PARIS - 1863
L’ÉGLISEParmi toutes les assertions étranges qui courent le monde, il n’en est pas qui soit plus vide de sens que celle-ci : la religion est une pure affaire de sentiment. D’abord, une telle proposition heurte de front la conscience universelle des peuples, qui toujours et partout ont vu dans la religion un ensemble de croyances et de pratiques. De plus, elle contredit la notion de l’homme, qui est fait pour connaître et pour agir, aussi bien que pour sentir et pour aimer. C’est la nature humaine tout entière que la religion doit embrasser dans son influence et dans ses prescriptions, l’âme comme le corps, la vie des sens non mains que l’activité intellectuelle et morale. Vouloir la réduire à une rêverie sentimentale, sans croyances positives ni actes déterminés, c’est absolument comme si l’on ne voyait dans l’âme qu’une seule faculté, et dans le corps qu’un organe unique. Rien de moins rationnel qu’une pareille théorie, si l’on peut appeler de ce nom un vague romantisme qui s’ignore lui-même. Loin de pouvoir remplacer la croyance, le sentiment a besoin d’être guidé par elle ; et comme l’a dit Bossuet, appuyé sur la raison et sur l’expérience, le bien croire est le fondement du bien faire. C’est à ce sentimentalisme religieux que s’attache le romancier qui vient d’écrire la Vie de Jésus. Rêver sur l’infini au milieu des vertes collines et des claires fontaines, voilà son symbole ; et toute sa théologie finit par se perdre dans un vain soupir. Ici encore, l’imitation est bien pâle. Il y a près d’un siècle que Rousseau faisait de son Vicaire savoyard l’apôtre de cette vague religiosité ; et l’auteur de Paul et Virginie n’a plus guère laissé à personne le mérite de rien ajouter à ses fadeurs. En Allemagne, Jacobi et Schleiermacher ont également essayé de ramener toute la religion à ce qu’ils appelaient le sentiment pur, l’un, dans son roman de Woldemar, l’autre, dans ses Discours sur la Religion ; et longtemps avant eux, le chef des piétistes protestants, Spener, avait cherché à suppléer au défaut de croyances positives par une sorte de moralité sentimentale sans règle ni point d’appui. C’est le propre des esprits dépourvus d’un sens ferme et droit, d’incliner vers cette rêvasserie poétique qui exclut toute idée nette et bien arrêtée. Nous n’aurions donc pas été surpris de voir l’ancien séminariste reprendre le rôle du vicaire savoyard, s’il ne s’était pas hasardé de placer son piétisme romantique dans la bouche de Jésus-Christ. Ceci nous touche un peu plus et vaut la peine que nous examinions de près, non pas des arguments qui manquent, mais des assertions qui abondent. M. Renan a donc vu ou cru voir que Jésus est le créateur du sentiment pur ; qu’il a fondé la religion absolue, n’excluant rien, ne déterminant rien, si ce n’est le sentiment ; un culte pur, une religion sans prêtres et sans pratiques extérieures, reposant toute sur les sentiments du cœur ; une religion dégagée de toute forme extérieure, sans collège sacerdotal, sans théologie ni symbole, à tel point qu’on chercherait vainement dans l’Evangile une proposition théologique ou une pratique religieuse recommandée par Jésus[1]. Voilà bien de la pureté : le sentiment pur, le culte pur, la religion pure ; il n’y manque que la rêverie pure pour compléter l’énumération. Malgré tout le soin que prend l’auteur de ne pas parler français comme tout le monde, j’estime cependant qu’il a voulu dire le pur sentiment, ce qui est tout autre chose que le sentiment pur. Si je vois clair dans ce que Voltaire n’eût pas manqué d’appeler du galimatias triple, cela signifie que Jésus-Christ n’a fondé ni religion positive, ni Eglise ayant une constitution propre, des institutions déterminées. Ouvrons donc l’Evangile pour voir si M. Renan a bien lu. En fait de sentiment pur, ou de pur sentiment comme il voudra, j’y trouve une Eglise que Jésus-Christ appelle son Eglise, pour la distinguer de toute autre société religieuse ; une Eglise que chacun est tenu d’écouter, sous peine d’être regardé comme un païen et un publicain ; une Eglise bâtie sur un homme, qui a nom Simon Pierre, comme sur un fondement inébranlable[2]. J’y trouve un ministère d’enseignement fondé et organisé : un collège d’apôtres qui reçoit le pouvoir de lier et de délier, avec la mission d’enseigner toutes les nations en leur apprenant à observer toutes les choses que le Maître a commandées ; et à leur tête un homme auquel sont confiées les clefs du royaume des cieux, avec la charge de paître le troupeau entier de Jésus-Christ, les agneaux comme les brebis[3]. J’y trouve un premier rite, le Baptême, sans lequel nul ne peut entrer dans le royaume de Dieu ; un deuxième rite, l’Eucharistie, auquel tous doivent participer pour avoir la vie en eux ; un troisième rite, la Pénitence, qui a pour objet la rémission des péchés[4]. J’y trouve un sacerdoce constitué par cela même qu’une classe d’hommes est choisie parmi tous pour prêcher, pour baptiser, pour remettre les péchés, pour répéter, en mémoire du Christ, le grand acte de la Cène dernière[5]. J’y trouve par conséquent un culte, avec des pratiques et des cérémonies déterminées, puisqu’il y est prescrit de se réunir au nom du Christ pour la prière commune, d’écouter ceux qui ont v charge de prêcher l’Evangile à toutes les créatures, de renouveler l’acte commémoratif de la Cène, de baptiser au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, de remettre et de retenir les péchés, etc.[6] Est-ce là le sentiment pur ? Est-ce là une religion dégagée de toute forme extérieure, une religion qui n’exclut rien, qui ne détermine rien ? Comment donc M. Renan et le Vicaire savoyard s’y prendraient-ils pour imposer une doctrine et prescrire des actes ? On chercherait vainement dans l’Evangile une pratique religieuse recommandée par Jésus. Il me semble que nous n’avons pas été obligés de chercher bien loin pour en trouver. N’est-ce donc pas une pratique religieuse que la prédication de l’Evangile, la rémission des péchés, la collation ou la réception du baptême, la célébration de la Cène, la participation à la chair et au sang du Fils de l’homme ? Quelle est donc la pratique religieuse que vous cherchez vainement dans l’Evangile ? Est-ce la prière ? Jésus-Christ va jusqu’à en déterminer la formule[7]. Est-ce l’aumône ? Je ne pense pas que vous veuillez contester celle-là ; or, c’est bien une pratique religieuse non moins qu’une œuvre morale, car le Sauveur veut que nous fassions l’aumône en son nom et par amour pour lui[8]. Est-ce le jeûne ? Ah ! oui, le jeûne : vous l’avez dit : Jésus se souciait peu du jeûne[9]. Vraiment ! il se souciait peu du jeûne ! C’est apparemment pour cela que, voulant donner l’exemple, il commence sa mission par un jeûne de quarante jours et de quarante nuits. C’est parce qu’il se souciait peu du jeûne, que la récompense céleste est promise à tous ceux qui pratiqueront sincèrement l’abstinence corporelle : Quand vous jeûnez, ne le faites point paraître aux yeux des hommes, mais gardez cela pour votre Père, qui est présent à ce qu’il y a de plus de secret ; et votre Père, qui voit dans le secret, vous le rendra[10]. N’écrivez donc pas à la légère de ces choses qui feraient douter que vous ayez jamais ouvert l’Évangile. On chercherait vainement une proposition théologique dans l’Evangile. C’est-à-dire que depuis le commencement jusqu’à la fin, il n’y a dans l’Evangile que des propositions théologiques. Est-ce que, par hasard, M. Renan y aurait découvert des problèmes de mécanique ou des théorèmes de géométrie ? Ou bien, pour affirmer ou peur nier quelque chose, ce qui est l’essence d’une proposition, faut-il absolument s’en tenir au formalisme aristotélicien, et procéder par théorèmes, corollaires et scolies ? Les huit béatitudes sont des propositions théologiques pour la morale, comme la déclaration de la nécessité du baptême en est une pour le dogme. Qu’il y ait un point d’exclamation à la fin d’une phrase ou un simple point, peu importe, pourvu qu’on y trouve une vérité clairement énoncée. La forme sentencieuse, qui est propre à l’Evangile, donne précisément à chacun de ses -versets le tour d’une affirmation ou d’une négation bien déterminée. Où trouver une théologie, des dogmes arrêtés, si ce n’est dans ces formules évangéliques qui résument la doctrine chrétienne dans ses divers points : Moi et mon Père, nous sommes une seule chose[11] : c’est l’unité de la nature divine nettement exprimée. — Baptisez au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit[12] : c’est la Trinité des personnes enseignée avec non moins de clarté. — Dieu a envoyé dans le monde son Fils unique qu’il a engendré... le Paraclet ou l’Esprit de vérité procède du Père... Tout ce qu’a mon Père est à moi : c’est pourquoi je vous dis que l’Esprit de vérité recevra de ce qui est à moi[13] : tout le mystère de la vie intime de Dieu est dans ces paroles de Jésus-Christ. — Mon sang sera répandu pour la rémission des péchés[14] : l’économie de la Rédemption est tout entière dans ce mot. — Les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez. Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel[15] : voilà bien, ce me semble, des propositions catégoriques qui résument le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire de l’Église. — Quiconque croira et sera baptisé sera sauvé[16] : est-ce là ne rien exclure et ne rien déterminer ? — Ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang véritablement un breuvage[17] : tout le sacrement de l’Eucharistie est dans cette phrase. — Allez et instruisez toutes les nations, leur apprenant à observer toutes les choses que je vous ai ordonnées[18] : sont-ce là des images indéterminées ? ou bien n’est-ce pas l’annonce d’un symbole complet, d’un code positif, d’une série de prescriptions obligatoires pour le monde entier ? J’épuiserais l’Evangile si je voulais montrer que chacun de ses versets, en dehors de la partie narrative, contient une proposition dogmatique, morale ou disciplinaire. Que dirait-on d’un homme qui prétendrait que le Code civil ne renferme aucune disposition légale ? Et pourtant, l’assertion de M. Renan n’est pas moins ridicule ni moins absurde. Je disais tout à l’heure qu’il y a dans la Vie de jésus tels passages qui feraient douter que l’auteur se soit jamais donné la peine d’ouvrir l’Evangile. En voici une nouvelle preuve : Pour Jésus, dit-il, le baptême n’a qu’une importance secondaire[19]. Décidément, nous allons de mieux en mieux : l’aplomb du romancier devient superbe à mesure qu’il fait de nouvelles découvertes. Il n’a donc jamais lu ces attestations solennelles : En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu’un ne renaît de l’eau et de l’Esprit-Saint, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. — Celui-là sera sauvé qui croira et sera baptisé. — Allez, baptisez toutes les nations de la terre, etc.[20] Si c’est ainsi qu’on parle des choses qui n’ont qu’une importance secondaire, comment faudra-t-il s’exprimer lorsqu’il s’agit d’importance primaire ? Mais le sublime du genre, en fait de haute critique, c’est l’explication de l’Eucharistie. On l’a déjà dit à M. Renan, et de plus haut : parmi les choses saintes qu’il devrait respecter et qu’il ne respecte pas, il en est une dont il devrait lui être à jamais impossible de parler : c’est l’Eucharistie[21]. Il doit savoir pourquoi. Mais puisqu’il s’obstine à parler de ce qu’il devrait taire, voyons si ses souvenirs le servent bien. Quand Jésus fut mort, la forme sous laquelle il apparaissait au pieux souvenir de ses disciples était celle de président d’un banquet mystique, tenant le pain, le bénissant, le rompant et le présentant aux assistants. Il est probable que c’était là une de ses habitudes, et qu’à ce moment il était particulièrement aimable et attendri..... les termes dont il usait furent pris plus tard avec une littéralité effrénée[22]. Ainsi, c’est parce que, il y a dix-huit siècles, vivait un homme qui était particulièrement aimable et attendri à l’heure du dîner, c’est pour cela que les apôtres et leurs disciples, les Pères de l’Eglise, les grands docteurs du Moyen-âge, les théologiens des cinq parties du monde, et avec eux l’univers catholique, ont cru ou croient encore recevoir dans l’Eucharistie le corps, le sang, l’âme et la divinité de Jésus-Christ ! C’est à cause de quelques habitudes de langage, toujours fortement substantielles[23], que le plus incompréhensible de tous les mystères a été accepté dans le monde civilisé, où il occupe le sommet de la vie religieuse ! Allons donc, faites croire cela à M. Ernest Havet, du Collège de France, mais n’étendez pas plus loin votre dédain pour le bon sens de vos lecteurs. En place des miracles de la puissance divine, vous mettez des miracles de stupidité de la part des hommes. Nous préférons les premiers. Que M. Renan me permette de le lui dire, ni lui ni le vicaire savoyard n’ont su comprendre le premier mot de l’Evangile. Et ici je m’adresse à tous ceux qui, n’ayant plus le sens positif et pratique des choses, ne voient dans l’Evangile qu’une sentimentalité chimérique et rêveuse. Pour être disciple de Jésus, dit l’auteur, il ne fallait qu’une seule chose, s’attacher à lui et l’aimer[24]. Ajoutez, s’il vous plaît, renoncer à soi-même et faire pénitence. La réforme intérieure, le renouvellement de soi par le détachement et la mortification, voilà l’idée mère de l’Evangile. Nul doute que l’amour de Dieu et le sentiment de la fraternité humaine ne soient sortis de là comme de leur véritable source. Mais quand est-ce que ces deux sentiments acquièrent leur force et leur efficacité ? Quand l’homme devient-il capable d’un dévouement réel ? C’est lorsqu’il a étouffé l’égoïsme dans son cœur, qu’il s’est affranchi du joug des passions mauvaises qui l’absorbent tout entier dans la recherche d’une satisfaction stérile. De là ces vigoureuses maximes par lesquelles a débuté la prédication évangélique : Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous, — quiconque ne renonce point à tout ce qu’il possède, ne peut être mon disciple, — si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même ; qu’il porte sa croix et me suive. — Celui qui aime son âme la perdra, et celui qui hait son âme en ce monde la conservera pour la vie éternelle. — Heureux les pauvres en esprit, parce que le royaume des cieux est à eux[25], etc. Voilà la morale qui a été prêchée dans le monde et qui l’a subjugué, la morale du sacrifice, la morale de la Croix, et non pas une rêverie sentimentale, comme il plaît à quelques esprits malades de se l’imaginer, soit pour secouer un frein qui les gêne, soit pour se tirer de l’embarras que leur cause un triomphe humainement inexplicable. Ce qui empêche l’auteur de la Vie de Jésus d’être un écrivain sérieux, c’est qu’il ne tient aucun compte des faits ni des textes qui ne cadrent pas avec son roman : ou il les dénature, ou, ce qui est encore plus commode, il les passe sous silence. Or, c’est là un procédé critique qui n’a de nom dans aucune langue. Que M. Renan se mette en frais pour réhabiliter Judas ou du moins pour plaider les circonstance atténuantes[26], je le comprends : il est dans son rôle : il ose à peine croire à un tel excès de noirceur ; nous y croyons, parce que le fait n’est pas unique dans l’histoire. Qu’il cherche à établir que Pilate ne pouvait guère faire que ce qu’il fit[27], cela ne me surprend pas : il n’a pas assez le sentiment de la justice pour comprendre que, ne pas sauver, quand on le pourrait, une victime qu’on sait innocente, c’est la perdre. Qu’il accorde à l’humble et doux Spinoza un avantage sur Jésus-Christ[28], cette prédilection s’explique d’elle-même : lorsqu’on appelle Dieu un bon vieux mot, un peu lourd, on ne peut qu’être de la religion de celui qu’Henri Heine, peu suspect de partialité sur ce point, nommait le grand athée[29]. Qu’il appelle saint Jean-Baptiste, une sorte de Lamennais toujours irrité[30], et qu’il ose même établir un parallèle entre le Sauveur du monde et l’apostat breton[31], cela est excentrique sans doute, mais l’auteur ne nous a pas laissé le droit de nous en étonner ; et l’on conçoit, du reste, que la figure du malheureux abbé Lamennais vienne se poser par intervalle devant M. Ernest Renan. Encore une fois, rien de tout cela n’est de nature à nous causer la moindre surprise ; mais ce qui m’afflige, ce qui me révolte, ce qui m’indignerait, si les facéties de M. Renan méritaient l’indignation, c’est l’audace avec laquelle il ne cesse d’affirmer sans preuve, de nier sans motif, de citer à tort et à travers des textes qu’il ne s’est pas donné la peine de vérifier. Car je m’arrête devant une autre hypothèse qu’il me serait trop pénible de discuter. Nous n’avons guère fait autre chose dans le cours de ce travail que signaler cette détestable méthode, qui réduit à zéro la valeur du roman édité par MM. Michel Lévy frères. Et cependant, pour prouver aux lecteurs de M. Renan qu’ils courent fort risque d’être mystifiés en acceptant de confiance une seule de ses citations, nous éprouvons le besoin, avant de terminer, d’ajouter aux cas déjà signalés une nouvelle série d’exemples. Nous les prendrons au hasard dans les divers endroits du livre. Ainsi, par exemple, l’auteur allègue que dans le IIe livre des Macchabées la résurrection est réservée aux seuls fidèles[32] ; et il renvoie, sans donner le texte, au chapitre VIII, 14. C’est l’histoire des sept frères qui ont souffert le martyre pendant la persécution d’Antiochus Épiphane. Or, à l’endroit indiqué, le quatrième de ces héroïques jeunes gens dit à son bourreau : Toi, tu ne ressusciteras pas à la vie, ad vitam. M. Renan supprime ces derniers mots, qui désignent la résurrection glorieuse, réservée aux bons, pour pouvoir affirmer que le IIe livre des Macabées nie la résurrection générale. En style de procédure civile ou commerciale, cela s’appellerait, si je ne me trompe, un faux en écriture. Quelques pages auparavant, le romancier raconte que les sœurs de Jésus-Christ (ses parentes, comme nous le verrons tout à l’heure) se marièrent à Nazareth[33] ; et il renvoie au chapitre VI de saint Marc, v. 3. En vérifiant le texte, on trouve qu’il n’y est pas plus question de mariage que de mort. Si cependant M. Renan a trouvé les contrats de mariage en Palestine, nous le prions de les exhiber : ces pièces feraient bon effet sur les lecteurs de Mlle la Quintinie. Autre fantaisie. D’après le nouveau critique, Jean et Luc (il n’y a plus de saints dans le vocabulaire de ce pieux homme) préfèrent l’expression de fils de Joseph[34]. Evidemment, le u public d’élite u auquel il s’adresse va se figurer que ces deux évangélistes appellent Jésus-Christ fils de Joseph. Or, parmi les quatre passages cités, il en est trois où ce sont les Juifs qui parlent (S. Luc, IV, 22 ; S. Jean, I, 45 ; VI, 42) ; et dans le quatrième, saint Luc a soin de dire : Fils de Joseph, comme on le croyait (III, 23). Allez, supprimez toujours ce qui vous gêne ; vous êtes un habile homme, et l’on vous en croira. Poursuivons. Le disciple de Strauss veut bien nous apprendre qu’un passage des Actes des Apôtres (II, 22) exclut formellement la divinité de Jésus-Christ[35]. Je n’ai guère besoin d’ajouter qu’il ne reproduit pas le texte : à quoi bon ? Les lecteurs des romans de M. Michel Lévy savent l’Écriture-Sainte par cœur. Où donc se trouve cette exclusion formelle ? Je vois bien que saint Pierre appelle Jésus de Nazareth un homme[36], et nous aussi nous l’appelons un homme ; nous distinguons en lui la nature divine et la nature humaine. Mais, pas plus que l’Eglise, saint Pierre n’appelle Jésus-Christ un pur homme, un simple homme, comme le prétend M. Renan, ce qui seul exclurait formellement la divinité. L’auteur de ce petit artifice littéraire se trompe-t-il, ou veut-il tromper ? Voici, une habileté (est-ce bien le mot ?) toute pareille. Dans l’Evangile de Jean, l’accusation de se faire Dieu ou l’égal de Dieu est présentée comme une calomnie[37]. Sur quoi l’on renvoie au chapitre V, 18 et suiv., et au chapitre X, 33 et suiv. En allant droit aux textes indiqués, on trouve que Jésus-Christ, bien loin de se dédire, renchérit encore sur ses déclarations précédentes : Tout ce que le Père fait, le Fils le fait pareillement (v. 19). — Croyez que mon Père est en moi, et moi dans mon Père (v. 38). Il y a bien une calomnie dans tout cela, mais elle est ailleurs que dans l’Evangile. Un peu plus loin, notre Aristarque est choqué de voir que Jésus se corrige[38]. Comme d’habitude, il jette au bas de la page deux ou trois signes auxquels peu de personnes feront attention : Matth., X, 5, comparé à XXVIII, 19. Lorsqu’on veut se rendre compte de la correction en examinant les textes, on voit que, d’une part, Jésus-Christ dit aux apôtres : N’allez pas vers les gentils ; et de l’autre : Instruisez toutes les nations. La simple indication des dates aurait tout expliqué : avant l’ascension du Sauveur, les apôtres ne devaient pas quitter la Palestine ; après son ascension, il leur était ordonné de parcourir le monde entier. C’est à quoi se réduit toute la correction ; mais, comme les textes ne sont pas reproduits, quelques lecteurs trop confiants soupçonneront une énormité, et le résultat qu’attendait l’auteur sera obtenu. Je sens combien cette énumération est fastidieuse, mais il ne me semble pas inutile de la prolonger, car rien ne saurait donner une meilleure idée des inqualifiables procédés de M. Renan. Il n’y a pais d’exemple d’un système de mensonge et de dissimulation poursuivi avec une telle assurance à l’aide de citations fausses et d’assertions en l’air. Doctrine et histoire, tout est traité de la même façon, jusque dans les moindres détails. Ainsi l’auteur veut savoir que Marie de Béthanie plaisait à Jésus par une sorte de langueur[39]. Là-dessus, il renvoie à saint Jean, XI, 20. Voici le verset : Marthe donc, dès qu’elle eut appris que Jésus venait, alla au-devant de lui, mais Marie se tenait dans la maison. Au nom du ciel, où trouvez-vous là une sorte de langueur ? Avez-vous quelque ennemi secret qui arrange vos citations pour se jouer de vous ? — Jésus allait volontiers aux divertissements des mariages[40]. Saint Jean parle bien des noces de Cana ; mais où M. Renan a-t-il appris que le Sauveur ait accepté d’autres invitations de ce genre ? Est-ce une des découvertes qu’il a faites pendant son voyage en Orient ? Si l’auteur de la Vie de Jésus sait ajouter à l’Évangile ce qu’il invente, il ne s’entend pas moins bien à en retrancher ce qui le gêne : Pour l’institution de l’Eucharistie, dit-il, Jean seul, parmi les narrateurs évangéliques a la valeur d’un témoin oculaire[41]. Et saint Matthieu, qu’en faites-vous ? Saint Matthieu, l’un des douze, présent à la dernière Cène, aussi bien que saint Jean ! N’est-ce pas là un témoin oculaire ? Un enfant des écoles chrétiennes ne commettrait pas une bévue de ce genre, et M. Ernest Renan est membre de l’Institut ! Ici du moins nous avons la consolation de penser que le défaut de connaissance peut servir d’excuse au romancier. Mais en est-il de même des incroyables assertions que voici : Il échappait sans cesse à Jésus des naïvetés qui à Jérusalem pouvaient paraître singulières[42]. Si l’on parlait ainsi du dernier manant, il serait encore juste de fournir au moins quelques preuves. Eh bien, le croirait-on ? les naïvetés continuelles que le malheureux écrivain prête à Notre-Seigneur Jésus-Christ se réduisent à l’ordre donné aux Apôtres d’emprunter un ânon attaché devant une maison de Bethphagé, et de demander une salle où l’on pût célébrer la Pâque[43]. C’est tout ce que l’on trouve dans les passages indiqués par l’auteur. Voilà les naïvetés qui échappaient sans cesse au Sauveur. Non, jamais la sottise ne s’est trouvée jointe à tant d’insolence. En effet, de quel nom appeler une proposition comme celle-ci : A Jérusalem, l’harmonieux génie de Jésus s’exténue en des argumentations insipides sur la loi et les prophètes[44]. Et la preuve ? Elle est, dit-on, dans saint Matthieu, XXII, 23 et suiv. Je vais droit au texte que l’on cite, et j’y trouve que le Sauveur corrige les images grossières des Sadducéens sur la vie future ; qu’il réduit ces matérialistes au silence, en montrant que le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, est le Dieu des vivants ; et qu’il place au sommet de la Loi l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Voilà ce qu’un romancier fade et plat appelle des argumentations insipides ; mais, je le répète, comme il a l’habitude de ne reproduire aucun texte, quelques niais pourront s’y tromper, et c’est apparemment tout ce qu’il désire. Nous sommes donc en présence, non pas de quelques erreurs de détail qui peuvent échapper à tout écrivain, mais d’une ignorance constante ou d’une tromperie systématique, qui consiste à affirmer ou à nier sans l’ombre d’une preuve ; à citer, sans les reproduire, des textes qui disent tout le contraire de ce qu’on y place ; à passer sous silence tout ce qui pourrait donner l’éveil à une classe de lecteurs qu’on tient à mystifier en abusant de leur inexpérience ou de leur crédulité ; à opposer aux documents historiques des contes imaginaires ; à user tour à tour de formules tranchantes pour déconcerter les simples, et de vagues peut-être lorsqu’on est embarrassé ; à dissimuler enfin, sous un faux semblant d’érudition, l’absence de critique sérieuse et de science véritable. Voilà pourquoi, après les preuves que nous avons fournies, nous sommes en droit d’appeler la Vie de Jésus par M. Ernest Renan un misérable roman, une grave insulte au bon sens public et à l’honneur des lettres françaises. Et cependant, quelque long que puisse paraître cet examen critique, nous ne le terminerons pas sans relever une assertion qui nous blesse dans ce que le sentiment chrétien a de plus délicat. Après la gloire de Jésus-Christ, rien ne nous est plus cher ni plus précieux que l’honneur de sa sainte Mère. Certes, nous comprenons parfaitement qu’un écrivain qui s’enthousiasme au souvenir des fêtes d’Adonis et des mystères antiques que célébraient les femmes païennes dans la sainte Byblos[45], nous comprenons, dis-je, qu’un tel homme veuille dépouiller Marie de sa couronne virginale. Mais ce qu’on est en droit d’attendre, même de la part d’un blasphémateur avide de scandale, c’est qu’au moins il hasarde quelque chose qui ressemble à une discussion, pour établir une hypothèse que le monde chrétien repousse depuis dix-huit siècles avec toute l’énergie de sa foi. Ici encore M. Ernest Renan reste fidèle à sa méthode ; il veut que les habitués de la librairie Michel Lévy l’en croient sur parole. Donc, l’ancien séminariste de Saint-Sulpice, reprenant la thèse de deux hérétiques obscurs du IVe siècle, Helvidius et Jovinien, s’attaque à la virginité de Marie : cette calomnie l’affriande tout particulièrement. A la vérité, il ne veut pas se prononcer sur la question de savoir s’il y a eu un ou plusieurs mariages[46]. Il lui a été impossible, je le suppose, de prendre en Palestine (M. Renan a voyagé en Orient) un extrait de ces divers contrats. Il n’en est pas moins riche en renseignements. Ainsi, par exemple, il sait, lui, de science certaine (on ignore par quelle voie), que la famille était assez nombreuse. Jésus avait des frères et des sœurs. Il est vrai que tous sont restés obscurs et que leur nom était inconnu[47]. A cela près, M. Renan les connaît, lui qui a voyagé en Palestine, et il veut bien les tirer de leur obscurité. Malheureux sophiste ! Ne voyez-vous pas que vous détruisez vous-même votre petit roman ? Eh quoi ! Jésus-Christ, dites-vous, avait des frères et des cœurs selon la nature, et tous sont restés obscurs ! et leur nom était inconnu ! toujours d’après vous. Comment expliquer ce prodige ? Anne, Joachim, tous ceux qui de près ou de loin se rattachent à la généalogie du Christ, sont devenus l’objet de la vénération ou au moins de l’attention publique. Et les vrais frères, les véritables sœurs de Jésus-Christ selon la nature, sont tous restés obscurs, et leur nom était inconnu au Ier siècle ! Allez donc conter ces sornettes-là aux enfants qui ont besoin d’être bercés pour s’endormir ; mais ne venez pas nous débiter une marchandise pareille, même avec l’estampille de M. Michel Lévy ! Le docte critique n’a pas jugé son public capable de suivre un raisonnement. Eh bien ! nous estimons son public davantage, et nous raisonnerons, dussions-nous répéter ce qui a été dit et redit plus de mille fois, et mieux que nous ne saurions le faire[48]. Les frères du Seigneur, dont il est question dans l’Evangile, sont tout simplement ses cousins-germains, fils de Cléophas et de Marie, sœur de la sainte Vierge, et les autres parents en général. Voici la preuve : Qui est-ce qui est appelé frère du Seigneur dans l’Evangile ? Jacques, José, Simon et Jude (Matth., XIII, 55 ; Marc, VI, 3.) Or, de qui ces derniers étaient-ils fils ? de Marie, femme de Cléophas et sœur de la sainte Vierge. (S. Matth., XXVII, 50 ; S. Marc, XV, 40.) M. Renan est bien obligé de le reconnaître lui-même[49]. Donc les prétendus frères du Seigneur n’étaient que ses cousins-germains. En connaissez-vous d’autres ? Nommez-les. Est-ce le mot frère qui vous arrête ? Il faut être étranger à toute étude linguistique pour ignorer que le mot latin frater, le mot grec adelphos et le mot hébreu akh s’employaient fort souvent pour désigner les cousins-germains, les neveux et les parents en général. Laissons là les Grecs et les Latins, qui n’ont que faire dans la question, bien que leur terminologie serve à expliquer celle des Hébreux[50]. Chez ces derniers, dit Gesenius, le mot frère a une signification très large, qui s’étend non seulement aux cousins, mais aux membres de la même tribu[51]. En effet, Abraham appelle Lot son frère (Genèse, XIII, 8 ; XIV, 16), et cependant Lot n’était que son neveu (ibid., XI, 27). Jacob se dit frère de Laban, dont il était simplement le neveu (Genèse, XXIX, 12). Dans le livre de Tobie, les mots frère et sœur reviennent à maintes reprises pour désigner des liens de parenté plus éloignée (VII, 4 ; VIII, 9). Si nous passons de là au Nouveau-Testament, nous trouvons le mot frère employé trois cent soixante fois, dans quatre acceptions diverses, pour désigner les fils d’un même père, les membres d’une même famille, les habitants d’un même pays, les hommes réunis par une communauté de foi et d’affection. C’est ainsi que saint Matthieu parle de Jéchonias et de ses frères, pour désigner toute sa parenté ; car Jéchonias n’avait qu’un frère[52]. Saint Paul appelle les israélites ses frères, ses parents selon la chair[53], montrant assez par là que ces deux mots, réunis ensemble, expriment la même idée. On ne doit donc pas être surpris que les Juifs aient donné le nom de frères aux cousins de Jésus : cette dénomination est un pur hébraïsme qui ne peut sembler étrange qu’à un faiseur de romans. Aussi l’antiquité chrétienne a-t-elle enseigné d’une voix unanime la perpétuelle virginité de Marie[54]. M. Renan n’a donc pas plus effleuré la couronne virginale de Marie, qu’il n’a réussi à dépouiller Jésus-Christ de sa divinité. Dépouiller Jésus-Christ de sa divinité ! Mais qui êtes-vous, pour tenter unes pareille entreprise ? Dans trois ou quatre mois c’est à peine si l’on parlera encore de votre livre. Vous aurez fait une belle entreprise financière, et obtenu un certain succès de scandale et de curiosité. Voilà tout. Si cela peut vous satisfaire, reposez en paix au milieu des lauriers qui vont orner la tombe de votre réputation de critique et de savant. C’en est fait : désormais vous compterez parmi les romanciers de l’époque ; et encore, vous ne dépasserez jamais la pastorale, car, bien que vous ayez quelques couleurs sur votre palette, vous manquez de nerf et de vigueur. Et puis, tenez, si vous voulez accepter un conseil, dans votre prochain ouvrage, rendez-nous l’attaque un peu plus difficile : citez moins le Talmud et lisez mieux l’Écriture-Sainte. Vous n’en réussirez pas davantage dans le but que vous semblez poursuivre, mais du moins votre réputation n’en souffrira pas autant. Eu attendant, les peuples civilisés continueront, comme par le passé, à rendre à Jésus-Christ l’hommage de leur foi, de leur amour et de leur culte, à pratiquer en son nom la justice et la charité. Vous n’y aurez rien changé et vous ne pouvez rien y faire. Parmi ceux que vous paraissez avoir pris pour modèles, il s’en trouvait de plus menaçants : ils avaient, ceux-là, de l’esprit et du savoir ; pour vous, vous êtes trop fade et trop langoureux ; jusqu’à présent vous n’êtes pas à craindre. Vous n’avez pas encore dépassé le peut-être ni le probablement ; or, l’humanité ne vit ni de probablement, ni de peut-être. Elle a besoin de croyances fortes et bien arrêtées. Qui sait ? Vous n’êtes pas encore au bout de votre odyssée : il y a de la souplesse dans vos évolutions : vous pourriez fort bien revenir au point de départ après une infinité de tours et de détours. On croit entendre parfois, au milieu de vos blasphèmes, des accents de foi perdue qui détonnent singulièrement sur le reste ; or, cela ne nous laisse pas sans espérance. Dieu a des vengeances de père ; car, comme le disait Tertullien, personne n’est père comme lui : nemo tam pater ut Deus.... Alors, sans doute, vous trouverez qu’il n’est pas de bon goût de mépriser l’estime d’une classe d’hommes avec laquelle il faut toujours compter dans la vie ; et peut-être irez-vous jusqu’à regretter d’avoir fait, vingt ou trente années auparavant, une mauvaise action et un méchant livre. FIN |
[1] Vie de Jésus, pp. 447, 446, 85, 115, 291, 297, 446, 225.
[2] S. Matth., XVI, 18 : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. — Ibid., XVIII, 17 : S’il n’écoute pas l’Eglise, qu’il te soit comme un païen et un publicain.
[3] S. Matth., X, 2, 3, 4 et ss. ; XVIII, 18 : Tout ce que vous lierez sur la terre, sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre, sera délié dans le ciel ; XXVIII, 19 et 20. — Ibid., XVI, 19 : Je te donnerai les clefs du royaume des cieux. — S. Jean, XXI, 16 et 17 : Pais mes agneaux, pais mes brebis.
[4] S. Jean, III, 5 : En vérité, je vous le dis, si quelqu’un ne renaît de l’eau et de l’Esprit-Saint, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. — S. Marc, XVI, 16 : Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé. — S. Jean, VI, 54 : En vérité, je vous le dis : Si vous ne mangez la chair du Fils de l’Homme, et si vous ne buvez son sang, vous n’aurez point la vie en vous. — Ibid., XX, 23 : Les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez.
[5] S. Matth., XXVIII, 19 : Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. S. Jean, XX, 22 : Recevez l’Esprit-Saint : les péchés seront remis, etc. — S. Luc, XXII, 19 : Faites ceci en mémoire de moi.
[6] S. Matth., XVIII, 19 et 20 : Je vous dis encore que si deux d’entre vous s’accordent sur la terre, quelque chose qu’ils demandent, il le leur sera fait par mon Père qui est dans les cieux. Car là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. — S. Marc, XVI, 15 : Allez dans tout l’univers, et prêchez l’Evangile à toutes les créatures.
[7] Matth., VI, 9 : Notre Père qui êtes aux cieux, etc.
[8] Marc, IX, 40 ; S. Matth., XXV, 35 et ss.
[9] Vie de Jésus, p. 224.
[10] S. Matth., VI, 17,18.
[11] S. Jean, ch. X, v. 30.
[12] S. Matth., XXVIII, 19.
[13] S. Jean, III, 16 ; XV, 26 ; XVI, 15.
[14] S. Matth., XXVI, 28 ; S. Marc, XIV, 24 ; S. Luc, XXII, 20.
[15] S. Jean, XX, 23 ; S. Matth., XVIII, 18.
[16] S. Marc, XVI, 16.
[17] S. Jean, VI, 55.
[18] S. Matth., XXVIII, 20.
[19] Vie de Jésus, p. 225. L’auteur s’appuie sur le passage de saint Matthieu (III, 15) où le Sauveur se fait baptiser par saint Jean, pour accomplir toute justice. — Il faut être aveugle pour ne pas voir que cela prouve précisément tout le contraire. En consentant lui-même à se soumettre à la loi du baptême (bien que le baptême de saint Jean fat purement figuratif), le Sauveur montrait toute l’importance du sacrement qu’il allait instituer.
[20] Saint Jean, III, 5 ; saint Marc, XVI, 16 ; saint Matthieu, XXVIII, 19.
[21] Avertissement à la Jeunesse, etc., par Mgr l’Évêque d’Orléans, p. 103.
[22] Vie de Jésus, p. 302, 303.
[23] Vie de Jésus, p. 304.
[24] Vie de Jésus, p. 46.
[25] S. Luc., XIII, 3, 5 ; XIV, 33 ; S. Matth., XVI, 24 ; S. Jean, XII, 25 ; S. Matth., V, 3.
[26] Vie de Jésus, p. 382.
[27] Vie de Jésus, p. 410.
[28] Vie de Jésus, p. 451.
[29] De l’Allemagne depuis Luther, I, 106.
[30] Vie de Jésus, p. 106.
[31] Vie de Jésus, p. 326.
[32] Vie de Jésus, p. 55.
[33] Vie de Jésus, p. 25.
[34] Vie de Jésus, p. 75.
[35] Vie de Jésus, p. 242.
[36] Jésus de Nazareth, homme que Dieu a autorisé parmi nous par les miracles (II, 22). Plus loin, saint Pierre dit de Jésus de Nazareth : Il a répandu l’Esprit saint que vous voyez et entendez vous-même (v. 33). Est-ce qu’il appartient à un pur homme de répandre l’Esprit saint ? De plus, dans le même discours, saint Pierre applique à Jésus de Nazareth ce passage des psaumes de David : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite (v. 34). Enfin, il affirme que chacun doit être baptisé au nom de Jésus-Christ (v. 38). Est-ce là une exclusion formelle de la divinité du Christ ?
[37] Vie de Jésus, p. 243.
[38] Vie de Jésus, p. 251.
[39] Vie de Jésus, p. 342.
[40] Vie de Jésus, p. 188.
[41] Vie de Jésus, p. 389.
[42] Vie de Jésus, p. 339.
[43] Si M. Renan avait jamais ouvert le Talmud, comme il le prétend, il y aurait vu que l’hospitalité était de droit à Jérusalem pour la célébration de la Pâque, et qu’on se prêtait gratuitement les salles où devait se célébrer le festin pascal. Talmud de Babylone, Traité Joma. fol. XII, recto. — Voyez également Lightfoot, in Matth. XXVI, 19-27. — Il n’y a d’autre naïveté dans tout cela que celle d’un hébraïsant novice qui parle à tort et à travers de coutumes qu’il ignore.
[44] Vie de Jésus, p. 343.
[45] Vie de Jésus, dédicace.
[46] Vie de Jésus, p. 23.
[47] Vie de Jésus, pp. 23, 25.
[48] Voyez le bel écrit de notre éloquent ami, M. l’abbé Mermillod, La Vierge Marie, ou études sur sa perpétuelle virginité. Paris, Gaume frères, 1856.
[49] Vie de Jésus, p. 24.
[50] Dans Denys d’Halicarnasse, Tullius Hostilius appelle frères les Horaces et les Curiaces, bien qu’ils ne fussent que cousins-germains. — Dans ses Annales (III, 38), Tacite appelle frère le neveu de Rhescuporis. — Quinte-Curce (VI, 10) dit qu’Amyntas, fils de Perdiccas, était frère d’Alexandre, c’est-à-dire son cousin-germain paternel. — Item, Tite-Live (IVe Décade, l. V, c. 10) ; Xénophon (Cyropédie, l. I, c. 5, n° 4) ; Stobée (Pars I, p. 480). Le fréquent usage du mot frater ou adelphos pour désigner en général un proche parent, ne fait pas question parmi les critiques.
[51] Gesenius, Lexicon hebraïcum et chaldaïcum, édit. de Leipzig, 1847 : Latius patet apud Hebræos, est enim cognatus et consanguineus quicumque, est contribulis, etc. — Ces paroles du savant hébraïsant sont confirmées par d’autres philologues non moins distingués : Buxtorf, Lexicon, éd. de Bâle, 1619 ; Suicerus, Thesaurus ecclesiasticus, à l’article Adelphos ; Schleusner, Nouveau Lexique grec-latin du Nouveau-Testament, Leipzig, 1819, 1 vol., p. 44 : Tous les endroits où il est fait mention des frères du Christ doivent s’entendre de ses proches et de ses parents. Ni Schleusner, ni Gesenius ne peuvent paraître suspects à nos adversaires, car ils sont l’un et l’autre imprégnés de rationalisme.
[52] S. Matth., I, 11. — Ier Livre des Paralipomènes, III, 15, 16.
[53] Epître aux Romains, IX, 3.
[54] Liturgie de S. Jacques, Biblioth. maxi. Patrum, t. II, pp. 1 et 4 : La Mère de Dieu, toujours vierge. — Liturgies de S. Marc et de S. Basile, Renaudot, t. I, p. 72 : Marie, Mère de Dieu, toujours vierge. — S. Basile, Homélie 25 sur la Nativité du Christ : La Mère de Dieu n’a jamais cessé d’être vierge. — S. Epiphane, Contre les hérésies, 78. — S. Jean Chrysostôme, Homélie sur l’Annonciation. — S. Cyrille d’Alexandrie, Comment. in Joannam, l. IV, c. 7. — S. Grégoire de Nysse, Oratio de Natali Christi : Marie est restée vierge sans tache après l’enfantement. — S. Ambroise, l. II, In Lucam, — S. Augustin, Sermo 17 de tempore : Elle a conçu vierge, vierge elle a enfanté le Sauveur, et elle est restée vierge sans tache après la naissance de Jésus. — Quant à S. Jérôme, il a publié tout un livre sur ce point contre Helvidius.