HISTOIRE DU MOYEN ÂGE

PREMIÈRE PARTIE. — LES CONSÉQUENCES DU DÉMEMBREMENT DE L'EMPIRE CAROLINGIEN (888-962)

 

CHAPITRE PREMIER. — LA SUCCESSION DE CHARLES LE GROS.

 

 

I. — Le démembrement de l'Empire en royaumes[1].

 

LE SORT DE L'EMPIRE CAROLINGIEN. — L'empereur Charles le Gros, déposé en novembre 887 par la diète de Tribur, est mort à Neidingen le 13 janvier 888. Alors, écrit l'historien Réginon, les royaumes qui avaient été soumis à sa domination se fractionnèrent en rompant le lien qui les unissait et, sans attendre leur seigneur naturel, chacun chercha à se créer un roi tiré de ses propres entrailles[2].

Partage de l'empire en royaumes et, à l'intérieur de chacun de ces royaumes, élection par les grands du titulaire de la fonction royale : tels sont, en effet, les deux traits primordiaux de la crise politique ouverte par la disparition du souverain incapable et mou qui avait réussi un moment à grouper sous son autorité fragile les divers pays autrefois soumis au pouvoir de Charlemagne.

ARNULF, ROI DE GERMANIE. — Au moment où meurt Charles le Gros, la dynastie carolingienne n'a plus qu'un représentant légitime, Charles, fils posthume de Louis le Bègue. Agé de sept ans, cet enfant ne pouvait, en une heure aussi critique, prétendre à l'empire. En dehors de lui, le seul descendant de Charlemagne qui pût élever des droits était un bâtard du roi de Bavière Carloman, né d'ailleurs d'une femme noble, Arnulf, duc de Carinthie.

Ambitieux, énergique, prodigieusement actif, Arnulf avait révélé de bonne heure des qualités d'homme de gouvernement qui s'alliaient chez lui à une certaine valeur militaire. Vers 870, alors qu'il avait à peine vingt-cinq ans, il s'était vu confier les marches de Pannonie et de Carinthie, puis, pendant la maladie de son père, il avait administré la Bavière qu'il dut, à la mort de Carloman (879), remettre à son oncle Louis III. Tenu à l'écart par Charles le Gros, qui le redoutait en raison de son intelligence et de son prestige, il sut attirer à lui les mécontents et se gagner les sympathies de tous ceux qu'inquiétait l'inertie de l'empereur régnant. En 887, sûr de sa popularité, il s'est délibérément placé à la tête des révoltés qui l'ont proclamé roi et ont contraint Charles, déposé par eux, à le reconnaître comme son successeur en Allemagne[3]. Il n'osa pas revendiquer immédiatement l'empire, craignant sans doute que sa naissance illégitime ne suscitât d'insurmontables obstacles et, pendant les premiers mois de l'année 888, il se contenta modestement d'affermir son autorité sur le royaume qui lui était échu.

Personne, d'ailleurs, ne songeait à contester son pouvoir qu'il tenait tout à la fois, comme l'ont remarqué plusieurs de ses contemporains[4], de l'élection et de l'hérédité. Son avènement n'a pas un caractère révolutionnaire ; les grands de Germanie ont voulu sauver le pays en se débarrassant d'un souverain qui s'était montré inapte à le gouverner et à le défendre ; mais, sans la moindre hésitation, ils sont restés fidèles à la dynastie carolingienne[5].

EUDE, ROI DE FRANCE. — Il en est tout autrement en France, où la situation est trop critique pour que le loyalisme dynastique ne s'efface pas devant de redoutables perspectives. Les invasions normandes ont plus rudement secoué les pays de l'ouest. On est encore sous le coup du siège de Paris (885-886) et de la honteuse capitulation qui l'a suivi[6]. La crainte du meurtre et du pillage l'emporte sur toute autre préoccupation et, puisque la maison carolingienne, incarnée en un enfant malingre, ne peut fournir un chef de guerre, on est unanime à penser qu'il y a lieu de chercher ailleurs l'homme qui pourra sauver le pays gravement menacé. Cet homme, l'archevêque de Reims, Foulque, croit l'apercevoir dans le duc de Spolète, Guy II, dont l'aïeul, Lambert, avant de s'exiler au delà des Alpes, avait été comte de Nantes ; mais les seigneurs déjouent les projets de l'ambitieux prélat qui, apparenté à cette famille italianisée depuis un demi-siècle, espérait gouverner sous le nom de Guy : tandis que celui-ci, accouru à l'appel de Foulque, se fait sacrer à Langres par l'évêque de cette ville, Gellon, ils proclament roi le comte de Paris, Eude, qui est couronné à Compiègne, le 29 février 888, par l'archevêque de Sens, Gautier[7].

Ce choix s'imposait. Eude, né vers 860, était le fils de Robert le Fort qui, au temps de Charles le Chauve, s'était illustré dans la lutte contre les Normands. Il avait lui-même acquis, dès sa jeunesse, une réputation de valeureux guerrier, et sa résistance héroïque, prolongée pendant toute une année, lors du fameux siège de Paris (885-886), avait encore accru son prestige. Aussi n'est-il pas surprenant qu'à la mort de Charles le Gros, les seigneurs de Neustrie, de France et de Bourgogne, sûrs de répondre au vœu de tous, aient confié la couronne à ce chef éminent qui joignait à une courageuse habileté l'opiniâtre volonté de vaincre.

L'avènement d'Eude fut en général accueilli avec une satisfaction confiante. Il y eut cependant quelques tentatives d'opposition. Si Guy de Spolète reprit le chemin de l'Italie aussitôt après l'élection de son rival, le parrain de sa candidature, Foulque, ne se rallia pas immédiatement. D'accord avec les évêques de Beauvais, Noyon, Cambrai, et avec le comte de Flandre, Baudouin II, petit-fils de Charles le Chauve par sa mère Judith, il alla trouver le roi de Germanie à Worms[8] et l'invita avec insistance à revendiquer le royaume franc de l'Ouest, échu, disait-il, par un véritable abus de pouvoir à un prince qui n'était pas de race royale[9]. Arnulf, qui jusque-là n'avait pas songé à se poser en compétiteur d'Eude, a-t-il accueilli favorablement la demande de l'archevêque et un moment médité une attaque contre le royaume voisin[10] ? Les textes ne permettent pas de l'affirmer positivement. En tout cas, Eude, en inaugurant son règne par une éclatante victoire sur les Normands à Montfaucon (24 juin 888)[11], déjoua les combinaisons de Foulque. Baudouin de Flandre ne persista pas dans son opposition[12]. Quant à Arnulf, il se contenta de citer Eude à un plaid, et le roi des Francs occidentaux, après s'être entouré des garanties nécessaires, se rendit à la convocation qui lui était adressée. Une entrevue entre les deux princes eut lieu à Worms au commencement d'août. Arnulf reconnut Eude. Celui-ci, de son côté, consentit à se placer, vis-à-vis du roi de Germanie, dans une certaine dépendance qui ne ressemble en rien à la vassalité et qui a seulement pour but de maintenir quelque unité morale entre les deux principaux États issus du démembrement de l'empire carolingien[13].

Cette entente entre les deux souverains réglait le sort de la Francia occidentalis. L'archevêque de Reims n'eut qu'à s'incliner devant le fait accompli et à se soumettre au roi que l'élection des grands avait désigné comme successeur du carolingien Charles III[14].

LE ROYAUME DE PROVENCE. — Entre l'Allemagne et la France, les divers royaumes, un moment absorbés dans l'empire de Charles le Gros, se reconstituent également et recouvrent leur indépendance.

Au Sud, depuis la mort de Lothaire Ier (855), la Provence avait eu, à plusieurs reprises une existence autonome. Le plus jeune fils de l'empereur, Charles, la gouverna tout d'abord de 855 à 863 ; puis, après bien des vicissitudes, le comte Boson se fit élire roi par les évêques des provinces de Vienne, Besançon, Lyon, Tarentaise, Aix, Arles, et conserva la couronne jusqu'à sa mort, survenue le II janvier 887, un an avant celle de Charles le Gros[15].

Boson laissait un fils en bas âge, Louis, qui était incapable de faire valoir ses droits à la succession paternelle ; mais sa veuve, Ermengarde, personne entreprenante et énergique, était bien décidée à assurer la transmission de la royauté à sa postérité. A la faveur de l'anarchie générale, elle gouverna elle-même la Provence[16] ; puis, après la mort de Charles le Gros, elle put, avec le concours du pape Étienne V. et aussi du roi de Germanie, Arnulf, qui ne pouvait guère revendiquer pour lui ce royaume lointain, réunir à Valence une assemblée d'évêques et de grands qui, à la fin de 889 ou au début de 890, remit la couronne à Louis et le fit sacrer roi[17]. Sans doute, le jeune prince ne fut pas reconnu par tous les pays qui avaient autrefois appartenu à Boson : la Provence proprement dite, le Viennois, le Lyonnais acceptèrent son autorité ; mais la Bourgogne et la province ecclésiastique de Besançon lui échappèrent pour une large part[18]. Ermengarde, qui exerça la régence jusqu'à sa mort (896 ou 897)[19], comptait sur Arnulf pour agrandir le royaume provençal ; mais ses espoirs furent déçus. Arnulf ne put prévenir la formation du royaume de Bourgogne au profit de Rodolphe Ier, et il créa lui-même celui de Lorraine en faveur de son fils Zwentibold.

LE ROYAUME DE BOURGOGNE. — Le royaume de Bourgogne apparaît dans l'histoire peu après la mort de Charles le Gros. Au début de l'année 888, les grands de l'ancien duché de Transjuranie, réunis dans la basilique d'Agaune, proclament roi le marquis Rodolphe, fils de Conrad, comte d'Auxerre[20]. En réalité, ce prince échange simplement son titre contre un autre ; car il exerçait déjà son autorité sur le pays compris entre le Jura et les Alpes Pennines dont se compose le nouvel État[21], mais il est dévoré par l'ambition et rêve de réunir sous son sceptre toute l'ancienne Lotharingie. A peine a-t-il reçu la couronne qu'il occupe l'Alsace et une partie de la Lorraine. Au cours d'une assemblée, tenue à Toul, il est sacré roi de Lotharingie par l'évêque de cette ville, Arnaud[22]. L'abstention dédaigneuse des seigneurs l'oblige toutefois, dès juin 888, à abandonner la Lorraine et même l'Alsace[23]. Après avoir négocié avec Arnulf, il demeure finalement roi de la Bourgogne transjurane qui vers le Nord s'étend jusqu'à l'Aar, englobant l'archidiocèse de Besançon et aussi les deux villes de Bâle et de Genève, tandis que le duché de Belley appartient à Louis de Provence[24].

LE ROYAUME DE LORRAINE. — L'échec de Rodolphe de Bourgogne en Lorraine s'explique fort bien : la plupart des seigneurs du pays, laïques ou ecclésiastiques, étaient acquis à Arnulf, roi de Germanie. En juin 888, les évêques, à l'exception d'Arnaud de Toul, prennent part au concile réuni à Mayence par le bâtard carolingien, ce qui semble bien prouver que déjà ils reconnaissaient son autorité[25]. Jusqu'en 895, les destinées de la Lorraine restent confondues avec celles de l'Allemagne. Cependant, lorsqu'en 893 la reine Oda eut donné le jour à un fils qui reçut le nom de Louis, Arnulf, alors préoccupé d'organiser l'Allemagne et de conquérir l'Italie, voulut ériger son État de l'Ouest en royaume distinct pour son bâtard Zwentibold auquel il avait voué une affection toute particulière. Il se heurta pendant deux ans à de vives résistances dont on ignore les raisons ; mais il tint bon et, en mai 895, à l'assemblée de Worms, les seigneurs lorrains se décidèrent à reconnaître Zwentibold pour roi[26].

Malgré ses incontestables qualités que gâtait malheureusement un tempérament par trop autoritaire et emporté, Zwentibold ne réussit jamais à devenir populaire, L'aristocratie ne le subissait qu'à contrecœur et elle fit preuve à son égard d'une défiante réserve qui se transforma en hostilité le jour où les comtes Étienne, Gérard, Matfrid et Odoacre, qui avaient sans doute dérobé quelques biens aux églises de Toul et de Trèves, furent, par mesure de représailles, dépouillés de leurs fiefs par le roi[27]. L'intervention d'Arnulf amena une réconciliation, accompagnée de restitution (897)[28], mais, l'année suivante (898), Zwentibold provoqua de nouveaux mécontentements, en confisquant les biens du comte Renier au Long-col qui fut exilé du royaume[29]. Renier fit appel au roi de France, Charles le Simple, qui avait remplacé Eude, mort le Ier janvier 898. Charles répondit à l'invitation qui lui était adressée et envahit la Lorraine, mais les populations, préférant encore la domination de Zwentibold à celle du Carolingien de l'Ouest, ne lui ménagèrent pas l'accueil qu'il attendait d'elles. Aussi, au moment, où les deux armées rivales allaient s'affronter près de Priim, préféra-t-il négocier et conclure la paix, après quoi il se retira[30]. La Lorraine restait à Zwentibold, mais ses procédés despotiques empêchèrent, malgré les efforts de son père, un accord durable avec ses sujets. Ceux-ci, lorsqu'Arnulf fut mort (8 décembre 899), prirent comme roi le fils du prince défunt, Louis l'Enfant, qui avait déjà reçu la couronne de Germanie[31]. Zwentibold se vengea par d'atroces dévastations, mais il périt, le 13 août 900, dans un combat qu'il livra à l'armée de son jeune frère sur les bords de la Meuse[32]. Louis l'Enfant fut partout reconnu, mais, au lieu d'annexer la Lorraine à la Germanie, il lui laissa son autonomie et en confia le gouvernement au comte de Franconie, Gebhard, qui porta le titre de duc[33].

LE ROYAUME D'ITALIE. — L'Allemagne et la France, la Provence, la Bourgogne et la Lorraine se sont constituées, aussitôt après la mort de Charles le Gros, en États indépendants dont les souverains ont été élus, sans contestation sérieuse, L'Italie, au contraire, a éprouvé de rudes convulsions ; les rivalités entre les princes qui se sont disputé ce beau royaume, y ont entretenu la guerre civile pendant de longues années.

Dans les premiers jours de 888, une assemblée se réunit à Pavie et désigne comme roi Bérenger, marquis de Frioul, petit-fils de Louis le Pieux par sa mère Gisèle[34], mais Bérenger, qui n'a de partisans sûrs qu'au nord-est de la péninsule, voit surgir aussitôt un compétiteur en la personne du duc de Spolète, Guy II. Celui-ci était issu d'une vieille famille franque des bords de la Moselle qui, pendant la seconde moitié du IXe siècle, s'était solidement implantée en Italie grâce à des alliances matrimoniales bien choisies, grâce aussi à une politique énergique et sans scrupules. C'était le père de Guy II, Guy Ier, qui avait acquis le duché. Après sa mort (879), son fils aîné, Lambert, lui avait succédé à Spolète, tandis que Guy héritait du comté de Camerino, mais Lambert lui-même disparaît en 882 et son héritage passe à son plus jeune frère. Celui-ci est un ambitieux qui connaît merveilleusement l'art de nouer les intrigues. Pour l'agrandissement de ses États, il n'hésite pas à, s'allier aux Grecs et aux Sarrasins, ce qui inquiète à la fois le pape et l'empereur. Il est déclaré coupable de haute trahison. Charles le Gros charge son futur rival, Bérenger, de s'assurer de sa personne et d'occuper ses terres (883). Bérenger ne réussit pas à s'acquitter de cette mission ; la peste se déclare dans son armée et l'empêche de saisir Guy qui, en 885, rentre en grâce auprès de l'empereur[35].

A la mort de Charles le Gros, le duc de Spolète semble tout d'abord se désintéresser de l'Italie, Il songe à la couronne de France que lui offre l'archevêque de Reims, Foulque. Bientôt évincé par Eude, il se rabat sur l'Italie où il va sans peine triompher du marquis de Frioul auquel il n'a pas pardonné son intervention de 883. Un combat s'engage près de Brescia. Il est à la fois meurtrier et indécis. Les deux adversaires, hors d'état de continuer la lutte pour le moment, concluent jusqu'au 6 janvier 889 un armistice qui leur donne quelque répit pour se préparer aux guerres futures[36]. Bérenger s'efforce d'obtenir l'appui du roi de Germanie en lui reconnaissant, comme l'avaient fait les rois de France et de Bourgogne, une sorte de prééminence sur l'Italie[37], mais Arnulf est trop occupé par les affaires de son propre royaume pour lui être d'un grand secours et, lorsque les hostilités reprennent en 889, Bérenger est complètement battu à La Trébie[38]. Sa défaite est interprétée comme un jugement de Dieu. Les évêques se rallient à Guy de Spolète qu'ils élisent à Pavie (février 889), non sans lui avoir imposé leurs conditions : Guy s'est engagé notamment à respecter les églises et à faire preuve envers le Saint-Siège d'une filiale soumission[39].

L'ITALIE BYZANTINE. — La souveraineté du nouveau roi ne s'étend pas à toute l'Italie. Bérenger se maintient au nord-est. Au sud, les Grecs sont réinstallés à Bari depuis 876 et aspirent à reconquérir les territoires qu'ils avaient autrefois occupés. Ils ont même acquis un certain prestige en repoussant, en 888-889, une attaque musulmane, partie de la Sicile, qui, après avoir d'abord mal tourné pour eux, s'est terminée par leur propre succès : l'amiral byzantin Michel a réussi en effet à s'emparer du chef de l'armée arabe qui, après la destruction de la flotte grecque, avait débarqué sur le continent, Mogber ibn Ibrahim, et à rejeter ses troupes dans l'île. L'opposition des princes lombards et le peu d'initiative du gouvernement impérial de Constantinople ne permirent pas, il est vrai, aux Grecs d'Italie, qui avaient fait figure de sauveurs, de poursuivre leurs avantages. En juillet 891, le stratège Symbatikios s'installera un moment à Bénévent, mais ne pourra s'y maintenir et la ville reviendra à la maison de Spolète. Byzance devra se contenter, dans l'Italie méridionale, de Siponto et de Bari qui pourront être le point de départ de nouveaux établissements dans la péninsule d'où l'on pouvait croire sa domination à jamais disparue[40].

SURVIVANCE DE L'IDÉE IMPÉRIALE EN OCCIDENT. — L'empire carolingien a donc sombré en 888. De son démembrement sont issus six royaumes indépendants. Pourtant l'idée impériale n'a pas totalement disparu. Eude de France, Rodolphe de Bourgogne, Bérenger de Frioul ont reconnu au roi de Germanie, Arnulf, une certaine prééminence, parce que, quoique bâtard, il était de la souche de Charlemagne. Cette prééminence pouvait-elle se transformer en quelque chose de plus positif ? Le seul survivant de la dynastie carolingienne qui ne fût pas un enfant était-il capable de ressusciter à son profit l'Empire, toujours considéré comme l'apanage de sa maison ? Tel était le problème qui se posait au lendemain de la mort de Charles le Gros et de la dislocation de ses États.

 

II. — Les tentatives de reconstitution de l'Empire.

 

LES PROJETS DU PAPE ÉTIENNE V. — Les royautés, nées du démembrement de l'empire de Charles le Gros, ont eu toutes une origine élective. Le choix de l'empereur ne pouvait s'opérer suivant la même procédure et de toute nécessité le Saint-Siège devait intervenir. Jean VIII avait successivement désigné Charles le Chauve, Louis le Bègue et Charles le Gros. Son successeur, Étienne V, allait-il exercer une prérogative que personne ne songeait à lui contester ?

La situation était fort embarrassante pour lui. Il ne pouvait remettre la couronne impériale à Charles le Simple dont les Francs de l'ouest n'avaient pas même voulu comme roi et la naissance illégitime d'Arnulf créait un obstacle de prime abord difficile à surmonter. Toutefois les services rendus à l'Église et à la chrétienté par le bâtard de Carloman inclinèrent assez vite le pape à oublier sa tare originelle.

Dès son avènement, Arnulf s'était montré respectueux et prévenant envers les évêques allemands qui avaient pu, grâce à sa protection, tenir, dans l'été de 888, à Mayence, un concile général, ce qui ne s'était pas vu depuis fort longtemps[41]. Par ailleurs, le nouveau roi affichait sa ferme volonté de contenir les peuples païens qui se pressaient aux limites de la chrétienté et de défendre celle-ci contre leurs incursions. Lors de l'assemblée de Forchheim (mai 889) il, décida d'entreprendre une expédition contre la tribu slave des Obotrites[42]. La campagne eut lieu en septembre[43] et, si elle ne fut pas heureuse, elle prouva du moins que le roi avait conscience de sa mission protectrice.

Instruit de ces faits, Étienne V, au début de 890, fit demander à, Arnulf, par l'intermédiaire du prince des Moraves, Svatopluk, de venir à Rome pour visiter Saint-Pierre et aussi pour délivrer l'Italie des mauvais chrétiens et des païens menaçants[44]. Ce langage ne pouvait laisser aucun doute quant aux secrètes intentions du pape. Étienne V savait par ailleurs que les rois de France et de Bourgogne témoignaient des dispositions plutôt favorables à Arnulf. Seul Guy de Spolète, roi d'Italie, observait une prudente réserve qui trahissait son dessein de revendiquer pour lui-même, quoique n'appartenant pas à la famille carolingienne, la couronne impériale.

Le malheur voulut qu'Arnulf ne pût répondre aussitôt à l'invitation qui lui était adressée. De graves raisons, d'ordre intérieur et extérieur, vont le retenir en Allemagne jusqu'en 894. Au moment où le pape le fait pressentir, il a des inquiétudes au sujet de la Souabe qu'un fils naturel de Charles le Gros, Bernard, essaie de soulever. La mort de Bernard, qui périt de la main du comte Rodolphe de Rhétie, et quelques mesures de répression font tout rentrer dans l'ordre[45], mais, au même instant, d'autres périls se dessinent aux frontières. A l'est, le grand empire morave, qui s'étend de l'Oder à la Saale, à la Save et à la Tizza, est une menace pour la Germanie et une entrevue avec le duc Svatopluk, au cours de laquelle furent précisément transmises les propositions d'Étienne V (mars 890), ne réussit pas à dissiper les nuages qui s'amoncellent de ce côté[46]. A l'ouest, les Normands ne sont pas moins redoutables : en 890-891, ils parcourent la région de la Meuse, traversent le fleuve à Liège et vont ravager la région d'Aix-la-Chapelle[47]. Abandonner l'Allemagne en de telles conjonctures est impossible : avant de se laisser captiver par le rêve impérial, Arnulf doit sauver son propre royaume.

Il s'attelle avec beaucoup d'énergie à cette œuvre de libération. Le 1er novembre 89I, il remporte près de Louvain une victoire sur les Normands[48], qu'il ne peut pourtant empêcher, l'année suivante, de venir dévaster une fois de plus les pays rhénans[49]. A cette date, il est déjà engagé du côté de l'est. Dès février 892, on le trouve en Bavière où il devait avoir une nouvelle entrevue avec Svatopluk, mais Svatopluk s'est dérobé et la guerre devient cette fois inévitable. Arnulf pénètre en effet dans l'empire morave où il laisse son armée commettre toutes sortes d'excès, mais il n'obtient pas de résultats, car il ne peut prendre aucune ville[50]. Il s'adresse alors au tsar des Bulgares, Vladimir, avec lequel il échange des présents, sans aboutir à un accord positif[51]. L'expédition de 893 est aussi stérile que celle de l'année précédente[52]. Tout au plus ces incursions en pays ennemi ont-elles affaibli la force combative de l'adversaire et retardé une invasion possible.

GUY DE SPOLÈTE EMPEREUR (21 FÉVRIER 891). — Retenu en Allemagne, Arnulf a laissé échapper la couronne impériale que convoitait au même moment, le roi d'Italie, Guy de Spolète.

Étienne V n'avait aucune raison d'être agréable à Guy de Spolète. Ce prince, comme ses prédécesseurs, n'avait pas toujours fait preuve de déférence envers le Saint-Siège dont la puissance temporelle dans l'Italie centrale contrecarrait son ambition sans cesse en éveil[53]. Après son avènement comme roi, il chercha du moins à corriger la réputation de malveillance rapace que sa dynastie s'était acquise. L'assemblée de Pavie, qui consomma son élection, inscrivit en tête de ses canons que l'Église romaine, tête de toutes les églises, devait conserver ses droits, dignités, privilèges, et constata que, Guy ayant juré d'aimer cette même Église romaine, il avait été choisi pour roi et défenseur[54]. N'étaient-ce pas là de sûres garanties et le pape ne devait-il pas, en présence de telles déclarations, accorder à, Guy une absolution satisfaite ou plutôt la récompense ardemment souhaitée ?

Arnulf demeurant décidément sourd à l'invitation pontificale, Étienne V n'osa pas prolonger une situation qui n'était pas dépourvue d'inconvénients. A la suite de tractations dont on ne connaît point le détail, il ceignit de la couronne impériale le front de Guy de Spolète, le 21 février 891, à Saint-Pierre[55]. Ainsi se trouvait brisée la tradition presque séculaire qui réservait à la famille carolingienne la plus haute dignité temporelle de l'Occident chrétien.

Guy di Spolète prit d'ailleurs son rôle tout à fait au sérieux. Il promulgua des capitulaires imités de Charlemagne[56] et, pour perpétuer l'empire dans sa famille, fit couronner, le 30 avril 892, son fils Lambert par le pape Formose qui venait de succéder au défunt Étienne V[57]. Il n'en demeure pas moins vrai que l'empire de Spolète n'est qu'une pâle caricature de l'empire carolingien : il ne s'étend même pas à toute l'Italie où Bérenger maintient ses prétentions et n'est reconnu par aucun des royaumes issus de l'ancienne Lotharingie. Eude, roi de France, l'ignore, tandis qu'en Germanie Arnulf attend le moment favorable pour restaurer l'ancienne tradition impériale.

PREMIÈRE EXPÉDITION D'ARNULF EN ITALIE (894). — A la fin de 893, ce moment paraît venu. L'Allemagne jouit d'une paix relative. D'Italie parviennent des appels plus pressants. Au cours de l'année 893, le pape Formose a envoyé au prince carolingien une ambassade chargée de renouveler l'invitation de son prédécesseur[58] et le concurrent évincé de l'empereur Guy, Bérenger de Frioul, semble toujours disposé à favoriser une entreprise susceptible de mettre fin à la domination de la maison de Spolète[59]. Arnulf ne peut plus se dispenser d'intervenir. Il envoie, sous le commandement de son fils naturel, Zwentibold, une armée destinée à soutenir Bérenger. A l'approche de celle-ci, Guy, pris de panique, court s'enfermer dans Pavie, mais ses adversaires n'essaient pas d'exploiter l'avantage qui résultait pour eux de cette fuite inattendue. Pendant trois semaines, Zwentibold garde une surprenante inaction, après quoi, peut-être acheté par l'empereur spolétain, il bat en retraite[60]. Arnulf se décide alors à venir lui-même dans la péninsule. Malgré un hiver terrible, il se met en route au début de janvier 894, rejoint Bérenger à Vérone, marche sur Bergame que défendait le comte Ambroise, s'en empare après un assaut meurtrier et un violent combat de rues, accompagné d'épouvantables massacres ; Ambroise se réfugie dans une tour où il essaie de prolonger la résistance, mais il est pris et pendu, tandis que l'évêque Adalbert, captif lui aussi, est remis à l'archevêque de Mayence, Hatton[61].

RETRAITE D'ARNULF. — Cet atroce exemple entraîne la soumission de la plupart des villes de l'Italie septentrionale. Milan et Pavie se rendent a Arnulf, tandis que Guy s’enfuit précipitamment dans son duché de Spolète. Les princes toscans se prononcent également pour le roi de Germanie qui s'avance jusqu'à Plaisance (mars 894) et songe à marcher sur Rome, mais, au moment où son triomphe paraît proche, il s'arrête et rentre en Allemagne[62].

Les motifs de cette retraite demeurent mystérieux. Les Annales de Fulda l'attribuent à la maladie qui sévissait dans l'armée allemande. Il est fort probable que la défection du marquis Adalbert de Toscane et aussi l'attitude hostile, prise par le roi de Bourgogne, Rodolphe, n'ont pas été étrangères à la résolution d'Arnulf. Rodolphe n'avait pas pardonné au roi de Germanie d'avoir contrarié ses vues sur la Lorraine et ce n'est pas sans raison qu'au lieu de revenir directement en Allemagne par le Brenner, Arnulf a été assiéger la place d'Ivrée devant laquelle il se trouvait le jour de Pâques (31 mars 894). La ville était défendue par le marquis Anchier qui la tenait de son parent, Guy de Spolète, mais une armée bourguignonne participait aux opérations, ce qui prouve bien que Rodolphe avait pris parti contre Arnulf. Celui-ci, pendant trois semaines, essaya vainement de forcer l'obstacle et dut reprendre le chemin de l'Allemagne sans avoir enlevé Ivrée[63]. Il garda une vive rancune envers Rodolphe, mais ne put l'empêcher de régner paisiblement jusqu'à sa mort (912)[64].

SECONDE EXPÉDITION ET COURONNEMENT IMPÉRIAL D'ARNULF (895-896). — A la fin de 894, la situation de la péninsule se modifie en faveur d'Arnulf. Guy de Spolète meurt[65]. Son fils Lambert, associé à la couronne depuis 892, lui succède sans difficulté, mais il est très jeune et ne semble pas de taille à lutter. Aussi Arnulf, de nouveau sollicité par Formose, s'empresse-t-il de venir en Italie, afin d'y réparer son échec de l'année précédente[66]. Il quitte son royaume en octobre et arrive à Pavie le Ier décembre 895. La marche sur Rome commence aussitôt. Elle s'annonce pénible : la pluie ne cesse de sévir ; le ravitaillement est difficile, car l'armée de Spolète, en se retirant, a transformé le pays en un véritable désert ; les alliés, notamment Adalbert de Toscane, qui est revenu de sa défection, se montrent peu empressés. Bref l'armée allemande arrive devant Rome harassée, épuisée, et, au lieu d'y entrer triomphalement, comme elle l'espérait, elle trouve les portes fermées. L'âme de la résistance n'était autre que la veuve de l'empereur Guy, Agiltrude. Impérieuse, autoritaire, animée de l'inébranlable volonté de rester impératrice, elle entend défendre la ville jusqu'au bout. Elle ne peut pourtant empêcher Arnulf d'y pénétrer par une brèche, près de la porte Saint-Pancrace. Le roi de Germanie est aussitôt reçu par le pape à Saint-Pierre, puis couronné empereur avec le cérémonial habituel. Les Romains se rallient à lui sans effort et lui prêtent serment de fidélité (22 février 896)[67].

MALADIE ET MORT D'ARNULF. — Il s'agissait maintenant de consolider ces résultats et de tirer des événements la conclusion qu'ils comportaient. Malgré la prise de Rome, la situation d'Arnulf restait précaire. Agiltrude et Lambert persistaient à ne pas vouloir s'effacer devant lui. Il paraissait urgent de les 1 mettre hors de cause. Aussi, au début de mars 896, le nouvel empereur, après avoir installé à Rome l'un de ses fidèles, Farold, marche sur Spolète où s'était retirée l'ex-impératrice. Chemin faisant, il est frappé de paralysie[68]. On doit le ramener en Allemagne où il vivra péniblement jusqu'en 899[69]. Son armée évacue l'Italie où elle semble avoir laissé d'assez mauvais souvenirs[70].

FIN DE L'EMPIRE CAROLINGIEN. — Arnulf est le dernier empereur qui ait appartenu à la famille carolingienne. Il a laissé la réputation d'un prince courageux et actif. En d'autres temps, il eût pu peut-être faire assez grande figure, mais il a été manifestement débordé par les circonstances et sa carrière a été trop brusquement interrompue par la maladie pour qu'il pût donner toute sa mesure.

Sa mort marque la disparition définitive de l'empire de Charlemagne. Après lui, d'autres souverains s'affubleront encore du titre impérial, mais ils n'en tireront aucune puissance effective sur la chrétienté occidentale et n'arriveront même pas à exercer leur autorité sur leurs propres États, si restreints qu'ils soient. En réalité, l'échec de la tentative d'Arnulf consacre pour longtemps le morcellement de l'empire en royaumes indépendants où la dynastie carolingienne, combattue par d'autres princes plus puissants qu'elle, n'arrivera même pas à se maintenir.

 

 

 



[1] Pour cette question, nous renverrons surtout à E. Dümmler, Gesckichte des ostfränkischen Reichs, t. III, Die letzten Karolinger ; Konrad I, Leipzig, 1888, en le complétant à l'aide des diverses monographies citées à propos de chaque royaume.

[2] Réginon, Chronicon, a. 888. Pour la date de la mort de Charles le Gros, cf. Dümmler, op. cit., t. III, p. 289, n. 2.

[3] Voir tome I.

[4] Cf. Réginon. On trouvera d'autres textes exprimant la même pensée dans Dümmler, op. cit., t. III, p. 304, n. 2.

[5] Sur l'avènement d'Arnulf, voir : E. Dümmler, op. cit., t. III, p. 299 et suiv. ; W.-B. Wenck, Die Erhebung Amulfs und der Zerfall des karolingischen Reichs, Leipzig s. d. in-8°.

[6] Voir tome I.

[7] Dümmler, op. cit., t. III, p. 315, n. 4 et 316, n. 2. Sur l'avènement d'Eude, cf. E. Favre, Eudes, comte de Paris et roi de France (882-898), p. 78 et suiv.

[8] Favre, op. cit., p. 99-100.

[9] Cf. la lettre de Foulque dans Flodoard, Historia Remensis ecclesiæ, IV, 5. Cf. aussi Annales Vedastini, a. 888.

[10] Tel est l'avis de Favre, op. cit., p. 105.

[11] Favre, op. cit., p. 106-108.

[12] Favre, op. cit., p. 109.

[13] Sur ces événements, voir les Annales Vedastini, les Annales Fuldenses et Réginon, a. 888. Ces différents textes ne les interprètent pas de la même façon, les deux derniers accentuant davantage la subordination d'Eude envers Arnulf. Sur la nature des rapports entre les deux souverains, cf. Favre, op. cit., p. 113-116.

[14] Flodoard, Hist. Rem. eccl., IV, 5.

[15] Voir t. I et aussi : Poupardin, Le royaume de Provence sous les Carolingiens, p. 1-141.

[16] Poupardin, op. cit., p. 152.

[17] On a conservé le procès-verbal de cette assemblée que l'on trouvera dans les Monumenta Germaniæ historica, in-4°, Capitularia, t. II, p. 376. Sur la date, cf. Poupardin, op. cit., p. 156, n. 2.

[18] Poupardin, op. cit., p. 157-159 et 190 et suiv.

[19] Poupardin, op. cit., p. 158-163.

[20] Réginon, a. 888. Cf. Poupardin, Le royaume de Bourgogne (888-1038), p. 10-12.

[21] Sur l'étendue des États de Rodolphe, voir : Poupardin, Le royaume de Bourgogne, p. 12, n. 3.

[22] Réginon, a. 888 ; Annales Vedastini, a. 883. Cf. Poupardin, Le royaume de Bourgogne, p. 13 et suiv. ; Parisot, Le royaume de Lorraine sous les Carolingiens, p. 488.

[23] Annales Fuldenses, a. 888.

[24] Poupardin, Le royaume de Bourgogne, p. 16 et suiv.

[25] Mansi, t. XVIII, col. 63. Cf. Parisot, op. cit., p. 491.

[26] Dümmler, op. cit., p. 408, n. 2 ; Parisot, op. cit., p. 508 et suiv.

[27] Réginon, a. 897 ; Dümmler, op. cit., t. III, p. 455-457 ; Parisot, op. cit., p. 539.

[28] Annales Fuldenses, a. 897.

[29] Réginon, a. 898. — On ne connaît pas les raisons qui ont inspiré cette mesure. Cf. Parisot, op. cit., p. 544. Sur le surnom de Renier, cf. Parisot, op. cit., p. 610-611.

[30] Réginon, Annales Vedastini, a-898 ; Parisot, op. cit., p. 525 et suiv.

[31] Dümmler, op. cit., t. III, p. 501, n. 1.

[32] Dümmler, op. cit., t. III, p. 502, n. 1.

[33] Sur les institutions de la Lorraine, cf. Parisot, op. cit., p. 558 et suiv,

[34] Dümmler, op. cit., t. III, p. 313, n. 1.

[35] Sur tous ces événements, cf. t. I et aussi Kleinclausz, L'empire carolingien, p. 523-524.

[36] Dümmler, op. cit., t. III, p. 324, n. 3.

[37] Dümmler, op. cit., t. III, p. 325, n. 1.

[38] Dümmler, op. cit., t. III, p. 366, n. 1.

[39] On trouvera le décret d'élection dans les M. G. H. in-4°, Capitularia, t. II, p. 104.

[40] Sur tous ces événements, voir J. Gay, L'Italie méridionale et l'empire byzantin, p. 145 et suiv.

[41] Mansi, t. XVIII, col. 61.

[42] Annales Fuldenses, a. 889.

[43] Dümmler, op. cit., t. III, p. 335, n. 3.

[44] Annales Fuldenses, a. 890.

[45] Dümmler, op. cit., t. III, p. 341 et 343.

[46] Dümmler, op. cit., t. III, p. 338, n. 1 et 2.

[47] Annales Vedastini, a. 891.

[48] Dümmler, op. cit., t. III, p. 350, n. 2.

[49] Réginon, Annales Vedastini, a. 892.

[50] Dümmler, op. cit., t. III, p. 354

[51] Dümmler, op. cit., t. III, p. 355, n. 1.

[52] Dümmler, op. cit., t. III, p. 362, n. 1.

[53] Sur les rapports du Saint-Siège avec la maison de Spolète, voir : Duchesne, Les premiers temps de l'État pontifical, p. 289-290.

[54] Capitularia, t. II, p. ¡04.

[55] Annales Vedastini, a. 888. — Sur la date, cf. Dümmler, op. cit., t. III, p. 368, n. 1 et Kleinclausz, op. cit., p. 539, n. 2. 1

[56] Cf. Kleinclausz, op. cit., p. 539.

[57] Jaffé-Wattenbach, 3479. Cf. Kleinclausz, op. cit., p. 539, n. 3.

[58] Annales Fuldenses, a. 893.

[59] Gesta Berengarii, l. III, v. 13-14. Cf. Kleinclausz, op. cit., p. 539-540.

[60] Gesta Berengarii, l. III, v. 7 et suiv. ; Annales Alamannici, a. 893. Seul Liudprand de Crémone (Antapodosis, I, 22), dont le témoignage est très sujet à caution, affirme que Zwentibold se serait laissé acheter par Guy de Spolète.

[61] Gesta Berengarii, l. III, v. 80 et suiv. ; Annales Fuldenses. Réginon, a. 894.

[62] Annales Fuldenses, Réginon, a. 894.

[63] Annales Fuldenses, a. 894. Sur ces événements, voir : Poupardin, Le royaume de Bourgogne, p. 21.

[64] Cf. Poupardin, Le royaume de Bourgogne, p. 24-28.

[65] Sur la date, cf. Hartmann, Geschichte Italiens im Miteelalter, t. III, 2e part., p. 136-137, n. 14.

[66] Annales Fuldenses, a. 895.

[67] Dümmler, op. cit., t. III, p. 419-421 ; Hartmann, op. cit., t. III, 2e part., p. 118-121.

[68] Réginon, Annales Fuldenses, Annales Alamannici, a. 896. Cf. Dümmler, op. cit., t. III. p. 422-423.

[69] Arnulf est mort le 8 décembre 899. Cf. Dümmler, op. cit., t. III, p. 473, n. 3.

[70] C'est du moins l'avis de Liudprand, Antapodosis, I, 33. Sur la valeur de ce témoignage, cf. Kleinclausz, op. cit., p. 543, n. 3.