HISTOIRE DU MOYEN ÂGE

TROISIÈME PARTIE. — LA CIVILISATION OCCIDENTALE AUX Xe ET XIe SIÈCLES

 

CHAPITRE PREMIER. —  LE Xe SIÈCLE.

 

 

CARACTÈRES GÉNÉRAUX DU Xe SIÈCLE. — La crise qui a suivi la dislocation de l'Empire carolingien n'est pas seulement une crise politique ; c'est aussi une crise économique, religieuse et intellectuelle. La civilisation occidentale, sous ses diverses formes, a cruellement souffert des invasions et des guerres civiles, de la désagrégation de l'État et de l'affaiblissement de la hiérarchie ecclésiastique. Le Xe siècle est essentiellement une époque de malaise à laquelle succédera, au XIe siècle, une véritable renaissance dont les signes précurseurs apparaissent d'ailleurs avant l'an 1000.

 

I. — La crise économique[1].

 

LA DÉCADENCE COMMERCIALE. — Le déclin économique, que l'on observe au début du Xe siècle, est antérieur à la dislocation de l'Empire carolingien et à l'apparition du régime seigneurial. Il remonte à l'invasion de l'Islam qui a fermé la Méditerranée au commerce occidental ; il s'est encore aggravé, lorsque les incursions normandes ont amené, entre 834 et 844, la destruction des ports de Duurstede et de Quentovic. Disparition des centres urbains comme lieux d'échange, substitution au grand commerce d'une consommation locale à l'intérieur du domaine, prédominance de la vie agricole, tels sont les traits dominants de la situation économique au moment où, avec la déposition de Charles le Gros, s'effondre définitivement l'Empire carolingien[2] ; ils ne feront que s'accentuer pendant la première moitié du Xe siècle.

Au cours de cette période, la Méditerranée et la mer du Nord restent fermées au commerce occidental. La recrudescence de l'attaque musulmane en Italie, en Espagne, en Provence, aggrave les conditions antérieures ; si les Normands se fixent en France en 911, en revanche l'apparition des redoutables Hongrois suscite en Allemagne, en Italie, en Lorraine, en Bourgogne, en Champagne, un tel désarroi que les transactions y deviennent impossibles[3]. Aux maux causés par l'invasion s'ajoutent ceux qu'engendre la guerre civile : les luttes dynastiques qui sévissent surtout en Italie et en France, les révoltes et les chevauchées des grands vassaux augmentent l'insécurité. Enfin, l'installation du régime seigneurial suscite de nouveaux obstacles.

En effet, les châteaux-forts, après avoir servi de lieux d'asile au temps des invasions, sont devenus trop souvent de véritables tanières où gîtent des bandits qui, non contents de piller les terres du voisin, s'enrichissent en détroussant de paisibles marchands. En Allemagne, Henri Ier et Otton le Grand ont réussi à limiter les déprédations, mais en France et en Italie, il est périlleux de s'aventurer sur les grands chemins où l'on risque à tout instant d'être assailli et dévalisé. De plus, à l'époque seigneuriale, le commerce est entravé par les tonlieux et les péages dont la royauté a conservé assez longtemps le profit, mais qu'elle a fini par abandonner comme tous les autres droits régaliens : les marchandises qui circulent sur les routes doivent payer le rotaticum et le pulveraticum ; celles que l'on transporte par eau le ripaticum, le pontaticum, le portaticum. Or, le commerce n'a pas gagné à la transformation des impôts publics en redevances domaniales. Par suite du morcellement territorial, le nombre des taxes a augmenté : les seigneurs, soucieux d'augmenter leurs revenus, ont imaginé de créer des péages, sans qu'il existe de ponts à traverser, ou d'étendre la perception des tonlieux à des bateaux qui n'abordent pas ; le taux s'est également accru et a atteint des proportions tout à fait excessives[4].

Il n'est pas surprenant dès lors que les marchands, dont la bourse est menacée en même temps que l'existence, se raréfient et ne veuillent pas s'exposer à des risques qui, au moins dans certaines régions, se prolongeront jusqu'à la fin du XIe siècle[5].

LE RÉGIME DOMANIAL AU Xe SIÈCLE. — Aussi l'évolution commencée dès le temps de Charlemagne ne pouvait-elle que se précipiter à la faveur de telles circonstances. Ce qui caractérise la vie économique au Xe siècle, c'est qu'elle est plus que jamais concentrée à l'intérieur du domaine[6]. A l'époque carolingienne, la petite propriété a été absorbée par la grande et les villæ, souvent fort étendues, englobaient tout à la fois le mansus indominicatus, exploité directement par le seigneur, et les tenures des paysans[7]. Ces grands domaines ont souvent survécu : en Angleterre, les deux tiers du sol sont restés aux mains de quelques familles nobles ; en Allemagne, le chef de la maison des Welf possède jusqu'à quatre mille manses[8]. Dans certaines régions, comme les pays en bordure de la mer du Nord, comme l'Aquitaine et la Gaule méridionale, comme le nord et l'est de l'Angleterre, les petit propriétaires se sont au contraire victorieusement défendus[9]. Ailleurs, le développement du régime vassalique a entraîné un certain morcellement : c'est au détriment des grands domaines que se constituent les bénéfices sous forme de terres, les fiefs à l'aide desquels les vassaux sont casés par leurs seigneurs[10]. Quoi qu'il en soit, les conditions économiques ne sont pas changées : chacun de ces domaines continue à se suffire à lui-même et à mettre en œuvre toutes ses ressources. Autour de la maison d'habitation du châtelain ou, s'il s'agit d'un domaine ecclésiastique, autour de l'église ou du monastère, se trouvent les granges, les greniers, le moulin, le pressoir et aussi les ateliers où se groupent les charpentiers, les forgerons, les tailleurs, les femmes qui tissent la laine et fabriquent les vêtements[11].

DÉCADENCE DE L'INDUSTRIE. — Avec de telles conditions économiques, il n'est pas surprenant que la vie agricole soit plus développée que la vie industrielle. Celle-ci, dès l'époque de Charlemagne, a subi une régression qui s'est accentuée sous le régime seigneurial. Tout commerce d'échange ayant disparu et la consommation s'effectuant sur place, il n'y a plus à se préoccuper d'attirer la clientèle par des procédés perfectionnés. Les mœurs du Xe siècle, âpres et guerrières, favorisent cette stagnation : la vie de société tend en effet à disparaître ; le châtelain ignore les raffinements du luxe et n'aspire à d'autres satisfactions qu'à celles d'une table plantureusement servie. Aussi les ateliers du domaine se bornent-ils à fabriquer les objets indispensables à la vie quotidienne, sans rien de plus. On y forge tant bien que mal des armes et des instruments aratoires, mais on ne sait plus traiter le minerai ; quant à l'industrie textile, elle se ramène à quelques travaux de filature, de tissage, de teinture, suivant des méthodes tout à fait primitives. C'est seulement dans quelques centres privilégiés, dans les villes de Lombardie et de Vénétie par exemple, que se perpétuent les vieilles traditions[12].

STAGNATION DE L'AGRICULTURE. — Si l'industrie décline en même temps que le commerce, l'agriculture ne marque aucun progrès. Ce qui frappe dans les chartes, c'est l'extraordinaire abondance des terres incultes : les parties basses de l'Europe occidentale sont couvertes de marais, tandis que sur les plateaux de France, d'Allemagne et d'Angleterre, les landes occupent d'immenses espaces. La forêt s'étend sur les deux tiers de la Gaule, sur toute l'Allemagne centrale, sur les plaines des Pays-Bas, sur l'Irlande, le pays de Galles et un tiers de l'Angleterre, sur l'Espagne du Nord-Est et sur l'Italie septentrionale ; elle constitue d'ailleurs une importante ressource : les taillis qui fournissent le bois de chauffage alternent généralement avec la haute futaie d'où proviennent les matériaux nécessaires à la construction, au charronnage, à la tonnellerie ; la chasse est également productrice de revenus, de même que l'élevage des abeilles qui donnent la cire utilisée pour la confection des cierges, puis le miel qui sert comme assaisonnement et aussi pour la préparation de l'hydromel ; enfin on conduit dans la forêt les troupeaux, notamment les porcs au moment de la glandée. Dans certaines régions, au nord-ouest de la France et en Angleterre, la forêt est coupée par des pacages que fréquentent les chevaux, les bœufs et surtout les moutons, sans qu'il y ait encore d'élevage à proprement parler. Les cultures sont extrêmement réduites et les procédés utilisés en agriculture conservent le plus souvent un caractère assez informe : jusqu'au XIe siècle, on ne se sert que d'ustensiles tout à fait simples, tels que la bêche, la pioche, la herse et la charrue en bois ; on ne connaît pas. l'utilisation du fumier, et même les cultures les plus répandues, comme celle de la vigne, en sont encore à un stade rudimentaire[13].

DÉVASTATION DES CAMPAGNES. — La décadence du commerce explique en partie cette stagnation de l'agriculture, car, comme on l'a fort bien noté[14], l'étroitesse des marchés de consommation n'excite guère à la productivité. Toutefois, cela ne suffit 'pas pour expliquer la crise rurale : les invasions et les guerres civiles sont en grande partie responsables.

Sans doute il ne faudrait pas généraliser : toutes les régions n'ont pas été touchées au même degré par ce double fléau. En France, par exemple, le Midi a ét~ éprouvé plus tardivement et moins profondément que le Nord, mais il n'est pas de pays qui, au Xe siècle, ait été totalement épargné. Qu'il s'agisse des rois, des grands feudataires ou de simples seigneurs, on ne conçoit pas de guerre sans dévastations systématiques. En 939, Otton le Grand passe le Rhin et envahit la Belgique pour mettre à la raison le duc Gilbert ; il brûle et pille les localités qu'il traverse, puis s'en revient en emportant force butin ; à son tour, Gilbert veut venger l'offense qui lui a été faite : Son armée levée, écrit Richer, il franchit le Rhin et ravage le pays où il allume de grands incendies qui rasent tout jusqu'au sol ; ses troupes ramassent et emmènent un immense butin de gros et de petit bétail[15]. En 946, au cours de leur campagne dans la vallée de la Seine, les rois Louis et Otton pillent sans merci toutes les localités qu'ils traversent, et cela d'autant plus aisément que les paysans se sont enfuis[16].

Le mal prenait une forme plus aiguë lorsqu'il s'agissait de barons encore plus dénués de scrupules. Les Miracles de sainte Foy, qui abondent en détails curieux sur la vie seigneuriale, constatent que les chevaliers d'Auvergne, lorsqu'ils s'affrontent en des guerres aussi sanglantes qu'inutiles, détruisent par le fer et par le feu les maisons aussi bien que les terres des paysans et ils énumèrent des exemples précis qui sont tout à fait convaincants[17]. A l'autre extrémité de la France, en Normandie, de 1002 à 1005, Robert de Bellême, en guerre avec ses voisins, ravage leurs terres à tel point que les paysans s'enfuient, abandonnant leurs champs qui resteront longtemps incultes[18]. Il en est de même un peu partout : toute guerre seigneuriale a pour conséquence l'incendie des villages et des récoltes, l'enlèvement du bétail, souvent aussi le massacre des habitants.

LE RÉGIME SEIGNEURIAL ET LES CLASSES RURALES. — En même temps qu'elle subissait les lourdes conséquences des guerres publiques ou privées, la population rurale — et c'est là une autre cause de la stagnation agricole — a porté tout le poids du régime seigneurial qui, du point de vue social, a pour institution fondamentale le servage.

Le IXe siècle carolingien a vu se former, par la fusion des colons et des esclaves agricoles, la classe des serfs attachés à la glèbe. Sans doute, au Xe siècle, il subsiste encore des tenanciers libres qui exploitent la terre moyennant des redevances fixées par un bail à cens, mais, en France et en Angleterre, comme en Allemagne et en Italie, ils constituent l'exception et, à part les quelques charges inhérentes à la condition servile qui ne sauraient peser sur eux, ils sont astreints aux mêmes obligations que les serfs, à tel point que les deux termes de servus et de rusticus sont devenus synonymes[19].

Cette évolution a eu quelques avantages : elle a donné à l'ancien esclave du domaine une tenure, l'a fixé au sol, lui a permis de trouver dans la culture les ressources nécessaires à sa subsistance et à celle des siens ; quant à l'ancien colon libre, elle lui a assuré une certaine protection. Par contre, l'installation du régime seigneurial en Occident a eu les plus fâcheux résultats pour l'ensemble de la classe rurale en supprimant tout contrôle d'une autorité supérieure et en livrant les paysans à l'arbitraire de barons cupides et capricieux, parfois féroces, sans qu'aucun recours soit possible. Non seulement le serf reste un objet de propriété qui peut être vendu ou échangé avec le domaine dont il fait partie, non seulement il ne peut se passer pour tous les actes importants de sa vie, qu'il prenne femme ou qu'il témoigne en justice, de l'assentiment de son seigneur qui lui est encore nécessaire pour la transmission de ses biens à ses enfants, mais il est encore taillable et corvéable à merci. Il paye la taille à volonté, c'est-à-dire chaque fois que le baron a besoin d'argent, le chevage qui est annuel et, en même temps, fixe, en ce sens qu'aucune considération de revenu n'intervient, enfin le cens qui s'étend aussi aux hommes libres ; il lui faut, de plus, s'acquitter de la corvée et des autres services, de même qu'il supporte la foule des impôts indirects, sans compter les amendes, autre moyen de lui extorquer une part de ses ressources. Bref, il acquitte les innombrables droits seigneuriaux qui grèvent les personnes et les terres ; il est ainsi écrasé par une fiscalité qui devient oppressive si le seigneur, possesseur du domaine, est animé, comme il arrive souvent, d'instincts rapaces. Juridiquement inférieure, la situation du paysan peut être d'une impitoyable dureté.

L'ARBITRAIRE SEIGNEURIAL. — L'arbitraire seigneurial est, plus encore que la multiplicité des redevances, l'origine de tous les maux dont a souffert la classe rurale au Xe siècle. On a rappelé précédemment les dommages causés par les guerres. Ce ne sont pas les seuls. Un seigneur trouve-t-il que des villages ou des terres cultivées le gênent pour l'organisation de sa chasse : il n'hésite pas à faire détruire les uns et à bouleverser les autres, sans se soucier le moins du monde des misères qu'il provoquera de la sorte[20]. L'exercice du droit de gîte donne lieu à des abus identiques : il faut lire dans les Miracles de saint Benoît le récit de l'arrivée d'Eude, quatrième fils de Robert le Pieux, au village de Germigny : les serviteurs du prince, pour assouvir sa gloutonnerie, font main basse sur tout ce qu'ils trouvent, menacent de faire fouetter les paysans qui protesteraient contre leurs exigences, entassent dans l'église le produit de ces rapines, puis, tandis que les pauvres souffrent de la faim, ils préparent un repas capable d'éprouver les plus robustes estomacs et allument, pour éclairer ces orgies, le cierge pascal, offert par la piété des paroissiens[21]. Encore s'agit-il ici de l'exercice d'un droit, mais dans les mêmes Miracles de saint Benoît, on trouve des exemples de pillages qui ne peuvent pas se colorer de ce prétexte : un certain Bertrand, venu à l'abbaye de Fleury, traverse, pour rentrer chez lui des terres ensemencées et les bouleverse en tous sens, anéantissant sans profit une récolte qu'il n'aura pas le plaisir de s'approprier ; Rammulf de Belarbre est également puni par saint Benoît pour avoir commis un larcin et préparé un festin avec les larmes des pauvres[22]. Les autres chroniques regorgent d'exploits du même genre, indices d'un fâcheux affaiblissement du sens moral. En général, le baron n'écoute que son égoïsme personnel ; il demeure indifférent aux souffrances d'autrui et -n'est pas habitué à mesurer les conséquences de ses actes.

MISÈRE DU PAYSAN. — On ne saurait dès lors s'étonner de la misère qui a été généralement, au Xe siècle, le lot des classes rurales. La pauvreté du paysan se reflète dans sa maison, simple cabane en bois, au toit de chaume et au sol en terre battue, où l'étable voisine avec l'habitation, dans son mobilier plus que sommaire, dans son vêtement, même dans sa nourriture limitée aux produits de la terre que le seigneur veut bien lui laisser et composée surtout de pain noir, de légumes, de laitage, plus rarement de poisson ou de viande de porc[23]. Ce sont là autant d'indices d'une existence rude, dépourvue de tout bien-être et de toute joie, qui aboutit souvent à un total dénuement. On voit dans les Miracles de saint Benoît, qui fourmillent de renseignements précieux sur la vie rurale, un des serfs de l'abbaye s'enfuir en Bourgogne parce qu'il est trop pauvre, un autre commettre des vols parce qu'il ne peut trouver de travail pour subvenir aux besoins de sa mère âgée, d'autres enfin contraints de mendier parce qu'ils n'ont plus rien[24]. Si l'on songe que sur les terres ecclésiastiques la situation des serfs passait pour meilleure, on peut conclure que souvent au Xe siècle la terre ne nourrit plus son homme. D'ailleurs à quoi bon la cultiver, puisque ses produits ne servent en somme qu'à alimenter la rapacité seigneuriale ?

LES FAMINES. — Toujours dure, la situation des classes rurales est devenue tragique à certaines heures. A travers les annales des Xe et XIe siècles, le mot de famine. revient sans cesse. D'après Raoul Glaber, on a compté jusqu'à quarante-huit années de disette entre 970 et 1040[25]. A cela, rien de surprenant. Le déclin du commerce ayant atteint son maximum au Xe siècle, il suffit que des conditions atmosphériques aient entraîné une mauvaise récolte ou qu'un pays ait été saccagé par la guerre pour que les denrées de première nécessité fassent défaut. Sans doute, parmi les famines que signalent les chroniqueurs, beaucoup ont eu un caractère local, mais parfois aussi le fléau a été général. Telle la grande famine de l'an 1000 qui, écrit Raoul Glaber, a sévi sur tout le monde romain, à tel point qu'il n'y eut pas de. région qui ne manquât de pain. Et le chroniqueur rapporte qu'en beaucoup d'endroits les hommes, en proie à d'atroces souffrances, allèrent jusqu'à prendre en nourriture non seulement la chair des animaux ou des reptiles les plus immondes, mais même celle de femmes et d'enfants[26]. En 1031, ce fut, à certains égards, pire encore : La température devint si contraire qu'on ne put trouver aucun temps favorable pour l'ensemencement des terres ni pour la moisson, surtout à cause des eaux qui envahissaient les champs... Toute la terre fut tellement inondée par des pluies continuelles que, pendant trois ans, on ne trouva pas un sillon qui fût bon à ensemencer. An temps de la récolte, les herbes parasites et l'ivraie couvraient toute la campagne. Le boisseau de grains, dans les terres où il avait le mieux profite, ne rendait que le sixième de sa mesure au moment de la moisson et ce sixième rapportait à peine une poignée. Ni l'Italie, ni la Gaule, ni l'Angleterre ne furent épargnées ; partout se déchaînèrent des scènes d'horreur que le chroniqueur a dramatisées, ce qui n'exclut pas l'exactitude de certains faits dont il a été le témoin attristé, comme la vente de chair humaine sur le marché de Tournus[27].

LES ÉPIDÉMIES. — La famine a eu d'autres conséquences. La mauvaise nourriture, dont il fallait se contenter en période de disette, a engendré des épidémies qui ont été non moins néfastes. Dans son récit des malheurs de Tan 1031, Raoul Glaber indique qu'en Bourgogne on fabriquait du pain avec une terre blanche à laquelle on mêlait un peu de farine ou de son et que beaucoup de ceux qui parvenaient à assouvir leur faim à l'aide de ce singulier aliment ne tardèrent pas à enfler et à périr. On conçoit qu'un tel régime ait eu les plus désastreux effets pour la santé générale et on ne saurait être surpris de ce que la famine ait été suivie par une peste qui dépeupla l'Europe pendant trois ans. A peu près à la même époque, André de Fleury signale en Aquitaine un mal étrange qu'il désigne sous le nom d'ignis sacer et qui s'attaquait aux os en rongeant l'individu[28]. La lèpre, en revanche, était assez rare ; elle. ne se répandra qu'après les croisades.

LA CRISE SOCIALE. — La population des campagnes a été, avec le menu peuple des villes, très éprouvée par ces maux d'ordre divers qui ont aggravé pour elle la misère inhérente au régime seigneurial. Dans quelle mesure les paysans se sont-ils résignés à leur sort ? C'est là évidemment un problème assez difficile à résoudre. Çà et là, il y a eu des désordres qui attestent un mécontentement réel : les paysans normands se sont soulevés en 997, sous prétexte que la forêt, dont leurs seigneurs prétendaient librement disposer, devait leur appartenir ; ils déléguèrent certains des leurs pour soutenir leurs revendications, mais ces ambassadeurs revinrent mutilés et chacun s'en retourna à sa charrue[29]. D'autres insurrections, comme celle de 1008 en Bretagne, témoignent du malaise qui a régné dans le monde rural[30]. Parfois, il est vrai, le paysan aura recours à des procédés plus pacifiques ; il s'enrôlera par exemple dans les ligues pour la paix33, mais jusqu'au XIIe siècle, il ne réussira pas à obtenir une amélioration vraiment sérieuse de son sort. Aussi la crise agricole, inséparable des grandes iniquités sociales qu'a entraînées le régime seigneurial, ne s'atténuera-t-elle que très lentement.

 

II. — Le déclin religieux et intellectuel[31].

 

AFFAIBLISSEMENT DE L'ESPRIT RELIGIEUX. — L'acuité du mal social qu'a engendré la crise économique s'explique en partie par un fléchissement de l'esprit religieux. Si le seigneur abuse de la puissance que lui confèrent les institutions, c'est avant tout parce qu'avec le respect des choses saintes, il a perdu jusqu'au plus élémentaire sens moral. Le monde, s'écriait avec douleur l'archevêque de Reims, Hervé, en ouvrant le concile de Trosly (16 juin 909), est rempli d'impuretés, d'adultères, de sacrilèges, de meurtres, d'homicides, de violences dont les pauvres sont les innocentes victimes[32]. De fait, ce qui caractérise avant tout le monde seigneurial du Xe siècle, c'est une effroyable indiscipline des mœurs. Sans doute le baron fréquente l'Église et reçoit les sacrements ; à l'heure de la mort, il cherchera à prévenir la colère du souverain juge par quelques pieuses donations ; à l'occasion, il sera capable de s'astreindre à d'austères pénitences, mais ces différents gestes ne sont que la survivance attardée d'une foi désormais privée de tout aliment intellectuel et moral. Le seigneur du Xe siècle croit encore à l'existence de Dieu et à l'immortalité de l'âme, mais, volontairement ignorant des conditions du salut, il est incapable de réfréner ses fougueux instincts. Pour lui, l'adultère est un péché sans conséquence, l'amour du gain une peccadille moindre encore ; la femme lui apparaît comme une esclave destinée à perpétuer son nom ou à assouvir ses libidineuses fantaisies, le paysan comme un matériel humain d'où il faut tirer le plus possible[33].

LES MŒURS ÉPISCOPALES. — L'Église est elle-même envahie par l'esprit du siècle. La disparition de l'Empire carolingien et l'affaiblissement de l'autorité romaine l'ont mise à la merci des seigneurs qui, en bien des cas, désignent les évêques et les abbés à la place du roi. Aussi les préoccupations religieuses restent-elles étrangères à ces nominations trop souvent entachées de vénalité. Tandis que la ville épiscopale devient une seigneurie, l'évêque, à qui personne ne rappelle plus ses devoirs spirituels, oublie le caractère sacré de sa fonction et, dominé par des soucis d'ordre temporel, il se laisse glisser sur la pente du vice. Les ministres de l'Église, écrit saint Odon de Cluny, se rassasient de chair ; ils sont enivrés par l'orgueil, desséchés par l'avarice, amollis par la volupté, tourmentés par la méchanceté, enflammés par la colère, divisés par la discorde, altérés par l'envie, tués par la luxure[34]. Les faits sont là pour prouver que l'âpre moraliste n'a guère exagéré ; les canons conciliaires notamment montrent à quel point le célibat ecclésiastique était tombé en désuétude, même parmi l'épiscopat[35]. D'autre part, l'esprit seigneurial a tué l'esprit chrétien : un Salomon de Constance a passé sa vie à guerroyer et à prendre part aux luttes politiques en Souabe, sans jamais reculer devant les pires violences ; un Archambaud de Sens, devenu en 958 archevêque par la volonté de son parent : le comte Renaud, s'est consumé dans la débauche et dans l'orgie, plus soucieux de ses chiens et de ses vautours que de ses ouailles, plus assidu à la chasse qu'au service divin[36].

LA DÉCADENCE MONASTIQUE. — Les mœurs païennes s'infiltrent même dans les abbayes et, sans l'indomptable énergie des premiers apôtres de la réforme clunisienne, il est probable que la tradition bénédictine eût sombré au début du Xe siècle. Dans le royaume de Lorraine, à Senones et à Gembloux, s'étale librement la plus impudique licence[37]. En Italie, la situation est pire encore : les Historiae Farfenses rapportent qu'à Farfa, au temps de l'abbé Hildebrand, c'est-à-dire au milieu du Xe siècle, les moines entretenaient des concubines qui, tout d'abord, crurent prudent de se cacher, mais qui ne tardèrent pas à étaler leurs vices au grand jour[38]. En France, lé mal fut plus rapidement conjuré, grâce à l'incroyable extension de Cluny, mais le mauvais accueil reçu souvent par les réformateurs prouve que la situation n'était guère meilleure que dans les pays voisins.

A côté de tant de ruines morales, bien des ruines matérielles se sont aussi accumulées. Églises et monastères ont particulièrement souffert, comme on l'a vu, des incursions normandes, hongroises, sarrasines. Certaines régions, comme la Bavière, la Souabe, la Lorraine, la Champagne, la Bourgogne, les vallées de la Seine et de la Loire, ou encore la Lombardie et l'Italie méridionale, ont été périodiquement dévastées et les récits des chroniqueurs ou des hagiographes ne dissimulent pas l'étendue du désastre. Pour échapper à la fureur des barbares sur le compte desquels circulent les bruits les plus sinistres, les moines abandonnent les abbayes à leur approche, sans avoir le temps de mettre en sûreté les trésors qu'elles renfermaient. Aussi, non seulement les églises sont détruites ou brûlées, les objets d'art volés et dispersés, mais les bibliothèques sont également incendiées avec leurs riches archives et leurs manuscrits précieux. A la fin du IXe et au début du Xe siècle, le Mont Cassin a été ainsi déserté pendant soixante-sept ans et c'est seulement en 950 que, sur les instances du pape Agapit, des Bénédictins de Capoue viendront repeupler la montagne et y faire refleurir de glorieuses traditions[39]. II en est de même en France, en Allemagne, en Angleterre : partout où ont passé les envahisseurs, la civilisation des siècles précédents a été anéantie.

LE DÉCLIN INTELLECTUEL. — La ruine des églises et des monastères devait fatalement amener une décadence intellectuelle et artistique. Églises et monastères avaient, pendant la période mérovingienne et carolingienne, pieusement conservé les traditions littéraires de l'antiquité païenne ou chrétienne. L'invasion des diocèses par des évêques seigneuriaux, dépourvus de toute culture et dominés par des préoccupations toutes matérielles, la dispersion des moines lors des grandes invasions, la disparition avec l'Empire de l'école du palais sont, au Xe siècle, autant de conditions défavorables à l'essor de la pensée occidentale.

LA LITTÉRATURE ECCLÉSIASTIQUE. — L'époque carolingienne avait été caractérisée tout d'abord par un grand développement de la littérature ecclésiastique ; le palais d'Aix-la-Chapelle était devenu un centre d'études théologiques qui avait largement rayonné en dehors. Ce mouvement prend fin avec l'Empire. Au Xe siècle, il n'y a plus ni théologiens, ni philosophes ; le seul nom que l'on puisse citer est celui de Rémi d'Auxerre, qui enseigna la dialectique à Reims, puis à Paris, et composa un certain nombre de commentaires sans grande originalité sur la Bible et sur les psaumes[40]. Çà et là, surtout dans l'Italie méridionale, quelques recueils canoniques, édités pendant la première moitié du Xe siècle, forment les anneaux de la chaîne qui relie saint Isidore de Séville à Burchard de Worms[41]. Ce qu'il y a en somme de plus représentatif dans cette littérature ecclésiastique, ce sont les œuvres de circonstance engendrées par les polémiques qui ont accompagné le pontificat de Formose et par la réaction contre l'esprit du siècle dont Cluny a été le foyer.

AUXILIUS ET VULGARIUS. — Deux prêtres, Auxilius et Vulgarius, se sont efforcés d'établir la validité des actes accomplis par Formose et de désarmer par là toutes les haines posthumes qui se déchaînèrent contre le malheureux pape. Plusieurs de leurs recueils, où sont simplement alignés les textes jugés favorables, n'ont aucun intérêt littéraire. Il n'en est pas de même de leurs dialogues, à savoir les Libelli in defensionem sacrae ordinationis papæ Formosi, où Auxilius a narré, sous d'assez vives couleurs, le fameux procès intenté au cadavre de Formose, et le Super causa et negotio Formosi -pafiae de Vulgarius où les arguments qui militent en faveur du pape sont exposés avec une logique passionnée[42].

SAINT ODON. — Les désordres moraux qui ont suivi la crise romaine du Xe siècle se reflètent chez saint Odon de Cluny. A la demande de Turpion, évêque de Limoges, le fondateur de l'illustre congrégation a écrit les Collationes, où le tableau des vices de la société ecclésiastique et laïque est brossé avec un réalisme parfois quelque peu outré. Saint Odon, qui a laissé également une œuvre hagiographique et liturgique, est avant tout un moraliste. Les quelques considérations métaphysiques dont il a émaillé son traité n'ont pas grande valeur ; les remèdes qu'il propose aux maladies sociales de son temps, trop exclusivement adaptés à son zèle monastique, ne pouvaient être efficaces. Ce qui lui assigne une place dans la littérature, ce sont ses mordantes attaques contre les clercs et les laïques que dévorent la luxure et l'orgueil, sources empoisonnées de tous les autres péchés. Il excelle à tracer le portrait des grands de la terre attentifs à tous les moyens de remplir leur sac, toujours prêts à domestiquer les pauvres pour s'en faire une clientèle qu'ils traînent avec faste derrière eux, absorbés par le seul souci de suffire aux prodigalités de chaque jour, ignorants des joies de l'esprit et de l'âme, tellement ils sont asservis par la volupté, incapables de songer dans leur soif de beauté corporelle que cette beauté corporelle s'arrête à la peau et que si les hommes voyaient ce qu'il y a au-dessous de la peau, comme le lynx de Thrace dont la vue pénètre, dit-on, tous les objets, ils éprouveraient un profond dégoût en regardant les femmes. Les clercs, entraînés eux aussi vers l'abîme par un orgueil satanique, ne sont pas davantage ménagés. La loi du travail, obligatoire pour le commun des mortels, n'existe plus pour eux. Les mains pleines, ils se précipitent dans le vice. A l'exemple du riche vêtu de pourpre, ils passent leurs journées en festins, se parent avec une joyeuse vanité de vêtements luxueux, puis, oublieux des devoirs de leur état, ils se jettent à corps perdu dans la luxure. Selon l'expression du poète comique, Vénus aurait froid, si Bacchus et Cérès ne produisaient avec une telle abondance[43].

ATTON DE VERCEIL ET RATHIER DE LIÈGE. — Les aspirations réformatrices n'ont pas engendré d'aussi remarquables écrivains à l'intérieur de l'Église séculière. Atton, évêque de Verceil, de 924 à 964, a laissé quelques opuscules comme le Capitulare et le De Pressuris ecclesiasticis, où il essaie de ramener un clergé corrompu à la pratique d'une vie meilleure ; ses attaques contre la simonie et le nicolaïsme décèlent un théologien, un homme d'action, par-dessus tout un saint prélat qui, s'il n'a pas la verve d'un Odon de Cluny, sait trouver quelques accents affectueux et désolés, capables de susciter l'émotion[44]. Rathier de Liège, élève à Lobbes de l'abbé Hilduin, puis évêque de Vérone d'où il a dû, à plusieurs reprises, fuir devant l'opposition de ses prêtres, mort à Namur en 974, a plus d'originalité ; son œuvre essentielle, les Præloquia, qu'il a composée dans la prison de Pavie où l'avait enfermé le roi d'Italie, Hugue, contient un programme radical de réforme de l'Église où puiseront plus tard les écrivains lorrains, et les souffrances endurées par l'auteur pendant sa captivité se sont traduites en plaintes véhémentes[45].

LA POÉSIE ÉPIQUE. — Parmi la littérature profane, c'est la poésie épique, très immédiatement inspirée, elle aussi, par les événements, qui tient la première place. Au seuil de la période qui suit la disparition de l'Empire carolingien, les invasions normandes ont donné naissance au poème d'Abbon, De bellis Parisiacae urbis qui, écrit à partir de 888, raconte le siège de Paris par les Normands (885-887) : c'est un document de premier ordre où abondent les détails pittoresques, grâce auxquels les hommes et les faits s'animent en une série d'épisodes vivants et colorés ; la description de Paris et de ses fortifications, le portrait des défenseurs et des assaillants, le récit des attaques normandes, malgré des incorrections et des fautes de goût, malgré une certaine prétention dans la forme, se lisent avec un réel agrément[46]. Les Gesta Berengarii imperatoris, qui retracent en vers hexamètres les luttes soutenues par le roi Bérenger Ier d'Italie, sont loin d'avoir autant de valeur ; ils présentent les mêmes défauts de patiente recherche et ont surtout l'allure d'un panégyrique pompeux, dont le seul mérite est de fournir de précieux renseignements sur les luttes dynastiques qui se sont déroulées dans la péninsule[47].

RÉGINON DE PRÜM. — L'histoire en prose, en dehors des continuations d'annales carolingiennes, n'a produit qu'une œuvre de quelque intérêt, la chronique de Réginon de Prüm. Celle-ci n'est d'ailleurs intéressante que pour les événements contemporains. La première partie, intitulée De temporibus dominicae incarnationis, est une fade compilation, et il en est de même du début de la seconde, De Gestis regum Francorum (741-906). Pour les dernières années du IXe siècle et les premières du Xe, Réginon est, au contraire, original ; on peut lui reprocher d'avoir accepté, comme la plupart des chroniqueurs du moyen âge, les renseignements oraux qu'il a recueillis autour de lui, de s'être laissé aller trop souvent à l'imitation des auteurs anciens, mais sa narration, tout en demeurant simple et sobre, n'a pas la sécheresse ordinaire des annales et les réflexions qui l'accompagnent attestent un sens assez affiné des événements[48].

PAUVRETÉ LITTÉRAIRE ET ARTISTIQUE DU Xe SIÈCLE. — Réginon est mort en 915. Après lui, l'histoire, comme les autres genres littéraires, ne produit plus rien avant l’époque d’Otton le Grand qui verra les débuts de la renaissance littéraire, plus ou moins contemporaine de la restauration impériale. Jusque-là, le monde occidental, en proie à tant d'épreuves, a souffert d'une véritable anémie intellectuelle. En dehors des œuvres précédemment citées, ni les poètes lyriques de l'école de saint Gall, disciples de Notker, qui, quoique étant mort en 912, appartient encore à la période carolingienne, ni les hagiographes, parmi lesquels réapparaîtrait le nom de saint Odon, ne méritent pas que l'on s'attarde sur eux[49]. De même, le mouvement artistique de l'époque carolingienne se trouve momentanément ralenti, et c'est seulement à la fin du Xe siècle que commencera l'admirable renaissance romane succédant à la rude période des invasions destructrices.

 

 

 



[1] Voir surtout : P. Boissonnade, Le travail dans l'Europe chrétienne au Moyen âge (Ve-XVe siècles), Paris, 2e éd., 1930 ; H. Pirenne, Les villes du Moyen âge, Bruxelles, 1927 ; H. Sée, Les classes rurales en France et le régime domanial, Paris, 1901 ; K. Lamprecht, Deutsche Wirtschattgeschichte, Leipzig, 3 vol., 1874-1899 et Études sur l'état économique de la France au XIe siècle, trad. Marignan, Paris, 1889 ; L. Delisle, Étude sur les conditions de l'agriculture et de la classe agricole en Normandie, Paris, 2e éd., 1912.

[2] Cf. Pirenne, Les villes du Moyen âge, p. 27-52.

[3] Il n'y a pas lieu de revenir ici sur les dévastations qui ont accompagné les invasions hongroises.

[4] Sée, op. cit., p. 98-99 et 133.

[5] On a vu comment, au début du XIIe siècle, les sires de Montlhéry paralysaient encore le commerce entre Paris et la région de la Loire.

[6] On a noté plus haut la disparition presque totale, à cette époque, des centres urbains et montré comment les villes, au Xe siècle, ne sont plus que des lieux de refuge contre les invasions. Suivant les estimations de M. Boissonnade (op. cit., p. 142), les plus peuplées, en Allemagne et en France, n'auraient pas dépassé sept à huit mille habitants.

[7] Cf. Halphen, Études critiques sur l'histoire de Charlemagne, Paris, 1921, p. 245 et suiv.

[8] Boissonnade, op. cit., p. 103-104.

[9] Boissonnade, op. cit., p. 110-111.

[10] Halphen, op. cit., p. 269 ; Sée, op. cit., p. 133-134.

[11] Sée, op. cit., p. 29-31.

[12] Boissonnade, op cit., p. 127 et suiv.

[13] Sur l'état de l'agriculture, voir surtout : Lamprecht, Études sur l'état économique de la France au XIe siècle, trad. Marignan, p. 103 et suiv. ; Boissonnade, op. cit., p. 91-95.

[14] Boissonnade, op. cit., p. 90.

[15] Richer, Histoire de France, II, 18-19.

[16] Flodoard, Annales, a. 946 ; Richer, Histoire de France, II, 58.

[17] Miracula S. Fidis, III, 13 et 21.

[18] Orderic Vital, Historia ecclesiastica, XI, 10.

[19] Sée, op. cit., p. 19 et suiv. ; Boissonnade, op. cit., p. 118-119.

[20] On trouvera dans Lamprecht-Marignan, op. cit., p. 113-114, de curieux exemples à ce sujet.

[21] Miracula S. Benedicti, VIII, 14.

[22] Miracula S. Benedicti, IV, 2 et 4.

[23] Boissonnade, op. cit., p. 122-125 et 180-183.

[24] Miracula S. Benedicti, VI, 2, et VIII, 44, 38, 39.

[25] Raoul Glaber, III, 7. Cf. Lamprecht-Marignan, op. cit., p. 264, n. 3.

[26] Raoul Glaber, I, 17.

[27] Raoul Glaber, IV, 10-13.

[28] Miracula S. Benedicti, IV, 1.

[29] Guillaume de Jumièges, Historia Normannorum, V, 2.

[30] Boissonnade, op. cit, p. 183-184.

[31] Pour le déclin religieux, voir surtout A. Fliche, La réforme grégorienne, t. I (avec la bibliographie). Pour le déclin intellectuel, cf. A. Ebert, Histoire générale de la littérature latine du Moyen âge en Occident, trad. Aymeric et Condamin, t. III, 1889 ; Wattenbach, Deutschlands Geschichtsquellen im Mittelalter, 7e éd., t. I, Stuttgart, 1904 ; Molinier, Les sources de l'histoire de France, t. I, Paris, 1901 ; Dom Berlière, L'ordre monastique des origines au XIIe siècle, 2e éd., Paris, 1921 ; G. Schnürer, Kirche und Kultur im Mittelalter, t. II, Paderborn, 1929.

[32] Héfélé-Leclercq, Histoire des conciles, t. IV, 2e p., p. 722-723.

[33] Sur les désordres moraux du monde seigneurial, voir les canons des conciles de Seligenstadt (1022) et de Bourges (1031). Cf. Héfélé-Leclercq, op. cit., t. IV, 2e p., p. 923 et 954.

[34] Collationes, II, 67.

[35] Cf. Réforme grégorienne, t. I, p. 31 et suiv.

[36] Réforme grégorienne, t. I, p. 93.

[37] Richer, Gesta Senoniensis ecclesiæ, I, 18 ; Sigebert de Gembloux, Gesta abbatum Gemblacensium, c. XVII.

[38] Historiæ Farfenses, Hugonis opuscula, c. VI.

[39] Cf. E. Bertaux, L'art dans l'Italie méridionale, Paris, 1904, t. I, p. 155-156.

[40] Voir ses œuvres dans Migne, Patr. Lat., t. CXXXI, col. 51 et suiv. Cf. Histoire littéraire, t. VI, p. 99 et suiv.

[41] Cf. Paul Fournier, Un groupe de recueils canoniques italiens des Xe et XIe siècles, dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. XL, 1915.

[42] Sur Auxilius et Vulgarius, voir : Dümmler, Auxilius und Vulgarius, Leipzig, 1866. Cf. aussi Ebert, op. cit., t. III, p. 252 et suiv.

[43] Collationes, II, 1, 6-7, 18-23 dans Patr. Lat., t. CXXXIII. Sur saint Odon, cf. : Réforme grégorienne, t. I, p. 40 et suiv. ; E. Sackur, Die Cluniacenser in ihrer kirchlichen und allgemeinges-chichtlichen Wirksamkeit bis zur Mitte des elften Jahrhunderts, Halle, 1892-1894, 2 vol. ; Hessel, Odo von Cluny und das französische Kulturproblem im fruheren Mittelalter dans Hist. Zeitschrift t. CXXVIII, 1923 ; Dom du Bourg, Saint Odon, Paris, 1905.

[44] Réforme grégorienne, t. I, p. 61 et suiv. ; Patr. lat., t. CXXXIV.

[45] Réforme grégorienne, t. I, p. 75 et suiv. Outre les Præloquia, Rathier a écrit un certain nombre d'opuscules dont on trouvera l'énumération p. 77, n. 1, et qui ont été publiés au t. CXXXVI de la Patrologie latine.

[46] Le poème d'Abbon a été édité dans les Ss. rer. germanic. in usum scolarum, 1871. Sur Abbon, cf. surtout E. Favre, Eudes, comte de Paris et roi de France, p. V-VII et 17-68.

[47] Sur Réginon, voir : P. Schulz, Die Glaubwürdigkeit des Abts Regino von Prüm, Hambourg, 1894. La meilleure édition est celle de Wurze, dans les Ss. res. germ. in us. scol., 1890.

[48] Cf. Dümmler, Gesta Berengarii imperatoris, Halle, 1871.

[49] Cf. Ebert, op. cit., t. I, p. 153 et suiv.