DE 222 à 244. - Alexandre Sévère empereur. - Christianisme d’Origène.
- Chrétiens et jurisconsultes. - Tertullien. - Littérature chrétienne. -
Traduction de EMPEREUR à quatorze ans, Alexandre Sévère gouverna par son aïeule Mœsa et sa mère Mammée. Cette dernière choisit pour son fils des conseillers vertueux, parmi lesquels les jurisconsultes Paul et Ulpien, l’historien Dion Cassius. Les superstitions étrangères bannies, les fausses monnaies retirées, les impôts diminués et des mesures prises contre les excès de luxe, annoncèrent un régime soucieux de l’équité et de la morale. Les vétérans reçurent à titre de bénéfices, sur les frontières, des propriétés dont leurs enfants hériteraient, s’ils restaient dans l’armée. La paix de l’Empire semblait s’étendre, s’affermir, sauf parmi les soldats, qui se querellaient souvent avec le peuple, commettaient parfois de sanglantes atrocités. La dynastie nouvelle apportait aux Romains un libéralisme sincère, large. Les grandes Syriennes de la famille impériale — Julie Domna, Julie Mœsa, Julie Mammée, Julie Soémis, — exerçaient une saine influence, participaient au gouvernement, siégeaient au sénat, corrigeaient les mœurs par l’exemple de leur autorité modeste, de leur énergie bienveillante. L’empereur avait fait graver cette parole chrétienne à l’entrée de son palais : Fais à autrui ce que tu voudrais qu’on te fit à toi-même. Une sorte d’affiliation au Christianisme, moins religieuse que morale, par raison d’État un peu, par tendance ethnique surtout, préparait une entente entre l’Empire et les sectateurs de Jésus. Alexandre Sévère plaça dans son lararium, parmi les bienfaiteurs de l’humanité, Orphée, Abraham et Jésus-Christ. La mère de l’empereur, Mammée, était instruite du christianisme d’Origène. Mais pendant que la mère et le fils rêvaient de fraternité, d’accord universel, de liberté de conscience, les jurisconsultes, imbus de l’esprit romain traditionnel, collectionnaient et rééditaient les vieilles maximes, féroces. L’empereur — qui écrivait des Règles pour bien vivre — et ses conseillers se trouvaient engagés dans deux voies différentes, opposées Le christianisme d’Origène — qui était comme le christianisme de la cour, — convenait mal aux circonstances. Ses principes excessifs, ses conclusions insensées, allant jusqu’à la mutilation, avaient alarmé à bon droit l’évêque d’Alexandrie, qui avait frappé d’excommunication le disciple de Clément, presque chef d’école, manquant de charme d’ailleurs, antipathique plutôt. Ce christianisme attristant retarda’ l’heure de Jésus. L’empereur accorda la liberté de conscience, rendit le droit de s’associer ; mais il ne put, comme il le désirait, édifier et consacrer un temple au Christ : On lui démontra, par des textes, que son vœu était irréalisable, illégal. Les jurisconsultes Ulpien, Paul, Ælius Marcianus, acharnés à la codification et à l’application dés anciennes lois, repoussaient systématiquement toutes les formules de la loi nouvelle. Alexandre Sévère, secondé par les Julies, l’aurait-il emporté quelque jour sur la répugnance des jurisconsultes ? L’attitude provocatrice du défenseur des Chrétiens, de Tertullien, empêcha dans tous les cas la moindre tentative de rapprochement. Aux jurisconsultes, qu’il exaspérait, Tertullien disait publiquement que les lois romaines devaient tout ce qu’elles avaient de bon aux lois de Moïse ; c’était rappeler maladroitement aux Romains l’abominable conduite des Juifs de Jérusalem et faire des Chrétiens les héritiers directs des Israélites. Et en effet, l’avocat des sectateurs de Jésus répétait textuellement les imprécations du Sanhédrin : Quel jour, s’écriait-il, que celui où le Très-Haut comptera ses fidèles ; enverra les coupables à la géhenne et fera flamber nos persécuteurs au brasier des feux éternels ! Cela donnait raison aux jurisconsultes qui, devant la famille impériale, dénonçaient les Chrétiens comme d’irascibles et irréconciliables ennemis, à éloigner sinon à exterminer. Tertullien menaçait Rome du nombre des Chrétiens, augmentant chaque jour dans le peuple et dans l’aristocratie ; il montrait la ville, les campagnes, le palais, regorgeant de Chrétiens ; il bravait la justice romaine, incapable de faire reculer un seul martyr ; il insultait à la multiplicité ridicule des dieux du paganisme, nouveaux et anciens, barbares et grecs, romains et étrangers, particuliers et communs, males et femelles... divinités qui se querellaient, luttaient de corps à la façon des gladiateurs, se blessaient, s’enchaînaient, se maltraitaient étrangement... divinités burlesques, à têtes de lion, de chien, de chèvre, de bélier, boucs depuis les reins, serpents depuis les cuisses, avec des ailes aux pieds et au dos... statues adorées et cependant faites du même métal que les meubles et la vaisselle, et que l’on peut vendre, faire fondre, transformer en chaudron, en vaisseau à ordures... Ces insolences sacrilèges, couronnées d’une constatation injurieuse, dont les termes précis étaient une formelle et définitive déclaration d’hostilités : Nous sommes d’hier et déjà nous remplissons tous vos cadres, vos cités, vos places fortes, vos conseils, vos camps, vos tribus, vos décuries, le palais, le sénat, le forum ; nous ne vous laissons que vos temples !... Nous pourrions vous combattre en nous séparant de vous ; vous seriez effrayés de votre solitude, d’un silence qui paraîtrait la stupeur d’un monde mort. On conçoit, devant de telles audaces, publiques, les hésitations de l’empereur syrien en ses velléités chrétiennes. D’autant que Tertullien ajoutait : Je pourrais dire que l’Empereur est plus à nous qu’à personne, puisque c’est notre Dieu qui l’a établi. Et ensuite : On remercie Jupiter des faveurs accordées par le Dieu des Chrétiens !... Dans ce langage, les conseillers du maître, les Romains instruits, se souvenant du passé, ne pouvaient pas ne pas reconnaître les prétentions des Juifs de Jérusalem, ces Juifs d’où les Chrétiens tirent leur origine, avait encore écrit Tertullien. La rhétorique juive inspirait le plus intraitable des anciens Pères de l’Église, le Carthaginois Tertullien, dont le style exotique, disparate, éloquent certes en sa sauvagerie, dédaigneux à la fois de la grâce hellénique et de la dignité romaine, rénovait le prophétisme pur, avec un accent nouveau, africain, berbère, imprévu, forgeant un latin spécial, où le punique s’alliait à la langue de Cicéron, traduisant les hébraïsmes avec brutalité, faisant le latin catholique. La littérature chrétienne, africaine, débutait bruyamment
par l’infaillibilité, l’insulte, le sarcasme et l’ironie, annonçant l’intolérance.
Carthage s’apprêtait à expulser les Évangélistes, à oublier Jésus, pour
revenir aux temps du Peuple de Dieu. En somme, Tertullien et ses disciples, ses élèves, gens ambitieux, violents, Phéniciens dans toute la force du terme ethnique, s’appropriaient les dépouilles du montanisme, tournaient en fanatisme le désir de la mort dans les tortures et l’affirmation d’une indiscutable foi, tyrannique, individuelle. Esprit faux, mais écrivain de race, éloquent bien que dépourvu de goût, et de grammaire, Tertullien régenta l’Église universelle, en la servant comme il l’entendait, en l’invectivant lorsqu’elle paraissait lui résister, la traitant de caverne d’adultères et de prostituées. La plupart des traductions de Alexandre Sévère, tout ennemi qu’il fût des innovations, au dire suspect de Tertullien, laissait cependant l’Église de Rome aux prises avec l’Église d’Afrique, peut-être avec le secret espoir d’une pacification religieuse finale ? Les Pères africains ruinèrent cette espérance en relevant Jéhovah, en prêchant l’absolutisme hébraïque, en subordonnant l’Évangile à l’Ancien Testament : Notre religion a pour fondement les livres des Juifs. Or l’empire païen, depuis Héliogabale, depuis l’installation d’un culte central au Palatin, concevait le monothéisme asiatique, biblique, et comprenait mieux l’autoritarisme de l’Église africaine, au langage affirmatif, que le modérantisme inconsistant, Vague, de l’Église romaine. Saint Jérôme — écho de ces temps troublés, — dira la jalousie du clergé de Rome contre le succès de Tertullien. En fait, les tertullianistes formaient une Église presque séparée, — l’Église de Carthage, — que saint Augustin fera prédominer. Les Syriens, répandus en Italie, en Dalmatie, en Dacie, en Espagne ; en Germanie et en Gaule, promoteurs et agents de tous les trafics, parlant le grec, auraient pu, encouragés par la famille impériale, s’opposer à cette renaissance de la religion hébraïque ; ils exerçaient en effet une réelle influence, par leur activité, leurs richesses, la vivacité de leur intelligence, la séduction de leurs manières, le sympathique exemple de leur christianisme conciliant. Mais une indifférence manifeste pour les choses de la religion tenait à l’écart la masse des Syro-Grecs, et lorsqu’ils intervenaient, les orthodoxies les trouvaient trop artistes. Il y avait précisément en Syrie un Bardesane, poète et
musicien, dont les hymnes, chantés sur des airs grecs et accompagnés de la
cithare, avaient converti presque toute l’Osrhoëne
; et c’était un scandale. Lorsqu’on voulait éloigner du sein de l’Église un
enthousiaste inspiré, dont la voix allait trop directement aux âmes, on disait
de lui, sur un ton d’avertissement dédaigneux : C’est un Bardesine ! Les
Syriens frivoles, gais, mais susceptibles, laissaient donc les rigoristes à
leur tristesse, passaient, ne faisant rien. En Gaule et en Espagne, le monde gallo-romain et hispano-romain aimait
son polythéisme atténué, mélangé de croyances aryennes et de superstitions d’emprunt.
La mort de l’impératrice Mœsa livra le pouvoir à l’impératrice Mammée, détestée des soldats, qui lui reprochaient son avidité et son avarice. Surexcités, un jour, ils égorgèrent leur préfet — Ulpien — devant l’empereur et faillirent tuer Dion Cassius. Alexandre Sévère se perdit en n’osant même pas parler de leur crime aux meurtriers. Une guerre en Asie, sur l’Euphrate, donna au prince menacé l’occasion d’échapper aux séditions militaires. Sur les ruines apparentes du royaume des Parthes, seulement démembré en principautés héréditaires, le Sassanide Ardachir faisait renaître l’Empire d’Iran (230), réclamant toutes les provinces autrefois possédées par Darius et par Xerxès. Alexandre Sévère se rendit en Asie. Les Parthes, aussi rusés que braves, dit Florus, parlant des deux races — aryenne et anaryenne, — qui formaient à ce moment l’ensemble de l’Empire d’Asie, antagoniste de l’Empire d’Europe, avaient la réputation d’égaler la force romaine. Depuis Trajan, les Empereurs s’étaient pour ainsi dire appliqués à constituer cet Empire rival. Alexandre Sévère conduisit trois armées contre celui qui revendiquait tout l’héritage des anciens rois de Perse.
Après une campagne, mal conduite et stérile,
dont les détails demeurèrent ignorés, l’empereur ne ramena dans Antioche qu’une
armée mutinée, et refusa, sur les conseils de Mammée, la paix qui lui avait
été offerte. Ardachir déclara que les Sassanides, contrairement aux Arsacides
négociateurs, feraient aux Romains une
impitoyable guerre. L’empereur abusa
de quelques succès partiels, vrais mais sans importance, pour se dire
victorieux, et se retira en hâte, comme obligé de faire face aux Barbares
germains envahissant Un ancien pâtre de Thrace, Maximin, dont le courage brutal et la vigueur extraordinaire faisaient l’admiration des troupes qu’il commandait, reçut des soldats la succession de l’empereur. On lui apporta, sinistre trophée, la tête d’Alexandre Sévère et celle de sa mère Mammée. Le choix du nouvel auguste se justifia par la frayeur qu’en éprouvèrent les Barbares. L’empereur géant — lutteur invincible et buveur effroyable, — poursuivit la masse mélangée des Barbares que l’on désignait sous le nom générique d’Alamans, les battit dans leurs bois et dans leurs marais, et prit le titre de Germanicus. N’osant pas venir à Rome, se montrer, — persécutant de loin les sénateurs dont il soupçonnait l’hostilité, à cause de ses allures grossières, natives, contraste choquant avec la dignité romaine, — Maximin allait, pillant les temples et les villes, faisant fondre les statues des dieux pour s’en approprier le métal, asséchant les trésors des municipalités, s’emparant de tout, même des réserves — pourtant sacrées — destinées à payer les spectacles et les fêtes. Il marcha contre les Sarmates, en Pannonie, tandis qu’en Afrique le proconsul Gordien, vieillard de quatre-vingts ans, et son fils, descendants des Gracques, étaient proclamés Empereurs malgré leur suppliant refus. Le sénat s’empressa de ratifier le choix des deux Gordiens
et, dénonça Maximin — le Goth gigantesque,
— comme ennemi public, organisant
aussitôt la résistance à l’usurpateur.
En Afrique, le gouverneur de Les sanglantes péripéties de la succession des Empereurs favorisaient l’indépendance, de plus en plus tyrannique, des gouverneurs de provinces. Pourtant, comme ils ne possédaient pas le droit de punir, et n’osaient s’en emparer, la plupart imaginèrent d’obtenir légalement la sanction exécutive du bras séculier aux grands-prêtres, dénonçant des contempteurs du culte impérial. C’est ainsi que Maximin avait été amené à ordonner la sixième persécution des Chrétiens (235-238). Maximin mort, les prétoriens, à Rome, se déclarèrent
contre les élus du sénat, Pupien et
Balbin, qu’une garde germaine, privilégiée, protégeait. Les deux empereurs
furent égorgés dans leur palais (juillet 238), et Gordien, âgé de treize ans, reçut la
pourpre. Misithée, précepteur et beau-père de l’empereur enfant, rétablit le
gouvernement impérial effectif, que les eunuques conduisaient depuis trois
années. Le tribun Aurélien partit pour Mayence, avec la mission de soumettre
une tribu barbare, inconnue jusqu’alors, — les Francs, Franci, — qu’il vainquit. A ce même moment, sur le
Bas-Danube, les garnisons romaines se virent en
présence d’autres Barbares — les Goths, — descendus du nord-est
extrême, de La confédération des Francs — entre le Weser, le Rhin et le Mein, — affrontée par Aurélien et immédiatement battue, se manifestait comme une agglomération particulière, quelque chose de nouveau, d’inquiétant, quelque chose d’autre que cette barbarie germaine avec laquelle la politique romaine s’était familiarisée. A l’orient de l’Europe, arrivée de l’extrême nord ? une nation surgissait, entraînant des peuplades entières, refoulées, ou asservies, englobées, donnant le spectacle inouï d’une horde organisée. En Asie enfin, l’Empire perse, refait, bravait l’Empire des Césars. Et au centre de ce triangle, dont chacun des côtés était une menace terrible, les armées romaines, plus soucieuses de faire des empereurs, de gouverner directement la population de l’Empire, que de guerroyer. Gordien III, cependant, n’hésita pas à marcher contre les Barbares
nouveaux apparus à l’est ; il les expulsa de En ce désordre politique et social, généralisé, où les ambitions se résolvaient par le meurtre vulgaire, un irrésistible besoin de pouvoir supérieur, incontesté, de soumission à une providence, d’union politique et religieuse, se manifestait. C’est ce que le Christianisme établissait en Europe, péniblement, — l’Église de Rome incapable de concilier, encore moins de contenir les Juifs, les hellénistes et les Africains. — Et c’est ce qu’Ardachir accomplissait en Perse, en Iran. L’Empire perse, reconstitué, formait un peuple que la politique des Arsacides avait
laissé se mélanger trop de races diverses, la civilisation hellénique
cependant préférée. Sur l’étendard des Parthes, de forme assyrienne, l’image
des Gorgones remplaçait le dieu Assour tirant de l’arc. Les souverains qui
régnaient à Ctésiphon s’intitulaient officiellement rois philhellènes. Antiochus de Commagène, en
son épitaphe, se disait Hellène autant que Perse, tout en invoquant les dieux
de Les mages chaldéens, savants et prêtres, s’étaient emparés du sacerdoce ; par leur science positive et par les pratiques d’un culte troublant, ils avaient exercé une influence prépondérante, puissamment aidé à la décadence sociale des Parthes. Mais depuis les persécutions d’Antiochus Épiphane, l’esprit zoroastrien s’était réveillé ; un éloignement des mages suspectés annonçait une réaction prochaine. Aussitôt que le roi Ardachir eut intronisé sa dynastie attendue, désirée, le pieux Ardaviraf réédita les livres de Zoroastre, qu’Alexandre avait fait brûler. Le mouvement national suivit le mouvement religieux ; les villes perdirent leurs dénominations helléniques ou syriennes pour prendre un nom perse. L’organisation du zoroastrisme ressemblait à l’organisation du catholicisme : chaque cercle y était soumis à la direction d’un haut-mage (Mobedb) et tous les hauts-mages tenus à l’obéissance envers le mage suprême (Mobedbain-Mobedb), comme les diocèses étaient dirigés par un évêque et les évêques soumis à l’Évêque des évêques assis à Rome. En Iran, déjà, le mage suprême couronnait le Roi des rois. Ardachir avait adopté le titre de « roi des Aryens » ; Darius, Perse, fils de Perse, s’était contenté de dire qu’il appartenait à la « race aryenne ». Persépolis devint la capitale de l’Empire, bien que Ctésiphon, mieux située, en demeurât le centre administratif. Les Arsacides ne s’étaient jamais considérés comme des rois légitimes en Iran ; il est remarquable, par exemple, que dès leur avènement, les Sassanides usèrent sans hésitation du caractéristique privilège de la souveraineté absolue en faisant frapper des monnaies d’or, comme au temps de Darius. Un esprit national formel cimentait les bans de l’armée perse, dont la cavalerie était réservée aux nobles. Une nouvelle écriture tenta de se substituer à l’écriture parthe. L’effort pour l’unification de la langue parlée fut tel, qu’à la mort du successeur d’Ardachir, Sapor Ier (272), elle sera accomplie. Le mouvement religieux et le mouvement politique achevaient parallèlement leur œuvré, consolidaient l’Empire. Ainsi, à ce moment, — l’Apocalypse de Jean le constate, — deux seuls grands Empires se disputaient le monde : l’Empire perse, avec son Roi des rois, de race divine, sacré par le chef des mages, ce pape iranien, le culte unique d’Ahoura-Mazda restitué ; l’Empire romain, gouverné par des imbéciles ou des brutes, sans consécration, sans unité religieuse. Ardachir rendait aux Iraniens tout ce qu’Alexandre leur avait enlevé : une nationalité, un culte et un Dieu. A Rome, les Empereurs laissaient l’Empire se disloquer, se décomposer, pourrir dans la débauche et dans le sang. Rome — et c’est une lacune remarquable dans l’histoire de cette époque, — ne sut pas, et n’a pu dire en conséquence, jusqu’où s’étendit l’Empire des Sassanides. |