DISSERTATION SUR LA MARCHE D'ANNIBAL DEPUIS NÎMES JUSQU'À TURIN

 

L'AN 218 AVANT NOTRE ÈRE

§ II. — QUELLE EST L'ÎLE DÉCRITE PAR POLYBE ET TITE-LIVE ?

 

 

V. Si l'on veut prendre à la lettre le texte de Polybe, on pourra croire que son Delta avait la grandeur de celui d'Égypte : mais Tite-Live nous dit que ce n'était qu'un petit espace de terrain, agri aliquantum, comme écrit M. Dureau de La Malle, qui traduit une certaine étendue de plaines, ce qui ne conviendrait nullement à la prétendue île des Allobroges, presqu'entièrement formée de terrains montueux et peu fertiles. D'autres éditions écrivent agri aliquantulum ; et comme les copistes sont plutôt portés à retrancher qu'à ajouter, il paraît que c'est la véritable leçon, et qu'il ne s'agit ici que d'une petite étendue de plaines, description qui convient parfaitement à l'île de ma carte. L'écrivain grec qui avait fait la route d'Espagne à Turin par Arles, comme on la faisait ordinairement, et qui n'avait conséquemment pas vu les lieux comme Trogue Pompée, a donc ici un peu exagéré contre son ordinaire, et nous serions fort embarrassés de trouver dans l'endroit dont il est ici question, une île aussi étendue. Soit au quatrième campement comme l'affirme Tite-Live, soit dans un lieu plus rapproché comme nous verrons bientôt qu'il faut la chercher, il me semble que nous devons préférer ici l'assertion de Tite-Live, qui observe que cette île n'embrassait qu'un petit espace de terrain, aliquanium, et même, suivant les meilleures éditions, aliquantulum agri[1].

Cette première difficulté vaincue, il en reste une seconde qui n'est pas moins embarrassante ; c'est de trouver la rivière appelée Scaras par Polybe, Bisarar par Tite-Live, et l'île qu'elle a servi à former. C'est ici que les critiques modernes se sont donné carrière. Ils ont altéré le texte de Tite-Live, et même celui de Polybe, pour faire insérer la Saône arar, dans le texte de ces historiens, et cette opinion a longtemps été celle de tous les savants. La belle édition imprimée par Wechel en 1609, par les soins d'Isaac Casaubon, qui, dans sa préface, assure avoir consulté plusieurs manuscrits, fait dire à Polybe τή μέν γάρ ό Ροδάνος, τή δέό Αραρος, et c'est d'après lui que dom Thuillier a traduit la Saône. Mais pour cela il fallait faire aller Annibal jusqu'à Lyon, et l'on a vu que Mandajors avait détruit cette opinion, en lisant Isara dans Tite-Live. Il n'en a pas coûté davantage aux critiques, modernes de créer un nouveau nom, en lisant ό Ισάρως dans Polybe, afin de favoriser l'opinion de Mandajors, qui me paraît absurde, en faisant une île de ce qui n'a certainement jamais été appelé ainsi par personne, et en plaçant au centre des Allobroges cette île que Tite-Live dit seulement être voisine des Allobroges.

Ces deux noms, Scaras et Bisarar, surtout si, faisant l'article ό avec le commencement de Scaras y on le réduit à ό Αρας, et faisant ibi avec le commencement de Bisarar, on lit dans Tite-Live ibi arar ou ibi aras, deviennent absolument les mêmes, et on ne lit point Αραρος, au lieu de Αρας[2], ou Ισάρας, au lieu d'Ισαρ ; car un traducteur de Strabon doit connaître les noms grecs de son texte. Ce géographe fait cinq fois mention de l'Isère, qu il nomme quatre fois τοΰ Ισαρος au génitif[3], et une fois τόν Ισαρον[4] à l'accusatif. Or, tous ceux qui connaissent un peu les règles de la déclinaison grecque, savent que cet accusatif pourrait indiquer Ισαρος pour nominatif, si les quatre exemples du génitif Ισαρος ne caractérisaient pas invinciblement la cinquième déclinaison et le nominatif Ισαρ, en sorte que la locution ό Ισάρας est un véritable barbarisme échappé au savant Schweighæuser, mais que personne n'aurait dû copier.

Au reste, quand on voudrait conserver scrupuleusement la leçon des manuscrits, et qu'on y lirait Scaras et Bisarar, ces deux noms ne diffèrent pas assez, pour qu'à cent ans de distance, l'un n'ait pas pu être dérivé de l'autre. A l'époque où Polybe écrivait, les Phocéens Marseillais étaient les maîtres de Marseille et de la partie inférieure du cours du Rhône depuis Avignon, dont nous avons encore des médailles grecques. S'il faut en croire cet historien sur le peu de progrès qu'avait fait alors la civilisation des Celtes, ces Phocéens, et les habitants de leurs colonies, étaient peut-être les seuls qui écrivissent les noms propres en leur donnant une forme grecque. Ils ont appelé la rivière, Scaras ou Aras. Du temps de Tite-Live, les Romains étaient les maîtres de Marseille et de tout le cours du Rhône. Trogue Pompée, qui avait vécu avant lui, avait, le premier, osé entreprendre d'écrire une histoire universelle en latin. La langue latine était devenue absolument dominante, et ce nom de Scaras ou Aras, barbare pour les Romains, était devenu Bisarar ou Arar, peut-être par analogie avec l'Arar, ou la Saône, qui se jette dans le Rhône à Lyon.

On pourrait conjecturer encore que le nom de Bisarar ou Bisaras est à peu près le même que Bicarus, et c'est ce dernier nom que donne à l'Eygues le docte Suarès, évêque de Vaison, qui connaissait parfaitement bien son pays[5]. Il en parle même ailleurs que dans sa nomenclature ; et lorsqu'il veut faire connaître la situation des Etats que le Pape possédait en France[6], il dit que ces Etats sont bornés au nord par l'Ouvèze (Ovasicus), l'Eygues (Bicarus), et d'autres limites qui le séparent du pays des Allobroges, aujourd'hui le Dauphiné. Bullet, qui nous a donné de volumineux Mémoires en plusieurs tomes in-folio sur la langue celtique, dit que Car y signifie embouchure, en sorte que Bicar, latinisé en Bicarus, veut dire double embouchure. On sent bien que cette étymologie n'est qu'une simple conjecture qui seule n'aurait aucune force, et qui ne prouverait rien, si elle ne venait à l'appui du témoignage des auteurs anciens. Mais ce serait prêter soi-même au ridicule que de trouver plaisant que les Celtes employassent leur langue pour former les noms propres, comme si les noms propres n'étaient pas ceux qui conservaient le plus longtemps les anciennes formes du langage. Il est donc fort simple que des peuples aussi voisins, de Marseille, aient suivi l'exemple de ses habitants en parlant trois langues, le celtique, le latin et le grec, comme nous l'apprenons de Varron. Lorsque ce savant nous dit qu'on parlait trois langues à Marseille, il nous prouve bien évidemment que les Phocéens y conservaient leur langue, et qu'ils étaient obligés de savoir le celtique pour commercer avec les Celtes, et le latin pour commercer avec les Latins.

C'est ce que nous dit formellement Isidore de Séville[7], nommé à l'évêché de cette ville l'an 601, et qui a composé son Traité des Origines sur des livres que nous n'avons plus aujourd'hui. Je donnerai ici en entier la traduction de ce passage, qui m'a paru curieux. Lorsque Cirus se fut emparé des villes maritimes de la Grèce, et que les Phocéens, vaincus par lui, étaient livrés à tous les malheurs qui suivent la conquête, ils jurèrent de s'éloigner si loin de l'empire des Perses, qu'ils n'entendraient plus même prononcer leur nom. Pour remplir ce serment, ils partirent pour les golfes les plus éloignés de la Gaule ; et s'étant garantis, par leurs armes, de la férocité des Gaulois, ils bâtirent Massilia (Marseille), et lui ce donnèrent le nom de leur chef. Varron dit que ces peuples avaient trois langues, parce qu'ils parlaient le grec, le latin et le gaulois. Hos Varro trilingues esse dicit, quod et græce loquentur, et latine et gallice.

Ils pouvaient donc mêler le latin et le celtique dans la formation de leurs noms propres, comme nous mêlons encore aujourd'hui le latin et le français sur nos monnaies.

Au reste, il ne faut pas croire que très-anciennement les Celtes n'aient pénétré en Italie antérieurement à Sigovèse. Isidore dit encore très-formellement[8].

Les Ombriens sont une nation italienne ; mais ils tirent leur origine des anciens Gaulois qui cultivent le mont Apennin. Les historiens nous rapportent qu'au tems du déluge, les Gaulois survécurent aux pluies, et que, par cette raison, les Grecs leur a donnèrent le nom d'Ombriens, de pluie. Umbri Italiœ genus est, sed Gallorum veterum propago qui Apenninum montem incolunt, de quibus historiœ perhibent quod tempore aquosœ cladis imbribus superfucrint, et ob hoc ομβριοι grœce nominatos.

Le mélange de la langue celtique et de la langue latine n'a donc rien de surprenant, même pour des temps bien plus anciens que ceux qui nous occupent ici, et l'étymologie que j'ai donnée du nom de Bicar ou Bicarus n'a rien de fort extraordinaire. Trogue Pompée, né à Vaison, comme je l'ai déjà observé, devait écrire en latin plus exactement que Polybe ne l'avait fait en grec, le nom des lieux de la contrée où il était né. C'est lui peut- être qui avait rectifié cette partie de l'ancien récit, en écrivant Bicarus ou Bisarar, et Tite-Live l'en avait cru de préférence sur le nom de cette rivière, comme sur l'étendue de l'île qu'elle formait. Il n'y a rien dans tout cela qui ne soit naturel et très-vraisemblable.

L'Eygues prend sa source dans le sein même des Hautes-Alpes, comme on peut le voir dans la carte de Cassini, ou il est très-bien décrit[9], et qui lui donne le nom d'Aigues, ou de la Vigne. Il naît au-dessus de Saint-André-de-Rozans, où il se joint à un autre torrent appelé Lidane. Il reçoit, au-dessous de Rémusat, une petite rivière aussi considérable que lui, dont la source est au-dessus de Chalançon, et qui se nomme l'Oulle. Une autre petite rivière, connue sous le nom de Leynuées, s'unit à lui à Curnier, un peu au-dessus des Piles. Ces quatre torrents, réunis à beaucoup d'autres, forment une petite rivière pendant un cours que ses détours peuvent faire évaluer à près de trente lieues, jusqu'à son embouchure dans le Rhône. C'est environ à trois lieues au-dessus de cette embouchure, qu'il est subdivisé en deux branches, dont l'une va se joindre à une petite rivière, connue sous le nom de la Meyne, et tombe avec elle dans le Rhône à plus de deux lieues de l'autre. Il en résulte une petite île de deux lieues de base, sur trois lieues de hauteur, et plus exactement, de six mille romains sur dix, qui occupe environ quatre lieues carrées d'un terrain très-fertile en blé, où se trouvent renfermées les villes d'Orange et de Caderousse. Je convient qu'il y a loin de là au Delta d'Égypte, que M. de Luc évalue à une longueur de 66 milles romains sur une base de 75 milles, prise depuis le bras du Nil à Rosette, jusqu'à celui de Damiette. Cet écrivain ajoute que Polybe connaissait bien cette étendue, puisqu'il avait été en Égypte, dans sa jeunesse, l'an 198 avant notre ère[10]. Polybe avait alors huit ans ; c'est faire des observations à un âge bien précoce.

On s'est autorisé du mot grec νήσος qui est celui dont se sert Polybe pour désigner son Delta, et qui signifie quelquefois presqu'île, du moins dans la composition des mots, comme dans le Péloponnèse, pour faire ce Delta avec deux rivières et des montagnes. M. de Mandajors est le premier des modernes que je sache avoir eu cette opinion. Il a lu Isara dans les textes de Polybe et de Tite-Live, qu'il a corrigés sans le secours d'un seul manuscrit, et d'Anville a suivi son opinion. Elle a été adoptée par M. de Luc, qui en forme le territoire des Allobroges. Mais Polybe dit, au contraire, que ce fut après être sorti de cette île, qu'Annibal entra sur le territoire des Allobroges, et qu'il y entra en tremblant, c'est son expression[11]. Tite-Live, après l'avoir décrite comme une île véritable, ainsi qu'on l'a vu plus haut, ajoute : Accolunt prope Allobroges. Auprès de ce lieu habitent les Allobroges. Les deux historiens s'accordent donc sur ce point, qui suffit pour détruire le système de MM. de Mandajors et de Luc.

L'auteur qui a écrit dans les Annales Militaires a parfaitement bien senti cette difficulté. Il a compris que l'île prétendue, formée par le Rhône et l'Isère, serait beaucoup trop grande pour les expressions employées par Tite-Live ; il a trouvé avec raison l'Isère trop éloignée de Roquemaure et d'Aëria pour qu'Annibal y fut arrivé à son quatrième campement, et il motive très-bien cette opinion ; il forme son île avec trois rivières et des montagnes, et la place à Montélimar, entre le Roubion et l'Isère, sa base appuyée sur le Rhône. Mais il n'y a nul rapport entre le mot Roubion et Scaras ni Bisarar. Je ne sais où il prend que le mot îon signifie eau dans la langue celtique ; il me cite pour le prouver, et je n'ai jamais rien dit de semblable ; il veut dériver Roubion de Bicarus, que Suarès dit signifier l'Eygues. Le Roubion est un véritable torrent. L'emplacement qui se trouve entre ce torrent et l'Isère peut-il s'appeler une île ? Celle de l'Eygues et de la Meyne, par le canal qui les joint dès la plus haute antiquité, en forme, au contraire, une tellement véritable, que d'Anville la met comme telle dans sa carte de l'expédition d'Annibal, comme dans toutes celles qu'il a dressées, et où se trouve cette petite contrée. On la trouve plus anciennement dans un petit atlas gravé en 1583, et dans une carte particulière de la principauté d'Orange, où la rivière qui traverse cette ville est évidemment confondue avec l'Eygues par le discours qui accompagne cette carte. Dans ce discours, la rivière est nommée l'Argence, prenant sa source où est celle de l'Eygues, qui peut-être autrefois a coulé naturellement par cette seconde branche. En supposant cependant qu'elle ne soit qu'artificielle, le canal de jonction est nécessaire pour un double objet ; d'abord, pour diviser les eaux de l'Eygues, qui inonderaient le territoire d'Orange, sans cette dérivation ; ensuite, pour augmenter la masse des eaux que la Meyne conduit à Orange, plus encore autrefois qu'à présent, que cette ville à beaucoup perdu de son ancienne splendeur. Arausio, c'est le nom qu'on lui donnait du temps d'Annibal, paraît avoir été la capitale des Cavares avant Avignon, et cette ville était le séjour d'une légion sous les Romains. Polybe ne dit pas que les montagnes, que j'affirme être le rocher de Montfaucon, forment, mais bordent un des côtés de l'île ; et c'est le côté que forme le Rhône. C'est ainsi du moins que dom Thuillier a cru devoir expliquer le texte de Polybe, qui, sans cela, aurait été contraire à celui de Tite-Live, où il ne paraît être question que d'une île véritable. D'après cette explication, rien n'est assurément plus clair, ni plus facile à comprendre.

Je crois avoir levé tous les doutes sur l'île de Polybe et de Tite-Live. Deux ponts à passer dans une même journée, sur deux rivières qui peuvent être considérées comme n'en faisant qu'une seule, et qui ont pour bassin un espace de trente lieues de longueur sur une assez grande largeur, qui ont conséquemment assez d'eau pour ne pouvoir être passées à pieds joints en cet endroit, comme cela a été dit par quelqu'un qui n'y a sans doute jamais été, ces deux ponts, dis-je, ont dû naturellement faire donner le nom d'île au terrain intermédiaire, par une armée qui mettait quatre jours à le traverser, et qui a pu s'exagérer sa grandeur. On ne doit pas être surpris que la possession en fut disputée par les Allobroges, qui autrefois, disait Strabon[12], en parlant d'un temps peu éloigné de celui de Tite-Live, faisaient la guerre avec des armées nombreuses.

M. R..., qui a fait la note de la Bibliothèque de Genève[13], convient que l'île des Allobroges de M. de Luc, la même que celle de Mandajors, n'a pas la forme du Delta d'Égypte, et il reconnaît que du temps de Polybe, la géographie était extrêmement imparfaite. Cette science, dit aussi M. de Luc[14], était alors bien éloignée de ce degré d'exactitude qu'elle a atteint de nos jours. Si, donc, M. de Luc est autorisé à n'admettre qu'en partie le texte de Polybe en cette occasion, il m'est permis d'en faire autant. Mon île, surtout dans la carte du comté Venaissin, faite par d'Anville en 1745, a la forme du Delta sans en avoir l'étendue ; et c'est ce qui a fait que Tite-Live, au temps duquel ce Delta des Celtes était beaucoup mieux connu, a eu soin d'observer que cette île ne renfermait qu'un territoire très-borné. Il a seulement ménagé Polybe, en ne le critiquant pas comme il aurait pu le faire, et cette attention pour un historien aussi respectable ne peut que lui faire honneur, sans rien diminuer de la force de son témoignage.

Je crois donc avoir encore ici concilié les deux auteurs sans lesquels il nous est impossible de faire un pas dans la carrière où je me suis engagé. Je crois surtout avoir étudié la marche d'Annibal, autant que la connaissance parfaite des lieux permettait de le faire. Je n'ai pas l'honneur d'être académicien d'Aix, où, je ne savais pas même qu'il y eût une académie. Je ne l'ai appris que très-récemment ; et je sais qu'elle a pour secrétaire perpétuel M. Gibelin, homme de lettres très-distingué[15], dont je m'honorerais d'être le collègue. Mais j'étais propriétaire du Lampourdier, sur la Meyne, avant M. le général Chabran ; je savais donc très-bien que la Meyne n'était pas l'Eygues ; mais je crois savoir de plus que la réunion de ces deux rivières remonte à la plus haute antiquité, ainsi que la ville d'Orange ; à laquelle cette réunion est absolument nécessaire, comme le prouve la seule inspection de la carte du Comté Venaissin, gravée par d'Anville en juillet 1745, et où il a compris les diocèses d'Avignon, Carpentras, Vaison, Cavaillon, Orange et Saint-Paul-Trois-Châteaux ; elle est très-bien faite. L'île d'Annibal y est parfaitement dessinée, ainsi que l'ancien aqueduc d'Orange et son arc de triomphe. Soit que l'Eygues se joignît au Rhône plus au nord ; dans le temps qu'elle a été dessinée, soit qu'elle soit plus exacte que la carte de Cassini, sa forme est absolument celle d'un Delta dont la base a 2.500 toises, et la hauteur 6.000. On sent que les embouchures d'un torrent peuvent avoir changé de direction dans l'espace de plus de deux mille ans qui se sont écoulés depuis l'expédition d'Annibal. A une telle distance, ce que j'ai dit me parait suffisant pour démontrer l'existence et la situation de l'île, ou Delta, dont je vais chercher quels furent les habitants.

 

 

 



[1] C'est ainsi qu'écrit la belle édition de Tite-Live, imprimée à Paris, en 1573, dans le texte comme dans les notes faites par Charles Sigonius et Joannes Saxonius Hatstedii, sur des éditions plus anciennes. Ces deux commentateurs sont placés, savoir : Jean le Saxon, sous l'an 1547, et Sigonius sous l'an 1550, dans l'Onomasticon de Saxius.

[2] C'est ainsi qu'écrit Strabon, t. I, p. 283, de l'édition d'Amsterdam, 1707.

[3] Strabon, t. I, p. 283, 283 et 312.

[4] Strabon, t. I, p. 317.

[5] Descripciuncula Avenionis et comitatus venascini, Lugduni, 1658, p. 6 de la Préface. Bicarus, Eygues.

[6] Descripciuncula Avenionis et comitatus venascini, p. X du texte, et 9 de l'ouvrage entier.

[7] Originum, libri XV, cap. 1, dans les Auctores linguœ latinœ. Genevœ, 1622, page 1189, ligne 48 et suivantes.

[8] Auctores linguœ latinœ, p 1041. Orig. lib. IX, c. 2.

[9] Voyez le n° 121 de cette carte.

[10] Hist. du Passage des Alpes, p. 87.

[11] Antiquités de Vaucluse, p. 134.

[12] Livre IV, X, p. 28 du tome 2 de la traduction française.

[13] P. 149.

[14] Hist. du Passage des Alpes, p. 88.

[15] Voyez son article, dans la Biographie des Hommes vivants, publiée par M. Michaud, tome 3, page 263.