La Grèce (de 1300 à 480 av. J.-C.)

 

CHAPITRE XVIII

 

 

Les peuples de l’Asie-Mineure : Cariens, Phrygiens, Lydiens, Ioniens, Lyciens. - Premiers Grecs. - L’Hellas primitive. - Éloquence et poésie aryennes. - Intervention des rhapsodes asiatiques. - Céramique. - Ornementation. - Musique. - Architecture. - Écriture. - Sciences. - Géographie. - Monnaie.

 

LES Assyriens, victorieux en Asie-Mineure, y avaient fondé Tarse au moment où Sennachérib prenait et incendiait Babylone (682). Le roi des Lydiens, Gygès, d’abord allié aux Assyriens contre les Grecs, s’étant uni au pharaon Psamétik, Assourbanipal, roi de Ninive, envoya les Cimmériens envahir la Lydie, prendre Sardes et tuer Gygès (663). L’Asie-Mineure, presque tout entière, fut ainsi soumise au roi d’Assyrie, dont l’empire eut pour limite la mer Égée.

Dès ce moment, l’Asie-Mineure ne fut plus qu’une province impériale, unifiée, où se distinguaient des Cariens, des Phrygiens, des Lydiens, des Ioniens et des Lyciens.

Les Cariens serviles, aux mœurs honteuses, trafiquant de leurs filles et de leurs fils, braves, amoureux des combats dira Théocrite, fournissaient des esclaves et des mercenaires aux tyrans. Les gardes qui veillaient à la sûreté personnelle des rois de l’Inde et des pharaons de l’Égypte, étaient des Cariens.

Les Phrygiens, cavaliers redoutables, — dont les chevaux étaient de poil varié dit Homère, — laborieux, démocrates, fous d’indépendance, et très intelligents, avaient une grande réputation.

Les Lydiens, vaniteux et débauchés, tenaient de la Phénicie le goût des trafics et des plaisirs bas ; de l’Assyrie, la morgue aristocratique. Ils imaginèrent les entrepôts de vente au centre des villes, les bazars, et donnèrent à la monnaie, comme valeur représentative et permanente des choses, toute son importance. Leurs maisons de briques, mal bâties, étaient remplies de meubles et d’objets. La dépravation de leurs femmes, couvertes de bijoux, favorisa le développement des arts charmeurs. La danse lydienne, à la fois grave et voluptueuse, devint classique au théâtre et dans les temples, ainsi que la musique chantée sur le mode lydien. Les Grecs, les Thraces et les Cimmériens considéraient avec raison les Lydiens comme des ennemis de leur race.

Lorsque le roi de Lydie, Gygès, fort de l’appui des Assyriens, avait pris Colophon, Magnésie et Sipyle, ravagé la terre de Smyrne et de Milet, maîtrisé la Troade, ses succès avaient été réellement le triomphe des Asiatiques, l’abaissement des Aryens. L’armée victorieuse n’était composée que de mercenaires.

On vantait l’insinuante habileté des esclaves de Lydie, et l’excellence des onguents parfumés que les Lydiens industrieux vendaient au monde. Dés le commencement des grandes guerres, les Lydiens se prononcèrent pour les Perses contre les Hellènes, naturellement.

Les Ioniens étaient encore de vrais Grecs, mais impressionnés d’asiatisme depuis la chute de Troie. L’esprit aryen, communal, persistait dans le gouvernement de leurs villes, dictait leurs avis, guidait leurs actes. Le marché aux poissons était, dans toutes les cités ioniennes, le lieu de réunion du peuple, qui discutait et délibérait librement, bruyamment, pendant que des conteurs, dont le charme des récits était un secret, entretenaient, avec le goût des choses simples et grandes, le souvenir vivant des traditions. Toujours disposés aux aventures, d’une légèreté et d’une imprudence incorrigibles, ils se riaient de tous les effrois et trompaient tous les pronostics. On admirait la dextérité avec laquelle les Ioniens de Chalcis et de Milet se jouaient, gaiement, des embarras et des difficultés que leur suscitait l’avide et continuelle curiosité de leur esprit. Les conteurs ioniens, dans leurs récits, conservaient et respectaient la langue d’Homère.

Les Lyciens belliqueux comprenaient les Phocéens, dont Hésiode vante la magnanimité, dont le Bacchus, chose extraordinaire, est héroïque, et les Mysiens qui combattaient de près.

Lorsque, Troie ruinée, les Achéens furent les maîtres incontestés de l’Hellénie, les Grecs de l’Asie-Mineure, entourés d’Assyriens et de Phéniciens, cessèrent de représenter la race aryenne pure. Sur les places publiques, sous les colonnades des marchés, les Ioniens eux-mêmes, revêtus de leurs longues tuniques, allaient et venaient, tristement, las, usant leurs loisirs.

Un grand changement s’était produit en Grèce. La prépondérance des héros achéens, certaine, y avait attiré un très grand nombre d’hommes de leur race, qui ne les avaient pas suivis au premier mouvement d’invasion. Il en résulta, très vite, un type nouveau dont Ulysse semble être le résumé assez exact, — Ulysse fertile en ruses, et qui pleurait, buvait et mangeait continuellement. — La passion des luttes et des concours, le goût particulier des chants d’ensemble, des chœurs, caractérisent les mœurs nouvelles.

Les vieux Grecs, les Aryens, autochtones ou venus de l’Orient, race congénère des Thraces et des Arméniens, se voient organisés en Grèce vers l’an 2500 avant notre ère. Le mont Olympe, — le Long Olympe, le Raviné, le Déchiré, le Resplendissant, — était leur montagne sacrée. Ces qualificatifs, demeurés intacts, disent bien l’enthousiasme qui était le signe distinctif des deux vieilles tribus pélasgiques, les Perrhèbes et les Pièriens, de Thrace.

Sur toute la longueur de l’Adriatique, et des deux côtés, ainsi qu’au septentrion africain, — en Libye, — beaucoup de Grecs, venus de Carie et d’Ionie, s’étaient installés avant les Phéniciens. Des vestiges du premier culte grec, quasi-védique, sont apparents près de la petite Syrte. Il y avait aussi des Grecs en Sardaigne, que Iolaos fertilisa ; au golfe de Tarente, — Sibbs, plus tard, la ville hellénique, se vantera de son origine troyenne ; — en Sicile, aux alentours de l’Eryx, où des colons Dardaniens demeurèrent étrangement fidèles à leur origine.

Le territoire grec par excellence, au nord de l’Olympe, comprenait la Macédoine, la Thrace et la Scythie, jusqu’à la limite nord où vivaient les Édons, race belliqueuse et jalouse de sa liberté. C’étaient les Scythes à la longue chevelure, les Abantes pleins de courage, agiles, braves, aux cheveux flottants sur le dos. Tous les anciens aèdes étaient de Thrace, ainsi que les eumomolpides, ces bons chanteurs d’Éleusis. Les muses aux paupières arrondies venaient de la Pièrie, au nord de l’Olympe : on les nommera les Piérides.

Du golfe d’Ambracie à l’embouchure du Pénée, une ligne idéale, directe, sépare sinon la Grèce, au moins la terre des Grecs, qui est au nord, de la Hellade qui est au sud. Il faut chercher l’Hellas primitive hors de l’Épire et de la Macédoine, dont les habitants n’étaient pas considérés par les Hellènes comme de leur race. La véritable Hellade des commencements, si peu grecque ou aryenne déjà, c’était la Thessalie. Le changement de mœurs qui résulta de l’omnipotence des Achéens en Grèce, en Péloponnèse surtout, fut tel, que la Hellade antique devint étrangère aux Hellènes. Le groupe national qui avait existé entre le mont Olympe et le mont Othrys, subissait le dédain des vainqueurs. Jusqu’en Béotie, — en passant par la Locride et la Phocide, — le droit d’origine fut discuté. Les Béotiens de forte race, venus de Thessalie après la guerre de Troie, ingénieux et sobres, vivant des choses de l’esprit, délicats, se virent méprisés des Grecs nouveaux, des Hellènes, des Achéens bruyants, grands chanteurs, grands buveurs, grands mangeurs. L’Hellas cessa d’être un domaine, un champ, un berceau ; le mot ne demeura que comme la désignation d’un territoire vague, idéal.

La Grèce appartenait aux Hellènes turbulents et bavards, très orgueilleux, insatiables, ayant un penchant à l’intrigue, à l’égoïsme, à la mauvaise foi, tantôt d’une souplesse d’esprit merveilleuse, tantôt d’un entêtement borné, prodigieux ; aptes aux corruptions les plus profondes et parfois capables des héroïsmes les plus étonnants. C’est la mixture Aryo-Sémite, fortement imprégnée de germanisme, de scandinavisme. Le Danube avait apporté ce flot pesant.

Les Grecs (Grœkes), dans ce mélange ethnique, demeuraient à titre d’individualités ; mais si purs, et si grands, que leur présence dans cette confusion devait suffire, malgré les Asiatiques et les Finnois, malgré les Phéniciens et les Germains, pour préparer et faire resplendir l’Europe aryenne, notre Europe, au sein même de la Grèce antique envahie et polluée. Toutes les exagérations, toutes les horreurs, toutes les immoralités allaient s’étaler impunément sur ce territoire béni, par l’effet inévitable du contact des deux races dominantes, la race des hommes d’Asie et la race des hommes du nord de l’Europe. Les Aryens restés fidèles à leur terre, devaient y conserver, comme les Parses dans l’Inde, les trois qualités du peuple grec : la perception fine et prompte des choses, avec un grand sentiment des nuances ; l’amour de la forme précise et de la moyenne grandeur ; le besoin de plaisirs, d’allégresse, d’effusion.

Tout ce qu’il y a de beau dans l’art grec, résulte exactement de ces qualités distinctives. C’est d’abord, avant tout, l’Éloquence, déjà complète dans Homère, simple, forte, vraie, résultant du fait et non du mot. Mais voici que survinrent les rhapsodes, ces couseurs de chants, manouvriers très habiles, recueillant les morceaux anciens et les reliant à l’aide de compositions personnelles, ayant en général le caractère asiatique. Ces colporteurs de poèmes n’étaient pas des Aryens. Après les grands aèdes, les rhapsodes ne composèrent plus que de courts poèmes, ou préludes, sous la forme d’hymnes religieux sans aucun rapport avec le sujet principal. Le dieu de ces rhapsodes helléniques, véritables brahmanes occidentaux, semblables à ceux qui troublaient l’Inde, et de même race sans doute, c’était l’Apollon, venu d’Asie, protecteur des mauvais et toujours perfide.

Les Phéniciens firent de l’art ornemental, cette joie des yeux, ce que les rhapsodes avaient fait de l’éloquence et de la poésie. La céramique aryenne, toute de forme, en plein éclat, reçut de l’influence phénicienne l’illogique et froide adjonction de dessins géométriques, — lignes, losanges, cercles, méandres, croix, triangles, chevrons, étoiles, rubans, — et de personnages mouvementés. Les vases archaïques fabriqués à la roue, dits du type d’Athènes, que l’on trouve à Mycènes, à Spata, à Hissarlik, simplement ornés de plantes, de fleurs, d’insectes, subirent l’outrage asiatique ; et ce furent ces vases à figures noires, surchargés d’ornements, couverts de lignes enchevêtrées, de sujets fuyants, coupés, tristes, choquant le goût, blessant le regard.

La musique, importée d’Asie, mise en œuvre par les Finnois passionnés, devint un agent de corruption. L’art nouveau, captivant, séduisit les divinités et les hommes. Rhéa aimait le bruit des cymbales ; Histia se réjouissait des tympanons ; Apollon, remplissant l’aither des accents de la cithare sonore, était le dieu des aèdes. Le charme des sons » prépara les fureurs sacrées. Les tambours de toutes formes et les flûtes de toutes dimensions, aux tons divers, et les instruments de choc, en tous métaux, s’accordaient pour exalter les sens, exciter les esprits, rompre les résistances, charmer, troubler, dompter les êtres.

Les Achéens adjoignirent l’amour du chant, plus noble, franc, humain, à la passion des harmonies instrumentales, vagues et corruptrices. Leurs virtuoses empruntèrent aux juifs la trompette stridente, qui fut introduite, dans l’orchestre grec, comprenant alors, avec la lyre première, à quatre cordes, faite d’un corps de tortue et qui se jouait à l’aide du plektre, la cithare, dont la cheville tendait la corde faite de l’intestin tordu d’une brebis, le phorminx ou petite cithare, les crotales, les tympanons et la flûte de Phrygie, très douce.

Les Achéens, lents mangeurs, appelèrent la musique à réjouir leurs repas, et bientôt la danse, exercice nécessaire, d’origine africaine, s’introduisit comme répondant aux besoins d’excès. Le trépignement des pieds terminait bien les gloutonneries.

L’art tout à fait égyptien de l’architecture, venu aux Grecs par la Chaldée, par l’Assyrie et l’Asie-Mineure, améliora promptement les masses pélasgiques, les gros murs larges et hauts, parfois réunis en voûtes, qui étaient les monuments uniques des Aryens. Les grandes architraves de marbre devaient bientôt remplacer la soudure, la voûte des premiers Grecs, au sud de l’Olympe. Conservée et développée en Macédoine, en Étrurie surtout, la voûte atteignit plus tard à la perfection, dans l’architecture romaine.

De l’état scientifique des premiers Grecs, quelques indications positives nous sont parvenues. Les Pélasges avaient une écriture. Homère parle d’un message écrit sur une tablette bien placée. Comment un homme, d’ailleurs, eût-il pu composer l’Iliade, sans posséder le moyen de noter ses inspirations ? Les Hellènes, contrairement aux premiers Grecs, furent plutôt rebelles à l’écriture. Au temps des guerres médiques, les caractères de l’alphabet hellénique, apportés par les Phéniciens, n’étaient pas encore bien déterminés. Le mot écrire ne se trouve pas dans la langue des nouveaux Grecs. L’art de fixer la pensée ne s’imposa aux Hellènes, que lorsque leurs intérêts commerciaux leur en firent une obligation. Tandis que les Ioniens, avides de savoir, heureux de leurs joies intellectuelles, imaginaient, écrivaient des chefs-d’œuvre, les Hellènes, religieux et commerçants, n’utilisaient guère l’alphabet donné par Cadmus, que pour sanctionner leurs échanges, régler leurs affaires, définir leurs contrats, ou fixer des dogmes, des rites et des tarifs sacerdotaux.

La médecine, partout, était encore égyptienne. Homère excelle dans la description des blessures. Il y avait des quantités de baumes apaisant les douleurs. La chirurgie se limitait à l’arrachement des flèches ou des piques. On considérait le cœur, connu, comme le siège de la pensée. Un héros de l’Odyssée invoque l’esprit équitable qui est dans la poitrine. La déesse aux yeux clairs, Athénée, s’impatiente de ne pouvoir arracher de la poitrine d’un homme, la pensée qui y réside.

Essentiellement agriculteurs, les Aryens s’occupaient beaucoup de la terre ; leurs défrichements, leurs endiguements, leurs cultures, étaient remarquables. Ils savaient aussi, à cause de leurs récoltes et de leurs troupeaux, les choses du ciel. L’astronomie d’Homère est d’une étonnante précision. La description stellaire du voyage d’Ulysse, dans l’Odyssée, est parfaite. C’est que la connaissance de la marche des astres dans la nuit importait aux marins. La science chaldéenne, en cela, était venue compléter ce que l’observation aryenne avait admirablement préparé.

Les besoins du trafic maritime, la continuelle recherche des trocs fructueux, la nécessité de savoir les hommes et les choses des terres lointaines, avaient conduit à l’innovation d’une science géographique. L’étude des côtes et des routes s’imposait. Au moment de la guerre de Troie, le commerce des Phéniciens consistait en l’échange de leurs propres œuvres industrielles, contre les produits naturels qu’ils ne possédaient pas chez eux, et qu’ils allaient acheter aux étrangers. Pour les teintures dont ils avaient le secret, ou le monopole, les Phéniciens devaient se procurer, en grandes quantités, des coquillages, aussi précieux que l’argent dit Eschyle, et qu’ils payaient avec des grains, des étoffes, ou des poteries. Ils trafiquaient de l’or, de l’argent, de l’étain, du cuivre et de l’acier. La Terre connue, exploitée, tout entière, était considérée comme un disque parfait, dont la presqu’île hellénique occupait le centre, et que le fleuve Océan entourait. De l’est, séjour des aurores, à l’ouest, où le soleil s’éteignait chaque soir en crépitant, il n’y avait qu’une distance limitée.

A l’origine, le trafic phénicien ne fut qu’une piraterie. En Libye, l’homme, l’enfant pour mieux dire, évalué, objet d’échange, servait de monnaie. La rapidité des opérations mercantiles, l’âpreté des trafiquants, la fièvre des marins, faisaient un effroyable gaspillage. Les Grecs apportèrent un certain ordre dans cette brouillonne activité, mirent une notion de droit dans cette ardeur. Les blés de la Sicile, de l’Égypte, de l’Asie-Mineure et de la Scythie (Russie méridionale), devinrent, avec les poissons secs, les éléments principaux d’un négoce régularisé. Une grande moralisation des peuples eût résulté de la substitution du commerce gréco-hellénique à la piraterie phénicienne, si l’ancien trafic phénicien n’avait semé, déjà, et trop profondément, presque partout, des germes néfastes. En exportant seuls, pendant si longtemps, à travers la mer bleue, leurs vases célèbres, les fameux cratères de Sidon, et leurs riches étoffes, leurs ivoires, leurs bijoux et leurs vins, les Phéniciens avaient répandu leurs idées sans scrupules, leurs appétits violents, leurs épouvantables corruptions.

Les Grecs-Aryens, qui détestaient l’âcre odeur de la mer profonde, qui admiraient, en tremblant pour leurs jours, les marins audacieux fendant la glauque mer agitée, eussent résisté sans doute à l’entraînement, à la séduction ; mais, — et c’est un fait historique notable, — les hommes qui avaient envahi la Grèce, venus du nord extrême, les blonds Achéens, partageaient avec les Phéniciens, avec les Asiatiques, le goût des jouissances matérielles et des échanges lucratifs. Pendant la guerre de Troie, Agamemnon et Ménélas vendaient du vin de Lemnos à leurs guerriers.

Ce qui sépare bien les deux époques, — l’époque grecque proprement dite, finissant à Homère, et l’époque hellénique venant ensuite, — c’est le caractère des trafics, d’abord simples, produit contre produit, et bientôt transformés, s’exerçant par l’évaluation des choses vendues ou achetées, et compensées. Les premières colonies helléniques, voulant un signe représentatif de la valeur des choses, choisirent la représentation de la valeur aryenne par excellence, du bétail (pecus), et les animaux furent une monnaie : pecunia.

Des lingots d’or imités des figurines égyptiennes, ayant la forme d’un animal, donnant réellement, sous un poids moindre, la valeur de l’animal qu’ils représentaient, servaient aux négoces extérieurs. On troquait au loin, comme jadis, un chargement de blé, ou d’étain, contre un certain nombre de bœufs ; mais les bœufs que le vendeur recevait en échange de la marchandise livrée, étaient maintenant en or, chacun d’une valeur égale à la valeur du bœuf vivant. Lorsque l’échange était de peu d’importance, le lingot, plus petit, d’or, avait la forme d’une grenouille ou d’un scarabée. Le lingot brut, non sculpté, aplati, remplaça bientôt les bêtes d’or. Un prince fera graver son image sur un des lingots plats et arrondis, et ce sera la monnaie.