Déjà dans les derniers temps de la république, on comprenait sous la dénomination générale d’amis, comme encore de nos jours dans le langage parlementaire anglais, tous ceux, quel que fût leur nombre, qui s’attachaient à la fortune d’un personnage politique éminent. Dans cette tourbe, il gavait naturellement beaucoup de gradations à observer, depuis les plus intimes confidents du chef, lui prêtant leurs conseils et participant à toutes ses entreprises, jusqu’aux simples adhérents formant le gros du parti dont ils avaient adopté la ligne de conduite. Ceux comme Pansa, Hirtius, Balbus, Oppius, Matius, Postumius, que Cicéron appelait les familiers de César (Cæsaris familiares), Suétone[1] les appela plus tard les amis de César (Cæsaris amicos). C. Gracchus et Livius Drusus passent pour avoir les premiers donné à la masse de leur parti une organisation fondée sur la distinction de ses membres en trois classes. Ceux de la première étaient reçus dans le cercle intime du chef et avaient leurs petites entrées chez lui ; ceux de la deuxième étaient admis aux réunions plus nombreuses ; ceux de la troisième ne l’étaient qu’en troupe aux grandes réceptions. Ils eurent ainsi, suivant l’ironique observation de Sénèque[2], des amis de premier et de second ordre, sans jamais avoir de vrais amis. Cependant, la sentimentalité du philosophe nous paraît déplacée, puisqu’il s’agissait là d’une organisation toute politique, devant faire d’autant mieux l’affaire du chef d’un parti que celui-ci se trouvait être plus nombreux. Sous l’empire, la valeur conventionnelle de ce nom d’amis, abstraction faite des amis dans l’acception propre et littérale du mot, se modifia dans ce sens qu’il servit désormais à désigner ceux qui étaient régulièrement invités par les empereurs à leurs délibérations en conseil et à leurs réunions de société ; ce qui ne veut pas dire cependant la totalité des personnes reçues à la cour, où tout l’ordre sénatorial et une grande partie de l’ordre équestre avaient accès de droit. Les empereurs traitaient peut-être leurs amis de très cher (carissime) ; telle est du moins l’apostrophe qu’employait Trajan, écrivant à Pline le Jeune. Il était assez naturel, sinon positivement de règle, que les amis, ceux de la première classe surtout (amici primœ admissionis), fussent en même temps conseillers du prince[3] ; mais ils ne l’étaient pas nécessairement, de même que tous les membres de son conseil privé ne figuraient pas parmi ses amis en titre, surtout après l’extension donnée par Adrien à ce conseil. Il y avait d’ailleurs des conseillers en service extraordinaire, qui n’étaient adjoints à ce dernier que pour un temps limité, ou dans certaines occasions, tandis que l’élévation d’une personne au rang d’ami de l’empereur lui procurait ce titre pour la vie, à moins de disgrâce. Pline le Jeune ne paraît avoir été qu’extraordinairement et temporairement admis à jouir des honneurs du conseil (honore consilii), suivant son expression[4]. S’il en avait été membre ordinaire, un homme aussi vaniteux n’eût certes pas manqué de le faire sonner plus souvent et plus haut. Dans une monarchie absolue, le bien et le mal dépendent en majeure partie de l’entourage du maître. Le choix des amis était ainsi toujours un acte important par lui même et par ses conséquences[5]. Comme c’étaient eux, principalement, qui formaient. la suite de l’empereur dans ses voyages et dans ses campagnes, on les appelait aussi ses compagnons (comites), et on leur appliquait collectivement, pour la même raison, la dénomination de cohorte (cohors), par laquelle on avait l’habitude de désigner, sous la. république, l’entourage des gouverneurs de provinces et l’état-major des généraux. Les deux qualifications d’amis et de compagnons, certainement identiques, étaient souvent aussi employées conjointement dans le même sens. Les Grecs n’en avaient qu’une, celle d’έταϊρος ou φίλος, pour désigner cette double qualité. Cependant, on appelait aussi comites des personnes attachées à la suite de l’empereur, d’après son désir, même sans la qualité d’amis en titre[6]. Les divers membres de la famille impériale avaient de même chacun sa propre cour, ainsi que ses amis et compagnons particuliers. Domitius, le père de Néron, faisait, comme Séjan, partie de la cohorte de C. César[7]. L’astrologue Thrasylle figurait parmi les compagnons de Tibère, déjà du vivant d’Auguste[8]. L’illustre Germanicus eut ses amis et compagnons particuliers[9]. La cohorte de Drusus, fils de Tibère, était formée d’amis de l’empereur même[10]. On mentionne aussi des particuliers qui eurent leurs compagnons attitrés ; ces derniers pouvaient bien être quelquefois des clients du personnage dont ils composaient la suite. Les rapports des amis et compagnons avec le souverain, prirent à la cour des premiers empereurs déjà des formes arrêtées, dans la détermination desquelles on ne s’attacha pas, cependant, à suivre simplement les traditions mentionnées plus haut, comme dans la division des amis en classes, introduite dès le commencement ; mais on s’appliqua plutôt à copier les modèles du cérémonial des anciennes cours de l’Orient. La noblesse de la cour de Perse présentait une hiérarchie à plusieurs degrés, basée sur le plus ou moins d’intimité des relations naturelles de ses membres avec la personne du roi, et dans laquelle on distinguait les parents, les amis et les commensaux, classes dont chacune avait ses privilèges et ses insignes particuliers[11]. Alexandre le Grand transporta cette organisation à la cour de Macédoine[12] d’où elle passa ensuite à celles des dynasties fondées par ses lieutenants, des Séleucides[13] et des Ptolémées surtout[14]. Ce fut probablement la cour d’Égypte que l’on prit d’abord pour modèle à Rome. La dénomination d’ami y perdit ainsi tout à fait son sens propre ; elle devint de plus en plus un titre officiel, indépendant des liens d’amitié personnels, et peut-être même invariablement attaché à certains grands offices, tels que, par exemple, les hautes préfectures. Il y a. lieu de croire, en effet, que non seulement les empereurs choisissaient presque toujours les préfets parmi leurs amis, mais aussi que les préfets étaient, du chef de leur office même, depuis le deuxième siècle du moins, compris dans les amis, n’eussent-ils pas antérieurement déjà obtenu cette qualité. De même, le mot συγγενής, parent, était en Orient, suivant Letronne[15], un titre des hauts fonctionnaires, attaché sans doute aux grandes dignités de l’État, comme celui de notre cousin, donné par les rois de France aux pairs, aux cardinaux, aux maréchaux. Des rois étrangers reçurent également ce titre d’amis. Agrippa, roi des Juifs, s’en prévaut lui-même dans Philon d’Alexandrie[16]. La division des amis en trois classes, que Suétone mentionne expressément pour la première fois dans sa Vie de Tibère (c. XLVI), eut naturellement une signification autre que sous la république, à laquelle Sénèque en fait remonter l’origine. Les deux premières classes étaient formées d’hommes occupant de hautes positions ; à raison de leur naissance, de leur fortune, ou de leur emploi. L’ordre hiérarchique y dépendait moins de la qualité de leurs membres que de la nature des relations personnelles de ceux-ci avec l’empereur. Ceux de la première classe étaient appelés primi amici, cohors primæ admissionis, prima cohors, plus vaguement aussi intimi amici, potissimi amicorum,[17] etc. Elle comprenait les principaux sénateurs, les consuls et personnages consulaires surtout, mais aussi des hommes plus jeunes, débutant dans leur carrière, qui y trouvaient ainsi la perspective d’un brillant avenir, comme Lucain, à vingt-deux ans, et le futur empereur Othon, qui n’était guère plus âgé quand il fut, comme le poète que nous venons de nommer, admis dans le cercle des amis de Néron[18] ; puis des parents et alliés de l’empereur, tels qu’Adrien à la cour de Trajan, ou Servien à celle d’Adrien, dont il était le beau-frère, et des camarades de l’enfance ou de la jeunesse du souverain, comme, les condisciples de Marc-Aurèle, Séjus Fuscien et Aufidius Victorin, Bébius Longus et Calénus, qui appartenaient, les deux premiers à l’ordre sénatorial, les deux autres à l’ordre équestre[19]. Il n’est pas douteux qu’il y eût des membres de ce dernier admis dans la première classe, ainsi qu’on le sait positivement de plusieurs amis d’Auguste[20], tels que Mécène, l’historien Salluste et Matius, puis de Séjan et de Curtius Atticus, sous Tibère, qu’ils accompagnèrent à Caprée[21]. Les empereurs continuèrent d’ailleurs à choisir une partie de leur entourage parmi les chevaliers, même à une époque où ils n’eurent plus de motif qui les poussât à relever leur conseil intime pour rabaisser le sénat. Il est plus que probable que tous les hauts préfets appartenant à cet ordre, notamment les gouverneurs civils et militaires de Rome et les vice-rois d’Égypte, étaient toujours amis de l’empereur : ainsi les préfets du prétoire Séjan, sous Tibère ; Lusius Geta, sous Claude ; Cornélius Fuscus, sous Domitien, etc. ; le préfet de la ville, Pégase, sous le même règne ; Turranius, le préfet des approvisionnements (annonœ), sous Claude ; le préfet d’Égypte, Planta, etc., tous expressément qualifiés d’amis de ces princes, ainsi qu’une multitude d’autres chevaliers, de sénateurs et de personnages consulaires, dont il serait trop long de compléter ici la liste. Voilà pour les deux premières classes. Quant à la troisième, elle parait avoir été en totalité, ou du moins en majeure partie, formée de personnes que les empereurs tenaient à s’attacher, pour jouir des avantages de leurs talents de société ou d’agrément, de leur instruction générale ou de leurs connaissances spéciales, sans regarder beaucoup à l’origine, à l’état, ni à la position sociale des appelés. Elle se composait ainsi de savants, de philosophes, de gens de lettres, de poètes et d’artistes, suivant les goûts du prince, plus ou moins aussi de véritables bouffons de profession. Ses membres étaient souvent des étrangers, le plus souvent des Grecs. Ces familiers du prince, ordinairement appelés convictores, συμβιωταί, n’avaient en général qu’une position subalterne à la cour ; c’étaient moins des amis proprement dits que des gens bien vus[22]. Entre autres Grecs, on cite comme un homme exceptionnellement favorisé à la cour d’Auguste, le philosophe Arée d’Alexandrie[23], le compagnon et familier inséparable de l’empereur, vivant avec lui sous le même toit[24], et dont l’intercession paraît avoir contribué beaucoup à procurer aux Alexandrins leur pardon, après la bataille d’Actium. Ses fils, Denys et Nicanor, restèrent attachés à la même cotir, dans une condition semblable. Auguste profita de leur société pour étendre sa connaissance de la littérature grecque[25]. Le stoïcien Athénodore de Tarsus, qui avait été précepteur d’Auguste à Apollonie, vécut aussi longtemps à la cour de son illustre élève, qui continua à se montrer plein d’égards et de respect pour son ancien maître, qu’il ne laissa se retirer dans sa ville natale qu’après avoir finalement encore obtenu de lui de prolonger d’une année son séjour à Rome[26]. Le savant et spirituel Nicolas Damascène aussi, qui accompagna Hérode le Grand à Rome, posséda la faveur d’Auguste à un haut degré, et s’en prévalut pour réconcilier le roi de Judée avec l’empereur. Moins heureux, l’historien Timagène d’Alexandrie fit tant qu’il perdit l’amitié de ce dernier par l’intempérance de son esprit, auquel il lâchait complètement la bride à table et dans ses promenades, et dont les traits n’épargnaient ni Auguste ni l’impératrice, ni les autres personnes de sa famille. Auguste ayant fini par lui défendre sa maison, Asinius Pollion le reçut dans la sienne[27]. Un commensal bien vu de cet empereur, comme auparavant déjà de Jules César et de Cléopâtre, fut le chanteur Tigellius, non moins recherché pour le charme de sa conversation que pour son art. On était plein d’indulgence pour ses caprices et ses manies d’artiste[28]. Auguste essaya aussi d’attacher Horace à sa société, mais sans y réussir[29]. Tibère se fit accompagner à Caprée par ses doctes familiers grecs, afin de s’y divertir à leur conversation[30]. Parmi eux se trouvaient l’astrologue Thrasylle, déjà mentionné plus haut, et le médecin Chariclès, par les conseils duquel l’empereur, dont il n’était cependant pas le médecin attitré, se laissait facilement guider[31]. Très versé dans la littérature des deux langues, Tibère se plaisait particulièrement avec les grammairiens, qu’il était enchanté d’embarrasser à table de questions difficiles, ou auxquelles il était impossible de répondre[32]. Quelquefois même ces mauvaises plaisanteries prirent une tournure tragique. Ayant appris que le grammairien Séleucus s’informait de ses lectures auprès de ses domestiques, pour se préparer sur les questions qui lui seraient ainsi adressées, il commença par le bannir de sa maison et l’obligea finalement à se donner la mort[33]. Néron s’entoura de versificateurs, obligés de l’aider dans ses essais poétiques. Il donnait aussi, comme le rapporte Tacite, quelques moments, après table, aux philosophes, pour allumer des discussions entre lés champions des principes opposés, et il yen eut qui, sans se départir de la sévérité de leur air et de leurs discours, se prêtaient volontiers à cet amusement du prince[34]. En général, ceux qu’on appelait les philosophes durent souvent jouer de bien tristes rôles, à cette époque, non seulement à la cour[35]. Cependant Plutarque leur recommande de ne pas éviter systématiquement de faire acte de présence à celle-ci. Rien de plus caractéristique pour la cour de Néron que la position qu’y prit un certain Vatinius. Elevé dans une boutique de cordonnier à Bénévent, difforme et d’un comique bouffon, il n’avait été d’abord admis à la cour que comme un objet de risée, pour servir de plastron. Mais, par sa basse servilité, il sut bientôt se rendre agréable à Néron et, à force d’accuser et de calomnier tous les honnêtes gens, il acquit un tel pouvoir qu’il ne tarda pas à surpasser les plus méchants de cette cour par son influence, sa richesse et ses moyens de nuire[36], et à se placer, dans l’opinion publique, sur la même ligne que les affranchis les plus scélérats et les plus puissants de Néron[37]. Il paraît qu’un nez d’une longueur démesurée avait contribué singulièrement à sa fortune et fait attacher son nom à une coupe, de forme particulière, à son usage[38]. La difformité physique était un grand moyen de succès pour ces bouffons de cour. Claude en avait dans sa société, avant d’être élevé au trône[39]. Juvénal[40] et Martial[41] mentionnent Gabba et Capitolinus. Le premier appartenait à la cour de Domitien, le second peut-être à celle de Nerva. Commode en eut plusieurs qu’il combla de richesses[42]. Pour revenir aux savants, Trajan distingua tellement Dion de Pruse, que l’on vit mainte fois ce dernier dans la voiture impériale[43]. L’empereur Adrien, son successeur, fut en commerce d’amitié avec les philosophes Epictète et Héliodore, comme avec nombre de grammairiens, de rhéteurs, de musiciens, de peintres, de mathématiciens et d’astrologues. Favorinus d’Arles occupait une place éminente dans ce cercle[44]. Les amis de la troisième classe étaient probablement les seuls qui fussent logés dans le palais de l’empereur (incontubernio)[45]. En voyage, sa suite (comitatus) était formée par ceux de la première et de la deuxième. A Rome, ils lui faisaient quotidiennement la salutation du matin, étaient plus ou moins régulièrement invités à sa table (convictus) et se trouvaient continuellement en rapport avec lui. Une division particulière de la domesticité du palais impérial était affectée à leur service[46]. Quant à la table, les empereurs eurent différentes manières de traiter leurs amis. Adrien les y invitait toujours. Antonin le Pieux les conviait à tous ses festins privés et publics. Marc-Aurèle[47] fait valoir comme une preuve de son indulgence de ne jamais leur avoir imposé l’obligation de partager ses repas, ni gardé la moindre rancune d’avoir été empêchés de s’y rendre. Il connaissait peu ces hommes qui n’estiment aucun sacrifice trop grand au prix de l’avantage d’être admis en la présence du souverain. Ce dont il se faisait un mérite fut pris en mal et interprété comme de l’orgueil[48]. Chez Alexandre Sévère, quelques amis venaient prendre leurs repas tous les jours, sans invitation spéciale[49]. L’habitude des empereurs en voyage et en campagne ne variait naturellement pas moins. Là aussi le privilège d’accompagner le souverain était, ordinairement, considéré comme un devoir, que l’on ne pouvait se dispenser de remplir. Marc-Aurèle se vante de ne pas s’être montré plus exigeant sur ce point que sur celui de la table. On fit à Galba, pendant qu’il était membre de la cohorte de Claude, l’honneur insigne de remettre d’un jour l’expédition de Bretagne, parce qu’il se trouvait indisposé dans le moment[50]. En voyage, les amis logeaient avec l’empereur, ou du moins il se chargeait de leur procurer des quartiers[51]. Au camp, il y avait chaque fois une place marquée et réservée pour eux, à proximité de la tente impériale[52]. Il va sans dire qu’ils voyageaient aux frais de l’empereur, et Suétone mentionne, comme un exemple de l’avarice de Tibère, qu’il n’accordait pas d’indemnités de route aux personnes de sa suite, mais leur faisait distribuer des vivres en nature. Il ne lui arriva qu’une. seule fois, et cela avant qu’il fût empereur, de leur faire un présent en argent, sur la caisse d’Auguste. La première classe reçut alors 600.000 sesterces, la deuxième 400.000, et la troisième 200.000[53]. On peut conclure des observations de l’historien, racontant le fait, que les empereurs se montraient ordinairement plus généreux. Auguste, dans le dernier voyage qu’il fit, distribua à sa suite quarante pièces d’or, à la condition de ne les employer qu’à des emplettes de marchandises apportées par un navire alexandrin, dont l’équipage venait de le saluer de ses acclamations, en arrivant au port[54]. On critiquait d’ailleurs aussi la parcimonie d’Auguste à l’égard de ses amis. Quintilien[55] rapporte même, à ce sujet, un mot piquant de Fabius Maximus disant que le conge[56], ou pot dont on les régalait au palais, ne tenait qu’une chopine. Les compagnons de voyage de Caligula furent obligés, au contraire, de faire des dépenses ruineuses pour eux[57]. On comprendrait, même s’il n’y avait pas les témoignages de contemporains pour l’affirmer, que la suite des empereurs devait souvent être une rude et lourde charge pour les pays qu’ils traversaient. Pline le Jeune, dans son panégyrique de Trajan[58], lui fait honneur de sa discrétion à cet égard, comparativement aux exigences de ses prédécesseurs. Antonin le Pieux, dont les voyages ne s’étendirent jamais au delà des frontières de l’Italie, regardait la suite de tout empereur, voire même d’un prince péchant par excès d’économie, comme bien onéreuse pour les provinces[59]. Les empereurs, de leur côté, faisaient jusqu’à un certain point eux-mêmes à leurs amis les politesses d’usage, et plus ils étaient naturellement affables, ou désiraient le paraître, plus ils s’appliquaient aussi à converser avec eux sorte ton de simples particuliers. Tibère, ail commencement de son règne, assistait ses amis en justice, prenait part à leurs festins, lors des sacrifices, allait les voir sans gardes, quand ils étaient malades, et prononça même, aux obsèques de l’un d’eux, son oraison funèbre[60]. Claude, au contraire, ne fit jamais de visites sans accompagnement de gardes[61]. Cossin, chevalier romain des amis de Néron, étant tombé malade, celui-ci fit venir un médecin d’Égypte exprès pour le traiter[62]. On vante particulièrement l’affabilité de Trajan[63] et d’Adrien. Le premier faisait aussi ses visites sans gardes. Le second poussait même trop loin sa manie de popularité[64], faisant lui-même des visites à quelques chevaliers romains et affranchis malades, portant partout des consolations et des conseils, et assistant aux banquets de ses amis ; il échangeait des cadeaux avec eux, lors des Saturnales, leur envoyait du gibier provenant de sa chasse, sortait en voiture, à quatre, avec eux, et allait les voir dans leurs palais, à la ville et à la campagne, où ils se faisaient honneur de lui donner l’hospitalité[65]. Antonin-le Pieux honora souvent, de même, les banquets de ses amis de son auguste présence[66]. Il était aussi des empereurs sachant accepter un propos libre et même une leçon de leurs amis. C’est ainsi qu’ayant demandé un jour, lors d’une visite au palais de Valère Omullus, précédemment déjà lié avec Trajan, d’où il avait tiré ses colonnes de porphyre, qui, par parenthèse, ne pouvaient venir que des carrières impériales situées près de la mer Rouge, le propriétaire piqué répondit : Dans la maison d’autrui, il faut être sourd et muet[67]. Il n’était pas rare que les empereurs fissent de riches cadeaux à leurs amis[68]. Septime Sévère enrichit même les siens de palais[69]. D’autre part, l’usage exigeait des amis de comprendre le souverain dans leurs dispositions testamentaires. Auguste avait acquis de cette manière, dans les vingt dernières années de sa vie, jusqu’à 1.400 millions de sesterces ou plus de 375 millions de francs ; mais lui aussi paraît avoir étendu le bénéfice de son institution d’héritiers, en troisième lieu, à plusieurs amis, en même temps qu’à des parents[70]. Nous avons déjà parlé de l’influence du choix des amis de chaque empereur sur tout le système de son gouvernement. Il n’y a pas, dit Tacite[71], d’instruments plus importants pour l’exécution des volontés d’un bon prince. Le biographe d’empereurs Marius Maximus allait même jusqu’à prétendre, comme nous l’avons vu, qu’il valait encore mieux pour l’État d’être gouverné par un empereur méchant lui-même que par un empereur bon, mais entouré d’amis pervers : car, dit-il, les bons peuvent s’entendre pour neutraliser les effets de la méchanceté du maître, tandis qu’un honnête homme seul, fût-il souverain, ne peut rien contre la coalition de beaucoup de méchants. Alexandre Sévère passe pour avoir été particulièrement heureux dans le choix de ses amis, que la biographie de ce prince, écrite sous Constantin, présente aux empereurs comme des amis modèles, par l’énumération des défauts, des vices et des crimes, dont ils n’eurent à se reprocher aucun, voire même de ceux dont les hommes dans leur position s’étaient le plus fréquemment rendus coupables, et parmi lesquels dominaient la soif de la rapine et du commandement, la lâche complaisance qui laisse faire le mal, la luxure, la cruauté et l’habitude de tromper le prince dont ses amis se moquaient, tout en compromettant son autorité par leur vénalité, leurs mensonges et leurs inventions perfides[72]. Ce que les courtisans ambitionnaient comme un honneur suprême, paraissait aux personnes étrangères à la cour, mais surtout aux observateurs philosophes, une insupportable corvée, et leur faisait envisager la condition d’un ami de l’empereur comme la plus misérable qu’on pût imaginer, pleine de contrainte, de soucis et de tourments de toute espèce. Ils n’ont même pas le sommeil, dit Épictète[73] ; ils sont réveillés par la nouvelle que l’empereur est déjà levé, qu’il va paraître ; puis viennent des préoccupations et des émotions sans fin. S’ils ne sont pas invités à la table impériale, c’est un chagrin pour eux. Se trouvent-ils parmi les invités, ils dînent comme des esclaves chez leur maître et s’observent constamment, dans la crainte de dire ou de commettre quelque sottise. Et que craignent-ils ? De recevoir le fouet comme des esclaves ? Ce serait s’en tirer à trop bon compte ; non : d’exposer leur tête, de la perdre même, avec la dignité d’hommes aussi haut placés que des amis de l’empereur. Même au bain et lorsqu’ils se livrent à des exercices du corps, leur esprit n’est jamais tranquille. Bref, peut-on être obtus et se faire illusion au point de ne pas maudire d’autant plus son sort, qu’on est plus engagé dans l’amitié de l’empereur ? Est-il besoin d’ajouter que la qualité d’ami entraînait pour tous les familiers de là cour ]’obligation de se plier et de se conformer à tous les caprices, à toutes les lubies et à toutes les manies du souverain ? Galien[74] raconte que les courtisans de Marc-Aurèle portaient généralement les cheveux coupés ras, tandis qu’à la cour, différente à tous égards, de son collègue Lucius Verus, qui trouvait plaisir à se moquer de cette coupe, on les portait très longs. En effet, la position des amis n’était pas seulement très difficile ; elle était, le plus souvent pleine de périls. La chute soudaine et précipitée d’hommes naguère tout-puissants ne revenait que trop souvent témoigner de l’inconstance de la faveur des despotes. Un courtisan, auquel on demandait comment il avait fait pour atteindre, ce qui était le plus rare à la cour, un grand age, répondit : c’est en empochant tons les affronts que j’y recevais et disant toujours merci[75]. Marcellus Eprius dit de l’amitié de Néron qu’il en avait aussi peur que d’autres de l’exil[76]. Souvent l’empereur détestait au fond du cœur ceux qu’on appelait ses amis ; et la cour de Domitien ne fut pas la seule où l’on vît polir les visages des grands devant le sinistre augure de l’amitié d’un maître omnipotent, où, comme dit Juvénal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . .Vocantur Ergo in consilium proceres, quos oderat ille
; In quorum facie miseræ magnæque sedebat Pallor amicitiæ[77]. Le déplaisir et la méfiance du prince étaient facilement excités, la calomnie et l’intrigue, continuellement à l’œuvre à la cour[78]. Suétone[79] vante la constance d’Auguste dans l’amitié, en faisant observer que, malgré le refroidissement de sa liaison avec quelques-uns de ses amis, aucun d’eux, à l’exception de Salvidien Rufus et de Cornélius Gallus, n’encourut une disgrâce complète, mais tous conservèrent ce qu’ils avaient de pouvoir et de richesse jusqu’à leur fin. Il n’aurait pas dû cependant oublier d’ajouter, aux deux noms cités comme exemples du contraire, pour le moins celui de Fabius Maximus, sur lequel nous reviendrons tout à l’heure. Mais de tous les conseillers et amis de Tibère, c’est à peine si deux ou trois parvinrent à se sauvegarder[80]. Caligula ne traita pas mieux ses parents et amis[81]. Lucain fut amené par la disgrâce de Néron à tremper dans la conspiration de Pison. Le grand Adrien lui-même ne fut rien moins que constant dans ses amitiés. Tantôt il comblait ses amis de bienfaits, tantôt il prêtait avidement l’oreille aux insinuations dirigées contre eux et avait dans leurs maisons des espions, qui l’informaient de toutes leurs paroles et actions. Ceux-là même qu’il avait élevés le plus haut, il les traita plus tard en ennemis, et plusieurs d’entre eux finirent dans les supplices ou par le suicide[82]. La disgrâce de l’empereur avait quelque chose de foudroyant. Quiconque avait le malheur de l’encourir était exclu de la familiarité dont on usait auparavant à son égard, conformément à l’ancienne coutume romaine, suivant laquelle on défendait sa maison aux personnes, du moment où l’on rompait avec elles[83]. Une pareille interdiction était ressentie comme la sentence la plus rigoureuse ; on la considérait comme un ordre de se dérober à la colère du prince par un exil volontaire[84]. En effet, ceux qu’elle frappait pouvaient autrement s’attendre au pire. Auguste ayant défendu à Gallus sa maison et le séjour de ses provinces, cette disgrâce fut immédiatement suivie de la défection de tous les adhérents de ce personnage ; de nombreux accusateurs s’élevèrent contre lui et le Sénat s’empressa de le proscrire, ainsi que de prononcer la confiscation de ses biens. Gallus prévint l’exécution de l’arrêt par un suicide[85]. Le consulaire Fabius Maximus, un des plus intimes amis d’Auguste, révéla à sa femme un secret important, dont il avait seul la confidence ; l’empereur, l’ayant appris, lui signifia sa disgrâce, et la rumeur publique qualifia de volontaire la mort subséquente du disgracié[86]. Sextus Vestilius, homme de rang prétorien, fort lié avec Drusus l’Ancien, avait été reçu ensuite, à ce titre, parmi les amis de Tibère. Quand l’empereur l’exclut de sa société, le vieillard essaya, d’une main tremblante, de se donner la mort ; puis, s’étant ravisé, il mit une ligature autour des veines qu’il s’était ouvertes et implora sa grâce par écrit ; mais bientôt le refus de Tibère lui fit arracher son bandage de désespoir[87]. Vespasien, faisant partie de la suite de Néron, lors du voyage de ce prince en Grèce, s’attira sa disgrâce pour s’être, plusieurs fois, éloigné ou endormi pendant que Néron chantait. Il ne fut pas seulement éliminé de la maison de l’empereur, mais complètement exclu de la cour. Quand, tout éperdu, il s’écria : Que vais-je devenir, où dois-je aller ? un des affranchis du palais, pour toute réponse, le poussa dehors avec une malédiction. Vespasien, redoutant le pire, s’empressa d’aller se cacher dans un petit endroit très retiré et réussit ainsi à se dérober à l’animadversion ultérieure du tyran[88]. Plus tard, après qu’il fut devenu lui-même empereur, l’affranchi qui l’avait traité si mal vint lui en demander pardon, mais fut renvoyé comme il le méritait. Vespasien lui rendit sa malédiction[89]. Quelquefois, l’éloignement d’un courtisan avait lieu sous la forme d’un exil honorable. Ainsi Néron envoya en Lusitanie, comme gouverneur, Othon, le plus favorisé de ses amis, le même que l’on revit plus tard empereur, uniquement pour s’assurer la tranquille possession de Poppée, femme de ce dernier[90]. Cependant, malgré les expériences les plus amères, il y avait dans l’atmosphère de la cour, pour tous ceux qui y avaient déjà vécu, un attrait presque irrésistible. Épictète[91] raconte avoir connu un homme âgé, investi des hautes fonctions de préfet des approvisionnements de céréales, auquel il était précédemment arrivé de subir un bannissement. En revenant de son exil, il protesta de sa ferme résolution de passer dans la retraite le peu de jours qu’il avait encore à vivre ; et, comme Épictète lui prédit qu’il changerait d’idée dès qu’il aurait commencé à respirer de nouveau l’air de Rome, il répondit qu’il voulait être honni si on le voyait jamais remettre les pieds à la cour. Mais à peine fut-il de retour dans la capitale, qu’un billet de la main de l’empereur lui fit aussitôt oublier toutes ses résolutions et le replongea de plus belle dans les soucis de la carrière des emplois. Il s’en fallait de beaucoup que ces amis attitrés perdissent toujours leur position avec la mort de l’empereur ; il est plus probable qu’ils la conservaient ordinairement à la nouvelle cour, à moins que leurs rapports avec le défunt n’eussent eu le caractère d’une liaison tout à fait intime, ou qu’il ne s’opérât un changement radical dans les principes et dans le personnel du gouvernement. Autrement, le respect humain et mille considérations portaient le nouveau souverain à traiter le plus honorablement possible les amis de son prédécesseur, et l’on regarda comme une atteinte flagrante à cette piété les procédés de Domitien et de Commode, éloignant de la cour et persécutant, celui-ci les amis de son père, l’autre à la fois ceux de son père et ceux de son frère[92]. Nerva et Trajan eurent pour les amis de Titus plus d’égards que n’en avait eu son propre frère. Des révolutions opérées par la violence entraînaient, il est vrai, la chute des amis avec d’autant plus de certitude qu’ils avaient été plus étroitement liés avec le dernier empereur ; mais, dans ce cas même, il y a des exemples de leur réintégration sous le nouveau règne. Un des plus fidèles partisans de Galba, le consul désigné Marius Celse, fut admis parmi les plus intimes confidents d’Othon, auquel ce pas bien calculé ne fit pas seulement un ami sûr et dévoué d’un de ses adversaires, mais gagna toute l’aristocratie[93]. Nerva, en tolérant à sa cour les amis de Domitien qui s’étaient le plus fait détester, prêtait toutefois au reproche d’un excès de mansuétude. Un jour, à table, en présence de l’un d’eux, Fabricius Véjenton, dont parle aussi Juvénal (IV, 113), la conversation étant tombée sur un autre personnage décrié du temps de Domitien, l’empereur s’avisa de demander lui-même : Que lui adviendrait-il s’il vivait aujourd’hui ? — Eh ! Il dînerait avec nous, répondit un des convives[94]. Nous avons déjà mentionné le fait que les amis avaient été quelquefois camarades d’enfance des empereurs. Cela tenait en partie à l’habitude de faire élever à la cour impériale les enfants des grandes familles, ainsi que des princes étrangers ; c’était même, on peut l’admettre, l’usage ordinaire, comme à l’ancienne cour de Perse[95], et il avait certainement du bon. Auguste, comme nous l’avons déjà fait remarquer, accueillit dans son palais le grammairien Verrius Flaccus, avec toute son école. Il fit aussi élever et instruire avec ses petits-fils un grand nombre d’enfants de rois étrangers[96] : ainsi Agrippa, le petit-fils d’Hérode le Grand, avec le fils de libère ; Drusus[97], comme plus tard un autre Agrippa, fils homonyme du précédent, fut élevé à la cour de Claude[98] ; Marc-Aurèle grandit à celle d’Adrien[99]. Claude avait introduit à ses repas l’usage de faire manger ses enfants avec d’autres garçons et petites filles nobles, assis aux pieds des adultes ; ce qui ne se comprend bien que des enfants élevés à la cour[100]. Parmi ceux-ci se trouvait Titus, dont le père, Vespasien, était déjà monté Très-Haut, sous Claude, par la faveur de Narcisse. Camarade du jeune Britannicus, il reçut la même instruction que lui des mêmes maîtres les deux jeunes gens étaient très liés, et Titus goûta même, dit-on, de la coupe empoisonnée dont le breuvage causa la mort de Britannicus[101]. Souvent des amitiés durables se fondaient sur ces camaraderies du jeune âge. Parmi les amis les plus choyés de Marc-Aurèle, deus de l’ordre des sénateurs et deux de l’ordre équestre avaient été ses condisciples[102]. |
[1] Vie de César, chap. LII.
[2] De Beneficiis, VI, 34.
[3] Suétone, Tibère, chap. LV : Outre les anciens amis que Tibère admettait dans son intimité, il s'était associé vingt des principaux citoyens de la cité pour lui servir de conseillers dans les affaires de l'État. — Titus, chap. VII : Il choisit des amis d'un tel mérite que ses successeurs les conservèrent pour eux comme les meilleurs soutiens de l'État.
[4] Lettres, IV, 22 ; VI, 22 et 31 : L'empereur a daigné m'appeler au conseil qu'il a tenu en son palais, nommé palais des Cent-Chambres (aujourd’hui Civita-Vecchia).
[5] Dans
[6] Tacite, Annales, I, 47 ; II, 65. - Stace, Silves, III, 3, 71.
[7] Suétone, Néron, chap. V. - Tacite, Annales, IV, 1.
[8] Le même, Octave, chap. XCVIII.
[9] Tacite, Annales, III, 13.
[10] Ibid., I, 27, 29.
[11] Letronne, Recherches pour servir à l’histoire d’Égypte, p. 58, etc. et 314.
[12] Ibid. et Quinte-Curce, VI, 5, 11.
[13] Josèphe, A. J., XII, 7, 3, 9, 1 ; XIII, 4, 5. - Macchabées, I, 3, 38, 10, 65.
[14] Letronne, dans l’ouvrage précité, p. 58, etc. - Plutarque, De Exil., chap. VII, p. 601. - Polybe, XXX, 11. - Josèphe, l. c., XIII, 3, 4.
[15] Ouvrage précité, p. 321.
[16] Legatio ad Caïum, 587.
[17] Sénèque, De Beneficiis, VI, 34 ; De Clementia, I, 10.- Quinte-Curce, VI, 26, 17. - Tacite, Annales, IV, 29 ; I, 71 ; XI, 31.
[18] Tacite, Annales, XIII, 46. - Suétone, Othon, chap. III.
[19] Vie de Marc Antonin, chap. XIII.
[20] Sénèque, De Beneficiis, I, 10.
[21] Tacite, Annales, IV, 58.
[22] Suétone, Tibère, chap. XLVI : La troisième [classe], qu'il appelait non des amis, mais des Grecs.
[23] Suétone, Octave, chap. LXXXIX. - Dion Cassius, LI, 16.
[24] Sénèque, ad Marc., 4, 2 : Julia — se Areo, philosopho viri sui, præbuit.
[25] Suétone, Octave, chap. LXXXIX.
[26] Plutarque, Apopht. regal., p. 207. - Dion Cassius, LVII, 32.
[27] Sénèque, Controv. V., 34, p. 362. - Plutarque, De adul. et amic., p. 68.
[28] Horace, Satires I, 3. - Cicéron, Lettres ad fam., VIII, 24.
[29] Suétone, Vie d’Horace.
[30] Tacite, Annales, IV, 58, dit : Une suite peu nombreuse accompagna le prince : un seul sénateur, ... un chevalier romain du premier rang, ... enfin quelques gens de lettres, la plupart Grecs, dont l'entretien amuserait ses loisirs.
[31] Ibid., VI, 50. - Suétone, Tibère, chap. LXXII.
[32] Suétone, Tibère, chap. LXX : Les questions qu'il faisait ordinairement aux grammairiens pour lesquels, comme nous l'avons dit, il avait de la prédilection, étaient à peu près de cette nature: Quelle était la mère d'Hécube ? Quel nom avait Achille à la cour de Lycomède ? Quels étaient les chants des Sirènes ?
[33] Ibid., chap. LVI.
[34] Tacite, Annales, XIV, 16.
[35] Sénèque, Lettres, 29, 5 : Ostendet mihi alium (philosophum) in adulterio, alium in popina, alium in aula.
[36] Tacite, Annales, XV, 34. - Juvénal, V, 46. - Dion Cassius, LXII, 15.
[37] Tacite, Hist., I, 37.
[38] Martial, XIV, 94.
[39] Tacite, Annales, XII, 49.
[40] IV, 31 ; V, 3, etc.
[41] I, 42, 16 ; X, 101.
[42] Dion Cassius, LXXIII, 6.
[43] Suidas, Dion.
[44] Vie d’Adrien, chap. XVI.
[45] Cependant on lit dans la biographie d’Adrien, chap. VIII : Optimos quosque de senatu in contubernium imperatoriæ majestatis adscivit.
[46] Orelli, 1588, 70, 2 ; 2907, 598, 1, 2, 3, 4 ; 2392.
[47] Comment. I, 16.
[48] Son biographe [Julius Capitolin] dit : On l’accusa aussi d’encourager l’arrogance de la cour en éloignant ses amis de sa compagnie ordinaire et de ses banquets. (Vie de Marc Antonin le philosophe, chap. XXIX.)
[49] Vie de cet empereur, chap. IV.
[50] Suétone, Galba, chap. VII.
[51] Le même, Vespasien, chap. IV.
[52] Hyginus, De Munitione castrorum : occupantur — prætorio pedes sexaginta, statione viginti, comitibus imperatoris nostri pedes sexaginta, etc.
[53] Suétone, Tibère, chap. XLVI.
[54] Le même, Octave, chap. XCVIII.
[55] VI, 3, 52 : Incusans Augusti congiarioruni, quæ amicis dabantur, exiguitatem, heminaria esse dixit.
[56] Mesure romaine de la contenance de trois pintes.
[57] Philon, Legatio ad Caïum, 596.
[58] Chap. XX : Les voitures qui vous sont dues sont réclamées sans désordre ; aucun logement n'est dédaigné par vous ; vos vivres sont ceux de tout le monde.
[59] Vie d’Antonin le Pieux, chap. VII.
[60] Dion Cassius, LVII, 1. - Suétone, Tibère, chap. XXXII.
[61] Suétone, Claude, chap. XXXV.
[62] Pline, Hist. nat., XXIX, 93.
[63] Dion Cassius, LXVIII, 7. - Ausone, ad Gratianum, p. 300, éd. de Deux-Ponts.
[64] Vie d’Adrien, chap. XVII : Il affichait bien haut son amour pour la plèbe. - Ibid., ch. IX : Il se comportait donc en tout à la manière des simples particuliers.
[65] Ibid., chap. XVII, 26. - Dion Cassius, LXIX, 7. - Orelli, 804, inscription mentionnant un chevalier romain qui fut hospes divi Hadriani.
[66] Vie de cet empereur, chap. IV. - Vie de Pertinax, chap. III, et d’Alexandre Sévère, chap. IV et XX. - Dion Cassius, LXVI, 11.
[67] Vie d’Antonin le Pieux, chap. XI.
[68] Ibid., LXX, 7. - Aurelius Victor, Épitomé, 13, 7, 20, 6.
[69] Aurelius Victor, Épitomé, 20 : Aussi ardent pour ses amis que contre ses ennemis, il enrichit Lateranus, Cilon, Anulinus, Bassus et beaucoup d'autres, en leur donnant des palais dignes d'être cités avec honneur ; nous voyons encore aujourd'hui les plus remarquables, ceux qu'on appelle palais des Parthes et de Lateranus.
[70] Suétone, Octave, chap. LXVI et CI. — Voir pourtant Tacite, Annales, I, 8, et Dion Cassius, LVI, 32, qui ne mentionne pas expressément les amis.
[71] Hist., IV, 7.
[72] Vie d’Alexandre Sévère, chap. LXV et suivants, où l’on porte aussi un jugement favorable, en général, sur les amis du cruel Domitien.
[73] Diss. IV, 8, 41-50.
[74] Comm. in Hippocr. Epidem. VI, 9e éd. K, XVII, B, 150.
[75] Tacite, Annales, III, 30. - Sénèque, De Ira, II, 33, 2.
[76] Tacite, Hist., IV, 8.
[77] IV, 72. Ce qui manqua, ce fut un plat à la mesure du poisson. On convoqua les grands au Conseil du prince, ces grands qu’il détestait et dont le front était toujours pâle de cette auguste et terrible amitié.
[78] Dion Cassius, LXVIII, 15.
[79] Octave, chap. LXVI.
[80] Suétone, Tibère, chap. LV.
[81] Le même, Caligula, chap. XXV : Après ces détails, il est presque indifférent de raconter comment il traita ses proches et ses amis.
[82] Vie d’Adrien, chap. XI et XV.
[83] Tacite, Annales, VI, 29 ; II, 70. - Suétone, Caligula, chap. III.
[84] Tacite, Annales, III, 24.
[85] Suétone, Octave, chap. XXIV. - Dion Cassius, LIII, 24.
[86] Tacite, Annales, I, 5. - Pline, Hist. nat., VII, 150.
[87] Tacite, Annales, VI, 9.
[88] Suétone, Vespasien, chap. IV et XIV.
[89] Dion Cassius, LXVI, 11.
[90] Suétone, Othon, chap. III. - Tacite, Annales, XIII, 46.
[91] Diss. I, 10.
[92] Dion Cassius, LXVII, 2, et LXXII, 4. - Vie de Commode, chap. III.
[93] Tacite, Hist., I, 71. - Plutarque, Othon, chap. I.
[94] Pline le Jeune, Lettres, IV, 22.
[95] Xénophon, Retraite des dix mille, I.
[96] Suétone, Octave, chap. XLVIII.
[97] Josèphe, A. J., XVIII, 6, 1 ; 6, 6.
[98] Josèphe, A. J., XIX, 9, 2.
[99] Vie de Marc Antonin, chap. IV.
[100] Suétone, Claude, chap. XXXII.
[101] Le même, Titus, chap. II.
[102] Vie de Marc Antonin, chap. III.