Le pouvoir suprême qui, sous la république, résidait dans le peuple, passa nominalement, sous la monarchie, au sénat. Celui-ci eut ainsi, d’après la constitution, le droit de transférer et de retirer la souveraineté, c’est-à-dire d’instituer et de déposer lés empereurs, droit qu’il n’exerça, il est vrai, que dans des circonstances exceptionnelles, mais que les empereurs reconnaissaient, formellement du moins, puisqu’ils se faisaient confirmer par ce corps. Par rapport au sénat, les empereurs n’étaient que les premiers entre égaux ; les membres de cet ordre étaient donc leurs pairs dans la véritable acception du mot. Tous les empereurs des deux premiers siècles, à l’exception de Caligula, de Néron, de Domitien et de Commode, s’appliquèrent, extérieurement du moins, à maintenir ces rapports en principe, dans la mesure de leur convenance. Même au commencement de l’ère impériale, le nombre des familles de l’ancienne noblesse, dans le sénat, ne pouvait plus être considérable. Plusieurs, comme celles des Atilius, des Metellus, des Curius, des Fulvius, s’étaient éteintes naturellement, ou avaient péri dans les guerres civiles ; d’autres étaient tombées sous les proscriptions[1], sous celles des triumvirs en dernier lieu, dont les arrêts n’atteignirent pas moins de 300 sénateurs et 2.000 chevaliers[2] ; d’autres encore s’éteignirent dans les premiers temps de l’empire, comme les Émilius Scaurus[3], ou, réduites à une piteuse indigence, comme les Hortensius, encoururent ainsi la privation des droits de leur ordre et se perdirent dans les rangs des ordres inférieurs[4]. Nous avons déjà vu comment furent ensuite remplies ces lacunes. L’ordre équestre tout d’abord resta comme une pépinière du sénat. Il n’était probablement pas rare que des fils de chevaliers très distingués fussent élevés à la dignité de membres du premier ordre, pour les mérites de leurs pères, lors même qu’on laissait ceux-ci dans le second. Ainsi le fils d’un C. Jules Celse, qui avait été investi de plusieurs procurations, notamment en dernier lieu de celle a libellis et censibus, fut élevé, dès l’âge de quatre ans, au rang de sénateur par Antonin le Pieux[5]. Toutefois, ce n’est pas seulement du sein de la chevalerie de Rome, mais aussi de celle des colonies et des municipes de l’Italie, et bientôt même des provinces, que sortirent des hommes nouveaux, distingués parleur naissance, leur fortune ou leur mérite, et admis dans le sénat en nombre toujours croissant. Ajoutons qu’il y en eut même que leurs richesses, leur mérite personnel ou le vent de la faveur poussaient directement des rangs du troisième ordre dans ceux du premier, et cela dès le commencement de l’ère des Césars. Ainsi Salvidiénus Rufus qui, déjà pendant la guerre civile, fut élevé par Octave au consulat, bien qu’il ne fût même pas sénateur, mais sorti de la condition la plus humble[6] ; Curtius Rufus, homme de si basse extraction qu’on ne se gêna pas de l’appeler fils d’un gladiateur, parvint par son talent et l’appui d’amis, qui l’aidèrent de leur argent, à la questure ; puis, comme il savait se faire aussi humble auprès de ses supérieurs qu’il était dur et hautain avec ses inférieurs, même au consulat et au proconsulat d’Afrique. Tibère, qui le préféra pour la préture à ses compétiteurs nobles, se montra homme d’esprit en répondant aux personnes qu’offusquait la tache de la naissance de son protégé : Que voulez-vous ! Curtius Rufus m’a paru descendre de lui-même[7]. Malheureusement beaucoup de ces fils de leurs œuvres ne durent leur élévation qu’à la facilité avec laquelle ils se prêtaient comme instruments à toutes lés volontés impériales, surtout à d’infâmes délutions dans les procès de lèse-majesté. Junius Othon, d’abord professeur de rhétorique, devint sénateur, par la faveur de Séjan, et s’éleva jusqu’à la préture, par un zèle qu’aucun scrupule n’arrêtait[8]. De même Eprius Marcellus et Vibius Crispus, tous deux de la plus basse extraction et nés dans l’indigence, parvinrent, à l’aide de talents plus qu’ordinaires, dont ils firent un usage tout aussi peu consciencieux, aux plus hautes positions, à d’immenses fortunes et à un très grand pouvoir[9]. Le mérite militaire aussi pouvait frayer le chemin du sénat à des hommes d’humble naissance. Suivant Dion Cassius, Mécène aurait conseillé d’ouvrir la perspective d’une élévation pareille aux officiers les plus distingués, pour peu qu’ils fussent entrés dans l’armée avec le grade de centurions ; quant à l’homme ayant servi comme simple soldat et porté des gabions et des fagots, il n’admettait pas qu’il convînt jamais de le nommer sénateur[10]. Il est d’ailleurs fort douteux qu’il y ait eu de telles fortunes, par l’avancement, pour de simples soldats, dans les premiers temps de l’empire ; mais à la fin du deuxième siècle il y a l’exemple de l’empereur Pertinax[11], et Dion Cassius en cite un autre au troisième (LXXIX, 7). Il n’est pas croyable que l’on ait, avant le règne de Commode[12], admis au sénat des affranchis, lorsque l’accès du premier ordre leur était partout légalement interdit, jusque dans les municipes et les colonies[13]. Ces admissions devinrent plus fréquentes sous Héliogabale[14], tandis qu’Alexandre Sévère ne voulut même pas créer chevaliers des affranchis[15]. Mais, sous Caracalla, Marcius Agrippa, ancien esclave, devint sénateur avec rang prétorien[16]. Quant aux admissions de fils d’affranchis, il y en eut déjà sous les premiers empereurs ; celle de leurs descendants plus éloignés devait donc souffrir d’autant moins de difficulté. Dès le milieu du premier siècle, il existait un grand nombre de familles sénatoriales de cette origine[17]. Claude, qui ne se montrait pas, à cet égard, plus exclusif que sous d’autres rapports[18], ne conféra cependant la grosse bande de pourpre au fils d’un affranchi qu’à la condition de se faire adopter par un chevalier[19], et l’observance de formalités semblables paraît avoir été fréquente. Néron persista longtemps à ne pas admettre des fils, d’affranchis et refusa l’investiture de charges honorifiques à ceux qu’avaient admis ses prédécesseurs[20]. Plus tard, ils en furent cependant aussi revêtus, quoique l’on dût, en général, leur préférer des compétiteurs de noble race[21]. Or plus, dans le sénat, le nombre des hommes nouveaux et des parvenus augmentait et celui des sénateurs d’ancienne et noble origine diminuait, plus les anciennes familles crurent avoir le droit de se, targuer de leurs- vieux arbres généalogiques[22]. D’autre part, la considération du public pour les descendants de races anciennes et glorieuses ne s’amoindrit guère. On n’entrait qu’avec vénération dans les maisons où des statues de bronze, rouillées et dégradées par le temps, se dressaient dans les avant-cours, où des peintures ternies, représentant des triomphateurs sur leurs quadriges, couvraient les murs, et les masques des ancêtres, en cire noircie par la fumée, remplissaient les armoires de l’atrium d’images sous lesquelles des inscriptions, qu’on montrait aux visiteurs avec de longues baguettes, indiquaient les noms et les titres, ainsi que les faits et gestes de chaque personnage[23]. La tirade versifiée de Juvénal sur le thème, que c’est la valeur personnelle de l’homme, non celle de ses ancêtres qui fait son mérite, pourrait précisément apporter la preuve, s’il en fallait une, qu’un sentiment contraire était généralement répandu dans la société ; et Sénèque qui, dans l’occasion, moralise dans le même sens[24], non seulement reconnaît d’une manière expresse que, dans la brigue des emplois, la noblesse avait procuré à bien des gens tarés l’avantage sur des hommes nouveaux méritants, mais ajoute qu’il y avait des raisons pour cela[25]. Ainsi, par exemple, Fabius Persicus, consul en 34, et Mamercus Scaurus, mort la même. année, ne furent portés aux honneurs qu’en considération de leurs ancêtres ; et Pline, dans son Panégyrique de Trajan (chap. 69), fait un mérite à cet empereur d’avoir particulièrement favorisé les rejetons d’anciennes familles dans la nomination aux emplois, ce que Domitien, par crainte et méfiance, n’avait point fait. Dans toutes les positions, la noblesse était un puissant moyen d’avancement et une forte recommandation. Aussi continua-t-elle à former un grand avantage, bien que l’on attachât peut-être encore plus d’importance à la fortune, déjà regardée comme la plus réelle des bases déterminantes de la condition sociale et du rang[26]. Plusieurs des familles encore florissantes au temps des empereurs se recommandaient effectivement à la vénération par leur ancienneté et la gloire de leur passé. De celles dont les ancêtres siégeaient au sénat depuis Romulus ou Brutus, et qui partant pouvaient se vanter d’une noblesse de huit siècles, il ne restait plus, il est vrai, qu’un très petit nombre, même au premier siècle de l’empire[27]. Cependant, il doit encore avoir existé, à cette époque, plusieurs des familles appelées troyennes, comme issues d’Énée et de ses compagnons, et albaines, d’après le lieu de leur origine, également antérieure à la fondation de Rome, puisqu’on comptait encore une cinquantaine des premières seulement, à la fin de la république[28]. Parmi celles-ci, il faut mentionner tout d’abord les Jules, qui dérivaient leur origine d’Énée et faisaient figurer son image, avec celles de Romulus et des rois albains, aux obsèques de chacun de leurs membres[29]. Les Quintilius, desquels descendait Varus, qui périt dans la forêt de Teutobourg, étaient de race albaine. Les Antoines comme les Fabiens appelaient Hercule leur auteur. Les Pisons, de la race calpurnienne, rapportaient leur origine au roi Numa[30]. Cnéus Pison, chef de cette maison sous Tibère, cédait tout au plus le pas à l’empereur, dont il regardait les fils comme bien au-dessous de lui, quant à la naissance[31]. En général, il n’y avait pas manque de généalogies remontant jusqu’aux temps fabuleux, et on trouvait toujours des érudits grecs prêts à en fabriquer[32]. L’empereur Galba, de l’ancienne et noble famille des Sulpicius, fit dresser dans son atrium une table généalogique sur laquelle son origine était ramenée à Jupiter, en ligne paternelle, et à Pasiphaé, l’épouse de Minos, en ligne maternelle[33]. Même ceux qui faisaient bon marché. de ces généalogies, vis-à-vis des incrédules, ou s’en moquaient eux-mêmes, croyaient devoir néanmoins prendre la peine de s’en faire les avocats, vis-à-vis du public, et le purent sans se rendre ridicules. Ainsi, Jules César, en prononçant l’oraison funèbre de sa tante Julie, fit sonner qu’elle descendait d’Ancus Marcius, d’une part, et de Vénus, mère d’Iule, de l’autre[34]. Ce ridicule des généalogies postiches n’était pas moins commun en Grèce et en Orient. Celle d’Hérode, par exemple, remontait jusqu’aux Eacides[35]. A Rome, aucune famille, peut-être, n’était aussi riche en glorieux souvenirs que celle des Claudius, dont les commencements dataient des premiers temps de la république, et qui comptait sur la liste de ses ancêtres vingt-huit consulats[36], cinq dictatures, sept censures, sept grands et deux petits triomphes. Elle pouvait se glorifier d’avoir produit nombre d’hommes et de femmes d’une grande célébrité, fondée sur le bien comme sur le mal dans leurs actes, un orgueil démesuré et une inflexible dureté ayant été de tout temps l’héritage de cette race[37]. La maison de Domitius Aenobarbus, père de Néron, avait aussi, d’après Suétone (Néron, I), sept consulats, deux censures et deux triomphes à faire valoir comme titres de famille. L’usage de joindre au nom générique, propre à chaque famille, les noms de ceux avec lesquels on avait des liens de parenté, s’établit dès la fin du premier siècle, et dans la suite ces séries de noms des hommes hauts placés devinrent de plus en plus imposantes, à mesure qu’elles s’allongeaient[38]. Mais, c’est évidemment par leurs fortunes princières
plutôt que par l’ancienneté de leur noblesse que brillaient la plupart des
familles sénatoriales[39]. Aussi disait-on
communément une fortune sénatoriale (patrimonium laticlavium[40]) pour dire une
grande fortune. Les plus riches jouissaient d’un revenu annuel de trois et
trois quarts à quatre millions de francs de notre monnaie. Une fortune de 300
millions de sesterces donne, au taux de 5 p. 100, ce qui est toutefois en
évaluer trop bas l’intérêt annuel, même dans le cas où elle était exclusivement
placée en biens-fonds, 15 millions de sesterces, c’est-à-dire une somme qui
approche des chiffres ci-dessus indiqués. Pallas et Sénèque avaient cette
fortune ; Narcisse et Cn. Lentulus, même 400 millions de sesterces. Il va
sans dire pourtant que les possesseurs de 300 millions ne devaient pas être très
nombreux ; mais il n’est pas probable non plus qu’ils formassent de rares
exceptions. S’il est vrai que la fortune de Sénèque a été qualifiée
d’exorbitante[41],
il ne faut pas perdre de vue que ce fut par ses accusateurs. Eprius
Marcellus, un des grands parvenus de l’époque, possédait autant que lui[42], et on ne
comprendrait pas que les sénateurs les plus riches du premier siècle et du
second eussent eu moins de fortune que ceux du commencement du cinquième,
époque à laquelle 0lympiodore prête à certains d’entre eux un revenu annuel
de plus de quatre millions un quart de francs. Ils n’avaient pas seulement de
vastes biens dans toutes les parties de l’Italie[43], ils possédaient
aussi d’immenses terres dans les îles de Les vastes districts cultivés par des esclaves enchaînés, les pâturages égalant des provinces et des royaumes en étendue, n’étaient pas une simple façon de parler de Sénèque[51], mais une réalité. Les sénateurs avaient des propriétés partout. Point de lac dans lequel ne se mirât un de leurs palais, ni de golfe que ne dominât une de leurs villas. Les pinacles de leurs splendides habitations couronnaient toutes les hauteurs, dans l’intérieur des terres comme sur les bords de la mer[52]. A Rome même, leurs palais, avec les plantations de pins d’Italie, de platanes et de lauriers, les bains, les portiques, les allées carrossables et les jets d’eau compris dans leurs enceintes, pouvaient se comparer à de grandes villes[53]. Fronton, qui ne comptait point parmi les sénateurs riches, se fit bâtir une salle de bains qui devait coûter 350.000 sesterces où près de 100.000 francs[54]. Chaque grande maison, avec ses milliers d’esclaves et d’affranchis de toutes les nationalités, formait pour elle comme un petit État ; capable de se suffire à lui-même, jusqu’à un certain point, et dont les serviteurs n’étaient pas seulement employés à exploiter toutes les ressources matérielles, pour l’entretien et l’accroissement de la prospérité du domaine, mais satisfaisaient encore à la plupart des besoins pour lesquels l’industrie et les métiers travaillent et déploient leur activité productrice dans le monde moderne. Bien plus, ils y apportaient même à l’embellissement et à l’ennoblissement de l’existence toutes les ressources de l’art et une partie des avantages que la science peut offrir. Indépendamment de ces sujets du domaine, toute grande maison entretenait complètement, ou contribuait à faire vivre, nombre de gens placés sous sa dépendance-, pendant que d’autres devaient à la munificence princière et au patronage des grands seigneurs de cette époque un puissant appui, pour l’avancement dans leur carrière, et maintes personnes, qui avaient vu des jours meilleurs, du soulagement dans leur adversité ou le rétablissement de leur fortune. Ainsi Calpurnius Pison, d’abord banni par Caligula, puis réintégré dans ses biens par Claude, honoré du consulat, et beaucoup enrichi par. un héritage qui lui vint de sa mère, avait un état de maison d’une magnificence remarquable et se plaisait à secourir les membres du sénat et de l’ordre équestre qui avaient eu des revers de fortune immérités, ainsi qu’à mettre des hommes du troisième ordre en mesure de payer le cens exigé pour leur admission dans l’ordre équestre. Martial, célébrant la générosité des grands dans un passé qu’il regrette, dit : Pisones,
Senecasque, Memmiosque Et Crispos mihi redde, sed priores (XII, 38, 8). Juvénal nomme aussi Cotta parmi les personnages dont il vante la libéralité. Et, soupire encore Martial : Ante
frequens, sed nunc rarus nos donat amicus. Felix, cui comes est non alienus eques (XIV, 122). La vie des sénateurs de deuxième et de troisième rang était encore fastueuse. Ils avaient de grandes existences, et une fortune qui, dans leur position, passait pour modique, ne laissait pas que d’être le plus souvent très considérable. D’après Olympiodore, même les sénateurs du second rang jouissaient communément encore d’un revenu annuel que l’on peut évaluer de 1.080.000 à 1.620.000 francs. Comme exemple des rapports de fortune des premiers temps de l’empire, on peut citer Pline le Jeune, qui, de son propre ave[55], n’avait pourtant que des ressources modiques (modicas facultates). Sa fortune était en majeure partie placée en terres et en vignobles[56]. Il avait en Étrurie, près de Tifernum Tiberinum, des possessions affermées pour plus de 400.000 sesterces[57] ; d’autres en Lombardie, près de Côme, où il vendit au prix de 700.000 sesterces un bien de la valeur de 900.000, qui lui était advenu par héritage[58] ; d’autres dans le Bénévent, avec plusieurs maisons de campagne sur le lac de Côme, ainsi que près de Tusculum (Frascati), de Tibur (Tivoli), de Préneste et de Laurente[59]. Voulant acheter pour 3 millions de sesterces de biens, il dut emprunter de l’argent dans ce but[60]. Il mentionne plusieurs donations faites par lui, telles qu’une de 300.000 sesterces à un particulier, Romanus Firmus, destinée à parfaire la somme dont ce dernier avait besoin pour justifier du cens équestre[61] ; 100.000 pour constituer une dot à Calvina, conjointement avec la remise d’une dette de son père[62] ; des frais de voyage à Martial[63] et un petit bien, de la valeur de 100.000 sesterces, à la nourrice du donateur ; 40.000 sesterces à Metilius Crispus, pour son équipement de centurion ; 50.000 sesterces pour constituer la moitié de la dot de la fille de Quintilien[64] ; puis, à la ville de Côme, la libéralité de la fondation d’une bibliothèque, avec une dotation de 100.000 sesterces pour l’entretien de celle-ci[65]. Indépendamment d’une somme de 1.100.000 sesterces, à laquelle il évalue lui-même le montant de ses dons antérieurs à cette ville, il offrit d’y contribuer, pour un tiers des frais, à l’établissement d’une école[66], et il y créa un fonds de 500.000 sesterces pour l’éducation d’enfants des deux sexes. Il laissa de plus à la même ville 500.000 sesterces pour la construction et l’embellissement de thermes ; puis, en son propre nom comme en celui de ses affranchis, un capital de 1.866.666 sesterces pour régaler annuellement toute la population[67]. Enfin, il mentionne deux temples construits à ses frais, l’un à Tifernum Tiberinum, l’autre consacré à Cérès, sur un de ses domaines[68]. Une énumération semblable des biens ruraux de Regulus, dans Martial (VII, 39, etc.), n’est pas moins instructive. Le cens sénatorial d’un million de sesterces, ou environ 262.500 francs, ne peut avoir été qu’un minimum, suffisant peut-être pour faire vivre le titulaire conformément à son rang, mais non pour l’entretien de toute une famille sénatoriale, comme il appert bien des données que noirs avons sur les dépenses de Pline le Jeune. Néron accorda à des sénateurs, Vespasien à des consulaires pauvres, des pensions annuelles de 500.000 sesterces, c’est-à-dire de la moitié du cens sénatorial[69]. C’est que les membres du premier ordre étaient, selon l’expression de Pline[70], comme placés en évidence sur une hauteur où tous, les regards se portaient sur eux, ce qui ne leur. permettait d’éluder aucune des obligations grandes et multiples résultant de ce que l’on attendait d’eux de toutes parts, sans heurter l’opinion publique, exigeant de ces dignitaires un luxe conforme à leur rang. Déjà Horace s’applaudissait de ne pas être d’une haute naissance, ce qui lui eût imposé un fardeau gênant ; en l’obligeant à s’appliquer aux moyens d’accroître sa fortune, à faire plus de visites, à se pourvoir d’une escorte pour la campagne et les voyages, ainsi qu’à entretenir des chevaux, des voitures et des palefreniers. Un préteur ayant été rencontré sur la route de Tibur, sans autre accompagnement que celui de cinq esclaves, chargés de sa batterie de cuisine, il n’en avait pas fallu davantage pour le couvrir de ridicule. Que le confort de la vie du poète l’emportait sur celui d’un illustrissime sénateur[71] ! Un membre de cet ordre avait, à l’approche du ter juillet, terme principal des déménagements, établi sa demeure provisoire dans un pavillon de campagne, en attendant l’occasion de pouvoir louer à. meilleur compte quelque appartement restant vide après terme. Tibère eut à peine connaissance du fait, qu’il lui ôta la bande de pourpre[72]. Quiconque ne paye pour son appartement que 6.000 sesterces de loyer par an, écrivait alors Velleius Paterculus (II, 10, 1.), n’est guère pris pour un sénateur. Or, ce temps était encore relativement, une époque de simplicité ; c’est seulement après Tibère que le luxe, dont les empereurs eux-mêmes furent les premiers à donner l’exemple, fit des progrès à n’avoir plus de bornes, jusqu’à ce que Vespasien ramenât des habitudes d’économie. Les familles sénatoriales, renchérissant les unes sur les autres en faste et en prodigalité, n’aspirant entre elles qu’à se surpasser par la magnificence de leurs palais, de leur état de maison et de leurs escortes, finirent en partie par épuiser même d’immenses ressources, à- tel point que beaucoup d’entre elles, de plus en plus criblées de dettes, tombèrent dans l’indigence[73]. Ce qui obligeait les sénateurs à un luxe plus grand encore que rie le commandait la nécessité d’une vie conforme à leur rang, c’était la carrière honorifique des hautes charges sénatoriales, qui entraînaient d’énormes dépenses, surtout en raison des jeux qu’on y était tenu d’offrir au public. C’était là un objet si coûteux que le cens sénatorial y passait aisément tout entier. Les jeux donnés en l’honneur de la grande déesse Cybèle, à la fin du premier siècle, coûtaient, pour le moins, 100.000 sesterces au préteur, et encore les trouvait-on très mesquins dans ces conditions ; une autre fête lui en coûtait 20.000 ; de sorte qu’une année de préture absorbait peut-être quelquefois la moitié du cens sénatorial, sinon plus encore. Une femme se faisant séparer de son mari avant qu’il n’entrât en charge comme préteur, pouvait s’en féliciter comme d’une bonne affaire, au dire de Martial[74]. Pendant que, d’une part, les sénateurs étaient tenus à de si grandes dépenses, ils étaient, de l’autre, empêchés et limités, à beaucoup d’égards, dans les moyens d’augmenter leurs revenus. Ils se trouvaient exclus ; non seulement par les convenances sociales, mais par des défenses légales, de toute participation à des affaires industrielles ou de négoce. L’ancienne loi claudienne, rendue du temps de la seconde guerre punique, et qui interdisait à tout sénateur ou fils de sénateur la possession d’un bâtiment de mer de plus de 300 amphores, cette loi fut confirmée par Jules César. L’édit d’Adrien, défendant à. tout sénateur de prendre à ferme des impôts indirects en son propre nom ou sous celui d’une autre personne, ne paraît avoir été que le renouvellement de dispositions analogues déjà antérieurement existantes[75]. S’il fut permis aux membres de cet ordre d’entreprendre des fournitures pour certains jeux, cela ne paraît avoir été fait qu’avec l’intention de rehausser l’éclat de ceux-ci[76]. On pouvait admettre, du reste, que, même sans cet édit, toutes les lois de l’espèce devaient être souvent éludées par le recours à des prête-noms ; mais, légalement, les sénateurs ne pouvaient faire valoir leurs capitaux qu’en les plaçant en terres ou les prêtant à intérêts[77]. Pour montrer combien était générale la transgression du taux d’intérêt licite dans ces sortes d’affaires, il suffit de rappeler qu’en l’an 32, où une crise d’argent mit le gouvernement dans la nécessité d’intervenir, tout le sénat fut en émoi, aucun de ses membres D’étant exempt du reproche de participation à des affaires usuraires[78]. Cette usure était surtout pratiquée dans les provinces. Ainsi Sénèque avait imposé aux Bretons un emprunt de 40 millions de sesterces à gros intérêts, dont le recouvrement brusque et violent fut une des causes du soulèvement de cette province en l’an 60[79]. Mais, il y avait ce privilège pour les sénateurs que des postes rétribués, très lucratifs eu partie, leur étaient ouverts dans l’armée, l’administration et les préfectures des provinces, dont les gouverneurs ne s’enrichissaient du reste encore que trop souvent par des exactions, bien que celles-ci ne fussent plus si communes, ni pratiquées avec une publicité aussi scandaleuse que du temps de la république. Le proconsul d’Afrique jouissait d’un traitement annuel d’un million de sesterces. Celui d’un tribun n’était que de 25.000 sesterces. Comme les curateurs des eaux recevaient, d’après Frontin[80], une rétribution (mercedem) et des rations (cibaria), les autres curateurs de l’ordre sénatorial étaient sans doute aussi payés. Les sénateurs sans fortune, auxquels il ne convenait pas de prendre du service militaire et qui n’avaient as les moyens de suivre la carrière dispendieuse des hauts emplois, pouvaient acquérir de la fortune en plaidant en justice, car, bien que les honoraires de la défense y eussent été limités itérativement, par des édits, à 10.000 sesterces[81], les avocats en vogue n’en gagnaient pas moins beaucoup d’argent. On payait, il est vrai, bien plus largement encore, et ils ne furent que trop nombreux au premier siècle de l’empire, ceux qui abusaient de leur talent pour faire l’infâme métier d’accusateurs dans les procès de lèse-majesté, comme le prouvent, pour ne citer que les noms les plus connus, les grandes richesses des Vibius Crispus[82], des Éprius Marcellus[83], des Regulus[84]. Le premier, dont la richesse était proverbiale, possédait 200, le second 300, le troisième près de 60 millions, fortune que ce dernier avait l’espoir de doubler encore. Si les moyens légaux et honorables laissés aux sénateurs pour l’augmentation dé leurs revenus ne répondaient pas, en général, à l’énormité des dépenses dont la charge leur incombait, il ne faut pas s’étonner de la gêne extrême, de la profonde indigence même dans laquelle on voyait si souvent retomber tant de familles sénatoriales. Quand Vitellius, qui devint plus tard empereur, fut envoyé par Galba nommé légat consulaire en Germanie, il manquait tellement d’argent, pour ce voyage, qu’il dut engager une perle, détachée d’une boucle d’oreille de sa mère, mettre son palais en location, pour le reste de l’année, et caser dans un appartement loué sa femme et ses enfants, qu’il laissait à Rome. Il ne parvint qu’avec peine et à force d’impudence à se débarrasser des nombreux créanciers qui voulaient le retenir[85]. Les dettes d’Othon s’élevaient, après la mort de Néron, à 200 millions de sesterces[86]. Beaucoup de sénateurs de droit restèrent chevaliers pour se soustraire à la charge. accablante des honneurs sénatoriaux, ou du moins fallut-il souvent user de contrainte pour la leur imposer. Un certain Surdinius Gallus, s’étant retiré en 47 à Carthage, pour ne pas devenir sénateur, fut sommé de revenir et forcé, par ordre de Claude, d’endosser ces chaînes dorées[87]. D’autres chevaliers de rang sénatorial ayant refusé de siéger au sénat, cet empereur les élimina de l’ordre équestre même[88]. Les pétitions de sénateurs demandant à l’empereur des secours ou la grâce qu’il voulût bien accepter leur démission, étaient très fréquentes. En général les empereurs, appartenant eux-mêmes au premier ordre, accordaient assez volontiers ces secours, Tibère notamment, et ne manquaient pas de sollicitude pour la conservation des anciennes familles historiques[89] ; mais ils ne pouvaient, naturellement, suffire à toutes les demandes, à tous les besoins[90]. Leurs procédés à cet égard différaient beaucoup aussi. Auguste, non moins généreux sous ce rapport que dans d’autres cas, porta par exemple ainsi par ses dons, en l’an 4 de notre ère, la fortune de quatre-vingts sénateurs jusqu’à 1.200.000 sesterces[91]. Tibère élimina ceux qui s’étaient appauvris par leurs prodigalités[92], ou leur permit de donner leur démission[93], mais il n’accordait des secours qu’à ceux qui se justifiaient de leur appauvrissement auprès du sénat, rigueur qui découragea la plupart d’entre eux, et dont la famille des Hortensius eut surtout à se plaindre[94]. Néron, au commencement de son règne, dota plusieurs familles appauvries de la haute noblesse de traitements d’un demi million de sesterces, chiffre de celui de Valérius Cotta, par exemple, qui avait été son collègue au consulat en 59. Aurelius Cotta et Hatérius Antonin obtinrent également de lui des pensions annuelles, bien que ce fût le gaspillage de leur patrimoine qui avait ruiné ceux-ci[95]. Vespasien aussi se montra très généreux ; il parfit le cens de beaucoup de sénateurs et dota aussi des consulaires pauvres de pensions d’un demi million de sesterces[96]. On rapporte des libéralités semblables d’Adrien[97]. Les empereurs accordaient aussi fréquemment des subventions extraordinaires, notamment lors de l’entrée en charge des magistrats et pour les défrayer des jeux qu’ils avaient à donner[98]. Du reste, il paraît avoir été d’usage que les riches sénateurs aussi vinssent en aide, pour l’honneur de leur ordre, à des collègues appauvris. Ainsi, sous Claude, Calpurnius Pison ne manqua pas de déployer également sons ce rapport sa munificence royale[99]. Cet usage se maintint jusque dans les derniers temps de l’empire[100]. En général, l’assistance mutuelle parait avoir été reconnue, jusqu’à un certain point, comme une obligation commune à tout le premier ordre. Ainsi, pour les spectacles notamment, des contributions volontaires offertes non seulement par des amis, mais aussi par des collègues, moins directement intéressés, étaient généralement acceptées[101]. La maison d’un homme de qualité venait-elle à brûler, on voyait, dit Juvénal (III, 216, etc.), l’aristocratie en deuil ; le préteur suspendait ses audiences et les contributions, pour aider à la reconstruire, affluaient si abondamment, de toutes parts, que plus d’une fois l’incendié put être soupçonné d’y avoir mis le feu lui-même. Mais les grands n’étaient aussi généreux que lorsqu’il s’agissait d’un de leurs pairs ; quant au pauvre diable, dit le poète : . .
. . . . Nudum et frusta rogantem Nemo cibo, nemo hospitio tectoque juvabit. L’usage de répandre le bénéfice des dispositions testamentaires sur un vaste cercle, avait pris une telle extension que les legs aussi étaient, comme il paraît ; devenus en quelque sorte, pour la plupart des sénateurs, une source régulière de revenus. Enfin, les donations entre mari et femme, prohibées dans les autres cas, étaient admises en faveur de l’intérêt de famille qui s’attachait à l’acquisition ou à la conservation d’un rang et de dignités[102]. Il suffit de rappeler une anecdote de Suétone, pour montrer qu’il n’était pas difficile à des sénateurs, s’ils étaient de haute noblesse surtout, d’améliorer leur état de fortune par un riche mariage. Cet historien rapporte que la seconde femme, aussi belle que riche, du père de l’empereur Galba, s’était formellement offerte et presque imposée à son époux, bien qu’il fût petit et bossu, tant elle était entichée de son ancienne et noble origine[103]. Les sénateurs étaient limités par la loi julienne dans la
faculté de contracter mariage, ainsi que dans celle de l’achat de biens hors
d’Italie et dans le droit de voyager sans congé, hors de la péninsule, sauf
les exceptions déjà mentionnées pour Ce qui, malgré tant de charges onéreuses et de restrictions sensibles, faisait toujours encore de l’admission au sénat le but suprême des visées de l’ambition et continuait à exalter, chez les sénateurs mêmes, le sentiment de leur dignité, c’était avant tout la chance d’arriver à ces charges curules, conservées même après la chute de la république, et auxquelles ils étaient seuls admissibles. Même à cette époque où, presque entièrement dépouillées du pouvoir qui s’y attachait et de l’importance qu’elles avaient anciennement, elles ne procuraient plus qu’un vain éclat extérieur, elles apparaissaient encore, même aux plus sensés et aux meilleurs des hommes,-comme de grands honneurs justement enviés. C’est un des phénomènes les plus curieux de la décadence de l’empire et de l’ère néo-latine qui suivit sa chute, que ce qui n’était plus qu’un triste fantôme de l’ancienne grandeur ait pu, pendant des siècles, continuer à passer pour l’équivalent d’une réalité depuis longtemps évanouie, bénéficier de toute la vénération qu’elle inspirait anciennement et exercer un prestige non moins irrésistible. Ce sentiment de respect avait, dans les âmes, des racines si profondes et si indestructibles que, jusqu’à la fin de l’antiquité et même postérieurement encore, le consulat fut estimé la dignité la plus haute à laquelle un sujet pût atteindre. Jusque dans l’âge de décrépitude du monde romain, quand cette charge se trouvait depuis longtemps réduite aux puérilités d’une vaine pompe, l’empereur Julien en parla comme d’un honneur équivalant au plus grand pouvoir ; et au sixième siècle encore, où le consulat ne fut plus qu’un mot vide de sens, on le prônait comme, le bien suprême et la première dignité du monde[105]. Il doit paraître ainsi moins étrange que, dans la période du plus grand éclat de l’empire, même un Tacite pût regarder comme le couronnement suprême des efforts humains ce consulat qui n’était pas encore alors complètement dépouillé de toutes ses attributions. Dans ses considérations finales sur la vie d’Agricola, son biographe dit[106] : Quand il eut obtenu les honneurs du consulat et du triomphe, que pouvait-il attendre de plus de la destinée ? Est-on curieux de voir, enfin, jusqu’à quel point la vanité de petits esprits pouvait se faire illusion sur l’importance que ces charges avaient conservée et faire accroire aux bonnes gens qu’on était réellement ce qu’on avait l’air d’être ? On en trouve le témoignage le plus saisissant dans la façon dont Pline le Jeune s’exprime au sujet d’une des plus amoindries et des plus insignifiantes, du tribunat. Il trouvait inconciliable avec la dignité du tribun de paraître en justice comme avocat pendant l’année de ses fonctions. Tout dépend, il est vrai, dit-il[107], de l’idée qu’on se fait du tribunat, selon qu’on l’envisage comme une vaine ombre, un honneur purement nominal, ou comme un pouvoir inviolable, qu’il n’appartient à personne de limiter, pas même au titulaire. Quand j’étais tribun moi-même, il se peut que j’aie eu tort de me croire quelque chose, mais ayant cette opinion je m’abstins des défenses en justice, d’abord parce qu’il me semblait inconvenant que celui devant lequel tout le monde se lève et auquel tous sont obligés de céder le pas, se tînt debout, pendant que tout le monde est assis ; que celui qui a le droit d’imposer silence à tout assistant fût interrompu dans son discours par la clepsydre ; que celui contre les paroles duquel il n’est même pas permis d’élever des objections, dût écouter des injures, ce qui l’expose à paraître faible, s’il les subit impunément, arrogant s’il en tire vengeance. Mais, si les magistratures républicaines avaient perdu, sous la monarchie, la majeure partie de leur ancienne importance, elles avaient d’autre part aussi gagné, à un point de vue différent, eu valeur et en attrait par le fait que leur obtention était maintenant une preuve de la grâce impériale[108], et que celui qu’elle poussait à un degré supérieur se trouvait élevé par là même au-dessus d’une partie de ses collègues dans l’ordre[109] et rapproché du pouvoir suprême. L’ancien cachet républicain de ces charges subissant de plus en plus la nouvelle empreinte monarchique, elles arrivèrent progressivement à ne plus figurer que de simples degrés dans la hiérarchie sociale de l’empire. Une conséquence nécessaire de cette transformation fut que les empereurs purent conférer le rang plus élevé que procurait la charge, sans avoir besoin d’y joindre l’investiture de celle-ci. Ils élevaient au rang consulaire, prétorien, etc., des sénateurs qui n’obtenaient pour cela ni la préture ni le consulat ; ou bien ils faisaient décerner simplement par le sénat les insignes de ces magistratures, môme à des personnes qui, non seulement n’étaient pas du sénat, mais n’auraient pu légalement y être admises, telles que des chevaliers, des affranchis, des étrangers même. Ainsi, par exemple, le roi juif Agrippa, petit-fils d’Hérode le Grand, reçut de Claude, qu’il avait fortement obligé, les insignes consulaires, pendant que son frère obtenait les insignes prétoriens. Il est vrai que ces dignités, purement titulaires, n’avaient pas la valeur des charges effectives. Claude, bien qu’il eût reçu de Tibère les ornements consulaires, sollicita vainement le consulat effectif[110]. On vit d’ailleurs les empereurs prodiguer les distinctions de toute espèce, afin de se ménager, le plus possible, les moyens de récompenser le mérite ou l’obséquiosité, et de s’assurer du dévouement du plus grand nombre dé sénateurs possible, ce qui contribua encore à multiplier les différences de rang. Ainsi la durée du consulat fut réduite d’un an à deux mois, ce qui permit de nommer annuellement douze consuls, nombre qui fut même souvent dépassé. Les consuls des deux, premiers mois donnaient le nom à l’année et avaient la préséance sur les autres, appelés consuls mineurs. On comprend combien ce système, artificiellement combiné et gradué, avec ses nombreuses distinctions d’insignes et de titres, de dignités et de décorations[111], servait le but d’imprimer à l’ambition des sujets une direction favorable à la monarchie. Ce but fut complètement atteint, comme le montre assez l’importance que même les dignités purement titulaires avaient, aux yeux de ceux qui en furent investis, ou la manière dont on les faisait valoir vis-à-vis des offices réels. Nombre d’inscriptions prouvent quel, cas la vanité faisait des premières, et quand Pertinax, pour remédier à l’abus que Commode avait fait, dans la préture, de la promiscuité des. simples titulaires avec les magistrats réellement investis de cette charge, fit rendre un sénatus-consulte qui subordonnait les premiers aux seconds, cette mesure lui suscita beaucoup d’ennemis[112]. Cependant il paraît que les fonctionnaires en exercice se montrèrent d’autant plus jaloux de maintenir leur préséance. Il est certain du moins que leurs offices ne perdirent rien de leur valeur par la création de tant de nouvelles dignités fictives. Les charges curules continuèrent à former l’objet des plus ambitieux désirs et de la compétition la plus vive[113] ; on n’épargnait, pour y arriver, ni les visites, ni le moyen des lettres de recommandation[114] ; on ourdissait force intrigues, usait de la corruption sous toutes les formes[115] et ne reculait devant aucune bassesse[116]. Nous avons déjà parlé plus haut du trafic d’emplois à la cour[117]. L’acte d’élection était traité, par bien des personnes, comme une affaire très sérieuse[118]. Les élus n’étaient pas moins fiers de leur succès que leurs compétiteurs étaient malheureux, humiliés et pleins de dépit de leur échec[119]. Tibère[120], au sujet de la proposition de nommer les magistrats pour cinq ans, exprimait la crainte qu’elle ne tournât complètement la tête d’hommes déjà si glorieux de leur nomination à une magistrature annuelle. Pour les hommes nouveaux surtout, le jour où ils obtenaient une charge curule marquait dans la vie comme celui d’un grand événement[121]. L’élu recevait l’accolade de toutes les personnes de connaissance qu’il rencontrait ; ses esclaves lui baisaient les mains ; rentrant chez lui, il trouvait sa maison illuminée ; puis il montait au Capitole pour offrir, en actions de grâces, un sacrifice aux dieux[122]. Le bénéfice de l’élévation- à un degré supérieur, dans la hiérarchie de ces charges, s’étendait à toute la famille du nouveau titulaire. Ainsi une famille ancienne d’ailleurs, mais dont aucun membre n’était encore monté plus haut que la préture, devint de prétorienne une famille consulaire, par l’avènement de son chef au consulat[123]. On parlait de même de mariages consulaires, d’adoptions consulaires[124]. Aulu-Gelle, homme sorti d’une humble condition lui-même, ne manqué jamais, dans ses écrits, d’indiquer scrupuleusement le rang des personnes de qualité de sa connaissance. Il suffit d’ailleurs de regarder cette multitude de monuments sur lesquels emplois, titres et dignités sont énumérés dans un ordre rigoureux, avec la plus minutieuse exactitude, pour se faire une idée de l’importance que l’on attachait aux distinctions de rang. Pline le Jeune (Lettres, III, 6) insista même pour que tous les honneurs dont il avait joui fussent indiqués sur le socle d’une statue corinthienne, dont il fit don au temple de Jupiter à Côme. Les inscriptions grecques indiquaient même expressément la parenté avec des consulaires et des sénateurs. Le rang et l’état des femmes se réglaient sur ceux de leurs maris[125]. Les empereurs conférèrent parfois le rang consulaire à des femmes n’ayant pas de personnages consulaires pour époux, surtout à leurs propres parentes ; ou bien ils leur laissaient ce rang, même si elles venaient à prendre un mari de condition moindre[126]. Un passage de Dion Cassius (LXXVIII, 13) avait fait penser que des sénateurs pouvaient être dégradés. C’est une erreur. Le personnage dont il y est fait mention, Martius Agrippa, esclave d’abord, puis affranchi, avait ensuite été créé chevalier et revêtu comme tel de l’office a cognitionibus et ab epistolis ; pour l’éloigner de ce poste, on le nomma sénateur avec rang prétorien, l’office qu’il occupait étant de ceux qui ne pouvaient être remplis par des sénateurs. Ainsi, loin de le dégrader, on le promut à un rang supérieur, mais en vue d’amener sa destitution, il est vrai. Outre la grosse bande de pourpre et le droit aux premières places dans tous les spectacles, distinctions qui dataient du temps de la république, les sénateurs en obtinrent sous l’empire beaucoup d’autres, déterminées en partie par la tradition, en partie par des prescriptions légales, et qui varièrent plus ou moins d’âge en âge. Un édit d’Octave qui ne permettait la pourpre, c’est-à-dire un costume tout de pourpre, qu’aux sénateurs et aux dignitaires de l’État, fut déjà transgressé sans façon sous Tibère[127]. L’usage de la litière en ville, interdit par César en 45 av. J.-C., même à une partie des femmes, n’était probablement, dans les premiers temps de l’empire, permis qu’aux sénateurs, comme celui des litières couvertes ne l’était qu’aux femmes de condition sénatoriale[128]. Cependant. Claude conféra à son affranchi Harpocras le droit de se servir de la litière en ville, avec celui d’offrir des spectacles au public[129]. Du temps de Dion Cassius (LX, 2), empereurs et consulaires se servaient de chaises à porteurs couvertes. Il n’est toutefois guère probable qu’aucune de ces prescriptions fût bien rigoureusement observée. On a déjà vu qu’au troisième siècle, quand l’usage des voitures prit à Rome, les sénateurs eurent le privilège de se servir de carrosses garnis d’argent[130]. Depuis le commencement du deuxième siècle, figure parmi les qualifications honorifiques des sénateurs l’épithète de très illustre (clarissimus), qui fut plus tard également conférée aux femmes de rang sénatorial. Les préambules de Stace montrent qu’elle n’était pas encore usitée sous Domitien. Le premier écrivain qui l’emploie dans ce sens est Pline le Jeune[131] ; la première inscription connue qui la porte[132], du commencement du règne de Trajan, c’est-à-dire de la même époque, quoiqu’elle se trouve déjà dans un sénatus-consulte, du temps de Claude, dont nous avons une copie faite, à ce qu’il paraît, au temps de Vespasien[133]. Sous les Antonins elle était, sans nul doute, déjà généralement en usage, comme on le voit par Aulu-Gelle[134]. |
[1] Tacite, Annales, I, 2.
[2] Appien, B. C., IV, 5.
[3] Tacite, Annales, VI, 29.
[4] Ibid., II, 38.
[5] Voyez Henzen, 6929 : In amplissimum ordinem adlectus ; et, pour la qualité de père de sénateur, dans les inscriptions, Orelli, 804, 3719.
[6] Suétone, Octave, chap. LXVI. — Velleius Paterculus, II, 76. — Dieu Cassius, XLVIII, 33. — Il fut supplicié en 40 avant J.-C.
[7] Tacite, Annales, XI, 21. — De Rutilius Gallicus, Stace, dans les Silves (I, 4, 68), dit de même :
... Genus ipse suis, præmissaque retro
Nobililas...............
[8] Tacite, Annales, III, 66.
[9] Tacite, Dialogue sur les Orateurs, chap. VIII.
[10] Dion Cassius, LII, 25.
[11] Voir sa biographie, chap. I.
[12] Vie de Commode, chap. VI : sur son ordre, même des affranchis furent admis dans le Sénat.
[13] Epictète, Diss. IV, 1, 33-40.
[14] Voir sa biographie, chap. XI.
[15] Voir sa biographie, chap. XIX.
[16] Dion Cassius, LXXVIII, 13.
[17] Tacite, Annales, XIII, 27.
[18] Ibid., XI, 24.
[19] Suétone, Claude, chap. XXIV.
[20] Le même, Néron, chap. XV.
[21] Pline le Jeune, Lettres, III, 14.
[22] Galien, Prolégomènes, chap. VIII.
[23] Juvénat, VIII, 1-20.
[24] De Beneficiis, III, 28, 2 ; Lettres, 44, 5. Il y dit : Non facit nobilem atrium plenum fumosis imaginibus ; nemo in nostram gloriam vixit, nec quod ante nos fuit nostrum est, etc.
[25] De Beneficiis, IV, 30, etc.
[26] Sénèque, Remed., 16, s : Ne imagines proavosque respexeris nec patrimonium, cui jam ipsa nobilitas primo loco cessit.
[27] Tacite, Annales, XI, 25.
[28] Denys d’Halicarnasse, I, 85.
[29] Tacite, Annales, IV, 9.
[30] Marquardt, Hist. eq., p. 52, adn. 30.
[31] Tacite, Annales, II, 43.
[32] Suétone, Vitellius, chap. I : Il existe un ouvrage de Q. Elogius adressé à Q. Vitellius, questeur d'Auguste, où il est dit que les Vitellius remontent à Faunus, roi des Aborigènes, et à Vitellia, révérée en beaucoup de lieux comme une divinité; qu'ils régnaient sur tout le Latium. — Vespasien, chap. XII : Il tourna en ridicule quelques flatteurs qui voulaient faire remonter la maison Flavia jusqu'aux fondateurs de Réate et à un compagnon d'Hercule, dont on voit le monument sur la voie Salaria.
[33] Le même, Galba, chap. II. — Silius Italicus, VIII, 470.
[34] Le même, César, chap. VI.
[35] Philostrate, Vies des sophistes, II, 1.
[36] Vingt-deux seulement, d’après Mommsen.
[37] Suétone, Tibère, chap. I et II.
[38] L’un des deux consuls de l’an 93-94, par exemple, s’appelait Marcus Lollius Paullinus Valérius Asiaticus Saturninus.
[39] Philon, Legatio ad Caïum, p. 560.
[40] Pétrone, Satiricon, c. 76.
[41] Sénèque, dont les immenses richesses excédaient la mesure d'une condition privée, travaillait à s'enrichir encore. (Tacite, Annales, XIV, 52.)
[42] Le même, Dialogue sur les Orateurs, chap. VIII.
[43] Le même, Annales, VI, 17. — Suétone, Tibère, chap. XLVIII. — Pline le Jeune, Lettres, VI, 19. — Vie de Marc-Antonin, chap. XI. — Horace, Odes, I, 31 ; III, 16, 33 ; Epodes, IV, 13. — Martial, V, 13, 7 ; X, 74.
[44] Vie des Gordien, chap. II : [Gordien Ier possédait,] dans les provinces, plus de terres qu’aucun autre homme privé. — Ammien Marcellin, XXVII, 11, 1. (Probus — præf. præt,. a. 368, — cognitus orbi Romano, per quem universum pene patrimonia sparsa possedit.)
[45] Sénèque, Lettres, 114, 26.
[46] Horace, Odes, I, 31, 3.
[47] Stace, Silves, II, 6, 67.
[48] Tacite, Annales, XIV, 22.
[49] Pétrone, Satiricon, c. 117. — Symmaque, Lettres, IX, 125.
[50] Dion Cassius, LII, 42. — Tacite, Annales, XII, 23.
[51] De Beneficiis, VII, 10, 5. — Columelle, I, 3, 12 : beaucoup de gens se résoudraient à manquer de demeure, et à fuir leur domicile, pour éviter les désagréments d'un mauvais voisinage.
[52] Sénèque, Lettres, 89, 20, etc.
[53] Ibid., 114, 9. — Martial, XII, 50.
[54] Aulu-Gelle, XIX, 10, 1.
[55] Lettres, IV, 2.
[56] III, 19 ; VIII, 2.
[57] IV, 1 ; V,6 ; X, 12.
[58] IX, 6 ; VII, 11.
[59] IX, 7 ; V, 6 ; 11, 17.
[60] III, 19.
[61] I, 49.
[62] II, 4.
[63] III, 21.
[64] VI, 3, 22, 32.
[65] I, 8. — Orelli, 1172 ; Henzen, III, p. 124.
[66] IV, 13 ; V, 7.
[67] Henzen, l. c.
[68] Pline le Jeune, Lettres, IV, 1 ; X, 12, et IX, 39.
[69] Suétone, Néron, chap. X. — Vespasien, chap. XVII.
[70] D'être obligé de rester dans cette situation en vue qui le donne en spectacle à tous les regards. (Pline le Jeune, Lettres, II, 12.)
[71] Horace, Satires, I, 6, 100.
[72] Suétone, Tibère, chap. XXXV.
[73] Tacite, Annales, III, 55.
[74] X, 41 ; IV, 67, 5 ; V, 25, 7.
[75] Dion Cassius, LXIX, 16.
[76] Ibid., LV, I0.
[77] Pline le Jeune, Lettres, III, 19, où il dit : J'ai pourtant quelque argent prêté à intérêts, et je ne me gênerai pas pour emprunter ; je puiserai dans la bourse de ma belle-mère.
[78] Dion Cassius, LXII, 2.
[79] Tacite, Annales, VI, 16.
[80] De Aquis, II, 100, éd. Bucheler.
[81] Tacite, Annales, XI, 7, etc. ; XIII, 5. — Suétone, Néron, chap. XVII. — Pline le Jeune, Lettres, V, 4, 14, 21. — Quintilien, XII, 7, 8, etc.
[82] Martial, IV, 54, 7.
[83] Tacite, Dialogue sur les orateurs, chap. VIII.
[84] Pline le Jeune, Lettres, II, 20.
[85] Suétone, Vitellius, chap. VII. — Dion Cassius, LXV, 5. — Voir aussi Plutarque, Galba, chap. XXII, et Tacite, Hist., II, 59.
[86] Plutarque, Galba, chap. XXI.
[87] Dion Cassius, LX, 29.
[88] Suétone, Claude, chap. XXIV.
[89] Tacite, Annales, II, 37, 48.
[90] Ibid., XII, 52.
[91] Dion Cassius, LV, 13 ; LIII, 2 ; LIV, 17 ; LVI, 41. — Suétone, Octave, chap. XLI.
[92] Dion Cassius, LV, 10.
[93] Tacite, Annales, II, 48.
[94] Ibid., I, 75 ; II, 38. — Suétone, Tibère, chap. XLVII. — Dion Cassius, LVII 10. — Voir aussi Sénèque, De Benefeciis, II, 7.
[95] Tacite, Annales, XIII, 34. — Suétone, Néron, chap. X.
[96] Le même, Vespasien, chap. XVII.
[97] Voir sa biographie, chap. VII.
[98] Vie d’Antonin le Pieux, chap. VIII. — Fronton, ad Lucium Verum, 6, 9.
[99] Scholastique de Juvénal, V, 109. — Fronton, ad Lucium Verum, 6, 9.
[100] Symmaque, Lettres, IV, 67.
[101] Sénèque, De Beneficiis, II, 21, 5.
[102] Digeste, XXIV, 1, 40.
[103] Suétone, Galba, chap. II et suivants.
[104] Pour cette dernière, seulement depuis l’an 50. — Voir Tacite, Annales, XII, 23, ainsi que Dion Cassius, LII, 42.
[105] Julien, Or. III, vol. 1, p. 108. — Jornandès, De Rebus Geticis, chap. LVII. — Casaubon sur Suétone, Caligula, chap. XXVI.
[106] Tacite, Agricola, chap. XLIV. — Voir aussi Pline le Jeune, Lettres, II, 1.
[107] Pline le Jeune, Lettres, I, 23.
[108] Ibid., IV, 8 : Vous me félicitez de mon élévation à l'augurat, et vous me félicitez avec raison, d'abord parce qu'il est beau d'obtenir, même dans de petites choses, l'estime d'un prince si sage, ensuite parce que le sacerdoce lui-même est antique, etc. — Voir aussi Tacite, Annales, VI, 8 : Ce n'est pas à nous, d'examiner qui tu places sur nos têtes, ni quels sont tes motifs. A toi les dieux ont donné la souveraine décision de toutes choses ; obéir est la seule gloire qui nous soit laissée.
[109] Fronton, ad Lucium Verum, 6, 2. — Tacite, Annales, II, 47.
[110] Suétone, Claude, chap. V.
[111] Cependant les insignes dont il s’agit n’étaient portés que dans les., grandes occasions. Alexandre Sévère eut l’idée de donner des uniformes distincts aux titulaires de tous les offices, dénomination qui s’appliquait probablement aux préfectures. et aux emplois de sa maison, ainsi qu’à tous les dignitaires des charges curules sans doute), mais il n’y donna pas suite. Voir sa biographie, chap. XVII.
[112] Vie de Pertinax, chap. VI.
[113] Sénèque, De Beneficiis, II, 27, 4. — De Ira, III, 31, 2.
[114] Sénèque, De Brev. vitæ, 20, 1. — Pline le Jeune, Lettres, II, 9 ; VI, 6 et 9 ; X, 9. — Martial, XII, 26. — Voir aussi Épictète, IV, 1, 148 ; 7, 23 ; 10, 20.
[115] Pline le Jeune, Lettres, VI, 19 : Cette décision défendait aux candidats de donner des repas, d'envoyer des présents et de consigner de l'argent. De ces abus, les deux premiers dégénéraient en scandale public; l'autre, quoique secret, n'était pas moins notoire.
[116] Tacite, Annales, IV, 68 : Latinius Latiaris, Porcius Cato, Pétilius Rufus et M. Opsius, anciens préteurs, se liguent pour le perdre. Ils voulaient le consulat, auquel on n'arrivait que par Séjan, et l'on n'achetait l'appui de Séjan que par le crime.
[117] Voir aussi Suétone, Vespasien, chap. XVI.
[118] Pline le Jeune, Lettres, IV, 25 : dans les derniers comices on a trouvé sur certaines tablettes de vote beaucoup de plaisanteries, même des grossièretés, et sur une, au lieu des noms des candidats, les noms de leurs protecteurs... De quoi peut-on croire capable dans la vie privée celui qui dans une affaire si importante, dans une occasion si sérieuse, se permet de telles bouffonneries ?
[119] Sénèque, Lettres, 104, 9 ; 73, 3 ; 84, 11.
[120] Tacite, Annales, II, 36.
[121] Le même, De Oratoribus, c. VII.
[122] Épictète, Dissert. I, 19, 24.
[123] Tacite, Annales, III, 30.
[124] Ibid., II, 85 ; Hist., I, 48, 73. — Voir aussi de nombreux exemples dans Quintilien, Pline le Jeune, Sénèque, etc.
[125] Digeste, I, 9. — Voir Naudet, de
[126] Ibid., 12. — H. A., Vie d’Héliogabale, chap. IV. — Dion Cassius, LXXIX, 15.
[127] Dion Cassius, XLIX, 16, et LVII, 13.
[128] Ibid., LVII, 15.
[129] Suétone, Claude, chap. XXVIII.
[130] Vie d’Alexandre Sévère, chap. XLIII.
[131] Lettres, III, 8 ; VII, 33 ; IX, 13, et Panégyrique, chap. XC.
[132] Orelli, 784.
[133] Ibid., 345. — Voir Naudet, de
[134] I, 2, 1 ; 22, 6 ; XVIII, 10, 1.