soin d’ajouter souvent, en Italie[38]. L’inscription d’un hôtel de Lyon, qui était probablement surtout visité par des voyageurs de commerce, porte ces mots : Ici Mercure promet du profit, Apollon de la santé, Septumanus, un bon accueil, avec la table. Qui voudra bien descendre ici s’en trouvera bien ; étranger, regardez bien où vous vous logez[39]. Du reste l’aubergiste, ou sa femme, ne manquait pas de complimenter les voyageurs et de leur faire l’éloge de tous les avantages et agréments de la maison, si bien que plus d’un s’y laissait prendre et descendait à un mauvais hôtel, quand il aurait pu en trouver un bien meilleur[40]. Cependant les auberges ordinaires, celles dont la mention accidentelle revient le plus souvent, n’avaient, comme nous l’avons déjà fait remarquer, rien qui engageât le voyageur à y séjourner plus qu’il ne fallait. La société y était commune[41] ; un mélange de palefreniers et de muletiers ; on ne s’y faisait écouter qu’à force de crier[42] ; elles étaient pleines de vacarme, de fumée et de mauvaises odeurs[43], les coussins et matelas, rembourrés de barbes de roseau en guise de plumes, fourmillaient de puces en été[44]. Naturellement, les prix étaient bas[45]. C’étaient souvent aussi des lieux de prostitution, dans lesquels l’aubergiste faisait l’entremetteur[46].

Cette circonstance n’était peut-être pas la seule qui fit une mauvaise réputation aux aubergistes et jetât le discrédit sur leur profession. Ils grugeaient et trompaient, sophistiquaient le vin[47] et reprenaient aux muletiers l’avoine destinée à leurs bêtes[48]. D’après le livre des songes d’Artémidore, qui avait beaucoup voyagé, rêver de fronts d’airain ou de fer portait bonheur aux aubergistes et aux douaniers, comme en général à tous les gens sans vergogne[49], et voir des épines en songe était d’un augure particulièrement favorable aussi pour les aubergistes, les douaniers, les brigands et tous ceux qui trichent sur le poids et les comptes, parce qu’ils ont tous l’habitude de tondre et de plumer les gens, de même que les épines arrachent la laine aux moutons[50]. Du reste, les hôteliers répondaient du dommage essuyé chez eux par les personnes qu’ils logeaient[51].

La mauvaise réputation des douaniers, percepteurs ou publicains, comme on les appelait, est devenue proverbiale, et elle pouvait être méritée ; cependant, la nature de leurs fonctions est telle qu’ils ont toujours à craindre de ne pouvoir, même en procédant réglementairement, éviter de mécontenter les voyageurs. Nous en voulons aux douaniers, dit Plutarque, non de visiter les marchandises qui leur sont présentées, mais de fouiller dans les bagages, pour s’assurer qu’ils ne renferment pas de marchandises cachées ; et cependant la loi le leur permet, et s’ils négligent de le faire, ils ont à en pâtir[52].

L’insécurité des routes, même les plus passantes, était, pour les voyageurs, un mal pire que les tracasseries et les exactions des publicains, ou les friponneries des aubergistes. Les attaques de brigands, à main armée, n’avaient jamais été rares en Italie même, ni, à plus forte raison, dans les provinces[53], les plus reculées et les pays de montagnes surtout, malgré tontes les mesures que l’on prenait pour y obvier[54]. Il y avait, surtout en Sardaigne, de ces bandes de brigands, contre lesquelles Tibère, comme on l’a déjà vu, envoya les Juifs qu’il avait bannis de Rome[55]. Strabon en mentionne également en Corse, en Pamphylie et en Pisidie[56]. Les voyageurs prudents se ralliaient volontiers, sur les routes peu sûres, à l’escorte de quelque fonctionnaire supérieur, ambassadeur, questeur ou proconsul[57]. En Italie, l’époque de la plus grande insécurité fut naturellement celle qui suivit immédiatement les guerres civiles[58]. Des brigands, en nombre et armés, ne craignaient pas, à cette époque, de se montrer publiquement partout, et il n’y avait rien de plus périlleux que de faire de nuit le voyage de Rome à Tibur[59], jusqu’à ce qu’Auguste résolut d’y mettre ordre, par l’établissement d’un cordon de postes militaires[60], mesure que Tibère, prenant tout particulièrement à tâche de rétablir la sécurité, crut devoir remettre en vigueur, en multipliant encore le nombre des postes[61]. Les malfaiteurs que l’on parvenait à saisir expiaient leurs forfaits dans des supplices, dont la forme était aggravée pour eux. On les faisait, notamment, déchirer par les bêtes féroces, et on attachait leurs corps au gibet et à la croix[62], sur le théâtre même de leurs crimes, pour l’exemple comme pour la consolation de ceux qui avaient des victimes à pleurer. Cependant, il fut impossible d’extirper le mal[63]. La nuit, pendant laquelle on voyageait, du reste, ordinairement avec des torches[64], quiconque portait avec soi des objets de prix était dans une appréhension continuelle de glaives et d’épieux, et tremblait devant l’ombre des roseaux agités par le vent, au clair de la lune[65]. Le jour même, des bandes à cheval avaient l’audace d’enlever les troupeaux des pâturages[66]. Les endroits les plus mal famés furent toujours les marais Pontins et la forêt de broussailles, sablonneuse et longue de plusieurs milles, dite Gallinaria, près de Cumes, dans la Basse-Italie, où les capitaines des navires de Sextus Pompée avaient organisé des bandes de brigands, pendant la guerre avec les triumvirs[67].

Les envois de troupes, ordonnés de temps en temps contre les bandes qui infestaient ces lieux, ne servaient qu’à les faire déguerpir pour le moment, en les poussant vers d’autres localités et surtout à Rome même[68]. Les guerres intestines et les troubles favorisèrent naturellement le plus ce brigandage ; mais, d’autres causes y contribuèrent aussi. Quand Septime Sévère eut cessé de lever les soldats de sa garde prétorienne principalement en Italie, comme cela s’était fait jusque-là, la jeunesse propre au métier des armes, nous l’avons déjà dit ailleurs, se rejeta en masse sur la gladiature et le brigandage[69]. Vers la fin de son règne, un chef de bande, Félix Bulla, à la tête de 600 brigands, rançonnait toute l’Italie, où il se maintint deux ans, bravant toutes les poursuites des troupes envoyées contre lui. Ce que l’on rapporte de traits témoignant de son audace, de ses ruses et de sa générosité, ainsi que des intelligences qu’il avait partout, rappelle nos histoires populaires de bandits modernes ; trahi par une maîtresse, il finit dans l’arène[70].

 

 

 

 



[1] Orat., 40, p. 486 M.

[2] Apulée, Florida, IV, 2 t. — Voir aussi Horace, Satires, I, 6, 105, et le voyageur à cheval sur le bas-relief d’Ésernie (Bull. nap., VI, tav. I, n° 4).

[3] Sénèque, Lettres, 87.

[4] Plutarque, Caton le Jeune, chap. XX, 1.

[5] Cicéron, Pro Milone, chap. X.

[6] Suétone, César, chap. XLVI.

[7] Plutarque, Marc-Antoine, chap. IX, 4. — Cicéron, Philippiques, 2, 24.

[8] Plutarque, Crassus, chap. XXI (Voyage du Parthe Surénas). — Vie d’Héliogabale, chap. XXXI.

[9] Suétone, Néron, chap. XXX.

[10] Pline, Hist. nat., XI, 96 ; XXVIII, 50 ; XXXIII, 140.

[11] Lettres, 123, 6 : Quod si pauci facerent, nollemus imitari : cum plures facere cœperunt, quasi honestius sit, quasi (quia ?) frequentius, sequimur. Et recti apud nos locum tenet error, ubi publicus factus est. Omnes jam sic peregrinantur, ut illos Numidarum præcurrat equitatus, etc.

[12] Sénèque, Lettres, 87, 9.

[13] Ibid., 123, 8. — Martial, X, 6, 1 ; 13, 1 ; XII, 24.

[14] Pline, Hist. nat., XXXIV, 163. — Martial, III, 72.

[15] Properce, IV, 8.

[16] Sénèque, l. c.

[17] Pline le Jeune, Lettres, III, 5 : In itinere.... ad latus notarius cum libro et pugillaribus cujus manus hieme manicis muniebantur (En voyage... il s'adonnait à l'étude seule ; à ses côtés, il avait son secrétaire muni d'un livre et de tablettes).

[18] Martial, XIV, 188, Cicero in membranes :

Si comes ista tibi fuerit membrana, putato

Carpere te longas cum Cicerone vias.

(Un Cicéron sur parchemin : Si ce parchemin t'accompagne, songe que Cicéron te suffira pour les plus longs voyages.)

[19] Digeste, XXXV, 2, 13 (24) : Scævola (libro XV Digestorum) : Uxori quis legavit his verbis : mundam muliebrem omnem et quidquid vivus dedi, donavi, id omne dari volo ; quæsitum est an carruca dormitoria cum mulis, quum semper uxor usa sit, ei debeatur. Respondit, si ejus usus causa habita esset, deberi.

[20] Cicéron, à Atticus, X, 10, 5 : Hic tamen Cytherida secum lectica aperta portabat, alteram uxorem : septem præterea conjunctæ lecticæ amicarum, eæ sunt amicorum.

[21] Suétone, Claude, chap. 33 : Solitus etiam in gestatione ludere (sa voiture étant arrangée de façon que le mouvement ne brouillât pas le jeu sur la table).

[22] Vie de Pertinax, chap. VIII.

[23] Plutarque, Caton le Jeune, chap. XXXVIII, 2 ; Marc-Antoine, chap. IX, 4. — Voir aussi Sidoine Apollinaire, Lettres, IV, 8.

[24] Épictète, Diss., II, 23, 36.

[25] Strabon, XVII, 1, 17, p. 801, Cas., et XII, 17, p. 578. — Voir aussi Pline, H. N., XXXIX, 23.

[26] Plutarque, Caton le Jeune, chap. XII.

[27] A Hippone, il y avait un dauphin apprivoisé, au sujet duquel Pline l’Ancien (H. N., IX, 26) raconte : Injuriæ potestatum in hospitales ad visendum venientium Hipponenses in necem ejus compulerunt.

Parmi les offices municipaux figurent, dans le Digeste (I, 4, 18, 10), Xenoparochi, ut in quibusdam civitatibus.

[28] Ulpien, lib. XXXI, ad edictum (Digeste, XVII, 2, 52, § 15) : Viatica igitur et meritoriorum et stabulorum jumentorum carrulorum vecturas, vel sui, vel sarcinarum suarum gratia, vel mercium, recte imputabit.

[29] Orat., 27, p. 347, 350, éd. Jebb.

[30] Ibid., p. 304, éd. Jebb.

[31] Suétone, César, chap. LXXII : Amicos tanta semper facilitate indulgentiaque tractavit, ut C. Oppio comitanti se per silvestre iter, correptoque subita valetudine deversoriolo eo quod ursum erat cesserit, et ipse humi ac sub divo cubuerit (Il traita toujours ses amis avec des égards et une bonté sans bornes. Gaius Oppius, qui l'accompagnait dans un chemin agreste et difficile, étant tombé subitement malade, César lui céda la seule cabane qu'ils trouvèrent, et coucha en plein air, sur la dure). — Hippolyte, Refut. hæres., V, 23.

[32] Muratori, 470, 7 (Zagaroli).

[33] Strabon, XVII, p. 815.

[34] Itin. d’Antonin, éd. Parthey et Pinder, p. 157.

[35] Nom de la troisième station de la voie latine, à partir de Rome, également mentionnée par Strabon (V, 3, 9, p. 237 C).

[36] Orelli, 4329 (enseigne de Narbonne).

[37] Acta martyr. — Voir en outre Boissieu, Inscriptions de Lyon, p. 419, et Greppe, Rev. du Lyonnais, t. X, p. 284 ; comme aussi, pour des enseignes, Quintilien, VI, 3, 38 (imago Galli in scuto cimbrico picta) ; et Artémidore, Onirocr., I, chap. IV, p. 12 (éd. Reiff, p. 17).

[38] Voir dans Marini Atti, II, p. 532, des inscriptions trouvées près de Bologne et près de la Via Nomentana, à 8 milles italiens de Rome.

[39] Orelli, 4330. — Voir aussi Minervini (B. N., 1857, p. 58) pour une inscription de Capoue, mentionnant un hospitium ad lucum Desidiorum.

[40] Plutarque, De vitioso pudore, chap. VIII. — Voir aussi la Copa de Virgile.

[41] Suétone, Vitellius, chap. VII : Per stabula ac deversoria mulionibus et viatoribus præter modum comis (en prodiguant ses caresses dans les écuries et dans les auberges aux muletiers et aux voyageurs).

[42] Plutarque, De sanitate præc., chap. XVI, p. 130.

[43] Voir ces vers de Sidoine Apollinaire (Épîtres, VIII, 11) :

Tecti poste brevis vacationem.

Nasi destituôr domo negata :

Mærens ad madidas eam tabernas

Et claudens geminas subinde nares

Propter fumiticas gemam culinas,

Qua serpyliferis olet catenis

Baccas per geminas ruber botellus,

Ollarum et nebulæ vapore juncto

Fumant cura crepitantibus patellis.

Hic cura festa dies ciere ravos

Cantus cœperit, et voluptuosam

Scurrarum querimoniam crepare, etc.

[44] Pline, Hist. nat., XVI, 58 : (Coma arundinis) pro pluma strata cauponarum implet ; IX, 154 (cauponarum æstiva animalia).

[45] D’après une inscription en pierre d’Isernie, un repas, sans le vin, qui, comme vin du cru, avait probablement un prix fixe, coûtait, avec le pain et les accessoires, 3 as ou 22 centimes environ, et le foin pour une mule, 2 as. Du temps de Polybe (II, 15), le voyageur ne payait même qu’un demi-as pour toute sa consommation de la journée.

[46] Ulpien, libro VI, ad edictum (Digeste, III, 2, 4, § 2) : Sive autem principaliter hoc negotium (lenocinium) gerat, sive alterius negotiationis accessione utatur.... utputa si caupo fuit vel stabularius, et ministeria talia habuit ministrantia et ministerii occasione quæstum facientia, sive balneator fuerit, velut in quibusdam provinciis fit, in balneis ad custodienda vestimenta conducta habens mancipia hoc genus observantia in oflicina (?).... lenocinii pœna tenebitur. — De même, Ulpien, libro 1, ad legem Juliam et Papiam (Digeste, XXIII, 2, 43, 1) : Palam quæstum facere dicimus non tantum eam quæ in lupanario se prostituit, verum etiam si qua, ut assolet, in taberna cauponia, vel si qua alia pudori suo non parcit ; Ibid., § 9 . Si qua cauponam exercens in ea corpora quæstuaria habeat, ut multæ assolent sub prætextu instrumenti cauponii prostitutas mulieres habere, dicendum hanc quoque lenæ appelatione contineri. — Code, IV, 56, 3, Imp. Alexander Aurelio : Eam qum ita veniit, ne corpore quæstum faceret, nec in caupona specie ministrandi prostitui, ne fraus legi dictæ fiat, oportet. — Voir aussi l’inscription déjà mentionnée d’Isernie (Bull. Nap., VI, 1), où la maîtresse d’hôtel fait ainsi son compte avec le voyageur au départ : Copo, computemus. — Habes vini sextarium unum, panera, — assem unum, pulmentarium, — asses duos. — Convenit. — Puellam, — asses octo. — Et hoc convenit. — Fænum mulo, — asses duos. — Iste mulus me ad factum dabit (?) — On peut croire que la prostitution fut grande, surtout dans les hôtels des villes de bains, d’après ce que Strabon (XII, 17, p. 578) rapporte du bain de Carura, sur les confins de la Phrygie et de la Carie.

[47] Martial, I, 57.

[48] Ibid., XIII, 11.

[49] Onirocritica, I, 23, et IV, 42.

[50] Ibid., IV, 57.

[51] Institutes, IV, 5, 3 : Item exercitor navis, aut cauponæ, aut stabuli, de dolo aut furto, quod in navi, aut caupona, aut stabulo factum erit, quasi ex maleficio teneri videtur, etc. — Digeste, IV, 9 (Ulpianus, libro XIV, ad edictum) : Ait Prætor : nantie, caupones, stabularii, quod cujusque salvum tore receperint, nisi restituent, in eos judicium dabo. — Voir aussi Digeste, XLVII, 2, 14, § 17, et 5, § 6.

[52] Plutarque, De curiositate, chap. VII, p. 518. — Quintilien, Declam., 359.

[53] Varron, R. R., I, 16, 2 : Multos enim agros egregios colere non expedit propter latrocinia vicinorum ; ut in Sardinia quosdam qui sunt prope Celiem (?) et in Hispania prope Lusitaniam.

[54] Tertullien, Apologétique, c. II : Latronibus investigandis per universas provincial militaris statio sortitur. — Voir aussi Code Théodosien, I, 55, 6 (édit de l’an 392).

[55] Tacite, Annales, II, 85.

[56] Strabon, V, p. 224, etc. ; XII, 7, p. 570, et 8, p. 574.

[57] Épictète, Dissert., IV, 1, 91.

[58] Appien, Bell. civ., V, 132.

[59] Properce, III, 16.

[60] Suétone, Auguste, chap. 32.

[61] Le même, Tibère, chap. 47.

[62] Digeste, XLVIII, 19, 28, § 15. — Pétrone, c. CXI : Cum interim imperator provinciæ latrones jussit crucibus adfigi (quand le gouverneur de la province fit mettre en croix quelques voleurs tout près de l'édicule).

[63] Pline, H. N., VIII, 144 : Apud nos Volcatium nobilem (?), qui Cascellium jus civile docuit, asturcone e suburbano redeuntem cum advesperavisset canis a grassatore defendit ; item Cælium senatorem ægrum Placentiæ ab armatis oppressum, nec prius ille vulneratus est quam cane interempto.

[64] Notes de Casaubon à Suétone, César, chap. XXXI. — Ovide décrit ainsi le crépuscule du soir :

Semiustamque facem vigilata nocte viator

Ponet et ad solitum rusticus ibit opus.

(lorsque le voyageur, pour qui la nuit a été sans sommeil, dépose son flambeau à demi consumé)

Fastes, IV, 167.

Ut facibus sepes ardent, quas forte viator

Vel nimis admovit, vel jam sub lute reliquit.

(lorsque pendant la nuit le voyageur imprudent en approche son flambeau, ou lorsqu'il l'y jette au retour de l'aurore)

Métamorphoses, I, 493.

[65] Juvénal, X, 20, etc.

[66] Marcus César écrivait en 143 à Fronton (Epist. ad M. Ces., II, 13) : Ut pater meus a vineis domum se recepit, ego solito meo more equum inscendi et in viam profectus sum et paululum provectus. Deinde ibi in via sic oves conglobatæ adstabant ut locus solitarius (sic) et duo pastores et canes quatuor, sed nihil præterea. Tum pastor unus ad alterum pastorem, postquam plusculos equites vidit : vide tibi istos equites, inquit ; nam illi solent maximas rapinationes facere. — Digeste, XIX, 5, 20, § 1 : Mulæ a grassatoribus ablatæ.

[67] Strabon, V, 4, 4, p. 243 C.

[68] Juvénal, III, 305, etc.

[69] Dion Cassius, LXXIV, 2.

[70] Idem., LXXVI, 10. — Une inscription trouvée à côté de l’arc de triomphe de Septime-Sévère (Gruter., 109, 3) parait se rapporter à l’organisation et au succès des expéditions militaires que ce prince envoya contre les brigands.