1572. Il n'y a pas d'événement mieux connu dans ses moindres
détails que le coup d'État de Cependant les historiens sont partagés sur l'origine même
de l'événement : une légende déjà ancienne néglige tous les témoignages
contemporains et imagine une longue dissimulation de Catherine et de Charles
IX, qui se seraient déterminés, près de trois ans d'avance, à feindre de la
bienveillance pour les huguenots, afin de les attirer sans défiance à Paris
et de les égorger en une nuit. Cette idée préconçue flattait les uns en leur
montrant un art profond mis au service de la bonne cause ; elle plaisait à
d'autres, au contraire, en démontrant jusqu'à quel degré de bassesse pouvait
descendre l'âme d'un prince ; elle permettait d'interpréter tous les faits
écoulés depuis la bataille de Montcontour, et de les faire rentrer par une
ingénieuse combinaison dans l'hypothèse adoptée. Si Charles IX disait en
accueillant Coligny : Mon père, vous ne nous
échapperez plus, — ce n'était pas le jeune Français qui oubliait les
fautes du vieux soldat reçu chez lui, c'était le fils d'Italienne qui
tressaillait à l'approche de la vengeance. Tous les indices et toutes les
suppositions qui peuvent démontrer que le massacre des huguenots a été
prémédité durant plusieurs années ont été groupés avec art par l'historien
anglais Allen[1].
Au contraire, nos historiens français, Mignet, Michelet, Henri Martin, et les
historiens étrangers qui ont étudié avec un grand amour des détails, avec une
sorte de piété, les événements de Les ambassadeurs étrangers ne s'y sont pas trompés :
l'envoyé de Venise, Giovanni Michieli[3], montre, dans sa
relation au Sénat, Catherine et Henri de Valois avouant au Roi qu'ils étaient
les auteurs de l'attentat contre Coligny, et qu'ils étaient perdus s'il ne
frappait pas les huguenots. Le nonce Salviati, un confident, presque un
associé, qui voyait les inquiétudes, les préparatifs, et l'exécution, dans
l'hôtel même du duc de Guise, et qui écrivait son récit au Saint-Père dans la
soirée même du dimanche, en plein tumulte, n'a pas eu la moindre hésitation à
exprimer la surprise que causa à tout le monde cet événement improvisé en
quelques instants[4].
Marguerite de Valois ne fut pas mise dans les secrets de la dernière heure,
mais elle apprit les détails de ses frères et de sa sœur, la duchesse de
Lorraine, pendant les jours suivants, et elle dit, en parlant des menaces que
proféraient les huguenots, de venger la mort de Coligny : Par l'advis de M. de Guise et de mon frère, roi de
Pologne, il fut pris résolution de les prévenir ; conseil de quoy le roy
Charles ne fut nullement, estimant quelques chefs de la religion desquels il
se pensoit servir en Flandres. Et à ce, je luy ai depuis ouï dire à
luy-mesme, il y eut beaucoup de peine à l'y faire consentir ; et sans qu'on
luy fit entendre qu'il y alloit de sa vie et de son Estat, il ne l'eust
jamais faict. Le récit le plus ardent est celui de Tavannes[6], qui n'a pas
quitté Catherine, qui a été le conseiller et le complice de tous les actes.
Mais l'aveu le plus important est celui de Henri de Valois lui-même[7]. Deux ans après,
quand il était devenu roi de Pologne, pendant une tiède nuit d'été, il se
sentit pris d'insomnie dans son palais de Cracovie. Inquiet, fiévreux, il se
souvint des massacres de Paris. Il fit appeler un ami, peut' être le médecin
Miron, et soulagea sa conscience en lui racontant la part qu'il avait prise
dans Ainsi nous assistons à tous les préparatifs de la scène : Catherine a vu le Roi s'émanciper de sa tutelle, disgracier Henri de Valois, donner sa confiance à Coligny ; elle a préparé avec les Guises le coup d'arquebuse de Maurevert ; puis, épouvantée de l'effet produit par cet événement sur le Roi, inquiète en se voyant rudoyée et écartée par lui, elle est rentrée le vendredi soir 22 août, après la visite chez le blessé, prête à tout risquer, mais incertaine encore. Le samedi 23, dans la matinée, le duc de Guise a l'audace
de se présenter au Louvre, accompagné de son oncle le duc d'Aumale ; ils
pénètrent près du Roi, et offrent de se retirer dans leurs gouvernements. Le
Roi les reçoit avec un mauvais visage et des paroles
pires[9].
Ils entendent parler de projets d'arrestation médités contre eux ; ils se
séparent. Le duc de Guise va sonder l'opinion des bourgeois parisiens. Le duc
d'Aumale entre chez Catherine ; il la voit frémissante et acculée à sa dernière
chance. Près d'elle est Henri de Valois. Bientôt arrivent le maréchal de
Tavannes et trois Italiens : Gondi, maréchal de Retz, Gonzague, duc de Nevers,
et Birague, chancelier. Ils se tiennent tous les six autour de cette femme,
émus, cognoissant que tout s'alloit descouvrant, et
que ceux de Guise, même pour se laver, accuseroient Pour reproduire cette scène, il faudrait Thucydide ou
Corneille. On voit, à travers les souvenirs de Tavannes et de Henri de
Valois, cette mère qui s'approche en souriant, l'œil velouté, la voix
caressante ; elle feint l'inquiétude. — Les quartiers de Paris veulent
s'armer malgré les ordres du Roi. Les catholiques sont mécontents et
demandent un lieutenant général du royaume ; ils ne peuvent tolérer que le
Roi soit au service des intérêts de Coligny. L'admiral
joue le Roy et fait de luy l'instrument de ses ambitions. Il veut unir
les réformés de France à ceux de Flandre, pour les rendre maîtres de Charles IX bondit à ces mots ; la crainte d'être pris pour dupe, le ressentiment des anciennes injures, l'envie des succès et de la popularité de son frère, l'agitent, l'exaspèrent. Catherine suit les émotions de cette âme ombrageuse ; elle prononce les paroles décisives : C'est nous qui avons frappé l'amiral ; il faut que le Roi complète l'œuvre, sinon, lui et nous, nous sommes perdus. Le duc de Guise va dénoncer comme ses complices le Roi même, avec sa mère et son frère. Les huguenots refuseront de croire que le Roi n'a pas autorisé le coup. Hésite-t-il ? Ils vont se soulever. Elle, elle se retirera dans le camp catholique avec Henri de Valois, qui sans doute deviendra le capitaine général. Entre les deux partis, le Roi sera abandonné ; il sera haï des hérétiques, repoussé par les catholiques : quelle solitude ! Faudra-t-il pleurer le fils ingrat qui s'écarte d'elle après tant de tendresses, oublieux de ce dévouement qui ne le quittait pas même durant son sommeil dans la même chambre ? C'est donc en vain qu'elle avait rêvé de le débarrasser des huguenots, de le tourner ensuite contre l'Espagne, de lui assurer des conquêtes, un règne glorieux. Efforts inutiles, damnation inévitable, honte de reculer devant des vaincus ! Ces larmes, le timbre de cette voix enchanteresse, ces souvenirs d'enfance, ces reproches interrompus par des attendrissements, fascinent le jeune homme. Et quand elle le voit ensorcelé, elle lui jette ce cri suprême : Vous avez donc peur des huguenots ! A ce mot, le pauvre enfant est pris de démence, et, tout
frémissant, il répond : Tuez-les donc, mais tuez-les
tous, afin que pas un ne demeure pour me reprocher mon manque de foi. Et, par
Sans perdre un instant, Catherine appelle le duc de Guise : elle fixe avec lui le massacre au lendemain. Pour Henri de Guise, c'est l'instant longuement attendu de la vengeance : toutes ses pensées, tous ses efforts ont été concentrés sur cette heure espérée. Elle arrive. Il n'a qu'une nuit pour assurer le succès. Il court chez le prévôt des marchands, fait convoquer les capitaines des quartiers, leur rappelle le dévouement de son père et de son grand-père aux intérêts des Parisiens, les prie de l'aider à se défaire de ses ennemis qu'on peut sans danger surprendre de grand'matin et égorger : le Roi consent, c'est à Paris d'agir. Il y a toujours dans Paris des gens prêts aux aventures : marchands ruinés par la guerre, boutiquiers qui attendent la banqueroute, babillards du petit commerce qui se repaissent de mots sonores et de sentiments faux, ont de tout temps voulu paraître redoutables avec des hallebardes et des plumets ; incapables de soutenir la vue d'un ennemi en rase campagne, comme ils l'ont prouvé à la bataille de Saint-Denis en abandonnant le connétable devant une poignée de cavaliers protestants, ils sont exaspérés contre les huguenots qu'ils regardent comme les auteurs de tous leurs maux ; quelques-uns sont flattés de devenir les confidents, les compagnons du duc de Guise, et de se voir appelés par lui au milieu de ses gentilshommes dans l'hôtel de Guise ; d'autres se promettent leur part dans la dépouille des étrangers qui ont apporté leurs riches costumes, leurs belles armes, leurs chaînes d'or et leurs bijoux, pour les fêtes du mariage ; enfin, plus bas, se trouve cette populace qui profite de tous les désordres pour s'assurer impunément le pillage. A de telles mains, Henri de Guise n'a garde de confier sa vengeance personnelle : il leur abandonne tout ce qui est dans Paris, mais il se réserve pour lui-même, avec la seule aide des Suisses de Henri de Valois, la personne de Coligny. Le soir, il rentre au Louvre : dès l'aube du jour, au son du tocsin, l'affaire commencera. Les Parisiens sont prêts : ils sont découplés ; plus de force dans le royaume pour les retenir : Charles IX essayerait en vain de retirer son consentement. C'est une chasse pour laquelle le duc de Guise vient de faire le bois. La beste est dans les toiles, dit-il ; il ne faut pas qu'elle se sauve[12]. La nuit avance. Catherine remarque près d'elle, dans sa
chambre, sa fille Marguerite assise sur un coffre,
auprès de ma sœur de Lorraine, que je voyois fort triste ; Charles IX n'avait pas l'âme aussi rude ; il se sent
attendri en voyant sortir de sa chambre un jeune huguenot qu'il estime, le
comte de Pendant ce temps, Catherine se tient avec Charles IX et Henri de Valois dans l'embrasure d'une fenêtre, en face de Saint-Germain l'Auxerrois : ils attendent le signal du tocsin, dans un silence glacial dont les angoisses troublent encore l'esprit de Henri de Valois, quand il raconte comment ils entendent tout à coup dans le lointain un coup de pistolet, puis presque aussitôt le tintement de la cloche ; ensuite ils reçoivent la nouvelle que Guise vient de tuer Coligny. Bientôt le tumulte grandit ; les cloches sonnent à toute volée au Palais de justice et dans les paroisses, les coups d'arquebuse et les hurlements emplissent la ville, le Louvre même. Le duc de Guise, dès qu'il entend le tocsin qui point avec le jour[16], court au logis de l'admiral[17]. Il est accompagné de son oncle le duc d'Aumale, du bâtard d'Angoulême, fils de Henri II et de l'Écossaise Mary Levinston ; des capitaines italiens Petrucci et Fesinghi que lui avait prêtes son beau-frère Gonzague duc de Nevers, du capitaine suisse Studer von Winkelbach[18] que lui avait prêté Henri de Valois avec les Suisses de sa garde, sous ses couleurs, blanc, noir et vert ; d'un aventurier wurtembergeois[19] qui appartenait au cardinal de Lorraine, Carl Dianowitz, dit Behme, et du capitaine Sarlabous, gouverneur du Havre[20]. L'amiral était protégé par un détachement des gardes du Roi que commandait un de leurs trois colonels, M. de Gosseins, vieux soldat des guerres d'Italie. Le duc de Guise informe Gosseins qu'il luy est permis d'aller tuer l'admiral, venger la mort de son père[21]. Devant cet ordre, le malheureux Gosseins est saisi de démence et se joint aux meurtriers. On entre. Coligny se présente debout, sorti de son lit en entendant le bruit. Behme lui plonge un épieu dans la poitrine, les Suisses le frappent de leurs épées. Lui, se sentant leurs épées se glacer dans son corps, embrasse la fenestre pour n'estre pas jeté en bas. Sarlabous, un des héros de Thionville, arrache ce corps de la fenêtre, le pousse dans la cour où, tombé, il assouvit les yeux du fils dont il avoit fait tuer le père. Dès qu'il a reconnu le cadavre, le duc de Guise s'éloigne ; alors Tosinghi prend la chaîne d'or, Petrucci détache la tête et l'emporte, croyant qu'elle sera payée deux mille écus par le Pape. Cette tête disparut, probablement dérobée et ensevelie par l'amitié de l'un des gouverneurs des villes où elle fut transportée dans le trajet vers Rome. C'est Behme qui eut toutes les récompenses. On mit à mort tous ceux qui furent trouvés dans le logis de l'amiral ; seul le pasteur Merlin put se cacher dans un grenier où il resta enfermé durant plus de huit jours, ayant pour toute nourriture un œuf qu'une poule venait pondre à portée de ses mains chaque matin. Le duc de Guise ne considérait pas sa tâche comme achevée
; il voulut se montrer aux Parisiens, et faire exécuter à la lettre l'ordre
du Roi : — Tuez-les tous. Mais il reçut presque au même instant une nouvelle
fâcheuse ; plusieurs des principaux chefs réformés, Montgomery,
Ségur, Chouppes et aultres gentilshommes de Normandie et de Poitou,
s'estoient obstinés à ne vouloir point loger dans la ville, quelque instance
qui leur en eust été faite, respondans toujours que l'air des fauxbourgs leur
estoit plus salutaire, voire celuy des champs[22], et habitaient
le faubourg Saint-Germain, en dehors des remparts. En entendant le tocsin,
ils voulurent porter secours à leurs frères, ne purent se procurer des
bateaux pour pénétrer par Mais le mot : — Tuez-les tous ! — avait exalté les têtes. Tout sentiment de dignité fut oublié ; les liens de l'hospitalité furent brisés ; le Roi, aussitôt qu'il avait appris l'attentat de Maurevert, avait conseillé à Henri de Navarre et au jeune prince de Condé de conserver autour d'eux, dans le Louvre, le plus de gentilshommes qu'ils pourraient loger, afin de pouvoir repousser les agressions du duc de Guise, qui était toujours bien accompagné. Ces hommes étaient entrés au Louvre sur la parole du Roi ; ils étaient logés chez lui, appelés par lui. Le matin, il les fit tuer à coups de hallebarde par ses gardes, dans la cour du Louvre, sous ses yeux. Le brave Piles[24], qui n'était pas seulement un hôte pour le Roi, qui était son adversaire heureux de Saint-Jean d'Angély, leva les yeux, vit Charles IX à une fenêtre : Voilà, dit-il, la bonne foi du Roy. Il fut tué. Le matin précédent, avant les paroles de Catherine, il se baignait avec le Roi, à la même heure, l'aidait à nager, lui soutenoit le menton[25]. Ce malheureux roi était forcé de se montrer à ses gardes pendant leur répugnant travail, car ces Suisses et ces Écossais n'auraient pu croire, s'ils n'avaient pas frappé sous ses yeux, que le roi de France ordonnait tranquillement d'égorger ses hôtes. Les chambres furent fouillées ; on tuait dans les corridors, on tuait sur les pas des princesses. Marguerite de Valois, couverte du sang d'un blessé qu'elle avait voulu sauver, change de chemise, puis se rend près de sa sœur la duchesse de Lorraine ; là, dit-elle, un gentilhomme nommé Bourt fut percé d'un coup de hallebarde à trois pas de moi. Les filles d'honneur auraient craint de déplaire à Catherine si elles avaient montré de la pitié ; elles crurent flatter leur maîtresse en faisant des réflexions sur les cadavres, et en examinant avec curiosité le corps de Soubise que sa femme avait accusé d'infirmités. Cette besogne fut promptement dépêchée ; les gardes, commandés par leurs chefs, donnaient leurs coups de hallebarde derrière des murs, et ne s'écartaient pas de la discipline. Mais la populace parisienne avait compris autrement la fête. C'était un dimanche, le soleil se levait à cinq heures ; on avait donc du loisir et du jour pour faire main basse sur les étrangers et sur leurs biens. Tout s'esmeut, tout s'excite et cherche colère ; la résolution de tuer seulement les chefs est enfreinte ; le sang s'estanche, le sac s'augmente. Paris semble une ville conquise. Au regret des conseillers, femmes et enfants sont tués indifféremment du peuple, ne pouvant le Roi ni lesdits conseillers retenir les armes qu'ils avoient débridées. Le seul sieur de Tavannes ne souffre que ses gens prennent aucune chose ; ceux de Monsieur d'Anjou (Henri de Valois) pillent les perles des estrangers[26]. Le nonce Salviati, qui observait les événements avec un
sang-froid un peu narquois, et qui les décrivait pendant la journée même, dit
: Les Parisiens se mettent au pillage avec une
extraordinaire avidité : bien des gens ne s'étaient jamais imaginé qu'ils
pourraient posséder un jour les chevaux et l'argenterie qu'ils ont ce soir
dans les mains[27]. Les catholiques
n'étaient pas épargnés : on comptait parmi les morts le chanoine Villemur,
cet ancien précepteur du duc de Guise, qui avait prêté sa maison de la rue du
Cloître Saint-Germain pour cacher Maurevert et son arquebuse[28] ; Loménie,
secrétaire d'État, et Laplace, président au Parlement, furent tués aussi,
quoique catholiques, afin de rendre leurs charges vacantes ; la charge de lieutenant général d'Orléans fut funeste à
Groslot, et les grands biens à Garrault, en ce que l'un et l'autre furent
traînés à la rivière et noyés par des gens assurés d'avoir la dignité du
premier et la confiscation du second[29]. Un homme trouva
dans une maison deux petits enfants dans le même berceau, il les jeta à Faut-il croire que gagné, en les voyant de ses fenêtres, par l'ivresse universelle, et repris de sa frénésie, Charles IX saisit une grande arquebuse de chasse qu'il avoit et en tiroit tout plein de coups[31] sur ces êtres à demi suffoqués ? Le témoignage du duc d'Alva, toujours si bien informé[32], ne permet pas de mettre en doute ce fait rendu fameux par le beau vers d'Agrippa d'Aubigné[33], sur le Roi, qui Giboyoit aux passans trop tardifs à noyer. La démence du jeune roi, si elle lui a fait prendre part, de ses mains, aux actes ordonnés par lui, n'inspire-t-elle pas moins de répugnance que l'attitude dissimulée de son frère ? Au Heu de se jeter dans la mêlée, comme Henri de Guise, Henri de Valois, le véritable inspirateur du massacre, se tenait à l'écart, blême de peur, moins viril que sa mère. Les fureurs de la populace dépassaient les intentions de
ceux qui les avaient animées, et commençaient à leur donner de l'épouvante : Le sang et la mort courent les rues en telle horreur, que
Leurs Majestés mesmes, qui en estoient les auteurs, ne se pouvoient garder de
peur dans le Louvre[34]. Puis viennent
les requêtes de ceux qui demandent les charges des morts, les importunités de
la bassesse, la lassitude du meurtre, l'épuisement qui suit les crises
violentes, le dégoût de la besogne entreprise. Ce
coup faict, la colère refroidie, le péril passé, l'acte paroist plus grand,
plus formidable aux esprits rassis. Le sang espandu blesse les consciences[35]. C'est en ce
moment, le soir de ce triste dimanche que, dans l'inépuisable fécondité de
son génie, Catherine conçoit tout à coup un nouveau projet : elle imagine de
travestir les événements, d'en rendre le duc de Guise seul responsable et
d'attirer sur lui toutes les vengeances qu'elle prévoit. En grande hâte, elle
fait écrire à tous les gouverneurs de province et de villes une lettre par
laquelle le Roi déclare que les Guises, qui n'ont
pas petite part en ceste ville, comme chascun sçait, se sont esmeus ceste
nuict passée ; que le Roi avait eu assez à faire de se tenir le plus fort en
son chasteau du Louvre, avec ses frères, durant cette sédition advenue par la querelle particulière estant
depuis longtemps entre les maisons de Guise et de Chastillon[36]. Lorsqu'il rentra de sa course intempestive à la poursuite de Montgomery, le duc de Guise apprit que Catherine avait déjà tiré parti de sa faute, et qu'elle cherchait, en reportant sur lui toutes les haines, à le ruiner par un habile revirement, après avoir détruit l'amiral. Il s'empressa aussitôt de recueillir et de sauver les huguenots. Il donna asile dans son hôtel à la fille du chancelier de l'Hôpital et à plus de cent réformés[37]. Cette générosité, à peu près unique, ne plut pas. L'opinion publique était franchement favorable au coup d'État, et fut froissée de remarquer que, le second jour, le duc de Guise voulait en décliner sa part ; on prétendit qu'il essayait de sauver les hérétiques afin de pouvoir prolonger la guerre civile : Messieurs de Guise, en exemptant d'autres, sont calomniés de ne vouloir l'extinction du prétexte des armes[38]. Catherine comprend à temps que la popularité est désormais acquise à ceux qui ont ordonné les massacres ; elle opère une nouvelle manœuvre, cesse d'attribuer au duc de Guise ce qui passe pour un honneur, et, par une évolution accomplie brusquement, elle ne songe plus qu'à gagner des partisans en se vantant d'avoir pris les mesures nécessaires pour sauver la religion en péril et garantir la paix. Dès le mardi 26, le Roi se rend en séance au Parlement, et déclare que tout s'est exécuté par ses ordres. Le lendemain, le Parlement rend un arrêt qui condamne Coligny et confisque ses biens. Ce n'est pas assez. Pour l'enthousiasme populaire, il faut un miracle. Dans le cloître des religieux attachés au cimetière des Innocents, une aubépine est en fleur, preuve manifeste que Dieu approuve ce qui s'est passé le 24 août. Le nonce Salviati craint que le Saint-Père ne soit trompé ; il lui raconte l'événement de l'aubépine, et ajoute spirituellement : Le peuple y mit tant d'enthousiasme que si quelqu'un du couvent s'était avisé de dire qu'elle était en fleur depuis plusieurs jours, il aurait été jeté dans la rivière. La population de Paris était tout entière complice des
actes commis, Catherine résolut d'y associer le reste de Il fut mandé aux villes du royaume de tuer les chefs et factieux[40] ; mais ces mandements furent portés par des agents charges[41] de lettres de créance, qui ordonnaient aux gouverneurs de se fier à la volonté du Roi, exprimée par le porteur[42]. Plusieurs de ces lettres de créance existent encore ; elles insistent sur la nécessité d'achever l'exécution de la volonté du Roi, non pas là seulement, mais par tout son royaume[43] ; mais elles ne prescrivent aucun détail d'exécution, ne font pas connaître quelle est cette volonté, et renvoient aux mandements verbaux. Si le Roi est obligé d'écrire lui-même, comme au maréchal de Matignon, pour faire continuer la poursuite de Montgomery, il ajoute[44] : Mais que l'on ne sçache que je vous en ai escript, et y procédez le plus dextrement qu'il vous sera possible. La plupart de ces lettres sont du 26 et du 27 août. Trois
jours après, Catherine a changé d'avis. Épouvantée des résultats obtenus à
Paris, elle se vit impuissante à faire retourner à leurs occupations
régulières les ouvriers qui avaient mis la main à son grand travail. Les
meurtres et les vols continuaient sans interruption. Elle craignit la
contagion dans Quand même auraient disparu les ordres, les annulations, les réponses, et quand encore on aurait oublié les actes qui en étaient la conséquence, il resterait, pour prouver la détermination bien fixée d'exterminer les derniers hérétiques, les curieux papiers qui montrent le roi de France cherchant hors de ses États ceux de ses sujets qu'il ne peut atteindre. Lorsque, vers le commencement d'août, le premier corps
français que Charles IX envoyait au secours des Flamands fut battu entre
Valenciennes et Mons, Genlis, qui le commandait, fut fait prisonnier avec un
millier d'hommes. Ces Français étaient tous huguenots ; ils étaient envoyés
contre les armées espagnoles par le roi de France ; ils avaient leurs ordres
signés de sa main. Charles IX écrivait encore, le 12 août, à Montdoucet, son
résident près du duc d'Alva, de continuer ses relations secrètes avec le
prince d'Orange, mais, pour gagner du temps, de nier l'existence des ordres
de marche que le duc d'Alva avait trouvés dans les papiers de Genlis. Encores qu'il n'ajoute foy à ce démenti, dit-il, cela
servira à mon intention, pourveu que le feciez destrement. Après C'est huit jours après l'événement ; il n'a plus de colère y il n'a jamais eu de ferveur religieuse, il écrit 'sans passion et sans fanatisme de faire tuer par ses ennemis les soldats qu'il a lui-même envoyés contre eux. Il s'avance davantage encore. Non content de faire solliciter près du duc d'Alva ce nouveau massacre, il veut le faire commander par Philippe II. Le roi d'Espagne annonce au duc d'Alva[48] que Saint-Goard, l'ambassadeur français à Madrid, l'a pressé d'ordonner l'exécution immédiate de Genlis et de ses soldats, ainsi que de tous les Français qui seraient pris dans Mons. Philippe II approuve cette idée. Je désire, dit-il, que si vous n'avez pas déjà débarrassé le monde de ces gens, vous le fassiez immédiatement, et m'en informiez, car je ne vois aucune raison pour différer[49]. Mais, pendant ce temps-là, Charles IX, redoutant sans doute quelques scrupules chez Philippe II, faisait solliciter de nouveau le duc d'Alva. Faire bien comprendre au duc d'Alva, écrit-il le 5 septembre à Montdoucet, qu'il ne mécontentera personne en France, s'il met à mort les prisonniers et les défenseurs de Mons. Le Roi lut enfin, dans une lettre envoyée par Montdoucet, le 15 septembre, que le duc d'Alva faisait exécuter tous les jours quelques-uns de ses prisonniers ; il n'en restait déjà plus qu'un très-petit nombre. Genlis fut conservé plus longtemps ; Alva le maintint quinze mois dans un cachot avant de le faire étrangler. Quant à la garnison de Mons, le duc d'Alva avait suggéré un moyen pratique de la détruire sans ternir l'honneur militaire de l'Espagne. — Que le roi de France lui donne l'ordre d'évacuer la ville et de rentrer dans le royaume, et là il s'en défera à loisir. — Impossible, répondit Montdoucet, les Français ne se fient plus à la parole du Roi ; ils auront plutôt confiance dans le duc d'Alva ! Le sort de cette brave garnison de Mons inquiétait les
gens de guerre de l'Europe entière ; Alva lui-même était saisi d'admiration
devant cette belle défense. Le prince d'Orange voulut tenter un effort
suprême pour la délivrer ; il s'avança avec trop de témérité, fut surpris la
nuit par les Espagnols, ne dut son salut qu'à un petit chien qui lui gratta
le visage de sa patte pour le réveiller au moment où les ennemis approchaient
de son logis ; il sauta nu sur un cheval et se retira pour défendre La garnison de Mons dut capituler le 21 septembre. Les
Français, sous les ordres de En une seule nuit, l'Espagne venait d'échapper à une
guerre contre les forces coalisées de Rome témoigna une joie plus bruyante, mais la cour pontificale ne dut pas voir sans inquiétude tomber cette résistance à la politique de Philippe II. Dans les rues, pour célébrer cet événement, un grand nombre de petits enfans, vestus de surplis, avec un rameau d'olivier en main, firent procession l'après disnée, bénissant et louant Nostre Seigneur qui avoit inspiré le cœur de nostre Roy à si heureuse et saincte entreprise[53]. Dans ces dernières années, on voyait encore à Saint-Pierre le tableau de Vasari représentant Paris durant les massacres, avec l'inscription : Le Pontife approuve la mort de Coligny[54]. La piété a éveillé la justice, dit une autre inscription sur l'une des médailles que fît frapper le Saint-Père[55]. La répugnance ne fut pas très-accusée chez les souverains
protestants ; Elisabeth accepta, trois mois après C'est en France, dans les armées, que le dégoût fiit exprimé
avec le plus de liberté. Pour y gaigner dix mille
escus, comme plusieurs de mes compaignons, je n'y eusse voulu avoir esté,
dit Brantôme[56].
Son ami, le vicomte d'Orte[57], s'est rendu
fameux par sa belle réponse aux mandements verbaux : A
Bayonne, je n'ai trouvé que des soldats et pas de bourreaux[58]. Le baron de
Vesins, lieutenant du Roi en Quercy, se trouvait à Paris le 24 août en même
temps que son ennemi personnel, Régnier, chef des protestants du Quercy.
Vesins entre armé chez Régnier, avec quinze cavaliers, le met sur un cheval,
sort de Paris sans lui dire un mot, et ne le quitte qu'après l'avoir ramené
en sûreté devant son château[59]. Lorsque
Cosseins, le colonel des gardes qui avait pénétré avec le duc de Guise chez
Coligny, après avoir été chargé de le protéger, se retrouva, quelques mois
plus tard, au milieu des militaires, dans le camp devant Le meurtrier Behme fut quelque temps plus heureux ; il épousa Anne de Ame, bâtarde du cardinal de Lorraine et ancienne fille d'honneur d'Elisabeth de Valois, reine d'Espagne[62]. Le cardinal de Guise le chargea dans la suite de missions secrètes pour Philippe II, et demanda que pour les recommandables et signalés services qu'il a faicts durant les guerres contre les héréticques, on lui payât le don promis à sa femme Anne qui estoit à la feue Reine vostre espouse[63]. Il reçut en effet six mille écus du roi d'Espagne[64], fut surpris trois ans après le coup d'épieu par la garnison du château de Bouteville, corrompit le soldat préposé à sa garde, prit la fuite avec lui, chacun sur un bon cheval, un pistolet à l'arçon de la selle. Bertauville, gouverneur du lieu, le sentant échappé, saute sur un courtaud, seul et n'ayant arme qu'une espée, donne à tous les deux. Le soldat ne l'attend point, mais Behme aïant crie : — Tu sçais que je suis mauvais garçon, — tire son coup de pistolet ; et l'autre en respondant : — Je ne veux plus que tu le sois, — mit l'espée jusqu'aux gardes dans le ventre de son prisonnier[65]. Le duc de Guise avait sa part dans la réprobation des
vieux militaires. A ce même camp du siège de Henri de Valois sembla oublier ses remords en les racontant dans sa nuit de Cracovie. Catherine déclara avec un certain dédain qu'elle n'avait pas eu, pendant la durée des massacres, plus de cinq ou six meurtres sur la conscience[71]. La véritable victime de ces féroces massacres fut le pauvre enfant qui les toléra. Charles IX, maintenu dans une exaspération continuelle durant deux mois, perdit pour le reste de sa vie l'équilibre de ses facultés, et épuisa ses forces dans des excès qui ne lui procuraient pas l'oubli. On le voyait, les regards farouches, guardatura malinconica, détourner la tête quand on lui adressait la parole, baisser les yeux, ne plus écouter même sa mère, qui était forcée de lui répéter jusqu'à trois fois ses demandes[72]. Tantôt, emporté d'un élan fougueux, il forçait des cerfs trois jours de suite, restait à cheval douze ou quatorze heures, ou, debout dans une forge, frappait sur l'enclume et martelait des cuirasses[73] ; tantôt, enfermé dans l'obscurité, écartant les lumières, tressaillant au moindre bruit, il semblait, comme Néron après la mort d'Agrippine, modo per silentium defixus, sœpius pavore exsurgens, et mentis inops, lucem opperiens tanquam exitium allaturam[74]. Toute la fin de l'année 1572 fut consacrée aux massacres
et aux confiscations dans Pour apprécier l'importance de cet événement, il faut se
rappeler que la persécution organisée quelques années plus tard par Marie
Tudor contre les protestants anglais, persécution tellement cruelle qu'elle a
laissé, comme un stigmate ineffaçable, le nom de Marie De ces exécutions tardives, deux furent particulièrement infamantes pour le duc de Guise et pour Charles IX, celles de Cavaignes et de Briquemaut. Cavaignes était un homme de robe que Charles IX avait chargé d'instruire l'affaire de Maurevert, à l'heure où existait encore sa tendresse pour Coligny ; Cavaignes avait vu l'arquebuse des gardes de Henri de Valois, il avait connu la part des Guises dans ce guet-apens ; mais comme son enquête avait été close par une catastrophe autrement compromettante, il aurait pu être épargné sans danger pour les Guises. Briquemaut était le capitaine qui avait reconnu Calais, en avait tiré le plan et ainsi préparé la prise de la place. Ce souvenir aurait dû lui assurer la protection du duc de Guise ; il est vrai qu'il estoit fort zélé à sa religion, mais pour cela il ne devoit mourir, ains estre pardonné pour ses grands services[79]. Pendant la nuit du 24 août, il se réfugia chez les religieux bernardins, et fut livré au moment où la cour cherchait des accusés pour un procès criminel. Cavaignes et Briquemaut furent déclarés par les juges les complices du crime de lèse-majesté qu'on inventait pour justifier aux yeux des princes protestants le meurtre de Coligny ; ils furent condamnés à mort. Briquemaut fut en outre dégradé de la noblesse, ses enfants dépouillés de ses biens et déclarés roturiers. Brisé par cet arrêt, le vieux capitaine s'écria : Qu'ont fait ces pauvres innocents ? et demanda grâce en pleurant pour ses enfants. Catherine eut une inspiration : elle promit que les enfants ne seraient pas abandonnés dans la misère, qu'ils seraient réintègres dans la noblesse, si Briquemaut, en mourant, avouait que l'amiral avait réellement conspiré contre le Roi. Savante mise en scène qui aurait couvert l'infamie des juges et accablé l'amiral sous le mensonge d'un mourant[80]. Mais Briquemaut ne voulut pas racheter l'humiliation et la misère de ses enfants en se déshonorant avec son général ; il résista à la tentation, et fut pendu le 26 octobre, avec Cavaignes, pendant que la jeune reine donnait naissance à une fille. Charles IX, heureux de se voir père, se procura le divertissement d'assister à cette exécution aux flambeaux. Catherine y vint aussi, traînant à sa suite Henri de Navarre. A peine les exécuteurs s'étaient-ils retirés, que les Parisiens coururent détacher les cadavres, les rouler dans les ruisseaux ; ils coupèrent les oreilles, ils n'oublièrent aucun outrage[81]. Le Roi, pendant ce temps, était entré à l'Hôtel de ville, et y recevait un somptueux repas que lui offraient, à grands frais[82], les bourgeois. |
[1] John ALLEN, Edimburg Review, vol. XLIV,
1826.
[2] RANKE, Historisch-politische
Zeitschrift, 1836, t. II, et Franzosische geschichte, t. I ; SOLDAN, Frankreich
und die Bartholomaus Nacht ; VON RAUMER, Geschichte Europas seit dem
Ende des funfzehnten Jahrhunderts, Leipzig, 1833, t. II, p. 256 ; BAUM, Leben
Beza's ; WHITE, Massacre of S. Bartholomew.
[3] Traduit par BASCHET, Diplomatie vénitienne, p. 522. Seulement, Giovanni Michieli crut que l'entrevue du Roi et de Catherine a eu lieu le vendredi soir 22, tandis qu'elle est réellement du samedi 23 à midi.
[4] Cette lettre a été publiée par le Père THEINER, Annales ecclesiastici.
[5] MARGUERITE, Mémoires, p. 49.
[6]
Les Mémoires de Tavannes sont dus à la plume de Gaspard de
Saulx-Tavannes, son fils. Quelle est la part des notes du père et celle du
souvenir de ses récits, on ne peut le savoir. Toutefois, deux styles se
discernent dans les mémoires : la narration des actions du père, vive et
énergique ; les commentaires du fils. On peut croire que le récit de
[7]
Discours du roy Henry troisième à un personnage d'honneur et de qualité
estant près de Sa Majesté à Cracovie, sur les causes et motifs de
[8] Si c'est, comme on l'a supposé, Miron qui fut le confident de ces aveux, ce médecin aurait eu la singulière fortune de nous laisser le récit des deux principaux crimes de son client. Il faut remarquer que la confession de Cracovie est racontée dans un style diffus et sans valeur, tandis que le récit du meurtre du duc de Guise, qui est bien de Miron, est un chef-d'œuvre accompli.
[9] Discours du roy Henry troisième.
[10] TAVANNES.
[11] TAVANNES.
[12] D'AUBIGNÉ, Histoires, t. II, p. 16.
[13] MARGUERITE, Mémoires.
[14] MERGEY, Mémoires, p. 575.
[15] MERGEY, Mémoires, p. 575.
[16] TAVANNES.
[17] D'AUBIGNÉ.
[18] On cite parmi ces Suisses : Martin Koch de Freyberg, Conrad Burg et Léonard Grunenfelder de Glaris.
[19] Behme était fils de Bohémien, mais né en Wurtemberg. Voir Ms. Fontanieu, 326, avant-dernière pièce, publiée par BOUILLÉ, t. II, p. 504.
[20] WHITE, Massacre of S. Bartholomew,
p. 416.
[21] TAVANNES.
[22] SULLY, p. 14.
[23] D'AUBIGNÉ.
[24]
Le fils de Piles tua en duel le fils du poète Malherbe (VOLTAIRE, notes de
[25] D'AUBIGNÉ.
[26] TAVANNES.
[27] Lettre du 24 août 1572.
[28] SULLY, p. 14.
[29] VARILLAS, t. II,
p. 350.
[30] Discours sur les guerres intestines, Paris, 1572 :
Ha ! vous seriez ingrats, poissons, vous auriez tort
Si ne les recevez du moins après la mort,
Puisque tant ils vous ont montré de courtoisie
De ne vouloir jamais vous manger en leur vie !
[31] BRANTÔME, Hommes illustres, discours 88.
[32]
Ce témoignage décisif du duc d'Alva paraît n'avoir pas été remarqué par les
historiens français. Voir, dans WHITE, Massacre of S. Bartholomew, p.
[33] D'AUBIGNÉ, les Fers.
[34] TAVANNES.
[35] TAVANNES.
[36]
Mémoires de l'estat de
[37] MÉZERAY.
[38] TAVANNES.
[39]
Ces précautions étaient si bien prises que de nos jours encore le savant
historien de Catherine de Médicis, ALBERI, Vita di Catarina de Medici, p.
[40] TAVANNES, p. 388.
[41] DE THOU, liv. LII.
[42] Henri MARTIN, Histoire de France, t. IX, p. 341 ; IMBERDIS, Histoire des guerres religieuses en Auvergne, t. I, p. 185 ; Saint-Herem, gouverneur d'Auvergne, exige des ordres écrits.
[43] Lettre du 27 août au maire de Troyes.
[44] Ms. Béthune, v. 8760, fol. 24. Voir ISAMBERT, Anciennes Lois françaises, t. XIV, p. 256.
[45] Revue rétrospective, 1834, t. V, p. 359.
[46] Mémoire de l'Estat de France, f° 255. Voir aussi VON RAUMER, Geschichte Europas seit dem Ende des funfzehnten Jahrhunderts, t. I, p. 282.
[47]
Toute cette correspondance entre Charles IX et Montdoucet a été découverte dans
[48] GACHARD, Bulletin de l'Académie royale de Belgique, t. XVI.
[49] GACHARD, Bulletin de l'Académie royale de Belgique, t. XVI : ... Y assi holgare que si ya no les ubiere deshechado del mundo, lo hagais luego, y me aviseis dello, pues que no veo que aya causa ni la pueda abea por que esto, se dexe de hazer... (18 septembre 1572.)
[50] GROEN VAN PRINSTERER, Archives de la maison d'Orange-Nassau, t. IV, p. 4.
[51] GROEN VAN PRINSTERER, Archives de la maison d'Orange-Nassau, t. IV, p. 4.
[52] Lettre de Saint-Goard à Charles IX, publiée par GROEN VAN PRINSTERER, Archives de la maison d'Orange-Nassau, supplément, p. 125.
[53] Lettre du cardinal de Lorraine à l'évêque de Verdun. Ms. Dupuy, vol. 755, fol. 144, publiée par BOUILLÉ.
[54] Pontifex Colinii necem probat, STENDHAL, Promenades dans Rome.
[55] Pietas excitavit justidam. Trois autres médailles furent frappées à Rome pour célébrer cet événement ; les devises sont : Greg. XII, Pont. Max., et au revers : Ugonotorum strages — virtus in rebelles — Ne ferrum temnat simul ignibus obsto.
[56] BRANTÔME, Hommes illustres, l'Hospital, t. I, p. 320.
[57] BRANTÔME, Hommes illustres, l'Hospital, t. I, p. 320 ; D'AUBIGNÉ, Histoires ; MONTLUC, t. I, p. 367.
[58] Un écrivain ignorant a soutenu que cette réponse avait été imaginée sous le règne de Louis XIV. Par malheur pour sa théorie littéraire, la réponse est dans les Histoires d'Agrippa D'AUBIGNÉ, imprimées en 1616.
[59] D'AUBIGNÉ, p. 553.
[60] BRANTÔME, Hommes illustres (Strozzi), p. 645.
[61] Ms. Bibliothèque nationale, Fontanieu, p. 326, avant-dernière pièce, publiée par BOUILLÉ, t. II, p. 504.
[62]
AMELOT DE
[63] Ms., Arch. nat., Simancas, B. 27, 163, et B. 39, 63.
[64] WHITE.
[65] D'AUBIGNÉ, t. II, p. 169.
[66] RANKE, Franz. Gesch., t. IV, chap. IV.
[67]
VOLTAIRE, notes
de
[68] Foreign Office, Ms., Dale to Walsingham, 14 february 1575. Lettre publiée par FROUDE.
[69] Beauville n'était pas envoyé par le duc d'Aumale, comme l'ont dit quelques historiens, mais par le Roi lui même, avec cette lettre : Très-Saint Père, nous envoyons présentement devers Vostre Sainteté le sieur de Beauville, l'un de nos gentilshommes ordinaires servants, pour dire et faire cognoistre à Vostre Sainteté aucunes choses de nostre part... C'est déjà la formule des mandements verbaux. Cette lettre est aux Archives du Vatican, France, 34, 7425.
[70] Ms. Dupuy, vol. 221.
[71] WHITE, Massacre of S. Bartholomew.
[72] Sigismundo CAVALLI, Relaz. ven., traduit par BASCHET, p. 556.
[73] Sigismundo CAVALLI, Relaz. ven., traduit par BASCHET, p. 556.
[74] TACITUS, Annal., t. XIV, p. 40.
[75] VARILLAS, t. II, p. 363.
[76]
Lettre de sir Thomas Smith à Francis Walsingham, coll. ELLIS, Original letters, t. III,
p. 376, publiée par H. DE
[77] Même document.
[78]
Des chiffres donnés par les historiens, c'est BONANNI qui parait le plus se rapprocher de la
vérité : la cour pontificale avait une diplomatie admirablement organisée et
connaissait très-exactement les faits. Il y a eu deux mille six cents
enterrements à Paris ; on peut ajouter à ce chiffre un millier de corps restés
dans
[79] BRANTÔME, M. de Guyse le Grand, p. 423.
[80]
Cette perfidie eut d'autant plus remarquable qu'il est probable que les enfants
de Briquemaut avaient péri dans les massacres ; le père l'ignorait, mais une
note manuscrite indique parmi les morts de
[81] DIGGES, p. 278, Walsingham to Smith, 1
november 1572 : On october 22 the young queen was
brought to bed of a daughter, and the same day, Briquemaut and Cavaignes were
hanged by torchlight, the king, the queen mother and the king of
[82] Voir les comptes de la dépense de ce repas, SAUVAL, t. III, p. 368.