DE CYRUS avait laissé deux fils : Cambyse, — Kambujiya, — et
Bardias qu’Hérodote nomme Smerdis. C’est Cambyse qui succéda au roi des Mèdes
et des Perses. Bardias eut le gouvernement de Dès son avènement (529) Cambyse voulut prendre l’Égypte jusqu’au pays de Koush, jusqu’à l’Éthiopie,
terre dont les juifs avaient signalé et vanté les richesses. La proie était
relativement facile à saisir. Depuis plus de cinq cents ans (1288-1110) il n’y
avait pour ainsi dire plus d’Égypte, une grande confusion de races, d’idées
et d’ambitions ayant mélangé les hommes de L’armée égyptienne, presque exclusivement composée de Libyens Mashouahs, blonds, encore très aryens, détestait les Asiatiques qui tenaient la vieille Thèbes et exploitaient les pharaons ; mais n’osant pas agir, ces guerriers se contentaient d’occuper le territoire. Les Grecs, enhardis par le refoulement continuel des Égyptiens vers le sud, venaient, par émigrations successives, se grouper au delta, entre la mer et Memphis. — Compterons-nous les villes dont Épaphus peupla l’Égypte ? dira Pindare. — Au sud, au delà de la deuxième cataracte, les Éthiopiens demeuraient libres, forts, intacts. Cette invasion de Libyens, d’Asiatiques et de Grecs, si peu faits pour s’accorder, sur toute la longueur du Nil connu, favorisait beaucoup les vues des conquérants ambitieux. L’Assyrien lourd, brutal et féroce, conduit par le Chaldéen rusé, cupide et cruel, pouvait prétendre à la domination de l’Égyptien docile, tenace et nombreux. Détenir le Nil, cette source de l’Océan, s’emparer des plaines de la fertile Afrique, était devenu chose simple. Maîtres de Babylone, les Perses disposaient de l’influence assyrienne, alors prépondérante dans la vallée du Nil : Assourahaddon, victorieux, dûment qualifié de roi d’Égypte et d’Éthiopie, avait divisé sa conquête en vingt-six principautés. Lorsque Bientôt, au nord, l’armée cessa d’être égyptienne ; les prêtres, tout-puissants, admirent les Grecs à s’instruire auprès d’eux ! Lorsque le successeur de Cyrus eut le désir du Nil, les guerriers noirs, découragés, étaient retournés vers leurs rois, au sud. Le pharaon Amasis donna aux Grecs l’emplacement d’une ville, Naucratis, qu’une enceinte entoura et dans laquelle les divinités helléniques seules furent admises. Psamétik III, — soleil vivificateur des offrandes, — succédait à cet Amasis, lorsque Cambyse parut, menaçant. De l’attitude des Phéniciens pouvait dépendre le succès de
l’entreprise perse. D’autre part, Sur le territoire que l’aristocratie tyrienne venait d’acquérir,
vivaient des Libyens laboureurs, d’origine aryenne, blancs, les Maxitains. La
cité de Didon, en grandissant, allait
modifier les destinées probables du nord dé l’Afrique ; de Carthage, l’esprit
asiatique, dominateur, allait se répandre vers Cette union d’Africains et d’Aryens qui constituait, sauf quelques campements exceptionnels demeurés purs çà et là, le groupe libyque, avait été fortement impressionnée avant la venue d’Élissar, avant la fondation de Carthage, un siècle environ après l’invasion aryenne (1350), par une invasion de colons chananéens. Les Phéniciens de Tyr, fondateurs de Carthage, se
donnèrent la mission de combiner ces éléments divers, d’agglomérer cette
confusion ethnique. L’emplacement de Élissar s’était engagée envers le chef Jabon à lui servir une redevance annuelle
en paiement du territoire obtenu ; mais dès que Les tributs que payaient les nombreuses villes fondées autour de Carthage entretenaient le trésor public. Les Carthaginois avaient à ce point, dés lors, le sentiment de leur puissance future, et du complet asservissement des populations Aryo-Africaines les entourant, qu’ils ne se fortifiaient que du côté de la mer. Autour de ces défenses Carthage n’admettait que des colons phéniciens, alliés, non subordonnés. Ce prompt groupement d’hommes au nord de l’Afrique, formé de deux races principales, — l’africaine et l’aryenne, ou européenne, — gouverné, maîtrisé, exploité par une aristocratie de race asiatique, allait donner à l’histoire le premier exemple d’un peuple en même temps commerçant et belliqueux. A Tyr, délivré des aristocrates, aimé du peuple qui avait
organisé la monarchie (872),
Pygmalion se hâta de se reconnaître comme le vassal du roi d’Assyrie.
Binlikhous III
(857-828)
reçut le tribut de Le désastre d’Assourlikhous rompit de fait le lien de vassalité qui subordonnait Tyr à Ninive. Lorsque Téglath-Phalasar II vint châtier les Syriens, le roi de Tyr ne figura pas dans la liste des vassaux révoltés que le roi d’Assyrie fit s’humilier devant lui, à Damas. Muthan, roi de Tyr (730), s’allia au roi d’Israël qui voulait braver les. Assyriens. Mais aussitôt que l’armée assyrienne parut, Tyr, sans combattre, se soumit. C’est alors que Sidon se manifesta comme une rivale, et que la marine grecque revint disputer aux Phéniciens l’exploitation de la mer. Des colonies helléniques se formaient de toutes parts. En Sicile, trois villes phéniciennes, — Motya, la boueuse ; Kepher, la cité par excellence ; Machanath, le campement, — bâties à l’extrémité occidentale de l’île, demeurées indépendantes, se mirent en relations prudentes avec les Carthaginois. Le roi d’Assyrie, Sargon, victorieux, étant venu jusqu’en Phénicie
(726-720),
Élouli, roi de Tyr, lui refusa l’hommage, malgré la grande peur des Tyriens
qui livrèrent L’assassinat de Sargon rendit au roi de Tyr, à Élouli, une partie de l’influence qu’il avait perdue sur les villes de Phénicie. Voici que Sennachérib reprit l’œuvre guerrière. Élouli, cette fois, fut battu. Les roches du Nahrel-Kelb, sculptées, disent le triomphe du roi d’Assyrie. La longue et héroïque résistance d’Élouli est extraordinaire, les Phéniciens ayant toujours accepté, ayant sou-vent recherché le joug du maître le plus puissant. Les Phéniciens estimaient, d’expérience, que la paix la plus humiliante favorisait le développement des trafics dont ils s’enrichissaient, et ils préféraient la richesse à la gloire. Tyr, tombée, reçut Ithobaal (700) comme roi, des mains de Sennachérib. Sidon, qui avait hérité l’importance de Tyr en Phénicie, secoua le joug assyrien lorsque la nouvelle de l’assassinat de Sennachérib lui parvint (680) : Abdilmilkut, roi des Sidoniens, refusa le tribut. Assourahaddon accourut aussitôt : Moi, dit une inscription du roi d’Assyrie, j’ai mis à mort tous les grands de Sidon ; j’ai anéanti ses murailles et ses maisons, que j’ai jetées dans la mer ; j’ai anéanti l’emplacement de ses temples. Le roi de Sidon, vaincu, et les Sidoniens échappés à la vengeance des Assyriens, s’étaient réfugiés en met, sur des navires. Avec le secours d’une flotte phénicienne, Assourahaddon détruisit les vaisseaux que montaient les réfugiés. Encore frappée par Assourbanipal (667-666), deux fois ravagée par les
Scythes (625),
— qui n’osèrent cependant pas entrer dans les villes, — Et c’est alors que les prophètes s’acharnèrent à vanter
les trésors de la cité splendide pour
exciter la convoitise des guerriers d’Assyrie. Nabuchodonosor, maître de Le pharaon Ouahprahet, utilisant une flotte qu’il avait
préparée, vint à son tour attaquer les Phéniciens, rançonna Sidon, rudement,
et revint en Égypte avec un butin considérable. La haine de l’Égyptien se
répandit alors sur toute Sidon obtint des Assyriens de très importants privilèges.
Son roi, Esmounazar (574),
releva les temples ruinés et reçut une part du territoire d’Israël : Puissent, dit une inscription du prince vassal
largement favorisé, — puissent les maîtres des
rois nous accorder toujours la possession de Dor, Japho ( Tyr renversa le trône de son roi, Baal, substituant à la monarchie un gouvernement de magistrats républicains, les suffètes. L’anarchie fut le premier résultat de la révolution, hâtive. Le grand-prêtre intervint, et la royauté étant rétablie (556), les rois d’Assyrie cessèrent de se préoccuper des Tyriens envoyant à Babylone, régulièrement, leur tribut annuel. Nabonahid, cependant, donna au peuple de Tyr, pour le gouverner, un prince de son choix, Meherbaal (555), auquel son fils Hiram succéda (551). Hiram régnait depuis quatorze ans lorsqu’il eut à reconnaître Cyrus, maître de Babylone, comme son suzerain. La haine de l’Égypte, persistante, profonde en Phénicie, garantissait aux Perses le concours des Phéniciens. Ils donnèrent à Cambyse, sans difficulté, la flotte qu’il réclamait pour agir contre l’Égypte. |