Rome (de 754 à 63 av. J.-C.)

 

CHAPITRE XXIII

 

 

DE 121 A 110 Av. J.-C. - Inquiétude des Grands. - Scandales. - Le Royaume des Numides. - Micipsa, Adherbal et Hiempsal. - Jugurtha. - Guerre de Numidie. - La corruption romaine. - Cécilius Metellus. - Les Gétules. - Marius. - Bocchus. - Rome triomphante. - La nouvelle Province. - Aix et Narbonne.

 

PENDANT quinze années, les patriciens ne songèrent qu’à détruire l’ouvre des Gracques. Ils n’osèrent pas s’attaquer à la loi agraire, mais s’appliquèrent à en annuler les effets. Ils admirent que les lots distribués cesseraient d’être inaliénables, qu’on pourrait les vendre, et que les nouveaux propriétaires ne jouiraient de leur possession, de leur bien, qu’à la condition de payer une redevance au profit du peuple, de ceux qui n’auraient rien reçu, destination qui ne permettait pas de critique. Assez rapidement, ainsi, ruinés par des emprunts à usure, ou tentés par les prix d’achat offerts, les favorisés des Gracchus se dessaisirent, les terres revinrent à la noblesse, la loi agraire disparut.

Quelques satisfactions données au peuple, de temps en temps, servaient à maintenir l’influence de la noblesse ; par exemple, la dégradation de 32 sénateurs (116) ; une loi somptuaire contre les droits politiques des affranchis (115). La guerre de Numidie allait précisément fournir au Sénat des occasions de sévir, des scandales inouïs soulevant l’indignation.

Rome, pourtant bien corrompue déjà, allait recevoir des Africains de la Numidie des leçons nouvelles, bien extraordinaires. La disparition de Carthage avait accru et enrichi le royaume des Numides. Les Africains, que Rome considérait à peine comme des hommes, parce qu’ils portaient leurs anneaux à leurs oreilles, obéissaient à Micipsa, fils de Massinissa. Ce monarque élevait un neveu, Jugurtha, que les Romains connaissaient pour avoir apprécié sa bravoure devant Numance. Les Numides admiraient en Jugurtha les qualités de leur race, un mélange redoutable de ruse et d’audace, une infatigable souplesse de corps et d’esprit.

Après la destruction de Carthage, le Nord de l’Afrique avait été divisé. Le royaume de Mauritanie (Maroc) à l’ouest ; au milieu, le royaume de Numidie (Algérie) allait de Mulucha (Malouya) au Tusca (Zaïre) ; derrière la Tusca, la province romaine, l’ancienne Zeutigane (Tunisie), enveloppée des possessions que Massinissa avait laissées à ses successeurs, les rois numides, conquêtes dues à des empiétements sur les Carthaginois, et que le Sénat avait tolérées, dans l’ignorance où il était de ce qui se passait en Afrique.

Massinissa et ses successeurs n’avaient cessé d’organiser, de civiliser le Royaume, en assujettissant les Nomades, en encourageant l’agriculture, en bâtissant des villes, en empruntant aux Romains, avec beaucoup d’intelligence, bien imprudemment toutefois, des institutions régulières. Imprudemment en effet, car lorsque les Romains virent une Numidie organisée, ils ne songèrent qu’à la prendre.

A la mort de Massinissa, Scipion Émilien, fidèle à la politique sénatoriale, avait partagé le royaume de Numidie entre les trois fils du prince. Une fin prématurée des deux fils aînés laissa le royaume entier au plus jeune, Micipsa, que les inscriptions signalent comme roi des Massyliens, le Glorieux, le Dominateur de pays nombreux, le Roi, le Bon.

Mikipsa, ou Micipsa, régnant, préparait déjà la division exacte de son héritage entre ses deux fils Adherbal et Hiempsal. Il avait en même temps auprès de lui son neveu Jugurtha, qui semblait avoir hérité de l’indomptable courage et de l’ambition peu scrupuleuse de son aïeul. Le roi crut délivrer ses fils, ses héritiers, de ce compétiteur, en l’envoyant guerroyer en Espagne, au secours de Scipion assiégeant Numance. Au contraire, Jugurtha revint d’Espagne en Numidie avec le prestige de la faveur de Scipion, et Micipsa, décidément peu sage, adopta son neveu, décidant qu’à sa mort le royaume de Numidie appartiendrait à Adherbal, Hiempsal et Jugurtha, régnant conjointement.

A la mort de Micipsa (118), Jugurtha fit égorger Hiempsal et poursuivit Adherbal. Ce dernier eut le temps de se réfugier dans la Province romaine (117) ; il partit ensuite pour aller plaider sa cause devant le Sénat. Les sénateurs dirent que dix commissaires se rendraient en Numidie, pour y procéder au partage du royaume entre les deux princes. Or Jugurtha s’était assuré du chef de l’ambassade, Opimius, qui lui avait vendu sa décision. L’or numide paya successivement tous les commissaires. Jugurtha obtint la meilleure part, ce qui d’ailleurs ne devait pas lui suffire. Il accusa faussement Adherbal d’une conspiration, et à la plainte indignée de celui-ci, il riposta par une déclaration de guerre, entamant aussitôt les hostilités sous les murs de Cirta (Constantine).

A Rome, des sénateurs proposèrent l’envoi immédiat d’une armée en Numidie. Les amis de Jugurtha obtinrent qu’on essayât d’abord d’une ambassade, d’une députation. Æmilius Scaurus et ses collègues, partis, revinrent (117-112) dupés ou achetés, avec des promesses, tandis qu’Adherbal, vaincu, était supplicié avec les Latins qui l’avaient défendu. Cette fois ce fut le peuple, à Rome, qui imposa l’expédition d’une armée en Afrique. Calpurnius Pison (Calpurnius Bestia), envoyé, vendit la paix à Jugurtha. Le peuple vota le décret par lequel le tribun Memmius ordonnait au roi de Numidie de venir se défendre en personne au forum.

Jugurtha obéit. Il comparut. Memmius formula l’accusation. L’autre tribun, Bœbius, acheté par Jugurtha, usant de ses pouvoirs légaux, défendit au roi de répondre. Un incident imprévu vint distraire le peuple de cette comédie, détourner sa curiosité, peut-être sa fureur : Un compétiteur au trône des Numides, qui était à Rome, fut trouvé mort, assassiné. Le Sénat fit aussitôt signifier à Jugurtha de quitter Rome, et Jugurtha partit, lentement, librement, ayant mesuré toute l’étendue de la corruption romaine.

Albinus, choisi pour aller combattre Jugurtha en Afrique (111), revint, son temps de commandement fini, sans avoir rien tenté. Aulus, frère d’Albinus, envoyé à son tour (110), se vendit, assista à l’humiliation de l’armée passant sous le joug. A la suite de cette honte, après une enquête ordonnée par un tribun, quatre consulaires et un pontife frirent condamnés.

Il semblait, à ce moment, que la guerre de Numidie devait servir à l’enrichissement des généraux ; et les Romains ne s’en préoccupaient pas autrement, lorsque du nord de l’Italie arriva la nouvelle d’une invasion de Cimbres. Effrayés du danger, peuple et patriciens s’accordèrent alors pour porter au consulat un général probe et habile, Cœcilius Metellus. Or Metellus, choisi pour arrêter les Cimbres, fut désigné par le sort comme gouverneur de la province d’Afrique.

En Afrique, Metellus s’occupa d’abord de discipliner l’armée, en proie au brigandage, à la lâcheté et à l’insubordination. Il prit Vacca (Baga) comme base d’opérations ; se mit à la recherche de Jugurtha, et l’ayant rencontré près de Muthul, le battit (109). Cette victoire produisit une telle impression, l’existence d’un général qui ne se laissait pas acheter par Jugurtha était chose si extraordinaire, que d’elles-mêmes des villes se donnèrent au vainqueur. Jugurtha se mit en défense, sérieusement, adoptant une tactique, renonçant aux batailles, tâchant d’épuiser la lourde infanterie romaine, en l’obligeant à de longues marches dans un pays difficile, sous un ciel accablant, en la harcelant de petits combats. La cavalerie numide devait surprendre et disperser les convois, enlever ou détruire les approvisionnements, troubler les sources, empêcher de vivre, simplement, l’armée de Metellus.

Très prudemment, méthodique, Metellus n’avançait qu’avec de grandes précautions. Toujours au premier rang, entouré d’une partie de sa cavalerie légère, de ses meilleurs archers et frondeurs, il menait les légions flanquées de cavaliers auxiliaires échelonnés, que commandaient les tribuns des soldats et les préfets des cohortes, et qui avaient l’ordre de repousser seulement les escadrons ennemis. A l’arrière-garde, se tenait le gros de la cavalerie, conduite par le lieutenant de Metellus, Marius. Cette marche en défensive serrée, donnait aux troupes une grande sécurité ; elle intimidait l’ennemi.

Successivement, Metellus mit une garnison romaine dans chacune des villes de la côte, et à Sicca, Vacca et Cirta. La Numidie massylienne étant en fait occupée, Jugurtha offrit la paix au général romain. Metellus, dissimulant son intention, négocie, traite, abuse de l’inquiétude réelle du roi de Numidie pour lui arracher des concessions, reçoit de lui d’abord 200.000 livres d’argent, puis ses éléphants, ses armes, des chevaux, tous les transfuges, et lorsque Jugurtha, dépouillé, croit s’être acquitté, Metellus le réclame lui-même. Jugurtha dupé, furieux, reprend la lutte.

Le lieutenant de Metellus, Marius, venait de quitter l’Afrique, de se rendre à Rome où ses amis lui répondaient de la faveur populaire. Élu consul, il se fit assigner la Numidie, la succession de son général. Et pour laisser à Rome une impression favorable à ses vues prochaines, il s’affirma comme l’adversaire résolu des Grands qui avaient méprisé sa naissance, disant que la bravoure était la véritable noblesse, dénonçant les vices d’une aristocratie qu’il fallait détester, combattre, frapper d’impuissance dans la cité, dans le gouvernement.

Aux prises avec la rage de Jugurtha, Metellus poursuivait ses victoires, furieusement cruel, lorsqu’il apprit la nomination et la popularité de son lieutenant, à Rome.

Citoyen d’Arpinum, soldat intrépide, « Italien rude et illettré », remarqué par Scipion pour son courage pendant le siège de Numance, très apprécié de Metellus qui l’avait protégé, qui l’avait soutenu et servi, Marius déconcertait ceux qui l’avaient vu en campagne, audacieux, ferme, fidèle, et qui le retrouvaient à Rome, au forum, presque timide, hésitant, irrésolu, traître. Tribun (119), Marius avait fait passer, malgré les patriciens, une loi contre la brigue, et il venait de rompre sans hésitation les liens de gratitude qui le liaient à Metellus.

Ce genre d’indépendance, et la haine des Grands, qu’il affichait, donnaient à Marius toute la plèbe. Il se crut un instant assez aimé du peuple, pour essayer de rassurer les patriciens, et il s’opposa à des distributions de blé. Cette erreur ne lui valut aucune sympathie parmi les nobles, mais lui coûta sa popularité. Il échoua deux fois aux élections pour l’édilité, n’arriva à la préture (117) que très difficilement, le dernier. Cette leçon lui fut très sensible ; il disparut presque, s’effaça pendant toute son année de charge, partit ensuite pour l’Espagne.

En Espagne (116) Marius se ressaisit. Ses campagnes contre les bandes qui tenaient le pays et la vigueur qu’il déploya contre le brigandage des habitants, lui firent comme une nouvelle réputation à Rome. Revenu, il réussit enfin à se faire apprécier des Grands et pénétra dans la noblesse en épousant la patricienne Julia. C’est alors que Metellus, généreux, avait emmené Marius en Afrique, en Numidie, comme son lieutenant. Or Marius, qu’une ambition toute spéciale maîtrisait, qui cherchait moins la gloire et les honneurs régulièrement décernés, que la jouissance d’une autorité personnelle conquise, imposée aux autres, ne compatissait pas aux souffrances du peuple, ne haïssait les Grands que parce qu’il souffrait de leur supériorité de fortune et d’éducation.

Traître et ingrat, infligeant à son protecteur Metellus la plus cruelle des humiliations, Marius hâta son départ pour l’Afrique, précisément parce que Metellus y remportait de nouvelles victoires. Pour la troisième fois, Metellus venait de disperser l’armée des Numides. Théla avait été prise. Jugurtha, poursuivi, s’était retiré dans le désert des Gétules, où il organisait une armée.

Bientôt, en effet, aux Numides, ce peuple perfide et léger que ne pouvaient enchaîner ni les bienfaits ni la crainte, succédèrent les Gétules, c’est-à-dire — sous le nom de Gétules, — un nouveau groupement d’hommes armés, des Barbares, à qui les Romains donnèrent des origines extraordinaires, dont ils racontèrent, en les imaginant, les légendes bizarres. Salluste fera concourir ce peuple farouche, grossier, qui se nourrissait de la chair des animaux sauvages, et comme les troupeaux, broutait l’herbe des champs, avec les Libyens, au peuplement de la première Carthage ?

Les Libyens, mélangés d’Arméniens et de Mèdes, s’étaient établis près de la mer ; les autres, les Gétules, avaient été plutôt dans l’intérieur. Ces derniers, suivis de Perses, s’étant étendus vers l’ouest, y avaient formé le groupe des Maures. Les Lydiens restés aux environs de Carthage, de plus en plus croisés de Phéniciens, avaient perdu leurs qualités, pendant que les Gétules, demeurés purs, forcés de vivre durement, avaient acquis au contraire une grande force.

S’étant donc refait une armée avec les Gétules, Jugurtha, dont les forces étaient maintenant nombreuses, s’allia au roi de Mauritanie, Bocchus, que les succès de Metellus menaçaient, et se mit en marche vers Cirta, où les Romains campaient. A ce moment, Metellus apprenait l’élection de Marius ; et ne voulant pas remettre lui-même son commandement à un tel successeur, craignant de se rencontrer avec cet odieux rival, il partit sans l’attendre.

Tout à son ambition, préparant son avenir, Marius accomplit la plus caractéristique des révolutions romaines, en ouvrant les légions aux pauvres, aux prolétaires et aux Italiens (107). De ce jour, les légions se considérèrent comme la chose de leurs chefs, cessèrent de s’occuper de Rome, du Sénat, de la cité, de la patrie, ne connaissant que le maître auquel elles obéissaient, qu’elles rendaient responsables, d’ailleurs, de leurs souffrances et de leurs bénéfices. Chaque armée en campagne allait être comme une Rome ambulante, non seulement capable d’oublier la métropole, et de s’en détacher, mais encore de guerroyer pour son propre compte, de se donner son propre chef.

Arrivé devant Cirta (106), Marius y déploya ses indéniables qualités militaires. Il fit au roi de Numidie, devenu chef des Gétules, une guerre savante, méthodique, serrée, remporta plusieurs victoires brillantes, faillit tuer de sa main Jugurtha, dans une rencontre. En une journée, et sans perdre un seul légionnaire, il enleva Capsa (Cafza). Des villes se soumirent spontanément ; d’autres furent prises ; d’autres encore, abandonnées par leurs habitants, furent occupées. Pendant le siège d’une forteresse pleine des richesses du roi, le questeur Sylla rejoignit Marius, lui amenant de la cavalerie.

Sylla exerça sur l’armée, et sur Marius lui-même, cette séduction spéciale, ce charme personnel que lui assuraient son caractère et ses talents. Son éloquence, son activité, la témérité particulière de sa bravoure, et surtout ce goût de la pure gloire qui semblait l’animer, le faisaient admirer des officiers, adorer des soldats. Marius aima ce jeune noble qui ne comptait pas sur ses aïeux. Avec Marius et Sylla, l’armée romaine était véritablement invincible.

Jugurtha, prêt à tout, promit à son allié Bocchus le tiers de la Numidie, et par une marche rapide, une manœuvre très audacieuse, il surprit les Romains campés sur une colline, les entoura, les assiégea. A l’aube, les légions dispersèrent la masse des Maures et des Gétules, faisant un massacre épouvantable, exemplaire. Un dernier effort de Jugurtha et de Bocchus dans les environs de Cirta, ne leur donna rien ; les deux rois vaincus s’enfuirent.

Bocchus, abandonnant Jugurtha, demande la paix (106). Sylla, sur l’ordre de Marius, se rend auprès du roi Maure, qu’il trouve hésitant : livrera-t-il Sylla, imprudemment venu, à Jugurtha, ou Jugurtha à Sylla ? Bocchus préféra trahir Jugurtha, qu’il appela pour traiter de la paix générale et qu’il livra aux Romains. Jugurtha, enchaîné, traversa tout son royaume et fut ensuite transporté à Rome où il devait figurer au triomphe de Marius. Ce roi de Numidie qui jadis, chose bien difficile parmi les mortels, dit Salluste, avait triomphé de l’envie par la gloire, mourut misérablement de faim, dans un cachot.

Pour prix de sa trahison, Bocchus reçut la Numidie massylienne occidentale, qui lui avait été promise par Jugurtha. La province romaine s’augmenta de la Numidie orientale. Le reste fut partagé entre deux princes de la famille royale, que la politique romaine pourrait utiliser au besoin contre Bocchus trop récompensé.

Rome, triomphante, qui n’avait pas renoncé à l’Orient, devait ouvrir et tenir libres ses communications par terre avec la Grèce, et aussi avec l’Espagne, toujours insoumise. Il fallait donc, avant tout, s’assurer de l’Italie du nord où Porcius Caton, battu par les Scordisques, avait péri avec toute son armée. Des Barbares, après avoir ravagé l’Illyrie, entamé le nord de la Grèce, se répandaient de toutes parts, du côté du Danube.

Cependant, les Alpes orientales et les Alpes maritimes avaient été ouvertes par une double victoire sur les Carnes (115) et les Stænes (114) ; les Massaliotes venaient d’enrichir la Rome impériale d’une nouvelle province, entre le Rhône et les Alpes, dont Aquæ Sextiæ (Aix) était la ville capitale. Les Romains, venus pour défendre les comptoirs marseillais qui couvraient la côte, des Alpes aux Pyrénées, ayant écrasé les Ligures Oxybes et Décéates (124), les Salyes (125) et les Voconces, avaient gardé les terres délivrées.

Pour consolider sa situation entre les Alpes et le Rhône, et garantir la route de l’Espagne, le Sénat fit alliance avec les Éduens, qui tenaient le pays entre la Saône et la Loire. Les Allobroges attaquèrent les Romains (122). Une victoire des légions, où 20.000 Barbares trouvèrent la mort (120), permit à Fabius de franchir l’Isère. Le roi des Arvernes, Bituit, monté sur un char d’argent, vint avec 200.000 Gaulois disputer la Gaule aux Romains. Cette multitude, culbutée, apprit à connaître la force romaine. Bituit, attiré sous un prétexte de conférence, enlevé, chargé de chaînes, transporté à Rome, laissa les Gaulois sans commandement. Fabius réunit à la Province nouvelle tout le pays que le Rhône enveloppe, du lac Léman jusqu’aux bouches du fleuve.

Chaque année ensuite, et presque sans difficultés, les consuls allant de l’avant un peu plus, la Province s’agrandit jusqu’aux Pyrénées. Le Sénat choisit la colonie de Narbonne (Narbo Martius) comme point central, à la condition que ses habitants surveilleraient, avec Aix, les nouveaux sujets de la Rome victorieuse, c’est-à-dire les nations gauloises. Narbonne devint ainsi la rivale de Marseille (111).