Les Iraniens, Zoroastre (de 2500 à 800 av. J.-C.)

 

CHAPITRE IX

 

 

Le mazdéen parfait. - Les lépreux. - Les impurs. - Rite de purification. - Le purificateur ; son salaire. - Les arbres assainissants, - Médecins. - Les causes de la mort. - Epreuves médicales. - Chirurgie. - Remèdes. - Magisme. - Importance de la santé. - L’homme moral, c’est l’homme sain. - Sépultures. - Destruction des tombes à ras de terre. - Funérailles des hommes et des chiens. - Horreur des cadavres. Modifications à la réforme zoroastrienne.

 

SUIVANT Zoroastre, le mazdéen parfait est celui qui a l’âme pure et le corps pur. Les lépreux étaient donc éloignés des centres habités. Mais prenant en pitié ces malheureux, le législateur les console : Le lépreux, dit-il, qui se gardera de toutes relations avec les autres hommes ne verra pas son mal augmenter ; et il déclare, en même temps, que la loi ne veut en réalité que le propre bien de celui qu’elle frappe. Cela ne suffit pas à Zoroastre ; sa grande bonté s’émeut des obligations qu’il impose ; la condamnation qu’il a prononcée l’inquiète, et il dit alors, résolument, aux lépreux : Vivez avec intelligence et vous irez ensuite au paradis.

Tout ce qui peut nuire à la pureté du corps est le sui et de minutieuses ordonnances dans le Zend-Avesta. Le mazdéen ne doit couper ses ongles et ses cheveux que d’une certaine façon, en prononçant une prière, dans une attitude réglée, en prenant des précautions. Le législateur donne le motif principal de sa règlementation. Par les cheveux coupés, non détruits, jetés au hasard, dans la maison, sous la tente, n’importe où, les bêtes immondes dont le corps de l’homme est la proie se distribuent, se répandent, et vont souiller, et vont infester les approvisionnements et les habits. Zoroastre a une telle horreur des souillures, qu’il édicte la peine de la flagellation contre celui qui met le pied dans une flaque d’eau boueuse. Le mazdéen impur est un sujet de réprobation.

On peut devenir impur de deux manières, suivant le code zoroastrien, directement et indirectement. L’impur hamrid est celui qui s’est mis en contact avec un être immonde, un cadavre, un objet infect, une corruption quelconque, ou même une rognure d’ongle, un cheveu coupé, ou encore le vêtement d’une femme en état d’impureté. L’impur pitrid est, simplement, celui qui a touché un hamrid, volontairement ou non.

Pour revenir à l’état de pureté, le pitrid et le hamrid doivent se soumettre à des pratiques purifiantes rigoureusement déterminées par la loi, et qui ne peuvent s’accomplir qu’en un lieu spécial. Ce lieu de purification doit être isolé, sans eau, sans arbre, sans aucune végétation ; en un terrain très pur, très sec, le moins proche possible du chemin que suivent les animaux menés aux pacages, loin du lieu où flambe le feu sacré, où resplendit le culte d’Ormuzd ; à distance, enfin, des habitations groupées où vivent les mazdéens. Sur ce terrain propice, de larges et plates pierres ont été symétriquement disposées, sur lesquelles se placera l’impur venant se purifier.

Le purificateur doit être un saint à la parole vraie, apte aux choses sacrées, zélé à s’instruire, surtout habile au remuement des terres. Le rite de la purification, très compliqué, exige un purificateur adroit et intelligent, en même temps ouvrier et prêtre, sachant aménager sur le terrain des rigoles d’écoulement, éviter les flaques stagnantes, répandre l’eau bénite, éviter les éclaboussures, officier enfin avec gravité, pour que le ridicule de la cérémonie ne vienne pas détruire la foi du mazdéen fidèle. Il est, dans certains cas au moins, jusqu’à neuf pierres différentes posées à plat et sur lesquelles l’impur doit s’accroupir successivement, nu, pour recevoir les ablutions ordonnées. C’est au moyen d’une cuiller de fer ou de plomb, longuement emmanchée, que le purificateur verse le « liquide purifiant » sur le corps de l’impur. Parfois, l’eau est remplacée par du sable.

La longue cérémonie de la purification n’est pas toujours suffisante. Après les ablutions successives, les stations de pierre en pierre, l’onction de parfums purs, de bonne origine, bien préparés, provenant des arbres les plus odoriférants, le mazdéen dont le corps aura été purifié et parfumé, devra reprendre ses vêtements, ceindre sa ceinture et ne s’approcher, qu’après avoir vécu comme isolé des autres mazdéens pendant un certain temps, ni du feu, ni de l’eau, ni de la terre, ni des bestiaux, ni de l’homme pur, ni de la femme pure.

Le salaire du purificateur est fixé par la loi. Le prêtre s’acquitte en récitant une prière en faveur de celui qui l’aura purifié ; le chef d’une province doit un chameau ; le chef d’une ville, un cheval ; le chef d’une rue, un taureau jeune et fort ; le chef d’une maison, un taureau plus petit. La femme d’un chef de province donnera un quadrupède plus petit qu’un taureau ; toute autre personne donnera un quadrupède encore plus petit ; la jeune fille, le plus petit des quadrupèdes. Ces offrandes ne sont pas définitivement obligatoires ; le mazdéen a le choix du don, pourvu que la valeur de l’offrande soit à peu près équivalente aux indications de la loi. Si les mazdéens ne peuvent donner ni un animal domestique, ni un animal pris dans le troupeau, qu’ils portent au purificateur une somme proportionnée. L’évaluation légale elle-même n’est pas absolument rigoureuse.

Zoroastre a voulu que le purificateur fût satisfait. Surtout, dit-il, que l’homme qui a purifié sorte du lieu de la purification content, non affligé. Plus tard, un prêtre voulant accentuer l’obligation du salaire prévu, épouvanter le mazdéen qui oserait mécontenter le purificateur, déclarera, dans le Vendidad même, que si le purificateur sort du lieu de la purification mécontent et affligé, un démon s’emparera du purifié immédiatement, et ne laissera plus une seule partie de son corps en repos. Et le destour énumère, avec une grosse voix, l’un après l’autre, les tourments qui assailliront et le nez, et les yeux, et la langue, etc., de l’avare mazdéen, devenu la proie du terrible Daroudj-Nesoch.

Il n’y a d’impureté irrémédiable que pour le mazdéen à qui s’est donnée une jeune fille en état d’impureté, et pour celui qui s’est nourri de la chair morte d’un homme ou d’un chien ; cet homme, dit Zoroastre, a beau fondre en pleurs et devenir jaune, se défendre, se désespérer, cela n’empêchera pas le Daroudj-Nesoch de s’emparer de lui depuis la tête jusques aux pieds. Il sera impur tant que les siècles couleront.

Des prescriptions plus raisonnables, plus mesurées, et qui dénotent plus de calme d’esprit en même temps qu’un sens d’observation très juste, contrastent avec le rite absurde des purifications. Le législateur sait que les grands arbres assainissent l’air et il stimule le zèle de ceux qui ont les moyens de’ reboiser l’Iran trop nu. C’est Ormuzd qui a créé ces arbres pour la santé des hommes. Cette création a positivement accru la vie humaine ; l’on a vu les maux disparaître à mesure que les arbres croissaient.

Combattre la mort est un acte essentiellement méritoire ; la médecine est un grand art pour le législateur des Iraniens. La partie du Vendidad consacrée à l’art de maintenir les corps en santé, n’est pas sans esprit scientifique. Le point de départ est positif : comment meurt-on ? Les causes de la mort de l’homme étant énumérées, Zoroastre dit que l’art de guérir doit s’apprendre ; qu’un médecin doit prouver sa science avant d’exercer son métier. L’homme peut mourir de neuf manières : par le chien, par le loup, par la magie, par la maladie, par la frayeur, par la violence, par la misère et par le chagrin. Cette nomenclature explique Zoroastre ; son œuvre entier ne fut pas autre chose, en effet, qu’une thérapeutique imposée aux Iraniens, moralement et physiquement.

La morale de l’Avesta, très élevée, très correcte, par conséquent très pure, guérira l’Iranien de la magie, cette plaie ; les leçons agricoles et pastorales de l’Avesta donneront aux Iraniens, avec le goût du travail, les jouissances de fortunes bien acquises ; l’union des mazdéens en un corps de peuple leur procurera cette sécurité dont l’absence les livrait à tous les effarements de la peur, parce qu’elle les abandonnait à toutes les violences de leurs ennemis, ces nomades du nord dont les incursions continuelles tenaient l’Iran en un perpétuel effroi. Par sa morale et par ses prescriptions, c’est-à-dire par ses leçons et par ses lois, Zoroastre sait qu’il remplira les trois quarts de sa tâche ; mais ni ses conseils paternels, ni ses commandements rigoureux, ne pourront rendre à l’Iranien malade la santé qui prolonge la vie. Cela, les médecins seuls peuvent le faire. La loi dira, en conséquence, ce que doit être un médecin en Iran et par quels témoignages il acquerra le droit d’exercer son art.

Le médecin doit apprendre à guérir d’abord, et prouver ensuite qu’il sait guérir. Le Vendidad est formel : Juste juge, dit Zoroastre à Ormuzd qu’il fait intervenir, le mazdéen qui doit rendre la santé, qui doit prolonger la vie, sur qui apprendra-t-il son art avant de l’exercer ? Ormuzd répond : Qu’il l’apprenne sur les dewiesnans, et qu’ensuite il traite les mazdéens. Etait mazdéen déjà, tout Iranien soumis à la loi nouvelle ; était, en conséquence, et par opposition, dewiesnan, c’est-à-dire serviteur du dew, du démon, tout adversaire des mazdéens. Et comme en Iran bon nombre de dewiesnans venaient vivre, attirés sans doute par l’appât d’un salaire, se livrant à de basses occupations, Zoroastre qui légifère pour les siens, entend que le médecin apprenne son art sur un dewiesnan. C’est encore sur des dewiesnans que l’Iranien ayant appris l’art de guérir fait les trois preuves exigées. Si l’Iranien qui veut exercer l’art de guérir traite une fois un dewiesnan et que le malade vienne à mourir, s’il en traite un second et qu’il vienne à mourir, s’il en traite un troisième et qu’il vienne à mourir, ne sachant pas son métier il ne doit jamais l’exercer ; qu’il n’aille pas ensuite traiter les mazdéens et leur faire du mal ; et le législateur édicte une peine sévère contre le délinquant. Mais, continue Zoroastre, si le médecin a guéri trois dewiesnans, il sait son métier et peut toujours l’exercer. Son devoir ensuite est de traiter les mazdéens. Qu’il se perfectionne, qu’il se rende encore plus habile. Son état est de rendre la santé.

La médecine comprenait la chirurgie : Beaucoup de guérisons ne réussissent qu’avec le couteau, ou par les végétaux. Ici, le texte de Vendidad ajoute, ou par la parole. Comment Zoroastre qui vient de s’élever contre les magiciens, comment le législateur très prudent, très positif, qui vient de soumettre le médecin à la seule école de l’expérience pratique, aurait-il admis le traitement des maladies par la parole comme aussi efficace que le traitement par les sucs végétaux ou par le fer ? Le Vendidad cependant contient ces mots : Lorsque le médecin réussit, lorsqu’il guérit par la parole excellente, c’est la meilleure et la plus sûre des guérisons. Ces lignes, entachées de magisme, ne sont pas de celui qui, ne croyant pas à la vertu des mots, s’appliquait à connaître les effets matériels des choses, pour les combattre. S’il enveloppa de mystères ses leçons de morale, s’il personnifia le bien et le mal, s’il fit des dieux et des démons afin que les Iraniens ignorants et corrompus comprissent promptement sa réforme, Zoroastre se hâte d’être clair, net, précis lorsqu’il légifère, lorsqu’il instruit, lorsqu’il conclut. Ahriman combattant Ormuzd emplit le monde de mauvaises pensées, mais le mal positif vient de l’homme responsable. Le mal a son organe dans le corps humain ; c’est le foie qui est le siège des passions ; les criminels sont des malades. Les prêtres, plus tard, voudront guérir cette maladie par des exorcismes ou des évocations.

Pour Zoroastre, l’homme moral c’est l’homme sain. Se bien nourrir est la loi suprême. La nation mal nourrie ne possédera ni forts laboureurs, ni enfants robustes. La misère exclut la liberté de l’esprit, le jeu de l’intelligence ; le peuple heureux sera le peuple moral. Lorsque le grain sera en abondance, alors on lira la parole sacrée avec plus d’attention. Si l’on ne mange rien, on sera sans forces, et l’on ne pourra pas faire d’œuvres pures.

Au moment où Zoroastre entreprit sa réforme, les Iraniens avaient l’habitude d’enterrer leurs morts peu profondément, partout, et il en résultait des épidémies. Le législateur ordonne véhémentement la destruction de ces cimetières déplorables. Ormuzd récompensera ceux qui procéderont à la destruction des tombes pestilentielles, des dakhmés ou sépulcres construits à fleur de terre, où pourrissent les cadavres, où pullulent les vermines, d’où s’échappent par cinquantaines, par centaines, par milliers, par dix milliers les innombrables bêtes, rampantes et ailées, qui sont comme les colporteurs des maladies, les ouvriers infatigables de la mort, larves et mouches, insaisissables, et se répandant comme de l’eau.

Cette coutume de placer les cadavres sur le sol, de les couvrir ensuite d’un tertre, était spécial aux Aryas. U semble cependant que les nomades brûlaient leurs morts. Après avoir ordonné la destruction immédiate des dakhmés, Zoroastre veut que l’on fustige celui qui, par ignorance de la loi, ayant mis en terre le cadavre d’un chien ou d’un homme, aura laissé passer la moitié d’une année sans le déterrer. La peine est augmentée proportionnellement au temps ; qui se sera écoulé entre l’enterrement et le déterrement ; si le Mazdéen laisse passer plus de deux années entières sans obéir à la loi, il n’y aura plus pour lui d’expiation possible ; il sera banni. A la peine du bannissement, les prêtres, plus tard, substitueront la peine de mort par la section du corps aux jointures.

Zoroastre condamne le jet des cadavres dans le feu ou dans l’eau. Les dépouilles de l’homme et de la bête doivent être portées en un lieu tel, que ni le chien, ni l’oiseau, ni le loup, ni le vent, ni la mouche ne puissent rien emporter. Dans un fleuve, le cadavre devient la proie des animaux, et l’eau en est corrompue, l’eau si nécessaire au pays des mazdéens. Les tombes seront à la vue du soleil essentiellement purificateur, hors des lieux ombrés, bas, humides.

L’usage de brûler les cadavres était certainement aussi répandu que celui de les jeter à l’eau ou de les enterrer sommairement. Zoroastre proscrit cette coutume qui livre les cendres impures aux vents rapides, transporteurs.

Les nouveaux cimetières seront bâtis ; les tombes seront construites en un lieu élevé, nu, sur un terrain très pur et très sec, loin des temples et des demeures habitées, des routes fréquentées par les hommes et les animaux. Ces prescriptions ne résisteront pas au temps, parce qu’elles deviendront impraticables, ou qu’elles se heurteront à d’invincibles préjugés. Il sera difficile évidemment de construire des tombes dans le désert, de créer des cimetières dans les pays, — l’Inde par exemple, — où l’usage religieux d’abandonner les cadavres aux oiseaux se sera maintenu. C’est ainsi que les Perses émigrés dans la péninsule indoustanique, plus tard, ordonneront de porter les cadavres sur une haute montagne pour les livrer aux vautours, après avoir mis les entrailles à nu, afin que l’œuvre destructive s’accomplisse promptement.

Très respectueux des dépouilles humaines, Zoroastre réglemente les soins dus aux morts. Cette partie du Vendidad pouvant être contradictoire avec d’autres fargards destinés à donner aux mazdéens, dans leur intérêt, l’horreur de toute corruption, le législateur très ingénieux, très prévoyant, formule une loi qui permettra aux hommes d’approcher des cadavres sans devenir impurs. L’impureté d’un cadavre ne rend pas impur le premier homme sur lequel elle se répand. Dix mazdéens peuvent, sans crainte, procéder aux funérailles d’un prêtre, toucher le cadavre, et exécuter les minutieuses prescriptions de la loi. Neuf mazdéens peuvent également, avec la même impunité, procéder aux funérailles d’un guerrier ; huit seulement pour le mazdéen qui ne fut ni prêtre, ni soldat.

Et la même règle décroissante s’applique aux cadavres des chiens qu’il faut également porter en un lieu choisi et bâti. Le cadavre d’un chien de berger peut être enseveli par sept personnes ; le chien du foyer, ou de la rue, par six ; le chien sans maître, par cinq ; le chien compagnon d’un homme juste, par quatre ; le chien aveugle, par trois. D’autres types de chiens épuisent la gradation jusqu’à l’unité. Il est un chien, le chien Vizosch, dit immonde par le Vendidad, et dont le contact rendrait impure la première personne.

Le cadavre ne doit jamais recevoir un vêtement neuf, n’y eut-il de neuf qu’un fil, dit le Vendidad. Les mazdéens porteront le mort, l’un par les pieds, l’autre par la tête, et ils le déposeront dans une tombe assainie par le feu, parfumée, et faite de fer, de pierre ou de plomb, car il importe que ni les chiens ni les oiseaux ne puissent emporter le moindre lambeau de cette pourriture.

Zoroastre a prévu le cas où la construction de tombes en pierres, ou en fer, ou en plomb, serait difficile, et il imagine, alors, un mode de sépulture qui y suppléera. On choisira, dans le pays des mazdéens, un terrain pur et sec ; on creusera une fosse, avec soin ; on y jettera de la cendre ou du fumier brûlant, sur un lit de pierre ou de ciment, ou de sable ; et sur le cadavre étendu, on répandra un liquide purifiant. Plus tard, et nécessairement, les sectateurs de Zoroastre amenderont cette partie de la loi devenue impraticable. Les mazdéens porteront les cadavres sur une hauteur, hors des atteintes de la hyène et des chiens, à l’abri des pluies dissolvantes, de manière que la lumière les inonde, que le soleil les voie. En Kirman, comme dans certaines parties de l’Inde, cette exposition du cadavre que l’air desséchant momifiera est une prescription suffisante et répondant au vœu du législateur. Zoroastre ne redoutait que les émanations putrides des cadavres en décomposition.

Tous les objets matériels touchés par un cadavre sont soumis à de spéciales purifications. Si le tapis sur lequel est mort un mazdéen est d’une étoffe faite de poil d’animal ou de quelque autre produit venant de la terre, la partie souillée sera coupée et jetée au loin ; le reste sera lavé, purifié trois fois et exposé pendant trois mois à la lumière du jour. Si le tapis est un feutre fait avec du coton, il sera soumis à six purifications renouvelées. Le bois sur lequel le cadavre a été porté sera livré à la pluie, et aussi les grains et les pains souillés par un animal, — chien ou oiseau, — devenu impur au contact d’un cadavre quelconque.

Le Vendidad règle la cérémonie des purifications nécessaires lorsqu’un animal, homme ou chien, vient mourir en un lieu que les prêtres ont rendu sacré en y exerçant leur ministère, ou en y déposant les objets du culte.

Un chemin souillé par un cadavre ne sera purement praticable qu’après que les hyènes et les chacals auront dévoré les chairs mortes. Si le cadavre a été vu sur une terre arable, cette terre ne sera labourée et arrosée qu’après un an de repos.

Dégagée de toutes les additions qui l’alourdissent, de toutes les interpolations qui le disjoignent, le texte purement zoroastrien du Vendidad interdit aux mazdéens de brûler, de jeter dans les eaux ou d’ensevelir sommairement les cadavres des hommes et des animaux. Les successeurs immédiats de Zoroastre, embarrassés, donnèrent aux paroles du législateur un sens symbolique. Le Feu, l’Eau et la Terre, considérés comme des parties d’Ormuzd, dieu grand-tout, ne devant pas subir le contact d’un cadavre, il suffit d’enduire de cire le mort pour respecter suffisamment la divinité, et l’on put ainsi creuser des fosses partout. Mais, bientôt, l’usage se répandit d’exposer les cadavres en plein air et de les livrer ainsi aux bêtes de proie. C’est actuellement la coutume, unique des Parsis de l’Inde de porter les cadavres dans l’intérieur d’une tour, où les oiseaux viennent se repaître des chairs décomposées.