VIII. Polybe est le plus ancien écrivain grec à qui les
Romains aient été bien connus. Il avait passé une partie de sa vie dans les
hauts emplois de la république des Achéens ; et ayant été obligé d'aller à
Rome pour les affaires de sa patrie, il y demeura environ quarante ans,
accompagnant le jeune Scipion dans ses voyages et dans ses conquêtes. Nous voyons
par les cinq premiers livres qui nous restent de son histoire, et par les
fragments des trente-cinq derniers, que nous avons malheureusement perdus,
qu'il s'était singulièrement attaché à la géographie ; ainsi nous ne pouvons
douter qu'il n'eût fait une comparaison exacte des mesures des Grecs et des
Romains. Il nous a rendu compte des résultats de cette comparaison et du
rapport qu'il avait trouvé entre ces mesures, dans une digression qu'il a
mise au commencement de son troisième livre[1], sur l'étendue
des pays qui entourent la partie occidentale de Comme Polybe pouvait craindre que les Grecs ne le soupçonnassent de donner des mesures imaginaires d'un pays qu'ils regardaient comme impraticable, il leur rend compte des moyens qu'il avait eus de s'en instruire avec exactitude. Maintenant, dit-il, les routes à travers ces pays ont été mesurées par les Romains, et divisées par des marques posées de huit stades en huit stades. On reconnaît là sans peine les pierres milliaires : car c'était à chaque mille que les Romains mettaient ces signaux. Les huit stades faisaient Si donc le stade est évalué par tous ces auteurs, à la huitième partie du mille romain, il faut connaître la valeur du pied et du mille romain, pour déterminer la valeur des mesures itinéraires des Grecs. Notre pied de roi était divisé en Suivant cette évaluation, le pas romain, composé de cinq
pieds, sera de Le mille romain, composé de mille pas, sera de 755 toises Comme on compte ordinairement 8 stades par mille romain,
nous prendrons la huitième partie de 756 toises, valeur de ce mille, et nous
aurons pour le stade 94 toises et demie[4], ou Il y avait ci-devant en France, plusieurs sortes de lieues
; la grande de 5.000 toises, telle était celle des contrées méridionales de Ainsi, le rapport du stade à la lieue commune sera donné par les deux tables suivant.
Le rapport de la lieue commune ou géographique au stade, sera donné de même par la table suivante.
On observera que les Grecs avaient diverses espèces de stades. Il ne s'agit ici que du stade ordinaire, connu sous le nom d'olympique[6]. |
[1] Page 193 de l'édition de Paris.
[2] Mém. de l'Acad. des Insc., t. 24, p. 454.
[3] Voyage du jeune Anacharsis, Paris, 1790, t. 7, tables, p. LX. On sait que M. de Sainte-Croix est l'auteur de ces tables. Nous comptons aujourd'hui par mètres. On peut voir sur les nouvelles mesures, ce que j'ai dit au tome 2 de mes Mémoires sur l'Histoire ancienne du Globe, p. 7 et suivantes.
[4]
Voyage du jeune Anacharsis, p. LX. L'auteur cite d'Anville, Mesures
itinéraires. Lisez aussi
[5] Voyez mes Mémoires pour servir à l'Histoire ancienne du Globe, t. 2, p. 12.
[6] Voyage du jeune Anacharsis, Tables, p. LXI. Note de M. de Sainte-Croix.
Voyez les observations sur ce sujet, placées en tête de la traduction française de Strabon. L'auteur, p. 65, évalue le mille romain non à 756 toises, mais à 760 toises 107 millièmes. Cette différence n'est pas d'une assez grande importance ici, pour que je l'examine ce moment.