MŒURS ROMAINES

 

LIVRE VI — LES SPECTACLES.

ANNEXES.

 

 

N° 1 — Costume et armement des gladiateurs

Parmi les différentes armes de la gladiature, nous avons déjà fait connaître les principales. Maintenant, sans revenir sur ce qui a déjà été dit de leur équipement et de leur manière de combattre, nous allons essayer de compléter cette énumération et de mieux caractériser chaque espèce de gladiateurs, en entrant dans plus de détails sur les attributs distinctifs de chacune.

Nous avons déjà vu que ces champions de l’arène combattaient pour la plupart à pied, mais en partie aussi à cheval, ou montés sur des chars. Les gladiateurs à pied étaient les uns légèrement, les autres pesamment armés. A la première de ces deux classes appartenaient surtout les rétiaires et les suivants (secutores), dont nous avons déjà fait mention, comme sans doute aussi les vélites et les provocateurs ; à la seconde, les Gaulois et les Mirmillons, les Thraces, les Samnites, les hoplomaques, tous également déjà nommés.

La spécialité des rétiaires était une des plus communes et des moins estimées. Seuls de tous les gladiateurs ils combattaient nu-tête[1]. Vêtus d’une tunique[2] ou d’un simple caleçon (subligaculum), commun sur les monuments et blanc dans la mosaïque de Borghèse, ils avaient peut-être les jambes garanties en outre par des bandages. Leur armement défensif se bornait à un large ceinturon (balteus) et à une espèce de manche en cuir ou de brassard en métal, tenant lieu de bouclier, au bras gauche, et surmonté d’une épaulière (galerus)[3], qui parait très grande et ressemble à une aile dans la mosaïque de Bignor. Le filet (jaculum), la principale de leurs armes offensives, paraît si grand, dans Winckelmann, qu’il couvre presque entièrement l’adversaire. Ils étaient munis en outre d’un poignard et d’un trident (fuscina), semblable à celui avec lequel on harponnait le thon. Il paraît qu’anciennement déjà les Tyriens, lors du siège de leur ville, avaient employé le filet et le trident pour leur défense, contra les Macédoniens d’Alexandre[4]. L’idée de cette manière de combattre était évidemment empruntée à la pêche. Dans une chanson de l’arène, où il paraît que les combats simulés étaient accompagnés de musique[5], le rétiaire raillait ainsi le Mirmillon :

Non tepeto, piscem peto, quid me fugi’ Galle ?

Æquoreus est, dans une inscription du temps, le nom d’un rétiaire[6].

Les rétiaires ne combattaient jamais entre eux, mais isolément ou en troupe, tantôt contre des Samnites, des Thraces, des Gaulois et des Mirmillons, tantôt contre des gladiateurs plus légèrement armés, comme les secutores.

Les laquearii, dont Isidore de Séville[7] fait seul mention, et chez lesquels le filet était remplacé par un lacet à nœud coulant, ne paraissent avoir été qu’une variété des rétiaires.

L’emploi des suivants (secutores) semble avoir été de harceler les rétiaires. Leurs armes étaient l’épée, le bouclier et le casque à visière[8]. Il est possible qu’ils eussent aussi des brassards, niais selon toute probabilité leur armement ne comprenait pas de cuissards.

Les Gaulois et les Mirmillons différaient probablement peu les uns des autres, dans leur armement. D’après Festus, les seconds n’auraient été qu’une variété des premiers. Il faut conclure de deux passages d’Ammien[9] qu’ils étaient pesamment armés et bardés de fer. Les monuments ne permettent pas d’en juger. On opposait ces gladiateurs aux rétiaires et aux Thraces[10]. L’armement des anciens Samnites, décrit par Tite-Live (IX, 40), paraît avoir été un peu modifié pour les gladiateurs postérieurement qualifiés de ce nom. Les pièces caractéristiques de l’armure de ces derniers sont : le grand bouclier oblong, souvent un peu concave[11], mais qui n’offre pas, sur les monuments, la diminution de largeur, vers le bas, indiquée par Tite-Live ; une manche au bras droit et un cuissard à la jambe gauche[12] ; puis le casque à visière surmonté d’une crête et d’un panache très élevé[13] ; enfin, le ceinturon, avec l’épée courte. Ils portaient la tunique blanche ou de diverses couleurs, mais n’ont point de cuirasse sur la mosaïque de Borghèse. Leurs boucliers aussi étaient bigarrés, souvent même garnis d’or ou d’argent. On les opposait, comme les Gaulois, aux rétiaires et aux Thraces. La collection Campana offre une figure très intéressante de Samnite.

Les Thraces (Threces) portaient ordinairement le petit bouclier rond et un peu concave[14], tel qu’il apparaît sur le monument de Scaurus. On appelait ce bouclier parma, pour le distinguer du grand bouclier des Samnites (scutum). Cependant, il se peut que la parma fût aussi quelquefois carrée, puisque Martial (XIV, 213) l’appelle un scutum bon pour des nains. L’arme offensive des Thraces était la sica, propre à cette nation[15], espèce de sabre courbe, que Juvénal[16] compare à une faux retournée, Pline l’Ancien[17], aux défenses du sanglier. C’est la forme qu’il a sur un bas-relief de l’amphithéâtre de Nîmes[18] représentant le combat d’un Thrace et d’un Samnite, tandis que sur le monument d’Exochus et dans les trophées de l’école des gladiateurs de Pompéji, la lame de ce sabre est droite et à pointe non arrondie, mais triangulaire. Une armure plus complète et des cuissards aux deux jambes suppléaient, chez les Thraces, à l’exiguïté du bouclier, et les distinguaient également des Samnites.

Des gladiateurs aussi pesamment armés ne devaient, en général, se recruter que parmi les beaux hommes, réunissant les avantages de la vigueur et de la taille au plus haut degré possible ; à plus forte raison les hoplomaques, dont l’armure était plus lourde encore et que l’on regardait comme les champions de l’arène les plus dangereux pour leurs adversaires. Complètement armés et bardés de fer de pied en cap, ils devaient avoir non seulement les deux cuissards, comme les Thraces, auxquels ils ressemblaient le plus[19], mais aussi la cuirasse. Combattant entre eux, ils ne pouvaient presque s’atteindre qu’au visage et aux yeux, par les trous de la visière du casque, ce qui paraît notamment résulter de ce distique de Martial[20] :

Hoplomachus nunc es, fueras ophthalmicus ante.

Fecisti medicus, quod lacis hoplomachus.

Parmi les gladiateurs légers se rangeaient encore les vélites, qui combattaient avec le javelot[21], peut-être même quelquefois avec la lance, comme probablement aussi les provocateurs. Ils devaient sans doute ouvrir le combat, qui s’engageait

Utque petit primo plenum flaventis arena ;

Nondum calfacti velitis hasta solum.

Artémidore[22] mentionne aussi les Dimachères, sans doute munis de deux poignards, mais sur lesquels on manque d’ailleurs presque entièrement de données. Tout ce qu’on sait des Andabates, qui avaient formé le sujet et fourni le titre d’une satire de Varron (Andabatœ), c’est qu’ils combattaient sans y voir, ce qui veut dire probablement avec une visière non percée de trous et baissée. C’était là, comme il paraît, une manière de combattre de l’ancien temps, complètement tombée en désuétude, et dont saint Jérôme[23] n’a parlé, sans doute, que d’après Varron.

On ignore ce qu’étaient les pœgnarii des inscriptions, dont une concerne un pegniarius ludi magni presque centenaire[24]. Cavedoni a pensé que c’étaient des gladiateurs nains.

Non seulement des inscriptions, mais aussi Galien, Artémidore et déjà Cicéron[25], parlent aussi de cavaliers (equites) dans l’arène. Ceux qui figurent sur le monument de Scaurus portent de longues cuirasses avec la tunique, de petits boucliers ronds, des brassards au bras droit, des casques à visière et des lancés.

Les Essédaires[26], gladiateurs montés sur un char comme les guerriers bretons, furent probablement introduits à Rome par Jules César, qui nous a laissé une description de la manière de combattre de ces derniers[27]. On a pu voir plus haut, par un passage de Pétrone, que les Essédaires faisaient souvent leurs évolutions avec l’accompagnement d’une musique. Il est à peu près certain qu’un guide se tenait sur le char, comme chez les Bretons, à côté du combattant[28]. Le même auteur[29] parle aussi d’une femme essédaire (mulier essedaria), ce qui ne serait encore que l’imitation d’un usage breton, également mentionné par Tacite[30]. Ce furent évidemment les guerres faites et, Bretagne qui mirent cette forme, de combat de plus en plus à la mode, sous les règnes de Claude et de Néron.

Est-il besoin d’ajouter, à propos des incertitudes planant encore sur une partie des renseignements qui précèdent, que le costume, la tenue et l’armement des différentes espèces de gladiateurs, durent nécessairement beaucoup varier, avec le temps, et généralement plus ou moins subir l’influence de la mode ? Il n’y eut, sans doute, d’uniforme parfaitement déterminé pour aucune des armés de la gladiature. Les monuments ne nous offrent des types bien caractérisés, et sur lesquels on ne peut se méprendre, que pour les rétiaires, les secutores, les Samnites et les Thraces.

Il devait, d’ailleurs, y avoir aussi des gladiateurs habiles dans plus d’un genre de combat, comme l’indiquent ces vers de Martial[31] :

Hermes belligera superbus hasta,

Hermes æquoreo minas tridente,

Hermes casside languida timendus.

Ici Hermès était rétiaire et vélite, ou peut-être provocateur.

 

N° 2 — Animaux montrés et employés par les Romains dans le cirque et l’amphithéâtre[32].

La spécification de ces animaux offre une diversité plus ou moins grande, selon les temps. Aussi faut-il, pour l’établir clairement, ne point perdre de vue l’ordre chronologique dans lequel les différentes espèces furent successivement apportées à Rome, pour y servir à l’amusement du peuple-roi. Nous distinguerons à cet égard trois périodes, dont les deux premières comprennent les temps de la république et de la fondation de l’empire.

1°. Depuis l’introduction des chasses à Rome jusqu’aux jeux donnés pendant l’édilité de Scaurus (186 à 58 avant notre ère).

Éléphants. — Déjà la guerre contre Pyrrhus, en Lucanie[33], avait fait faire connaissance aux Romains avec ces animaux, que le peuple appela d’abord bœufs de Lucanie. Marcus Curius Dentatus en fit paraître à son triomphe[34], en l’an de Rome 479, correspondant à 275 avant notre ère. L. Cécilius Métellus, le vainqueur des Carthaginois, lors de son triomphe (en l’an de Rome 504 = 250 avant J.-C.) fit aussi promener un grand nombre d’éléphants[35] au cirque. D’après Verrius, ces pauvres animaux auraient été tués dans la circonstance, mais les rapports des autres écrivains ne s’accordent pas avec lui sur ce point[36]. Une médaille que la famille Cécilienne fit frapper, en commémoration de ce triomphe[37], présente un éléphant qui porte une cloche au cou. C’est en 99 et en 79 av. J. C. que l’on fit, pour la première fois, combattre des éléphants contre des taureaux, d’après Pline l’Ancien. Pompée qui, à son triomphe d’Afrique, de l’an 81 av. J. C., avait paradé sur un char traîné par des éléphants[38], eut le premier aussi la fantaisie de faire combattre une vingtaine de ces animaux avec des hommes, à 55 av. J.-C., lors de l’inauguration du théâtre qui prit son nom[39].

Sous l’empire, on les affectait principalement à l’attelage des chars de triomphe et de procession de l’empereur ; on s’amusait à leur faire exécuter des tours d’adresse au cirque, mais on se décidait rarement à en laisser immoler dans les tueries. A l’inauguration de l’amphithéâtre Flavien même, on ne fit pas combattre plus de quatre éléphants[40]. Commode aussi en tua deux de sa propre main[41]. Sur des médailles frappées sous les règnes de Titus, d’Antonin le Pieux, de Commode et de Septime Sévère, on voit l’éléphant bardé d’une espèce de grillage[42].

Animaux d’Afrique. — On comprenait surtout sous cette dénomination générale les bêtes féroces de l’espèce féline (africanæ bestiæ), notamment des lions, des panthères et des léopards. Tous ces animaux figurent déjà parmi les bêtes offertes en spectacle, à Rome, dans la première grande chasse (venatio) que Marcus Fulvius y ordonna, en 186 av. J.-C.[43] Mais on ne mentionne positivement que beaucoup plus tard un combat de plusieurs lions, donné par l’édile Q. Scævola, qui devint consul en 95 av. J. C. Il semblerait que ces animaux étaient d’abord attachés et que Sylla fut le premier qui lâcha des lions au cirque, dans un spectacle qu’il y donna comme préteur. Il avait obtenu du roi Bocchus et fait venir tout exprès d’Afrique, pour ce combat, des hommes habitués à lancer le javelot[44]. C’étaient, suivant Pline l’Ancien, cent lions à crinière (jubati), que les auteurs latins distinguent parfois des autres lions, ce qui a fait penser à Mongez que peut-être ces derniers seulement étaient de véritables lions, et que la désignation de la première espèce pouvait s’appliquer simplement au guépard (chasseur des Indes, felis jubata de Linné). Quoi qu’il en soit, on voit les lions et les lionnes, ainsi que les panthères et les léopards, figurer par centaines dans les spectacles donnés par Pompée, Jules César, Auguste (pour l’inauguration du théâtre de Marcellus, en l’an 13, et pour celle du temple de Mars Vengeur, en l’an 2 av. J.-C.), Germanicus, Caligula (pour l’inauguration du temple d’Auguste, en l’an 37 de notre ère), Claude, Néron, Adrien (au cirque), Antonin le Pieux, Marc-Aurèle, Commode et Probus[45]. Pompée déjà, suivant Dion Cassius, fit don au cirque de six cents lions, dont trois cent vingt-cinq à crinière. Commode, d’après Hérodien, fit un massacre de cent lions à un seul spectacle, et Probus encore fit égorger à l’amphithéâtre cent lions, à crinière, dont les rugissements y produisaient l’effet du tonnerre, et autant de lionnes, sans parler des autres animaux[46]. Or, on était encore bien plus prodigue de panthères et de léopards. Un ancien sénatus-consulte avait défendu l’introduction de ces espèces ; mais déjà le tribun Cn. Aufidius donna l’exemple de la dérogation à cette loi, vers l’an 1&0 av. J.-C. probablement. Scaurus donna cent cinquante de ces animaux pour les jeux de sols édilité ; Pompée en fournit quatre cent dix pour le même usage ; P. Servilius, comme préteur, trois cents, en l’an 25 avant notre ère ; Auguste une fois même jusqu’à six cents, et trois mille cinq cents pendant toute la durée de son règne[47]. Parmi ces animaux se trouvaient sans doute aussi quelquefois des hyènes, bien qu’il n’en reste plus qu’une seule mention distincte, qui se rapporte au règne de Gordien[48].

Des autruches figuraient déjà dans les premières grandes chasses (venationes) du cirque[49]. Commode les abattait à la course avec des flèches tournées en croissant[50]. Le premier Gordien, étant édile, fournit pour son sixième spectacle, entre autres bêtes, trois cents autruches de Mauritanie, teintes en rouge[51].

Après l’autruche, des grues dressées sont les seuls oiseaux mentionnés dans les spectacles de ces véneries[52]. Quant aux perroquets et à d’autres oiseaux rares et de beau plumage, on se bornait à les exposer aux regards du people et on s’en servait probablement aussi pour l’ornement du forum, lors des spectacles[53].

Telles étaient, que nous sachions, les seules espèces d’animaux exotiques qui fussent employées à Rome, dans la vénerie officielle, avant l’édilité de Scaurus. Il nous reste, maintenant, à parler aussi des espèces d’Europe.

Ours. — On en tirait de la Lucanie[54], de la Pouille et de la Dalmatie[55]. En 61 av. J.-C. cependant, L. Domitius Ahenobarbus, édile curule, en fournit aussi le premier cent de la Numidie, où l’ours était commun alors, comme l’attestent une foule de passages des auteurs anciens[56] et paraît l’avoir aussi parfaitement admis, depuis, le célèbre Cuvier. Les jeux ne consommaient guère moins d’ours que de bêtes félines d’Afrique. Ainsi P. Servilius, comme préteur, donna trois cents ours pour cet usage ; Caligula et Néron en fournirent chacun quatre cents, Commode en tua cent et Gordien Ier en procura jusqu’à mille en un seul jour, indépendamment de cent animaux d’Afrique[57].

Les taureaux, dont il est très souvent fait mention, étaient naturellement d’un usage fort commun. Depuis l’an 79 avant J.-C. on les mit souvent aux prises avec l’éléphant[58] ; dans les temps postérieurs, plus particulièrement avec des hommes[59].

Des combats de soixante sangliers, lâchés les uns contre les autres, sous Septime Sévère, en 202 après J.-C., de cent cinquante sous les Gordiens et de mille sous Probus, sont mentionnés par un historien du premier de ces règnes[60] et les biographes des empereurs suivants, dans l’Histoire Auguste.

Le gibier ordinaire et toute sorte de bêtes fauves apprivoisées, compris sous la dénomination générale d’animaux herbivores[61], et que l’on parvenait toujours facilement à se procurer en masses, pouvaient d’autant plus largement desservir les spectacles des grandes tueries d’animaux, ce qui paraît avoir eu lieu, effectivement aussi, dans les derniers temps de l’empire comme dans les commencements. C’est aux Jeux Floraux surtout que l’on faisait un grand massacre de gibier pareil[62], dans lequel les cerfs[63] ne manquaient pas plus que le lièvre[64].

Ce commun gibier d’Europe dominait naturellement aussi dans les jeux des provinces. Cependant des panthères et des léopards figuraient, assez souvent aussi, dans les spectacles de villes municipales telles que Vérone[65] et d’autres encore[66]. On mentionne à Cumes une représentation où partirent des autruches[67], et l’on voit encore, sur un bas-relief célèbre de Pompéji, des taureaux et des sangliers[68].

2°. Depuis les jeux de Scaurus jusqu’à l’inauguration du théâtre de Marcellus (de 58 à 11 avant notre ère).

Les jeux célèbres que Marcus Æmilius Scaurus donna, comme édile curule, marquent l’époque où furent introduits dans les spectacles de Rome des animaux d’Égypte, qu’il s’était probablement procurés à Pétra, lors de son incursion dans le pays des Nabatéens[69].

On y montra pour la première fois un hippopotame[70] qui fut, comme il paraît, tué lors du triomphe célébré par Auguste, après la conquête de l’Égypte, en l’an 29 avant J.-C.[71] Cet animal fut toujours rare, même sous l’empire. Cependant il paraît qu’on vit plusieurs hippopotames aux spectacles donnés par Antonin le Pieux en l’an 149 de notre ère[72], que Commode en tua cinq[73] et qu’Héliogabale en possédait plusieurs[74]. Il en existait encore un à Rome sous le règne de Gordien III[75].

Scaurus fut aussi le premier qui montra au peuple de Rome des crocodiles, au nombre de cinq, pour lesquels on avait creusé un bassin tout exprès, comme pour l’hippopotame[76]. Auguste, lors de la fête donnée pour l’inauguration du temple de Mars Vengeur, deux ans avant la naissance de J.-C., fit tuer trente-six de ces animaux au cirque Flaminien, dans lequel il avait fait conduire des eaux[77]. Une description de Strabon[78] paraît se rapporter à un autre spectacle. On y avait élevé, à côté du bassin d’eau, un échafaudage sur lequel les crocodiles pussent se vautrer au soleil. Des Tentyrites les y hissaient avec des filets et les faisaient ensuite redescendre dans l’eau, où ils se mêlaient à ces animaux, sans que ceux-ci leur fissent aucun mal. Antonin le Pieux aussi fournit des crocodiles pour les spectacles[79] ; Héliogabale en avait un[80] et Symmaque voulait en faire servir plusieurs à rehausser l’éclat de ses fêtes ; mais tous moururent pendant les préparatifs[81].

C’est aux jeux donnés par Pompée en 55 avant J.-C. que l’on vit, à Rome, le premier rhinocéros[82]. Mais, antérieurement déjà, le poète Lucilius connaissait cet animal d’ouï-dire[83]. Auguste fit tuer, en 29 avant J.-C., un rhinocéros[84], après l’avoir montré d’abord au clos des Septa[85]. En l’an 5 de notre ère, on vit un éléphant combattre avec un rhinocéros[86], que Strabon décrivit[87] pour l’avoir vu de ses propres yeux. D’après Pline le Naturaliste, on avait eu souvent l’occasion de voir des rhinocéros à une seule défense ; mais il est possible qu’il n’en parût pas à deux défenses avant celui que procura Domitien[88], et dont les médailles de son règne ont perpétué l’image[89]. Pausanias (IX, 21, 2) vit cet animal à Rome, où on le qualifiait de taureau d’Éthiopie. Commode passe pour avoir abattu plusieurs rhinocéros[90], Caracalla aussi en fit tuer un[91] ; Héliogabale en possédait un autre[92], et l’on en montra un aux jeux séculaires de Philippe[93].

Ce fut César qui montra la première girafe, aux jeux de son triomphe de l’an 46 avant J.-C.[94] Pline l’Ancien[95], Varron[96] et Horace[97] en parlent. Suivant Pline, cet animal, appelé par les Romains et les Grecs camelopardalis, ou ovis fera, désignation plus vulgaire sans doute, s’appelait nabus chez les Éthiopiens[98]. Postérieurement au siècle d’Auguste, Pausanias doit être mentionné comme le premier auteur qui vit à Rome, de ses propres yeux, une nouvelle girafe dont il nous a laissé la description, et qu’il appelle chameau indien[99] ; puis Dion Cassius (LXXII, 10) fut témoin oculaire de la mort d’une autre, tuée par Commode, et Florentinus[100], qui doit avoir vécu sous le règne de Macrin, en vit une troisième à Rome. Sous Gordien III, il y en avait dans cette capitale dix, qui furent promenées aux jeux séculaires de Philippe en 247[101] ; on en revit aussi quelques-unes au triomphe d’Aurélien sur Zénobie, en 278[102]. Au moyen âge, Albert le Grand vit et décrivit une girafe, envoyée par un sultan d’Égypte à l’empereur Frédéric II, puis Antonio Costanzio, une autre, qui était également le cadeau d’un sultan d’Égypte, en possession de Laurent de Médicis en 1486, année depuis laquelle on n’en revit plus aucune en Europe, sauf à Constantinople, jusqu’à l’arrivée de celle qui fut envoyée d’Alexandrie en France en 1827.

Le cepus d’Éthiopie de Pline[103], espèce de singe[104], que Mongez rattache au genre des singes macaques, habitants de la Guinée et de l’intérieur de l’Afrique, ne paraît avoir été vu à Rome qu’une seule fois, aux jeux donnés par Pompée.

A ces mêmes jeux, on vit aussi pour la première fois le chama des Gaules, ou rufius dans l’idiome de ce pays, de la forme du loup et moucheté comme une panthère. Cet animal, dont César avait probablement fait cadeau à Pompée, et que les Romains appelaient aussi lupus cervarius[105], n’était, comme on voit, autre que le loup cervier, dont l’espèce s’est perdue en France, mais existait encore dans la forêt d’Orléans en 1548[106].

3°. Depuis l’inauguration du théâtre de Marcellus jusqu’aux derniers temps de l’empire.

Le tigre ne parut à Rome que sous le règne d’Auguste, Varron encore (V, 20) niait la possibilité de le prendre vivant, bien que déjà le roi Séleucus eût fait présent aux Athéniens d’un de ces animaux, mentionné par Philémon et Alexis dans Athénée (XIII, p. 590). Suivant Dion Cassius (LIV, 9), Auguste aurait reçu les premiers tigres d’une ambassade de l’Inde, qui le trouva en l’an 19 avant J.-C. dans l’île de Samos ; mais, suivant Pline[107], le premier qui vint à Rome aurait été celui que l’empereur fit voir apprivoisé dans une cage, à l’inauguration du théâtre de Marcellus, le 4 mai de l’an 11 av. J.-C. Claude eut quatre tigres. Martial parle également d’un tigre apprivoisé[108]. Domitien et Antonin le Pieux exhibèrent aussi un certain nombre de tigres, le premier probablement à l’occasion des spectacles de son triomphe sur les Sarmates, célébré au commencement de l’an 94[109]. Dion Cassius (LXXIX, 9) rapporte que cinquante et un tigres furent tués en 218 aux noces d’Héliogabale, qui, d’après son biographe (c. 28), se serait même montré en Bacchus, sur des chars attelés de cerfs, de lions et de tigres. Gordien III possédait dix tigres[110] ; Aurélien n’en eut que quatre[111].

Aux spectacles de Domitien partirent aussi le bubalus, espèce d’antilope, et l’ure ou bison[112], que l’on revit aux jeux de Septime Sévère en 202[113]. Pausanias, qui avait vu de ces ures à Rome, les appelle taureaux de Péonie et en a décrit la chasse dans tous ses détails[114]. La damma, espèce d’antilope d’Afrique, appelée nanguer d’après Cuvier, est aussi très souvent mentionnée[115]. L’oryx,

Matutinarum non ultima præda ferarum

Sævus oryx, . . . . . . . . . . . . . . .[116]

était également un animal du désert d’Afrique, caractérisé par une seule corne[117]. Martial nomme encore l’onagre parmi les animaux de la vénerie de l’amphithéâtre[118]. Cet animal était peut-être l’âne sauvage, que nous appelons nous-mêmes onagre. Cuvier y voyait le djiggetaï (equus hemionus de Pallas). On avait cru longtemps, comme le crut encore Gibbon lui-même, pouvoir y reconnaître le zèbre, mais Mongez a eu d’autant moins de peine à réfuter cette opinion que les Anciens parlent de l’apprivoisement de l’onager, tandis que le zèbre n’a jamais pu être apprivoisé, et qu’ils ne mentionnent pas les raies si caractéristiques pour ce dernier. C’est Philostorgue[119] qui a le premier décrit le zèbre, sous le nom d’όνος άγριος ; mais peut-être l’hippotigre, qui fut tué aux jeux de Caracalla[120], était-il également un zèbre, moitié cheval, moitié tigre, comme la girafe était, pour les anciens, moitié chameau, moitié panthère (camelopardalis). Quant à l’onagre, la mention de cet animal revient souvent dans la suite[121].

Dans les fameux spectacles d’Antonin le Pieux, de l’an 149 probablement[122], où l’on vit des animaux de toutes les parties du monde, d’après son biographe[123], on trouve en outre la mention du strepsiceros, espèce d’antilope d’Afrique, d’après Mongez, ainsi que celle de la crocuta, animal qui reparut aux jeux de Septime Sévère en 202, que Dion Cassius (LXXVI, 1) décrivit, le croyant nouveau, et que l’on a pris pour une hyène.

Pausanias[124] vit aussi, parmi les animaux que l’on chassait à l’amphithéâtre, des cerfs blancs et l’élan des Gaules (alces), animal qui lui paraissait tenir le milieu entre le cerf et le chameau. Gordien Ier, Gordien III et Aurélien possédèrent des élans, les deux premiers chacun dix[125]. Cet animal était cependant devenu rare, dans la Gaule du moins[126].

Aux jeux de Gordien Ier, on vit figurer en outre cent moutons sauvages (oves feræ), dénomination qui ne s’applique plus ici ; comme précédemment, à des girafes, mais peut-être à une espèce décrite par Columelle[127] ; puis cent taureaux de Chypre (tauri Cypriaci) et deux cents ibices, espèce de chèvres, d’après Pline le Naturaliste[128].

Symmaque[129] fit aussi venir pour ses jeux des addaces, espèce de gazelles, des pygargues, la capra ægagrus de Pallas peut-être, et des chiens d’Écosse[130], race que l’on exportait déjà, de la Grande-Bretagne, du temps de Strabon[131].

Enfin, l’on trouve encore, dans les spectacles décrits par Calpurnius[132], la mention du lièvre blanc (lepus variabilis de Pallas), du sanglier cornu (babiroussa probablement) et du phoque.

Pour les serpents, qu’on exposait, mais qui ne figurèrent jamais dans les représentations de chasses, nous renvoyons au premier chapitre.

 

N° 3. — Amphithéâtres romains de l’Italie et des provinces.

Rien ne montre plus clairement combien les jeux de la gladiature et les tueries d’animaux étaient répandus, dans l’empire romain, que le grand nombre d’amphithéâtres dont il reste des vestiges. Encore ne faut-il pas perdre de vue que le besoin d’élever des amphithéâtres en pierre, les seuls dont les ruines aient pu résister aux injures du temps jusqu’à nos jours, n’a dû, naturellement, se faire sentir que dans les localités où ces spectacles étaient donnés régulièrement et à grands frais. L’absence de traces d’un édifice pareil dans d’autres lieux, où l’on se contentait peut-être d’un amphithéâtre en bois, ne prouve donc pas nécessairement que l’on y fût privé des jeux de l’arène.

Les traces des amphithéâtres se retrouvent dans certaines traditions, dans des ruines ou débris encore existants et dans l’usage local de certaines dénominations par lesquelles on les désignait au moyen âge. Mais tous ces indices sont souvent tellement vagues, qu’il est impossible d’en rien conclure avec certitude. Ainsi l’existence du prétendu amphithéâtre de Pérouse n’est, ou plutôt ne paraît attestée que par les actes de saint Herculan, qui sont apocryphes[133]. Le fait de la construction d’un amphithéâtre à Pavie par Théodoric le Grand, pour lequel il existe un autre témoignage[134], n’est pas moins contestable. Maffei[135] ne l’admet pas, par la considération que l’usage des jeux de la gladiature était tombé longtemps avant cette époque ; mais on peut objecter, d’autre part, que les tueries d’animaux, auxquelles servaient alors principalement les amphithéâtres, étaient restées à la mode, et que Théodoric fit notoirement beaucoup pour les spectacles, à Rome aussi.

Le mot arena, appliqué à certains lieux, se retrouve dans beaucoup de villes, au moyen âge[136]. Mais est-il permis d’affirmer sur la foi d’une simple mention du treizième siècle, ou de tirer, comme on l’a fait[137], de la circonstance qu’il existait à Paris, sur la rive gauche de la Seine, non loin du Palais des Thermes, un endroit appelé Clos des Arènes, la conclusion qu’il devait y avoir eu là un amphithéâtre ? L’opinion de Bertoli[138], qu’il en existait un à Aquilée, ne se fonde aussi que sur la mention fréquente d’une torre d’Arena dans d’anciens documents des archives de cette ville. La mention semblable d’un vico dell’anfiteatro, d’une platea amphitheatri, dans le quartier des Thermes (regio Thermensis), se retrouvait, d’après Garrucci[139], même à Naples, où rien d’ailleurs ne prouve qu’il y ait eu réellement un amphithéâtre.

La dénomination de Colosseum n’appartenait pas exclusivement au Colisée de Rome, que nous avons décrit. Quelques autres amphithéâtres d’Italie ont été qualifiés de même, en raison de leurs dimensions colossales, comme l’ont très bien établi Mazzocchi et Maffei, et non d’après le colosse de Néron. Ainsi, notamment l’amphithéâtre de Capoue, appelé Colossus par le moine bénédictin Erchempert, qui écrivit dans cette ville, au neuvième siècle, une histoire des Lombards ; puis celui de Florence, que Benvenuto Cellini, dans son autobiographie, nomme aussi Colosseo, et celui de Luna, connu sous le même nom des gens de la campagne voisine[140].

Une troisième série de dénominations, assez communes en Italie, pour des ruines d’anciens amphithéâtres et même pour d’autres du même genre ; dans la bouche du peuple, est celle des mots Berelais, Berelasis, Berolassi, qui, dans Erchempert, servent également à désigner l’amphithéâtre de Capoue, et auxquels viennent se substituer, dans des documents, relatifs à l’amphithéâtre de Florence, de la période du onzième siècle au quatorzième, les mots Perilasium, Perlasium, Perlagium, Perlascio, Pierlascio, Piarlagio, Piarlasgio. Un document de 1071 porte Peribasium, mot que Manni croit être la forme originaire et correcte. Deux parchemins, des années 1085 et 1086, offrent aussi la variante assez bizarre de Pratolascio. Quant aux trois premières formes, employées par Erchempert, des érudits italiens, tels que Rucca[141], croient qu’elles sont d’origine arabe et datent du temps où la Basse Italie fut occupée par les Sarrasins. En admettant l’étymologie arabe bir-al-as, mots qui pourraient signifier citerne de la force ou forte citerne, il y aurait lieu d’en inférer que l’aspect des amphithéâtres avait produit sur les Arabes l’effet d’immenses citernes entourées de murs circulaires ; mais, en s’arrêtant à l’étymologie lombarde berolaz, signifiant fosse d’ours, on aurait une explication non moins plausible du mot Berolais. Quoi qu’il en soit, la forme Verlasci s’est conservée dans l’usage jusqu’à nos jours, non seulement à Capoue, mais encore à Vénafrum, où elle désigne les restes d’un amphithéâtre[142], tandis qu’à Arezzo et à Florence, celle de Parlagio s’y est peu à pets substituée avec le temps ; et comme ce mot, synonyme de Parlatorio, local ou bâtiment où l’on s’assemble et forme des réunions pour délibérer, présente un sens clair et généralement intelligible, quoique tout différent, il prévalut presque partout et fit oublier celui qu’il avait supplanté[143].

Les vestiges de pierre aussi sont souvent trompeurs, et, pour une foule de ruines, il est absolument impossible de décider si elles proviennent d’un amphithéâtre ou de quelque autre édifice. Un prétendu amphithéâtre à Doué, en Poitou, n’est en réalité, d’après Montfaucon[144], que le reste d’un ancien palais des rois de France.

Mais, s’il est certain qu’il y a, d’une part, plus d’un retranchement à faire sur la liste des amphithéâtres romains dont on avait cru pouvoir affirmer l’existence, d’après celle de ruines ou d’autres indices, il n’y a pas moins de chance, de l’autre, pour que cette liste s’enrichisse encore de mainte nouvelle découverte, par suite de l’exploration de contrées encore peu connues, ou de fouilles d’érudition, dans les archives des villes surtout. Nous sommes encore loin d’avoir connaissance de tous les édifices de ce genre qui existaient dans la dernière période de l’antiquité, et dont la plupart ont dû disparaître, dans la longue nuit de barbarie du moyen âge, sans même laisser de traces. Si l’on a été, quelquefois, trop prompt à se prononcer sur l’existence d’anciens amphithéâtres, d’après les indices de ruines méconnaissables et de témoignages suspects ou apocryphes, l’ouvrage de Maffei a fait justice de cette légèreté et opéré une réaction salutaire dans l’esprit qui doit guider ces recherches. Cependant le savant archéologue s’est certainement laissé emporter trop loin par son zèle critique, en n’admettant que trois amphithéâtres, ceux de Rome, de Capoue et de Vérone, en déclarant celui de Pola un simple théâtre, et révoquant même en doute la destination reconnue des Arènes de Nîmes.

Lipsius a, le premier, essayé de dresser une liste d’amphithéâtres, dans son écrit intitulé : De amphitheatris quœ extra Romam. Il en énumère quinze, desquels il y a cependant à retrancher les deux que l’on croyait à tort pouvoir revendiquer pour Doué (voir plus haut) et pour Athènes. Montfaucon (III, p. 258) en nomme dix-huit hors de Rome, tous situés en Italie et en France, à l’exception des ruines d’Italica. Clérisseau[145] donne un relevé de soixante-deux amphithéâtres, mais qui ne paraît pas moins sujet à révision que celui de Promis, dont les indications portent sur cinquante-cinq amphithéâtres d’Italie, au sujet desquels il n’admet pas le doute.

Le relevé de tous les amphithéâtres connus d’Émile Hubner[146], le plus récent à notre connaissance, en embrasse de quatre-vingt-trois à quatre-vingt-cinq.

Pour compléter la liste que nous allons essayer de dresser nous-même, nous avons consulté la bibliothèque de M. O. Jahn, particulièrement riche en monographies concernant les ruines d’Italie, sur lesquelles d’utiles renseignements nous ont été communiqués en outre par l’architecte Rod. Bergau et le docteur O. Hirschfeld. Quant aux données sur les amphithéâtres d’Espagne, nous cri sommes principalement redevable à M. le professeur Émile Hubner.

Le défaut d’espace ne nous permettant pas d’entrer dans de grands détails descriptifs, rions nous bornerons le plus souvent, dans l’énumération qui va suivre, à l’indication des sources et documents dans lesquels ils abondent.

Rien ne prouve l’existence d’aucun amphithéâtre en pierre antérieur à celui que Statilius Taurus, le premier, fit construire, en l’an de Rome 725, dans cette ville même. Il est aujourd’hui généralement reconnu que les amphithéâtres d’Étrurie n’ont pas été bâtis par les Étrusques, comme on l’avait cru, mais bien par les Romains[147]. On a cru pouvoir faire remonter l’origine de l’amphithéâtre de Pompéji aux premiers temps de l’établissement de cette colonie par Sylla, en arguant de la forme des lettres et de quelques archaïsmes d’une double inscription qui s’y trouve[148] ; mais cette opinion est réfutée par Garrucci et d’autres savants, des observations desquels il résulte que l’usage de ces formes vieillies a partiellement survécu à la république. Cependant la date de l’an de Rome 685 ; pour l’achèvement de cet édifice, ne repose que sur une conclusion, tout aussi incertaine, tirée par Garrucci d’une autre inscription. L’amphithéâtre de Pouzzoles ne paraît pas, d’après le même, antérieur au temps des Flaviens, En général, il n’existe pas d’inscriptions desquelles on puisse conclure à la construction d’amphithéâtres avant Auguste. Mais, sous son règne, il y en avait déjà dans plusieurs villes d’Italie, comme on le voit par la recommandation de Vitruve (I, 7), d’ériger près du cirque les temples d’Hercule, dans celles qui étaient encore dépourvues de gymnases et d’amphithéâtres. Dans beaucoup de ces villes, cependant, les jeux de gladiateurs se donnaient encore, de son temps, au forum[149]. Alexandrie, en Égypte, aussi eut, dès l’an de Rome 730, son amphithéâtre, que Strabon y vit en cette année et mentionne, de même qu’un autre à Nysa, en Carie[150], ce qui prouve qu’ils n’avaient point tardé à se propager hors d’Italie.

Nous allons, maintenant, passer en revue les amphithéâtres de toutes les parties de l’empire romain, en commençant par l’Italie et les autres provinces occidentales.

I. — Occident.

1. — Italie.

LATIUM. — Indépendamment du Colisée à Rome, il y existait des amphithéâtres dans les villes d’Albano, Aquinum, Arpinum, Casinum, Circeji, Frosinone, Minturne, Préneste, Setia, Tibur, Tusculum, Valéria et Vellétri.

L’amphithéâtre de Casinum, découvert en 1757 par des chercheurs de trésors, parait dater d’une époque qui n’est certainement pas antérieure à l’an 50 de notre ère (Pline le Jeune, Lettres, VII, 24) ; celui d’Albano est postérieur à Domitien et celui de Vellétri fut restauré sous les empereurs Valentinien et Valens (Orelli, 2538, et Henzen, III, p. 225). L’amphithéâtre de Tusculum, connu dans la localité sous le nom de Scuola di Cicerone, pouvait contenir environ 3.000 spectateurs. Celui de Tibur (Tivoli) a subsisté, d’après Promis, jusqu’au pontificat de Pie II. Les ruines de celui d’Aquinum sont vulgairement désignées sous le nom de Grotte des Païens.

Voir, pour la plupart de ces amphithéâtres, Westphal, la Campagne de Rome, en allemand, p. 24 (Albano), 53 (Setia), 67 (Minturne), 92 (Aquinum) ; pour Minturne aussi Lipsius, l. c., chap. II, et Montfaucon, l. c., III, p. 258 ; pour Préneste, Cecconi, Storia di Palestrina, p. 70 ; Gruter, 489, 12, et Orelli, 2532 ; pour Tusculum, enfin, Canina, Descr. dell’ antico Tuscolo, p. 130.

SAMNIUM. — Amph. à Acelanum (C. I. L., 4231), Allifæ (Henzen, Expl. mus. Borgh., p. 82), Bénévent (d’après Promis), Telesia, (Henzen, l. c.) et Venafrum (Cotugno, Memorie storiche di Venafro, Naples 1824, p. 260, etc.). Dans ce dernier, il y avait place pour 8.000 spectateurs.

LUCANIE.- Deux amph. : l’un à Pæstum, reconnu par Winckelmann et mesuré par Paoli, Ruine dell’ antica città di Pesto, 1784 ; l’autre à Grumentum (Roselli, Storia Grumenteria, p. 50).

POUILLE. — Amph. à Vénuse, patrie d’Horace (St-Alœ, Bull. dell’ hist., 4842, p, 129 et Bull. Nap., I, 1843, p. 62).

FRENTANI. — Amph. à Larinum (Marangoni, Delle mem. sacre e profane dell’ anf. Flavio, p. 30).

CAMPANIE. — Amph. à Capoue, Pompéji, Pouzzoles, Pausilippe, Cumes et Abella.

L’amphithéâtre de Capoue, un des plus vastes de l’Italie, aurait, d’après Rucca (Capuce vetere, 1828, p. 136-291, et Anf. capuano mus. borb., XV,1856, tav. 37-39 et 41), égalé, sinon surpassé le Colisée en grandeur. Il avait quatre étages, dont le premier est conservé. Les quatre-vingts arches qui y donnaient entrée étaient ornées de statues des divinités païennes, dont il reste encore les têtes de Jupiter et de Diane. Les statues d’Adonis, de la Vénus victrix, de Psyché et d’autres, au musée bourbonien (Cap. vet., p. 138), ont également été trouvées dans ses décombres, avec sept autres, dont six ont été in-trustées, d’après Bergau, dans la façade de l’Hôtel de Ville et une dans le campanile de la cathédrale de la nouvelle Capoue, construite avec des pierres de l’amphithéâtre. Celui-ci comprenait des souterrains pour les machines et les cages des animaux, indépendamment desquels il y avait place pour un millier d’hommes,, qui pouvaient s’y introduire-et en sortir sans être vus, au moyen de quatre galeries pratiquées au-dessous des portes principales. Les restes de cet amphithéâtre, détruit en 840 par les Sarrasins, servirent ensuite de forteresse à- des chefs lombards et finirent par être exploités, comme une carrière, pour les matériaux qu’on y trouvait. — Voir aussi De Laurentiis, Descrizione dello stato antico e moderno dell’ anf. Campagno, 1835.

L’amphithéâtre de Pouzzoles avait aussi soixante-douze arches d’entrée et des souterrains. Voir Rucca, Su l’ipogeo dell’ anf. Puteolano, 1851 ; d’Ancora, Guida di Pozzuoli, p. 59, et le Guide de Jorio, Naples, 1830, p. 49 ; Schulz, Bull. dell’ Inst., 1841, p. 183-185 ; Capacio, Puteolana historia, Naples, 1604, p. 31 ; etc., etc. — Pour Cumes, voyez Jorio, Guida di Pozzuoli e contorni, 3e éd. p. 85 ; pour Pompéji, dont l’amphithéâtre pouvait, d’après Goro de Agyagfalva, contenir 20.000 spectateurs, les ouvrages cités dans le Manuel d’Arch. d’O. Muller, § 260 ; puis, pour Pausilippe, Schulz, Scavi di Nocera e del Posilippo, Bull. dell’ hist., 1842, p. 59 et 145. Il existait peut-être plusieurs amphithéâtres pareils au bord de la mer, dans ces environs. — Voir aussi une poésie De amphitheatro vicino mari, dans l’Anthologie latine de Meyer, III, 916 (II, p. 13).

Sur celui d’Abella, qui pourrait bien n’avoir été construit qu’en bois, il reste une inscription accompagnée d’un dessin, de l’an 170 de notre ère (I. N., 1952).

PAYS DES SABINS. — Amph. à Alba Fucentina (Westphal, p. 116, et Promis, Le antichita di Alba Fucense negli Equi, p. 243 et 248, où il est dit que cet amphithéâtre pouvait contenir environ 20.000 spectateurs), Amiternum (I. N., 5789), Marrubium et Réate, ce dernier détruit en 1283 seulement, d’après Promis.

PICENUM. — Amph. à Ancône, Auximum (Henzen, Expl. mus. Borgh., p. 82), Firmum, Interamnia Prætutiorum (Delfico, Dell’ Interamnia Preluzia, p. 80, et Bull. Nap., II. p. 64), Interpromium (I. R. N., 5330) et Urbs Salvia (Guattani, Monum. ined., I, 83). D’après la Chronique de Fermo au seizième siècle d’Adami, l’amphithéâtre de cette ville était grand et superbe.

OMBRIE. — Amph. a Ariminum, Assisium, Carsulæ, Hispellum (Guattani, Deminicis et Promis, ainsi que Henzen, 5580), Interamnia (Terni, Mevania, Ocrictilum (P. S. Bartoli dans Fea, Miscell., I, p. 272) et Spolète (Procope, Hist. Goth., III, 23). L’arène d’Ariminum avait une enceinte de quatre murs et soixante arches d’entrée. Le bâtiment était en briques, nais les siéges y étaient en marbre. Bonini (Rimini, p. 218, etc.) croit que cet amphithéâtre fut détruit dans la période du troisième au sixième siècle. Celui d’Ocriculum avait, suivant Guattani, trois étages.

ÉTRURIE. — Ampli. à Arezzo, Falerii (Deminicis, Giorn. arcad., 55, p. 160-168), Florence (dans le voisinage de la place di Santa Croce, d’après Manni et Dennis), Lucus Feroniæ (Orelli, 4099), Luna, Pise, Rusellæ, Sutrium (Westphal ; p. 151 ; Urlichs, Bull. Bell’. Inst., 1839, p. 75 ; Canina, Etruria Marittima, vol. I, tav. 21 et 22), Vetulonia (d’après une description de ruines examinées par Leandro Alberti en 1550), Volsinii (à 1 mille de Bolséna, d’après Dennis, I, p. 343), Volterra (Guazzesi, Suppl. alla dissertazione intorno agli anfiteatri degli antichi Toscani, p. 44) et Vulci (Bull. d. L, 1835, p.77).

Les amphithéâtres de Vétulonia, de Rusellæ et de Pise sont douteux, et les ruines de Volterra pourraient bien, d’après Dennis (Villes et lieux de sépulture de l’Étrurie, II, p. 486-496) n’être que celles d’un théâtre romain. L’amphithéâtre de Volsinii (voir aussi Henzen, 5580) est tout petit. Dennis croit celui de Sutrium d’origine étrusque. Celui de Luna, jadis riche en colonnes de marbre et en statues, mais entièrement en ruines depuis le quinzième siècle, paraît être du temps des Antonins (Promis, p. 228). Le vaste amphithéâtre d’Arezzo, au contraire, n’aurait été, d’après Guazzesi, qu’un bâtiment en briques, dépourvu de pareils ornements. Du temps de Charlemagne, il était connu sous le nom de gymnase, et des filles publiques en occupaient les voûtes, ce qui détermina l’empereur à en faire don à l’église du lieu. En 4333, tous les bons matériaux de la ruine passèrent dans des constructions nouvelles. Ajoutons que Dennis (II, 641) a également révoqué en doute le caractère de ses restes, qui lui paraissaient offrir plus de ressemblance avec des thermes.

GAULE CISPADANE. — Amph. à Bologne, Parme, Plaisance et Velleja (Hubuer et Promis).

Tacite (Hist., II, 67), en l’an 70 de notre ère, a fait du premier la mention suivante : Tertiadecimani struere amphitheatra jussi. Nam Cæcina Cremonæ, Valens Bononiæ spectaculum gladiatorum edere parabant[151]. Mais peut-être n’entendait-il parler que d’amphithéâtres en bois.

De l’amphithéâtre de Plaisance, consumé par les flammes vers la même époque, cet historien (ibid., 21) dit : In eo certamine pulcherrimum amphitheatri opus, situm extra muros conflagravit... Municipale vulgus, pronum ad suspiciones, fraude illata ignis alimenta credidit a quibusdam e vicinis coloniis, invidia et æmulatione, quod nulla in Italia moles tara capax foret[152]. L’amphithéâtre de Parme, dont Lopez (Lettera al Braun intorno alle rovine d’un antico teatro scoperto in Parma, 1844, p. 25, etc.) rapporte la construction à l’époque du règne de Trajan, se conserva longtemps et était encore en 1317 un objet de sollicitude pour les autorités municipales, qui publièrent à ce sujet des ordonnances de police.

LIGURIE. — Promis y mentionne deux petits amphithéâtres, à Libarna et à Pollentia.

VÉNÉTIE ET ISTRIE. — Amph. à Adria, que mentionnent Promis et Deminicis, à Aquilée (?), à Pola et à Tergeste (Trieste). Voir Stancovich, Anfit. di Pola, 1822, et Hist. di Trieste, p. 245.

L’amphithéâtre de Pola, construit en pierre, à l’exception de l’étage supérieur, qui était en bois, et surmonté d’une colonnade, pouvait contenir 22.000 spectateurs. Il en reste 43 rangs de sièges en marbre. Longtemps exploité comme une carrière, il fut dédié en 1584 au sénateur vénitien Emon, qui mit un terme à ce vandalisme.

GAULE TRANSPADANE. — Nous avons déjà parlé de l’amphithéâtre de Vérone. On en compte quatre autres dans cette province, à Augusta Prætoria Salassorum, Bergame (Promis), Brescie (Labus, Intorno alle iscrizioni bresciane, p. 71) et Crémone (Tacite, Hist., II, 67). Celui d’Augusta Prætoria paraît avoir été construit en l’an de Rome 729, année de la fondation de la colonie, ou peu de temps après (Promis, Antichita di Aosta, 1862, t. XI et p. 168-172). Dans une charte de 1235 il est appelé Palatium rotundum. On n’y trouve point de souterrains.

SICILE. — On y mentionne trois amphithéâtres : à Catane, Syracuse et Thermæ Himerenses. Voir, sur tous les trois, Serradifalco, Antich. di Sicilia.

Le premier est situé près de la Porta Stesicorea (Giovanni Garruccio, Sulla origine et sulla costruzione dell’ anf. di Catania, Naples, 1854, p, 20). Théodoric le Grand permit, en 498, aux habitants de Catane d’en utiliser les blocs de pierre, pour réparer les murs de leur ville (Cassiodore, Var. Ep., III, 49). En 1669, une éruption de l’Etna le recouvrit de lave ; mais, après le tremblement de terre de 1693, le prince Biscari fit opérer des fouilles, qui en découvrirent un côté.

L’amphithéâtre de Syracuse est de forme elliptique. Il y a deux portes principales, aux extrémités de son axe, et huit issues sur l’arène. Les souterrains manquent. Valère Maxime (I, 7, 8) et Tacite (Annales, XIII, 49) parlent, tous les deux, de jeux de gladiateurs à Syracuse, mais sans mentionner l’amphithéâtre.

SARDAIGNE. — Un amphithéâtre à Caralis (Cagliari). Il est en partie creusé dans la roche calcaire, et pouvait contenir un grand nombre de spectateurs. Le fond de l’arène y est traversé par des aqueducs souterrains (De la Marmora, Voyage en Sardaigne, I, p. 529).

Le prétendu amphithéâtre de Caprée (Anacapri), dont parle Donaldson (Architect. numism., p. 303), est plus que douteux.

DALMATIE. — Amph. à Salone (Lanza, Della topografia dell’ antica Salona dans les Ann. dell’ Inst., 1849, p. 282), sans parler du prétendu amph. d’Æquum (Archæologia Britannica, III, 344). Le premier paraît être du temps qui suivit le règne de Marc-Aurèle.

Rien n’indique l’existence d’amphithéâtres dans les provinces plus septentrionales, telles que la Norique et la Pannonie.

2. — Gaules.

NARBONNAISE. — Amph. à Arles, Cemenelium, Forum Julii (Fréjus), Narbonne, Nîmes, Orange (Aransio),Toulouse, Vasio Vocontiorum et Vienne. Ce dernier, malgré un passage d’Eusèbe (Hist. ecclés., V, 1) et Chorier, (Antiquités de Vienne, I, p. 416), d’après lequel il en resterait quelques voûtes ; est douteux. Nous ne reviendrons pas sur ce qui a déjà été dit des amphithéâtres de Nîmes et d’Arles. On croit que le premier avait été, d’abord, destiné à des naumachies, mais resta inachevé ; car, fait observer Pelet, les aqueducs, qui devaient amener les eaux dans l’arène, ne sont même pas revêtus de ciment ; ce qui n’aurait pas eu lieu, si le monument avait déjà servi aux jeux nautiques...... La façade est composée d’un rez-de-chaussée, d’un étage au-dessus et d’un attique.

Il n’est nullement certain qu’il ait été bâti, comme le présume Pelet, sous Adrien ou sous Antonin le Pieux. Il n’y a pas plus de certitude sur l’époque de la construction de l’amphithéâtre d’Arles. Pour les autres, voyez principalement Millin, Voyage dans le Midi de la France, et Montfaucon, Antiq. expl.

De l’amphithéâtre de Cemenelium, appelé Tino de Fati (cave des fées) par les gens des environs, il existe plusieurs massifs et une arcade, sous laquelle passe le chemin ; le mastic qui la recouvrait subsiste encore. On voit aussi des restes d’autres arcades. Il y avait place pour 8.000 spectateurs, qui, des rangs de siéges supérieurs, pouvaient voir la mer. L’arène était de forme elliptique. Il en était de même de celle de Forum Julii, provenant d’un amphithéâtre dont l’enceinte est encore assez bien conservée.

AQUITAINE. — On y mentionne des amphithéâtres à Bordeaux, Bourges, Limoges, Néris, Périgueux, Poitiers, Rastiatum (les arènes de Tintinniac, d’après Baluze, Hist. Tulliens., 1717, p. 8, cité par Caylus, Recueil, VI, p. 356) et Saintes (Chaudruc de Crazannes, Antiquités de Saintes, p. 72, etc.). Cependant il n’est pas prouvé que l’amphithéâtre de Bourges ait réellement existé, et celui de Néris, d’après le plan donné par Caylus, n’aurait été qu’un théâtre.

D’après les souvenirs de Montfaucon, les arènes de l’amphithéâtre de Bordeaux, que les habitants de la ville appelaient, du temps de Millin, la ruine du palais de Gallien, étaient des plus vastes et ne le cédaient peut-être pas à celles du Colisée. Pour les autres, voir également les ouvrages déjà cités de Millin et de Caylus ; ainsi que Lipsius.

LYONNAISE. — Amph. à Aquœ Segeste (?), Bibracte ou Augustodunum (Autun), suivant Millin (I, p.307, etc.), Crociatonum Unellorum, dont les ruines sont situées près de Valogne, en Normandie, Lyon, Orléans (Histoire d’Orléans de Vergniaud-Romagnési, p. 178), Paris, voir plus haut p. 297) et Tours (Revue archéologique, X, p. 376). Ce dernier, un peu plus grand que ceux de Saintes et de Nîmes, est mentionné dans un diplôme du roi Charles le Simple (dom Bouquet, Script. rer. gall., tome IX, p. 534). Les restes de la ruine de Lyon indiqueraient, d’après M. Martin-Daussigny, conservateur du musée de cette ville, un amphithéâtre susceptible d’être inondé pour des spectacles extraordinaires. C’est à Lyon que le Boïen Mariccus fut jeté aux bêtes féroces, en l’an 70 de notre ère (Tacite, Hist., II, 61) et que furent probablement suppliciés, en 177, les martyrs de Vienne et de Lyon dont parle Eusèbe, dans son Histoire ecclésiastique (V, 1).

C’est en creusant des tranchées entre Montboui et Montcresson sur la rivière du Loing, en 1608, que l’on trouva, parmi d’autres ruines de constructions romaines, aussi celles d’un amphithéâtre, en un lieu appelé Sevinière, près de Châtillon-sur-Loing, indications rapportées par d’Anville à la localité qui figure sous le nom d’Aquæ Segeste sur la table de Peutinger. Voir D. G. Morin, Histoire générale du pays du Gâtinois, etc., 1630, et Caylus, III, p. 412.

BELGIQUE. — Le principal amphithéâtre de cette partie des Gaules était celui de Trèves (Quidnow, Description de l’amphithéâtre de Trèves, p, 24, etc., en all.). — Il était taillé dans une montagne. Deux grandes et deux petites entrées conduisaient aux galeries et dans l’arène. Celle-ci, pratiquée sur un plateau de roche, est de forme elliptique et coupée par un Euripe, de trois pieds de largeur et quatre de profondeur, qu’un aqueduc remplissait d’eau, pour les naumachies. Le podium, dont l’exhaussement est aujourd’hui de sept, mais paraît avoir été jadis de dix pieds, était percé de dix portes, conduisant aux cages des animaux. Au sujet du collegium arenariorum consistentium Coloniæ Augusta Trevirorum, voyez Orelli, 2773, et, sur les jeux de gladiateurs que Constantin le Grand y donna, dans les années 306 et 313, le Panégyrique de cet empereur d’un anonyme, chap. XXII, Eumène, Panég., chap. X à XII, et Eutrope, V, 3. D’après les Gesta Trevirorum, le prince des Vandales, Crock, assiégea vainement en 406 cet amphithéâtre, dans lequel les habitants de Trèves s’étaient fortement retranchés. C’est peut-être à cette époque que furent élevées les deux tours demi-circulaires dont il y reste encore des débris. (Wyttenbach, Explorations nouvelles, p. 53 et 60, en all.)

L’amphithéâtre de Reims est douteux. Montfaucon (Antiq. expl., III, p. 258) mentionne aussi Metz parmi les villes qui en avaient un. Celui du village de Grand dans le pays des Leuci, en Champagne, entre Joinville et Neufchâteau (Novomagus), dont parle Caylus (VII, p. 349), semblerait, d’après le plan qu’il en donne, avoir été plutôt un théâtre, comme ceux de Juliobona (ibid., VI, 394) et d’Augusta Rauracorum (Schœpflin, Alsatia illustrata, t. I, p. 160). — En Helvétie enfin, Aventicum, d’après une inscription trouvée en 1804 (Mommsen, Inscr. Helvet., 482) et Vindonissa, d’après Haller (Helvet., I, 449 ; II, 373, etc.), auraient également eu des amphithéâtres.

3. — Île de Bretagne.

On n’a pas trouvé, dans la Grande-Bretagne, des ruines dont on puisse affirmer, avec certitude, qu’elles proviennent de véritables amphithéâtres.

Cependant des archéologues anglais croient avoir reconnu, dans le voisinage de plusieurs villes et camps fortifiés de la période romaine, des traces d’amphithéâtres militaires (amphitheatra castrensia), espèce d’ouvrages en terre, consistant dans une excavation du sol, entourée de ravins, dont la disposition reproduit naturellement le cadre d’une arène. Un emplacement pareil, connu sous le nom de Table du roi Arthur, a été notamment signalé par John Strange (Archæologia britannica, vol. V (1779), p. 67 et 68) et décrit par Lee (Isca Silurum, Londres, 1862, p. 428) à Caerleon, dans le Monmouthshire. On mentionne des vestiges semblables à Bath, l’ancienne Aquæ Solis, à Richborough (Rutupiæ) dans le comté de Kent (Wright, Wanderings, p. 88), à Cirencester, Silchester et Dorchester (ibid., p. 95), près de Llandrinolt, dans le pays de Galles (Arch. brit., XVII, p. 171), et à Chaselbury, dans le Wiltshire (Goughs, Camden, I, p. 158).

4. — Espagne.

Les ouvrages espagnols sur les antiquités romaines de cette contrée pèchent en général par le défaut de critique et par les exagérations de l’amour-propre national. Les principaux sont : D. Juan Augustin Cean-Bermudez, Sumario de las antiguedades romanas en España, en especial las pertenentes á las bellas artes, Madrid, 1832, in-fol. ; Florez, España sagrada, Madrid, 1752-1850, vol. XLVII, in-4 ; Don Antonio Ponz, Viage de España, 1772-1794, XVIII vol. in-8. — Voir aussi l’ouvrage français de Laborde, Voyage pittoresque en Espagne, Paris, 1806-1820, 2 vol in-fol. Les données d’E. Hubner se fondent en partie sur ses relations de voyage et ses observations personnelles consignées dans le Bullet. de l’Inst., 1860-1862, en partie sur les meilleures sources manuscrites et imprimées, dans lesquelles a puisé ce savant archéologue. — Quant aux restes de constructions romaines, en Lusitanie, Bellermann en a dit un mot dans ses Souvenirs de l’Europe méridionale (en allem.), p. 249, etc. Passons aux différentes provinces dé la péninsule.

TARRAGONAISE. — On trouve dans Laborde (I, pl. 53, 54 et 56) les dessins d’un amphithéâtre à Tarragone, dont il ne reste cependant que peu de chose, comme de celui d’Ercavica (Cabeza del Griego), dans la même province, décrit par Cean, p. 59. Ce que le même auteur rapporte de prétendus amphithéâtres à Barcino, Carthagène et Tolède, n’offre aucune certitude.

BÉTIQUE. — On peut en dire autant des amphithéâtres attribués par Cean à Bolonia et à Malaga. — M. Hubner n’a rien vu non plus des débris découverts en 1730, à Cordoue, et décrits par Ruanes dans son Historia general de Cordoba, I (1761), p. 289. La meilleure description des vestiges de l’amphithéâtre d’Italia (Santiponce, près de Séville), d’après les fouilles les plus récentes, est celle de Demetrio de los Rios (Memoria arqueologico-descriptva dell’ A. de I., Madrid, 1861, avec un plan). Suivant Montfaucon (III, p. 262), une grande partie des matériaux de cette ruiné auraient été employés à la construction de digues, par ordre du magistrat de Séville.

LUSITANIE. — Hubner (Bull. de l’Inst., 1862, p. 173) y mentionne l’amphithéâtre d’Emerita, que M. de Laborde aurait cru à tort destiné pour des naumachies. Celui de Braga, dont Bellermann (p. 252) a décrit les restes, d’après les auteurs portugais, est très douteux.

5. — Afrique.

MAURITANIE. — On y signale un amphithéâtre, dont dix-sept gradins sont encore en bon état, à Julia Cæsarea (Jol) et un autre à Sitifis (Renier, Inscr. de l’Algérie, 3287). Sur le premier voyez de Blinière, Antiquités de la ville de Cherchel (Algérie), dans la Revue archéologique, V, p. 344, et Explor. scientif. de l’Algérie, Beaux-Arts, III, pl. 21, 29 et 30. Celui de Cuiculum ou Djemila (ibid., I, pl. 47) n’était qu’un théâtre.

NUMIDIE. — Amph. à Cirta (Inscr. de l’Algérie, 1825), Lambessa (de la Mare, Recherches sur la ville de Lambèse, p. 34, dans les Mémoires de la Société des antiquaires de France, 3e série, t. I, 1852. — Henzen, III, p. 524. — Renier, Inscr. de l’Algérie, 185), Rusicade, aujourd’hui Philippeville (Expl. scientif. de l’Algérie, Beaux-Arts, II, pl. 56-59, ainsi que Revue archéologique, I, 814) et Théveste ou Tébessa (Moll, capitaine du génie, dans l’Annuaire de la Société archéologique de la province de Constantine, 1858-59). Ce dernier paraît avoir été construit entre les années 75 et 80 de notre ère. Celui de Lambessa, qui est assez bien conservé, a environ 300 pas de circonférence. Il s’est aussi conservé une inscription d’un amphithéâtre dans des ruines, près du caravansérail d’El-Outaïa, entre Batna et Biskara (Henzen, 6591). Enfin, Dureau de la Malle (Recueil de renseignements sur la province de Constantine, p. 204) a vu, entre Tiffereh et Guelma, dans un lieu que les Maures appellent Hamisa, et qu’il croit être la colonie romaine de Tipasa ; les débris d’une grande ville ancienne, de superbes portiques bien alignés, des colonnes de marbre, des palais encore debout et un amphithéâtre de 4 50 pas de diamètre, dont dix rangs sont intacts, le tout en grosses pierres de taille.

AFRIQUE PROPRE. — On compte plusieurs amphithéâtres romains dans cette province, qui répond à la Tunisie et à la Tripolitaine actuelles.

L’amphithéâtre de Carthage, qui était encore, au douzième siècle, une superbe ruine, décrite par Edrisi (Davis, Carthage and her remains, p. 507), ne se reconnaît plus qu’à une excavation intérieure, d’environ 240 pieds dans la plus grande dimension de l’ellipse (Falbe, Sur l’emplacement de Carthage, 1833, p. 39). Il pouvait facilement être inondé pour les naumachies (Hudson, Geogr. minores, III, p.-18 : In delectabilibus unum solum spectaculum exspectant habitantes (Carthagine) munerum). C’est probablement aussi à cet amphithéâtre que s’applique l’épigramme de Luxorius de eo qui podium amphitheatri saliebat dans l’Anthol. lat. de Meyer, II, p. 149, 380.

L’existence d’un amphithéâtre dans la ville d’Œa, ou tout près de celle-ci, est attestée par Apulée (Apol., p. 556), disant de son beau-fils : In ludo quoque gladiatorio frequens visitur, nomina gladiatorum plane quidem ut puer, honeste, ab ipso lanista docetur. — Peut-être ces spectacles se donnaient-ils dans l’amphithéâtre encore entier, de 148 pieds de diamètre à l’intérieur, que mentionne, d’après le rapport d’un voyageur anglais, Castiglione, dans un mémoire sur la partie orientale de la Barbarie, p. 18, à Zavia (Tripoli-vecchia), village situé à une journée de marche de Tripoli, du côté de Tunis.

De l’amphithéâtre de Thysdrus (El Djemm) Canina croit qu’il a été construit sous les Gordiens ; Pellissier, qu’il n’a jamais été achevé. Les Arabes qui, d’après Coste, s’y retranchèrent pendant une de leurs révoltes en 1710, sous Mohammed-Bey, n’ont pas cessé, depuis, de travailler à la destruction de ce bâtiment, en en faisant servir les pierres, qu’ils croient douées de la vertu de chasser les scorpions, à la construction des maisons, des tombeaux et dés marabouts d’El Djemm.

Son mur d’enceinte elliptique présente soixante-huit arches d’entrée et trois étages, ornés de colonnes à demi saillantes et, autrefois, surmontées d’un attique. Le style en est simple et noble. Les décombres de l’intérieur ne permettent plus de reconnaître si cet amphithéâtre a servi également pour des naumachies. Cependant une ouverture, au centre de l’arène, communique avec un canal souterrain, qui avait été sans doute ménagé pour l’écoulement des eaux pluviales et qui, s’il faut en croire les Arabes, déboucherait à huit lieues de là dans la mer. Voir Pellissier, Lettre à M. Hase, dans la Revue archéologique, I, 816 ; Aimé Rochas, ibid., IX, 90 ; P. Coste et Canina, dans les Annales de l’Inst. archéol., 1852 p. 241, etc. ; Davis, p. 492, etc.

L’amphithéâtre de Tuburbium fut souvent arrosé du sang des martyrs, notamment aussi de celui des saintes Perpétue et Félicité, dont Valésius seul a placé le martyre à Carthage. — Voir Ruinart, Vita mart., p. 78.

L’amphithéâtre d’Uthina Zeugitanæ (Oudenah), placé sur une éminence et de forme ovale, a, d’après Alphonse Rousseau (Lettre à M. Amédée Jaubert, dans la Rev. arch., III, p.146), environ 240 pas de circonférence. Il ne serait pas impossible qu’il eût servi aussi à des naumachies. La place des galeries, des tribunes, des vomitoires, etc., est encore parfaitement reconnaissable. Voir, sur la même ruine, John Jackson, Account of the ruins of Carthago and of Udenah in Barbary, 1803, dans l’Archœol. Brit., XV, p. 151.

L’amphithéâtre d’Utique (Bou-Chater), creusé dans une colline, et dont l’arène pouvait être facilement submergée (Davis, p. 507), a une circonférence de 266 mètres, d’après Pellissier (Lettre à M. Hase, 2e partie, dans la Rev. arch., III, 399).

Ajoutons que Pellissier (ibid., I, 814, et II, 498) mentionne encore deux petits amphithéâtres : l’un, à un seul étage et dans le genre de celui de Philippeville, sur la côte orientale de la Zeugitane, entre la Petite-Leptis (Lamta ?) et la tour d’Annibal (El Mohedieh ?), près du village de Dimas ; l’autre à Kénaïs (régence de Tunis), dans le même genre, à 8 kilomètres seulement de Mourédina. — Voir aussi, pour des données plus complètes sur toute la contrée, Guérin, Voyage dans la régence de Tunis, 1862, 2 vol.

Les spectacles paraissent avoir été, dans les provinces d’Afrique aussi, principalement organisés par les dignitaires sacerdotaux, sans préjudice des fêtes dues à la munificence d’autres donateurs, dans plusieurs villes et à des occasions différentes : Voir Renier, Inscr. De l’Algérie, 1440 (Verecunda), 1528 (Thamugas), 2871 (Hippo Regius), 2928 (Madauri), 3096 (Théveste) ; Bull. de l’Inst., 1851, p. 51 (Rusicade) et Mus. Veron. 467, 2 (in arcu Tripolitano). — Cette obligation rendait même le sacerdoce de la province d’Afrique excessivement onéreux (Henzen, 6904). On voit par le Code Théodosien (XII, 1, 145, 176 ; XVI, 40, 20) de quelle nature étaient ces spectacles, à Carthage. Ils comprenaient des fêtes de l’amphithéâtre, comme en témoigne expressément saint Augustin (Épist. ad Marcellin., 438), dans ce passage : Apulejus cui sacerdoti provinciæ permagno fuit, ut murera ederet venatoresque vestiret.

II. — Orient.

1. — Provinces grecques d’Europe.

Voici, en peu de mots, ce que l’on sait de la gladiature, dans ces provinces, ainsi que des rares amphithéâtres grecs.

ACHAÏE. — Corinthe est la seule, ville de la Grèce où l’existence d’un amphithéâtre, du temps des Romains, soit prouvée. Comme Pausanias ne le nomme pas, il est possible que le bâtiment fût de construction postérieure. Un passage de Dion Chrysostome (Or., XXXI, p.591, 78 ; éd. Dindorf, p. 385) n’offre aussi qu’une donnée peu concluante ; mais plus tard, une description du monde romain sous l’empereur Constantin, dans Mai (Auct. class. III, p. 402), mentionne positivement cet amphithéâtre, qu’on y appelle un chef-d’œuvre d’architecture (opus præcipuum). Il est situé, d’après Curtius (le Péloponnèse, II, 527, en all.), à l’est de la ville moderne, au pied de la montagne, et en partie taillé dans le roc. Apulée (Métamorphoses, X, 223) et Julien (Lettres, 35) parlent des spectacles, jeux de gladiateurs et tueries d’animaux qui s’y donnaient.

L’authenticité de deux amphithéâtres dont parle Cyriaque, à Sicyone (C. I. G. 4108) et à Delphes (C. I. L. 526), est très contestable. Curtius (le Péloponnèse, II, 222) mentionne en outre, à Sparte, un bâtiment circulaire en briques, de 100 à 180 pieds de diamètre, et qui paraîtrait avoir été affecté à des représentations musicales et autres, à l’époque de la domination romaine ; mais cette destination n’est guère mieux prouvée. Cela ne veut pas dire, cependant, que les jeux de l’arène n’aient pas réussi à s’introduire aussi, malgré le défaut d’amphithéâtres permanents, dans d’autres villes de la Grèce, comme Athènes, Mégare (C. I. G., 4058), Platée (Apulée, Métamorphoses, IV, 72 ; etc.). Apulée (ibid., X, 223) fait voyager un donateur de fêtes corinthien, du nom de Thiasus, en Thessalie, pour s’y procurer de beaux animaux et de bons gladiateurs, et parle, dans le même roman (I, 5), d’un colporteur qui se rend à Larisse, capitale de cette province, pour y voir un spectacle de gladiateurs satis famigerabile.

MACÉDOINE. — A Thessalonique, les jeux de gladiateurs et les combats d’animaux, du temps de Lucien (l’Âne de Lucius, 49 à 53), se donnaient au théâtre. Les Acta S. Demetrii (Mabillon, Ann.) portent, à propos des jeux de gladiateurs donnés par Maximien : Illic enim parabatur per quasdam tabulas circulus circumseptus. Maffei (Verona illustr., IV, 67) en a conclu qu’il n’existait pas d’amphithéâtre à Thessalonique.

Pour Philippople, nous renvoyons à une épitaphe, posée par un donateur de spectacles (munerarius) à son fils et trouvée dans cette ville (Muratori, 616, 1 = Orelli, 3746).

THRACE. — L’amphithéâtre de Constantinople, d’après une ancienne description de cette ville (Panciroli, Notit. dign. utr. imp., p. 259) était situé dans le second quartier (regio secunda), près du port de Julien, d’après une phrase du Code Théodosien (XIV, 6, 5 : inter amphitheatrum et D. Juliani portum per littus maris) de l’an 419. Il en est fait mention pour la dernière fois au 12e siècle (Banduri Imp. orient., éd. de Paris, p. 26). Le bâtiment de l’espèce que Septime Sévère doit avoir fait construire à Byzance (Chronicon Paschale, I, p. 495) n’était peut-être qu’un théâtre, comme il paraît en avoir existé plusieurs en Grèce, c’est-à-dire disposé de manière à pouvoir également servir pour des combats de gladiateurs.

CRÈTE. — Maffei (Verona illustr., IV, p. 62) a cru pouvoir affirmer, d’après le rapport d’un médecin qui visita l’île de Candie en 1583, qu’il y existait jadis 7 théâtres, et 5 amphithéâtres, dont un à Gortyne et un autre à Hiérapytna. L’existence de restes de ce dernier a été récemment confirmée par G. Perrot (L’Île de Crête, dans la Revue des Deux-Mondes, 1864, p. 1004). Ce bâtiment a 60 pas de diamètre.

LESBOS. — Inscription du tombeau d’une famille de gladiateurs à Mitylène (C. I, G., II, add. 2194 b, p. 1028).

THASOS. — Inscription concernant des mirmillons et des essédaires, de la troupe de gladiateurs d’une certaine Hécatée (ibid., 2164). Il est probable que des îles, comme par exemple aussi celle de Cos (ibid., 2511), étaient souvent assignées pour demeure à de pareilles troupes, d’où il ne s’ensuit pas cependant que l’on y donnât aussi des jeux.

2. — Asie Mineure.

Dans les parties asiatiques de l’empire aussi, il y a lieu de mentionner comme les spectacles principaux ceux qui étaient donnés, dans chaque province, par des associations. formées dans ce but sous la présidence et aux frais des dignitaires sacerdotaux. Les jeux de gladiateurs n’y manquaient pas, dans lés premiers siècles de la période impériale. Un rescrit de l’empereur Alexandre Sévère (Cod. Justinien, X, 61) et la relation du martyre de saint Polycarpe, en 166, dans Eusèbe (Hist. ecclés., IV, 45, p. 135, 27, éd. Schwegler), ainsi que Ruinart (Acta martyr., p. 42), témoignent positivement de jeux de l’espèce, donnés par les grands prêtres des provinces. En outre, beaucoup d’inscriptions (C. I. G., 2511, 3213, 3677 ; II, 2194 b, 2759 b) mentionnent des familles de gladiateurs appartenant à des prêtres de ce rang. Galien raconte qu’après avoir terminé ses études en médecine à Alexandrie, il fut nommé, par le grand prêtre de Pergame, médecin de ses gladiateurs, et que le succès avec lequel il avait pratiqué un traitement nouveau, dans cet office, le recommanda derechef, pour celui-ci, au choix des successeurs de son premier patron (De compos. medicam. per genera, lib. III, c. II ; éd. Kuhn, v. XIII, p. 599 ; éd. de Bâle, II, p. 350. — Voir aussi éd. Kuhn, XIII, 564 et XVIII b, 564). Ces spectacles avaient lieu en été. La dernière mention que l’on en ait est de l’an 465, c’est-à-dire bien postérieure à la suppression des jeux de la gladiature (Cod. Justinien, de officio comitum orientis, soit Code I, titre XXXVI).

Les écoles de gladiateurs (ludi) se trouvaient, probablement, établies surtout dans les villes où se célébraient les fêtes provinciales. On sait, en effet, que les villes de Smyrne, de Philadelphie, de Cyzique et de Pergame, toutes chefs-lieux de la catégorie indiquée, en possédaient.

Mais l’élection pouvait aussi porter le choix, pour les dignités sacerdotales, sur des citoyens des autres villes affiliées à l’association chargée d’organiser les fêtes, et ceux-ci étaient naturellement maîtres de garder et de faire exercer à volonté leurs gladiateurs, soit à leur propre domicile, soit en tout autre lieu qui leur paraissait convenir pour cela. Nous avons déjà parlé plus haut des gladiateurs impériaux dans les provinces à dans l’île de Chypre. Ainsi les monuments qui se rapportent à des gladiateurs indiquent tout au plus qu’il y avait une école de gladiateurs au lieu où ils ont été trouvés, nais cela seul ne nous autorise pas à en conclure qu’il s’y donnait aussi des jeux de gladiature. Maintenant laissons là les jeux pour ne plus nous occuper que des écoles et des amphithéâtres dont il reste trace dans les contrées d’Asie, que nous allons parcourir successivement.

CARIE. — Inscription provenant d’une sépulture commune de la famille de gladiateurs et de chasseurs d’un Asiarque (d’Halicarnasse peut-être) et de sa femme, dans l’île de Cos (C. I. G., 2511). — Pour d’autres inscriptions semblables, il faut voir en outre C. I., 3942 et Mommsen, I. R. N., 736 = Orelli, 2569.

Halicarnasse. — Inscription d’un rétiaire (C. I., 2663), à propos de ses offrandes à la déesse de la vengeance, Némésis.

Stratonicée. — Inscription d’un nommé T. Flavius (C. I., 2799), du temps des Antonins, d’après Bœckh.

Milet. — Inscription d’un prophète du temple des Branchides (C. I., 2880) et autres, relatives à un combat d’animaux (ibid., 3122) et à plusieurs gladiateurs, qui paraissent avoir appartenu en commun à deux maîtres (2889). — Aphrodisias. — Inscription (C. I., II, add., p. 1109, n° 2759 b).

Dans cette province, Nysa possédait même un amphithéâtre, que Strabon a décrit (XIV, p. 639).

LYDIE. — Inscriptions concernant des gladiateurs et des bestiaires à Smyrne (C. I., 3123, 3275, 3291, 3368, 3374 et 3392), à Cyzique (ibid., 3677, monument de la famille de gladiateurs d’un Asiarque, Aurelius Gratus, et de sa femme, également grande prêtresse ; Rev. arch., 1846, 2, etc.) et à Philadelphie (C. I., 3422, aussi, comme il paraît, seulement du temps des derniers Antonins). Le martyre de saint Polycarpe eut lieu, d’après la relation qu’on en trouve dans Eusèbe, au stade de Smyrne.

Cyzique et Pergame sont, d’après Perrot (Rev. des Deux-Mondes, 1864, p. 1004), les seules villes de l’Asie Mineure qui présentent des ruines d’amphithéâtres.

MYSIE. — Nous venons de mentionner l’amphithéâtre de Pergame. — Voir de plus des passages de Galien, cités plus haut, et Aristide, Orat., XXV, p. 324, éd. Jebb.

PHRYGIE. — Voir, au sujet de Laodicée sur le Lycus, Cicéron, ad Atticum, VI, 3, 9, et C. I., 3935 (inscription de l’an 79 de notre ère), 3936 et 3982 ; puis ibid. (vol. III, add., 3847 b) une inscription d’origine incertaine, que l’on attribue à la ville de Nacolée ; une autre enfin (C. I., 3905) doit avoir été trouvée à Hiérapolis inter rudera amphitheatri.

BITHYNIE. — Pline le Jeune, dans une de ses lettres (X, 43), parle à Trajan des criminels condamnés à servir de divertissement au peuple (in ludum damnati), à Nicomédie et à Nicée. A cette dernière ville se rapporte aussi l’inscription du C. I., n° 3674, concernant le monument d’un rétiaire, ainsi que probablement la suivante, n° 3675, d’un caractère analogue.

GALATIE. — Une inscription du pilier de gauche de la porte du temple d’Auguste à Ancyre (C. I., 4093) comprend un programme des spectacles quinquennaux donnés par l’association provinciale des Galates, sous les auspices des Galatarques, en l’honneur de cet empereur.

La première de ces fêtes paraît avoir été célébrée, d’après Franz, en l’an 10 de notre ère. Indépendamment de festins publics, on y voit figurer, parmi les réjouissances, des combats de gymnastes et de gladiateurs, des chasses d’animaux et des combats de taureaux.

PAPHLAGONIE. — Lucien, dans Toxaris (57, etc.), fait combattre avec un gladiateur, dans la ville d’Amastris, le Scythe Sisinne, pour gagner un prix de 10.000 drachmes, argent avec lequel il se propose de venir en aide à un ami. Une tuerie d’animaux y précède le combat de gladiateurs.

PONT. — Inscription d’un Pontarque (C. I., 4157) qui fait mention de combats de taureaux, etc., à Sinope.

LYCIE. — Sur les restes d’un prétendu amphithéâtre, à Xanthus, Monum. d. Inst., IV, tav. 2 et Ann. d. Inst. arch., 1844, p. 934.

PISIDIE. — Épitaphe à Sagalassus (C. I., 4377) ; inscription, trouvée dans la ville d’Antioche de Pisidie (Henzen, 6156), et passage d’Ammien Marcellin (XIV, 2) : (Isauri) apud Iconium, Pisidiæ oppidum, in amphitheatrali spectaculo feris prædatricibus objecti sunt[153].

CILICIE. — Les martyrs Taraque, Probus et Andronique furent, dit-on, livrés en proie aux bêtes féroces à Tarsus, en 304. — Voir Acta mart., éd. Ruinart, 1731, p. 391, et, dans Philostrate, ce qu’Apollonius de Tyane (II, XIV, éd. Kayser, p. 31, 21) raconte de la ville d’Éges.

3. — Syrie, Phénicie et Palestine.

SYRIE. — Il paraît qu’il existait plusieurs amphithéâtres à Antioche, d’après Libanius (Orat. Antioch., I. p. 315, éd. Reiske), dont les écrits font souvent mention de combats de gladiateurs et d’animaux, donnés dans cette grande cité, même postérieurement à la défense des spectacles sanglants de l’arène, par Constantin, en 325. (Voir le même, De vita sua, p. 3, éd. Mor., et in Tisamenum, éd. Reiske, II, p. 417, puis Lettres, 18 et 20, ainsi que Gothofredus, ad Cod. Theodos., XII, 1, 103.) — Un amphithéâtre, que déjà César aurait fait construire, sur l’Acropole de cette ville (Malalas, p. 117, soit 91, V), doit avoir été spécialement affecté à des combats d’animaux, par Valens, et finalement détruit, par Théodose (O. Muller, Antiq. Antiochenæ, p.79).

PHÉNICIE. — A Béryte, le roi des Juifs Agrippa éleva un amphithéâtre, dans lequel il fit combattre, l’une contre l’autre, deux troupes de 700 criminels chacune (Josèphe, Ant. Jud., XIX, 7, 5). Plus tard, Titus fit périr, dans un combat de gladiateurs de cette même ville, un grand nombre de prisonniers juifs (le même, Bell. Jud., VII, 3, 1). Maffei (Degli anf., p. 85) suppose que l’amphithéâtre d’Agrippa n’était qu’en bois. Il est à remarquer, cependant, que la défense précitée de Constantin est précisément datée de Béryte (voir Gothofredus, ad Cod. Theodos. XV, 12, 1).

PALESTINE. — Hérode fit construire à Césarée un amphithéâtre, dans lequel il procéda à la première célébration des fêtes du concours (Agon) périodique, institué par lui, en l’honneur d’Auguste, l’an 8 av. J.-C. — Voir à ce sujet Josèphe, Ant. Jud., XV, 9, 6, et Bell. Jud., I, 21, 8 ; Eusèbe, De martyr. Palæst., IV, 13, et Acta mart., éd. Ruinart, p. 283. — D’après Maffei, cet amphithéâtre et un autre, dont il est fait mention à Jérusalem (Josèphe, Ant. Jud., XV, 8, 1), pourraient bien aussi n’avoir été qu’en bois. Une inscription (C. I., 4614) mentionne un troisième amphithéâtre en Palestine, à Canatha, et les fondations d’un quatrième, de forme elliptique, ont été retrouvées par le comte Bertou (Bull. d. I., 1837, p. 166), hors des murs de la ville de Gérasa.

4. — Égypte et Cyrénaïque.

L’amphithéâtre d’Alexandrie doit avoir été bâti immédiatement après l’occupation de l’Égypte par les Romains, en l’an de Rome 724, puisque déjà Strabon (XVII, p. 795), qui visita cette contrée en 730, le mentionne. Il y avait aussi, déjà sous Auguste, une école impériale de gladiateurs dans cette ville. On ne saurait affirmer pourtant que l’amphithéâtre, près duquel se fabriquait le papier dit papyrus amphitheatrica, ainsi nommé, d’après Pline l’Ancien (H. N., XII 1, 75 et 78), a confecturæ loto ait été précisément celui d’Alexandrie, la ville n’étant pas désignée. — Voir encore sur ce dernier, Josèphe, Bell. Jud., II, 18, 7.

Beechey (Proceedings of the expedition to explore the N. Coast of Africa from Tripoli eastivard in the years 1821 and 1822, 1828, p. 381 et 529) décrit les amphithéâtres de Ptolémaïs et de Cyrène. Tous les deux paraissent avoir été des bâtiments circulaires, en partie creusés dans le roc et accessibles par le haut, les sièges des spectateurs devant se trouver sur les pentes des hauteurs formant enceinte. Le diamètre de l’arène et de l’espace occupé par les gradins est d’environ 250 pieds anglais, pour le premier ; celui de l’arène seulement de plus de 160 pieds, pour le second. Il n’y a pas trace de souterrains. Sur les chasses et les gladiateurs figurés dans la nécropole de Cyrène, voyez C. Pacho, Voyage dans la Marmarique, pl. 52 et 53 ; de même, sur un amphithéâtre à Bérénice, C. I. G., 5362.

Dimensions de 44 amphithéâtres, exprimées en mètres

Désignation latine des lieux

Diamètre de tout le bâtiment

Diamètre de l'arène seulement

Grand axe

Petit axe

Grand axe

Petit axe

Alba Fucentina

93.00

35.00

79.00

21.00

Arelas *

136.47

107.20

69.50

39.35

Ariminum

120.00

91.00

76.40

47.40

Augusta Præt. Sagalass

86.14

73.86

Augusta Trevirorum

env. 72.50

48.60

Burdigala

73.45

53.95

Cæsarodunum

135.00

120.00

68.00

30.00

Capua *

169.89

139.60

70.12

45.83

Caralis

47.00

30.00

Carthago

79.20

Catana

70.70

49.50

Corinthus *

88.40

57.90

Cyrene

+ de 48.80

48.80

Emerita

75.40

52.60

Ercavica

58.60

48.70

Falerii

178.80

106.20

Florentia

100.96

Grumentum

62.60

60.00

Italica

156.50

134.00

Julia Cæsarea

168.00

88.00

140.00

60.00

Lambæse

104.00

Leuci

58.50

19.50

Luna

63.00

37.00

Mediolanum Santorum

env. 129.50

105.30

78.00

45.60

Nemausus *

132.18

101.38

69.14

38.54

Ocriculum

env. 75.00

de 51 à 54

Pæstum

56.90

34.40

Pola *

137.80

112.60

70.00

44.80

Pompeji *

135.65

104.05

66.65

35.05

Ptolemaïs

76.20

76.20

Puteoli *

190.95

144.87

111.93

65.85

Rastiatum

65.00

48.75

Roma Flavianum *

187.77

155.64

85.76

53.62

Roma Castrense[154]

52.00

40.00

38.00

25.00

Sutrium

50.00

40.00

Syracusæ

70.90

40.00

Tarraco *

148.12

118.89

84.45

55.22

Theveste

de 45 à 50

de 45 à 50

Thysdrus *

139.35

119.53

77.31

57.32

Tolosa

48.75

26.00

Tusculum

70.00

52.00

48.00

29.00

Utica

41.00

Venusia

env. 58.00

Verona *

154.18

122.89

75.68

44.39

On s’est attaché, dans ce tableau, aux évaluations les mieux accréditées. Mais, quelle que soit l’exactitude apparente des données, il existe, dans les mesures indiquées pour certains amphithéâtres, des variantes entre lesquelles il n’est pas facile de se prononcer. On en jugera par le fait que le diamètre de l’amphithéâtre de Thysdrus par exemple, y compris le corps du bâtiment, est évalué par Pélissier à 937 mètres 65 en longueur et à 195 mètres 90 en largeur ; par Coste, au contraire, à 150 et à 930 pour les deux axes respectifs, mesures toutes différentes de celles de Pelet, que nous avons adoptées pour cette ruine et plusieurs autres, toutes également marquées d’un astérisque. Ajoutons, suivant l’observation de cet auteur, que, si l’amphithéâtre de Pouzzoles est plus grand que le Colisée, celui-ci n’en devait pas moins contenir un plus grand nombre de spectateurs, en raison de l’épaisseur des constructions occupées par les gradins et de la plus grande élévation du second de ces édifices.

 

N° 4. — De l’emploi fréquent de certains noms d’acteurs, d’autres artistes, etc.

Comme nous l’avons déjà vu, un des noms les plus célèbres à Rome, dans la pantomime, a été celui de Pâris. Les noms de Pylade et de Bathylle furent donnés, de même, à beaucoup de successeurs de ces pantomimes, par des maîtres ou des patrons, des amis ou des partisans-, qui entendaient par là les encourager ou les honorer[155]. Quelquefois aussi ces noms furent, comme il paraît, adoptés spontanément par des artistes, qui, sentant leur supériorité dans l’un des deux genres créés par leurs devanciers, voulaient s’en faire honneur à eux-mêmes ou à leurs maîtres et modèles.

Le premier des artistes qui portèrent, à notre connaissance, le nom de Paris, vécut à la cour de Néron et mourut supplicié en l’an 67. Le deuxième, qui fleurit sous Domitien, est celui que Juvénal mentionne dans sa sixième satire (vers 87), auquel Stace vendit son Agavé, et dont Martial (XI, 13) composa l’épitaphe. Le troisième devint un des favoris de Lucius Verus[156] ; un quatrième nous est connu par une médaille[157], et Libanius[158] en nomme un cinquième à Antioche.

Le deuxième Pylade fut un favori, probablement même un esclave de Trajan[159] ; affranchi ensuite par Adrien, il devint le maître du troisième Pylade[160]. Tous les deux sont mentionnés par Fronton. Le troisième du nom, affranchi de Marc-Aurèle et de L. Verus[161], excellait comme danseur tragique, surtout dans le rôle d’Ion et dans les Troyennes. Galien[162] le cite, à côté de Morphus et d’un autre (Apolaustus probablement), comme un des artistes du genre les plus renommés de son temps. Peut-être était-il le même que celui avec lequel, suivant Dion Cassius (LXXIII, 13), Didius Julien joua aux dés après le meurtre de Pertinax ; mais il se pourrait aussi que ce fait se rapportât à un quatrième Pylade.

Après le premier Bathylle[163], nous n’en connaissons qu’un second, mentionné par Juvénal (VI, 63) comme danseur dans le rôle de Léda. Il doit par conséquent avoir vécu sous Domitien. Cependant, malgré la conformité de talent que semble indiquer ce rôle commun aux deux artistes, il est possible que les acteurs, en s’attribuant un nom célèbre, ne l’aient pas toujours choisi parmi ceux de la spécialité même dans laquelle ils baillaient personnellement.

Le nom de Memphis ou Memphius, paraît avoir été aussi celui de plusieurs illustres pantomimes. Ce nom fut adopté par Agrippus, le même peut-être que mentionne Athénée (I, 20 c), et auquel L. Verus le fit ensuite échanger contre celui d’Apolaustus[164], qu’il mit en relief, comme pantomime, à la cour de son auguste patron[165]. Ce second Apolaustus fut probablement celui qui périt sous Commode[166]. Le premier danseur connu du nom était un affranchi de Trajan[167]. Le nom de Théocrite, mentionné par une inscription[168], revient aussi comme celui d’un danseur, favori de Caracalla[169]. Entre autres noms propres, affectionnés par des acteurs et des artistes lyriques, rappelons encore celui de Favor, porté par l’archimime que mentionne Suétone[170], celui de Latinus et celui d’Urbicus[171]. Le nom de l’acteur Panniculus, affranchi d’Apolaustus[172], est peut-être emprunté d’un mime plus connu, du temps de Domitien, et duquel a parlé Martial[173]. Athénée[174] fait mention d’un harpiste chanteur (citharœdus), Antébée, qu’un autre artiste plus célèbre du même nom avait également devancé. Ce n’est pas non plus, sans doute, le fait du hasard que Glaphyrus, autre harpiste chanteur célèbre du temps de Domitien[175], porte le même nom qu’un joueur de flûte comparé à Orphée, par Antipater de Thessalonique[176], et peut-être identique avec celui dont parle une inscription du recueil d’Orelli (2633). Il y avait eu, jadis, deux célèbres joueurs de flûte thébains, du nom d’Antigénidas ; or, des inscriptions publiées par Minervini mentionnent encore deux autres virtuoses homonymes qui jouaient du même instrument : un certain P. Elius Antigénidas[177] et Marc-Aurèle Septime Nemesianus Antigénide[178], qui est postérieur.

Il est inutile de revenir sur ce que nous avons déjà dit de l’homonymie de beaucoup de cochers et de gladiateurs célèbres, en parlant des représentations du cirque et de l’amphithéâtre. Bornons-nous à faire remarquer des analogies semblables dans l’emprunt de noms illustres de peintres et de sculpteurs, tels que ceux de Phidias[179] et de Praxitèle, par des artistes appliqués aux mêmes directions. De même un autre Léocharès fit la statue d’un certain Marc-Antoine, fils d’Anaxion, à Athènes ; un Céphisodore, celle d’un P. Cornelius Scipion[180], du consul de l’an de Rome 737 peut-être ; et le décurion et duumvir Q. Lollius Alcamène, représenté avec un buste à la main, sur un bas-relief[181], doit avoir été lui-même, sinon artiste, pour le moins un grand amateur.

Pour en terminer avec cet usage de l’antiquité romaine, nous dirons encore que le nom d’Asclépiade n’était pas moins bien porté chez les médecins du temps, qui ne conservaient quelquefois, en le prenant, aucun de leurs autres noms[182] ; Harless[183] énumère treize, Fabricius[184] huit médecins du nom d’Asclépiade. On connaît aussi deux Antigène médecins, le second contemporain de Galien. Apulée[185], enfin, parle d’un esclave nommé Thémison, assez fort en médecine ; or c’est là encore le nom d’un célèbre médecin d’autrefois, qui revient dans les temps postérieurs[186].

 

N° 5. — Concours et prix de l’Agon Capitolinus.

Indépendamment des prix de gymnastique et d’hippodrome, l’Agon Capitolinus en avait de plus relevés, pour l’éloquence et la poésie grecques et latines, pour les représentations et déclamations scéniques, ainsi que pour toutes les principales branches de l’art musical des anciens, telles que le chant, la flûte et la cithare, l’instrument des trois espèces de musiciens appelés psilocitharistae, chorocitharistae et citharoedi, selon qu’ils avaient pour spécialité le solo, ou le concerto, ou chantaient aussi en s’accompagnant de la guitare. Plusieurs de ces concours, notamment ceux d’éloquence, de cithare sans accompagnement de chant et de cithare chorale, ainsi que les courses de jeunes filles, étaient tombés en désuétude, à l’époque où Suétone écrivit ses biographies des Césars, vers l’an 420 de notre ère[187]. Les autres se maintinrent plus longtemps. Voici ce que les auteurs et les inscriptions du temps nous apprennent sur ces concours, avec les noms et les exploits de quelques-uns des vainqueurs :

Éloquence latine. — La louange de Jupiter Capitolin y était le thème constant (Quintilien, III, 7, 4). Palfurius Sura eut une fois l’honneur d’y remporter le prix. (Suétone, Domitien, chap. XIII.)

Poésie grecque. — C’est dans l’intention de concourir pour ce prix que le poète Diodore voulait faire le voyage d’Alexandrie à Rome (Martial, IX, 40) en 94 après J. C.

Poésie latine. — Le poète Collinus, chanté par Martial (IV, 54), paraît y avoir remporté le prix, en l’an 86. C’est probablement en 90 que Stace échoua dans ce concours (Morcelli, De agone capit., p. 16). Les arguments tirés de l’ecloga ad uxorem de ce poète par Imhof, pour l’année 94, ne sont pas concluants. Le rhéteur P. Annius Florus eut aussi le malheur d’échouer dans un des trois premiers concours de poésie latine. Il assure que l’auditoire était unanime pour que la couronne lui fût décernée, mais que sa qualité d’Africain l’empêcha de l’obtenir (fragm. dans Jahn, éd. J. Flori, p. XLI), invito quidem Cæsare et resistente, non quod sibi puero invideret sed ne Africa coronam magni Jovis attingeret. Peut-être la pièce de vers avec laquelle il concourut était-elle son poème sur le triomphe de Dacie, le triomphe de Domitien sans doute, plutôt que celui de Trajan ; elle parait ainsi avoir été composée en 94, ou même dès 50, à la veille du triomphe. En 110, le prix de poésie latine fut décerné, à l’unanimité, au jeune L. Valérius Pudent d’Histonium, seulement âgé de treize ans. — Voir Mommsen, I. R. N., 5252.

Chant. — Inscription d’un certain Aurelius Charmus, de Philadelphie, dans le C. I. G., 3.425.

Citharédique. — C’est au sujet de cette couronne que Juvénal (VI, 387) a dit :

. . . . . . Janum Vestamque rogabat,

An capitolinam deberet Pollio quercum

Sperare et fidibus promittere.

Voyez, sur Pollion, le poète Martial, IV, 61, 9.

Flûte. — Monument d’un pythaule (soliste de flûte) de Nicomédie, honoré de ce prix (C. I. G. 1720).

Jeu et déclamation scéniques. — Inscription du temps de 198 à 210 dans le C. I. G. IV, 6829. — Artémidore, Onirocr. IV, 33. — Il est possible que, dans les inscriptions de pantomimes, certaines expressions qui reviennent fréquemment, comme par exemple coronatus contra omnes scenicos, hieronica coronatus, in urbe coronato (Orelli, 2627), se rapportent au concours capitolin.

EXERCICES GYMNIQUES. — Ils comprenaient tous les exercices de gymnastique d’usage en Grèce, pour les adolescents comme pour les adultes, dans les jeux sacrés, savoir :

Course à pied de longue haleine. — Inscription de T. Flavius Metrobius de Jasos, vainqueur en 86 après J.-C. (C. I. G. 2682).

Pugilat. — Inscription d’un pugiliste d’Apamée (ibid. 237).

Lutte. — Victoire de l’athlète Aurelius Elix, tant à Rome qu’à Olympie, en 218 après J.-C., rapportée par Dion Cassius (LXXIX,10).

Pancration. -T. Flavius Artémidore d’Adana, vainqueur en 86 (C. I. G., 5806) ; T. Flavius Archibius d’Alexandrie, dans les années 94, 98, 102 et 106 (ibid., 5804) ; Marc-Aurèle Corus de Cyzique, en 166 peut-être (ibid., 3674) ; Marc-Aurèle Asclépiade, très célèbre pancratiaste, comme il paraît originaire d’Hermopolis en Égypte, dans les années 178 et 182 (ibid., 5913) ; un certain Elius Aurelius dont le troisième nom manque, de la ville d’Aphrodisias (ibid., 2180 b). — Dans une autre inscription d’un vainqueur, de Mégare, qui remporta trois fois le prix (ibid., 1068), le genre du concours n’est pas indiqué. — Voyez aussi, finalement, Artémidore, Onirocr. IV, 42.

Tous les athlètes nommés dans des inscriptions sont citoyens romains ; ce qui permet de supposer que ce droit de cité était régulièrement conféré aux vainqueurs capitolins.

Courses de chars. — Orelli, 2593, inscription d’un cocher, P. Elius Gutta Calpurnien, vainqueur appartenant à la faction vénète.

 

 

 

 



[1] Suétone, Claude, chap. 34. — Juvénal, VIII, 200-206.

[2] Le même, Caligula, chap. 30. — Juvénal, II, 143 ; VIII, 207 :

Credamus tunicæ, de faucibus aurea cum se

Porrigat et longo jactetur spira galero.

La spira, d’après Garrucci, était probablement un cordon passé en bandoulière autour du corps, de l’épaule gauche au flanc droit.

[3] Galerus est humero impositus gladiatoris, dit positivement le Scoliaste de Juvénal, VIII, 208 (éd. Jahn).

[4] Diodore, XVII, 43.

[5] Pétrone, Satiricon, chap. 36 : Processit statim scissor et ad symphoniam ita gesticulatus laceravit obsonium ut putares essedarium hydraule captante pugnace (L'écuyer tranchant avance à l'ordre, et, en gestes cadencés, il divise les viandes au son de la musique : on eût dit le cocher parcourant l'arène au son de l'orgue hydraulique).

[6] Mommsen, Inscr. Neap., 2812.

[7] Oriq., XVIII, 56 : Quorum pugna erat fugientes in ludo homines injecto laqueo impeditos prosternere, amictos umbone pelliceo.

[8] Cicéron, à Atticus ; VII, 14, 2. — Dion Cassius, LXXII, 19. — Scoliaste de Juvénal, VI, 108.

[9] XVI, 12, 49 : Seque in modum Myrmillonum opperiens ; XXIII, 6, 83, Pedites in speciem Myrmillonum contecti.

[10] Suétone, Domitien, chap. 10.

[11] Winckelmann, M. I., 199.

[12] Juvénal, VI, 256, dit :

Balteus et manicæ et cristæ crurisque sinistri

Dimidium tegimen. . . . . . . . . . . . . . .

[13] Varron, II, 11.

[14] Pline, Hist. nat., XXXIII, 129.

[15] Valère Maxime, III, 2, 12.

[16] VIII, 201 (falx supina).

[17] Hist. nat., XVIII, 2 (dentium sicas).

[18] Pelet, Description de l’amphithéâtre de Nîmes, planche. III, f. 1.

[19] Suétone, Caligula, chap. 35 : Erat Esius Proculus patre primipilari ob egregiam corporis amplitudinem et speciem Colosseros dictus : hunc spectaculis detractum repente et in arenam deductum Threci et mox hoplomacho comparavit (Aesius Proculus, fils d'un primipilaire, était, pour sa figure et sa taille remarquable, surnommé l'Amour colosse. Sur l'ordre de l'empereur, il fut tout à coup enlevé des jeux publics, et entraîné dans l'arène où il eut à combattre d'abord un gladiateur thrace, puis un adversaire armé de toutes pièces).

[20] VIII, 74 : (Oculiste naguère, te voilà gladiateur : tu fais, étant gladiateur, ce que tu fis oculiste).

[21] Isidore de Séville, Orig., XVIII, 57 : Velitum pugna erat ut ultro citroque tela objectarent. — Pline, Hist. nat., XXVIII, 34 : Hasta velitaris evulsa corpore hominis.

[22] Onirocr., II, 32.

[23] Adv. Jovin., I, 37 ; adv. Helvid., 3, p. 3 A ; contra Rufin, 3, p. 101 A.

[24] Henzen, 6176.

[25] Pro Sext., 59, 126 (Equi gladiaterum). — Voir aussi Isidore, Orig., XVIII, 53 : Genera gladiatorum plura, quorum primus ludus equestrium. Duo enim equites, præcedentibus prius signis militaribus, unus a parte orientis, alter ab occidentis, procedebant in equis albis cum aureis galeis, minoribus et habilioribus armis, sicque atroci perseverantia pro virtute sua inibant pugnam, etc.

[26] Cicéron, ad fam., VII, 10.

[27] En ces termes : Mobilitatem equitum, stabilitatem peditum in prœliis præstant, ac tantum usu quotidiano et exercitio efficiunt ut in declivi ac præcipiti loto incitatos equos sustinere et brevi moderari ac flectere, et per temonem percurrere et in juge insistere et inde se in currus citissime recipere consueverint (C'est ainsi qu'ils réunissent dans les combats l'agilité du cavalier à la fermeté du fantassin; et tel est l'effet de l'habitude et de leurs exercices journaliers, que, dans les pentes les plus rapides, ils savent arrêter leurs chevaux au galop, les modérer et les détourner aussitôt, courir sur le timon, se tenir ferme sur le joug, et delà s'élancer précipitamment dans leurs chars). (De Bello gallico, IV, 33.)

[28] Ainsi l’admet avec raison Lipsius (Saturn., II, 12), d’après un passage de Suétone (Caligula, chap. 35). — Voir aussi Tacite, Agricola, 12.

[29] Satiricon, chap. 45.

[30] Annales, XIV, 3 : Bouduica, curru filias præ se vehens... solitum quidem Britannis feminarum ductu bellare testabatur (Boadicée, montée sur un char, ayant devant elle ses deux filles... tout accoutumés qu'étaient les Bretons à marcher à l'ennemi conduits par leurs reines).

[31] V, 24, 11 :

Hermès est beau, armé de sa lance terrible ;

Hermès, avec le trident de Neptune, semble menacer les flots ;

Hermès est redoutable, lors même que son casque est négligemment attaché.

[32] Le travail le plus complet et le plus instructif que l’on puisse mentionner à ce sujet, en France, est celui de Mongez, sur les animaux promenés ou tués dans les cirques [Mémoires de l’Institut, t. X (1833), p. 360-460].

[33] [La Basilicate, dans le royaume de Naples.]

[34] Sénèque, De brev. vit., 13, 3.

[35] 120, 140 ou 142.

[36] Pline, H. N., VIII, 16, etc. ; Sénèque, De brev. vit., 13, 8.

[37] Ursini, Fam. rom., p. 37.

[38] Pline, H. N., 8, 4.

[39] Sénèque, et Pline, l. c. — Dion Cassius, XXXIX, 38. — Cicéron, Ad fam., 7, 1.

[40] Dion Cassius, LXVI, 25.

[41] Ibid., LXXII, 10. — Le même auteur mentionne quelques antres exemples de combats d’éléphants : ibid., LV, 27 (contre un rhinocéros, en l’an 5 de notre ère), LXXVI, 1 (en 202), LXXVII, 6 (en 212), LXXIX, 9 (en 218) ; Martial (Livre des spectacles, 17) aussi, le combat d’un éléphant avec un taureau.

[42] Eckhel, D. N., VII, 19.

[43] Tite-Live, XXXIX, 22.

[44] Pline, H. N., VIII, 53. — Sénèque, De brev. vit., 13, 6.

[45] Nombre de passages de Dion Cassius, Eutrope et Eusèbe, Hérodien, Ammien Marcellin, ainsi que Plutarque (Vie de Pompée, chap. 52), Pline l’Ancien et déjà Tite-Live, en témoignent.

[46] Voir, dans l’Hist. Auguste, la biographie de ce prince, chap. 10.

[47] Monument d’Ancyre.

[48] Voir sa biographie, chap. 33 : Belbi, id est hyænæ decem.

[49] Plaute, Persa, II, 2, 17 :

Vola curriculo. . . . . . . . . .

Istuc marinus passer per circum solet.

[50] Hérodien, I, 15, 5. — Voir aussi Dion Cassius, LXXII, 20.

[51] Vie de Gordien I, chap. 3.

[52] Dion Cassius, LXVI, 25.

[53] Varron, R. R., III, 9, 7 : Gallinæ rusticæ.... in ornatibus publicis poni solent cum psittacis ac merulis albis, item aliis id genus rebus inusitatis.

[54] Varron, VI, éd. de Deux-Ponts, p. 89. — Livre des spectacles de Martial, 8. — Galien, De aliment. facultalibus, 3, 2 ; éd. Kuhn, VI, 666.

[55] Symmaque, Lettres, X, 13, 15 et 20.

[56] Pline, H. N., VIII, 131 ; Martial, I, 104, 5 ; Juvénal, IV, 99 ; Dion Cassius, LIII, 27, etc.

[57] Tite-Live, XLIV, 18 ; Dion Cassius, LIII, 27, LIX, 7, LXI, 9, et LXII, 18 ; Vie de Gordien I, chap. 3 ; et Vie de Probus, chap. 19.

[58] Livre des spectacles, 17.

[59] Varron, R. R., III, 5, 3.

[60] Dion Cassius, LXXVI, 1.

[61] Animalia herbatica (Vie de Probus, chap. 19).

[62] Imbelles capreæ sollicitusque lepus. Ovide, Fastes, V, 371.

[63] Le même, Métamorphoses, XI, 25.

. . . . . . .Structoque utrinque theatro

Ut matutina cervus periturus arena.

Hist. Auguste, Gordien III, c. 3 : Cervi palmati ducentimixtis Britannis.

[64] Plaute, Persa, III, 3, 30.

. . . . . . . . . . . . . . .Citius extemplo a foro

Pugiunt quam ex porta ludis quum emissus’t lepus.

Varron (R. R., III, 13) a décrit le parc de gibier de la villa de Q. Hortensius à Laurente, où, sur un signal donné avec le cor, tanta circumfluxit nos cervorum, aprorum et cœterorum quadrupedum multitudo, ut non minus formosum mihi visum sit spectaculum quam in circo maximo ædilium, sine Africanis bestiis cum fiunt venationes.

[65] Pline le Jeune, Lettres, VI, 34.

[66] I. R. N., 4768 (Allifæ) ; 5789 (Amiternum).

[67] Ibid., 2569.

[68] Bull. Nap., IV, tav. 1.

[69] Mommsen, Numismatique romaine, p. 627, n. 468.

[70] Pline, H. N., VIII, 96 ; Ammien Marcellin, XXII, 15, 24.

[71] Dion Cassius, LI, 23.

[72] Vie de cet empereur, chap. 10.

[73] Dion Cassius, LXXII, 10.

[74] Vie d’Héliogabale, chap. 28.

[75] Vie de Gordien III, chap. 33.

[76] Pline l’Ancien, l. c.

[77] Dion Cassius, LV, 10.

[78] XVII, I, 44, p. 815 C.

[79] Voir sa biographie, chap. 10.

[80] Voir sa biographie, chap. 28.

[81] Symmaque, Lettres, VI, 43 ; IX, 132.

[82] Pline, H. N., VIII, 71.

[83] Voir Sat., 3, 21, où il dit : Dente adverso eminulo hic est, rhinoceros velut Æthiops.

[84] Dion Cassius, LI, 23.

[85] Suétone, Auguste, chap. 43.

[86] Dion Cassius, LV, 27.

[87] Page 775, au commencement.

[88] Livre des spectacles, 22.

[89] Eckhel, VI, 393.

[90] Dion Cassius, LXXII, 10.

[91] Ibid., LXXVII, 6.

[92] Vie d’Héliogabale, chap. 28.

[93] Vie de Gordien III, chap. 23.

[94] Dion Cassius, XLIII, 23.

[95] Hist. nat., VIII, 69.

[96] V, 20 : Alexandrea camelopardalis nuper adducta.

[97] Épîtres, II, 1, 194.

[98] Voir Brandt, qui a traité la question de savoir si le nabus de Pline est identique avec sa camelopardalis, dans le Bull. de l’Acad. imp. de Saint-Pétersbourg, 1860, tom. I, page 353. — Le nom arabe de la girafe est serrafa, en grec moderne ζόραφις, et dans Albert le Grand seraph. Voir Mongez, pages 413 et 418, dont la notice historique sur cet animal est la plus complète, et Jahn, Columbarium de la Villa Pamfili, p. 45, etc.

[99] Pausanias, IX, 21, 3.

[100] Geoponica, XVI, 22.

[101] Vie de Gordien III, chap. 33.

[102] Vie d’Aurélien, chap. 33.

[103] H. N., VIII, 69.

[104] Aristote, Hist. anim., II, 8, etc.

[105] Pline, H. N., VIII, 70 et 84.

[106] Thevet, Cosmographie du Levant.

[107] H. N., VIII, 65.

[108] Livre des spectacles, 18.

[109] Martial, VIII, 26, et De temp. libr. Martialis, p. 11. — Vie d’Antonin le Pieux, chap. 10.

[110] Gordien III, chap. 33.

[111] Aurélien, chap. 33.

[112] Livre des spectacles, 23, 5.

[113] Dion Cassius, LXXVI, et Calpurnius, Ecl., III, 61, etc.

[114] IX, 21, 3, et X, 13, 2.

[115] Martial, XIII, 94. — Gordien III, 3, et Probus, 19, où il est question ici de 2000, là de 200 dammæ.

[116] Martial, XIII, 95.

[117] Pline, H. N., X, 201 ; XI, 255.

[118] Voir Martial, XIII, 100, et déjà Cicéron, ad Atticum, VI, 1, 25.

[119] Hist. ecclésiastique, III, 11.

[120] Dion Cassius, LXXVII, 6.

[121] Dion Cassius, LXXVI, 1 ; Gordien III, chap. 3 (30) ; Gordianus III, chap. 23 (XX, onagri, L, equi feri).

[122] D’après les médailles (Eckhel, D. N., VII, 19).

[123] Vie de cet empereur, chap. 10.

[124] VIII, 17, 3, et IX, 21, 3.

[125] Gordiani tres, chap. 2 ; Gordianus III, chap. 23 ; Aurelianus, chap. 23.

[126] Calpurnius, Ecl., VII, 58 : Raram silvis etiam quibus editur alcen.

[127] R. R., VII, 2, 4 : Nam cum in municipium Gaditanum ex vici no Africæ miri coloris silvestres feri arietes sicut alias bestiæ munerariis adportarentur, etc.

[128] VII, 214 (caprarum genus). — Vie de Probus, chap. 19 : Ibices et oves feræ.

[129] Lettres, IX, 125.

[130] Ibid., II, 77.

[131] IV, 5, 2, p. 199. — Grat. Faliscus, Cyneg., 174 ; Nemesianus, Cyneg., 124.

[132] Eclog., III, 57, etc.

[133] Vermiglioli, Iscriz. Perugine, p. 254-259.

[134] Anonyme de Valois. (Ammien Marcellin, éd. Wagner-Erfurdt, p. 623, 71).

[135] Degli anfiteatri, 2e éd., p. 90.

[136] Dù Cange, s. v. : Meminit... Chronicon Episcoporum Petracoricensium Arenarum Petracoricensium sub anno 1157 : sub hoc Boso, comes Petracoricensis super locum Arenarum Petracoricensium excelsam turrem exædificavit. — In Consuetud. Bituric., tit. II, art. 20, fit mention de la fosse des Arènes de Bourges. Unde conficitur amphitheatrum ibi olim exstitisse. Arenas Remenses commemorat Marlotus in metropoli Remensi, lib. I, cap. V ; Parisienses ante S. Victorem charta anni 1284, in Hist. academiæ Parisiensis, t. III, p. 238.

[137] Caylus, Recueil des Antiq., II, p. 376. — L’emplacement est marqué sur la planche CVIII de son plan de Paris.

[138] Antich. d’Aquileja, p. 254.

[139] Sull’ origine e sulla costruzione dell’ anfit. di Catania.

[140] Promis, Memorie della città di Luni, p. 225.

[141] Capua verere.

[142] Cotugno, Memorie storiche di Venafro, p. 264, etc.

[143] Voir Maria Manni, Notizie istoriche intorno al Parlagio ovvero anfiteatro di Firenze, Bologna, 1746. — Villani, Storie I, chap. 23. — Guazzesi, Supplemento alla dissertazione intorno agli anfiteatri degli antichi Toscani.

[144] Antiquité expliquée, t. III, p. 258.

[145] Antiquités de la France, 1804, p. 90 à 96.

[146] Iscrizioni esistenti sui sedili di teatri ed anfiteatri antichi, p. 23. (Annali Bell’ Instit., 1856, p. 67.)

[147] Garrucci, Bull. nap., I, p. 145, etc.

[148] C. I. L., 1247. — Henzen, Ann. d. I., 1859, p. 211.

[149] Vitruve, V, 1 : In Italiæ urbibus (forum) non est eadem ratione faciendum ideo quod a majoribus consuetudo tradita est gladiatoria munera in foro dari.

[150] Strabon, XVII, p. 795 ; XIV, p. 643.

[151] [La treizième (légion) eut ordre de construire des amphithéâtres. Car Cécina préparait à Crémone, et Valens à Bologne, des spectacles de gladiateurs...]

[152] [Pendant le combat, un très bel amphithéâtre situé hors de la ville fut réduit en cendres... Le peuple, avec la malignité soupçonneuse des petites villes, s'imagina que des matières combustibles y avaient été portées secrètement par quelques habitants des colonies voisines, jaloux de ce que cet édifice était le plus vaste qu'il y eût en Italie.]

[153] [Des prisonniers isauriens (chose inouïe !), avaient été livrés aux bêtes dans l'amphithéâtre d'Iconium en Pisidie.]

[154] Canina, Edif. di Roma ant.

[155] Sénèque, Quest. nat., VII, 32, 3 : At quanta cura laboratur, ne cujus pantomimi nomen intercidat ? Stat per successores Pylades et Balbylli domus ; harum artium multi discipuli sunt multique doctores (En revanche, que de soins pour donner l'immortalité à un pantomime ! La noble race des Pylade et des Bathylle vivra au moins par ses successeurs. Pour ce genre de sciences il y a force disciples, force maîtres). — Seulement la répétition du mot nomen ou la substitution d’un synonyme du mot ars à domus ferait mieux le sens que ce dernier mot, dans le passage que nous reproduisons ici.

[156] Histriones eduxit e Syria, quarum præcipuus fuit Maximinus, quem Paridis nomine nuncupavit [Il ramena de Syrie une troupe de comédiens, dont la vedette était Maximinus, doté par lui du nom de Pâris] (Vie de Lucius Verus, chap. 8).

[157] Gruter, 332 : Athenodorus xysticus Paridi thymelico benemerenti fecit.

[158] Éd. Reiske, III, p. 362, 13.

[159] Dion Cassius, LXVIII, 10.

[160] Gruter, 331, 1 ; P. Ælius Aug. lib. Pylades pautomimus hieronica instituit ; L. Anrelius Aug. lib. Pylades hieronica discipulus consummavit.

[161] Orelli, 2629 (Aug. libertus).

[162] De progn. ad Postum., p. 457, éd. de Bâle.

[163] Voir Jahn, ad Persium, V, 123.

[164] Habuit et Agrippum histrionem, cui cognomentum erat Memphi, quem et ipsum e Syria veluti tropæum Parthicum adduxerat ; quem Apolaustum nominavit [Il avait également auprès de lui l’acteur Agrippus, surnommé Memphius, qu’il avait aussi ramené de Syrie comme un trophée de la guerre parthique et qu’il avait appelé Apolaustus]. (Vie de Lucius Verus, chap. 8) — Gruter, 313, 8 = Orelli, 2160 ; Mommsen, I. R. N., 4140 = Gruter, 1016, 1. Ces deux inscriptions, dont la seconde a été trouvée entre Fundi et Itrium, le désignent par ses deux noms de Memphius et d’Apolaustus ; deux autres (I. R. N., 652 = Muratori, 659, 3 = Gruter, 313, 8 = Orelli, 2630, de Canusia ; Orelli, 2628 = Muratori, 659, 2, d’Ameria), par le dernier seulement. — Pour un autre Memphis, qui jouait les rôles de Daphnis et de Niobé, voyez l’Anthol. gr., XI, 255, Pallad. 57.

[165] Fronton, Epist. ad L. Verum Aug., 12 — Et te si spectaveris teste revincam, Pyladem magistro suo istum tanto meliorem esse, quanto sit Apolausto similior.

[166] Vie de Commode, chap. 7 : Apolaustus aliique liberti aulici pariter interempti sunt (Apolaustus en personne fut exécuté avec d’autres affrabchis de la cour).

[167] Gruter, 331, 6 : M. Ulpius Aug. lib. Apolaustus maximus pantomimorum coronatus, etc. — Une inscription dans Orelli (2598) parle, aussi d’un M. Ulpius Apolaustianus.

[168] Orelli, 2629.

[169] Dion Cassius, LXXVII, 21.

[170] Suétone, Vespasien, chap. 19.

[171] Tous ces noms figurent sur une liste conservée dans Orelli (2625). Les deux derniers eurent pour devanciers un autre Latinus, mime encore plus fameux, favori de Domitien, et un Urbicus dont Juvénal (VI, 71) a dit :

. . . . . . . . . . Exodio risum movet Atellane

Gestibus Autonœs . . . . . . . . . . . . . . .

(... fait rire la salle avec un exode d'Atellane qui parodie le rôle d'Autonoé...)

[172] Orelli, 2160.

[173] III, 86 ; V, 62.

[174] XIV, p. 622 D.

[175] Martial, IV, 5 ; Juvénal, VI, 77.

[176] Epigr., 28 et 29, dans l’Anthologie de Jacobs, II, 102, etc.

[177] Bull. dell’ Instit., 1859, p. 73.

[178] C. I. G., 1587.

[179] D’après une inscription de l’an 159 de notre ère, dans Brunn, Histoire des artistes, I, 610, etc., ouvr. allem.

[180] Ibid., I, 555.

[181] Zoega, Bassir. ant., I, 23.

[182] Comme, par exemple, dans une inscription de l’an 147 de notre ère, du C. I. G., 4166, et une autre du même recueil, III, add. 4778.d.

[183] Medicorum veterum Asclepiades dictorum lustratio historica, Bonn, 1828, 4.

[184] Biblioth. gr., XIII, p. 89, etc.

[185] Apol., 461.

[186] Lipsius, El., I, 18 : Themisones aliquot inter primores medicos : ideo medicorum pueri amabant id nomen.

[187] Suétone, Domitien, chap. 4.