MŒURS ROMAINES

 

LIVRE VI — LES SPECTACLES.

CHAPITRE PREMIER. — Des spectacles en général.

 

 

La description, aussi complète que possible, des spectacles du temps est indispensable pour l’esquisse d’un tableau de l’état de civilisation du monde romain, sous l’empire. Non seulement elle donne le mieux la mesure du grandiose des aspects de Rome à cette époque, mais elle est caractéristique, au plus haut degré et sous une foule de rapports, pour l’état intellectuel et moral de cette métropole de l’univers.

Les spectacles, primitivement introduits surtout pour ajouter à la solennité des fêtes célébrées en l’honneur des dieux, perdirent de bonne heure presque entièrement ce caractère religieux. Dans la dernière période de la république déjà, ils étaient devenus le moyen le plus sûr de capter la faveur populaire. Aussi, les empereurs ne négligèrent-ils pas de s’en servir pour entretenir le peuple en bonne humeur. Dion Cassius raconte qu’Auguste ayant adressé, un jour, au pantomime Pylade des reproches, au sujet de sa rivalité acharnée contre un de ses confrères, Pylade ne craignit pas de répondre : Il y va de ton intérêt, César, que le peuple s’occupe de nous (LIV, 17). Or, indépendamment de l’intérêt qu’avaient les empereurs d’imprimer cette direction à l’esprit de la foule, la magnificence des spectacles était pour eux la meilleure manière de gagner les cœurs de cette multitude. Caligula lui-même était arrivé ainsi à aine certaine popularité[1], et si le souvenir de Néron se conserva si longtemps dans la mémoire du peuple que l’on ne voulut pas croire à sa mort, qu’il y eut encore, trente ans après, des gens espérant et désirant le voir revenir, et que plus d’un faux Néron put spéculer sur cette croyance superstitieuse[2], ce fut principalement, sans doute, sous l’impression qu’on avait gardée de la magnificence des spectacles donnés par cet empereur. Mais, bientôt ceux-ci ne dépendirent plus du bon gré des puissants dominateurs du monde, ces réjouissances étant devenues absolument nécessaires à la Rome impériale. Le prolétariat avait la prépondérance dans la capitale, et cette populace était plus brutale, plus intraitable et plus corrompue que celle de nos grandes métropoles des temps modernes, parce qu’il n’y eut jamais, nulle part, un rassemblement de l’écume de toutes les nations tel qu’à Rome, où l’oisiveté, dans laquelle croupissait la masse, rendait celle-ci doublement dangereuse. Déjà le gouvernement avait dû se charger de pourvoir à son entretien par ses grandes et régulières distributions de grains ; il s’ensuivit qu’il fallut également prendre à tâche de l’amuser. Le pain et les jeux[3] ne furent bientôt plus regardés comme une grâce du pouvoir, mais comme un droit du peuple ; chaque nouveau gouvernement était, bon gré, mal gré, obligé d’accepter la succession de ses prédécesseurs, et on vit les meilleurs princes rivaliser avec les plus détestables pour la magnificence et le grandiose de ces fêtes. Auguste les prima tous par la fréquence, la variété et la splendeur des spectacles de son règne, et les ordonnances multiples et circonstanciées qu’il rendit, à ce sujet, témoignent de l’importance qu’y attachait le fondateur de la monarchie[4]. L’avare Vespasien bâtit le Colisée, le plus grand amphithéâtre du monde[5], et fit d’énormes dépenses en spectacles[6]. Titus de même[7]. Trajan fut peut-être l’empereur qui mit le plus de zèle à satisfaire la passion des Romains pour les spectacles. Il faut, dit un écrivain postérieur[8], mettre sur le compte de la sagesse politique de ce prince de n’avoir jamais manqué d’attention même pour les danseurs et les autres artistes de la scène, du cirque et de l’arène, parce qu’il savait bien que le peuple romain tient surtout à deux choses, au pain et aux spectacles ; que l’excellence d’un gouvernement ne se révèle pas moins dans le souci des passe-temps que dans celui des choses sérieuses, la négligence étant, il est vrai, bien plus préjudiciable à l’endroit de celles-ci, mais mécontentant davantage quand ceux-là en souffrent ; que le peuple est, à tout prendre, moins avide de largesses en argent que de spectacles ; enfin, que les distributions d’argent et de blé suffisent bien pour contenter les individus, homme par homme, mais qu’il faut les spectacles pour le contentement du peuple en masse. Le stoïcien Marc-Aurèle lui-même dut se résoudre à donner de magnifiques spectacles et ordonna qu’en son absence il fût pourvu aux réjouissances du peuple par les plus riches sénateurs[9]. La cupidité de Septime Sévère non plus ne l’empêcha d’y consacrer des sommes énormes[10]. Tibère seul fait ici également exception ; il ne pouvait, en effet, mieux afficher son souverain mépris pour la plèbe qu’en s’abstenant tout à fait de donner des spectacles[11]. D’autres se contentèrent, à l’instar de Tibère aussi[12], de réprimer le luxe excessif par des ordonnances dont le renouvellement fréquent montre assez le peu d’efficacité. Ainsi firent Auguste[13], Nerva[14], Antonin le Pieux[15] et Marc-Aurèle[16].

Les spectacles gagnèrent aussi, sous l’empire, une importance nouvelle, résultant de ce qu’ils offraient au peuple la seule et unique occasion de s’assembler en masse et de manifester son humeur, ses antipathies et ses sympathies, ses vœux, ses prières et ses griefs, en présence du souverain. Le défaut absolu de toute autre publicité donnait d’autant plus de poids à ces manifestations, pour lesquelles il y avait là une tolérance, absente de tout autre lieu. Les salutations d’usage, à l’arrivée des empereurs et d’autres grands personnages, rentrent dans cette catégorie. On sait quel prix les hommes d’État attachaient, déjà sous la république, à l’accueil qui leur était fait au théâtre, quelle était la joie de Cicéron quand il avait la chance de recevoir au spectacle, ou pendant un combat de gladiateurs, une de ces chères ovations que n’avait même pas troublée le moindre coup de sifflet[17].

Exceptionnellement, pareil honneur échut aussi à un grand poète. Un jour, pendant la récitation de vers de Virgile, au théâtre, tout le peuple se leva et en salua l’auteur, qui y assistait, aussi respectueusement qu’il avait l’habitude de le faire pour Auguste lui-même[18]. Sous les empereurs, ces salutations, bien qu’il puisse ne pas avoir été sans exemple que l’on en adressât également à de simples particuliers[19], n’étaient, à l’exception du donateur de la fête ; auquel s’appliquait probablement l’invocation mentionnée par Pline le Jeune dans une de ses lettres[20], sans doute usitées qu’avec la famille impériale et les favoris déclarés de l’empereur. Le peuple assemblé accueillait alors les illustres ou augustes personnages en se levant en masse de ses siéges et battant des mains. Auguste, cependant, crut devoir exprimer son mécontentement de voir honorer de cette façon ses petits-fils, encore enfants[21]. On agitait des mouchoirs (oraria), et Aurélien en fit même distribuer en cadeau au peuple, à cet effet[22]. Les acclamations étaient accompagnées de l’hommage de surnoms honorifiques[23] et de compliments, en partie stéréotypes, souvent répétés, ou même chantés d’après certaines modulations, comme il était d’usage[24] encore du temps de Cassiodore (Var., I, 31).

Les empereurs, de leur côté, profitaient aussi volontiers de l’excellente occasion, que leur offraient les spectacles, pour converser personnellement avec le peuple et chercher à gagner son affection par de bonnes grâces et de la condescendance. Plus ils avaient souci de leur popularité, plus ils s’appliquaient à paraître souvent aux spectacles donnés soit par eux-mêmes, soit par d’autres personnages. Tibère, lui aussi, y venait souvent au commencement de son règne[25] ; mais il ne garda pas longtemps cette habitude[26]. Ce n’était pas moins le désir du peuple que l’empereur prît part à ses réjouissances. Auguste, toutes les fois qu’il allait au spectacle, ne s’y occupait de rien d’autre, soit, dit Suétone, pour éviter le blâme qu’avait encouru Jules César, en y employant son temps à lire des dépêches ou des requêtes, ainsi qu’à y répondre, soit véritablement par amour du spectacle même, pour lequel il avait un goût que, loin de s’en cacher, il avoua mainte fois hautement[27]. Marc-Aurèle, de même que César, avait l’habitude de lire au spectacle, d’y donner des audiences et même des signatures, ce qui lui attira mainte raillerie du populaire[28]. Néron, dans les commencements, regardait les jeux, couché, par les fenêtres d’une loge entièrement fermée ; plus tard du balcon (podium) ouvert[29], avec un lorgnon fait, d’une émeraude taillée, parce qu’il était myope[30]. Mais, dans la suite une loge impériale fut établie, par ordre de Domitien probablement. Pline le Jeune[31] loue Trajan, d’avoir supprimé cette loge au grand cirque, quand on en acheva la construction. Vos concitoyens, dit-il, vous verront ainsi comme vous les verrez vous-même ; on aura désormais le bonheur d’apercevoir ; non pas seulement la loge du prince, mais le prince en personne, publiquement assis au milieu de son peuple.

Les historiens et les biographes font souvent sonner la condescendance, la bonté, les prévenances mêmes des empereurs pour le peuple, aux spectacles. Il est peu de souverains dont ils rapportent le contraire. Le plaisir que, dans sa brutalité, Claude trouvait aux égorgements de l’arène, fut trouvé choquant même à Rome ; mais, comme ce prince était plein d’affabilité au spectacle, y accordait tout ce que l’on désirait et s’y servait le moins possible de l’office des hérauts, dans ses communications et ses répliques, mais les faisait écrire sur des tablettes et circuler ainsi dans l’assemblée, on le loua beaucoup[32] de cette manière, évidemment plus populaire que l’organe du héraut, de s’entretenir avec le public. Il faisait avec les doigts, comme les gens du peuple, le compte des pièces d’or qu’allaient recevoir en prix les vainqueurs, et se mettait en devoir d’animer le public à la gaieté, en le traitant de messeigneurs et le régalant de force plaisanteries de très mauvais goût[33]. Titus aussi allait au-devant de tous les désirs du public, prenait parti avec les assistants pour tel genre de gladiateurs et raillait le parti contraire de la parole et du geste, comme eût fait un homme du peuple, mais sans que la majesté impériale ou l’équité envers les combattants en souffrît jamais[34]. Domitien, au contraire, se montrait souvent impérieux et rude au spectacle ; on ne pouvait se hasarder à y prendre parti contre ses gladiateurs[35]. Trajan rétablit la liberté antérieure et se montra bon polir le peuple, à tous égards[36]. Adrien mettait plus de rigueur dans ses façons et, le peuple s’étant avisé un jour de lui adresser une réclamation avec impétuosité, il lui fit, comme Domitien, imposer silence par le héraut, sans daigner y répondre[37]. L’affranchissement d’un cocher, qui n’était pas de ses gens, lui ayant été demandé dans une autre circonstance, il refusa net, par écrit[38].

Les vœux émis par le peuple et agréés par les empereurs avaient trait, tout d’abord et principalement, aux spectacles mêmes. Ce que demandaient. les spectateurs, c’était tantôt la représentation de telle pièce ou telle espèce de combat[39], l’entrée en champ clos de gladiateurs célèbres[40], ou le congé d’un champion qui avait combattu vaillamment[41], tantôt l’affranchissement d’un acteur ou d’un conducteur de char, gens en majeure partie de condition servile, tantôt la grâce d’un criminel condamné à combattre avec les bêtes féroces[42]. On sollicitait ainsi des empereurs, et naturellement aussi des ordonnateurs (editores) de la fête, le don de la liberté, même pour des sujets appartenant à d’autres maîtres, et mainte fois le peuple réussit à leur arracher le consentement à ses désirs, comme on le voit par Suétone[43]. On présentait en outre au souverain, clans ces occasions, des requêtes de la nature la plus diverse, les réponses négatives étant rares et l’exception dans ces cas[44]. Aux jeux triomphaux donnés en l’an 9 après Jésus-Christ, les chevaliers sollicitèrent pourtant en vain d’Auguste l’abolition d’une loi sévère, qui venait d’être rendue sur le mariage[45]. Lors d’une grande disette de l’an 32, les réclamations du peuple se manifestèrent au théâtre, plusieurs jours de suite, avec une véhémence insolite vis-à-vis de l’empereur[46]. Tibère ayant fait transporter dans son palais une statue de Lysippe, l’athlète avec le fer à racler, qu’Agrippa avait fait poser devant ses thermes, le peuple en demanda, au théâtre aussi, la restitution, avec force tapage, et Tibère rendit la statue, bien qu’elle lui plût singulièrement[47]. Caligula, pareillement prié par le peuple au cirque, peu de temps avant l’assassinat qui, mit fin à ses jours, d’alléger les charges de l’impôt, était au contraire entré dans une telle fureur qu’il fit saisir et mettre à mort les auteurs principaux des vociférations qui l’indignaient[48]. Palfurius Sura ayant obtenu, sous Domitien, qui l’avait éliminé du sénat, le prix du discours au grand concours du Capitole, toute l’assemblée fut unanime pour demander sa réintégration ; mais elle perdit son temps[49]. Ces clameurs de la multitude, réunie au spectacle, étaient si bien reconnues pour l’expression des désirs du peuple, que Titus, avant d’être empereur, pendant qu’il avait le gouvernement militaire de Rome, crut devoir, pour justifier l’exécution de personnes qui lui étaient suspectes, aposter dans la foule, au théâtre, des gens chargés d’y demander leur mort[50]. Sous Galba, le peuple ne cessa pas de demander de même, au cirque et au théâtre, le supplice de Tigellin, jusqu’à ce que l’empereur eût commandé la tranquillité par un édit[51]. C’est notoirement aussi au cirque et à l’amphithéâtre, qu’éclata surtout l’animosité contre les chrétiens, dans les siècles suivants.

Mais, ce n’étaient pas uniquement les suppliques et les griefs du peuple qui se produisaient dans les spectacles ; il paraît qu’une certaine latitude y était ordinairement aussi laissée à son humeur railleuse, libre de s’y tourner non seulement contre des particuliers connus et impopulaires[52], mais souvent contre la personne de l’empereur même. Jusque dans les derniers temps de l’antiquité[53], il n’était pas rare que le cirque retentît d’injures et d’imprécations contre le dominateur du monde[54], la difficulté qu’il y avait à découvrir les coupables y tranquillisant les individus, comme là conscience de sa force numérique y rassurait la masse contre le danger des conséquences d’une pareille témérité.

On profitait aussi des spectacles pour organiser de véritables démonstrations politiques. Déjà dans les derniers temps de la république il y en avait eu de semblables, à l’occasion de la procession d’images des dieux, par laquelle s’ouvraient les jeux du cirque[55]. Quand, en l’an 40 avant Jésus-Christ, on désirait vivement, à Rome, la fin de la guerre des triumvirs avec Sextus Pompée, l’image de Neptune, que le brave marin révérait comme son dieu tutélaire, fut accueillie au cirque avec des applaudissements, et quand, par suite de cet incident, elle ne reparut pas le lendemain dans la procession, un tumulte s’ensuivit[56].

La perte du grand camérier Cléandre, tout-puissant à la cour de Commode, fut préparée par une démonstration très bien organisée au cirque. Une troupe de jeunes garçons, conduite par une virago de haute taille et d’un aspect terrible, se précipita dans la lice, pendant un entr’acte, et se répandit en imprécations sauvages contre cet homme odieux ; le peuple fit chorus avec elle et, dans l’effervescence toujours croissante qui en résulta, la multitude courut jusqu’à la villa de l’empereur, qu’elle contraignit à lui livrer le favori[57].

A l’époque où, sous le même règne, Pertinax, qui devint plus tard empereur, avait déjà attiré sur lui l’attention générale, un cheval de course de ce nom, du parti des Verts, favorisés par Commode, remporta la victoire. Les Verts s’étant mis tous à crier : c’est Pertinax ! Les Bleus répondirent à l’envi : Oh ! plût aux dieux que ce fût lui ![58] Ces explosions du sentiment populaire, au cirque, avaient lieu, tantôt sans préparation apparente, tantôt réellement par l’effet d’une de ces impulsions inexplicables sous lesquelles de grandes masses subissent, tout à coup, un de ces entraînements qui les portent, avec une force irrésistible, à des manifestations unanimes ou à une action collective[59]. Dion Cassius rapporte comme témoin du fait, en l’an 196 de notre ère, pendant la guerre civile entre Septime Sévère et son compétiteur Albin, avec quelle merveilleuse unanimité une multitude innombrable faisait retentir le cirque de ses lamentations sur la guerre et de ses vœux pour le rétablissement de la paix. Cet historien crut y voir en quelque sorte l’effet d’une inspiration céleste, sans laquelle, dit-il, tant de myriades d’hommes n’auraient certainement pas commencé à proférer tous en même temps le même cri, comme un chœur bien exercé, ni tous répété exactement les mêmes mots, d’un bout à l’autre, comme une phrase apprise par cœur[60]. Or, Dion mentionnant encore plusieurs autres démonstrations du même genre, qui eurent lieu de son temps, cela seul prouve assez combien elles étaient fréquentes[61]. Quant à celles qui s’improvisaient au théâtre, sous la forme d’allusions au présent, tirées de passages de la pièce qu’on jouait, il en sera question plus loin.

La présence des empereurs et d’autres grands personnages, au spectacle, obligeait les spectateurs à garder un décorum en partie fort gênant[62], soumis, dès les premiers temps de l’empire, à la règle de prescriptions formelles, qui subirent toutefois des modifications, avec les changements de règne. Ainsi, notamment les citoyens romains ne pouvaient paraître à ces représentations que dans leur costume de fête et de cérémonie, la toge, si importune pendant les chaleurs de l’été, qu’elle semblait faite pour dégoûter entièrement du spectacle les gens qui tenaient à leurs aises[63]. Déjà Auguste, qui travaillait à rétablir partout l’ancien usage ; jusque dans le costume, ordonna aux édiles de n’admettre au cirque que des spectateurs revêtus de la toge[64]. Commode, en dispensant plus tard de cette tenue, alla contre la coutume[65]. Les deux ordres supérieurs étaient obligés de paraître dans le costume de leur ordre, les fonctionnaires dans leur habit officiel, qu’ils quittaient seulement lors du deuil public pour la mort d’un empereur[66]. En été, Auguste permettait que l’on vînt au théâtre sans chaussures ; Tibère retira cette permission, mais Caligula l’accorda de nouveau et permit aussi pour la première fois, en l’an 37, aux sénateurs de porter des chapeaux thessaliens, pour se garantir du soleil. C’est dire qu’ils étaient, auparavant, obligés de rester découverts[67]. Par le mauvais temps, on pouvait jeter un manteau par-dessus la toge, mais à la condition de l’ôter à l’arrivée de grands personnages[68]. Domitien, un jour de forte averse au spectacle, ne permit à personne de sortir, ni de changer de manteau[69]. Cet empereur alla jusqu’à renouveler des prescriptions en partie tombées en oubli. Il interdit derechef l’usage des vêtements de diverses couleurs, toléré par ses prédécesseurs[70]. Cependant il paraît qu’outre les robes blanches, on permettait aussi celles d’écarlate et de pourpre[71]. Les parasols étaient également permis, comme les chapeaux à larges bords[72]. Le maintien des ordonnances réglementaires, ainsi que de l’ordre et de la tranquillité pendant les jeux, incombait au préfet ou gouverneur civil de la capitale, qui les faisait respecter, au besoin avec l’aide des postes militaires établis à cet effet, et pouvait d’ailleurs interdire l’entrée des spectacles aux contrevenants et aux fauteurs d’agitation[73].

Déjà dans les temps anciens de la république romaine, les dépenses pour les réjouissances publiques atteignaient des sommes considérables d’après nos idées actuelles. Pour la fête principale du mois de septembre, qui se célébrait depuis 364 avant Jésus-Christ et durait quatre jours, dont les trois premiers étaient affectés à des représentations scéniques et le dernier aux courses de chars (jeux romains), il y avait une allocation de 200.000 as ou près de 54.000 francs sur les fonds de l’État, somme qui ne fut point augmentée jusqu’à la seconde guerre punique[74]. Les autres jeux publics étaient aussi défrayés par l’État. Mais, les prétentions s’élevant peu à peu, l’on finit par exiger des donateurs de fêtes un luxe pour lequel les dotations, qui y étaient affectées, devinrent bientôt tellement insuffisantes que les édiles furent obligés d’y joindre des subventions considérables, de leurs propres deniers, ou de recourir à la bourse de leurs amis. Beaucoup d’entre eux se ruinèrent ainsi, tandis que la plupart des autres ne parvenaient à fournir à ces dépenses qu’avec le produit des exactions commises par eux aux dépens des alliés et dans les provinces. Au milieu du deuxième siècle avant Jésus-Christ, de brillants jeux de gladiateurs coûtaient 30 talents, soit plus de 176.000 francs[75]. Cette somme paraît faible pourtant, en comparaison de la prodigalité inouïe que l’on déploya dans les spectacles vers la fin de la république. Il n’est guère probable que la magnificence des jeux donnés par les Scaurus, les Pompée, les Jules César, ait jamais été surpassée, même sous l’empire. Milon dissipa trois héritages en spectacles, pour apaiser la populace[76]. Sous l’empire, on éleva le tarif des sommes à payer, par le trésor de l’État pour les jeux publics, dont là durée avait été beaucoup allongée, il est vrai, dans l’intervalle. D’après un document authentique de l’an 51 de notre ère, elles atteignaient 760.000 sesterces (plus de 206.000 francs) pour les jeux romains, 600.000 sesterces (plus de 163.000 francs) pour les jeux plébéiens, 380.000 sesterces (plus de 103.000 francs) pour les jeux apollinaires, et 10.000 sesterces (environ 2.700 francs seulement) pour les jeux augustaux, nouvellement institués[77]. Cependant, ces chiffres ne suffisent nullement pour donner la mesure de l’ensemble des dépenses, ce. que les magistrats ordonnateurs y ajoutaient échappant à tout calcul. Nous n’avons que des renseignements épars et d’époques différentes sur ces contributions supplémentaires, comme en général sur les dépenses énormes faites pour les jeux par des particuliers, de leur poche. Quand Hérode de Judée institua, en l’honneur d’Auguste, un spectacle solennel, qui devait revenir tous les quatre ans, il reçut en cadeau de cet empereur et de Livie tout ce qui était nécessaire pour la dotation de cette fête, le tout formant une valeur estimée à 500 talents ou près de 2.948.000 francs[78]. Il est vrai qu’Hérode, lors de son séjour à Rome, avait fait lui-même un présent de 300 talents à Auguste, mais celui-ci n’avait pas tardé à y répondre par le don de la moitié du produit des mines de l’île de Chypre[79]. Au commencement de l’empire, de bons jeux de gladiateurs, d’une durée de trois jours, pouvaient, dans une ville moyenne d’Italie, revenir à 400.000 sesterces ou près de 109.000 francs[80].

La ville de Pisaure (Pesaro) fut gratifiée d’un legs de 600.000 sesterces, pour donner tous les cinq ans un spectacle de gladiateurs[81] avec les intérêts de cette somme, devant, au taux de 5 p. 100, produire à cette fin 150.000 sesterces, au bout de chaque période quinquennale. Un sénatus-consulte de l’an 27 défendit à qui ne possédait pas au moins 400.000 sesterces de donner des jeux de gladiateurs[82] ; mais cette mesure n’avait pour but que d’écarter de pareilles entreprises les spéculateurs intéressés sans fortune. A Rome, la fête de la grande mère des dieux, quand le préteur n’y consacrait pas plus de 400.000 sesterces, ou 28.000 francs de sa poche, avait très pauvre mine[83]. On aurait une mesure pour l’ensemble des dépenses affectées aux jeux prétoriens, durant les deux premiers siècles de l’empire, si, dans la biographie d’Adrien[84], l’indication de la sommé que ce prince reçut, pour cet emploi, de Trajan, n’était pas douteuse comme elle l’est, sous le rapport de l’exactitude. Aurélien eut de Valérien, pour couvrir la dépense des jeux qu’il avait à donner au cirque, pendant son consulat, indépendamment des effets de garde-robe, des tapis et des animaux nécessaires pour ses sacrifices, 5 millions de sesterces, soit environ 1.360.000 francs, plus 300 pièces d’or et 3.000 deniers d’argent, pour les largesses au peuple et les cadeaux destinés aux combattants[85]. Les jeux de sept jours que Symmaque organisa, lors de la préture de son fils, passaient pour avoir coûté 2.000 livres d’or, ou environ 2.284.000 francs. Cependant Symmaque n’était pas compté parmi les sénateurs les plus riches, comme ce Maximus qui aurait une autre fois, à ce que l’on prétend, dépensé dans le même but une somme double[86]. Les dépenses du consulat aussi s’élevaient, en ce temps-là, à cause des spectacles, obligatoires dans la circonstance, à plus de 2.000 livres d’or ; mais les empereurs y contribuaient en général pour la plus forte part[87]. Justinien aussi employa, lors de son consulat de l’an 521, dans lequel il renchérit en magnificence sur tous les précédents consulats d’Orient ; 288.000 sous d’or (solidi), soit environ 4.540.000 francs, en spectacles et en présents[88].

A part les spectacles impériaux, dont les chargés étaient supportées par les provinces, c’est-à-dire par tout l’empire, l’écrasante obligation de procurer au peuple de Rome ces divertissements dispendieux pesait presque en entier sur l’ordre sénatorial, pour lequel les subventions déjà mentionnées de l’État n’allégeaient cette charge que dans une mesure relativement très faible. Elle avait tout à fait le caractère d’un mot frappant l’aristocratie, en faveur du prolétariat, et poussé, séculairement, jusqu’à la dernière limite de ce qu’on pouvait exiger d’une classe dont les membres étaient continuellement obligés d’acheter rang, titres et tout cet éclat extérieur que procurent des places honorifiques par un luxe de dépenses qui ruina mainte ancienne famille noble, à moins qu’ils ne trouvassent moyen d’y suffire avec l’aide de subventions impériales, ou l’assistance d’autres membres du même ordre. Dans les premiers siècles, il paraît que l’éclat des dignités et offices sénatoriaux n’avait pas cessé de passer, aux yeux du grand nombre, pour un dédommagement suffisant du poids de si lourdes charges, et que relativement peu de sénateurs, ou de personnes pouvant aspirer à cette qualité, cherchaient à se soustraire aux conditions vraiment accablantes des honneurs de leur ordre. Mais, dans la suite, le nombre des récalcitrants s’accrut d’autant plus, sans doute, que ces offices étaient dépouillés de tout pouvoir réel et avaient subi un amoindrissement gui en réduisait l’importance à l’obligation. de donner des, spectacles. Vint un temps où il y eut manque d’amateurs pour des titres et dignités si chèrement achetés. Déjà Constantin fut obligé de contraindre les candidats, qui cherchaient à se soustraire aux honneurs de la préture par la fuite, à l’acceptation de cette charge[89], et peut-être ne fut-il pas le premier qui dut recourir à de pareilles mesures de rigueur.

Une série d’édits impériaux régla, au quatrième siècle, le choix pour la préture et la questure, dont les titulaires, à Rome et à Constantinople, étaient chaque fois désignés par le sénat, pour les dix années à venir, parmi la totalité de ses membres ayant atteint l’age de vingt-cinq ans, et détermina les motifs d’excuse valables pour la dispense de ces charges. On arrêta, pour les différentes prétures, le minimum des sommes à dépenser en spectacles. Une loi de l’an 340 établit ainsi le tarif,, pour les trois prétures alors existantes à Constantinople : Flavialis, 25.000 folles pour la dotation des jeux et 50 livres d’argent pour largesses et cadeaux ; Constantiniana, 25.000 folles et 40 livres ; Triumphalis,15.000 folles et 30 livres[90]. Ceux qui se dérobaient sans motifs plausibles à cette obligation, n’avaient pas seulement à supporter les frais des spectacles, dont le fisc se faisait l’ordonnateur en leur nom, dans ce cas, mais étaient en outre passibles de l’amende d’une fourniture considérable de grains aux magasins de la capitale. L’obligation de pourvoir aux spectacles d’usage, passait même aux héritiers d’un préteur élu, mort sans avoir pu entrer en charge[91].

Il n’est plus guère possible de déterminer exactement, pour aucune époque, le nombre de jours occupés par les jeux dans le cours de l’année, attendu que même le temps des jeux annuellement célébrés par l’État était sujet à certaines variations, et qu’à plus forte raison les jeux extraordinaires échappaient aux prévisions. Les calendriers des fastes de l’empire, parvenus jusqu’à nous, ne donnent une idée à peu près exacte que du temps réclamé par les fêtes de l’État[92]. Sous la république, on comptait sept spectacles annuels, qui, sous Auguste, duraient ensemble soixante-six jours, à savoir : les jeux romains, quinze jours, depuis la mort de César même seize (du 4 au 19 septembre) ; les plébéiens, quatorze (du 4 au 17 novembre) ; ceux de Cérès, huit (du 12 au 19 avril) ; d’Apollon, huit (du 6 au 13 juillet) ; de la grande mère Cybèle, sept (du 4 au 10 avril) ; de Flore, six (du 28 avril au 3 mai) ; du triomphe de Sylla, sept (du 26 octobre au 1er novembre). De ces soixante-six jours, quatorze étaient affectés aux jeux de l’hippodrome, deux à l’épreuve des chevaux de course, deux aux festins qui accompagnaient les sacrifices ; les quarante-huit autres aux représentations scéniques. Dans les jeux publics de l’ère républicaine ne paraissaient, ordinairement, point de gladiateurs. Toutes les fêtes que nous venons d’énumérer, à l’exception de la dernière, existaient encore au quatrième siècle ; seulement la durée en avait été réduite. Le nombre des jeux, après la chute de la république, ne s’accrut que médiocrement d’abord. Jusqu’à l’an 4 avant J.-C., les seuls qui vinrent s’y ajouter, furent les jeux de la Vénus mère (genitrix), qui duraient onze jours (du 20 au 30 juillet), dont quatre pour le cirque, et la fête de Mars (12 mai), qui ne durait qu’un jour, également fêté au cirque. Sous Auguste, fut introduite une seconde fête de Mars, d’un seul jour aussi, tombant le 1er août ; puis, sous Tibère, la fête en l’honneur d’Auguste, d’une durée fixée d’abord à huit et plus tard à dix jours, portant les dates du 3 au 12 octobre ; toutes les deux se passaient également en jeux du cirque. Dans la suite, il est vrai, le nombre des jours de fête solennisés par des jeux, après avoir été porté ainsi à quatre-vingt-sept, sous Tibère, fut considérablement augmenté, à l’occasion d’événements divers, comme la célébration de victoires, la consécration de temples, les anniversaires de la naissance des empereurs entre autres, et, bien que Nerva, dont l’exemple fut suivi par Septime Sévère et Macrin, l’eût de nouveau réduit, il parait qu’il n’en alla pas moins toujours en croissant, dans les intervalles.

D’après une donnée, qui manque un peu de clarté cependant, il semblerait avoir été de 135 jours sous Marc-Aurèle. Du moins cet empereur fixa-t-il à 230 le nombre des jours d’audience des tribunaux[93]. Vers le milieu du quatrième siècle, celui des jours de fête atteignit même 175, dont 10 étaient solennisés par des jeux de gladiateurs, 64 au cirque et 101 au théâtre. Mais précisément les combats de gladiateurs et de bêtes féroces, qui ne figurent même pas dans les calendriers antérieurs, et dont la durée est limitée, dans celui auquel nous empruntons ces derniers chiffres, à 10 jours en décembre, comme on vient de le voir, doivent, à en juger d’après les nombreuses mentions de ces combats offertes par les monuments de la littérature et de l’art à Rome, y avoir été très fréquents, à toutes les époques de l’empire, bien qu’il n’eût point été donné suite à l’idée d’Alexandre Sévère de porter ce nombre à 30 jours, qu’il voulait répartir sur toute l’année[94]. C’est une raison de plus pour croire que les spectacles extraordinaires aussi furent toujours, relativement, très nombreux. Or, ces derniers duraient quelquefois des semaines et même des mois entiers. Ainsi Titus donna, pour l’inauguration de l’amphithéâtre Flavien, en l’an 80, une fête de cent jours ; Trajan, pour la célébration du second triomphe de Dacie, en l’an 106, une de cent vingt-trois. Tous les grands spectacles commençaient avec l’aube et duraient, en grande partie du moins, jusqu’au coucher du soleil[95].

Dans l’origine, les jeux du cirque étaient réputés les plus marquants, ce qui les faisait réserver pour le couronnement de toute fête populaire. Vers la fin de. la république, les combats de gladiateurs, dans lesquels on déployait, alors déjà, une magnificence et une prodigalité sans bornes, étaient le plus en faveur auprès de la multitude[96]. Mais quand, au plus tard dans les commencements de l’empire, l’organisation des partis du cirque fut devenue complète, l’intérêt qu’on prit à leur rivalité acquit la prédominance sur tous les autres. Les jeux de la scène, bien qu’ils eussent également conservé beaucoup d’attrait sous l’empire, ne venaient cependant qu’en troisième ligne, après les précédents et ceux de l’amphithéâtre. De même que le peuple, les empereurs ont, évidemment et sans contredit, attaché le plus d’importance aux deux premiers genres de spectacles, dans lesquels on employait des moyens si prodigieux pour le divertissement des masses. On en trouve la preuve dans les médailles, que l’on peut envisager comme une espèce de documents empreints d’un caractère public, lesquels, à défaut d’autres événements dignes d’être enregistrés, perpétuent très souvent le souvenir de pareils actes de la munificence impériale. On y voit indiqués ou rappelés des travaux de construction et des jeux de l’amphithéâtre et du cirque, jamais des constructions de théâtres, ni des représentations scéniques. Aux jeux séculaires, celles-ci attiraient les spectateurs, au Champ de Mars, pendant trois jours et trois nuits ; cependant les médailles frappées, sous l’empereur Philippe, en commémoration du jubilé millénaire de Rome, n’y font pas la moindre allusion, tandis qu’un lion, un hippopotame et diverses espèces de gibier rappellent les chasses qui eurent lieu à cette occasion.

Indépendamment de ces trois principaux genres de spectacles, les luttes d’athlètes et des représentations musicales s’étaient, déjà sous la république, introduites de la Grèce à Rome. Elles étaient tantôt mises en scène dans des fêtes périodiques spéciales, dont il sera question plus loin, tantôt unies à d’autres spectacles. Dans les grandes fêtes magnifiquement dotées, on avait soin de pourvoir encore à plus de variété par divers moyens subsidiaires, tels que des feux d’artifice, les exercices des danseurs de corde, des jongleurs, des équilibristes, et d’autres semblables. Les exemples témoignant de l’usage fait, aux jeux, de ces divertissements accessoires ne manquent pas[97]. Une célébration des jeux romains, sous Carin et Numérien, fit grande sensation, par la multitude de scèneries toutes nouvelles qui y trouvèrent place et que l’on vit, plus tard, reproduites en image, sous le portique d’une écurie au mont Palatin. Elles peuvent donner une idée de la variété de ces divertissements extraordinaires offerts ait public comme hors d’œuvre. Un baladin dansait, chaussé de cothurnes, sur une corde si fine. qu’il n’en paraissait absolument rien dans l’air ; un acrobate escaladait un mur à pic, en se sauvant devant un ours, excité par ses taquineries ; des ours figuraient comme acteurs dans une pièce ; cent trompettes exécutaient une fanfare et des bandes de cent musiciens chacune jouaient sur différentes espèces de flûtes mille pantomimes et athlètes produisaient leurs talents. La scène était artistement pourvue de tous les appareils et engins nécessaires pour opérer des changements à vue et produire des effets pyrotechniques, sans parler de divers autres spectacles, qui ajoutaient encore à cette variété[98]. De même, à la fête du consul Flavius Mallius Théodore, chantée par Claudien, on vit, indépendamment de courses de chars, de combats d’athlètes, de chasses aux bêtes, de pièces de théâtre et de représentations lyriques de divers genres, des jongleurs qui s’élevaient dans les airs, comme des oiseaux, et y formaient entre eux des pyramides, au sommet desquelles se balançait un jeune garçon ; pais des changements à vue artificiellement ménagés sur la scène, un feu d’artifice brûlant sans rien endommager et une régate sur l’eau[99].

Des illuminations splendides faisaient aussi très souvent partie du programme des fêtes, ce qui n’a rien d’étonnant, puisque l’usage des lumières, des lampes et des torches, dans les solennités religieuses et autres, n’avait rien d’insolite à Rome, ni dans l’antiquité en général[100]. Très anciennement déjà, lors des spectacles, le Forum et le comice avaient été illuminés avec des lampes en plein jour, sans préjudice des décorations d’un autre genre[101]. L’usage de laisser les fêtes se prolonger dans la nuit, moyennant un éclairage artificiel, ne s’est, selon toute probabilité, établi que postérieurement, d’abord pour la fête de Flore, dont les extravagances devaient cadrer le mieux avec une fête de nuit[102]. Lors des jeux floraux de l’an 32 après J.-C., le préteur L. Séjan fit reconduire chez eux les spectateurs par cinq mille esclaves, chargés d’éclairer leur chemin[103]. Les jeux séculaires, qu’Auguste rétablit en l’an 17 avant J.-C., duraient aussi toute la nuit, suivant l’antique usage. Auguste défendit à la jeunesse des deux sexes d’assister à ces spectacles nocturnes autrement qu’en compagnie de personnes d’un âge plus mûr[104] ; et, pendant le jubilé millénaire de Rome, en l’an 248, le peuple resta, suivant le rapport des chroniqueurs, trois nuits de suite sans prendre de repos[105]. Il se pourrait aussi que l’on eût l’habitude d’illuminer lors des saturnales, pendant lesquelles l’usage des lumières, qui, vers l’époque du solstice d’hiver, comme de nos jours à la fête de Noël, avait le caractère symbolique d’une célébration du jour qui reprend, était général. A la fête des saturnales de l’an 90, ordonnée par Domitien, on fit descendre, à la nuit tombante, ait milieu de l’amphithéâtre un cercle de flammes, dont la vive clarté permit de continuer les jeux[106]. La fête quatriennale introduite, en l’an 60, par Néron, paraît avoir été, dès l’origine, pareillement étendue aux nuits. A l’objection de la crainte qu’il n’en résultât du désordre, on répondit qu’avec un aussi brillant éclairage, rien d’illicite ne pourrait s’y dérober aux yeux[107]. Du reste, les spectacles de nuit, en général, n’étaient probablement pas rares à Rome, sous l’empire, puisque, même dans les autres villes d’Italie, la mention d’illuminations accompagne souvent celle des spectacles. Caligula fit une fois jouer la nuit des pièces de théâtre, pendant la représentation desquelles toute la ville fut éclairée[108]. La course de chars, dans les jardins de Néron, où des chrétiens enduits de poix furent brûlés en guise de torches, parait avoir été aussi un spectacle de nuit[109]. Domitien ordonna même des combats nocturnes d’animaux et de gladiateurs, avec éclairage[110]. C’est sans doute également à un spectacle de nuit que fait allusion ce distique de Martial[111] :

Quod, Leandre, tibi nocturna pepercerit.unda,

Desine mirari : Cæsaris unda fuit.

Sous l’empire,, comme déjà sous la république[112], un régal en masse et des largesses aux spectateurs accompagnaient assez souvent les spectacles. Depuis que ceux-ci duraient des jours entiers, il est probable qu’il y avait régulièrement, vers midi, un entr’acte, pendant lequel on s’éloignait pour prendre son repas, quand on n’était pas traité sur les lieux mêmes, au théâtre et au cirque. Des esclaves faisaient alors partout la ronde, avec des paniers remplis de comestibles ou d’énormes plats, sous le poids desquels ils chancelaient. On distribuait aussi des jetons donnant droit à des vivres et à des rafraîchissements. Il ne pouvait manquer d’arriver assez souvent, dans ces occasions, qu’une partie du public s’exhalât en plaintes sur l’indiscrète et empiétante gourmandise des voisins[113]. Dans les grandes fêtes durant plusieurs jours, on réservait même des journées entières, exclusivement pour donner des festins en règle à tout le monde. A la fête de Flore, où l’usage de ces distributions de comestibles, encore mentionnées vers l’an 247 de notre ère[114], se maintint le plus longtemps, une large pâtée de purée de haricots et de pois suffisait pour contenter le peuple[115] ; mais dans les fêtes données par les empereurs, le menu était plus délicat, comme il va sans dire.

Aux saturnales de l’an 90, les domestiques impériaux, tous jeunes, beaux et en riche livrée, répartis sur tous les points de l’amphithéâtre pour servir, y furent, si l’on en croit la description de Stace, aussi nombreux que les spectateurs mêmes. Tels apportaient des nappes blanches et des paniers garnis de mets exquis, tels autres, des vins vieux à profusion. Femmes et enfants, gens du peuple, chevaliers et sénateurs, tous mangeaient réunis aux mêmes tables comme une famille ; l’empereur lui-même daigna prendre part au repas, et le plus pauvre se sentait heureux d’être là son convive[116]. Caligula, à un de ces banquets, voulut bien, dans un moment de bonne humeur, envoyer sa propre portion à un chevalier, qu’il voyait manger avec un appétit hors ligne, et favoriser un sénateur dans la même disposition d’un billet de sa main, qui le nommait préteur hors cadre[117]. Parfois, on jetait aussi aux spectateurs toute sorte de cadeaux, notamment des masses de fruits et d’autres comestibles : ainsi, à la fête déjà mentionnée des saturnales de l’an 90, où il plut, le matin, des figues, des dattes, des noix, des prunes, de la pâtisserie, du fromage et des gâteaux ; le soir, du gibier ailé, voire même des faisans et des poules de Numidie[118]. Souvent aussi on jetait à la foule des jetons procurant, comme nos billets de loterie, à ceux qui les ramassaient, des gains portant sur des objets divers, en partie d’un certain prix. On possède encore quelques jetons de l’espèce, parvenus jusqu’à nous. Domitien, à une fête où la majeure partie des gains étaient tombés, le premier jour, sur les places du troisième ordre, crut devoir réserver exclusivement, le lendemain, cinquante jetons par ordre pour les places, des sénateurs et celles des chevaliers[119]. A une très grande fête, que Néron ordonna, pour la consécration d’une durée éternelle de l’empire romain, on jeta, jour par jour, au public, mille oiseaux de toute espèce ; puis, des lots faisant gagner des objets de valeur très inégale, comme par exemple toute sorte d’ustensiles de ménage, des bons de blé, des vêtements, de l’or, de l’argent, dès pierres précieuses, des perles, des tableaux, des animaux de trait, des bêtes féroces apprivoisées ; finalement, jusqu’à des navires, des maisons de rapport et des biens de campagne[120]. Titus, à l’inauguration de l’amphithéâtre Flavien, fit jeter aux assistants des lots semblables[121]. À une fête d’Héliogabale, il y eut un lot bon pour dix ours, d’autres faisant gagner dix muscardins, dix têtes de salade, dix livres d’or, etc.[122], en un mot de tout ce que l’on peut imaginer, excepté des porcs, parce que la croyance de l’empereur lui défendait d’en manger[123]. Il va sans dire qu’il y avait, dans toutes ces occasions, une terrible presse, et que les choses ne s’y passaient jamais sans voies de fait ou batteries. Les cas de mort d’hommes ne devaient même, évidemment, pas être rares. Les gens prudents s’éloignaient avant le commencement de cet acte de la fête ; ils savaient que des objets de très mince valeur y revenaient souvent fort cher[124]. Quelquefois aussi des spéculateurs achetaient d’avance, à forfait, des personnes qui ne craignaient pas cette mêlée, tout ce qu’elles pouvaient y attraper[125]. Dans les temps postérieurs de J’empire, on livra plusieurs fois au people des centaines de pièces de gibier vivant, en partie exotiques. Il en est fait mention, pour la première fois, à propos d’une fête donnée par le premier Gordien, quand il était encore édile ; mais c’est dans la célébration du triomphe de l’empereur Probus sur les Germains et les Blemmyes que ce divertissement fut repris sur la plus grande échelle. Le cirque avait été changé en forêt, au moyen d’arbres plantés ou fichés en terre. On y introduisit des milliers d’autruches, de cerfs de sangliers ; de moutons sauvages, d’antilopes et d’autres animaux à ramure, avec tout ce qu’il avait été possible de trouver et de nourrir de gibier des autres espèces ; puis, on laissa entrer le peuple, et l’on permit à chacun d’en prendre et d’en garder autant qu’il pourrait en saisir[126].

Il est à peine besoin de dire que les grandes fêtes, Célébrées avec une magnificence inaccoutumée, faisaient affluer vers les lieux où se tenaient les spectacles, non seulement toute la population de Rome, mais, en outre, des masses d’étrangers, venus de près et de loin. Déjà sous la république, les spectacles réunissaient dans la métropole une grande partie de la population de l’Italie[127] et des curieux de tous les pays, depuis que Rome était devenue le centre du monde[128]. Aux jeux par lesquels fut célébré le triomphe de Jules César, l’affluence des étrangers fut telle qu’il fallut les loger, pour la plupart, sous des baraques et des tentes, dressées dans les rues ; et que nombre d’hommes, entre autres deux sénateurs, périrent écrasés par la foule[129]. Auguste, lors des grands spectacles donnés par lui, avait soin d’établir des postes armés sur divers points de la ville, pour empêcher les vols avec effraction et le brigandage dans les rues désertes[130]. A la représentation d’un combat naval, ordonnée par lui, on vit, comme dit Ovide[131], accourir les hommes et les femmes de l’Orient et de l’Occident. Rome devenait, dans ces circonstances, un lieu de rendez-vous polir le monde entier. Dans une description poétique des spectacles donnés lors de la fête d’inauguration de l’amphithéâtre Flavien par Domitien, on dit qu’il n’était pas un .peuple, étranger ou barbare, qui n’eût fourni son contingent de spectateurs. On y voyait le laboureur venu du pied des Balkans, le Sarmate nourri de lait de cavale, l’habitant de la région des sources du Nil et l’hôte des bords de l’Océan. A côté de Sabéens et d’Arabes figuraient des Sicambres, les cheveux noués en chignon sur le sommet de la tête, et des nègres à laine crépue. Leurs idiomes si divers se confondaient dans l’unanimité du cri par lequel tous saluaient l’empereur comme le père de la patrie[132].

On voit, d’après cela, quels moyens prodigieux on déployait pour l’amusement de la population de Rome. Il est vrai que cette population était blasée sur les grandeurs comme nulle autre ne le fut jamais : Les générations d’alors n’avaient pas oublié que, par ce même cirque, dans une longue suite de processions triomphales, depuis, des siècles, les rois vaincus des pays les plus lointains avaient été promenés comme sujets de Rome, les richesses du monde entier, exhibées comme la propriété du peuple roi. A lui était échu l’héritage de ce grand passé, le monde continuait à lui obéir, les prodiges lui étaient familiers, tous les jours il voyait des choses qui pouvaient paraître incroyables, et le plus grand des prodiges de l’ancien et du nouveau monde, la ville éternelle, ne l’avait-il pas constamment sous les yeux. Cependant, l’effet produit par les spectacles rie devait pas toucher les masses seules, qu’ils avaient pour premier but d’amuser. Qui aurait pu résister à des impressions capables de surexciter, d’égarer et d’enivrer les sens, ainsi que de lâcher le frein aux passions à un si hart degré ? Elles remplissaient l’atmosphère de la vie intellectuelle, à Rome, d’une contagion dont les avantages d’une haute culture de l’esprit, d’une condition sociale privilégiée même, étaient impuissants à neutraliser les influences, auxquelles le beau sexe aussi n’était que trop accessible. On respirait l’intérêt passionné pour les jeux du cirque, de la scène et de l’arène, en quelque sorte avec l’air dans lequel on vivait ; c’était l’une des maladies propres à la grande ville et dont le principe y était déjà, pour ainsi dire, inoculé à l’enfant dans le ventre de sa mère[133]. Mais, quelque pernicieux que fussent en général les effets que l’on pouvait attribuer à l’influence des spectacles sur la moralité des classes supérieures mêmes, il n’en est pas moins difficile, cela se comprend, pour ne pas dire impossible, de les spécifier. Mais, il importe de mentionner ici un fait qui parle assez haut, il faut en convenir, pour faire reconnaître très clairement jusqu’où pouvait aller cette influence démoralisante ; nous voulons parler de la participation directe, comme acteurs, d’hommes et même de femmes de la noblesse, ainsi que de plusieurs empereurs, aux jeux du théâtre, de l’arène et du cirque. Il est vrai que divers mobiles concouraient à rendre possible une pareille déviation de la règle traditionnelle des bonnes mœurs et des lois : l’appauvrissement et la dégradation d’une partie des classes supérieures, notamment, ainsi que la contrainte exercée sur les esprits par certains empereurs ; mais ces causes ne suffisent pas pour expliquer complètement ce phénomène inouï ; et déjà la part active que les empereurs prenaient aux représentations prouve surabondamment qu’il y avait, jusque dans les sphères les plus élevées de la société, pour les jeux, une passion dégénérée en véritable manie, qui ne se laissait arrêter par aucune des barrières que lui opposaient les anciennes mœurs et les lois. Si plusieurs empereurs ne mirent pas seulement leur amour-propre à se distinguer dans les arts de la scène, de la danse, de la musique, de l’hippodrome et de la gladiature, mais se complurent même à faire admirer, en petit comité comme en public, la virtuosité qu’ils y avaient acquise ; si Néron parcourut la Grèce comme un artiste de profession, si Commode transféra son domicile du palais à l’école des gladiateurs, si Caracalla n’eut pas honte de faire lui-même publiquement, en livrée bleue, le cocher au cirque, il ne saurait évidemment plus rester le moindre doute sur ce fait que même des personnes de la plus haute naissance étaient poussées à se ravaler ainsi par des mobiles tous empreints du caractère d’une passion irrésistible.

Il est vrai que, déjà sous Auguste, la gladiature était, assez souvent, la dernière ressource pour les libertins ruinés des deux ordres supérieurs[134] ; cependant il est certain qu’une dégradation pareille était encore, alors, une excentricité beaucoup plus rare chez les membres du premier ordre que chez ceux du deuxième. Ce n’est aussi qu’exceptionnellement qu’il y eut, de la part des empereurs, une contrainte exercée, directement ou indirectement, sur des chevaliers et des sénateurs, pour les forcer à se donner en spectacle. Abstraction faite du désir de quelques princes de rendre moins choquant leur propre début sur la scène, en poussant, de tout leur pouvoir, à la plus large imitation de leur propre exemple, il est possible. aussi qu’un pareil rabaissement des classes supérieures ne fût rien moins que désagréable au césarisme, yen raison de sa haine contre l’aristocratie, de sa politique de nivellement et de son faible pour la populace. Or rien ne devait chatouiller plus agréablement l’esprit de celle-ci même, que de voir les descendants des plus nobles races prostituer leur personne, pour son amusement, à l’instar de criminels, d’esclaves et de vils soudards. Cependant, on peut affirmer de la plupart des empereurs, ou que cette direction était loin d’entrer dans leurs vues, ou qu’elle fut tempérée, chez eux, soit par des égards pour la tradition et la loi, soit par ce qu’exigeaient les convenances dans leurs rapports avec les classes supérieures. Jules César, il est vrai, fit, à cet égard aussi, parade de son dédain de maître absolu pour les honneurs rendus à la condition sociale. Aux jeux qu’il fit donner au cirque, de jeunes hommes de la noblesse se disputaient le prix de la course, des chars[135]. La contrainte et des récompenses déterminèrent le chevalier Laberius à se produire sur la scène[136], et d’autres à paraître dans l’arène[137]. Mais peu de temps après sa mort, une résolution du sénat, en 38 avant Jésus-Christ, défendit aux chevaliers et aux sénateurs de paraître dans l’arène et sur la scène[138] ; cependant on usa de tolérance pour la transgression de ce sénatus-consulte[139] et, en l’an 10 après Jésus-Christ, il fut même expressément permis aux chevaliers de combattre comme gladiateurs[140].

Tibère, nature profondément aristocratique, méprisait la populace plus encore qu’il ne haïssait la noblesse ; toute intention de ravaler les classes supérieures, de quelque manière que ce fût, pour l’amour du bas peuple, était loin de sa pensée ; aussi, maintint-il rigoureusement le sénatus-consulte et punit-il les contrevenants de l’exil[141]. Des chevaliers ayant paru comme acteurs aux jeux de Drusus, il en manifesta hautement son déplaisir[142]. Aux spectacles de Caligula, au contraire, on vit des chars conduits par des hommes de rang sénatorial[143], et l’empereur fit combattre, comme gladiateurs, beaucoup de chevaliers[144] et même des membres du sénat[145], ne fût-ce que pour les punir de s’être produits antérieurement sur la scène et dans l’arène, ou lorsqu’ils lui étaient dénoncés comme l’ayant fait. Il paraît que Claude eut sérieusement la volonté de faire cesser ce scandale[146], et même qu’il y parvint. Mais, sous Néron, le premier empereur qui monta lui-même sur la scène, cette manie reprit et atteignit son apogée. Aucune considération de rang ni de famille, ni la fortune, ni une réputation sans tache, ne pouvaient alors préserver de l’infamie d’une prostitution sur la scène et dans l’arène, vis-à-vis du bon plaisir impérial[147]. Vitellius rendit un nouvel édit, plein de vigueur, contre ce rabaissement de la dignité équestre[148] ; Domitien même s’appliqua du moins en apparence, au maintien de la dignité du rang et, quoiqu’il donnât aux combats contre les animaux l’encouragement de son propre exemple[149], il n’en allégua pas moins le reproche d’y avoir participé, comme prétexte, pour l’exécution d’Acilius Glabrion[150].

Les empereurs suivants, jusqu’à Commode, sont ceux de la part desquels une contrainte, pour forcer des membres des deux premiers ordres à se produire en spectacle, est le moins admissible. Un homme mal famé, de rang sénatorial, n’en put pas moins dire à Marc-Aurèle qu’il voyait investis de la préture beaucoup d’hommes qui avaient combattu avec lui dans l’arène[151], et Sévère, demander au sénat, pour excuser Commode d’avoir participé aux combats de l’amphithéâtre, si aucun de ses membres n’avait des goûts de gladiateur, sinon dans quel autre but donc quelques-uns d’entre eux avaient fait emplette de boucliers fins et de casques dorés[152]. Et pourtant l’arène passait pour plus dégradante encore que le cirque et le théâtre[153]. Caracalla faisait un cas particulier de Priscillien, parce qu’il excellait par sa vaillance dans le combat contre les bêtes féroces[154]. Mais il est clair, nous le répétons, que le reproche principal de cette participation infamante des classes supérieures aux jeux des spectacles ne retombe pas, si l’on excepte le temps de Néron, sur les empereurs mêmes. C’est préciser en termes non équivoques le vrai caractère de ce symptôme effrayant de la démoralisation, propagée par ces fêtes merveilleuses et comme apprêtées par un pouvoir magique, dont l’éclat frappait et séduisait l’esprit des hommes de ce temps avec un entraînement irrésistible.

 

 

 

 



[1] Josèphe, Antiquités judaïques, XIX, 1, 15.

[2] Suétone, Néron, chap. 67, avec la note de Casaubon. — On sait que les chrétiens attendaient aussi le retour de Néron, mais comme la venue de l’Antéchrist.

[3] Panem et circenses. Il faut croire que cette locution était devenue proverbiale ; car elle se retrouve non seulement dans un passage de la satire X de Juvénal (vers 81), mais encore chez deux autres écrivains du deuxième siècle, littéralement la même. — Voir Dion Chrysostome, Or. XXXII, p. 370, 18 M, et Fronton, qui dit formellement (Princip. hist., 5, 11) : Populum romanum duabus præcipue rebus annona et spectaculis teneri.

[4] Suétone, Auguste, chap. 43 à 45.

[5] D’après une expertise du travertin employé â la construction de ce monument,ce qui en restait en 1756 valait encore près de 17 millions de francs. (Barthélemy, Voyage en Italie, 1801, p. 385.)

[6] Dion Cassius, LXVI, 10.

[7] Ibid., LXVI, 25. — Suétone, Titus, chap. 7.

[8] Fronton, Princip. hist., 5, 11.

[9] Vie de Marc-Aurèle, chap. 23 ; voir aussi chap. 7 et 17.

[10] Hérodien, III, 8, 6-10.

[11] Suétone, Tibère, chap. 47.

[12] Ibid., chap. 34 : Ludorum ac munerum impensas corripuit, mercedibus scenicorum recisis paribusque gladiatorum ad certum numerum redactis (Il réforma la dépense des jeux et des spectacles, en restreignant le salaire des acteurs et en fixant le nombre des couples de gladiateurs).

[13] Dion Cassius, LIV, 2 et 17.

[14] Ibid., LXVIII, 2.

[15] Vie d’Antonin le Pieux, chap. 12.

[16] Vie de Marc-Aurèle, chap. 11 et 27.

[17] Cicéron, ad Atticum, I, 16, 11 ; II, 19, 3 ; XIV, 2 ; pro Sext., chap. LIV, etc. — Properce, III, 18, 18. — Lipsius, Electa, II, 10.

[18] Tacite, Dialogue des orateurs, chap. 13.

[19] Sénèque, Lettres, 29, 12.

[20] Propitium Cæsarem, ut in ludicro aliquo precabaniur (ils réclamaient, comme dans un spectacle, la protection de César pour l'un ou pour l'autre et quelquefois pour tous deux) (VI, 5).

[21] Suétone, Auguste, chap. LVI.

[22] Voir sa biographie, chap. XLVIII.

[23] Comme par exemple dans Plutarque, Othon, chap. III. — Voir aussi Tacite, Histoires, I, 72.

[24] Tacite, Annales, XVI, 4 (plebs.... urbis.... personabat certis modis plausuque composito [La populace de Rome ... faisait entendre des acclamations notées et applaudissait en mesure]), — Dion Cassius, LXXIII, 2.

[25] Dion Cassius, LVII, 11. — Tacite, Annales, I, 54.

[26] Suétone, Tibère, chap. 47.

[27] Suétone, Auguste, chap. 45. — Neque ipse abhorrebat talibus studiis et civile rebatur misceri studiis vulgi.

[28] Vie de Marc Antonin, chap. XV.

[29] Suétone, Néron, chap. 11.

[30] Pline, Histoire naturelle, XXXVII, 64.

[31] Panégyrique, chap. 51.

[32] Dion Cassius, LX, 13.

[33] Suétone, Claude, chap. 11.

[34] Le même, Titus, chap. 11.

[35] Suétone, Domitien, chap. 10 et 13.

[36] Pline le Jeune, Panégyrique, chap. 33.

[37] Dion Cassius, LXIX, 6.

[38] Ibid., 16.

[39] Tacite (Histoires, I, 32) dit : Dissono clamore cædem Othonis poscentium, ut si in circo ac theatro ludicrum aliquod postularent (demandant par des cris confus la mort d'Othon et le supplice des conjurés, comme ils auraient demandé au cirque ou au théâtre un spectacle de leur goût).

[40] Comme par exemple dans Suétone, Caligula, chap. 30, où on lit : Cumque Tetrinius latro postularetur, et qui postularent, Tetrinios esse ait (On accusait devant lui un voleur nommé Tetrinius. il dit que ceux qui en demandaient la condamnation étaient eux-mêmes des Tetrinius).

[41] Missio sæpe viris magno clamore petita est [les spectateurs, à diverses reprises, demandèrent à grands cris quartier pour ces gladiateurs). Martial, Livre des spectacles, 29, 3.

[42] Fronton, ad Marcum Cæsarem, II, 4, 4 : Eos qui bestias strenue interfecerint, populo postulante ornatis aut manumittitis ; nocentes etiam homines aut scelere damnatos, sed populo postulante conceditis.

[43] Tibère, chap. 47. — Voir aussi Paul, Digeste, XL, 9, 17 : Si privatus coactus a populo manumiserit, quamvis voluntatem accommodaverit, tamen non erit liber ; nam et Divus Marcus prohibuit ex acclamatione populi manumittere.

[44] Josèphe, Antiquités judaïques, XIX, 1, 4.

[45] Dion Cassius, LVI, 1.

[46] Tacite, Annales, VI, 13.

[47] Pline, Histoire naturelle, XXXIV, 62.

[48] Josèphe, Antiquités judaïques, XIX, 1, 4.

[49] Suétone, Domitien, chap. 13.

[50] Le même, Titus, chap. 6.

[51] Plutarque, Galba, chap. 17.

[52] Juvénal, V, 3, scolie : Per ludos quibus primum (Sarmentus) in XIV ordinibus sedit, hœc in eum a populo dicta sunt :

Aliud scriptum habet Sarmentus, aliud populus voluerat.

Digna dignis : sic Sarmentus habeat crassas compedes.

Rustici ne nihil agatis, aliquis Sarmentum alliget.

Digeste, XLVII, 10, 7, § 8 : Atrocior injuria fit.... tempore, si ludis et in conspectu. — Voir aussi Ibid., 9, § 1.

[53] Ammien Marcellin, XVI, 10, 13 : (Constantius) sæpe quum equestres ederet ludos, dicacitate plebis oblectabatur, nec superbæ nec a libertate coalita desciscentis, reverenter modum ipse quoque debitum servans ([Constance] en présidant les jeux équestres, prit grand plaisir aux saillies du peuple, qui sut s'interdire les écarts sans renoncer à ses habitudes de liberté. Le prince lui-même observait un juste milieu entre la roideur et l'oubli de son rang). — Cassiodore, Var., I, 27 : Quidquid illic (in circo) gaudenti populo dicitur, injuria non putatur. Locus est qui defendit excessum. Quorum garrulitas si patienter accipitur, ipsos quoque principes ornare monstratur.

[54] Tertullien, Des spectacles, 16 : Circo quid amarius, ubi ne principibus quidem aut civibus suis parcunt. — Le même, Ad nat., I, 17 : Illa obliqua nonnunquam dicta in concilio et maledicta quæ circi sonant. — Histoire Auguste, Macrin, chap. 12 :

Unde etiam in circo, quum favor publicus in Diadumenum semper fuisset, acclamatum :

Egregius forma juvenis,

cui pater haud Mezentius esset.

(C’est ce qui explique qu’un jour où la faveur populaire s’était manifestée au cirque en faveur de Diadumène, on ait entendu cette exclamation :

C’est un jeune homme d’une remarquable beauté,

Qui ne mériterait pas d’avoir pour père un Mézence).

[55] Cicéron (à Atticus, XIII, 44, 1) écrivait vers l’an de Rome 709 : Suaves tuas litteras ! Etsi acerba pompa. Verum tamen scire omnia non acerbum est, vel de Cotta. Populum vero præclarurn, quod propter malum vicinum ne Victoriæ quidem ploditur. Brutus apud me fuit, cui quidem valde placebat me aliquid ad Cæsarem. Adnueram, sed pompa deterret.

[56] Dion Cassius (XLVIII, 31), dont le rapport sur ce point est certainement plus exact que celui de Suétone (Auguste, chap. 16).

[57] Dion Cassius, LXXII, 13. — Hérodien, I, 12.

[58] Dion Cassius, LXXIII, 4.

[59] The common susceptibilities, common inspiration and common spontaneous impulse of a multitude, effacing for the time each man’s separate individuality. (Grote, Histoire de la Grèce, V, p. 260, etc.)

[60] Dion Cassius, LXXV, 4.

[61] Ainsi Ibid., LXXVI, 2, et LXXVII, 10.

[62] Quintilien, VI, 3, 63 : Eques romanus ad quem in spectaculo bibentem cura misisset Augustus qui ei diceret : ego, si prandere volo, domam abeo.... tu enim, inquit, non times, ne locum perdas.

[63] Juvénal, XI, 203, dit :

Nostra bibat vernum contracta cuticula solem

Effugiatque togam . . . . . . . . . .

(Nous quittons la toge et allons offrir notre vieille peau aux rayons du soleil printanier)

[64] Negotium ædilibus dedit, ne quem posthac paterentur in foro circove nisi positis laceruis togatum consistere (il chargea les édiles de veiller à ce qu'à l'avenir nul citoyen ne parût dans le forum ou dans le cirque, sans avoir déposé le manteau qui couvrait sa toge). Suétone, Auguste, chap. 40.

[65] Contra consuetudinem jussit spectatores pænulatos non togatos ad munus convenire (il contraignit les spectateurs, contrairement à l’habitude, à venir aux jeus revêtus non pas de la toge mais du manteau). Vie de Commode, chap. 16.

[66] Dion Cassius, LXXII, 21. — Voir aussi Vie de Commode, chap. XVI.

[67] Dion Cassius, LIX, 7.

[68] Suétone, Claude, chap. 6.

[69] Dion Cassius, LXVII, 8.

[70] Herbarum fueras indutus, Basse, colores,

Jura theatralis dum siluere loci.

Quæ postquam placidi censoris cura renasci

Jussit et Oceanum certior audit eques,

Nonnisi vel coccô madida vel murice tincta

Veste nites et te sic dare verba putas.

(Martial, VIII, 23.)

[71] Martial, V, 8 ; XIV, 31 et 137 ; IV, 2.

[72] Ibid., XIV, 28, etc.

[73] Digeste, I, 12, 1, § 13, etc.

[74] Mommsen, Histoire romaine, I, 3, p. 449.

[75] Polybe, XXXII, 4, 5.

[76] Cicéron, Pro Milone, chap. XXXV.

[77] Mommsen, Corp. Inscr. lat., d’après les Fasti Antiatini, p. 317 b.

[78] Josèphe, Antiquités judaïques, XVI, 5, 1.

[79] Ibid., 4, 5.

[80] Pétrone, Satiricon, c. XLV.

[81] Orelli, Inscr. lat., 81.

[82] Tacite, Annales, IV, 63.

[83] Martial dit à ce sujet :

Constatura fuit Megalensis purpura centum

Millibus, ut nimium musera parca dares.

(Il était préteur, et la présidence des jeux mégalésiens devait lui coûter cent mille sesterces, en mettant vos largesses au plus bas.)

(X, 41.)

Prætor ait : Scis me Scorpo Thalloque daturum,

Atque utinam centum millia sola darem.

(Prétor lui répond : Tu sais que je dois en donner à Scorpus et à Thallus, et plût aux dieux que j'en eusse seulement cent mille à donner !)

(IV, 67.)

Ailleurs (V, 25) il demande s’il ne vaudrait pas mieux doter un pauvre du cens équestre :

Quam non sensuro dare quadringenta caballo,

Aureus ut Scorpi nasus ubique micet ?

(prodiguer quatre cent mille sesterces pour une statue équestre qui n'en sentira rien, et pour qu'on voie briller partout le nez doré de Scorpus ?)

[84] Elle porte, au chapitre III : Prætor factus est, Sura bis, Serviano iterum Coss, quum HS iterum vicies ad ludos edendos a Trajano accessit. — Sans le mot iterum, qui pourrait n’avoir été répété dans la phrase que par mégarde, on aurait déjà une somme assez ronde (vicies), de 544.000 francs environ.

[85] Vie d’Aurélien, chap. XII.

[86] Olympiodore, dans Photius, I, p. 63.

[87] Procope, Histoire secrète, chap. XXVI. — La livre d’or est ici calculée a 1.142 francs, comme on voit.

[88] Marcellin, Com. chron. : Fainosissimum hunc consulatum Justinianus omnium Orientalium consulatu profecto munificentius his liberalitatibus edidit. Nam CCLXXXVIII miltia solidorum in populum, inque spectacula sive in spectaculorum machinam distributa, XX leones, XXX pardos, exceptis aliis feris, in amphitheatro simul exhibuit.

[89] Zosime, II, 38.

[90] Le follis étant, comme monnaie de compte, probablement l’équivalent du solidus, 25.000 folles, d’après la métrologie de Hultsch, représenteraient environ 394.000 francs.

[91] Code Théodosien, VI, 14, avec les notes de Gothofredus.

[92] Mommsen, Corp. Inscr. lat., p. 377, etc.

[93] Vie de Marc Antonin, chap. X.

[94] Vie d’Alexandre Sévère, Chap. XLIII.

[95] Déjà Celse (De re med., I, 3) dit : Qui vero toto die in vehiculo vel in spectaculis sedet.

[96] Cicéron, Pro Sextio, 50, 106 : Tribus locis maxime significari populi Romani judicium ac voluntas potest, concione, comitiis ludorum gladiatorumque consessu (tous les citoyens sont animés du même esprit ; les assemblées, les comices, les spectacles, sont les lieux où l'opinion et la volonté nationales se manifestent avec le plus d'évidence). — Ibid., 59 : Equidem existimo nullum tempus esse frequentioris populi quam illud gladiatorum, neque concionis ullius, neque vero ullorum comitiorum (Je ne pense pas que, dans aucune assemblée, dans aucune élection, il y ait eu nulle part une plus grande foule qu'à ces combats de gladiateurs). — Enfin, Ibid., 58, 124 : Id autem spectaculi genus quod omni frequentia atque omni genere hominum celebratur, quo multitudo maxime delectatur (De tous les genres de spectacle, c'est celui où le peuple se porte avec le plus d'ardeur; c'est celui qui attire le plus la multitude).

[97] Unde et pueri quos in ludis videmus ea parte qua cernunt stantes, cernui . vocantur ; ut etiam Varro in ludis theatralibus docet. (Servius, Æn., X, 894.) — Nos quoque vidimus Athanatum nomine, prodigiosæ ostentationis, quingenario thorace plumbeo indutum, cothurnisque quingentum pondo calciatum per scenam ingredi. (Pline, Hist. nat., VII, 83.)

[98] Preller, Mythologie des Romains, p. 415 de l’original allemand, dont une traduction française vient de paraître toutefois.

[99] Vie de Carin, chap. XIX.

[100] Claudien, De Fl. Mall. Theod. cons., 279, etc.

[101] Romanis ludis forus olim ornatu luceruis. (Lucilius, Satires, I, 23.) — Voir aussi Cicéron, Verr., II, 1, 22, 58 ; Ibid., 54, 141.

[102] Ovide, Fastes, V, 361, etc.

[103] Dion Cassius, LVIII, 19.

[104] Suétone, Auguste, chap. 31.

[105] S. Jérôme, Chronique.

[106] Stace, Silves, I, 6, 85, etc.

[107] Tacite, Annales, XIV, 20, etc. ; XVI, 5.

[108] Suétone, Caligula, chap. 18.

[109] Tacite, Annales, XV, 44.

[110] Suétone, Domitien, chap. 4. — Dion Cassius, LXVII, 8.

[111] Livre des spectacles, 25 : Cesse de t'étonner, Léandre, d'avoir été épargné par les flots pendant tes courses nocturnes : ce sont les flots de César.

[112] Cicéron, De officiis, II, 16, 55.

[113] Martial, I, 11 ; 26 ; V, 49.

[114] Par Dion Cassius (LXVIII, 22).

[115] Perse, V, 180. — Voir aussi Horace, Satires, II, 3, 182.

[116] Stace, Silves, I, 6, 28, etc. — Voir aussi Suétone, Domitien, chap. 4.

[117] Suétone, Caligula, chap. 18.

[118] Stace, Silves, I, 6, 9, etc. ; 65, etc.

[119] Suétone, Domitien, chap. 4.

[120] Le même, Néron, chap. 11.

[121] Dion Cassius, LXVI, 25.

[122] Vie d’Héliogabale, chap. XXII.

[123] Hérodien, V, 6.

[124] Sénèque, Lettres, 74, 8.

[125] Digeste, XVIII, 1, 8, § 1 (Pomponius, libro IX, ad Sabinum) : Aliquando tamen et sine re venditio intelligitur, veluti quum quasi alea emitur : quod fit quum captus piscium, vel avium, vel missilium emitur ; emtio enim contrahitur, etiamsi nihil inciderit, quia spei emtio est, et quod missilium nomine eo casu captum est, si evictum fuerit, nulla eo nomine ex emto obligatio contrahitur, quia id actum intelligitur.

[126] Hist. Auguste, Les trois Gordiens, chap. III ; Probus, chap. XIX.

[127] Cicéron, Verr., I, 18, 54 : Frequentia totius Italiæ comitiorum ludorum censendive causa (cette foule innombrable venue de toute l'Italie pour les comices, pour les jeux et pour le cens).

[128] Dion Cassius, LXXVIII, 26.

[129] Suétone, César, chap. 39.

[130] Le même, Auguste, chap. 43.

[131] Art d’aimer, I, 173.

[132] Livre des spectacles, 2.

[133] Tacite, Dialogue des orateurs, chap. XXIX.

[134] Horace, Épîtres, I, 8, 36. — Properce, IV, 8, 25. — Sénèque, Lettres, 87 ; 9 ; 99, 11 — Tacite, Annales, XIV, 14 : (Nero) nobilium familiarum posteros egestate venales in scenam deduxit ([Néron] dégrada les fils de plusieurs nobles familles, en traînant sur la scène leur indigence vénale). — Voir aussi la satire VIII (183) de Juvénal, qui décrit les mœurs du temps de Néron.

[135] Suétone, César, chap. 39.

[136] Voir surtout Juvénal, VIII, 183, etc.

[137] Dion Cassius, XLIII, 23. — Suétone, César, au dit chapitre. — Voir aussi Dirksen, Tab. Heracl., p. 97, etc.

[138] Dion Cassius, XLVIII, 43. — Suétone, Auguste, chap. 43, et Tibère, chap. 35.

[139] Dion Cassius, LI, 22 ; LIII, 21. — Suétone, Néron, chap. 4.

[140] Dion Cassius, LVI, 25.

[141] Suétone, Tibère, chap. 35.

[142] Dion Cassius, LVII, 14.

[143] Suétone, Caligula, chap. 18.

[144] Ibid., chap. 30. — Dion Cassius, LIX, 10.

[145] Dion Cassius, LIX, 13.

[146] Ibid., LX, 7.

[147] Suétone, Néron, chap. 12, où il y a cependant une exagération manifeste dans les mots quadringentos senatores, comme l’avait déjà fait remarquer Lipsius, et probablement aussi dans le nombre des chevaliers (sexcentos equites). — Tacite, Annales, XIV, 14 ; XV, 32. — Dion Cassius, XLIX, 17.

[148] Tacite, Histoires, II, 62.

[149] Suétone, Domitien, chap. 19. — Juvénal, IV, 99, etc.

[150] Dion Cassius, LXVII, 14.

[151] Hist. Auguste, Vie de Marc Antonin, chap. XII.

[152] Dion Cassius, LXXV, 8.

[153] Juvénal, VIII, 197, dit :

Res haud mira tamen citharcedo principe mimus

Nobilis. Hæc ultra quid exit nisi ludus ?...

(Mais faut-il s'étonner, en un temps où le prince se fait joueur de cithare, qu'un noble se fasse mime ?...)

Sénèque, Qu. n., VII, 32 : Deinde quum sub persona diu trita frons est, transitur ad galeam (Le front usé par le masque mimique, on court ensuite aux lieux de prostitution).

[154] Dion Cassius, LXXVIII, 21.