DISSERTATION SUR LA MARCHE D'ANNIBAL DEPUIS NÎMES JUSQU'À TURIN

 

L'AN 218 AVANT NOTRE ÈRE

PRÉFACE.

 

 

On verra par la date de cette Dissertation, terminée le 18 février 1819, que je ne me me suis pas pressé de d'imprimer. J'ai attendu, pour la publier, que les partisans des opinions contraires à la mienne, eussent épuisé ce qu'ils avaient à dire sur cette matière ; et tout ce que j'ai lu n'a fait que me confirmer dans celle que j'avais adoptée.

L'expédition d'Annibal était trop importante pour que ceux qui en avaient été les témoins n'en eussent pas transmis les détails à la postérité. Nous connaissons les noms de cinq historiens contemporains qui avaient pris ce soin avant Polybe.

1°. Fabius Pictor, déjà avancé en âge lors du commencement de la seconde guerre punique, dont il n'a pas bien connu la cause, ainsi que le lui reproche Polybe, qui l'accuse à cette occasion d'être peu judicieux[1]. On sait que la seconde guerre punique est celle qui fut entreprise par Annibal.

2°. Silénus que Cornélius Nepos nomme dans sa Vie d'Annibal[2], et Cicéron dans son Traité de la Divination[3]. Une autre édition de Cornélius Nepos[4] désigne cet écrivain par le nom de Philinus dans le texte, et par celui de Philænius dans la traduction française. Il est vrai que Polybe cite Philinus I, 14 et 15, et III, 26 ; mais seulement sur la première guerre punique du tems de laquelle cet auteur avait vécu. Diodore de Sicile en parle deux fois. Il était né à Agrigente, et conséquemment Sicilien. Voyez le Polybe de Schweighæuser, tome 5, page 182. Cet historien n'a pu parler d'Annibal auquel il était antérieur, et il est clair que Cornélius Nepos parle ici de Silénus, en sorte que l'édition de Barbou est fautive à cet égard.

3°. Le lacédémonien Sosilus, qui est nommé par Cornélius Nepos, au même endroit, et qui avait enseigné le grec à Annibal. On observera que Cornélius Nepos dit que plusieurs écrivains avaient travaillé à l'histoire des guerres de ce général, mais que Silénus et Sosilus étaient les principaux.

4°. Lucius Cincius Alimentus, préteur en Sicile, l'an 152 avant notre ère, longtemps après avoir été fait prisonnier dans sa jeunesse par les troupes d'Annibal. Il est souvent cité par Tite-Live. Arnobe et Aulu-Gelle parlent aussi de lui[5].

5°. Lucius Cœlius Antipater, écrivain estimé des anciens, le premier, dit Cicéron[6], qui, abandonnant la sécheresse des anciens et s'élevant au-dessus de leur simplicité rampante, donna un plus beau son de voix à l'histoire. Contemporain des Gracques, il vécut encore plusieurs années après. Il avait écrit l'histoire de la seconde guerre punique, et l'avait dédiée à Lélius[7]. Cicéron lui reproche de ne pas assez bien arrondir ses périodes. Il a mérité d'être cité plusieurs fois par Tite-Live[8], dans sa troisième Décade, où cet habile historien s'appuie de son témoignage. Cicéron nous apprend qu'Antipater avait quelquefois traduit le grec de Silénus[9], et le cite aussi en plusieurs occasions[10]. L'empereur Adrien préférait Antipater à Salluste, probablement par la raison qui lui faisait préférer Ennius à Virgile, et parce que ce prince avait un goût assez bizarre pour le vieux langage. Riccoboni a publié, en 1568, des fragments d'Antipater, qui furent réimprimés avec des fragments d'autres historiens, par Antoine Augustin, à Anvers, en 1695, et enfin par Ausonius Popma ; et cette dernière collection, qui est la plus ample, se trouve à la suite du Salluste dans plusieurs éditions, entr'autres dans celle donnée par Havercamp, Amsterdam, 1742, 2 volumes in-4°[11].

Je ne parlerai pas ici de Polybe, Trogue Pompée, Cornélius Nepos, et Tite-Live, qui sont suffisamment connus. Mais les ouvrages modernes que l'on peut consulter à ce sujet, sont :

1. La Vie d'Annibal, par Donat Acciaiuoli, imprimée avec les Vies des hommes illustres, par Plutarque.

2. La totale et vraie description de tous les passages, lieux et détroits, par lesquels on peut passer et errer des Gaules ès Italie, et signamment par où passèrent Hannibal, Julius César, et les très-chrétiens, magnanimes, et très-puissants rois de France Charlemagne, Charles VII, Louis XII, et le très-illustre roi François, à présent régnant, premier de ce nom.

Item, plus est contenu le nombre et titres des cardinaux et patriarches ; l'ordre et les noms des archevêchés, et évêchés étant en l'universel monde.

Item, les archevêchés : évêchés : abbayes : et autres bénéfices réservés au Saint-Siège apostolique ; avec la taxe ordinaire, étant au royaume et seigneuries de la couronne de France.

On vend lesdits livres à Paris, à la rue Saint-Jacques, près Saint-Yves, à l'enseigne de la Croix de bois : en la maison de Toussaint Denys, libraire. Cum privilegio.

28 feuillets de deux pages chacun, in-4°. Il doit y avoir des cartes après les feuillets 4 et 13, pour le passage des Alpes et l'Italie. Mais il n'y en a point dans l'exemplaire que j'ai vu.

Sans désignation de feuillets, est placé à la fin : Taxatio episcopatuum et aliorum beneficiorum, aussi imprimée à Paris, en 1515, aux frais de Toussaint Denys, sans numéros de pages.

Le passage désigné au feuillet 11, comme celui d'Hannibal, est par le val de Tarentaise, en Savoie, et le mont Jouvet, d'où l'on descend dans la vallée d'Aoste. On passe ensuite à Ivrée et à Verceil, d'où l'on entre dans le duché de Milan. L'auteur convient cependant que plusieurs historiographes disent qu'Hannibal passa par le mont de Genèvre, en Briançonnais, qu'il dit être le meilleur et le plus aisé passage pour la conduite de l'artillerie, ajoutant même que de tous les autres, il n'y a que celui-là par lequel on puisse la faire passer. Il désigne cependant dix passages différents, dont plusieurs sont même subdivisés en d'autres. On peut donc regarder cet ancien auteur comme favorable à l'opinion qui fait passer Annibal par le mont Genèvre.

3. 1664. Honoré Bouche, histoire de Provence, in-folio, tome I, p. 396 et suivantes. Du passage d'Annibal dans les Gaules. Il lui fait traverser le Rhône entre Avignon et Orange ; et il prend pour le Delta de Polybe la jonction de l'Isère et du Rhône dans le Valentinois.

4. 1664. Petr. Labbe, S. J. Dissertatio de itinere Annibalis, cum epistola historica de Lugduno, Lyon, 1664, in-4°, cité par Fontette, n° 163.

5. Cl. Menestrier, jésuite. Du passage d'Annibal. Dans son livre intitulé : Les divers Caractères des ouvrages historiques, etc. Lyon, 1694, in-12°, pages 388-427 ; et à la tête de son

6. Histoire civile et consulaire de Lyon, 1696, in-folio.

Il fait passer Annibal par Lyon, Gex, le Valais et le grand Saint-Bernard. Pour justifier le nom d'Insula donné au confluent de la Saône et du Rhône, il cite un ancien cartulaire qui parle d'un canal unissant jadis ces deux rivières, et il entre là-dessus dans un grand détail.

7. Idem. Lettre sur le même sujet, dans le Journal des Savants, septembre 1697, pages 400-406 ; et

8. A la tête des Statuts de Bresse, par Collet, 1698, in-folio. L'auteur cherche à y prouver que Tite-Live se contredit dans sa relation, et qu'on ne doit s'attacher qu'à celle de Polybe.

9. Dom Joseph Vaissette, Histoire générale de Languedoc, Paris, 1730-43, 5 vol. in-folio. On y trouve, tome Ier, note 5, une Dissertation sur l'endroit où Annibal passa le Rhône.

10. Mandajors. Sur le camp d'Annibal au bord du Rhône, Académie des Inscriptions, in-4°, III, H. 99.

11. Idem. Nouvel Examen de la route d'Annibal entre le Rhône et les Alpes. Ibid. V. H. 198.

J'ai rapporté et discuté cette opinion dans un ouvrage dont je donnerai le titre ci-après, au n° 24.

12. Troisième Mémoire de Mandajors au sujet de la route d'Annibal, dans l'Histoire de la Gaule Narbonnaise, Paris, 1733, in-12°. L'auteur s'y fâche presque contre Tite-Live, avec qui il ne peut se mettre d'accord, en faisant remonter Annibal jusqu'à l'Isère.

13. Commentaires du chevalier Folard sur Polybe, avec la traduction de dom Thuillier. Il y adopte l'opinion de Mandajors. L'abrégé de ces commentaires parut en 1754.

14. Panégyrique de la ville d'Arles, par le père Fabre, de Tarascon, grand-carme, 1743, in-8°. Voyez-en l'extrait dans le Journal des Savants de 1744, page s 567 et suivantes. L'auteur prétend dissiper toutes les contradictions des historiens et des commentateurs, à ce sujet, en distinguant le point où l'armée carthaginoise arriva au Rhône, de celui où elle passa ce fleuve.

15. Histoire de la guerre des Alpes, ou campagne de 1744, par les armées combinées d'Espagne et de France, commandées par S. A. R. l'infant don Philippe, et S. A. S. le prince de Conti, où l'on a joint l'histoire de Coni, depuis sa fondation, en 1120, jusqu'à présent. Par M. le marquis de Saint-Simon, aide-de-camp de S. A. S. le prince de Conti. A Amsterdam, chez Marc Michel Rey. 1770, in-4°.

On trouve dans cet ouvrage plusieurs cartes curieuses. L'auteur y traite du passage des Alpes par Annibal. Il ne le fait point passer à Briançon, mais à Barcelonnette et au pied du Mont-Viso. Annibal traverse ainsi la Durance, comme le dit Tite-Live, ce qu'il ne ferait pas s'il passait par Briançon, comme on le voit par la carte dessinée par d'Anville, dans le système de Mandajors. Car on peut dire que ce n'est pas traverser une rivière, que de la traverser à sa naissance, lorsque son cours n'est pas formé.

16, Grosley, nouveaux Mémoires sur l'Italie, par deux gentilshommes suédois. (Journal des Savants, 1766, octobre, page 145). Il est pour le Mont-Cenis.

17. Œuvres diverses de M. Abauzit, contenant ses écrits d'antiquité, de critique et de géographie, tome second. A Amsterdam, chez E. Van Harrevelt, 1773. On y trouve, page 151, une

Dissertation sur le passage des Alpes par Annibal, selon Tite-Live. Cet ouvrage est court, et a le mérite de renfermer beaucoup de choses en peu de mots. Il veut faire passer les Alpes par Annibal au Mont-Cenis, et ne s'en occupe que parce qu'il n'avait pas trouvé Tite-Live bien expliqué avant lui. Mais il ne paraît pas même avoir connu les trois dissertations de Mandajors. Il parle, p. 163, de l'opinion de Cœlius Antipater qui fait passer Annibal par le Cremonis jugum, c'est-à-dire, selon lui, le petit Saint-Bernard, et ajoute que cette explication pourrait s'accorder avec l'opinion commune. Mais il n'a point distingué le passage d'Asdrubal de celui d'Annibal.

18. Itinéraire des routes les plus fréquentées, sixième édition, par L. Dutens. Paris, 1788, in-12°.

L'auteur, page 274, a fait graver le lieu de la bataille de Trasimène. Il distingue la route de Polybe et celle de Tite-Live. Il est d'accord avec le chevalier Folard, en disant que dans toutes les Alpes, il n'y a qu'une seule montagne, près le col de Fenestrelles, d'où l'on puisse montrer à une armée la plaine de Lombardie. C'est celle que l'on voit sur ma carte auprès d'Ocelum.

19. Essais historiques sur le mont Saint-Bernard, par Chrétien de Loges, docteur de Montpellier, 1789, in-12°.

Il est pour le grand Saint-Bernard, et critique vivement Tite-Live.

20. Denina, Essai sur l'Histoire des Alpes, et les chemins qu'y ont fait Annibal, Pompée et César : dans les Mémoires de Berlin, 1790-92. Mém., page 465,

21. Whithaker[12], The course of Hannibal oper the Alps ascertained. Londres, 1794, 2 vol. in-8°.

Un savant anglais (sir Roger Newdigate), qui avait franchi deux fois les Alpes, ayant lu l'explication que le docteur Withaker donne du passage d'Annibal à travers ces montagnes, a cru reconnaître évidemment que le système de cet auteur était inadmissible sur quelques points de la route prétendue du héros carthaginois, particulièrement lorsqu'il le conduit de Lion à Genève. L'explication de Newdigate, à ce sujet, conduit Annibal de Lyon à Seissel, en remontant le Rhône ; de là, par Martigny, au grand Saint-Bernard, et dans le val d'Aoste ; il avait dessiné les vues de cette route dans ses voyages. Il est mort en 1806. Il est évident que les deux auteurs anglais ont fait la même faute que M. de Luc. Ils ont donné pour la route d'Annibal celle qu'a suivie ou pu suivre Asdrubal.

22. Villars, Mémoire envoyé à l'Institut : Notice des travaux de la Classe de littérature, lue le 15 vendémiaire an 10 (Mémoires des Sociétés savantes, II, 66.)

23. Saussure a écrit sur le même sujet. (Voyage aux Alpes.)

24. Antiquités et Monuments du département de Vaucluse. Paris et Avignon, 1808, in-12°.

J'ai rapporté en entier dans cet ouvrage, page 100 et suivantes, les passages de Polybe et de Tite-Live sur l'expédition d'Annibal, ainsi que les deux premiers Mémoires de Mandajors.

25. Histoire des campagnes d'Annibal en Italie pendant la deuxième guerre punique, suivie d'un abrégé de la Tactique des Romains et des Grecs, et enrichie de plans et de cartes topographiques tirées des matériaux les plus exacts qui existent sur l'Italie, par Frédéric Guillaume, général de Brigade. A Milan, de l'imprimerie royale, 3 volumes in-4°, et un Atlas, 1812.

Il est singulier que l'éditeur de cet ouvrage n'ait pas connu le nom de l'auteur, qui est M. Guillaume de Vaudoncourt.

26. De Rivaz. Mémoire pour prouver que le passage d'Annibal a eu lieu au grand Saint-Bernard. (Moniteur du 30 décembre 1813).

27. Mémoires bibliographiques et littéraires. — par Ant. Fr. Delandine, à Lyon — in-8°, p. 126.

De quel côté Annibal parvient-il des Gaules en Italie ?

L'auteur soutient dans cette courte dissertation contre son collègue de l'académie de Lyon, M. Guerre, avocat, qu'Annibal, après avoir passé le Rhône, a remonté ce fleuve jusqu'à Lyon, opinion absurde, puisqu'il a fait ce trajet tout au plus en quatre journées avec cinquante mille hommes, neuf mille chevaux et trente-sept éléphants, ce qui serait impossible, vu la distance et le passage des rivières.

28. Histoire du passage des Alpes par Annibal, dans laquelle on détermine d'une manière précise la route de ce général, depuis Carthagène jusqu'au Tésin, d'après la narration de Polybe, comparée aux recherches faites sur les lieux ; suivie d'un examen critique de l'opinion de Tite-Live et de celles de quelques auteurs modernes ; par J. A. de Luc, fils de feu G. A. de Luc, membre de la société de physique et d'histoire naturelle de Genève, et de la société historique des sciences naturelles. Avec une carte. Genève, J.-J. Paschoud, imprimeur-libraire. Paris, même maison de commerce, rue Mazarine, n° 22. 1818, in-8°.

M'étant fort longtemps occupé du passage des Alpes par Annibal, et ayant imprimé sur ce sujet une dissertation fort étendue[13], j'ai lu avec beaucoup d'attention et d'intérêt l'ouvrage dont il est question, qui est écrit avec clarté et avec méthode. Je ne dissimulerai pas que mes préventions étaient entièrement contraires à l'auteur. La seule lecture de son titre où il suppose qu'un historien qui parlait à une nation qui avait fait cent ans la guerre dans les Gaules, qu'elle avait conquises, avait commis une erreur très-grave ; la seule inspection de la carte qui suffit pour faire voir qu'un général aussi instruit qu'Annibal n'a pu s'écarter fort inutilement de cent cinquante lieues pour se rendre au point auquel il voulait arriver, suffisaient pour motiver ce sentiment. Lorsque j'ai vu cependant M. de Luc fortifier par de nouvelles preuves l'opinion que j'avais énoncée sur le lieu où Annibal a passé le Rhône, je me suis félicité de m'être trouvé d'accord avec un auteur qui avait suivi une marche si différente de la mienne, et qui ne parait pas avoir eu la moindre connaissance de mon ouvrage ; mais quand je l'ai vu ensuite adopter l'erreur qu'avait commise d'Anville, alors fort jeune, en formant une prétendue île des Allobroges qui n'a jamais existé, tandis que j'avais montré à cet habile géographe, dans sa carte du comté Vénaissin, cette même île telle qu'elle était décrite par Polybe et par Tite-Live, je me suis vu réduit à ne pouvoir prendre confiance dans cette longue route que parcourt M. de Luc avec tant d'assurance le compas à la main. Polybe ne nomme pas les lieux ; parce que les noms n'étaient pas connus de son temps ; mais ils l'étaient quand Tite-Live a écrit ; et si ce dernier avait différé de cent cinquante lieues sur la longueur du voyage d'Annibal, il aurait du moins pris la peine de citer l'autorité qu'il préférait à celle de Polybe. Les Alpes que ce dernier a visitées ne peuvent être que la route du Mont-Genèvre, seule fréquentée de son temps ; c'est la seule qu'il ait pu avoir en vue, et Tite-Live n'a fait que le commenter. M. de Luc reconnaît, page 283, qu'encore du temps de Strabon, la voie romaine passait par le Mont-Genèvre, et Strabon lui-même, dit, en citant Polybe, qu'Annibal a suivi cette route. Les modernes peuvent avoir différé d'opinion sur ce sujet ; ils ne sont que trop portés à disputer sur les faits de l'antiquité les mieux constatés ; mais les anciens ne peuvent qu'avoir été tous d'accord sur le passage d'Annibal, et c'est ce que personne ne prouvera mieux que M. de Luc, s'il veut étudier ce fait en écartant l'opinion d'un Anglais beaucoup moins instruit que lui, qui est celle qu'il a bien voulu se charger de soutenir.

29. Annales encyclopédiques rédigées par A. L. Millin, membre de l'Institut dans l'académie royale des Belles-Lettres, chevalier de l'ordre royal de la légion d'honneur, conservateur des médailles, des pierres gravées et des antiques de la bibliothèque du Roi, professeur d'archéologie des académies impériales de Moscou, de Wilna, de Corfou ; des curieux de la nature à Erlang ; des académies royales de Dublin, de Munich, de Turin, de Goëttingue, de Berlin, de Naples et de Lucques ; des sociétés linnéenne de Londres, minéralogique d'Iéna, des sciences physiques de Zurich, pontanienne et d'encouragement de Naples ; d'agriculture de Troja ; des beaux-arts, columbaire, et de celle d'agriculture de Florence ; de celle de Pistoja et du val d'Arno ; de celles des antiquités de Copenhague, d'archéologie de Rome ; de celles de Lyon, Rouen, Abbeville, Boulogne, Poitiers, Niort, Nîmes, Marseille, Avignon, Alençon, Caen, Grenoble, Colmar, Nancy, Gap, Strasbourg, Mayence, Trêves, Francfort, Nantes, Soissons, Lille, Evreux et Mâcon. Année 1818, tome IV, à Paris, in-8°, n° 12.

C'est page 148 de ce volume, que M. Millin a inséré le jugement que j'ai porté sur l'ouvrage de M. de Luc.

30. Bibliothèque universelle des sciences, belles-lettres et arts, faisant suite à la bibliothèque britannique, rédigée à Genève par les auteurs de ce dernier recueil, tome huitième, troisième année, littér. — A Genève, de l'imprimerie de la Bibliothèque universelle, in-8°, n° de juin 1818.

C'est à la page 187 de la partie littéraire que l'on trouve un premier article de l'extrait de l'ouvrage de M. de Luc (n° 28). Il est naturel que l'auteur ayant écrit à Genève, où s'imprime ce journal, on y ait été un peu indulgent pour lui. Cependant il est difficile de comprendre comment MM. les rédacteurs qui ont fait, p. 149 et p. 150, deux notes sur un mémoire qui leur était vraisemblablement envoyé, n'ont pas été plus favorables à Tite-Live qu'ils ont sacrifié à Polybe, au lieu de concilier ces deux auteurs, comme je l'ai fait. Je réponds au reste d'une manière détaillée dans la Dissertation qu'on va lire, aux raisonnements contenus dans cet article.

31. Annales des faits militaires, faisant suite aux Victoires et Conquêtes des Français, de 1792 à 1815 ; par MM. Barbié-Dubocage, Bardin, Beauvais, Bernhard, Berton, Cadet de Gassicourt, Calmet-Beauvoisin, Carrion-Nisas, Esménard, Fournier, Gail, Goujon, Guingret, Jullien, Langlès, Laurent, Millin, Parisot, Percy, Saint-Aubin, Thiébault, Vaidy, Viennet. — Tome premier, Paris, C. L. F. Panckoucke, éditeur. — 1818, sixième, septième et huitième cahier.

C'est dans ces trois derniers cahiers que se trouve un mémoire auquel j'ai répondu dans le douzième cahier de ce même journal, décembre 1818.

32. Nouveau Dictionnaire français, par M. le comte de F. - P., auteur de l'Examen de trois ouvrages sur la Russie, des Conversations entre deux Gobemouches, etc. 1818, in-8°.

J'ai fourni pour cet ouvrage l'article Passage des rivières et des montagnes, que j'ai fait tirer à part avec des additions et des corrections. C'est la première édition de la Dissertation qui est publiée de nouveau ici.

33. Recherches sur la géographie ancienne et les antiquités du département des Basses-Alpes ; par D. J. M. Henry. A Forcalquier, chez Henri Gaudibert, imprimeur, 1818. 248 pages in-8°, avec un errata et cinq planches gravées.

On trouve dans ce volume, p. 39, une tradition curieuse qui s'accorde avec ma manière de tracer la route d'Annibal, que l'auteur n'a cependant pas connue. Aussi cette tradition lui paraît-elle suspecte. C'est qu'un général romain fut envoyé sur la route de Sisteron à Gap, pour s'opposer au passage d'Annibal.

34. Journal des Savants, janvier 1819, A Paris, de l'imprimerie royale, in-4°.

On y trouvera, p. 12, un article où M. Letronne achève de renverser le système de M. de Luc sur le passage d'Annibal ; mais au lieu d'adopter le mien, il en imagine un nouveau par lequel il fait marcher ce général carthaginois avec son armée dans une route où ni Annibal ni aucune armée n'a jamais pu passer. La carte qu'il a fait graver pour cet objet est en tête du numéro de février.

35. Journal des débats politiques et littéraires, in-folio. Paris, imprimerie de Le Normant. N° du Dimanche, 13 février 1820.

Dans cette feuille, M. Hofmann, en parlant du nouveau Dictionnaire français (n° 32), y distingue mon article sur le passage d'Annibal, dont il parle avantageusement.

36. Dissertation sur le passage des rivières et des montagnes ; et particulièrement sur le passage du Rhône et des Alpes par Annibal, l'an 218 avant l'ère chrétienne ; seconde édition, accompagnée d'une carte qui représente la marche d'Annibal, depuis Nîmes jusqu'à Turin. A Paris, chez Treuttel et Würtz, libraires, avril 1819. in-8°.

37. Journal de Savoie, feuille politique, religieuse, littéraire, et contenant ce qui intéresse l'agriculture et les arts. Vendredi, 27 août 1819 (n° 35), IV année. Chambéry, in-8°.

On trouve page 13 de cette feuille l'annonce d'un livre de M. J.-J. Roche, ancien secrétaire de l'Intendance, directeur des salines de Moutiers, où l'on trouve quelques observations sur le passage d'Annibal, lorsqu'il pénétra en Italie. Cet ouvrage est intitulé : Notices historiques sur les anciens Centrons. C'est dans le chapitre 6, qu'en adoptant sur quelques points le système de M. de Luc, il s'en écarte sur d'autres. Il pense, par exemple, que la ville prise par Annibal à l'entrée des Alpes, n'est pas Chambéry, mais Darentasia. Ce n'est pas plus l'une que l'autre, et la lecture attentive de Tite-Live fait voir que cette ville est Gap, ainsi que je crois l'avoir prouvé dans cette Dissertation.

38. Bibliothèque universelle des sciences, belles-lettres et arts, faisant suite à la Bibliothèque britannique, rédigée à Genève par les auteurs de ce dernier recueil, tome douzième, quatrième année, littér. A Genève, in-8°. N° de novembre 1819.

Je suis cité par M. de Luc, p. 276 de ce journal, dans sa réponse à M. Roche, qui veut aussi qu'Annibal ait passé les Alpes au petit Saint-Bernard, malgré Strabon, Tite-Live et Polybe lui-même, mais qui n'est pas d'accord avec M. de Luc sur les détails de cette marche : ce qui n'est pas étonnant dans une opinion purement hypothétique. Il y a ensuite un précis de deux voyageurs anglais favorables à M. de Luc, et condamnant Tite-Live sur ses exagérations, comme si le nom de la Durance, Druentia, écrit par cet historien, pouvait être considéré comme une exagération. M. de Luc, p. 281, promet une seconde édition de son ouvrage sur ce sujet. Il aura bien des rectifications à y faire. La plus importante et la plus nécessaire sera de distinguer le passage d'Asdrubal de celui d'Annibal. Ce dernier a certainement eu lieu par le Mont-Genèvre ; l'autre peut très-bien s'être fait par le petit Saint-Bernard.

39. Passage d'Annibal sur les Alpes, avec une carte, dans le Morgenblatt de février 1820, Stuttgard, Cotta, in-4°.

Je ne me flatte nullement d'être parvenu à connaître tout ce qui a été publié sur le sujet dont je m'occupe ici : mais je crois pouvoir assurer que je n'ai rien négligé pour connaître la vérité et qu'elle seule a été mon guide.

 

Paris, 24 septembre 1821.

Le Comte de F..... d'U.....

 

 

 

 



[1] III, 8 et 9 dans l'édition de Schweighæuser, Lipsiæ, 1789, t. 3, p. 402. C'est le chapitre 2 dans la traduction de dom Thuillier.

[2] Chap. 13, suivant l'édition revue par Augustin Van Staveren, Misenœ, 1791.

[3] I, 24, selon l'édition citée par Van Staveren, et I, 49, selon la mienne, Genevœ, 1660, t. 2, p. 361.

[4] Celle de Barbou, 1771, p. 508.

[5] Voyez la Biographie universelle, t. 8, p. 566, art. Cincius.

[6] De Oratore, lib. 2, n° 54. qui ex jejunitate veterum et serpente humi simplicitate, paululum se erexit et addidit historiœ majorem sonum vocis.

[7] Orator, n° 227, p. 366 de la traduction française, Paris, 1768.

[8] XXI, 38, et ailleurs.

[9] De Divinatione, I, 49.

[10] De Divinatione, I, 48, 55, 56, dans les Ciceronis opera, Genevœ, 1660, t. 4, p. 361 et 362.

[11] Biographie universelle, t. 2, p. 263, article Antipater.

[12] Cité par Struve, Bibl. hist., édit de Meusel, XI, 1, 19. Voyez aussi l'article NEWDIGATE, dans Chalmers, Biograph. Dictionary, tome 23.

[13] Voir ci-dessus, n° 24.