Touraniens et Iraniens. - Les Kurdes. - L’Arménien. - Le Géorgien. - Tcherkesses et Lesghiens. - L’Abreck. - Les Circassiens. - Les Guèbres. - Les Ghilanais. - Les Yezidis, adorateurs du mal. - Les Baktiaris.- Les Barabras.- Brahouis et Bélouchis. - Afghans. - Bactriens. - Les Scythes. - Kachgariens et Yarkandais. - Tourkis, Turcs, Turkomans. - Turkmènes. - Uzbeks. - Nogaïs et Kirghiz. - Tekkés. - Les Koushites. - Les Persans. - Les Mèdes. IL en est des hommes, en Iran, comme des autres animaux,
grands ou petits : des races diverses y vivent très mélangées. Le désert
central de Khaver, sorte de méditerranée sèche, de grand lac évaporé, n’a pas
permis aux hommes qui l’entourent de s’amalgamer suffisamment, de se
confondre, de s’unifier ; il n’y a donc pas de race persane proprement dite. Le
grand brassement des peuples en Asie a souvent frappé les anthropologistes,
qui doivent aller jusqu’aux zones polaires pour y rencontrer un type
réellement caractérisé. Or, parmi les peuples de l’Asie, quel fut plus brassé
que l’Iranien ? Parmi tant de races diverses se partageant S’il était possible de découvrir, en Perse, l’individu qui, suivant Darwin, aurait évidemment conservé cette supériorité procurant un avantage quelconque dans la lutte quotidienne pour la vie, il faudrait, avec Lamarck, dégager ce type des modifications que les milieux extérieurs et les besoins ont imposées à sa nutrition et à la structure de ses organes ; se demander, avec Hœckel, quelle part a eue l’adaptation directe, quelle l’adaptation indirecte dans ces modifications, et reconstituer ainsi le type pur du grand plateau d’Iran. Mais, où le trouver, cet individu de choix ? Un voyageur attentif disait des Persans, après avoir étudié leur longue histoire : Pourquoi le même sol a-t-il produit tantôt des générations d’élite, tantôt des hommes faibles et pusillanimes ? Sans doute, parce que des races diverses se sont toujours partagé l’Iran et que ce furent tantôt des races fortes, tantôt des races faibles qui tinrent le pays. Peut-être, aussi, la cessation de la fonction faisant la cessation de l’organe, telle race brave et active pendant le combat, devint-elle lourde et lâche pendant une paix nécessaire. On chercherait en vain, historiquement, une époque où le grand empire iranien se pût surprendre en travail d’unité. Alors que les Persans racontaient leurs légendes excessives, on les entendait dire naïvement : Le roi du Mazenderan a fait des tentatives pour secouer le joug des Iraniens. Pour ces bardes, les Iraniens n’étaient que des vainqueurs. De nos jours encore, l’esprit ne conçoit que difficilement une nation persane. Les quelques types qui se distinguent de l’ensemble, et que l’on trouve cantonnés sur divers points de l’Iran actuel, sont eux-mêmes très mélangés. Les Kurdes, à l’ouest, vivent et parlent différemment, suivant qu’ils habitent le nord ou le sud de leur territoire ; ils ne donnent pas, vus en masse, l’impression d’une race homogène ; ils ne se ressemblent pas entre eux. On remarque et l’on cite leurs costumes riches et variés, le sens artistique qui les anime, la sûreté de leur caractère, la libre allure de leur esprit, la petitesse de leur taille, l’énergie de leur attitude et la solidité de leurs membres trapus ; mais on trouve chez eux, et en nombre, des Bédouins, des Arabes, venus du côté de l’Euphrate, grands, robustes, au nez fortement aquilin, aux yeux profondément enfoncés sous l’orbite ; des Arméniens aux lignes anguleuses ; des Indiens, des Israélites et des Turcs. L’Arménien, intelligent et laborieux, mais servile, incapable de commander, est cependant énergique et fort ; son ignorance fut une merveille. Moïse de Khoréne constate que les Arméniens, chasseurs et pasteurs, ignorèrent pendant longtemps l’agriculture, le labourage, l’art de bâtir des ponts, de construire des barques pour naviguer sur leurs lacs et même de fabriquer des filets pour prendre les poissons dont ces lacs étaient remplis. Les Arméniennes ont une beauté dure, de fortes mâchoires, un nez très accentué. La longue servitude des Arméniens a fait de leurs craintes perpétuelles, de leurs prudences viles, une tradition de ruse dont ils sont fiers. Les antiques Ibériens étaient célèbres par leur communisme radical et leur indifférence religieuse. Ils cultivaient des terres appartenant à tous, se groupaient sans discipline pour la bataille, s’avançaient bravement, et se dérobaient après avoir lancé leurs flèches. Le Géorgien, lent et chevaleresque, vaniteux et grand buveur, d’une générosité prodigue, fier de ses armes très ornées, comme de la froide et blanche beauté de ses femmes, a d’ardentes colères et de profonds découragements. Le Caucase est actuellement peuplé de Tchetchens et de Lesghiens à l’ouest, de Tcherkesses à l’est ; l’Abreck implacable tient les hauteurs. Rien n’égale le patriotisme du Circassien, sa bravoure, sa turbulence, ses amours. Aux pieds des montagnes, cependant, vivent des tribus ordonnées, aimables et hospitalières. A l’extrémité orientale du Khirvan géorgien, sur un cap qui pointe dans la mer Caspienne, à Bakou, vivent les Guèbres, agriculteurs et artisans, petits, bruns, sales, sans dignité ; mais bons, essentiellement charitables, pacifiques jusqu’à l’horreur du bruit. Les Persans du nord-extrême, surtout en Ghilan et en Mazendéran, sont d’une taille moyenne, bien prise, avec une poitrine et des épaules remarquablement développées, un teint olivâtre ou cuivré, des cheveux bruns ou roux, le nez aquilin, l’ovale de la tête allongé. Les Ghilanaises, très blanches, sont laborieuses et gaies. Le pâtre montagnard, — le Galyche, — que l’on croit être le type pur de la race, très brave, très agile, est grand chasseur de fauves. Dans les plaines, triste, morose, poltron, sobre, mais gourmand, plus rusé qu’habile, amolli, le Ghilanais a les allures et les goûts des paysans du Malabar indien. Dans certaines parties du Ghilan se rencontrent des types absolument disparates. Au sud-ouest par exemple, le Ghilanais, grand et bien fait, est excessivement superstitieux ; ses femmes, très belles, très blanches, s’enorgueillissent de la séduction de leur démarche et de leur regard. Au sud, la femme n’est plus qu’un instrument de plaisir ou de travail. Dans l’Irak-Adjemi, se coudoient, se confondent, s’annulent mille types divers. On y remarque les Yezidis, adorateurs du principe mauvais, par cette raison avouée, que le culte religieux n’a pas d’autre objet que de fléchir la puissance divine, et que le principe du bien étant excellemment bon, indulgent et clément, n’a pas besoin d’être fléchi. Il fut un moment où les territoires iraniens qui sont à
l’ouest du désert du Khaver, depuis l’Arménie jusqu’à Ce qui n’est pas douteux, c’est que la terre d’Iran fut
toujours couverte d’une multitude de races diverses, venues de toutes parts,
et que de nos jours encore, peut-être ne trouverait-on pas un champ du monde
où le mélange des types humains fût plus compliqué. Il est remarquable que
jamais aucun de ceux qui parlèrent de l’Iran, ou qui gravèrent ses actes
historiques sur la pierre, ne put définir un type spécial dominant. Les
sculpteurs de Persépolis et de Béhistoun eux-mêmes, artistes indécis, ne nous
ont laissé que les images de héros semi-caucasiens, semi-arabes, avec des
ajouts empruntés aux nègres venus du sud. En Bélouchistan, deux types principaux : les habitants des montagnes, ou Bralhouis, très laborieux, courts, trapus, gros, à la face ronde et aplatie ; les habitants des plaines, ou Béloutchis, aux traits accentués, grands, robustes et que la paresse semble tenir. Là encore le sang nègre s’est infusé, de nombreux émigrants d’Afrique se sont répandus. En Afghanistan, le mélange des types fait réfléchir Dans la population brune se rencontrent des Afghans ayant des cheveux rouges, des yeux bleus, le teint clair et fleuri. A la jonction des Himalayas et de l’Hindou-Kousli, les chevelures chatain-clair dominent ; les yeux y sont gris, parfois bleus, avec des sourcils courbes et des paupières allongées. Le type iranien par excellence, celui qui, sans contestation, a conservé sa supériorité, s’impose, par la puissance des traditions, à l’examen grave de l’observateur, c’est le Bactrien ; non point, peut-être, comme individu absolument pur, mais comme groupe historique. L’antiquité consacre la bravoure des Bactriens, leur patriotisme, la pureté de leur race, la grandeur de leur rôle, la noblesse de leur origine. Ainsi, du nord à l’ouest, de l’ouest au sud, du sud à l’est, les territoires iraniens, autour du désert central, donnent des Arméniens, des Géorgiens, des Ghilanais, des Kurdes, des Méridionaux métissés, des Béloutchis, des Afghans, des Bactriens, ayant entre eux des affinités évidentes, mais offrant à l’ethnographe plus de caractères inconciliables que de traits identiques. L’ethnologie compliquée de l’Iran n’est plus que de la
confusion au nord de l’El-Bourz, en Asie centrale, en Touran. On a longtemps,
d’une manière fort commode, englobé tous les habitants de cette indécise
région sous la dénomination générale de Scythes. On fit Scythes, et ce fut
bientôt dit, les êtres humains les plus opposés ; l’on agrandit ou diminua
l’aire de ce groupe suivant les nécessités de l’histoire ou les volontés de
l’historien. Trouva-t-on, dans quelque ruine de l’Asie centrale, les traces
de chevelures arrachées à des vaincus, aussitôt de dire que les anciens
Scythes scalpaient leurs prisonniers ; furent Scythes, les rares habitants
des bords polaires que le hasard rejeta vers le sud, qui vinrent montrer
leurs faces plates sur les rivages de Dans ce grand mélange de races qui se partagent actuellement la vaste Scythie, — et il faut les interroger ces descendants des hordes qui troublèrent l’Asie, pendant les premiers siècles historiques, de leurs bruyantes convoitises, — on distingue certains types sinon demeurés purs, mais ayant conservé les marques distinctives d’un caractère spécial. Ce sont, au nord des Hymalavas, les Kachgariens industrieux, intelligents, énergiques, plus civilisés qu’ils ne devraient l’être relativement à l’aire géographique isolée qui fut leur constant habitat. Le Kachgarien a la prétention d’être de race supérieure. On crut d’abord que les gens de Kachgar et de Yarkand étaient dés Aryens devenus Tatares ; de patientes observations modifièrent cette première pensée. Les Yarkandais, de haute taille, au visage allongé, au nez remarquablement dessiné, à la barbe épaisse, seraient purement et simplement des Aryens, c’est-à-dire des hommes issus de la première race pure dont l’Asie centrale aurait été peuplée ? Parmi les Kachgariens et les Yarkandais se rencontrent des Indiens venus du sud et des Tourkis venus de l’ouest. Ces deux types se distinguent l’un de l’autre, surtout par les manifestations de leur goût visuel. L’Indien s’habille d’étoffes blanches semées de dessins minutieux et élégants ; le Tourki recherche les grands ramages aux tons vifs, couvrant le tissu. Les Mongols domineraient actuellement en Asie centrale, si le rameau turc était admis comme mongolique. En effet, la série descendante du type humain jaune est correctement logique. C’est d’abord, en tête, le Mongol, puis le Chinois, le Tibétain, le Dravidien, l’Indo-Chinois et enfin le Turc. Le Chinois et le Tibétain ne sont, en réalité, que des Mongols étiolés, dégénérés en eux-mêmes, tandis que les trois derniers types de la série sont entachés d’un métissage insistant. Le Dravidien de l’Inde ne serait, en ce cas, qu’un Mongol taché de Nègre ; l’Indo-Chinois ne serait qu’un Mongol compliqué de Polynésien ; le Turc, un Mongol jaune que les femmes blanches du Caucase, dé l’El-Bourz et de l’Hindou-Kousch ont amélioré. Comme on disait jadis les
Scythes, on dit, un jour, les Turcs,
les Turkomans. Les Turkomans, Turkmènes, Uzbeks et Kirghiz, non améliorés, tiennent le pays que limitent la mer Caspienne, les rives septentrionales de l’Oxus, Balkh et Hérat. Les Turkomans ont l’horreur de tout ce qui ressemble à une résidence, à un gouvernement. Presque mélangés de force aux Uzbeks, dont ils parlent le même idiome, ils affectent de ne leur point ressembler. Ces Turkomans nomades sont singuliers. A les voir, à les entendre, on devine que des sangs contradictoires, mais d’un despotisme égal, coulent en eux ; qu’une lutte est continuelle entre leurs esprits lourds et leurs chairs ardentes, leur instinct naturel et leurs goûts empruntés : la sève de leur tronc de race, fouettée par les appétences des greffes soudées à ce tronc, donne sans cesse des Turkomans abâtardis. C’est ainsi que l’on constate la fougue puissante de leurs allures guerrières, en même temps que la calme indolence de leur vie domestique. Ces pillards indomptables, sauvages, cruels, aiment à sourire aux contes de fées, ont des complaisances enfantines pour les troubadours ambulants, futiles, coquets et capricieux. Les Turkomanes, non voilées, sont actives, sincères, gaies et affables. Doux à leurs femmes, qui sont leur joie en même temps que leur plaisir, les Turkomans exigent d’elles, toutefois, une large part de travail, et c’est sans doute là le secret de l’humeur souriante et libre des Turkomanes. Un coin de l’Iran recèle quelques tribus turbulentes, massées dans des villes, certainement turkomanes, affirmant leur indépendance jusqu’à concevoir un droit absolu d’insurrection. On dirait ces Parthes de Justin, dont la hauteur, la turbulence, la fourberie et l’insolence étaient le fond du caractère, tant les hommes se montraient violents et les femmes douces. Sur un autre point campent, des Turkomans que l’on a identifiés à ces bohémiens connus de l’Europe et que l’on croit originaires de l’Inde, les Tziganes. En Khokand vit un type spécial, le Tajik, au front élevé, aux yeux bruns et expressifs, au nez mince, à la lèvre supérieure courte et rouge, aux cheveux d’un noir clair, aux muscles courts, à la barbe un peu rougeâtre ; ils sont remarquablement instruits et laborieux, mais ne savent pas commander. Le Kirghiz ferme et pesant, qui vit à côté d’eux, s’impose et parle haut. L’Uzbek, qui peuple les Khanats de Khiva, de Bokhara et de Khokand, dont le nez large est presque plat à son extrémité, dont les yeux allongés se cachent sous de longues paupières tombantes, qui a le front du Mongol et la physionomie cependant agréable, serait l’œuvre du Kirghiz et de l’Iranien. Le Karo-Kirghiz, qui se sépare en cela du Kirghiz amendé très répandu, a l’horreur de la vie sédentaire, méprise l’habitant des villes ; il vit sous la yourte légère, couverte de feutre, mobile, et ne veut pas d’autre habitation. Ce sont encore des Turkomans, ces Tekkès que l’on voit en grand nombre dans le Khorassan oriental, mais d’un type nouveau : grands, bien proportionnés, robustes, ils ont les pommettes saillantes, le front large, le crâne développé et se terminant en forme de crête ; leurs yeux, bridés, mal protégés d’ailleurs par de courtes paupières, ont un vif éclat ; leur nez est petit, retroussé ; leurs lèvres sont grosses, leur barbe est légère, clairsemée, et de leur face ronde et blanche se détachent de grandes oreilles. Les Tekkès, depuis Hérat jusqu’à Merw, vivent en tribus confédérées dont les territoires sont exactement définis ; ils se réunissent pour agir en commun au moindre cri de ralliement. Alors, massés, les Tekkès délibèrent, se prononcent et obéissent. Leurs femmes ont les traits caractéristiques de la race, accentués ; leur peau est très blanche. On a pu diviser ces masses humaines, si mélangées, en
trois grandes classes : les Turkomans, les Uzbeks et les Kirghiz. Au point de
vue anthropologique, les Turkomans, les Uzbeks et les Kirghiz sont Mongols à
divers degrés. La race jaune, dominante en Asie centrale, se serait modifiée
au contact des races blanches et noires, et ainsi s’expliquerait toute la
confusion des mœurs et des types turkomans. Cependant, une théorie
scientifique voudrait qu’il eût existé, là, avant les Mongols, un type
spécial, sans rapport aucun avec les Scythes ou Turkomans, ou Touraniens, et
auquel il faudrait attribuer une influence remarquable : la race de Koush. Le
Koushite a la taille petite, le corps élancé et bien fait, la chevelure
abondante, souvent frisée, jamais crépue ; le teint foncé, variant du brun
clair au noir ; les traits réguliers, parfois délicats ; le front droit,
étroit, suffisamment élevé ; le nez long, mince, fin, d’une saillie moins
accusée que le nez aryen ; la bouche défectueuse, aux lèvres épaisses et
charnues. Ces hommes seraient originaires de Quelles soient nommées Scythes, Touraniennes ou Turkomanes, les masses ambulantes de l’Asie centrale n’auront jamais, dans l’histoire, ni le caractère, ni l’importance d’un peuple ; encore moins la valeur d’une nation. Ce ne sont que des quantités d’hommes de toutes races, et parmi lesquels la science ne trouvera pas le type indigène positif. L’aire géographique de ce conglomérat humain est également difficile à limiter, la tendance de ces masses ayant toujours été de descendre vers le sud, de déplacer constamment la frontière méridionale de leur territoire. On pourrait dire cependant qu’au sud des chaînes de l’El-Bourz les Turkomans de nos jours, comme les Scythes des temps anciens, se sentent en pays étranger. Le type général diffère entre l’homme de Perse et l’homme de Turkomanie. Si l’on a pu dire des Turkomans qu’ils étaient tous Mongols, au fond, plus ou moins, on peut écrire des Persans, qu’ils sont tous plus ou moins Européens, dans le sens sculptural du mot. Le type Touranien tenant le nord de l’El-Bourz, le nord de
Il a été dit que le type iranien pur viendrait du Seistan
; que les Iraniens par excellence, marchant de l’est à l’ouest, se seraient
répandus du Seistan en Médie, en expulsant les hommes de race ougrienne qui
l’habitaient, pour descendre ensuite en Perside. Les Iraniens en exode,
d’après cette théorie, se seraient plus rapidement civilisés que les Iraniens
demeurés en Iran, et ces deux branches d’un tronc commun, s’écartant de plus
en plus l’une de l’autre, se seraient rapidement et profondément séparées. On
conserva le titre d’Iraniens aux Mèdes et aux Perses ; quant aux Iraniens
orientaux, ce ne furent plus que des Aryas. Il faut reconnaître que les
habitants de C’est là l’œuvre naturelle du grand désert de Khaver, de cette méditerranée iranienne, autour de laquelle vivent, presque sans relations entre eux, des animaux de même origine empruntant à leurs voisins immédiats des caractères nouveaux, et s’éloignant en conséquence de plus en plus chaque jour du type primitif. Les bords de Autour du désert de Khaver, trois divisions humaines
principales : Au nord-ouest, les Mèdes-Touraniens ; au sud, les Parses ou
Perses ; au nord-est, les Aryas, avec des mélanges, des contradictions, des
disparates abondants. Tel voyageur accorde aux Persans l’humeur querelleuse,
la bravoure aveugle, la vantardise, l’impétuosité ; tel autre, signalant leur esprit militaire qui rend inutile tout système de
recrutement forcé, l’explique par l’indolence et non l’ardeur, par
la paresse qui se fait nourrir et non l’amour de
la patrie. De Chardin à sir William Ouseley, il est peu de
voyageur qui n’ait été frappé des œuvres de la superstition persane,
minutieuse, excessive, ridicule ; et cependant, de Tavernier à Aucher Eloy,
il n’est pas d’observateur, au contraire, qui n’ait remarqué le grand esprit
de tolérance religieuse dominant en Iran. Schœbel rappelle, après Haug, que
les Iraniens furent toujours considérés comme d’admirables agriculteurs,
laborieux et sobres, robustes et durs ; hors de l’Iran, expatrié, le Persan a
la réputation d’un négociant habile, souple et délié, très économe, peu
scrupuleux, ambitieux de fortune, mais rebelle au travail. Le caractère fondamental des Persans, dit F.
Von Hellwald, est une prédisposition aux occupations
paisibles, ce qui les distingue des nomades qui se plaisent à rechercher les
aventures périlleuses. L. Dubeux signale leur esprit querelleur : Il existe, dit-il, beaucoup
de rivalités entre les différents quartiers d’une même ville.
Aucher Eloy a écrit des femmes persanes, qu’elles sont d’une hardiesse inconcevable, qu’on les voit toujours à la
tête des émeutes. Ces contradictions, ces inconséquences, ces
heurts s’expliquent par le mélange des races. De même que l’on rencontre
jusqu’aux extrémités de Il est un point de l’Iran où la plus grande confusion
semble s’être produite d’abord, mais où le mélange des races a fini peut-être
par aboutir à un type particulier, comme dans un creuset heureux plusieurs
métaux donnent un bronze unique. Ce point, c’est C’est en Médie, assurément, que toutes les races
asiatiques se rencontrèrent, qu’elles se confondirent en alliances ardentes,
irréfléchies, désordonnées. Il y eut en Médie, pendant des siècles, comme
dans un fond, un amalgame de chairs diverses et d’esprits différents, amenés
par le hasard, surexcités par les contacts nouveaux et peut-être par les
désœuvrements d’une vie facile. Là se virent et se désirèrent, et se
livrèrent les uns aux autres, les Mongols impudiques, les Koushites
vigoureux, les Aryas pleins de séductions, les Dravidiens sauvages, les
Arabes très chevaleresques et très beaux, les Nègres lubriques, les femmes de
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