Germanie et Germains. - Sarmates. - Scythie et Scythes. -
Germains et Barbares. - Gaule et Gaulois. - Celtes. - Gallia romaine. -
Celtibères. - Celtes de Germanie et des Gaules. - Belges. - Galls et Germains.
- Première civilisation gauloise. - Scandinaves et Phéniciens en Gaule. -
Ibères, Eusques, Basques et Cantabres. - Ibères en Ligurie. - Le royaume
celtique. - Poème d’Hildebrand. - Atuatiques, Helvètes et Bohémiens. -
Extension des Celtes. - Le Rhin
VAGUEMENT, les Romains concevaient une Germanie bornée par
le Rhin à l’ouest, le Danube au sud, une mer indécise — l’Océan Germanique — au nord ; à l’est, la limite
dépendait des événements. Les Germains leur apparaissaient toujours, malgré
Tacite, comme de monstrueux ivrognes, buvant dans les crânes de leurs ennemis
vaincus, et terminant leurs longs banquets par des tueries de convives. Ils
les qualifiaient d’opiniâtres et de fougueux, libres,
leur invincible rage faisant leur
valeur, ne rivant que de la chair des bêtes, élevant dans ce but
d’innombrables troupeaux, leur unique richesse ; des yeux bleus, farouches, et des cheveux d’un blond ardent caractérisaient leur race.
Redoutables au premier élan, la fatigue avait assez vite raison de leur
courage, et tout travail les rebutait. Ils descendaient d’Ulysse ! Ils ne
constituaient pas une nation, mais
seulement une peuplade. Ils s’étaient
dits Germains, parce qu’une de leurs tribus portant ce nom, aux origines,
s’était acquis une réputation de bravoure terrifiante, qu’ils avaient ainsi
exploitée.
La
Germanie de Tacite, encore limitée à l’ouest et au sud par
le Rhin et par le Danube, était séparée
des Sarmates et des Daces, à l’est, par une
crainte réciproque et des montagnes ? En réalité, au point de vue
géographique comme au point de vue ethnographique, la Germanie et les
Germains restaient indéterminés
Nous vainquîmes des peuples en
Germanie, raconte Paterculus, dont le
nom même était presque inconnu. On attribuait aux Germains toutes
les manifestations des Barbares au nord et à l’ouest de l’Empire. Tacite,
résumant autant qu’il le put, avec une puissante habileté d’artiste, les
vérités et les erreurs recueillies, fit de la Germanie un tableau
synthétique où s’unifièrent, en un cadre restreint, des croquis de mœurs et
de lieux, non seulement divers, mais encore contradictoires, quelquefois
imaginés.
A l’est de la
Vistule et du Borysthène, Tacite plaçait les Sarmates sales et paresseux, qu’Ammien Marcellin
cantonnera en un pays arrosé de fleuves sans
nombre et sur lesquels ils naviguaient au moyen de troncs d’arbres creusés, insaisissables,
singulièrement adroits, très dangereux à cause de leurs
brigandages imprévus. Ce sera le Sarmate classique de Martial, le Barbare qui s’abreuve de sang de cheval. — La Sarmatie avait été
comprise jadis dans la vaste Scythie,
où Pline observe que les historiens de l’antiquité avaient vu les Germains.
Déjà Hérodote divisait la Scythie en Scythie
d’Europe et Scythie d’Asie, dont le Tanaïs faisait la démarcation. Après
l’échec de Darius, les Scythes avaient été, pour le monde, des envahisseurs
permanents. Le Tanaïs est encore pour Horace le
fleuve lointain de la
Scythie. Au temps de Jornandès, — les
Germains ayant hérité de la réputation des Scythes, — on vit la Scythie conventionnelle
s’étendre à l’est jusqu’en Chine, aux pays des Huns, des Albanais et
des Sères (Chinois)
qui demeurent auprès des rivages de la mer
Caspienne.
L’histoire des Scythes, précisée, enregistrait leur conquête
de la Bactriane
et de l’Inde, leur expulsion des bords de l’Indus (56 av. J.-C.), leur asservissement
aux Chinois, leur indépendance recouvrée au nord de l’Oxus (116), leur
extension en Iran, et leur importance. Étaient considérés comme Scythes, dans
la nomenclature approximative des Barbares, les Gètes, les Massagètes, les
Fennes, les Estyens, les Taures, les Iazyges, les Bastarnes, les Roxolans,
les Agathyrses et les Hérules. L’Égypte,
écrira Ammien Marcellin, est la plus ancienne des
nations, si l’on excepte celle des Scythes.
Dix-sept cents ans avant J.-C., les Phéniciens de Tyr, descendus
sur les rivages de la
Propontide et de la mer Noire, y avaient trouvé des Scythes
en possession d’une civilisation. Hippocrate remarqua leur race spéciale : Si les Perses sont belliqueux, c’est que le sang scythe a coulé dans leurs veines...
Mais pour les Romains, la
Scythie historique s’illustrait de fables, le Scythe
légendaire s’enfonçait au nord, dans l’inconnu. Le Scythe d’Horace traîne sur un chariot sa demeure errante ; le
Scythe de Florus erre en ses solitudes comme sur
une mer, guidé par les étoiles ; le Scythe de Tertullien n’est
plus qu’un anthropophage hideux. Les Bouches du Danube cependant
s’épanouissaient encore dans la mer de Scythie,
et l’on prolongeait le pays des Scythes,
au nord, jusqu’à la
Baltique, mer dormante, presque
immobile, hantée de formes divines,
où la nature finit ; le pays des Cimbres, ce premier effroi des Romains,
hôtes, avec les Teutons, des plages les plus
reculées.
L’infatuation romaine, se complaisant en son ignorance,
simplifiant tout pour ne rien examiner, appela Germains tous les peuples de l’Europe
ennemis de l’Empire. Des historiens prétendent,
écrit naïvement Paterculus, que le soldat envoyé
pour égorger Marius était Cimbre et non Germain. Il est facile de concilier
toutes les opinions, en comprenant sous le nom de Germains les Gaulois et
même les Cimbres et les Teutons. La désignation, plus ample
encore, de Barbares englobera bientôt, dans une volontaire confusion,
paresseusement généralisée, les peuples de l’Europe et les peuples de l’Asie,
tous les adversaires de Rome : Perses, Scandinaves, Germains, Sarmates,
Scythes, etc.
La Gaule
cependant restait en dehors de cette Barbarie générale.
On y distinguait — commencement de précision historique — des peuples
différents. Ammien Marcellin voit des Celtes, ou Gaulois, entre la Garonne et la Seine, des Aquitains au
sud de la Garonne,
des Belges au nord de la Marne
et de la Seine,
qui enferment, écrit-il, par leur jonction, la forteresse des Parisiens nommée
Lutèce. Les Celtes, ainsi qualifiés du nom d’un roi de mémoire chérie, s’appelaient aussi Galates,
du nom de la mère de ce roi, et les
Grecs ont fait de Galates le mot Gallus, Gaulois ?
Ces Gaulois (Celtes, Galates, Galles), venus de l’Orient en Gaule, étaient
des Doriens, ou des Troyens échappés au sac de
leur ville, conduits par des poètes (bardes), des commentateurs
des sublimes secrets de la nature (eubages) et des prêtres (druides) ? Des monuments de pierre (menhirs) marquaient, le long de la
route d’exode, l’emplacement des sources sacrées, témoignage
caractéristique... Le pays des Galates, ou Galles, fut la Gallia des Romains ; et la Gallia, vaguement encore,
comme la Germanie,
s’étendit vers l’est, — avec des lacunes, — à mesure que l’on crut y
rencontrer, jusqu’en Asie, des peuplades ayant le type ou les qualités des
Celtes de la Gaule,
des Gaulois, des Galli, notamment l’art de faire
la guerre et celui de parler adroitement. Il y eut ainsi, en
Europe et en Asie, dans le monde barbare,
une série de petites Gaules, sorte d’îlots ethniques disséminés. Pour Caton, la Gallia, la Gaule principale, c’était
le Nord de l’Italie, peuplé de Galli, de Gaulois. Pendant longtemps, à Rome,
les Cimbres furent des Galli — Cicéron nomme ainsi les vaincus de Marius. Les
guerriers sacrilèges qui, menés par Brennus, avaient failli détruire Delphes,
étaient des Galli pour Justin. Tite-Live nomme Galli les Thraces belliqueux passés en Asie Mineure.
Justin installe des Galli en Pannonie, au sud du Danube ; Jules César n’avait
vu que des Galli au nord du même fleuve, en Bavière septentrionale. Étaient
sûrement Galli — nom latin des Celtes, — les Galates de l’Orient. A l’extrême
Occident, au sud-ouest, mélangés aux Ibères d’Espagne, des Galli concourent à
la formation du groupe celtibérique.
Adorateurs du chêne,
culte qui se maintint dans la forêt hercynienne, suivant les témoignages de
Claudien, de Maxime de Tyr et de Dion Cassius, les Celtes, ou Galli de
Germanie, furent confondus dans l’ensemble des Germains. Cette confusion
atteindra la Gaule,
où Tacite constate des résistances à cette uniformité d’appellation,
inexacte. Les Germains, en effet, dans le sens historique du mot, avaient été
les ennemis et les vainqueurs des Celtes au centre de l’Europe, en les
qualifiant eux-mêmes, peut-être, de Walh ou Walah, — du sanscrit Mlechba, qui parle
d’une manière indistincte, — d’où Wales, Galles, Gallus, Gaulois ?
Les Gaulois, ou Celtes des Gaules, n’échappèrent pas aux
descriptions alarmantes que les Romains imaginèrent pour conserver aux Césars
le respect intéressé du peuple. Parce qu’on choisissait, parmi les
prisonniers gaulois, — pour les faire figurer aux Triomphes des victorieux, —
ceux dont la haute stature impressionnerait le plus les Romains, ceux-ci
crurent que les Gaulois étaient des géants, et des géants rouges, car ils se teignaient en cette couleur la
barbe et les cheveux. Le récit fait par Posidonius de son voyage en Gaule —
où les guerriers, affirmait-il, suspendaient au poitrail de leurs chevaux, ou
gardaient à la pointe de leurs piques, ou clouaient à la porte de leurs
habitations, les têtes fumées et momifiées
des vaincus, — accentuait la terreur gallique, voulue, entretenue.
Deux peuples parlant deux langues différentes — quoique de
même origine peut-être, — occupaient la Gaule à ses commencements historiques connus :
les Gaëls, ou Galls, que jules César nomme Celtes, et les Kymris, qu’il nomme
Belges, Bolges, Volkes ; les Celtes habitant les
forêts, les Belges belliqueux,
errants, tribus confédérées, nomades. Mais cette division, quel que soit le
degré de sa justesse ethnique, et qui s’applique assez à l’opposition réelle
de deux races distinctes — l’une
installée, antérieure, l’autre survenue, récente, — tenant la Gaule, simplifie beaucoup
trop le problème. Antérieurement aux Galls et aux Kymris, — immigrants les
uns et les autres, successifs, il y avait en Gaule des occupants, quasi
sauvages, sanguinaires, demeurés malgré l’immigration, que les sacrifices
humains, druidiques, et le récit de Posidonius caractérisaient. Il est
certain, en outre, qu’à cette époque déjà les Galls de Gaule et de Bretagne,
parlant la même langue, se distinguaient des Germains vainqueurs des Galls de
l’Europe centrale, ou Celtes de Germanie. Dans sa nomenclature des peuples
qui marchent avec les Romains, conduits par Ætius, contre Attila, Jornandès
différencie nettement les deux nations
celtique et germanique.
Lorsque des Grecs s’installèrent au sud de la Gaule, et des Kymris au
nord, — ce fut au même moment, — ils y trouvèrent les Galls, qui y vivaient
depuis huit siècles ; au sud-ouest, les Galls et les Ibères se croisaient en
des unions consenties, multipliées. Des Galls, ou Celtes, des Grecs et des
Ibères formèrent donc la première population gauloise civilisée, à laquelle
se joignirent successivement des Kymris et des Germains, expulsant,
supplantant, pour mieux dire, les occupants antérieurs, encore indéterminés,
sauvages, sanguinaires, très probablement d’origine scandinave et sans aucun
doute mélangés de Phéniciens.
Les Romains avaient appliqué aux habitants de toute
l’Espagne l’appellation d’Ibères, du nom d’une tribu voisine de l’Èbre (Eber, Ibris) ? La
plus grande partie des habitants de l’Ibérie romaine se dénommaient,
semble-t-il, Eusques (Vasques,
Basques, Vascons, Gascons). Agriculteurs laborieux, mineurs intrépides,
vivant de la culture du blé et de l’extraction des métaux, le génie médiocre des Ibères très vaillants attirait l’imprudente sympathie
des Galls aryens. Descendus en Gaule, par le versant septentrional des
Pyrénées, les Ibères s’y répandirent, nombreux, jusqu’à la Garonne. Strabon
constate que les Aquitains sont plus semblables,
non seulement par la langue mais par le corps, aux Ibères qu’aux
Gaulois. Les Cantabres et les Basques seraient, des deux côtés de la haute
montagne, les exemplaires vivants des croisements continués. Peut-être les
Ibères franchirent les Pyrénées avant l’arrivée des Galls, ou Celtes, en
Gaule ? D’autres Ibères, en suivant les côtes de la Méditerranée vers
l’est, pénétrèrent lentement en Ligurie et s’y installèrent ?
De ces déplacements et de ces localisations ethniques,
divers, discutables, obscurs, émerge cependant un fait clair, probant :
l’existence en Europe — avec des ramifications en Asie — d’un centre aryen
relativement civilisé, constitué en groupement national, politique, et qu’on
a justement qualifié de Royaume celtique. Les fondateurs
de ce royaume étaient-ils venus de l’Asie centrale, ou se
trouvaient-ils comme de droit, en aborigènes, sur le territoire qu’ils
occupaient ? Par les vestiges de la langue que ces Aryens parlaient, on se
convainc de leur présence en Gaule, en Grande-Bretagne et en Irlande ; et les
témoignages de monuments particuliers les signalent également en Asie, dans
l’Inde. Les Celtes modernes — en Irlande, en Amérique et en Australie
notamment, — se distinguent encore par un prodigieux
pouvoir d’assimilation, ce qui est bien la caractéristique
aryenne.
Dans la
Germanie romaine, la civilisation celtique persistait alors
que les Romains travaillaient, par les armes et par les institutions, à organiser
la Gaule. Dion
Cassius — qui se sert du mot de Galates pour désigner les habitants de la Gaule — nomme encore
Celtes les Germains, comme Diodore. Pour Denys d’Halicarnasse et Strabon,
moins scrupuleux, sont Germains tous les habitants de la Germanie. Or il
existe un indéniable monument de la civilisation celtique : le poème de
Hildebrand, ou Hadubrand, que les vainqueurs des Celtes s’approprièrent —
Germains, Alamans, — mais qui reste, et qui est la preuve certaine d’une
culture intellectuelle, en Europe centrale, antérieure à l’anéantissement du
royaume aryen.
Jules César — qui y avait intérêt — sépara les Gaulois, ou
Celtes, des Germains, et de sa propre autorité, transporta le Celtique en
Gaule. Il est vrai qu’au temps de Marius déjà, les Cimbres et les Teutons
étaient nommés Galli, — Celtes d’Éphore, — maîtres de l’Europe occidentale.
Malgré Jules César cependant, la division ethnique décidée — Celtes Gaulois à
l’ouest, Germains à l’est, — ne fut pas définitive ; Salluste croit encore,
et écrit, que les Germains et les Gaulois sont de même race, de même nation.
L’importance que valut tout à coup à la Gaule et aux Gaulois la
conquête de Jules César, rejeta comme dans un oubli délibéré les Germains
historiques. Le peuple qui boit les eaux du Rhône,
suivant l’expression d’Horace, résuma en soi toutes les traditions galliques,
celtiques ; et l’on vit un fait germain
dans l’installation d’Aduatiques entre la Meuse et l’Escaut, venus après les Cimbres et
les Teutons, ainsi que dans la présence en Alsace des trois tribus d’Arioviste. D’autre part, — en un
sens contraire, — on fit Gaulois, Galli, Celtes, les Helvètes émigrés qui
s’établirent en Germanie, d’après le
texte de Tacite, entre la forêt hercynienne, le Rhin et le Mein, ainsi que
les Boïens (Bohémiens)
arrêtés au-dessous des Helvètes.
Les Boïens celtiques
occupèrent donc la Bohême,
ce quadrilatère central de l’Europe,
sorte de Gaule insérée en pleine Germanie ; comme les Champs décumates furent
conquis finalement par les laboureurs gaulois
que les Romains y amenèrent : les plus éventés
des Gaulois, dit Tacite, à qui la
misère donna de l’audace et qui s’emparèrent d’un sol dont la possession
était douteuse.
L’aire celtique, le
Royaume celte des Grecs du IVe siècle avant
J.-C., commençait, à l’ouest, en Espagne, vers Cadix, et s’étendait jusqu’au pays des Scythes à l’est. Des Celtes
s’emparèrent d’une partie du territoire
marseillais (279),
tandis qu’une autre peuplade de même race fondait un établissement en Asie Mineure. Des Celtes,
ensuite, enlevèrent à d’autres Celtes la région
située entre le Rhin, la Seine
et la Marne
? La Gaule et
la Galatie
signalaient donc, par des faits de guerre,
la vitalité du groupe celtique au IIIe siècle avant J.-C. Hérodote avait placé la source du
Danube chez les Celtes, disant que les Celtes occupaient l’extrémité de l’Europe au couchant.
Le centre celtique par excellence aurait été — les noms
des rivières l’indiquent, — le bassin du Mein, les rives du Haut-Danube —
grand-duché de Bade, Wurtemberg, Bavière, — et tout le pays à l’ouest
jusqu’au Rhône. Les excursions celtiques, inévitables, — les Galli, dit Justin d’après Trogue-Pompée, étaient si nombreux, que les terres qui les avaient
engendrés ne pouvaient plus les contenir, — portèrent hardiment le
renom celtique, gallique, jusques au cœur de l’Empire, à Rome, qui fut prise,
saccagée et incendiée : Les Galli, nation rude,
hardie, belliqueuse, furent les premiers qui franchirent les Alpes aux
sommets invincibles, aux froids insupportables.
Les Celtes conservaient leur nationalité,
l’unité de leur langage, grâce à ces assemblées publiques, fréquentes, où
tout se décidait, et dont on reconnaît l’usage traditionnel, identique,
rituel, pourrait-on dire, de la
Galatie à l’Irlande, surtout en Gaule au moment des
campagnes de César. Le peuple celtique constituait alors plutôt une
confédération qu’un royaume, une ébauche d’Empire fédératif, où tel groupe
possédait temporairement l’hégémonie, soit à cause de son importance, soit
qu’il fournît le chef nécessaire.
Tite-Live précise l’instant où chez
les Celtes le pouvoir souverain
appartint aux Bituriges, ces derniers désignant le
roi du Celticum, Ambigatus. La Celtique s’avançait donc de plus en plus vers
l’ouest — marche aryenne normale, — chez les Gaulois, Galli, Galates. —
Apollodore dit des Arvernes, qu’ils sont le
peuple le plus belliqueux de la
Celtique.
En Germanie, l’influence gallique, ou gallo-celtique,
s’exerce longtemps encore après la subordination des. Celtes à la masse germaine, ou l’expulsion des vaincus.
Célébrant leurs victoires par des chants — chants des bardes, — les Germains empruntent et s’approprient un mot
gaulois. Ils empruntent également aux Celtes le : vocable qui leur était
utile, et qui leur manquait, pour exprimer l’idée d’une organisation d’État. Avant les hostilités, en
Germanie, les Celtes et la masse étrangère
— car cette masse d’hommes hostile aux
Celtes et convoitant leur royaume ne se dénommait pas encore, n’étant pas
agglomérée, — se mélangeaient, sans se confondre, adoptant, en leur idiome
commun, des mots qui finirent par changer de sens. La rupture, qui se termina
par la défaite des Celtes, étouffés dans la cohue adverse, paraît avoir eu
pour cause une incompatibilité de croyances religieuses, peut-être de culte ?
Vers le commencement du IIIe siècle avant J.-C., les Celtes ne sont
plus les maîtres du territoire entre le Rhin, la mer du Nord, l’Elbe et le
Mein ; leurs vainqueurs constituent le peuple nouveau qui tiendra le centre
de la Germanie. Des
tribus de Celtes en exode arriveront, précédées d’une réputation historique,
en Asie Mineure et en Gaule, notamment entre le Rhin, la Seine et la Marne, sur les deux rives
du Rhône, le long dei bassins de la
Seine et de la Loire. Beaucoup passeront en Espagne ; d’autres
se répandront dans l’Italie du Nord. Un très grand nombre, cependant,
restèrent, paisibles, dans le bassin du Haut-Elbe et en Bohême. Les Germains
— ce nom, absolument inconnu encore des géographes grecs du IVe siècle, les désignera désormais, — se
trouvent resserrés
entre les Celtes de l’ouest et du sud, la mer du Nord et les Scythes — Slaves
— de l’est. Le fleuve celtique, le
Rhin, deviendra nominalement un fleuve germanique.
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