Les Asiatiques, Assyriens, Hébreux, Phéniciens (de 4000 à 559 av. J.-C.)

 

CHAPITRE VII

 

 

DE 1100 A 800 Av. J.-C. - Asiatiques et Européens. - Querelles en Assyrie. - Téglath-Phalassar Ier et Mardochidinakhé. - La dynastie de Belkatirassou. - Binlikhous II. - Téglath-Samdan II. - Assournazirpal. - Salmanassar IV et les rois de Juda et d’Israël. - L’art assyrien. - La Ninive antique. - La première Babylone. - Les villes assyriennes. - Les rois. - Bas-reliefs. - Guerres et chasses royales. - Harem.

 

LES grandes querelles avaient troublé la formation de l’empire assyrien. Mardochidinakhé, roi de Babylone, vassal du grand roi d’Assyrie Téglath-Phalassar Ier, s’était déclaré indépendant (1100), alors que son maître guerroyait en Syrie. Téglath-Phalassar accourut, eut raison du prince révolté et reprit Babylone avec les villes de Dour-Kourigalzou et de Sippara. Le successeur de Mardochidinakhé fut Nabousapikzir, qui traita de la paix avec Assourbelkala, fils de Téglath-Phalassar Ier, en reconnaissant la suprématie de Ninive.

Assourbelkala laissa le trône de Ninive à son frère Samsi-Bin II, à qui succéda Assourrabamar, prince affaibli que les Khétas syriens vainquirent en 1080 ou 1070. Cette défaite refoula les Assyriens à l’est de l’Euphrate, leur fit perdre toutes les conquêtes de Téglath-Phalassar et rendit possible, en Palestine, la formation des royaumes de David et de Salomon.

Babylone apprenant l’humiliation imposée par les Syriens au roi de Ninive, se délivra-t-elle de son suzerain ? C’est probable. Mais une dynastie nouvelle, très forte, apparut bientôt à Ninive, fondée par Belkatirassou, et qui remit Babylone sous le joug, la traitant avec dureté pendant un siècle.

Belkatirassou, ou Bélitaras, sera considéré comme ayant inauguré la royauté en Assyrie. Les successeurs de Belkatirassou, Salmanassar II, Irib-Bin, Assourdinakhé, Salmanassar III et enfin Assourédilili, renonçant à dominer les Syriens, convoiteront le pays des Mèdes. Les conséquences de cette convoitise seront incalculables ; le choc des Mèdes et des Assyriens ébranlera le monde.

Dominateurs des Mèdes, les Assyriens de Belkatirassou, pour la première fois, se trouvèrent en contact avec une civilisation aryenne, avec un principe de société, eux dont l’organisation n’avait été jusqu’alors qu’un effarement. La situation ne manque pas de grandeur : L’Égypte disparaît, agonisante, et l’Asiatique, auteur principal de cette œuvre néfaste en Afrique, se tourne vers l’Orient où, en pleine Asie, en Iran central, en Médie, la race aryenne, — indo-européenne, — vient de se constituer. En Égypte, l’invasion corruptrice, asiatique, avait été lente, s’exerçant chez un peuple doux, facile à tromper, que l’on pouvait réduire sûrement avec des jouissances. En Médie c’est une bataille, un choc entre les Asiatiques et les Européens, les premiers honteusement servis par les Touraniens qui les ont appelés, et par les prêtres de Chaldée, les mages, venus en Médie avec leurs ambitions ; les seconds, représentés et soutenus par les rudes Persiens, fils derniers de Zoroastre, défenseurs énergiques et résolus de la grande réforme aryenne. La civilisation assyrienne, asiatique, issue de la catastrophe d’Égypte, est donc en face de la civilisation aryenne, organisée, faite, en Médie.

A Ninive (956-936) Binlikhous II vient de succéder à Assourédilili. La chronologie assyrienne est désormais précise, un magistrat, — ou éponyme, — donnant son nom à l’année. En 936, Téglath-Samdan II succède à son père Binlikhous ; il règne pendant six années, guerroyant surtout en Arménie, dans les environs des sources du Tigre.

En 930, le 2 juillet, jour marqué par une éclipse partielle de soleil, Assournazirpal monte au trône de Ninive, affirmant son vœu de conquêtes. Il fut en Arménie, dans la Commagène, dans le Pont, en Médie, en Perside un peu, et vers l’Inde, sans que l’on puisse dire toutefois jusqu’où le portèrent, de ce côté, ses armes victorieuses. Il installa solidement sa prépotence sur toute la rive droite de l’Euphrate, frappant avec force des révoltés qui avaient parlé trop haut en Assyrie, surtout en Basse-Chaldée, fustigeant avec rudesse Nabobaladan, roi de Babylone, son frère Zabdan et son général Belbaladan qui avaient essayé de soustraire la Babylonie à la domination ninivite. Il franchit ensuite l’Euphrate, bataillant au nord de la Syrie, soumettant les Khétas, traversant la chaîne de l’Amanus, le bassin de l’Oronte, et pénétrant dans le Liban. Le monarque affirme, dans les inscriptions qui exaltent sa force, qu’il fut le maître du Liban, qu’il descendit en personne dans la Phénicie pour recevoir le tribut de Tyr, de Sidon, de Byblos et d’Aradus. Peut-être ne fit-il que passer en Phénicie, évitant la Palestine où les rois de Juda et d’Israël (916) pouvaient, s’ils s’unissaient, l’inquiéter beaucoup, et laissant en paix le royaume des Araméens de Damas.

Cruel, féroce, Assournazirpal torturait ses vaincus devant le peuple. Sur les ruines, dit-il, ma figure s’épanouit ; dans l’assombrissement de mon courroux, je trouve ma satisfaction. Ailleurs, sur les murailles de son palais de Nimroud : J’ai fait des prisonniers, aux uns j’ai coupé les mains et les pieds, aux autres le nez et les oreilles, à d’autres encore j’ai crevé les yeux ;`j’ai élevé un mur auprès de la ville, pour y enfermer les vaincus vivants, et un autre pour y exposer les têtes des morts ; j’ai fait un monceau de têtes ; j’ai déshonoré leurs fils et leurs filles ; j’ai ravagé la ville, je l’ai démolie, je l’ai livrée aux flammes.

Après chaque récit de victoire, le vainqueur se complaît à énumérer ses atrocités. Il fit construire le grand palais de Kalach, avec son énorme pyramide d’observation, sculpter des bas-reliefs nombreux, coupés sottement d’inscriptions répétées, tailler dans des blocs des taureaux gigantesques, à face humaine, et des lions colossaux, équarrir un monolithe effrayant, seuil du temple d’Adar-Samdan, l’hercule assyrien, pour y faire inscrire l’interminable récit de ses horreurs. Insistant sur sa généalogie royale, il se nomme Assournazirpal, roi puissant, roi des légions, roi d’Assyrie, fils de Téglath-Samdan... qui était fils de Binlikhous... Il posséda les terres depuis les rives du Tigre jusqu’au Liban ; il soumit à sa puissance les grandes mers et tous les pays depuis le lever jusqu’au coucher du soleil. Cette inscription, Assournazirpal la fit graver sur la poitrine de sa propre statue. Il mentait. L’énumération des terres et des mers que ce monarque terrifiait serait longue assurément, mais son empire réel était restreint.

Le successeur d’Assournazirpal, Salmanassar IV, guerroya plus encore que son père. C’est alors que le royaume d’Israël apparaît dans l’histoire comme capable de disputer un jour l’omnipotence au Royaume d’Assyrie (905-865). Toute la Chaldée, Babylone en tête, se révolte contre le roi de Ninive, violemment. Salmanassar, effrayé, fortifie Élassar pour garantir sa ville capitale menacée. Le grand palais central de Kalach, avec son obélisque de basalte, qui est son œuvre, dit sa victoire ; on y voit le souverain passer, victorieux, en Arménie, au Pont, en Médie, en Chaldée, en Syrie, allant plus loin que ses prédécesseurs. Sa rencontre des Madaï, ou Mèdes (842) est importante, car pour la première fois un prince assyrien voyait de ses yeux l’organisation aryenne.

De la vie assyrienne à cette époque, les ruines de Ninive, bien questionnées, nous ont livré quelques indications. La civilisation ninivite est distincte de la civilisation babylonienne ; le vieil empire chaldéen est tout à fait fini. L’ensemble des œuvres architecturales, ou autres, de Babylone et de Ninive, donne l’impression d’une unité d’aspirations, de formules, permettant de conclure à l’existence d’un art assyrien général ; mais là, comme en Égypte, l’uniformité de l’ensemble ne résiste pas à un examen attentif, et c’est très vite que l’artiste et l’archéologue,— l’artiste surtout,— se rendent compte, et radicalement, des différences absolues qui séparent Ninive de Babylone, et Babylone de l’antique empire chaldéen.

Tous les monuments, depuis les palais énormes jusqu’aux talismans gravés, jusqu’aux cylindres illustrés les plus petits, affirment ces différences, par le placement des ornementations, le choix des sujets représentés, l’aspect des figures, le faire des auteurs. Les sculptures ninivites représentent des personnages trapus, lourds, touranisés, tandis que les artistes du sud, en Babylonie comme en Basse-Chaldée, ne concevront que des images relativement gracieuses, fluettes, très longues, simplifiées. Les héros sont différemment costumés : l’Assyrien du nord a des vêtements courts ; l’Assyrien du sud porte une longue robe, frangée, alourdie de volants plissés.

Les compositions de l’art chaldéen conservent longtemps un franc caractère primitif, sans recherche, tandis que l’art babylonien, influencé par les artistes de la Ninivie, nous donne des cylindres aux figurations compliquées, des essais de tableaux qui ressemblent aux œuvres chinoises, outrageant les règles de la perspective et toutes les lois de la proportion. Ce sont évidemment des Touraniens qui s’essayent au métier d’artiste, en imitation des Chaldéens, et qui ne font qu’étaler avec maladresse leur grossièreté native.

Ninive imite Babylone comme Babylone avait imité Our de Chaldée. L’ancienne Ninive, toute tatare, touranienne, ne fut d’abord qu’une agglomération de tentes et de huttes, puis, sur un vaste terre-plein, très solidement bâti en couches successives de sables et d’argiles tassés, furent construits, en briques cuites au soleil, des monuments énormes protégeant des groupes d’habitations. L’ensemble de cette Ninive antique s’inscrivait dans l’angle que forme le grand Zab venant de l’est, allant au Tigre. Le monticule sur lequel fut le groupe nord, c’est Khorsabad ; au sud-ouest, c’est Kouyoundjik et Nebbi-Younous ; au sud, Selamiyah et Nimroud. Ces désignations sont celles des groupes ou villages actuels, bâtis sur les ruines de la ville ancienne.

Il est encore impossible de départager, dans ces ruines pourtant découvertes, étudiées et expliquées avec un très grand zèle, ce qui appartient à la Ninive des premiers temps et aux Ninives diverses qui, successivement, furent renversées et rebâties. La Ninive dont parle Diodore avait la forme d’un quadrilatère oblong de 27 kilomètres de longueur sur 16 kilomètres de largeur. La mesure est exacte, puisque d’une extrémité à l’autre des ruines visibles, de Nimroud à Kouyoundjik, il y a bien 27 kilomètres, et que les palais proprement dits s’élevaient à ces extrémités. Il ne semble pas que Ninive ait jamais été une cité véritable, avec ses voies, ses rues, ses places, ses maisons ; ce fut plutôt, au moins à l’origine, comme une sorte de campement où chacun s’installait à son gré, faisant un jardin autour de sa demeure et se réservant autour du jardin un champ de culture. Des murailles épaisses, flanquées de tours, défendaient le caravansérail touranien.

Les monuments de Ninive, identiques à ceux de Babylone, sont également faits de briques crues. Le procédé d’imitation, s’étendant jusqu’au choix des matériaux, accuse l’indolence asiatique, incurable, des Ninivites. Ils eussent pu, en effet, imaginer une architecture originale, indépendante de l’architecture babylonienne et chaldéenne, puisque le voisinage de l’Arménie mettait à leur portée des pierres et des bois, et que sur leur propre territoire des carrières pouvaient être facilement exploitées. — La pyramide de Nimroud a son mur de fondation en pierre. — Mais Ninive fit comme Babylone, et comme Our ; elle se contenta de pétrir, de mouler et de faire sécher au soleil, en forme de briques, les boues que le Tigre et le Zab lui apportaient. Les lions gigantesques du palais de Nimroud, sculptés, gardant les entrées principales, et qui ne sont que des jambages de portes, roides, de trois, quatre et cinq mètres de hauteur, ne modifient pas la plate donnée de l’architecture assyrienne.

Babylone, plus asiatique, quoique infestée de Touraniens, a cependant mieux que Ninive le caractère d’une capitale. Bien placée, l’Euphrate la traversant, menacée au nord par les Ninivites, au sud par les Chaldéens qu’elle a supplantés, à l’est par les Susiens, à l’ouest par les Nomades, Babylone dut se grouper, se concentrer en un point défendable, fortifié. La situation centrale de la cité, entre la mer Persique et la Mésopotamie, en faisait un lieu de passage, une station de trafic, ce qui l’enrichissait. Toutefois, ses œuvres architecturales ne s’écartent pas de l’entassement de maçonneries qui est la formule ninivite ; les enceintes, les tours, les temples, les pyramides, les palais, masses de briques toujours, ne laisseront, en s’effondrant, ni colonnes, ni chapiteaux, ni statues, ni ornements. Le temple de Bélus, ou Baal, — tour de Bélus, tour de Babel, — à Birs-Nimroud, est l’œuvre maîtresse de la première Babylone.

Il est écrit que la Babylone antique mesurait 22 kilomètres de longueur ; qu’un pont jeté sur l’Euphrate réunissait les deux tronçons de la cité, bien défendue par une touraille et un fossé, avec ses rues droites au nombre de cinquante, et de quinze mille pas de longueur ; qu’une voie circulaire, enceignant la ville, avait soixante mètres de largeur. Ces données résultant des descriptions contradictoires d’Hérodote, de Pline l’Ancien, de Philostrate, quant aux dimensions, de Strabon, de Ctésias, de Klitarque, de Quinte-Curce et de Philon, quant à la superficie occupée, s’adaptent difficilement à la Babylone d’un moment historique précis. Les œuvres bâties, de mieux en mieux traduites, permettront d’éclaircir ce problème. La tour de Babel, avec son enceinte carrée et ses portes d’airain, a déjà fourni de précieuses indications.

Babylone et Ninive, se disputant la prépondérance en Assyrie, n’étaient en vérité que des camps où se groupaient, pour y vivre en attendant la bataille, et pour y jouir de leur butin après la victoire, des hordes guerrières, remuantes. Autour de ce groupe central s’entassaient des populations venues de toute part, appartenant à des races diverses, échangeant leurs croyances et leurs goûts, mais vite étouffées dans la masse, écrasées sous la lourdeur touranienne.

Le souverain, qu’il règne à Babylone ou à Ninive, n’est jamais qu’un meneur de hordes, chef de bandes, soldat victorieux. Aucune idée de nation, encore moins de patrie ne se manifeste. L’Assyrie est un empire dont la ville capitale peut se déplacer, une fiction que le roi représente seul, et maintient. Cet empire ne se délimite pas sur le sol, il n’a pas de frontières réelles, définies ; il comprend un certain nombre de territoires et, en outre, un certain nombre d’hommes indépendamment du territoire que ces hommes occupent. C’est ainsi qu’Assournazirpal se dit en même temps, roi des légions et roi d’Assyrie.

Ce personnalisme se voit partout. Les palais des monarques ne sont que des forteresses, conçues non pas seulement en vue de l’ennemi étranger, mais en crainte des séditions populaires, des guerres civiles. Les sculptures individualisent les souverains, ne s’occupent que d’eux, exclusivement ; les figurations qui ornent les parois des monuments royaux sont brutalement coupées de récits égoïstes ; les trophées disent les annales du roi racontant lui-même ses prouesses, et les bas-reliefs, comme des poèmes épiques, célèbrent la gloire du triomphateur. Des figures sacrées sont au commencement de la théorie, sorte d’avant-propos traditionnel, puis des épisodes se succédant captivent l’attention du spectateur. C’est de l’histoire, en somme, dite, sculptée, gravée par un contemporain, pour l’unique gloire du monarque régnant.

Ainsi que les pharaons l’avaient fait en Égypte, les rois d’Assyrie voulaient immortaliser leurs exploits ; mais en Égypte, patiemment, les sculpteurs avaient ouvragé des monuments indestructibles, tandis qu’à Ninive les annales immortelles ne furent que plaquées sur des murailles de boue. Comme sur les parois des temples de Thèbes, on vit sur les parois des palais de Ninive, de longues files de prisonniers et de tributaires menées vers le roi victorieux, tantôt assis, tantôt debout, se voulant majestueux, n’étant que placide devant ces flatteries très froidement exécutées.

Dans les salles plus petites, hors de la pompe souveraine, le sculpteur, plus libre sans doute, accuse mieux sa valeur ; il y a vraiment de la verve dans la figuration des sièges, des escalades, des combats : les archers et les frondeurs y paraissent infatigables et acharnés ; les morts s’y entassent sous des pluies de pierres et de flèches, et les oiseaux de proie viennent en nombre, affamés, se repaître des chairs pantelantes. Le roi, qu’une divinité protège, ailée, planante, préside aux travaux belliqueux, bravant les quartiers de roches que lancent les assaillis, les jets de torches enflammées, de liquides brûlants, de chaînes à grappins. L’ardeur des assiégeants est bien exprimée, mais l’effort de l’artiste est trop visible. Les machines de guerre battant les murs sont mal agencées, invraisemblables, mal vues, par conséquent mal reproduites ; ces mineurs qui attaquent les murailles travaillent gauchement ; les supplications des vaincus demandant à vivre au prix de l’esclavage qui les attend, et qu’un autre tableau va exprimer, ont de faux gestes. Tout cela est excessif, outré, conçu bêtement, ou pour mieux dire sottement imité, car c’est de l’Égypte que le sculpteur a reçu ses modèles.

La ligne égyptienne si pure, si simple, est devenue raide en Assyrie, sèche, inexacte surtout. La naïveté sublime des sculpteurs de Thèbes ou d’Abydos n’est plus à Ninive qu’une outrecuidance. L’esprit assyrien ne pouvait pas plus concevoir la forme scupturale vraie, que se restreindre à l’exaltation loyale du roi triomphant. Les premiers pharaons guerriers se firent représenter foulant aux pieds leurs ennemis, ou les tenant par la chevelure, ou les frappant de leurs glaives ; les pharaons des époques de décadence, devenus violents, ordonnèrent des massacres et les firent constater sur la pierre par des accumulations de débris humains ; — la cruauté de l’Assyrien l’incite dès le commencement à terrifier ceux dont il sollicite les hommages, et les parois des premiers palais sont horribles à voir. Les prisonniers inutiles, ceux qui ne pourront être employés, sous le regard du monarque tenant son bâton levé, à la construction des villes royales, servent à apaiser la colère du souverain, à repaître sa vengeance. Devant le maître satisfait, un scribe inscrit, froidement, la quantité de ceux que les bourreaux vont décapiter, mettre en croix, empaler, scier, écorcher vifs. Assournazirpal fait amener un vaincu tenu par un anneau soudant ses lèvres, comme un animal, et de sa main il lui crève les yeux.

Le roi chasse, comme il se bat, cruellement, la gazelle, l’hémione, le cerf et le lion. Son repos, après le carnage des hommes ou des bêtes, il le prend dans son harem, mangeant, buvant, aimant devant ses esclaves, jeunes, chantant en s’accompagnant du kinnor qui est la harpe d’Asie, criarde, toute courte.