Celtes et Hellènes. - Ancienne Celtique. - Galates. -
Celtes, Alaures, Arabes scénites (Sarrasins), Éthiopiens et Perses. - Races
teutonique, lithuanienne, gothique ou scandinave, scythe ou slave, ouralo-altaïque
ou finnoise. - Fin de D’APRÈS Éphore, les mœurs des Celtes au IVe siècle avant
J.-C. ne différaient pas beaucoup des mœurs des Hellènes ; il existait alors,
dans tous les cas, entre D’où étaient-ils venus ? Il semble que les Aryens apparus
en Europe vers le milieu du XIVe siècle avant notre ère, civilisés, seraient arrivés en
Gaule par un détour ; ils auraient suivi les bords du Danube, puis les bords
du Rhin, et seraient allés en Grande-Bretagne (VIe siècle av. J.-C.) pour descendre
ensuite en Gaule et se répandre dans les vallées de L’exode des Celtes aryens, et leurs haltes, se manifestent
par les vestiges du culte qu’ils rendaient aux sources fraîches, et par les
témoignages accusés de dénominations particulières relevées en Europe.
Éphore, contemporain d’Alexandre, comprend dans sa Celtique : l’Espagne —
jusqu’à Cadix, — le bassin du Rhône, le Nord des Cévennes, En Gaule, les Celtes avaient de même supplanté une
population déjà mélangée, anaryenne. Les Romains, après la conquête,
cherchant les vrais Gaulois,
trouvèrent des hommes roux et blonds,
qui paraissaient former une aristocratie ancienne, mais effacée, et des hommes nouveaux, d’allures démocratiques,
actifs et intelligents. Ces hommes nouveaux, aux
yeux gris, tantôt souriants et rêveurs, aux cheveux bruns, étaient
les Gaulois véritables — Galli, Galls, Gaëls, Celtes, — dont la chevelure d’or, poétisée par Virgile, n’était
que l’illusion d’une teinture obtenue par un lait de chaux. Tous ceux qui
visitaient Les Celtes introduisirent en Gaule l’usage de l’inhumation ; et c’est là, historiquement, la preuve du changement radical accompli. Les monuments antérieurs — pierres levées, cercles de pierres, — n’étaient pas des monuments celtiques. Le druidisme, contemporain de cette architecture fruste, sommaire, est le contraire de ce que les Aryens apportaient. La corporation sacerdotale, vaticinant à l’ombre des chênes et sacrifiant des êtres humains aux divinités, ne pouvait que répugner aux Celtes aryas, chanteurs d’hymnes, amis des sources, adorateurs des fleuves. C’est pourquoi les Romains purent condamner et traquer le druidisme en Gaule, sans soulever de protestation. C’étaient bien des Celtes aryens, ces Gaulois dont le serment de guerre était presque textuellement le serment grec, antique, inspiré des Védas : Si le ciel ne tombe pas, moi, par la victoire dans les combats et les batailles, je ramènerai à l’étable et au bercail les vaches, et au logis les femmes enlevées par l’ennemi. Celtes aryens, encore, ces Gaulois décrits par Jules César, hommes et femmes, francs, et sans finesse, n’employant que la force, jamais la ruse. Ces Gaulois nouveaux adoptèrent le fier et gai symbole du coq, qui remplaça l’ancienne effigie du sanglier lourd et hérissé. — Et ils furent tout à fait Celtes, trop Celtes peut-être, trop Aryens, ces Gaulois qui, dès le lendemain de la conquête romaine, acceptèrent la civilisation latine, consentirent à former cette Nation fictive, gallo-romaine, où l’aryanisme celte devait se combiner avec l’hellénisme bâtard des Phocéens et des Phéniciens de Marseille, l’asiatisme des Syriens de Vienne et de Lyon, pour tranquilliser, endormir et finalement supplanter les vainqueurs. Par L’abaissement de Rome, constant, procurera aux peuples divers, mélangés, brassés, pourrait-on
dire, les uns dans les autres, en Europe, en Afrique et en Asie, le loisir de
se rechercher, de se reconnaître, de constater leurs affinités, de se réunir
en groupements spéciaux, et de s’affirmer. On voyait déjà, indépendants,
dénommés : les Celtes de Calédonie et d’Hibernie, en Grande-Bretagne ;
les Maures, Numides et Libyens, en Afrique ; les Sarrasins, en Arabie et en
Mésopotamie ; les Perses, en Iran... Déjà, avait écrit
Juvénal, le Breton a reçu du Gaulois des leçons
d’éloquence ; il avait davantage goûté les leçons d’indépendance
données. Les Africains tâchaient de rejeter la langue latine pour reprendre
la vieille langue des indigènes, le
berbère, que les tribus de l’intérieur et des frontières parlaient ; car en
Afrique, ainsi que le dit Florus, les forces des
vaincus avaient été plutôt dispersées que détruites, et ces forces
se ressaisissaient, et l’aride patrie des lions
se repeuplait jusqu’à l’Atlas, qui borne le monde.
Les Bretons, les Gaulois, les Africains, les Arabes, ou Sarrasins, les Éthiopiens et les Perses étaient des nations faites ; il ne pouvait en être de même des peuplades nombreuses, tantôt réunies et tantôt séparées, tantôt alliées et tantôt ennemies, qui battaient les frontières immédiates de l’Empire en Europe. Cependant, une division par races préparait une série de repères aux historiens futurs. La race teutonique comprendrait : Des bouches du Rhin au Mein, un amalgame de Sicambres aux cheveux tressés et bouclés, de Bructères habitués des marécages, de Chamaves expulseurs des Saliens, et de Cattes aux visages menaçants, insociables, tribus fanatiques d’indépendance, mais se confédérant, pour l’action guerrière, et qui seraient le groupe des Francs ; — du Rhin à l’Elbe, au bassin du Weser et jusqu’à la mer du Nord, des Angrivares, d’où surgira Witikind, des Chauques flegmatiques, que rien n’émeut, tranquilles et solitaires, des Frisons illustrés par la mémorable défaite infligée aux armées romaines sous Néron, et des Chérusques, autrefois vaillants et braves, maintenant lâches et stupides, d’après Tacite, mais qui avaient jadis écrasé les .légions de Varus, et qui formeraient le groupe des Saxons, — des Angles, au nord, et des Thuringiens, au sud, peut-être ligués, mais d’une susceptibilité sauvage, hors du classement ; — entre le Rhin et le Danube, enfin, une masse désordonnée, ivre de convoitises, aux appétits insatiables, stimulés par une commune intention de pillage plutôt que de domination, horde serrée composée de toutes sortes d’hommes, de tous les hommes (all-mann) », et qui fut, en histoire, la confédération des Alamans. Les Suèves — les errants, les nomades, schwaben, Souabes, — dont la réputation se
maintenait terrible, et qui reprendront leur propre histoire interrompue,
sont parmi les Alamans. Sur la trace des Suèves
on distingue, comme à part, bien que compris dans la horde, des Burgundes, tantôt paisibles et tantôt agités, se dirigeant
vers le Rhin, et des Lombards, ou Langobards, peu
nombreux mais redoutables, plus
sauvages et plus farouches encore que les Germains, campés sur le
Moyen-Danube. Au nord, près de Tacite s’efforce d’établir l’origine des Alamans, issus de Mann ? — un dieu ! — et dont les trois fils gouvernèrent les Ingévones au nord-ouest, les Herminones au centre, les Istévones formant le reste... De ces commencements seraient sortis, en outre, les Marses, les Gambriviens, les Suèves et les Vandales ? Tacite accorde à ces Alamans une tradition littéraire, une histoire, écrite en vers antiques, célébrant la gloire du dieu Tuiston né de la terre et qui est Mann, source et fondateur de la nation. La mythologie généalogique de Tacite ne réussit pas à unifier le mélange flagrant de tous les hommes constituant le groupe. L’Alamanie, purement arbitraire, eut pour limites, essentiellement variables, le champ d’action, sans cesse modifié, de cette foule que d’énormes besoins destinaient à toutes les aventures, armaient pour tous les exploits. Dans ces Alamans se trouvaient les Suèves, et dans les Suèves — à leur tête, d’après Tacite, occupant cent cantons, — étaient les Semnones, qui sacrifiaient des victimes humaines à leurs dieux. Au temps de Constantin seulement, à la dénomination celtique et vague de Germains — le peuple voisin — se substitua le qualificatif clair d’Alamans — toutes sortes d’hommes — pour désigner le gros des Barbares menaçant l’Empire au nord. Le pays des Alamans sera, pour Jornandès, là où le Danube prend sa source ? Une influence danoise remplacera plus tard par un d (mand) l’un des n du mot générique (mann). Les Alamans, dit simplement et exactement Asanius Quadratus, sont des hommes assemblés de divers endroits et mêlés ensemble ; ce que signifie le nom qu’ils portent. L’agglomération de la horde alamanne avait dénaturé cette Germanie en formation qui, grâce au génie celtique persistant, aurait pu se constituer en nation gouvernée. Le mouvement — véritablement barbare cette fois — qui entraîna dans le désordre d’une formidable poussée ce peuple nouveau, termina pour l’Europe centrale l’essai d’agglomération nationale inauguré en Germanie, et peut-être réalisé par le Royaume celtique. La confusion alamanne, ou alamande, laissa l’idée d’une Europe préhistorique d’abord peuplée d’anthropophages, habitant des cavernes, — les cyclopes, kuklôpes d’Homère, — arrivés à un certain degré de civilisation, lorsque (400 ans av. J.-C.) Pythéas signala des Teutons (Teutoni) sur les côtes de la mer du Nord ; d’où, plus tard, l’appellation de race teutonique, généralement appliquée aux hommes qui vivaient de la mer du Nord au Rhin et au Danube, nomades ou sédentaires, pacifiques ou belliqueux, aryens ou anaryens. De cette race teutonique on extraira ensuite — par un
simple besoin de classement historique intéressé, sans doute, — une race dite
lithuanienne, à laquelle on donnera, comme
cantonnement, le pays entre A côté de ces tribus de race dite lithuanienne, — qui .n’étaient en réalité que des Finnois, — vivaient des Taïfiles, des jutes, déjà peut-être des Vandales mêlés de Vendes, dont les mœurs et lès tendances étaient caractéristiques, particulières. Voici qu’à l’est de l’Europe apparut une horde nouvelle,
semblable à la horde alamanne, et qui occupait de vastes territoires : les
Goths. De la constatation d’une rare gothique, résulta nécessairement le
désir d’en rechercher et d’en fixer l’origine, et comme cette horde nouvelle,
lorsqu’elle déborda à l’orient de l’Europe, puis au sud-est, venait du nord,
dû nord-ouest extrême, on établit que l’île de Scanzian — car la péninsule
scandinave ( Des froides régions de l’Ourse,
qu’habitaient les mangeurs de phoques,
— les anthropophages de l’Odyssée évidemment, — s’étaient donc précipités les
Goths, « divisés en familles », écrit Jornandès. Ayant achevé leur exode, du
nord-ouest au sud-est, répandus de Pour s’installer, les Ostrogoths avaient écrasé les Gépides lents et lourds, Scythes illustres, maîtres du pays qu’entourent des fleuves grands et renommés. Les Goths — auxquels, dit Florus, l’affreuse région du Nord avait communiqué sa rudesse, — subjuguèrent, supplantèrent les Gépides, à peu près comme les Alamans avaient fait des Germains, avec la même brutalité inconsciente, la même barbarie. La horde gothique, quelles que fussent ses origines, descendait bien du Nord maintenant, où elle était montée ; et elle en revenait, énormément grossie de ces Scandinaves, de ces Finnois, dont les sagas nous disent les mœurs cruelles, dont les rites religieux comprenaient l’immolation de victimes humaines. Et c’est ainsi que la race gothique put être, avec quelque raison, dans une certaine mesure, également dite race scandinave. Les Goths repoussèrent au nord, violemment, les Scythes
que les Gépides avaient compromis en se laissant terroriser, et qui, sous le
nom inexact de Vendes, adopté par les Romains, occupèrent vaguement, avec des
lacunes, les terres comprises entre On ne pouvait confondre les Scythes, ou Slaves, refoulés au nord par les Goths, avec les peuplades qui, de l’île de Scanzia jusqu’à l’Oural, et jusqu’à l’Altaï, se succédaient en tribus dont les types en différaient étrangement ; race particulière, reconnaissable à la couleur jaunâtre de la peau, à l’obliquité des yeux, ayant l’un ou l’autre de ces caractères, ou les deux : Lapons, Samoyèdes, Tchoudes, Mériens, Mouroniens, Votiaks, Permiens, Mordwes, Tchérémisses, Tchouraches, Bulgares, Méchtchévaks, Bachkyrs, Erzes, Zyrianes, Ougriens, Ostiaks, Vogouls... race dite ouralo-altaïque, — mal dénommée, — race Finnoise pare à l’Ouest, en Scandinavie, et se modifiant ensuite, à l’Est, à mesure qu’elle se rapproche davantage des Asiatiques jaunes, et que l’on retrouvera, en effet, ouralo-altaïque si on veut, lorsqu’elle se précipitera sur l’Europe, invasion terrible — fléau de Dieu — de Huns, d’Avars, de Khazars ou Bulgares, de Magyars ou Ougriens (Hongrois), de Petchénègues, d’Ouzes, de Polovsti, de Tatars ou Mongols, de Turks... Aux commencements de Rome, ces Finnois auraient habité la
partie de l’Europe délimitée par La race finnoise engloberait donc tous les peuples anaryens de l’Europe et de l’Asie septentrionales, et en conséquence, la race teutonique ne serait qu’une branche de la race finnoise : les Finnois occidentaux. La division par races, impossible à établir
rigoureusement, scientifiquement, — le mélange des peuplades, nombreuses,
ayant tout compliqué, — et les faits historiques de la guerre aux Barbares, enfin enregistrés,
modifièrent, au ive siècle de notre ère, Au ive siècle, cette ingénieuse Germanie disparut devant
les faits, pour se sectionner d’elle-même en groupements exclusifs, en
confédérations que l’intérêt, et non l’affinité des races, avait produites :
Les Alamans (Alemanni),
d’abord formés d’Usipètes, de Tenctères et de Juthonges, qui s’accrurent
ensuite des Suèves d’entre Neckar et Oder (Quades et Marcomans), des Hermundures, des
Burgondes, des Langobards, et auxquels se joignirent, comme pour augmenter la
confusion ethnique, des Varnes et des Vindiles des bords de La dénomination de Celte, synonyme de Galate (Celte, victorieux ; Galate, brave), et dont Pausanias, Plutarque et Strabon ont établi l’identité, — le Galate de race celtique, a écrit Plutarque, — aurait le mieux convenu, en en consacrant l’unité, au formidable torrent d’hommes qui submergera l’Empire romain. Mais la suppression du Royaume celtique par les Germains, que l’esprit scandinave, finnois, entraînait, ne permettait plus d’opposer à la machine impériale — complètement asiatisée et en conséquence détraquée par Dioclétien, — une organisation aryenne, celtique, véritablement européenne. |