MŒURS ROMAINES

 

LIVRE VI — LES SPECTACLES.

CHAPITRE V. — Le Stade.

 

 

Les combats et les jeux helléniques d’athlètes et de musiciens se naturalisèrent le plus tard dans la capitale du monde romain[1]. Rares sous la république, ils ne commencèrent à se populariser peu à peu que sous l’empire, avec les progrès de la fusion des éléments de culture et des mœurs de Rome et de la Grèce. Nous nous occuperons surtout ici des combats d’athlètes, car on sait si peu des représentations purement musicales à Rome, qu’il vaut mieux réserver ce sujet pour un chapitre spécial sur la musique. Ce fut Marcus Fulvius Nobilior qui organisa le premier, en l’an 186 avant Jésus-Christ, des luttes d’athlètes, pour lesquelles beaucoup d’artistes étaient venus de Grèce[2]. Un siècle plus tard Sylla donna, pour la célébration de son triomphe sur Mithridate, un spectacle de combats d’athlètes, dont il attira un si grand nombre, à Rome, que l’on fut obligé de renoncer, à Olympie, aux jeux du stade, faute de concurrents, et de s’y contenter, pour cette fois, de courses à pied[3].

M. Scaurus, pendant son édilité[4], en 58 avant Jésus-Christ, Pompée, à l’inauguration du théâtre qui prit son nom, en 55[5], et C. Curion, aux jeux qu’il donna pour les obsèques de son père, en 53[6], suivirent ces exemples. Cicéron, écrivant à M. Marius que celui-ci, dédaignant même les jeux de la gladiature, ne pouvait avoir grande envie d’un spectacle d’athlètes, ne faisait évidemment que caractériser le goût de la grande majorité du public romain d’alors, et Pompée avoua lui-même qu’en offrant des jeux pareils il y avait été pour sa peine et son huile[7]. Cependant César aussi, aux jeux de son triomphe en 46, fit lutter pendant trois jours des athlètes, dans tin stade élevé pour la circonstance au Champ-de-Mars, mais qui fut démoli plus tard[8].

Auguste, qui prit un intérêt particulier à ce spectacle aussi, auquel il trouvait grand plaisir[9], eut soin non seulement d’en assurer le retour plus fréquent, mais même d’en ordonner la périodicité. Il avait, en commémoration perpétuelle de sa victoire d’Actium, renouvelé et amplifié les jeux solennels qui se tenaient, en ce lieu, depuis les anciens temps, en l’honneur d’Apollon, et qui continuèrent ensuite à être célébrés régulièrement dans. là ville, nouvellement fondée paie lui, de Nicopolis, probablement à l’anniversaire de cette bataille (2 septembre), de quatre en quatre ans, avec accompagnement de concours de gymnastique et de musique[10]. Cette fête périodique fut rattachée, comme la cinquième, au cycle des quatre grands concours (agones) de la Grèce, qui avaient un caractère sacré[11] ; aussi comptait-on parfois, au commencement de l’empire, par Actiades comme par Olympiades[12]. Elle se maintint en grand honneur jusqu’aux derniers temps de l’antiquité et fut même restaurée par Julien l’Apostat[13]. Nombre d’inscriptions, concernant des athlètes et des musiciens de tous les pays de langue grecque, prouvent qu’on ne faisait pas moins de cas des victoires qu’on y remportait que de la couronne décernée à Olympie ou à Delphes[14]. Des fêtes périodiques semblables furent instituées, en l’honneur d’Auguste, par des princes tels qu’Hérode, roi de Judée[15], et par beaucoup de villes dans les provinces[16]. Ainsi l’on retrouve encore, à la fin du premier siècle, la mention de jeux actiaques tant à Alexandrie qu’à Antioche[17].

A Rome même le sénat avait décrété, dès l’an 724 de la fondation de cette ville, la célébration d’une fête périodique quatriennale, en commémoration de la victoire d’Actium[18]. Ce fut Auguste qui la célébra le premier avec Agrippa, en l’an de Rome 726 ou 28 avant Jésus-Christ. A la même occasion fut inauguré le temple d’Apollon, sur le Mont Palatin. Des hommes faits et des adolescents de la noblesse y conduisirent les chars dans l’hippodrome, comme aux jeux sacrés de la Grèce, et des athlètes y luttèrent, dans un stade élevé spécialement à cet effet, au Champ de Mars. On donna, en outre, un jeu de gladiateurs. La fête dura plusieurs jours, pendant une partie desquels Agrippa y présida, probablement avec Tibère[19], alors âgé de quatorze ans, à la place d’Auguste, qui était tombé malade[20]. A partir de cette époque, les quatre grands collèges de prêtres-furent chargés d’ordonner alternativement la fête, aussi longtemps du moins qu’elle continua d’exister à Rome[21] ; et il n’est guère douteux qu’elle fut régulièrement accompagnée de combats d’athlètes. La quatrième célébration, en l’an de Rome 738, est la dernière dont il soit fait mention. Agrippa en fit les frais, en sa qualité de membre du collège des quinze (quindecimviri), auquel en incombait la direction, pour cette année[22]. Caligula abolit les jeux actiaques dans tout l’empire[23]. Si, malgré cela, l’usage de les célébrer continua dans les provinces, il parait constant qu’à Rome même il tomba, sinon immédiatement, du moins peu de temps après[24].

Ces reprises fréquentes des jeux d’athlètes, à Rome, les mirent en vogue, et bientôt le peuple demanda des combats à la mode grecque aux magistrats chargés d’ordonner les jeux publics[25], et qui n’eurent certainement pas moins égard à ces désirs que les empereurs eux-mêmes. Ainsi Caligula donna, en l’an 38[26], des jeux gymniques, renouvelés l’année suivante, en plusieurs endroits simultanément, pour l’anniversaire de la naissance de Drusilla[27]. Claude aussi fit paraître des athlètes, comme intermède des courses de chars, au cirque, lors des jeux donnés pour la célébration de son triomphe de Bretagne, en l’an 44[28]. La prédilection de Néron pour les mœurs et les usages grecs contribua bien davantage encore à populariser ces spectacles à Rome. Il y institua, en l’an 60, la première fête dite sacrée, entièrement sur le pied des fêtes helléniques du même genre, avec trois espèces de concours, pour la course des chars, pour la gymnastique et pour le chant, la musique, la poésie et l’éloquence. Cette fête aussi devait se renouveler, de quatre en quatre ans, au moyen d’une fondation imputée sur le trésor public[29]. Les concours de musique, qui certainement avaient manqué dans le programme des jeux actiaques à Rome[30], formaient l’objet capital de la nouvelle fête, dont l’institution avait été, par-dessus tout, déterminée par le désir de Néron de briller personnellement comme poète, chanteur et joueur de cithare. Ces concours avaient lieu au théâtre ; des personnages consulaires y présidaient, les plus nobles Romains, à l’exemple de l’empereur, y prenaient part, et les vainqueurs étaient couronnés[31].

Les concours de gymnastique, lors de leur première célébration, se tinrent au clos des Septa, et les vestales y furent invitées parce que, à Olympie aussi, les prêtresses de Cérès, seules de toutes les femmes, assistaient à pareille fête. La construction simultanée d’un gymnase, uni à ses thermes, et la distribution d’huile faite au sénat et à l’ordre équestre, lors de l’inauguration de cet établissement[32], manifestaient très clairement le désir de l’empereur que des hommes des hautes classes participassent également à ces concours[33]. Effectivement, Palfurius Sura, fils d’un consulaire et homme aussi bien doué de sa personne que relâché dans ses mœurs, s’y produisit comme lutteur[34]. Cependant, il ne paraît pas que ce scandale abominable, au point de vue du sentiment romain des convenances, ait poussé à l’imitation. Beaucoup de personnes avaient revêtu le costume grec pendant la fête[35]. Depuis la seconde célébration des fêtes néroniennes ou Néronées, en l’an 64[36], il n’en est plus fait mention. Probablement, elles tombèrent bientôt en désuétude, au plus tard à la fondation des jeux capitolins. Gordien III les restaura[37], dit-on, en l’an 240 ou 241, ou plutôt il les remplaça par une fête d’institution nouvelle[38].

Le concours capitolin (agon capitolinus), fondé par Domitien en 86[39], gagna et conserva beaucoup plus d’importance. On le considérait aussi à l’égal des combats olympiques[40]. Il se tenait de quatre en quatre ans, vers le commencement de l’été, comme il paraît[41], ou vers le milieu de juin[42], peut-être même sans que l’on eût bien fixé l’époque, mais toujours, nécessairement, dans la belle saison, parce qu’il fallait ménager aux compétiteurs d’outre-mer la possibilité de faire le voyage. C’est pendant les jeux capitolins que Maxime et Balbin furent assassinés, en 238[43]. On se disputait, à ces jeux aussi, la couronne dans les trois principaux genres, la musique, l’art équestre et la gymnastique. De plus extraordinaires, que Domitien avait joints au programme, furent plus tard abandonnés[44]. C’est ainsi qu’on laissa tomber le concours pour le prix d’éloquence grecque et latine ; tandis que le prix de poésie grecque et latine, unique dans son genre, resta, dans tout l’empire romain, le but le plus élevé de l’ambition des poètes, même du plus grand talent, que l’espoir d’obtenir, sur la décision des juges[45], de la main de l’empereur[46], cette couronne, faite de branches d’olivier et de chêne entrelacées[47], attirait dans la capitale, des provinces les plus lointaines d’outre-mer. Il y a plus : le souvenir de ces couronnements de poètes au Capitole, traversa vivant tout le moyen âge, et Pétrarque préférait, à toute, autre, la couronne obtenue à cette place, de la main d’un sénateur de Rome. Le prix de musique avait, d’abord aussi, fait ouvrir, des concours pour le jeu de la, cithare avec un seul exécutant et celui de la cithare chorale ; il y en eut plus tard également pour le chant, pour la citharédique, c’est-à-dire le chant avec accompagnement de cithare, pour le jeu de la flûte pythique ou solo de flûte, et probablement aussi de la flûte chorale, peut-être même pour la récitation dramatique. C’est en vue de ces représentations musicales que Domitien fit construire, au Champ de Mars, par le célèbre architecte Apollodore, un théâtre couvert, l’Odéon, qui pouvait contenir un auditoire de 10.600 à 11.600 personnes, et que l’on comptait encore, au quatrième siècle, parmi les plus beaux édifices de Rome. Les luttes gymniques portaient, au concours du Capitole, sur les exercices généralement usités en Grèce, pour les adolescents comme pour les hommes faits. Les courses. de vierges pourtant, introduites à l’imitation de celles de Sparte, lors de la fondation de ce concours, ne tardèrent pas à être supprimées. La concurrence dans ces luttes était naturellement, en général, abandonnée aux athlètes originaires des contrées helléniques, et dont plusieurs se vantent des couronnes qu’ils y remportèrent, sur des monuments parvenus jusqu’à nous. T. Flavius Archibius, par exemple, en avait remporté dans quatre olympiades capitolines consécutives, de 94 à 106 de notre ère : la première au Pancration[48] des adolescents ; les trois autres à celui des adultes[49].

L’historien Dion Cassius (LXXIX, 10) rapporte qu’au concours capitolin de 248, sous Héliogabale, l’athlète Aurelius Llix fut vainqueur dans la lutte corps à corps, aussi bien qu’au pugilat, ce qui n’avait jamais réussi qu’à sept champions depuis Hercule, aux jeux olympiques, et à nul avant lui à ceux de Rome. Pour les combats d’athlètes, Domitien bâtit, également au Champ-de-Mars, un stade, contenant de trente à trente-trois mille spectateurs, dont il restait encore, au moyen âge, des débris considérables, et dont la Piazza Navona (primitivement Agon, Campus Agonis) a conservé, dans sa forme et son nom, le souvenir jusqu’à nos jours. Le caractère hellénique de toute la fête s’exprimait, sous Domitien du moins, aussi dans l’appareil, extérieur de celle-ci. L’empereur y présidait, en manteau de pourpre grec et en chaussures grecques, la tête ceinte d’une couronne d’or avec les images des trois divinités capitolines, Jupiter, Junon et Minerve. Le flamine de Jupiter et les membres du collège sacerdotal de la maison Flavienne, dans le même costume, à cela près que leurs couronnes offraient, en outre, le portrait de l’empereur, étaient les juges et assesseurs du combat[50]. Plus tard, les collèges sacerdotaux eurent la direction des concours, à tour de rôle, sous la présidence de l’empereur.

Les spectateurs et auditeurs formaient une assemblée unique dans le monde entier, la plus brillante au suffrage de laquelle pût aspirer un lutteur, un artiste ou un poète[51]. Les jeux capitolins se maintinrent jusque dans les derniers temps de l’antiquité[52]. Il y eut bien encore, il est vrai ; plusieurs autres concours, peut-être exclusivement gymniques, fondés par des empereurs[53] : ainsi un jeu de lutteurs dit d’Hercule[54], dont Caracalla pourrait avoir été le fondateur ; le concours déjà mentionné de Minerve, qu’institua Gordien III[55], et celui du dieu du soleil, fondé en 277 par Aurélien[56] ; mais on ne sait presque rien de ces concours, comme de beaucoup d’autres[57], et aucun, il s’en faut de beaucoup, n’a jamais approché de celui du Capitole en importance. Du reste, le jeu d’athlètes, dans les spectacles de toute nature que l’on voyait à Rome, devint, sans doute, de plus en plus commun avec le temps, sous l’empire[58], surtout depuis le cinquième siècle, où ces luttes durent remplacer, d’ailleurs, les combats de gladiateurs, supprimés à cette époque. Aux jeux consulaires de Flavius Mallius Théodore, en 399, figurèrent des athlètes, mais on n’y vit point de gladiateurs[59].

L’introduction de ces concours grecs. à Rome rencontra, chez tous les hommes encore véritablement imbus des idées romaines, une opposition résolue, dirigée principalement contre les combats d’athlètes. Quelques espèces de ce genre de combats avaient bien été, de tout temps, communes en Italie, ainsi que dans d’autres parties de l’Occident, et même vues à Rome à des spectacles publics, notamment la lutte corps à corps, la course à pied et le pugilat. Ce dernier, national en Étrurie[60], dans le Latium[61] et en Campanie, ainsi qu’en Afrique[62], était pratiqué en Italie aussi par des troupes entières combattant les unes contre les autres[63], et fut toujours grandement en faveur à Rome[64]. Cependant il faut croire que ces combats italiens différaient essentiellement des luttes helléniques, probablement surtout en ce que les premiers se faisaient sans art.

L’aversion des Romains pour la gymnastique et l’athlétique grecques se fondait, avant tout, sur un sentiment de décence que choquait le nu, ainsi que sur une réprobation de tous les exercices corporels sans un but pratique, comme celui d’une instruction capable de former pour le service militaire ; puis, aussi sur la crainte que le gymnase n’exerçât une influence corruptrice sur les adolescents et ne propageât l’habitude de l’oisiveté, causes qui, dans l’opinion des Romains, avaient contribué principalement, l’une et l’autre, à la décadence et à la ruine de la Grèce[65]. Quand Néron non seulement admit les combats d’athlètes dans le programme d’une fête publique romaine, mais fit bâtir un gymnase, et que, par suite de la préférence qu’il affichait pour ces exercices[66], l’exemple de l’empereur et de la cour[67] eut appelé partout l’intérêt sur la gymnastique grecque, depuis longtemps employée par beaucoup dé gens comme un moyen d’hygiène ; quand non seulement cet art, ainsi mis à la mode, fut prisé par ceux qui l’enseignaient ou y avaient pris goût, comme indispensable pour la santé et le développement normal du corps[68], mais qu’il y eut même des voix pour le faire admettre dans le programme de l’éducation de la jeunesse[69] : c’est notamment alors que se réveilla, dans les cercles conservateurs, à Rome, l’appréhension d’y voir entrer la corruption des Grecs avec leur gymnastique. Les mœurs de nos pères, déjà fort en décadence, risquent fort, disait-on, d’être complètement perdues par ce débordement de licence venant de l’étranger ; ne doit-il pas en résulter inévitablement que tout ce qui donne prisé à la séduction ou est capable d’en exercer, finira par s’offrir en spectacle à Rome, comme, pour la jeunesse, une dégénération complète, par suite dé l’invasion de ce genre étranger, à force de gymnastique, d’oisiveté et d’amours infimes[70] ? Les représentants de cette direction allaient même jusqu’à déclarer déjà extrêmement funeste, pour les mœurs, l’introduction de la gymnastique dans le régime d’éducation physique de toute personne bien portante[71], et se lamentaient de voir l’énergie morale de la jeunesse romaine se noyer dans l’exercice de la force corporelle[72].

Des Grecs même convenaient que les Romains avaient appris des hellènes à se familiariser avec le nu, au détriment de leurs mœurs, mais en ajoutant que les élèves avaient, dans la suite, rendu avec usure à leurs précepteurs le mal que ceux-ci leur avaient fait[73]. Le concours capitolin par lequel Domitien voulait, comme il semble, introduire à Rome le genre des fêtes grecques. dans leur acception la plus large, ranima cette opposition, qui persista, malgré la suppression du plus choquant de ces spectacles, des courses de jeunes filles. Un jour que l’on passait aux voix, dans le conseil intime de Trajan, sur l’abolition du concours de gymnastique à. Vienne, dans la Gaule, Junius Rusticus, homme d’autant de fermeté que de droiture, joignit à son voté l’expression de ce vœu : Je désirerais qu’il pût être également supprimé à Rome ; avis que Pline le Jeune, qui avait assisté lui-même à la séance, rapporte comme une preuve d’intrépidité et dé ré-solution. Il termine ainsi son rapport : On décida la suppression du concours qui avait contribué à la corruption des mœurs, à Vienne, au même titre que le nôtre, à la corruption générale des mœurs. Cependant les vices des Viennois restent dans leur famille, tandis que les nôtres se propagent au loin, et il en est pour un empire comme pour le corps humain : les maladies les plus dangereuses sont celles qui de la tête se communiquent au reste du corps[74].

Tant que cette aversion nationale des Romains pour l’athlétisme et les concours helléniques, à Rome, et l’opposition qui s’ensuivit, persistèrent, et elles y existaient pour le moins encore au commencement du deuxième siècle, il en résulta que les hommes des classes supérieures ne s’intéressèrent qu’isolément à ces spectacles, et ceux des basses classes aussi que d’une manière très peu générale. Tandis que nombre de chevaliers et de sénateurs ne craignaient point de paraître, au premier siècle, sur la scène, au cirque et dans l’arène, Palfurius Sura, dont on mentionne les exploits au stade, doit être cité comme le seul qui y donnât cet exemple. Il est vrai que des gens de moindre condition jetèrent, à Rome aussi, leur dévolu sur la profession d’athlètes. Déjà dans la 177e olympiade, en l’an 72 avant Jésus-Christ, un Romain, Gaius, avait remporté la victoire à Olympie, dans la course de longue haleine[75] ; on cite un pancratiaste, Regulus, pour la faveur que lui accorda Titus[76], et Juvénal dit que les manies étrangères ont fait de tels progrès à Rome, qu’on en est venu jusqu’à y voir les Quirites porter à leur cou, frotté d’huile, les insignes des prix qu’ils avaient eus comme athlètes[77]. Mais, bien que Naples offrît la plus belle occasion de former des athlètes d’après les règles de l’école, il paraît que l’Italie, communément, ne produisait encore que cette classe de champions qui, rôdant de village en village, comme dit Horace[78], donnaient carrière à leur humeur batailleuse dans les fêtes champêtres, mais ne prétendaient guère à la couronne aux grands jeux olympiques. La Grèce et l’Orient avaient gardé leur ancien privilège de fournir les maîtres dans cet art. En effet, tandis que les inscriptions et les monuments dédiés à des athlètes grecs .sont aussi fréquents que ceux dont on a fait honneur à des cochers romains du cirque et à des gladiateurs de l’arène, les monuments à l’adresse d’athlètes romains manquent presque entièrement.

Quoique l’intérêt des Romains ne fût jamais aussi passionné pour ces spectacles que pour les autres, le goût d’amateurs pour l’athlétique n’avait pas moins, comme nous l’avons déjà dit plus haut, fait de grands progrès à Rome, depuis Néron, mais surtout depuis Domitien, et les amateurs poussant cette manie jusqu’au dilettantisme actif, n’étaient même probablement pas rares, comme le montrent les lamentations de Pline l’Ancien[79], puisque parfois même des femmes participaient aux exercices de l’athlétique. Au temps de Néron, les amis de cet art faisaient un accueil hospitalier aux athlètes nouveaux, et s’empressaient d’assister au spectacle de leurs exercices[80]. Il paraît qu’il se trouvait dès cette époque, parmi les esclaves des grandes maisons, bon nombre d’athlètes[81] souvent chargés de régler le. régime de leurs maîtres et qui, pour peu qu’on les laissât faire, poussaient le zèle jusqu’à démontrer comment il fallait remuer les jambes en marchant et les mâchoires en mangeant[82]. Du temps de Domitien, beaucoup de jeunes gens hantaient les places affectées aux exercices de la gymnastique grecque, et prenaient chez des athlètes des leçons largement rétribuées, ce qui a fait dire à Martial[83] :

At juvenes alios fracta colit aure magister

Et rapit immeritas sordidus unctor opes.

Il y avait même des femmes enthousiastes de cet art, et qui, reportant parfois cette préférence sur la personne des artistes mêmes[84], faisaient à ceux-ci de riches cadeaux[85]. On vit même telle ou telle virago se mettre au régime de la forte nourriture prescrite aux athlètes[86], se frotter avec du sable jaune, lutter et agiter de lourdes barres[87].

La position civile des athlètes était aussi, à Rome, plus favorable que celle des autres artistes paraissant dans des spectacles publics. D’abord, la considération qui s’attachait au caractère auguste des concours institués par les empereurs, exigeait que ceux qui s’y disputaient le prix fussent plus honorés que des acteurs et des gladiateurs, ou du moins exempts de la dégradation qui frappait ces derniers[88]. Tandis que dans les autres spectacles on voyait souvent figurer des esclaves, il paraît qu’aux concours impériaux, comme aux jeux sacrés de la Grèce, on n’admettait que la compétition d’hommes libres[89]. Une ordonnance d’Alexandre Sévère, portant cette déclaration[90], ne fit probablement que rappeler une loi plus ancienne sur cet objet. C’était aussi pour se conformer aux mœurs grecques que le gouvernement et les autorités traitaient les athlètes avec certains égards et certaines prévenances. Parmi les nombreuses associations qu’ils formaient et qui, voyageant de place en place, se produisaient aux concours, institués partout dans les villes d’une importance majeure, et aux autres fêtes[91], se distinguait, au deuxième siècle, la société des athlètes vainqueurs, couronnés dans les jeux sacrés. Son but était l’adoration d’Hercule ; comme toutes les associations du même genre, elle choisissait dans son propre sein ses officiers, ses prêtres et ses préposés. Elle avait une station à Rome, où nous voyons quelquefois son président investi en même temps des fonctions d’inspecteur des bains impériaux[92]. Adrien et Antonin le Pieux accordèrent à cette société des locaux de réunion pour ses délibérations, ses sacrifices et la garde de ses archives, surtout à l’occasion des jeux. capitolins. Le local que lui affecta le second de ces empereurs était situé près des thermes de Titus[93]. Les lettres des empereurs à cette corporation d’athlètes, rédigées en langue grecque, sont parvenues jusqu’à nous.

Mais, malgré de telles faveurs, le dédain avec lequel les auteurs latins, Sénèque notamment, parlaient des athlètes, était, comme il y a lien de le supposer, au premier siècle du moins, conforme à une opinion très répandue. Ce philosophe les appelle des hommes stupides, passant leur vie à boire et à se mettre en nage alternativement, se bourrant le corps, négligeant toute culture de l’esprit, abrutis, et dont tout l’art consistait à se frotter d’huile et à se familiariser avec la crasse[94]. Mais, dans les provinces grecques, on pensait d’eux tout autrement. Il y avait bien, là aussi, des hommes instruits méprisant franchement l’athlétique, et Galien s’est complu à fortement accentuer cette opinion. Suivant ce célèbre médecin, leur vie était celle de pourceaux, sinon pire encore ; par suite de la violence qu’étaient constamment obligés de se faire des hommes forcés de manger ou de dormir outre mesure, et de se livrer sans cesse avec excès à des exercices corporels. Boire, manger, dormir, rendre, se rouler dans la poussière et dans la boue, voilà, dit-il, le cercle dans lequel tourne toute leur existence. Du reste l’athlétique est destructive de la beauté virile et donne au corps une force surnaturelle mais toute d’apparence, puisque, dans cet état, il résiste beaucoup moins aux maladies que dans ses conditions normales ; aussi les athlètes, même abstraction faite des blessures et des mutilations inévitables dans leur profession, devenaient-ils de bonne heure impropres à l’exercice de celle-ci, et n’avaient-ils même pas la consolation de pouvoir s’enrichir. Mais, ce qui prouve que cette manière de voir, exprimée dans plusieurs passages des écrits de Galien, n’était alors rien moins que généralement partagée, dans les pays de civilisation grecque, ce sont les conseils qu’il crut devoir adresser, sur le ton le plus sérieux, aux jeunes gens, pour les mettre en garde contre la préférence que, dans le choix d’une profession, ils pourraient être tentés de donner à l’athlétique sur des arts et. des sciences utiles, préférence à laquelle on se laissait si facilement entraîner par le prestige de la renommée qu’on pouvait acquérir chez la multitude, en se faisant. athlète. Depuis que la vie hellénique avait perdu ce qui en faisait autrefois le sens réel, on en remplissait le vide en jouant avec les fantômes d’une grandeur passée. Ces descendants des héros de l’ancien temps avaient un attachement facile à comprendre, quelquefois même une tendresse vraiment touchante pour les vieux souvenirs. Ils appliquaient toute leur sollicitude à la conservation des débris et des vestiges, en partie déjà rendus méconnaissables par le temps, de tout ce qui avait formé les bases de la culture et de la gloire helléniques. La gymnastique figurait en première ligne parmi ces bases ; aussi les gymnastes et les combats d’athlètes gagnèrent-ils d’autant plus d’importance[95] que le cercle des intérêts d’un ordre supérieur et plus noble s’était resserré davantage. Non seulement on pouvait exercer avec honneur, en Grèce, ces arts qui n’étaient plus qu’un jeu[96] ; mais des athlètes marquants y apparaissaient encore, même à certains hommes d’une haute instruction cherchant un idéal, comme des types de virilité, de vigueur et de courage, de beauté et de continence, prêtant à la comparaison avec les héros de l’antiquité[97]. Un prix aux jeux olympiques avait encore son auréole de gloire, même pour les meilleurs des hommes du temps de l’empire[98], et les noms du petit nombre des vainqueurs tels que ce Nicostrate qui avait, dans la 204e olympiade, en l’an 37 avant Jésus-Christ, remporté le même jour une double victoire dans la lutte corps à corps et les exercices du pancration, étaient répétés avec admiration, dans le monde entier, par les petits-fils et arrière-petits-fils de la génération contemporaine du héros[99]. De plus, les athlètes, les lauréats notamment, jouissaient de maints privilèges, qu’Auguste confirma et étendit même en leur faveur[100]. Telle était probablement, dès lors, l’exemption de la charge importune et dispendieuse des offices communaux[101]. Les vainqueurs, aux concours principaux, recevaient des pensions d’honneur[102], et les villes dans lesquelles paraissaient des célébrités de l’espèce rivalisaient dans leur. empressement à les honorer de statues, de décrets, du droit dé cité honoraire et de la dignité de conseillers[103]. Que pouvait-il dès lors y avoir de bien choquant, dans les provinces de langue grecque, à voir se produire en public, comme athlètes, des hommes issus de bonnes familles, très considérées même[104] ?

En général donc, la position sociale des athlètes, dans les premiers temps de l’empire, fut beaucoup meilleure dans les provinces de civilisation grecque qu’en Italie et à Rome. Mais, plus les éléments de la culture hellénique et orientale envahirent cette contrée, où ils favorisèrent la décomposition et finirent par entraîner la dissolution complète de la tradition romaine proprement dite, plus durent s’affaiblir à Rome aussi la répugnance pour les athlètes et l’opposition contre l’athlétique. A l’époque où le pavé d’une salle splendide, aux thermes de Caracalla, était orné de longues séries de portraits d’athlètes victorieux, les héros du stade furent certainement, dans la capitale et dans tout l’Occident, en plus haute estime qu’au temps où Sénèque, les deux Pline, Tacite et Juvénal se prononçaient, avec tant d’unanimité, contre le manque de sens et, de dignité de la mode des exercices et des combats helléniques. En effet, les combats d’athlète6 et les concours de gymnastique paraissent avoir trouvé, de bonne heure, leur chemin en Italie et dans les provinces occidentales ; car il en est fait mention, dès les premiers temps de l’empire, à Pompéji[105], puis à Épidaure, en Dalmatie[106], et à Vienne, dans la Gaule[107] ; plus tard aussi à Carthage[108]. Il paraît qu’au temps d’Alexandre Sévère il ne restait déjà plus trace du préjugé romain contre l’athlétique[109].

 

 

 

 



[1] Tite-Live (XLV, 22), au sujet des spectacles grecs donnés, en l’an 169 avant notre ère, à Amphipolis par Paul-Émile, dit : Ad quæ rudes tum Romani erant.

[2] Tite-Live, XXXIX, 22.

[3] Appien, Bell. civ., I, 99.

[4] Valère Maxime (II, 4, 7) n’aurait pu commettre l’erreur de lui attribuer l’introduction des spectacles de ce genre, s’ils avaient déjà été communs auparavant.

[5] Dion Cassius, XXXIX, 38. — Plutarque, Pompée, chap. 52.

[6] Pline, Hist. nat., XXXVI, 120.

[7] Cicéron, Ad fam., VII, 1, 3.

[8] Plutarque, César, chap. 39.

[9] Suétone, Auguste, chap. 45.

[10] Strabon, VII, 325 C. — Suétone, Auguste, chap. 18. — Dion Cassius, LI, 1. — Voir aussi Franz, C. I. G., III, p. 730. — Les fêtes augustales à Naples tombaient peu de jours avant l’anniversaire de la mort d’Auguste, le 19 août (Suétone, Auguste, chap. 100) ; les jeux d’Actium à Nicopolis, peu de jours après, suivant Stace :

Hoc me post patrii lœtum quinquennia lustri,

Quum stadio lam pigra quies, canusque sederet

Pulvis, ad Ambracias conversa gymnade frondes, etc.

Silves, II, 2.

ces indices mènent au 2 septembre.

[11] Franz, C. I. G., III, p. 730 a.

[12] Josèphe, Bell. Jud., I, 20, 4.

[13] Panégyrique, X, chap. IX, 1.

[14] Voir Orelli, 2033, et le Recueil des Inscr. gr. : 1068 (Mégare), 1420 (Sparte), 1719 (Delphes), 1720 (Nicomédie), 2723 (Stratonicée), 2810 (Aphrodisias), 3208 (Smyrne), 4081 (Pessinus), 4472 (Laodicée), et du temps des Sévères, dans le même recueil, III, 730 ; enfin 5913, 24 (Alexandrie). Ces jeux étaient, comme il résulte des inscriptions mêmes, accompagnés des concours d’usage de musique et de gymnastique.

[15] En l’an 8 av. J.-C. (Josèphe, Ant. Jud., XVI, 5, 1, et Bell. Jud., I, 21, 8).

[16] Suétone, Auguste, chap. 59 : Provinciarum plerœque supra templa et aras ludos quoque quinquennales pæne oppidatim constituerunt (La plupart des provinces, outre les temples et les autels qu'elles lui érigèrent, établirent aussi des jeux quinquennaux dans presque toutes les villes).

[17] Dans l’énumération des exploits de T. Flavius Archibius (C. I. G., 5804, I, 24 (en l’an 89 de notre ère), et I, 27 (en l’an 90).

[18] Dion Cassius, LI, 19.

[19] Suétone, Tibère, chap. 6 : Præsedit et asticis (ou plutôt actiacis), et Trojam (?) circensibus, ductor turmæ majorum puerorum (Il présida aussi aux jeux actiaques; et, dans les jeux troyens, donnés dans le cirque, il était à la tête de l'escadron des enfants les plus grands).

[20] Dion Cassius, LIII, 1.

[21] Dion Cassius, l. c. — Par les jeux pontificaux (pontificales ludi), où Auguste défendit aux femmes d’assister au spectacle du pugilat, Suétone (Auguste, chap. 44) entend sans doute les jeux actiaques, célébrés par les pontifes. — Voir aussi, dans Tacite (Annales, III, 64), la mention de grands jeux, décrétés en l’an 22, qui devaient être célébrés par les grands collèges de l’époque.

[22] Dion Cassius, LIV, 19. — Eckhel, D. N., VIII, 476.

[23] Suétone, Caligula, chap. 23 : Actiacas Siculasque victorias vetuit solemnibus feriis celebrari (il défendit que l'on célébrât par des fêtes solennelles les victoires d'Actium et de Sicile).

[24] Le certamen ad exemplar Actiacæ religionis décrété en l’an 63, d’après Tacite (Annales, XV, 23), à l’occasion des couches de Poppée, ne prouve pas la conservation de l’usage de ces jeux à Rome. Toutes les mentions de spectacles asiatiques de ce temps, se rapportent à yeux de Nicopolis, et, comme : il n’est plus jamais question, nulle part, d’une célébration des mêmes jeux à Rome, il faut croire qu’ils ne se maintinrent pas longtemps dans la capitale.

[25] Tacite, Annales, XIV, 21 : Nec perinde magistratus rem familiarem exhausturos aut populo efflagitandi Græca certamina a magistratibus causam fore, quum eo sumptu respublica fungatur (Plus de nécessité aux magistrats d'épuiser leur fortune à donner des spectacles grecs, plus de motifs aux cris du peuple pour en obtenir des magistrats, lorsque l'État ferait cette dépense).

[26] Dion Cassius, LIX, 9.

[27] Ibid., LXX, 13.

[28] Ibid., LX, 23.

[29] Tacite, Annales, XIV, 20. — Dion Cassius, LXI, 21. — Suétone, Néron, chap. 12. — Eckhel, D. N., V, 264. — Le revers de cette médaille, frappée en cette année, offre une table, portant une urne et une couronne, et sous la table un disque et des griffons tenant un bouclier.

[30] Suétone, Néron, chap. 12 : Instituit quinquennale certamen primus omnium Romæ more græco triplex (Il fut le premier qui institua à Rome des jeux quinquennaux de trois genres, à la manière des Grecs).

[31] Voir Tacite, Annales, XVI, 4 ; Suétone, Néron, chap. 21.

[32] Suétone, Néron, chap. 12. — Dion Cassius, LXI, 21. — Tacite, Annales, XIV, 47.

[33] Tacite, Annales, XIV, 20 : Quid superesse, nisi ut corpora quoque nudent (proceres Romani) et cæstus adsumant easque pugnas pro militia et armis meditentur (Que leur restait-il à faire, sinon de jeter leurs vêtements, de prendre le ceste, et de renoncer, pour les combats de l'arène, à la guerre et aux armes) ?

[34] Le scoliaste de Juvénal (IV, 53) dit, d’après Marius Maximus probablement : Sub Nerone luctatus est ; et pour Valla : Luctatus ea cum virgine Lacedœmonia in agone, ce qui est encore bien possible.

[35] Tacite, Annales, XIV, 21 : Græci amictus, quis per eos dies plerique incesserant, tum exoleverant (L'habillement grec, avec lequel beaucoup de personnes s'étaient montrées pendant la durée des fêtes, fut quitté aussitôt), c’est-à-dire qu’on était déjà tellement habitué à ce costume qu’il ne choquait plus, suivant l’explication de Nipperdey.

[36] Tacite, Annales, XVI, 4, comme Eusèbe (Chron.), rapporte la seconde célébration de ces jeux à l’an 65, en partant de la supposition que le concours devait avoir lieu tous les cinq ans (quinquennale certatem), ce que ni la coutume grecque ni l’analogie des jeux actiaques et du concours capitolin ne permettent d’admettre. La période du renouvellement de ce dernier est aussi appelée lustre par Stace (Silves, V, 3, 232) entre autres. — Voir aussi Mommsen, I. R. N., 5252. — Pour la persistance ultérieure des Néronées, on ne peut invoquer Caylus (Recueil, I, tab. 86, 2).

[37] Aurelius Victor, Césars, chap. 27 : Lustri certamine quod Nero Romam invexerat, auctoque tirmatoque in Persas profectus est (Après avoir célébré la solennité du lustre par les combats que Néron avait introduits à Rome, après avoir donné à cette fête un nouvel intérêt et un éclat nouveau, il marcha contre les Perses). — L’expédition contre les Perses eut lieu en 241 ; c’est donc probablement en 240 que Gordien fonda son nouveau concours, année qui, d’après les calculs de la chronologie, aurait dû être celle de la 46e célébration des Néronées.

[38] Catal. imp. : Agonem Minervæ instituit.

[39] Morcelli, Sull’ agone Capitolino, 2e éd., Milan, 1816.

[40] Franz, C. I. G., III, p. 729.

[41] Morcelli, p. 12.

[42] Clinton, Fasti Romani, p. 252.

[43] Hérodien, VIII, 8, 3.

[44] Suétone, Domitien, chap. 4. — Voir aussi, pour les concours spéciaux, l’annexe n° 5.

[45] Mommsen, I. R. N., 5252, ou Gruter, 332, 3 : Coronatus est inter pœtas latinos omnibus sententiis judicum. (Inscr. d’Histonium.)

[46] Martial, IV, 1, 6 : Perque manus tantas plurima quercus est (que ses augustes mains distribuent encore des milliers de couronnes de chêne).

[47] Stace, Silves, V, 3, 231 : Mixta quercus... oliva. — C’était le feuillage consacré à Jupiter et à Minerve. — Juvénal, VI, 387 : Capitolinam... quercum. — Martial, IX, 35, 9 : Juleæ... olivæ.

[48] Réunion des cinq combats gymniques : course, saut, lutte, pugilat et jeu du disque ou palet.

[49] C. I. G., 5804.

[50] Suétone, Domitien, chap. 4. — Tertullien, Spectac., chap. 11 (sacerdotales præsides agonum).

[51] Hérodien, I, 9, 2.

[52] Bock, Les dernières solennités des jeux capitolins de Rome, p. 6, Bruxelles, 1849.

[53] C. I. G., 246, et 3208.

[54] Hist. Auguste, Vie d’Alexandre Sévère, chap. 35 : Agoni præsedit et maxime Herculeo in honorera Magni Alexandri (Il présidait des concours, spécialement ceux d’Hercule donnés en l’honneur d’Alexandre le Grand).

[55] Catal. imp., C. I. G., 1068.

[56] Catal. imp., p. 648 ; éd. Mommsen : (Aurelianus) agonem Solis instituit. — Eusèbe, Chron., ad a. 277 : Primus agon Solis ab Aureliano constitutus. — C. I. G., 5923, inscription trouvée Rome, et qui se rapporte probablement à ce concours, ainsi qu’à celui d’Hercule.

[57] Eusèbe, Chron., ad a. 250 : Agen mille annorum actus.

[58] Hérodien, III, 8, 6 (aux jeux du triomphe de Sévère). — Vie de Carin, chap. 19 (ludi Romani).

[59] Claudien, De cons. Fl. Mall. Theod., 287. — Voir aussi, pour cette époque, Orelli, 2588 ; C. I. G., 5924 ; Cassiodore, Var. ep., V, 42.

[60] Tite-Live, I, 35 : Pugiles... ex Etruria acciti.

[61] Suétone, Auguste, chap. 45 (pugiles Latini).

[62] Le même, Caligula, chap. 18 (Afri Campanique pugiles).

[63] Mommsen, I. R. N. (Pompeji) : Pugiles catervarios et pyctas, ces derniers évidemment grecs.

[64] Horace, Épîtres, II, 1, 185, dit expressément :

Si discordet eques, media, inter carmina poscunt

Aut ursum aut pugiles : his namque plebecula gaudet.

(Si les chevaliers ne pensent pas comme eux, demandent, au beau milieu des vers, soit un ours, soit des pugilistes; car c'est cela qui plaît à la populace).

[65] Voyez Plutarque, Q. R., 30.

[66] Suétone, Néron, chap. 40 : Neapoli... in gymnasium progressus, certantes athletas effusissimo studio spectavit (À Naples... il se rendit au gymnase, et prit le plus grand intérêt à voir lutter les athlètes). — Galba, chap. 15 : Si quid... xystici donatum (a Nerone) olim vendidissent (Si des lutteurs avaient vendu (toutes les libéralités que Néron) leur avait donné autrefois).

[67] Le même, Néron, chap. 45 : Forte accidit, ut in publica fame Alexandrina navis nuntiaretur pulverem luctatoribus aulicis advexisse (Au milieu de la famine publique, on annonça qu'un vaisseau d'Alexandrie avait apporté du sable pour les lutteurs de la cour). — Pline, Hist. nat., XXXV, 168 : Inde (e Nilo arena) Patrobio certe Neronis principis liberto advehebatur.

[68] Voir surtout Sénèque, Lettres, 15.

[69] Comme il résulte sans doute de la polémique de Sénèque disant : Æque luctatores et totam oleo ac luto constantem scientiam expello ex his studiis liberalibus.... an liberale studium istuc juventuti nostræ credimus ? (Lettres, 88, 18.)

[70] Tacite, Annales, XIV, 20.

[71] Pline, H. N., XXIX, 26 : Illa perdidere imperi mores, quæ sani patimur, luctatus, ceromata ceu valetudinis causa instituta, balineæ ardentes, etc.

[72] Ibid., XXXV, 168 : Ceromatis quibus exercendo juventus nostra corporis vires perdit animorum.

[73] Plutarque, Caton l’Ancien, chap. 20.

[74] Pline le Jeune, Lettres, IV, 22.

[75] Photius, Cod., 79, p. 146, H ; p. 83, Bekk.

[76] Plutarque, De sanitat. præc., V, p. 124.

[77] Juvénal, III, 68 : Et ceromatico fert niceteria collo.

[78] Épîtres, I, 1, 49.

[79] Hist. nat., XXXV, 168.

[80] Sénèque, De brevitate vitæ, chap. XII, 3 Qui in ceromate (nam, proh facinus, ne Romanis quidem vitiis laboramus) spectator puerorum rixantium sedet (celui qui au gymnase (car, ô dépravation! nous ne sommes pas infectés seulement des vices romains) va, pour contempler les jeunes combattants, s'installer dans le lieu même où ils se frottent d'huile ?).

[81] Sénèque, Lettres, 15, 3 : Accedunt pessimæ notæ mancipia in magisterium recepta. — Martial nomme des palestrites parmi les esclaves (III, 58, 20 ; 82, 20 ; VI, 39, 9), et peut-être Perse (IV, 39) entend-il aussi parler d’esclaves.

[82] Sénèque, Lettres, 15, 9.

[83] VII, 32, 5 (les autres jeunes gens ont les oreilles rebattues des leçons d'un gymnaste qui les frotte d'une huile sale et leur vole leur argent). — Un peu plus loin (9), ce poète ajoute :

Vara nec in lento ceromate brachia tendis,

Non harpasta vagus pulverulenta rapis.

(ne vas pas, le corps graissé d'huilé et de cire, opposer au lutteur des bras contournés).

[84] Tertullien, Spect., 22 : Xystici... quibus feminæ corpora substernunt. — Voir aussi ce distique de Martial (VII, 57) :

Castor de Polluce Gabinia fecit Achillam,

Pyxagathos fuerat, nunc erit Hippodamus.

(Gabinie a transformé Achillas en Castor de Pollux qu'il était : après avoir été Pixagathos, il sera maintenant Hippodamus).

[85] Juvénal, VI, 356.

[86] Le même, II, 53.

[87] Le même, VI, 246. — Martial, VII, 67.

[88] Digeste, III, 2, 4 (Ulpien, au livre VI, ad edictum) : Athletas autem Sabinus et Cassius responderunt omnino artem ludicram non facere : virtutis enim gratia hoc facere. Et generaliter ita omnes opinantur et utile videtur, ut neque thymelici, neque xystici, neque agitatores, qui certaminibus sacris deserviunt, ignominiosi habeantur. — C’est par ignorance sans doute que Tertullien (Spectac., 22) nomme aussi les xystici parmi les infâmes.

[89] Digeste, IX, 2, 7, 4 (Ulpien, au livre XVIII, ad edictum) : Si quis in colloctatione, vel in pancratio, vel pugiles dum inter se exercentur, alius alium occiderit, si quidem in publico certamine alius alium occiderit, cessat Aquilia, quia gloriæ causa et virtutis, non injurias gratia videtur damnum datum. Hoc autem in servo non procedit, quoniam ingenui solent certare. — Voir aussi P. E. Muller, De gen. ævi Theodos., II, p. 65 D.

[90] Vie d’Alexandre Sévère, chap. 42.

[91] C. I. G., 5804 (à Rome).

[92] Voir C. I. G., 5906 à 5913, et le commentaire de Franz, p. 780.

[93] C. I. G., 5907. — Orelli, 2588.

[94] Sénèque, Lettres, 15, 3 ; 80, 2 ; 88, 18, etc.

[95] Trajan dans Pline le Jeune, Lettres, X, 49 (34 éd. Gierig) : Gymnasiis indulgent Græculi (Les Grecs aiment beaucoup les gymnases).

[96] Tacite, Dialogue des orateurs, chap. 10.

[97] Dion Chrysostome, orat., XXIX (Melancomas II), p. 538 et p. 542 R.

[98] Épictète, Manuel, chap. 29.

[99] Tacite, Dialogue des orateurs, chap. 10. — Quintilien, II, 8, 14 (quem adolescentes senem vidimus). — Pausanias, V, 21, 5.

[100] Suétone, Auguste, chap. 45.

[101] Code de Justinien, X, 53 : Imperatores Diocletianus et Maximianus AA et CC Hermeti : Athletis ita demum si per omnem actatem certasse, coronis quoque non minus tribus certaminis sacri (in quibus vel semel Romæ seu antiquæ Græciæ) merito coronati, non æmulis corruptis ac redemtis, probentur, civilium munerum tribui solet vacatio.

[102] Voir, sur ces pensions (obsonia certaminum Iselacticorum), Pline le Jeune, Lettres, X, 119, etc.

[103] Voir, par exemple, C. I. G., 5913.

[104] Ibid., 5910, inscription sur l’athlète Cl. Rufus Apollonius. — Pausanias ; V, 20, 4. — Dion Chrysostome, Or., XXVIII, p. 5397, et XXIX, p. 538 R., sur le pugiliste Mélancomas.

[105] Henzen-Orelli, 2530, 6166.

[106] Bull. de l’Inst., 1856, p. 46 (Pugilum certamina).

[107] Pline le Jeune, Lettres, IV, 22 (Gymnicus agon).

[108] Tertullien, Adv. gnost., 6 (Agon Pythius) ; voir aussi de patl., 4, et Gothofredus, ad Cod. Theodos., XV, 7, 3 ; Henzen, 6599 : Pugilum certamina.... et populo gymnasium (ex agro Tunetano).

[109] Vie d’Alexandre Sévère, chap. 27 : Palæstes primus fuit.