Littérature chrétienne. - Récits légendaires. - Les Épîtres.
- Martyrs. - Les Évangiles. - L’Apocalypse. - Juifs et Chrétiens. - Jean,
Paul et Jésus. - Les Actes. - Les Évangélistes : Luc, Matthieu, Marc, Jean. -
DEVENUS superstitieux, les Romains en étaient à cette religiosité pratiquante où chaque fidèle appartient au prêtre qui l’a enseigné et le conduit. La diversité des rites officiés — les uns assez mystérieux pour inspirer de la crainte, d’autres effrontés et dangereux, mais trop suivis pour que l’Empereur osât y toucher, — constituait une sorte de Société des âmes, confuse, insaisissable. Lucien parle du Chaldéen qui conjurait les serpents, du Syrien de Palestine qui exorcisait les démons, de l’Arabe magicien, du sorcier venu des pays hyperboréens, du Libyen qui fait des cures par la sympathie ; et dans des temples où trônaient des divinités asiatiques, — Isis n’a plus rien d’égyptien, — l’exaltation des sens allait jusqu’à la prostitution de la chair. Properce attribue l’infidélité de sa Cynthie au dévergondage des prêtres autant qu’à celui des acteurs. Ovide signale les fêtes religieuses — le sabbat des juifs notamment, — comme surtout propices aux chercheurs d’aventures galantes. Ces cultes, absorbants, et contagieux, tout extérieurs, uniquement sensuels, s’usaient en leurs pratiques mêmes, lassantes, n’offrant aux esprits aucun aliment. Les collèges de prêtres étaient dépourvus de doctrine, incapables d’enseignement, et sans littérature. Les desservants des divinités multiples sacrifiaient ou évoluaient, vaticinaient ou brûlaient des parfums enivrants, chantaient et dansaient, épouvantaient ou procuraient des jouissances, étaient aux yeux un spectacle bien ordonné, mais fixé, constamment semblable, sans action, totalement privé de l’élément dramatique indispensable aux Aryens. Parmi les juifs, une secte nouvelle — les Chrétiens, — donnait
précisément à ses prosélytes le rite d’un baptême purificateur, par l’eau,
symbolique ou réel, simple, clair ; la joie d’une prédication compréhensible,
le secours d’une direction familière, l’appui d’une doctrine accessible à
toutes les intelligences, un but déterminé, logique, et surtout Les Apôtres de ce divin Maître,
mêlés aux fidèles, partageant leur vie, attentifs à leurs défaillances, à
leurs besoins de communion, sans temples et sans cérémonies, moralistes
fraternels, correspondaient avec les Églises sans préoccupation de classes,
ni même d’indignité ; Édesse et Antioche, et la
riche et brillante Éphèse, traitées non autrement que la plus
pauvre et la plus méprisée des villes. Les Épîtres de Paul allèrent aux Romains,
aux Corinthiens, aux Galates, aux Éphésiens, aux Fidèles
de Philippes et de Thessalonique, de Colosse et de Phrygie, aux Hébreux ; les
Épîtres de Pierre, aux Fidèles du Pont, de L’esprit de Paul, de Pierre et de Jacques s’accordant mal, leurs Épîtres risquaient d’impressionner diversement les Églises auxquelles ils adressaient leurs appels ou envoyaient leurs conseils. Paul, suivant les circonstances, s’éloignait ou se rapprochait du judaïsme ; Pierre et Jacques, de leur côté, influencés tantôt par leur instinct naïf et tantôt par la diplomatie de Paul, habile, nécessaire, l’idée initiale, pure, se compliquait de concessions fâcheuses et d’affirmations hasardées, se rattachait trop au passé, puis innovait trop radicalement. Les objections, sinon les résistances, auraient sans doute compromis l’œuvre du Christ dès les origines, en divisant les Églises, si les persécutions n’avaient fait aussitôt l’unité chrétienne, que les Évangiles consacrèrent, donnant enfin un Livre, une Bible et un Dieu aux persécutés. Matthieu en hébreu ou syro-chaldéen, Marc, Luc et Jean en grec, écriront, chacun, la sublime épopée de Jésus, du Sauveur des hommes, du Fils de Dieu, venu sur la terre pour y subir, jusqu’à la mort la plus ignominieuse, toutes les injustices d’une humanité rebelle à son Créateur, ingrate, ignoble. Tous, au sein des Églises, sauvés déjà par la preuve faite du mal et le martyre régénérateur du Crucifié, collaboraient inconsciemment à l’œuvre indispensable. Des souvenirs encore vivants et des notes éparses conservaient les actes et les paroles de Jésus, ses sentences, ses discours, ses actions. On n’avait pas rédigé, en les coordonnant, ces reliques idéales, parce que la fin du monde annoncée, prise en un sens matériel, et si proche, dispensait d’un labeur inutile ; mais — miracle facile aux Orientaux, — l’esprit et la forme des enseignements de Jésus étaient transmis oralement, intacts, en leurs nuances les plus délicates, l’inimitable originalité de son verbe, l’harmonie de sa diction, l’à-propos singulier de ses réponses, — à ce point, que les arrangements de sa parole, et même les différences textuelles de ses discours édités, n’en modifient ni le caractère ni l’expression. Chaque groupe de fidèles eut son Évangile ; quelques-uns entachés de spéculation, tel l’Évangile de Nicodème, presque un roman ; d’autres discutables, tel l’Évangile de l’Enfance ; l’Évangile des Ébionites, écrit pour ce groupe spécial ; un Évangile selon les Hébreux et un Évangile selon les Égyptiens, perdus ; un Évangile apocryphe peut-être ?... des Évangiles, enfin, intérieurs à ceux des quatre Évangélistes, et dont les Pères de l’Église citent des fragments, — Évangiles de Justin, de Marcion, de Tatien, — écrits disparus, que domine dans tous les cas l’ouvre définitive de la collectivité chrétienne primitive, monument indestructible d’une foi commune, édifié par des milliers de volontés, portant gravés à la base les noms de Matthieu, de Marc, de Luc et de Jean. Par son Apocalypse, Jean, à la même époque, joint à l’ouvre
si purement aryenne des Évangélistes un livre étonnant, inspiré des fureurs
prophétiques, et introduit ainsi dans la littérature chrétienne première un
élément de trouble intellectuel, asiatique. Un imposteur, Terentius Maximus,
s’était donné en Asie Mineure comme Néron échappé à ses bourreaux, et
réclamait l’Empire. Aux environs de l’Euphrate, un grand enthousiasme avait
accueilli le faux Néron, que les
Parthes livrèrent aux Romains. Jean, relégué à Patmos, écrivit-il son
Apocalypse (68-69) contre le Néron
ressuscité, ou voulut-il atteindre la mémoire du vrai Néron, persécuteur des
Chrétiens ? L’ouvre, incontestablement, visait Rome, assouvissait la
vengeance juive ; Si les Romains, susceptibles de réflexion intelligente,
avaient alors distingué la tranquille vie des sectateurs de Jésus des
extravagances du Judaïsme écrasé, la bravade folle du nabi de Patmos — disciple
authentique de Jésus, — eût été faite pour justifier la confusion où Chrétiens
et Juifs allaient subir les conséquences d’une haine furieuse. En vain,
suivant leur marche civilisatrice, laissant à leur colère sourde les Grands
Prêtres de Jéhovah, les Apôtres auront abandonné les Pharisiens et les
Asiatiques, l’Asie les reprend, s’attache à eux, les, compromet ; en vain les
Pharisiens et les Saducéens se montreront sourds à la voix de l’Évangile,
résolument incrédules au Messie venu, obstinés adversaires du Christianisme
promulgué : le Christianisme restera solidaire des Juifs incorrigibles. Les
Juifs, plus que jamais, annoncent la prochaine arrivée du Messie fils et successeur de David, belliqueux et
vengeur, nouveau Cyrus rendant à C’est que le christianisme de Paul n’était plus le christianisme de Jésus ; et le Jésus de Jean fut encore, dans un sens, une autre figure de Dieu. L’ouvre personnelle de Paul et l’ouvre personnelle de Jean — Épîtres, Évangile et Apocalypse, — firent une religion que les Galiléens n’avaient pas prévue, qui transforma la révolution accomplie en une sorte de réaction, où les sectateurs de Zoroastre, les Hellénistes et les Juifs furent admis à concourir. Il en advint, certes, que le Christianisme apparut plus tôt prêt pour la lutte, contradictoire évidemment avec ses pacifiques origines, — la mémoire de Paul ne tardera pas d’ailleurs à en être accusée, dénoncée, anathématisée, — mais hiérarchisé, organisé, fort, en face du pouvoir romain. Hors de Rome, dans les provinces, loin du centre d’action,
le Christianisme attirait les souffreteux, les déshérités ; il plaisait aux
classes moyennes, dont l’honnêteté répugnait aux corruptions généralisées,
cultes et plaisirs, cyniquement étalés. Les souffrances, le dégoût et le
spectacle perpétuel de la dureté romaine, de l’abus stupide des
satisfactions matérielles chez les riches, avaient développé une sensibilité
maladive qui disposait admirablement les esprits à recevoir Et qui donc eût songé, alors, à critiquer le délicieux récit évangélique ? Tout au charme de la narration, quel lecteur eût consenti à diminuer sa jouissance émue d’une objection sur l’impossibilité pratique, par exemple, d’une succession d’événements accomplis en trop peu de jours, la chronologie défectueuse des faits, les erreurs historiques ? Quel philosophe chagrin, volontairement complice de sa propre désillusion, aurait osé, en ce livret merveilleux, noter les influences esséniennes, c’est-à-dire bouddhiques, les prières empruntées à l’Iran, les sentences morales des précurseurs juifs ou égyptiens, et — telle la page de la transfiguration, — l’idée grecque des métamorphoses ? Il est bien probable que les Chrétiens initiés à la vie et à la pensée de Jésus se renseignaient peu sur les auteurs du livret, car ils en connaissaient déjà, la plupart, des pages entières, depuis longtemps racontées ; et il n’est pas surprenant, en conséquence, qu’aucune indication précise ne nous soit parvenue sur l’époque de la rédaction ou de la publication des Évangiles. Jésus s’étant exprimé en un idiome araméen, ses paroles étaient nécessairement traduites, et les testes actuels, nouvelle traduction, ne sont pas ceux qu’on lut d’abord dans les Églises diverses ; mais une telle communion de sentiments admiratifs et de souvenirs tendres unissait les Fidèles, que l’écriture originale et les transmissions successives du recueil ne pouvaient guère en modifier l’essence, dénaturer surtout les formules caractéristiques des déclarations de Jésus. Luc, cependant, en ses Actes, comme en son Évangile, prétendit faire œuvre d’historien. Ami et compagnon de Paul, témoin du zèle inouï de l’Apôtre, que l’on attaquait déjà, le calomniant sans doute, et médecin, attentif et .ingénieux, plus libre parce qu’il n’avait pas connu le Christ, et très helléniste, c’est-à-dire apte aux compositions, Luc croyait que les Grands étaient les ennemis irréconciliables des Chrétiens ; et il rêvait d’une organisation démocratique, vaste, obéissant à des chefs institués, formidable, irrésistible. A l’imitation des auteurs grecs, il prêta son style à ses héros, dont il cita les discours, et soumit les faits, arrangés, aux nécessités artistiques de sa narration. Luc choisit, élague, combine, imagine parfois, tout à son œuvre d’art, qu’il perfectionne. Ce qu’il veut, c’est persuader, édifier, cherchant — loyal et touchant parti pris, — à raccorder les divergences qui avaient séparé Paul et les Apôtres de Jérusalem ; corrigeant les prophéties qui ne s’étaient point réalisées ; donnant enfin à la biographie de Jésus tout le relief d’une littérature délicate, soutenue d’un bon sens aryen, ordonné, logique, mais avec des préoccupations d’amitié — il est le bien-aimé de Paul, — et quelques rancunes, qui l’empêchent d’atteindre au pathétique. Il avait pris l’Évangile de Marc pour le compléter ; sa compilation, accrue peut-être des notes de Matthieu, fut comme l’illustration coloriée, compliquée, alourdie, d’un chef-d’œuvre simple. Matthieu, — par qui le drame de Jésus, raconté, secoua le
monde d’un frémissement et le conquit au Dieu crucifié, — écho, mais combien
fidèle ! des paroles du Christ, récitant naïf des merveilles accomplies, a
comme Luc, toutefois, une préoccupation : il craint que les Églises ne se
dissolvent par manque de tradition respectée, de doctrine fixe, et il appuie
le Christ des prédictions bibliques réalisées, et il accepte Marc, plus hardi, plus sec, débute ainsi : Commencement de l’Évangile de Jésus-Christ, fils de Dieu... et rien ne le distrait plus ; il va droit à son but, généralisant, en même temps qu’il frappe de détails vrais, saisissants, un récit dont la sincérité explique le décousu, la brièveté parfois dure, presque analytique. Démocrate et dévot, Marc affirme la suppression de la propriété, la revanche du pauvre, quitte envers Dieu des malheurs qu’il prévoit, s’il est resté fidèle aux rites par lesquels se manifeste la religion. Car le premier Évangéliste — l’Évangile de Marc a la priorité, — avait le sentiment très net des conséquences de la révolution qu’il servait, des jours terribles qu’il préparait : Car ces jours-là seront une calamité, telle qu’il n’y en a pas eu depuis le commencement de la création que Dieu créa, jusqu’à ce jour, et qu’il n’y en aura plus jamais ! Jean, qui n’écrivit son Évangile qu’après Matthieu, Marc et Luc, mécontent de certaines idées illusoires, à son point de vue, — celle de la prochaine fin du monde, par exemple, devenue populaire, — et trouvant aussi, peut-être, que les souvenirs de Pierre, recueillis par Marc, répétés par Matthieu, différaient de ce qu’il avait vu et entendu, lui le dernier témoin survivant de la vie et des œuvres totales de Jésus, — Jean, vieilli, réclamant la place qui lui semblait due, impatient de l’occuper, étonne par le langage nouveau, en sa forme au moins, qu’il déclare avoir été celui de Jésus, et qui n’a plus rien d’hébraïque. Il rompt avec le passé juif, autant que cela était possible : Vainement vous prétendez vous prévaloir de votre nationalité ; vous n’êtes pas sûrs d’arriver au Royaume par votre privilège d’appartenir à la race d’Abraham. Entre l’Évangile de Jean, dogmatique, obligeant à de la réflexion, menant aux discussions, favorable aux polémiques, aux subtilités, contradictoire avec la conception qu’on s’était faite, avant qu’il n’eût parlé, de la divine personne du Crucifié ; l’Évangile de Luc, composition d’un art trop savant, exclusif de toute émotion entraînante ; l’Évangile de Marc, original, d’une précision sèche, et l’Évangile de Matthieu ; simple et vrai, clair et logique, humain et divin à la fois, épopée et drame, émouvant et consolant, les Chrétiens d’Europe ne pouvaient hésiter. Le Dieu de cet Évangéliste, où rien de judaïque ni de païen ne subsistait, Providence perpétuelle et intelligente, réalisait seul le rêve des Aryens d’Occident, et ils le proclamèrent Dieu unique, parce qu’en somme c’était eux-mêmes, tous ensemble, qui l’avaient reconnu, sans préoccupation de théologie, sans complication de culte ni de sacerdoce, nécessairement et éternellement bon et glorieux. Le Sermon sur la
montagne, collection de maximes pieusement colligées, rattachées au fil d’un
seul discours, œuvre flagrante de l’universelle collaboration, fut le statut
définitif de l’association nouvelle. Mais les Apôtres étaient seulement des hommes, et le
miracle de la communion universelle, consommée, allait subir les influences d’une
civilisation à laquelle l’enthousiasme ne suffisait pas. Le paradis de l’Apocalypse,
où les élus ne connaîtraient ni la faim, ni la soif, ni la chaleur accablante du soleil, matérialisait
les espérances ; l’humanité de Jean — hommes de
toute tribu, langue, peuple et nation, — reprenait le thème
israélite de domination sur la terre ;
le Messie biblique, victorieux, trônant sur les
ruines des empires, compromettait le Jésus de Matthieu ; Luc, en
paraissant provoquer les infidèles,
détournait sur les Chrétiens toute la haine que les Romains vouaient aux
juifs, faisant bénéficier Israël, presque exclusivement, de la gloire de Jésus
: Il y aura lamentation et grincement de dents,
quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob et tous les prophètes dans le
royaume de Dieu, tandis que vous, vous serez jetés dehors, et qu’on viendra
de l’Orient, de l’Occident, du Nord et du La politique des Évangiles, — si politique il y a, — républicaine, toute d’égalité et d’amour, avec sa religion séparée de l’État et son royaume idéal, tournait à l’insolence, courbait, aux termes de l’Apocalypse, sous le pouvoir d’un Éternel agissant, allégorique en la forme, réellement roi des Juifs, et les rois de la terre ; et les Grands, et les capitaines, et les riches, et les puissants, et tous les esclaves et hommes libres... Or Rome était encore frémissante au souvenir humiliant du soulèvement des esclaves en Sicile, ameutés et conduits par Salvius savant en l’art des aruspices, guerre religieuse que les sectateurs de Jésus semblaient vouloir recommencer, malgré la chute exemplaire et retentissante de Jérusalem. Le Dieu des Chrétiens devenait redoutable en effet, car il
répondait à toutes les aspirations. C’était le Dieu qu’Anaxagore avait
décrit, Un, omnipotent ; c’était Malheureusement la doctrine de Jésus ne pouvait demeurer intacte ; le christianisme du divin Fondateur devait subir la double influence des rhéteurs hellénistes et des docteurs juifs. Les Évangiles eux-mêmes montraient jusqu’à quel point les Apôtres vraiment Chrétiens, les plus fidèles et les mieux avisés, étaient loin déjà de la voie primitive, droite. Matthieu, Marc et Luc substituent au baptême aryen de Jean-Baptiste, par l’eau, le baptême symbolique dans l’Esprit Saint et le feu, — Marc, plus réservé, ne parle que de l’Esprit Saint, — consécration qui justifiera, dans les assemblées, l’intervention des assistants saisis d’inspiration, révélant des dogmes. Le Logos de Platon, des Hellénistes alexandrins, sera le Verbe, et Paul en déduira le Verbe fait chair, supérieur au Dieu métaphysique et au Dieu de Moïse, puisqu’il confond les deux Idées, qu’il les annule en les réunissant en Jésus-Christ. D’une idée philosophique ancienne, — simplifiée par Platon
également : Les anciens, qui valaient mieux que
nous et qui étaient plus près des dieux, nous ont transmis cette tradition,
que toutes les choses à qui l’on attribue une existence éternelle sont
composées d’un et de plusieurs, et relient en elles, par leur nature, le fini
et l’infini, — les Évangélistes extrairont la formule de La civilisation chrétienne fut donc rivée à la civilisation judaïque ; le prophétisme asiatique en imposa au bon sens aryen ; la pénible histoire du peuple d’Israël devint le lourd prologue de l’Évangile ; la rayonnante figure du Dieu sauveur s’assombrit sous le regard éternellement courroucé de Jéhovah ; et les Chrétiens enfin, responsables de fautes qu’ils n’avaient point commises, furent, pour les Romains, les héritiers immédiats des juifs incorrigibles, à détruire. Ne disait-on pas hautement, partout, que Jésus-Christ reviendrait pour régner pendant mille ans dans Jérusalem ? |