Au
petit matin le coche d'Amiens fait son entrée à Paris. A la barrière on
visite les passeports ; les gendarmes consulaires inspectent le visage de
chaque voyageur. C'est qu'on redoute dans Paris l'entrée d'un de ces féroces
chouans, complices de Cadoudal qui a juré de tuer le Corse, de l'abattre sur
le front de bandière de ses troupes, à la revue d'un décadi. Mais dans la
diligence où George sommeille, les yeux bouffis, lasse de tant de heurts et
de tant de cahots, il n'est rien de suspect. La porte se referme, le fouet du
postillon claque, et la lourde patache se remet en marche sur le rude pavé du
faubourg. Dans le matin blême et louche, la grande ville se réveille, se
secoue. Des coqs chantent sur les fumiers dans les cours des nourrisseurs.
Des fenêtres bâillent sur des chambres en désordre. Caracos volants, seins
lâchés, cheveux noués à la diable, des filles
bavardent déjà sur le pas des portes. On regarde passer la diligence crottée
et boueuse, chavirant les malles, les' bourriches et les paquets, sur son impériale.
Le jour n'hésite plus au ciel et monte au-delà des toits où luisent les
tuiles bleues mouillées de la rosée nocturne. Le faubourg dépassé, le coche
gagne le cœur de la ville, dépasse Saint-Eustache où grouillent les manants
et les rustres de Bourg-Egalité, de Mesnil-Montant, de' Suresnes et de Vaugirard,
autour de leurs paniers gonflés de légumes. Ce monde vociférant et chicaneur
s'écarte, en maugréant, devant la voiture, invective le postillon et se gare
de son coup de fouet cinglant. Rue Mazet. C'est une voie noire, étroite,
pleine de bruit et d'aigres odeurs. Un grand vantail bée là sur une cour
encombrée de diligences, sonore de cris de valets, pleine du bourdonnement
des voyageurs venus pour prendre le coche, hâter un envoi, ou recevoir un
parent, un ami, qu'amène, du fond d'une lointaine ville départementale, la
voiture publique. George,
sa mère et sa nourrice, sont là, seules. Raucourt les a quittées, au début du
voyage, pour continuer la route dans son carrosse. La tragédienne aime ses
aises. Dans ce grand Paris qui leur est inconnu, où les jette la diligence,
les trois femmes semblent perdues. Comme des naufragées, elles se serrent
autour des épaves de leurs bagages, et, dans cette cour tumultueuse, les
chevaux à l'abreuvoir s'ébrouent, les valets hurlent, les voyageurs
s'interpellent, et personne ne se préoccupe des trois provinciales effarées,
brisées du voyage, et les yeux un peu gros des larmes du premier exil. Elles
se décident cependant, empoignent leurs paquets et gagnent la rue. Dans les
maisons obscures, lépreuses, penchées sur la rue comme pour s'abattre sur le
passant, elles tentent de discerner l'auberge qui leur sera hospitalière et
accueillante, et qui, aux prix modiques, n'entamera pas considérablement le
maigre et pauvre pécule, que la petite Mme Verteuil serre dans sa main
crispée. La rue Mazet dépassée, les voici dans la rue de Thionville,
ci-devant Dauphine. Les porteurs d'eau, les marchands d'herbes potagères, les
vendeurs d'orviétan, les crieurs de journaux, tout cela encombre la rue,
tapage, grouille, ondule, circule. George et sa mère sont prises par le flot
de la foule qui les pousse, les jette presque à la porte de l'Hôtel de
Thionville. C'est le refuge espéré, cherché. Elles s'y précipitent, heureuses
enfin d'échapper à cette hydre formidable qui s'étire par les rues du Paris à
son réveil. Hôtel
de Thionville.
C'est là que les trois femmes s'installent, c'est là qu'elles demeureront
jusqu'au jour où un commencement de bien-être leur permettra une chambre
meublée à l'Hôtel du Pérou — du Pérou ! — rue Croix-des-Petits-Champs,
puis un petit entresol, bas et obscur, rue Sainte-Anne, au coin de la rue du
Clos-Georgeot. Certes, leur vie dans ce garni
modeste sinon pauvre, manquera longtemps de charme pour celle qui voit luire
dans ses rêves les chandelles de ses débuts à la Comédie-Française. Mais cette
vie, elle et sa mère la supporteront courageusement, avec cette coquetterie
des femmes dont l'unique orgueil est de paraître. Elles sont pauvres, leur
nourriture est souvent celte des paniers de légumes que, par diligence, le
père Weimer envoie d'Amiens, la nourrice va laver le linge de la famille à la
rivière, la mère use ses tristes yeux sur le travail ingrat qu'exigent les
robes élimées, c'est la gêne, le besoin, c'est tout cela, et plus encore,
mais elles vont à la Comédie-Française ! Les
heures qu'elles passent à leur fauteuil de balcon, la fille lorgnée par les
galants et les élégants, ne rachètent-elles pas les autres heures d'une vie
pénible et difficile ? Mais cela c'est l'histoire de toutes les débutantes,
et c'est l'histoire de George. Dès le
lendemain de son arrivée, elle fut prendre sa première leçon chez Raucourt. La
tragédienne habitait alors aux Champs-Elysées, la Chaumière dont Mme Tallien
avait fait, au lendemain de Thermidor, le palais de l'Allée des Veuves.
C'était une demeure à la fois rustique et princière où le style reflétait, si
on peut dire, la littérature de Jean-Jacques Rousseau. Ce n'étaient que
bosquets, charmilles, lacs en miniature, vallées de Lilliput, montagnes
d'étagère, le tout semé dans un beau jardin à l'anglaise. Aux alentours, ces
alentours que remplace aujourd'hui l'avenue Montaigne, s'étendaient des
cultures maraîchères qu'arrosait, par de petits canaux artificiels, la Seine
proche. C'était pour venir habiter dans cette demeure, où défila le beau
monde des ruffians, des agioteurs, des politiciens et des crapules de la
réaction thermidorienne, cour ordinaire de la fille Cabarrus, que Raucourt
avait quitté, à la Barrière Blanche, son superbe palais dont on a décrit avec
luxe le « beau salon aux boiseries sculptées et dorées, aux glaces
magnifiques, aux portes à panneaux de glace, au plafond en ovale et
superbement peint[1] ». C'est là, dans ce séjour
fait pour la volupté de la vie, que, dans la nuit du 3 au 4 septembre 1793,
Raucourt avait été arrêtée. On
connaît les événements. En pleine Terreur, la Comédie-Française demeurée
royaliste seigneurs de l'ancien régime, qui entreteniez les comédiennes, n'y
fûtes-vous pour rien ? s'était avisée de représenter une pièce réactionnaire,
/a Paméla, du citoyen François, alors déjà de Neufchâteau. Cris, sifflets, ce
fut là l'ordinaire tapage qui accueillit Paméla. Le Comité de Salut public
s'inquiéta et rendit un arrêt ordonnant la fermeture du théâtre et
l'emprisonnement des comédiens. Le 3 septembre, Barère, l'Anacréon de la
guillotine, demandait à la Convention l'exécution de cet arrêt. Dans la nuit,
les comédiens allaient aux Madelonnettes, les comédiennes à Sainte-Pélagie.
Ce n'étaient là que des logis provisoires. Quelques semaines plus tard on
transférait les uns à Picpus et les autres à la maison de suspicion des
Anglaises de la rue des Fossés-Saint-Victor. C'était là que Raucourt s'était
liée avec une dame de Ponty, « personne très distinguée, fille d'une première
dame d'autours de la reine Marie-Antoinette », dit George. Au physique, Mme
de Ponty était petite, frêle, élégante, avec ce je ne sais quoi de l’ancien
régime que le nouveau dédaigna ne pouvant se l'assimiler complètement.
Raucourt et elle, rassemblées par les hasards de la vie en commun, devinrent
vite amies, au point que, libérée, l'actrice offrait à l'aristocrate ruinée
par la Révolution, un gîte, la table, et le reste à sa convenance. A quel
titre, pour quelles fonctions, Raucourt installa-t-elle Mme de Ponty chez
elle ? Cela est assez vague, mais on le devine facilement. Une femme du monde
dans le besoin, élégante, jolie, trouve toujours de quoi s'occuper utilement
dans une maison à grand train comme l'était alors celle de Raucourt. « Ses
goûts étaient peu d'accord avec l'existence qu'elle avait acceptée, écrit cependant
George elle avait tout perdu, la nécessité entraîne. Comment satisfaire à ses
habitudes de grande dame sans la main amie que Mlle Raucourt lui avait tendue
? Tout cela est triste et navrant. Passons. » Oui, passons, car on a
peur de trop bien deviner le rôle de la petite Mme de Ponty auprès de
Raucourt tout entière à sa proie attachée. La
société qui fréquentait la tragédienne était élégante. Il s'y rencontrait le
prince de Hénin, Mme de Talleyrand, Mme Tallien, déjà séparée de celui qui
avait étranglé Robespierre. Elle était reçue, en outre, dans les salons du
plus élégant des directeurs, le ci-devant vicomte de Barras à qui Mme Tallien
prodiguait alors les moins vénales de ses amoureuses caresses. « Mlle
Raucourt que j'avais reçue dans le temps au Directoire en sa qualité
d'artiste de premier ordre, » écrit Barras dans ses Mémoires[2]. Le fait que les habitués du
salon de Barras faisaient bon accueil à la grande impure, à la lesbienne,
scandale du régime disparu, prouve assez quelle était cette société et de
quelle tolérance elle faisait montre. Le sourire qu'elle avait accordé à Joséphine
de Beauharnais, elle ne pouvait pas le refuser à la masculine Raucourt. George
revint assez troublée de sa première leçon. Sa protectrice lui avait fait
lire dans Cinna le rôle d'Émilie. « Elle me le lut ensuite : c'était
bien certainement une grande artiste très savante, mais, pour une jeune
fille, la voix un peu rauque[3] et très peu harmonieuse ne me
séduisit point. Je croyais qu'il fallait, si je voulais parvenir, prendre
cette voix et j'y trouvais une impossibilité qui me désolait. Attendons,
dis-je à ma mère, je verrai peut-être plus clair. » Et elle attendit. La vie
continua pour elle avec ses petites batailles quotidiennes et obscures, ses
luttes sournoises. Un beau jour son frère débarqua à l'hôtel du Pérou. Il se
sentait, lui aussi, une vocation artistique et il rêvait de faire de la
musique sa carrière. Tout en suivant les leçons du grand Kreutzer, il
s'appliquait à faire des cachets. Une fortune inespérée lui survint il fut
mandé pour donner des leçons de musique aux enfants de l'ambassadeur de
Hollande. Le pauvre garçon rapportait triomphalement ses modestes gains à
l'hôtel du Pérou. Et George et sa mère allaient toujours à la Comédie-Française
où Raucourt leur 'avait obtenu leurs entrées. C'est
un piquant et judicieux tableau que nous fait George, dans son manuscrit, de
la troupe des Français sous le Consulat. Nous allons avoir l'occasion d'y
revenir. Ces représentations, où triomphait le génie lyrique et hennissant de
Talma, la laissaient, le soir, dans sa triste chambre d'hôtel, défaillante et
angoissée. Elle se disait, et rappelle ses mots : — Impossible
comment peut-on faire pour arriver là ? Essayons, sans espoir ; courage,
pauvre petite fille toute la famille attend si tu réussis, tu les rendras
heureux. Courage donc, j'en aurai, je travaillerai Et « je
poursuivais mes études avec rage », dit-elle. Les
habitués des Français n'avaient pas été sans remarquer la présence fidèle de
cette belle jeune fille, au masque tragique d'une si noble coupe. Quand elle
arrivait avec sa mère, un léger mouvement se manifestait dans la salle,
partait du parterre pour monter jusqu'aux loges. Toutes les lorgnettes se
braquaient sur la beauté immobile de l'inconnue. Bientôt son nom se chuchota. — C'est
l'élève de Mlle Raucourt, disait-on ; elle lui donne des leçons pour la
remplacer. Vraiment ? mais elle est trop jeune ![4] Et
confuse de la promesse de cette neuve gloire, George dit : « J'étais rouge
comme une cerise, je n'osais plus bouger. » Ce fut bien autre plus tard,
quand cette gloire commença à se manifester d'une façon plus éclatante.
Aussitôt qu'elle était assise, le parterre applaudissait, et déjà des
acclamations saluaient la beauté de celle dont on ignorait encore la
puissance du génie tragique. Ces manifestations, c'est modestement que George
les explique, en disant « On s'occupait beaucoup du théâtre... ensuite c'était
un événement que le début d'une élève de Mlle Raucourt. » Elle
restait coi devant ces applaudissements. L'ancienne
soubrette de Bayeux, mieux payée que quiconque pour en apprécier toute la
valeur, s'étonnait de la gêne de sa fille. Et
celle-ci de lui dire, tandis que crépitaient les bravos inattendus — Mais,
maman, j'ai donc quelque chose de ridicule ? La
petite Mme Verteuil, toute rouge d'émotion, répondait.' — Eh
non, mais salue donc ! Et, au
commandement maternel, George de saluer. « Ah !
véritablement, j'étais au supplice ! » a-t-elle confessé depuis. Elle
était particulièrement assidue aux représentations de son professeur. Nous
savons ce qu'elle pensait d'elle dans le rôle d'Idame,
de l'Orphelin de la Chine. La pièce achevée, George et sa mère
montaient saluer Raucourt dans sa loge. C'est une page charmante de ses
Mémoires. Je
devais naturellement assister aux représentations de Mlle Raucourt, et, après
la tragédie, me rendre dans sa loge ; c'était de rigueur à cette époque. On
avait beaucoup de respect et de déférence pour les grands talents. Ce n'était
ni le respect ni la déférence qui devait me guider ; plus que cela, la
reconnaissance m'imposait un devoir que je remplissais avec joie et bonheur !
Il y avait toujours nombreuse société dans cette loge, il fallait être
présentée à chaque personne. J'étais très timide : « Allons, mon enfant,
montrez-vous donc, ôtez ce vilain chapeau qu'on vous voie » J'avais fait une
grande maladie avant mes débuts, qui avait causé la perte de mes cheveux on
fut obligé de me raser la tête Mlle Raucourt avait l'affreuse fantaisie de me
montrer dans cet état, elle s'amusait de ma honte, elle me trouvait superbe
comme cela... J'étais affreuse. Ah ! que je la maudissais de son
admiration pour ma tête rasée ! Et le
lendemain on retournait allée des Veuves. En
assumant l'éducation théâtrale de George, Raucourt avait accepté une charge
qui lui dut paraître lourde souventes fois. En effet, nous le savons, une
société nombreuse fréquentait chez elle. Il lui fallait concilier les
plaisirs de la vie élégante aux devoirs de sa charge de sociétaire[5]. Le moyen entre ce temps de
donner des leçons Ces leçons, de nombreuses visites les venaient interrompre.
Le prince de Hénin semblait assidu au soin de les venir troubler. Raucourt,
flattée dans son orgueil, par la beauté et les progrès de son élève, saisissait
l'occasion au vol : — Prince,
vous allez entendre mon élève. Mon enfant, mets-toi là, et répète bien[6]. «
L'enfant était de fort mauvaise humeur, dit George, et tremblait comme la
feuille, mais il fallait obéir. » Ainsi
les leçons allèrent, un peu cahin-caha, coupées, interrompues, inachevées,
heurtées, incomplètes. Un tel état de choses ne pouvait raisonnablement et
sans graves inconvénients pour l'avenir de George et les minimes ressources
de sa famille, continuer longtemps. C'est alors que cette charmante Mme de
Ponty se piqua de rappeler Raucourt aux devoirs de sa promesse. L'actrice
venait d'acheter, à deux lieues d'Orléans, une propriété appelée La Chapelle,
dont « elle était folle ». A vrai dire, c'était un véritable château, avec
des étangs, une chasse, des parterres immenses, et ce dans un de ces
admirables paysages qui, du noble et doux Vendômois où Ronsard chanta la
Française Hélène, se prolongent au-delà de la molle et lente Loire. Le
château acheté, il ne se passa guère de semaine sans que Raucourt courût les
routes de l'Orléanais. En songeant aux leçons perdues, Mme de Ponty
s'exaspérait. Enfin, un jour, elle se décida à brusquer les choses. — Fanny,
dit-elle à Raucourt (car elle l'appelait Fanny. Pourquoi ? Nous l'ignorons).
Fanny, à quoi songez-vous donc ? Cette pauvre petite ne débutera jamais au
train dont vous y allez. Il faut en finir, je n'aime pas la campagne, mais
par amitié pour Mme George et pour la petite, je me décide à partir pour la Chapelle,
je les emmènerai. Là, au moins, nous vous tiendrons et n'accepterons plus vos
mauvais prétextes[7]. Mme de
Ponty avait trop raison pour que Raucourt songeât à protester. Sans doute
comprit-elle sa part de responsabilité dans un avenir dramatique qu'elle-même
avait pressenti et dont elle avait prédit l'éclat. Depuis les quelques mois
que George était à Paris, sur son désir, par son invitation, son éducation
dramatique n'avait point fait de sérieux progrès. Si désireuse de la
compléter aujourd'hui, George devait, plus tard, reconnaître l’inutilité de
cette éducation, la vanité de ces leçons. Ce qu'elle en a dit, voici plus de
cinquante ans, est encore d'actualité aujourd'hui, et combien de débutantes
prises par la névrose des planches, pourraient faire leur profit de ces
lignes de celle qui fut peut-être la plus magnifique incarnation de la
spontanéité dramatique, dans les annales de la scène française ? Des
leçons de déclamation ! s'écrie George, ceci m’a toujours paru
dérisoire. Comment un maitre peut-il penser changer la nature d'un élève ? On
peut guider, mais donnera-t-on de l'âme à qui n'en a pas, et du cœur ? Non.
Donnera-t-on de la noblesse ? Non. Vous donnerez de la raideur, apprendre à
marcher peut-être, mais donnera-t-on la démarche du désordre ? Non. De la
passion ? À apprendre à faire des gestes, la physionomie, tout cela dérive de
ce que vous éprouvez, des sentiments qui se passent en vous. Comment
apprendre cela ? Est-ce que dans le monde on apprendra les gestes ? Vous
commencez une conversation, le sujet vous intéresse, vous vous animez à
mesure, vous gesticulez, juste votre physionomie reflète ce que vous
éprouvez. A côté, vous avez une personne qui ne s'impressionne de rien, qui
écoute froidement. Dites-lui d'avoir de la physionomie, elle sera grotesque,
voilà tout. Non, la leçon est si ridicule ! Des conseils, des exemples à
l'appui de ce que vous indiquez, pour développer une nature. On peut
apprendre à lire, mais à jouer, non ! Mais en
cette année 1802, George était loin de penser de cette manière. Elle
gémissait en secret de la paresse de Raucourt, bénissait de son intervention
Mme de Ponty et bouclait son paquet de hardes, devant que de monter dans la
voiture de la tragédienne. Un matin le carrosse aux belles portières vernies et peintes de guirlandes de fleurs brûla le pavé ci-devant du Roi, devenu la route Consulaire, et, sous la promesse riante d'un clair germinal, gagnait la Touraine où le château de la Raucourt attendait ses « commensales ». |
[1]
E. et J. DE GONCOURT, Histoire
de la société française sous le Directoire.
[2]
Mémoires de Barras, membre du Directoire, publiés avec une introduction
générale, des préfaces et des appendices par Georges Duruy ; 1896, t. IV, chap.
III, p. 162.
[3]
« ... Un organe sonore, qui, toutefois, dans les dernières années qu'elle passa
au théâtre, devint rauque au point d'en être choquant. » Galerie historique
des contemporains, VIII, p. 19.
[4]
Manuscrit de Mlle George.
[5]
Raucourt avait été reçue sociétaire lors de sa rentrée à la Comédie-Française,
le 11 septembre 1779, après un voyage en Russie.
[6]
Manuscrit de Mlle George.
[7]
« Cette chère petite femme se sacrifiait pour nous, » ajoute le manuscrit de
Mlle George.