Essai sur la naissance de Jésus

 

François-Dominique Fournier

© 2008

 

 

Les Évangiles ont été écrits une quarantaine d'années après la mort de Jésus sur la croix. C'est en gros le temps qui nous sépare de Mai 68. Une avalanche d'ouvrages est venue commémorer, cette année, le quarantième anniversaire de Mai 68. Et personne n'a trouvé à redire aux témoignages qui ont alors été recueillis, sous prétexte qu'ils seraient trop tardifs ou dictés par les circonstances. Voila le singulier raccourci que nous donne le directeur de la rédaction du magasine Le Monde de la Bible[1] ; au-delà des témoignages oraux ou peut-être écrits, je serai impressionné de pouvoir avoir accès aux coupures de presse et autres archives INA relatant la vie de Jésus.

Des quatre évangiles, seuls deux nous relatent la naissance de Jésus : Matthieu et Luc, les deux autres, Marc et Jean, sont d’un silence assourdissant sur la naissance de Jésus. Nous remarquons aussi qu’entre les deux évangélistes narrant la naissance de Jésus, il existe de sérieuses différences, voire des contradictions. Je vais étudier ces deux textes. Puis je reviendrai sur les écrits de deux anciens écrivains ecclésiastiques qui, avec aussi quelques difficultés historiques de date, situent la naissance de Jésus en 2 BC.

Il faut avant tout voir que dans les évangiles cités nous avons à faire à deux cousins, ou prétendus tels par Luc[2] : Jean et Jésus.

 

Jean, premier nommé des évangiles

Seul Luc nous relate la naissance de Jean, qui sera surnommé plus tard le Baptiste, et qu’il situe dans les jours d’Hérode, le roi de la Judée[3]. Le terme dans les jours d’Hérode étant vague, j’en déduis que la date extrême de la naissance de Jean se situe avant la fin de l’année 4 avant notre ère[4], n’ayant pas trouvé de rupture[5] dans le texte de Luc qui pourrait reporter la naissance de Jean au-delà de cette année[6].

Jean dans Flavius Josèphe

Dans la version slavone (vieux russe) de la Guerre des Juifs[7] de Flavius Josèphe, je trouve mention[8] d’un homme qui parcourait la Judée dans des vêtements étonnants, qui ne leur faisait [les Judéens] rien d'autre que les plonger dans le cours du Jourdain ; et il les renvoyait en leur enseignant de cesser de faire le mal, et qu'il leur serait donné un roi qui les libérerait et soumettrait tous les insoumis, et ne serait lui-même soumis à personne, et qui fut amené auprès d'Archélaüs. Sans qu’il soit nommé explicitement, nous avons là un très beau portrait de celui qui est nommé Jean le Baptiste dans les Évangiles. La ressemblance, notamment dans la manière vestimentaire et de vivre est frappante dans ces textes.

Ce texte m’amène à deux réflexions :

1° Comme cet homme fut amené devant Archélaüs, je peux supposer qu’il avait vers la trentaine d’années[9] au moment du fait rapporté par Flavius Josèphe, soit avant 6 AD., date à laquelle Archélaüs fut déposé, donc qu’il a dû naître vers les années 23 ou 24 BC. Ou bien que cet homme décrit par Josèphe ne soit pas le Jean des évangélistes, ou bien que Luc a connu ce texte pour décrire Jean le Baptiste, mais qu’il s’est trompé dans les dates, et qu’il ne soit pas l’historien que l’on pense qu’il est, tout du moins dans les repères historiques (?) dont il parsème les deux premiers chapitres de son évangile, nous verrons plus loin le sentiment des historiens sur le Luc historien.

2° Si l’on veut croire à une interpolation chrétienne de ce texte, je suis dans l’obligation de constater l’énorme différence entre les temps donnés ici et ceux donnés par les évangiles ; un moine copiste aurait-il fait une si grosse bourde temporelle ? Son autorité hiérarchique aurait-elle laissé souffrir cette affaire ? Et pourquoi, pour qui et dans quel but ? A toutes ces questions, je serai tenté de répondre qu’il n’y a pas là interpolation comme le dit Étienne Nodet déjà cité. Et que cette anecdote, si nous pensons que cet homme étonnement vêtu n’est pas Jean, a bien servi les évangélistes pour donner du corps à leur texte, et dont, par ailleurs, certaines sentences ou paraboles sont copiées sur les textes grecs antiques, mais cela est une autre affaire.

Zacharie, prêtre de la classe Abia (ou Abiyya)

Enfin pour celles et ceux qui voudrait argumenter qu’il n’y a aucun rapport entre la marque temporelle donnée par Luc[10] et la naissance de Jean, je serai bien aise de trouver la rupture du texte qui prouverait le contraire, pour ma part je ne l’ai pas trouvée, comme je l’ai dit plus haut. Ou bien alors pourquoi Luc aurait-il poser cette marque temporelle dans son évangile et qui ne correspondrait pas à l’ensemble de son récit ? Lui était-il besoin de nous donner les temps d’Hérode pour nous montrer la fonction et la semaine de service de Zacharie ?

D’ailleurs, pourrions nous connaître avec exactitude la semaine du service de Zacharie ? Luc nous dit que Zacharie fait partie de la classe des prêtres nommée Abia, classe qui se trouve être la huitième selon le 1er livre des Chroniques[11]. M. Gertoux nous donne un calendrier du service des prêtres[12] ; mais je ne saurais m’y fier tant il prête à confusion : je vois dans le tableau proposé une première quinzaine de Nissan qui ne dure qu’une semaine alors que la dernière en dure deux ; de plus sachant que chaque classe de prêtre officiait d’un sabbat à l’autre, dans sa restitution M. Gertoux semble vouloir nous faire comprendre que la fête de la Pâque des Hébreux commençait un samedi (un vendredi soir, pour être plus exact) ce qui évidemment n’est pas correct[13]. M. Gertoux nous donne une autre indication qu’au moment de la prise de Jérusalem, en 70, selon Tosephta Taanit, 2, 10b, la classe des prêtres de Yehoïarib aurait dû officier[14].

Si cela est le cas, je suis à même de remonter un calendrier, sachant que Flavius Josèphe date la prise de Jérusalem, du huit du mois Gorpiée[15], ce qui semble correspondre, suivant la note de Théodore Reinach, au 26 septembre 70[16]. N’ayant pas de certitude sur ces données de calendrier, j’ai suivi Théodore Reinach pour reconstituer ce calendrier, en prenant une marge d’erreur de trois semaines.

Avant de remonter le calendrier, soyons sûr de quelques vérités : d’abord le temps d’une grossesse : il est en moyenne de 39 semaines[17], et d’autre part la naissance de Jésus est précédée de six mois par celle de Jean.

Je retiendrai trois repères pour essayer de dater la naissance de Jésus suivant ce critère donné par Luc :

1° Matthieu qui énergiquement situe la naissance de Jésus au moment où Hérode règne sur la Palestine, donc avant la Pâque de l’an 4 BC. En remontant le calendrier, je vois que la classe des prêtres Abia a officié[18] vers le mois de novembre de l’année 6 BC, Jean naissant vers le mois d’août de l’an 5 BC, et Jésus au mois de janvier 4 BC.

2° Suivant les écrits patristiques, Jésus serait né dans la quarante et unième année du règne d’Auguste ou pour d’autres le vingt huitième année de son règne, les premiers datant depuis l’assassinat de César, les seconds depuis la défaite de Marc-Antoine à la bataille d’Actium, soit l’an 2 BC, et là nous sommes dans les brumes les plus complètes, sauf à écouté Clément d’Alexandrie, qui donne suivant des sources non documentées la date du 25 du mois Paschôn, c’est-à-dire durant le cours du mois d’avril 2 BC, ce que semble agréé Sylvie Chabert d’Hyères[19]. Ainsi donc si je suis cette assertion, Jean serai né entre la dernière quinzaine d’octobre 3 BC et la première de novembre de la même année ; ce qui nous remonterait à la conception de Jean entre les trois dernières semaines de janvier et la première de février 3 BC. Malheureusement, la classe des Abia n’officiait pas à cette époque, elle officia la semaine suivante, deuxième semaine de février, ou les trois autres suivantes.

3° Si Jésus est né le 25 décembre suivant la tradition, aucune date de la conception de Jean ne correspond.

Ainsi, quelque soit le sens de la nappe que l’on met sur la table, dans les deux derniers cas elle est toujours à l’envers ; dans le premier cas, elle peut être et pourrait être à l’endroit, mais...

 

Matthieu et le récit de la naissance de Jésus

Après avoir fait le récit de l’annonciation à Marie et de la naissance de Jésus, Matthieu nous relate une très belle fable — si je puis ainsi l’appeler, car je la retrouve encore une fois dans le texte slavon de Josèphe — celle de la visite de trois Mages venus d’Orient pour saluer le roi des Juifs qui vient de naître, visite qui va exciter la colère du roi Hérode et conduire au massacre des enfants de moins de deux ans, massacre appelé Massacre des Innocents ; et enfin à la fuite en Égypte. Observons toutefois que si l'épisode du Massacre des Innocents, avait vraiment eut lieu, et ce qui n'est dit nulle part, comment Jean reparaît dans les évangiles ? Il aurait dû vraisemblablement être tué dans ce massacre, sauf à penser qu'il ait pris la fuite, dans les bagages de la famille de Jésus, pour l'Égypte, ou que nous suivions à la lettre Matthieu qui dit que qu'Hérode fit massacrer tous les enfants de deux ans et au-dessous qui étaient à Bethléhem et dans tout son territoire, selon la date dont il s'était soigneusement enquis auprès des mages ; or Jean devait demeurer à Jérusalem avec ses parents, mais une question se pose : pourquoi Hérode fait-il massacrer les enfants de deux ans et moins, si les Mages venaient saluer le roi des Juifs qui venait de naître ? donc qui n'a quelques jours. Encore une erreur du pseudo Matthieu ? Nous avons là affaire à une erreur interne dont nous ne savons à qui elle peu servir : le discrédit d'Hérode le Grand ou d'autres partis pris ? Ou bien serions-nous dans la thèse de Daniel Massé, dans son Énigme de Jésus-Christ qui dit que les deux cousins sont UN.

Donc, selon Matthieu, Jésus naît avant la mort d’Hérode le Grand que je situe, comme le l’ai déjà dit, en 4 BC, comme la plupart des érudits et des historiens, malgré quelques allégations non fondées[20]. Là encore, comme précédemment évoqué pour Luc, la notion de temps est très vague, je serai tenté de dater la naissance de Jésus, suivant l’indication de Matthieu sur le massacre des Innocents, à l’an 6 BC, voire en 7 BC, avec la fuite en Égypte, suivant l’opinion de l’abbé Mémain[21].

Bien évidemment, on constate que cette date va à l’encontre de celle donnée par la majorité des Pères de l’Église et des auteurs ecclésiastiques. Mais je reviendrai sur ces auteurs qui présentent, eux aussi, quelques contradictions et erreurs historiques.

 

En suivant Luc

Comme nous l’avons vu plus haut, Luc, après avoir établit la naissance de Jean (c. I), dans les jours d’Hérode, le roi de la Judée, en vient à la narration de celle de son apparenté Jésus (Luc ne nous dit pas quel est le lien de parenté entre Élisabeth et Marie). Il nous dit que cette naissance a lieu au moment où Auguste enregistre le monde entier, et où Quirinus est gouverneur de la Syrie, et que cet enregistrement est le premier. Or il paraît évident que le terme d’enregistrement est plus approprié que celui de recensement ; pour cela, il suffit de relire Flavius Josèphe qui parle de Quirinus et de son enregistrement des biens d’Archélaüs[22] en 6 AD, dans le sens où l’on enregistre que les biens d’un seul individu, quoique cet enregistrement des biens du dit Archélaüs provoquera quelque révolte ou quelque réticence auprès des habitants de la Judée[23].

Aussi sommes-nous en droit de nous poser la question sur le temps de la grossesse de Marie. Comme Luc dit qu’après six mois de grossesse, dont cinq cachées de la part d’Élisabeth, Marie, reçoit la visite du même ange Gabriel[24], pour lui prédire la naissance de son futur enfant, comme il a prédit la nativité de Jean à sa mère stérile, il semble que Jean et Jésus aient six mois de différence dans notre comptabilité des jours de la grossesse d’un future mère.

Luc et le recensement de Quirinus

Mais dans le texte de Luc, j’en suis à une grossesse de Marie de près de 10 ans, compte tenu des points de repère qu’il nous donne dans les deux premiers chapitres de son évangile.

A ce point crucial, Sylvie Chabert d’Hyères, dans tous ses écrits, porte la naissance de Jésus en l’an 2 BC[25], suivant par là, semble-t-il, les écrits patristiques[26], et essayant, sans grande conviction, de démontrer que le recensement de Quirinius invoqué par Luc a eu lieu lors de sa première légation en Syrie, soit comme Théodore Mommsen, historien allemand, l’a démontré : entre 3 et 1 BC, voire peut-être à l’été 4 BC ; mais pourquoi situer la naissance de Jésus au printemps de l’an 2 BC ? Et pourquoi pas au printemps de 3 ou de 1 BC ? Pourquoi pas non plus à l’hiver de 4 BC ?

Quand bien même ce recensement ou enregistrement ait eu lieu pendant la première législation de Quirinius, quelques problèmes restent sans solution ou portent à controverse :

1° Écoutons Justin Martyr[27] : Dans le pays des Juifs, il y a un village à 35 stades de Jérusalem où Jésus est né ; vous pouvez en avoir la preuve dans les registres du cens fait sous Cyrenius, votre premier procurateur en Judée. Invoquant cette première procuration de la Judée de la part Quirinus, pour situé la naissance de Jésus et le recensement évoqué par Luc, Justin confirme ainsi les données historiques de Flavius Josèphe relatant le rattachement de la Judée à la province de Syrie après la destitution d’Archélaüs, soit en 6 de notre ère.

2° Quand bien même les assertions de Josèphe et de Justin seraient fausses[28], ou que le premier aurait oublié qu’un recensement ait eu lieu pendant la première légation de Quirinus en Syrie, il n’en reste pas moins que le temps d’enfantement de Marie est largement supérieur à la normale. En effet, en rétrécissant toutes les dates au maximum, savoir l’enfantement de Jean quelques jours avant la mort d’Hérode, à la Pâque de l’an 4 BC, que nous daterons au plus tard au mois d’avril, cela nous donne, dans ces conditions, la naissance de Jean au plus tard au mois de janvier de l’an 3 BC et donc de la conception virginale de Jésus en octobre 4 BC. Ainsi, quand bien même Sylvie Chabert d’Hyères se serait trompée sur l’année et le mois, non pas le mois de mars 2 BC, mais le mois de décembre 3 BC comme étant le mois et l’année de naissance de Jésus, nous aurions toujours une grossesse de Marie d’au moins 13 mois, dans le meilleur des cas ; ce qui nous semble être un cas de médecine gynécologique très à part.

3° Si ce recensement a eut lieu, sur les ordres d’Octave, entre les années 4 à 1 BC, pourquoi Josèphe et Marie se sont-ils transportés de Nazareth à Bethléem ? Certainement pas de la part des Romains ; je voudrais bien savoir pourquoi ces derniers auraient donné des ordres de recensement suivant une directive du roi David en son temps ? Les Romains avaient-ils lu la Bible et s’en être imprégnée jusque là ? Pour résoudre cette incongruité, on allègue un papyrus égyptien écrit en grec[29] daté de 104 de notre ère, or à cette date, comme le précise Théodore Mommsen, le cens n’existe plus depuis trente ans[30] ; de plus à la lecture de la traduction anglaise du papyrus, le préfet d’Égypte, Gaius Vibius Maximus, demande aux gens d’aller se faire recenser, sauf à un impératif à rester dans la ville[31] et sous sceau de son maître de cavalerie Festus, dans leur nome ou ville ou juridiction, pour y reprendre leur activité de paysan ; rien ne dit dans ce texte qu’il faille que les gens aillent se faire recenser dans leur ville d’origine, surtout si cette ville originelle est très lointaine ; en outre qui saurait dire sa généalogie à environ mille ans ? A ceux que se fondent sur texte, je pose la question : si Joseph est natif de Bethléem pourquoi Marie a-t-elle accouché dans une étable, au lieu d’être bien au chaud dans la maison de Joseph, ou d’un de ses parents ? Visiblement Josèphe n’avait aucun bien à faire recenser à Bethléem près Jérusalem.

4° En dernière preuve, je citerai Théodore Mommsen : Il y a donc bien un cens des citoyens, et même en une certaine signification, un cens provincial ; mais il n’y a pas eu de cens général de la population de l’empire au sens technique du mot, à l’époque impériale moins que jamais. Pas une institution, dans l’administration compliquée de l’empire, n’en suppose l’existence ; pas un témoignage ayant une valeur[32] n’en parle dans notre tradition si volumineuse malgré son morcellement : beaucoup de choses nous sont inconnues dans les institutions de l’Empire mais une institution de cette importance n’a pu s’évanouir sans laisser de traces[33]. Donc le recensement de la terre entière évoqué par Luc est faux, et ne correspond à rien d’historique concernant l’an 2 BC. Plus loin notre historien allemand en remet une couche, si je puis m’exprimer ainsi, L’extension par l’évangéliste Luc de ce cens sur πάσαν τήν οίκουμένην, est une erreur concevable de la part d’un provincial[34]. Dans le même ordre d’idées, dans les Évangiles annotés[35], Pierre-Joseph Proudhon, nous dit au sujet de la naissance de Jésus dans Luc que : 1° concernant le terme vers ce même temps[36] : L'interprétation de Bullet, qui consiste à prendre πρωτη au sens de πρωτερα, fait violente à la grammaire. Il n'y a pas besoin de recourir à cette altération pour deviner le sens de l'écrivain et son intention : il a voulu rapporter la naissance de Jésus à l'année du premier recensement, et, sans s'inquiéter des impossibilités politiques, administratives et chronologiques que contient son récit, il n'a rien trouvé de mieux que de faire cet anachronisme, qui lui servait à motiver le voyage à Jérusalem ; et par suite la naissance à Bethléem. Or, le motif de Luc connu, éclairci d'ailleurs par le texte d'Isaïe, la naissance de Jésus à Bethléem n'est plus qu'une fable[37] ; 2° concernant cette naissance à Bethléem, parce qu'il [Joseph] était de la maison et de la famille de David[38], ce même auteur porte l’annotation suivante : Application de la prophétie de Michée : là est toute l'explication du texte de Luc. Il veut amener Marie à Bethléem ; il cherche un motif ; il rencontre le recensement dont il ne savait pas la date, et il s'en empare !...[39] Plus théologiquement il note sur le terme elle enfanta son Fils premier-né[40] : Primogenitum ; pourquoi pas ungenitum ? Il est inconvenant de laisser faire des enfants d'un père mortel à celle qui a été l'épouse de Dieu[41].

En conclusion, ce recensement n’est autre que celui de Quirinus évoqué par Flavius Josèphe au moment de la déposition d’Archélaüs, c’est-à-dire en 6 de notre ère.

 

Étude de la généalogie de Joseph

Luc donne, dans sa généalogie, 75 générations d’Adam à Joseph, et Matthieu 38 générations d’Abraham à Joseph. A cette lecture de fils en pères ou de pères en fils, nous observons nombre de divergences ou d’erreurs. Je vais découper cette généalogie en 4 tranches : d’Adam à Abraham, d’Abraham à David, de David à Zorobabel et enfin de Zorobabel à Joseph.

D’Adam à Abraham

Luc compte 20 générations d’Adam à Abraham, Matthieu ne se lançant pas dans le genre et se contentant d’établir une généalogie depuis David, alors que l’Ancien Testament n’en compte que 19 ; Luc, a mis pour père de Sala ou Shélah : Kaïnam, qu’il donne pour fils d’Arphaxad ou Arpakshad, alors que l’Ancien Testament donne Arphaxad comme père de Sala[42]. Serait-ce un doublon de copiste qui aurait réintroduit le Kaïnam ou Qénân, fils d’Énos ou Énosh ? Pardonnons cette faute à Luc, mais pas à celle de son ou ses copiste(s)[43].

D’Abraham à David

Luc compte 14 générations d’Abraham à David, alors que Matthieu n’en compte que 13 ; Luc donne Aminadab fils d’Admin, fils d’Arni[44], lui-même fils d’Esrom (ou Hesron, Heçrôn), alors que l’Ancien Testament donne Aminadab fils d’Aram ou Ram, lui-même fils d’Esrom (ou Hesron, Heçrôn) comme l’a transcrit Matthieu. Remarquons que les noms d’Admin et Arni n’apparaissent que dans Luc, est-ce là encore une faute de copiste ? et si cela est le cas pardonnons encore une fois à Luc.

De David à Zorobabel

A partir de là, les choses vont se compliquer : dans cette tranche, Luc compte 22 générations, alors que Matthieu n’en compte que 15 ; 7 générations de différence cela fait beaucoup ; alors qui a raison ?

Commençons par Matthieu : cet évangéliste suit de près la chronologie biblique en donnant 15 générations entre David et Zorobabel, alors que la chronologie biblique en donne 18, soit une génération tous les 23 ans environ. Matthieu donne à Ozias pour père, son arrière grand-père, et de même à Joatham, son grand-père. Ainsi  Matthieu n’a pas eu sous les yeux la Thora, ou bien une version défectueuse ne comportant pas certains chapitres du second livre des Rois, ou bien a-t-il eu recours à une tradition orale lacunaire.

Pour Luc, cela relève de la science fiction, en effet notre évangéliste propose pas moins de 22 générations de David à Zorobabel comme nous l’avons dit, soit une génération tous les 19 ans environ. Mais là où cela devient plus étonnant, c’est qu’à part Salathiel et son fils Zorobabel[45], les autres noms paraissent fantaisistes car en effet sur les vingt autres noms, huit seulement se retrouvent dans la Bible : Éliakim, Joseph, Juda, Siméon (ou Syméon), Lévi, Éliézer, Jésus, Er, mais ne semblent pas correspondre aux époques des deux livres des Rois ; les autres, au nombre de 12, sont inconnus dans l’Ancien Testament. Là, il n’est plus question de pardonner à Luc l’historien, sa généalogie ne correspond malheureusement à rien.

De Zorobabel à Joseph

Dans cette dernière tranche de générations, l’Ancien Testament la lignée de David s’arrête, semble-t-il, aux sept fils d’Élyoénaï, arrière petit-fils de Zorobabel, soit vers le milieu du Ve siècle avant notre ère. Quant à nos deux évangélistes, Matthieu compte 9 générations, pour une période d’environ 400 ans, soit une génération tous les 44 ans environ, ce qui paraît fort peu probable, et des neuf noms cités, à part Joseph et Jacob, tous les autres n’appartiennent qu’à lui. Pour ce qui concerne Luc, il compte pour sa part 19 générations de Zorobabel à Joseph, soit une génération tous les 21 ans environ. Quant aux noms, comme dans la descendance de David à Zorobabel, hormis le nom de Joseph, Luc cite 7 noms que l’on retrouve dans l’Ancien Testament, mais qui visiblement n’appartiennent pas aux bonnes époques ; les autres, soit 13 noms, n’appartenant qu’à lui-même.

En guise de conclusion, nous remarquerons que Marc, par cinq occurrences, nomme Jésus Fils de David. Quant à Jean on ne trouve qu’une occurrence à la lignée davidique (7, 42), et encore sous forme de questionnement. Aussi au terme de l’étude de ces deux généalogies rien ne peut réellement confirmer la lignée de Joseph dans la maison de David.

 

Les écrits patristiques, quoi en tirer ?

Nous avions dit plus haut que nous ne lasserions pas le lecteur de la litanie des écrits patristiques ; mais il nous a semblé bon de revenir sur quelques-uns, et des plus proches de la vie de Jésus : outre Justin Martyr dont vous venons de voir les écrits, regardons les autres dans leur ordre d’âge :

Irénée de Lyon

Dans la plupart des restitutions des écrits d’Irénée[46], nous trouvons cette version de son texte : Le Seigneur est né dans la 41ème année du règne d'Auguste. Adversus Haereses, livre III. Quarante et unième année qui donne dans notre calendrier l’an 2 BC ; mais le lecteur aurait-il perdu la raison avec ce qui est dit plus haut dans le texte d’Irénée ? En voici le texte intégral : .... car il nous a gardé ces Écritures dans toute leur pureté en Égypte, là où avait grandi la maison de Jacob fuyant la famine qui sévissait en Chanaan, là où notre Seigneur aussi fut gardé lorsqu'il fuyait la persécution d'Hérode —, et puisque cette traduction des Écritures a été faite avant que notre Seigneur ne descendît sur la terre et avant que n'apparussent les chrétienscar notre Seigneur est né vers la quarante et unième année du règne d'Auguste, et le Ptolémée au temps duquel furent traduites les Écritures est beaucoup plus ancien... Remarquez avec moi qu’il y a dans le texte d’Irénée une très grande contradiction entre la fuite en Égypte, au temps d’Hérode, dont j’ai donné la mort en 4 BC, citée par Matthieu (loc. cit.) et l’année quarante et un du règne d’Auguste dont nous savons qu’elle date de l’an 2 BC.

Ainsi, suivant Irénée, la famille de Jésus fuyant la persécution d’Hérode, l’enfant aurait vécu en Égypte avant sa naissance ! Avouons que nous avons là de quoi de quoi nous torturer l’esprit.

Clément d’Alexandrie

Clément d'Alexandrie[47] nous dit, dans le premier livre des Stromates : Notre Seigneur est né l'an XXVIII de l'Empereur Auguste quand on imposa le premier recensement. L'exactitude de ce fait est garantie par ces termes de l'évangile de Luc : l'an XV du règne de Tibère César la parole de Dieu fut adressée à Jean fils de Zacharie; et dans le même à nouveau : Jésus commençant à son baptême avait comme trente ans... Quinze ans sous Tibère, quinze sous Auguste, cela fait les trente ans qui s'écoulèrent jusqu'à sa Passion... Certains avec plus de minutie encore assignent à la naissance de Notre Sauveur non seulement une année mais un jour : ce fut disent-ils l'an XXVIII d'Auguste, le 25ème jour du mois Pachôn.

Clément est bien ambigu, sait-il ou ne sait-il pas les dates de naissance et de mort de Jésus ? En effet, il prend date de naissance à l’an 28 d’Auguste, cette vingt-huitième année courant semble-t-il depuis la bataille d’Actium et la fin d’Antoine, soit à partir de septembre 31 BC, ce qui nous donne une date de naissance de Jésus, entre septembre 3 BC et le même mois de l’année suivante 2 BC, mais suivant certains non nommés, la date de naissance de Jésus pourrait être datée du mois d’avril 2 BC suivant le mois égyptien cité[48]. Si nous rajoutons trente ans pour sa mort, celle-ci aurait eut lieu, suivant Clément, en 28 AD, ce qui ne correspond pas à la quinzième année de règne de Tibère[49].

Je ne continuerai pas sur les autres auteurs ; ils sont de la même valeur, c’est-à-dire non historique.

 

Conclusion

En guise de conclusion, je ne saurai dire, d’un point de vue historique et tout à fait affirmatif et péremptoire, ni l’année de naissance, ni même le mois, par rapport aux deux évangélistes qui ont rapporté la naissance de Jésus.

A la lecture des deux évangélistes, Matthieu nous propose la naissance de Jésus entre 7 et 4 BC, année de la mort d’Hérode. De son côté Luc, porterait vers une naissance de Jésus en 6 AD, avec l’extension gynécologique que nous avons soulevé plus haut.

Par contre, peut-être aurions-nous, pour le lecteur attentif de la Bible, un indice sur le lieu de naissance du Nazaréen ; il serait bien né à Bethléem, mais pas en Judée, mais très certainement dans sa Galilée d’origine, dans le petit village appelé Bethléem, situé à quelques encablures de Nazareth[50], voilà ce dont nous pourrions être tout à fait sûr et conforter les écrits de Marc et Jean, et les écrivains modernes tels qu’Ernest Renan et autres, qui semblent mettre la naissance de Jésus à Nazareth.

 

Nous venons de voir la problématique de la naissance ; nous allons nous pencher sur une tout autre problématique : celle la mort de Jésus.

 

 

 



[1] Numéro 185, septembre – octobre 2008.

[2] Luc est le seul évangéliste à relater la naissance et la parenté de Jean et de Jésus.

[3] (I, 5, Codex Bezæ Cantabrigiensis D05) Si nous croyons à l’authenticité de ce manuscrit et de sa traduction, bien qu’il manque Matthieu pour l’instant, nous pouvons n’être que consterné que son commentateur, Sylvie Chabère d’Hyères, ne propose aucune concordance ou divergence avec d’autres manuscrits grecs. Il est intéressant de constater qu’elle semble pouvoir dater les écrits de Luc vers 37-41, à l’appui de ce manuscrit, qui est en deux langues, et qu’elle semble ou veuille nous dire que l’évangile de Luc ne fut pas écrit en langue grec ; alors la première édition est-elle en araméen ? en latin ? Elle ne donne pas la réponse ou ne veut-elle pas la donner parce qu’elle ne la connaît pas.

[Rectificatif du 7 mai 2009] Après quelques 5 ans de visibilité sur son site, Sylvie Chabère d'Hyères a fermé une partie de son site, savoir l'évangile de Luc et les Actes de Apôtres, question de mercantilisme ? Ces deux ouvrages sont disponibles aux éditions L’Harmattan. Concernant Matthieu, cet évangile a été traduit, dans sa version Codex Bezæ Cantabrigiensis D05, par C-Bernard Amphoux aux éditions du Bois d'Orion en 1996, bien que si vous allez sur le site de cet éditeur, l'auteur n'y est pas répertorié.

[4] Voir mon article : Contre enquête sur la mort d’Hérode le Grand.

[5] Dans la traduction française des évangiles qu’elle qu’en soit la version grecque ou latine.

[6] Si cela était contredit, je serai autorisé à poser la question : Pourquoi Luc a-t-il posé cette marque temporelle en référence aux temps d’Hérode ?

[7] C’est le seul auteur antique qui parle des évènements survenus en Palestine au Ier siècle. Voir l’Appendice de la traduction française d’Étienne Nodet, Flavius Josèphe, l’homme et l’historien, d’Henry Saint John Tackeray, Éditions du Cerf, 2000.

[8] Guerre, II, VII, entre 110 et 111.

[9] Comme on le voit dans les Évangiles et dans la religion judaïque, la majorité, si nous pouvons nous exprimer par ces mots, est dans cet âge. C’est l’âge aussi, suivant Luc, où Jésus commencera son ministère public.

[10] Dans les jours d’Hérode, le roi de la Judée

[11] I Chroniques 24, 6-19. L'un des lévites, le scribe Shemaya, fils de Netanéel, les inscrivit en présence du roi, des officiers, du prêtre Sadoq, d'Ahimélek fils d'Ébyatar, des chefs de familles sacerdotales et lévitiques; on tirait une fois au sort pour chaque famille des fils d'Éléazar, toutes les deux fois pour les fils d'Itamar.Yehoyarib fut le premier sur qui tomba le sort, Yedaya le second, Harim le troisième, Séorim le quatrième, Malkiyya le cinquième, Miyyamîn le sixième, Haqqoç le septième, Abiyya le huitième, Yéshua le neuvième, Shekanyahu le dixième, Élyashib le onzième, Yaqim le douzième, Huppa le treizième, Ishbaal le quatorzième, Bilga le quinzième, Immer le seizième, Hézir le dix-septième, Happiçèç le dix-huitième, Petahya le dix-neuvième, Yehèzqel le vingtième, Yakîn le vingt et unième, Gamul le vingt-deuxième, Delayahu le vingt-troisième, Maazyahu le vingt-quatrième. Tels sont ceux qui furent recensés selon leur service, pour entrer dans le Temple de Yahvé, conformément à leur règle, règle transmise par Aaron, leur père, comme le lui avait prescrit Yahvé, Dieu d'Israël. Traduction La Bible de Jérusalem.

[12] http://remacle.org/bloodwolf/gertoux/jesus.htm.

[13] Globalement, toutes les dates données par M. Gertoux dans ses exposés ne semblent avoir aucun fondement ; en effet étant en contact avec lui nous lui avons fait remarquer que son étude sur la mort d’Hérode le Grand, celui-ci avait oublié de prendre en compte les années embolismiques pour ses calculs, alors qu’il nous donne, par ailleurs, des dates précises du calendrier julien : comment cet auteur a-t-il mis ces dates juliennes en relation avec celles d’un calendrier hébraïque, c’est là une question qui nous est restée sans réponse.

[14] Malheureusement, je n’ai pas pu en avoir la confirmation, aucun site Internet ne parlant de ce texte ; et les gens que j’ai interrogé n’ont pas pu me donner de réponse plausible.

[15] Flavius Josèphe utilise un calendrier grec peu orthodoxe, quoique ; car il semble s’agir de celui de l’empire Parthe, cf. la saga des calendriers.

[16] Le site de Gabriel Zerbib propose la date de l’an 68, et à ma question de cette contradiction avec l’ensemble des historiens, y compris celle des historiens de l’histoire hébraïque, il me donne la réponse suivante : En effet, les historiens refont le calcul « à l'envers », en tâchant de situer d'autres événements contemporains par comparaison. Les juifs, quant à eux, n'ont pas cessé de compter « dans le bon sens », c'est à dire compter les années croissantes, chaque soir du 9 Av, chaque année, assis par terre avec de la cendre sur le front, à la lumière d'une bougie, en lisant le livre de Ekha. L'année qui a suivi la destruction, nos ancêtres ont compté « déjà une année depuis la destruction de notre Saint Temple ». L'année suivante, ils ont prononcé « déjà deux années », etc. (en hébreu, bien sûr). En 2008, le soir du samedi 9 août, nous avons tous compté « déjà mille neuf cent quarante années se sont écoulées depuis la destruction de notre Saint Temple jour pour jour ». Sur quels textes il se raccroche, je ne saurai le dire. Dans cette incertitude, je garde la date adoptée par les historiens, soit l’an 70 de notre ère.

[17] http://www.doctissimo.fr/html/sante/femmes/sa_766_decl_accouchemt_.htm

[18] Suivant ma note 13, je prends un espace temps de quatre semaines dans toute ma datation de l’office de la classe des prêtres Abia, suivant l’imprécision du texte Tosephta Taanit, 2, 10b.

[19] La seule argumentation de Sylvie Chabert d’Hyères sur la date de naissance en 2 avant notre ère, ce sont les écrits patristiques, et uniquement cela : historiquement cela est très pauvre.

[20] Voir mon article : Contre enquête sur la mort d’Hérode le Grand.

[21] Études chronologiques pour l’histoire de N. S. Jésus-Christ, part. II, c. IV.

[22] Flavius Josèphe ne parle d’aucun recensement, ou enregistrement, survenu avant cette année de 6 AD, et cela semble confirmé par Justin Martyr, qui dit aux Romains qu’ils peuvent avoir la preuve de la naissance de Jésus dans les registres du cens fait sous Cyrenius, votre premier procurateur en Judée. Or comme le souligne Josèphe, la Judée fut rattachée à la province de la Syrie à la déposition d’Archélaüs, soit encore une fois en 6 AD.

[23] A. J., XVII, 355 : Le pays d’Archélaüs fut rattaché en tributaire à la Syrie et l’empereur envoya Quirinius, personnage consulaire, pour faire le recensement en Syrie et liquider les propriétés d’Archélaüs. — A. J., XVIII, 1-3 : Quirinius, membre du Sénat, qui, par toutes les magistratures, s'était élevé jusqu'au consulat et qui jouissait d'une considération peu commune, arriva en Syrie où l'empereur l'avait envoyé pour rendre la justice dans cette province et faire le recensement des biens. On lui avait adjoint Coponius, personnage de l'ordre équestre, qui devait gouverner les Juifs avec pleins pouvoirs. Quirinius vint aussi dans la Judée, puisqu'elle était annexée à la Syrie, pour recenser les fortunes et liquider les biens d'Archélaüs. Bien que les Juifs se fussent irrités au début à l'annonce de la déclaration des fortunes, ils renoncèrent à résister davantage, sur les conseils du grand pontife Joazar, fils de Boéthos. Persuadés par ses paroles, ils déclarèrent leurs biens sans plus d'hésitation.

[24] Notons que cet ange a une certaine notoriété dans les diverses religions monothéistes, puisqu’il est, semble-t-il, à l’origine de la religion musulmane. D’où nous pourrions nous poser certaines questions ; comme Jésus est-il le Fils de Dieu, ou Mahomet est-il le Prophète de Dieu ? Bien malin qui pourrait répondre.

[25] C’est une constante chez cette personne, sans qu’il y ait d’argument probant, et j’oserai certifier qu’il y a, en certains moments, mystification, fraude ou menterie au niveau des citations.

[26] Pour éviter de les réécrire, nous vous renvoyons sur le site de Sylvie Chabert d’Hyères : La lune de printemps, Chapitre I, Citations patristiques. Mais j’y reviendrai plus bas quand même, parce qu’il est important de les étudier.

[27] Justin de Naplouse, également connu comme Justin Martyr ou Justin le Philosophe, est né à Flavia Neapolis, (actuelle Naplouse) au début du second siècle de notre ère. Vers l'année 130, à Éphèse, il rencontra un vieillard qui lui parla de la révélation que Dieu avait donnée aux hommes par les écrits des prophètes et les évangiles, et le pressa de les lire attentivement ; à la suite de cette rencontre, Justin endossa les habits de la religion de Jésus. S'étant installé à Rome, il souffrit le martyre par flagellation et décapitation en 165, avec six autres de ses compagnons (cinq hommes et une femme), pour avoir refusé de sacrifier aux dieux à l'époque où Rusticus était le préfet de la ville et ami de Marc-Aurèle.

Auteur fécond, on lui attribue une dizaine d'ouvrages, dont nous sont restés deux Apologies, le Dialogue avec Tryphon, le Discours à la grecque, une Exhortation aux Grecs, un traité Sur la Monarchie de Dieu et un Sur la Résurrection, dont il nous reste quelques fragments [à lire]. D'autres ouvrages perdus sont notamment cités par Eusèbe de Césarée dans son Histoire ecclésiastique.

[28] Suivant certains la référence aux archives est un lieu commun chez les écrivains de l'Antiquité. Bien que si cela soit vérifié pour certains écrits, généralement ces auteurs renvoient aux archives sans autre précision, alors que Justin, même s’il n’a pas eu accès aux registres du cens — même si ce mot semble galvaudé par l’écrivain qui a rapporté les paroles de Justin Martyr — comme encore on voudrait nous le faire penser, précise la fonction de Quirinus, en tant que du fait qu'il vient, comme le dit Josèphe, recenser les biens d'Archélaüs.

[29] http://www.kchanson.com/ANCDOCS/greek/census.html

[30] Théodore Mommsen, le Droit public romain, tome IV, page 98.

[31] Ville dont nous n’avons pas le nom.

[32] Ici la note de bas de page de Théodore Mommsen : Car tel n’est pas celui de l’évangile de Luc, 2, 2, selon lequel Auguste aurait rendu un δόγμα άπογράφεσθαι πάσαν τήν οίκουμένην (cf. ma discussion, Mon. Ancyr., 2e éd., p. 175), et telles ne sont pas non plus les assertions que fondent là dessus des auteurs chrétiens récents, Cassiodore, Var. 3, 52, et Isidore, Orig. 5, 36, 4, en termes absolument généraux, et, avec de plus grands détails tirés d’une source inconnue, Suidas, v. Άπογραφή.

[33] Mommsen, le Droit  public romain, tome IV, page 100.

[34] Mommsen, le Droit public romain, tome V, page 400, note 2. Le terme grec signifiant l’extension du cens à tout le monde habité.

[35] Suivant la traduction de la Vulgate par Le Maître de Sacy, édition de 1865.

[36] Luc, II, 1.

[37] Note b, page 206.

[38] Luc, II, 4

[39] Note d, page 207.

[40] Luc, II 7.

[41] Note e, page 207.

[42] Genèse, 10, 24.

[43] Sylvie Chabère d’Hyères donne en note cette constatation : Ce nom reçu par l’ensemble des manuscrits  provient  de Gn. 10, 24 ; il est absent du codex Bezae aligné lui sur I Chr. 1, 24.

[44] Sylvie Chabère d’Hyères signale en note que : Le codex Bezae n'a pas ces deux noms, mais Aram, suivant Mt 1, 3-4, et 1 Chr. 2, 9-10.

[45] Bien que ce dernier soit donné fils de Pedaya dans I Chroniques, 3, 19.

[46] Irénée (mort vers 202) venait d'Asie Mineure comme beaucoup d'autres dans cette vallée du Rhône. Dans sa jeunesse, il avait été disciple de saint Polycarpe de Smyrne qui avait été lui-même un disciple de saint Jean l'Apôtre. C'est peut-être ce qui lui donna le sens aigu de la tradition dans l'Église : transmission d'homme à homme du dépôt de la foi. On le retrouve à Lyon. On ne sait pourquoi, car il ne s'est pas expliqué sur les raisons de son voyage. On ne sait pas non plus comment il échappe à la grande persécution qui décime les Églises de Lyon et de Vienne. Était-il en mission à Rome comme on l'a dit ? En tous cas, il succède à saint Pothin l'évêque de Lyon, mort martyr pendant cette persécution. Il ne cesse de se dépenser au service de la paix des Églises. Un grand danger le préoccupe : les doctrines gnostiques qui se répandent dangereusement. Elles nient l'Incarnation du Fils de Dieu et mettent en péril l'intégrité de la foi. Saint Irénée les étudie très minutieusement, enquête, interroge, lit. Armé par cette connaissance approfondie de l'adversaire, il rédige un important traité Contre les hérésies pour réfuter ces doctrines ésotériques. En même temps, il intervient auprès du pape pour l'empêcher d'exclure de la communion de l'Église les communautés qui fêtent Pâques à une autre date que l'Église romaine. Il n'oubliait pas que son nom signifie: le pacifique. L'intelligence, la charité et le sens de la Tradition apostolique resplendissent dans ses œuvres. Il fut le premier grand théologien de l'Eglise d'Occident et mourut peut-être martyr.

[47] Clément d'Alexandrie [vers 150 - vers 215/216]. Clément d'Alexandrie est le premier lettré grec chrétien. Avant sa conversion à l'âge adulte, avide de connaissances, il fait de nombreux voyages. Toute cette connaissance servira ensuite le christianisme. Il s'installe à Alexandrie où il prend la direction du Didascalée. Il fuira les persécutions de Septime Sévère. Il s'est efforcé de convertir les hellènes (païens) au christianisme et d'éduquer les chrétiens. Il est considéré comme le grand missionnaire des riches et des intellectuels. Il a tenté de faire des chrétiens des hommes cultivés, prêts à recevoir l'héritage culturel antique : tenant en grande estime la philosophie profane grecque, il cherche à harmoniser pensée grecque et christianisme.

[48] http://www.ta-noutri.com/tanoutri/pages/calendrier.htm

[49] Tibère succède à Auguste, à la mort de dernier le 19 août 14 AD. Sans polémiquer sur le mois, la quinzième année de règne de Tibère courre d’août 28 AD à juillet 29 AD.

[50] Josué, 19, 14-15.