Rien de
ce qui touche l'Empereur et l'Empire ne laisse aujourd'hui indifférent le
curieux ou le simple lecteur. Peut-être,
de l'écho toujours vivant et toujours grondant de l'épopée consulaire et de
la ruée impériale, l'âme contemporaine se console-t-elle du morne ennui de
notre vie, du vide décourageant du siècle et de la bassesse des appétits. Ces
curiosités, ces goûts, ces consolations exigent du nouveau, n'en fût-il plus
dans l'histoire napoléonienne. Ne faut-il point y accéder, surtout quand,
comme aujourd'hui, des documents Inédits, inconnus, se présentent qui, sans
le vouloir, les satisfont amplement ? L'astre
impérial ne fit point pâlir toutes les constellations gravitant dans son
orbe. Il leur donna, au contraire, quelque chose de plus éclatant encore,
rachetant, par sa splendeur, bien des médiocrités ; pardonnant, par sa
gloire, bien des trahisons. D'avoir
approché l'Empereur, et d'avoir été aimée de lui, une femme a acquis sa part
d'immortalité. C'est de cette femme que nous entreprenons de reconstituer la
vie extraordinaire, passionnée, mouvementée, histoire qui vaut le plus
imprévu des romans. De cette Mlle George on ne se souviendrait, en vérité,
que fort peu, aujourd'hui, si elle ne paraissait à nos yeux nimbés de la
gloire que lui valut l'amour du Corse de Brumaire, du restaurateur de
l'Empire latin. Et, pourtant cette vie méritait de ne point s'enfoncer dans
l'oubli ses échos valaient d'être recueillis, et cette longue journée avec
Bonaparte à son aurore et Victor Hugo à son crépuscule, demandait à laisser
traîner sur l'horizon du siècle la lueur déclinante mais tenace de son
glorieux éclat. Le
hasard est un ami des curieux. Pour écrire cette vie, pour en reconstituer
les phases accidentées et heurtées, brusquement, aux feux des enchères sont
apparus les mémoires inédits de Mlle George. Propriété
d'une ancienne artiste, alors ouvreuse au théâtre Sarah-Bernhardt[1], le manuscrit fut mis en vente,
le 31 janvier 1903, à l'hôtel Drouot, avec des livres, des reliques diverses,
gravures, couronnes tragiques, bric-à-brac théâtral, provenant de la
succession de feu Tom Harel, le neveu de Mlle George et le fils du grand
Harel, le Bonaparte de ces batailles romantiques qui s'appelèrent Lucrèce Borgia
et la Tour de Nesle. C'étaient de grandes feuilles d'un papier déjà
jauni, recouvertes d'une écriture à l'encre bleue, heurtée, nerveuse,
saccadée, évocatrice d'un déclin auquel ne manqua nulle amertume. Le
manuscrit figurait au catalogue de la vente[2], sous le numéro 91, avec cette
mention « GEORGE (Mlle), Mémoires, 220 pages[3], in fol. aut. Ces Mémoires sont inédits, mais n'ont
malheureusement pas été terminés par la célèbre comédienne. Ils sont malgré
cela d'un très grand intérêt pour l'histoire du théâtre sous l'Empire. Manque
le feuillet 133. Mme Desbordes-Valmore s'était chargée de récrire ces
Mémoires nous joignons quelques cahiers de son travail. » Ces
mémoires, le lecteur verra, au cours de ce livre, de quelle importance ils
sont pour l'étude du caractère de Bonaparte amoureux, et quelle riche mine de
souvenirs ils offrent pour le curieux de la grande époque romantique. Rédigés
par la tragédienne aux heures sombres de son déclin, les. Mémoires s'arrêtent
à l'année de son départ pour la Russie. A considérer le pittoresque du récit,
le ton alerte des pages' rédigées, on ne peut que regretter celles demeurées
absentes, et que nous promettait le sommaire dressé en tête du manuscrit.
Qu'on en juge : « Mon
enfance. Beaucoup de détails qui sont écrit (sic). Mon père, directeur de
théâtre. Des acteurs de Paris en représentation, tels que Molé[4], Monvel[5]. — Mlle Raucourt, chargée de
faire un élève tragique, priant mon père de me laisser fixer à Paris pour les
études tragiques pour le Théâtre-Français. Le gouvernement faisant 1.200
francs de pension. Mes
visites avant mes débuts, sous l'égide de Mlle Raucourt. Visites chez les
ministres, la famille de Napoléon. Mes
débuts. La Comédie-Française. Visite chez la Dumesnil. — Clairon. Mes
impressions sur Talma, Manuel, Molé, Contat, Mars, Didien. Les dernières soirées de Larive[6]. Le
Consulat. Taylerand[7]. Lucien. La mère du Premier
Consul. Sa sœur Bacciochi. Joséphine. La reine Ortanse (sic). Le prince Eugène. Le prince Chimé[8]. Mes
relations avec le premier Consul. L'Empire Beaucoup de détails très délicats
sur cette liaison. » Voilà
la partie des Mémoires manuscrits de Mlle George qu'on possède. Voici
maintenant ce dont la maladie, les soucis de ses derniers jours, ont privé
l'Histoire : « Mon
départ pour la Russie. Huit jours à Vienne. Société. Prince Bargration[9]. Mme de Stal (sic). Le prince Ligne-Cobenzel[10]. Passage par Vilna. Mon
arrivée à Saint-Pétersbourg. Mes débuts. La Reine-Mère. L'Empereur Alexandre.
Son frère Constantin. Le vieux comte Strazanofï. La
jeune Impératrice, et tant d'autres personnages. Cinq ans de séjour, et mon
départ après la triste guerre. Stockholm.
Mon voyage. La Reine. Le vieux Roi. Le prince Bernadotte. Mes
représentations. Encore Mme de Stal. Je pars
pour la France, traverse les armées pour arriver à Hambourg. Le général Vendal. Le thélégraphe (sic) annonçant mon arrivée à Dresde.
Vingt-quatre heures à Brunsvick. Le roi de Vespalie (sic). Lui remettant des notes de la part de Bernadotte. Mon
arrivée à Dresde. Ce soir même voir l'Empereur qui avait fait venir la
Comédie-Française et qui donna l'ordre d'appeler Talma, Saint-Prix, etc.,
pour la tragédie. Ma
rentrée au Théâtre-Français. Réintégrée dans tous mes droits. — Pour la
Russie, le duc de Vicence, ambassadeur. Ensuite le général Lauriston. Départ
de l'Empereur pour l'ile d'Elbe. Le retour des Bourbons. Le duc de Berry me
faisant venir aux Tuileries pour une dénonciation. Le duc est spirituel,
m'appelant Belle bonapartiste ! — « Oui, prince, c'est mon
drapeau il le sera toujours ! » Entrevue avec Louis XVIII, à cause du
Théâtre-Français. Deux voyages à Londres. Un seul Théâtre, avec Talma. Soirée
chez l'ambassadeur de France, Osmont, le roi Georges présent. Pour un congé
dépassé d'un mois, le duc de Duras en profite pour m'exclure du Théâtre-Français.
J'en suis ravie. Mes sentiments de bonapartiste me valurent ce bienfait. Je fus voyager en province. A mon retour, le comité du
Théâtre-Français vint me demander à rentrer. J'en avais peu le désir me
retrouver au milieu des tracasseries, Duchesnoy
menaçant de quitter. Tout cela me décide à demander une audience à Louis
XVIII, pour obtenir ma liberté et passer à l'Odéon. Le ministre de la maison
du Roi, le général Lauriston, me fit obtenir une représentation à l'Opéra.
Talma, Lafon, ne pouvaient y paraître, et l'on
donna l'ordre de jouer Britannicus, le deuxième acte du Mariage de
Figaro, joué par Perlet, Gauthier, Jenny Vertpré, Bourgoin et moi. Nous sommes très mauvaises. Mme
Manville. Photor.
Bénéfice de trente-deux mille francs. Je recommençai un voyage en province
avec ma petite troupe. A l'Odéon. Une affreuse cabale. J'en ai raison. Il y a
à parlé (sic) de l'Odéon. Direction de M. Harel, sous
Charles X. Là, une troupe composée de Lockroy,
Ligier, Bernard, Duparay, Visentiny,
Mmes Moreau-Sainti, Noblet, Delatre.
Le Romantisme, 1° de Christine, de Frédéric Soulié ; le Méréchal d’Encre (sic) ; Christine, de
Dumas, tragédie. Norma. Fête de Néron. Révolution de 1830.
Porte Saint-Martin. Victor Hugo. Alexandre Dumas. Bien des choses à dire. En
voilà assez, n'est-ce pas, pour savoir si cela convient, oui ou non ! » C'est
là tout ce que Mlle George destinait à son amie, Marceline Desbordes-Valmore.
Lui envoyant les premiers feuillets du manuscrit, elle lui écrivait : « Je
n'ai ni style ni ortographe. Ce que c'est que
l'éducation » Grâce au comédien Valmore, Mlle George avait fait connaissance
de la triste jeune femme qui devait si divinement chanter le parfum perdu des
Roses de Saadi. Entre ces deux femmes dont l'une avait connu toutes
les ivresses du triomphe et de la gloire, et celle qui n'avait recueilli de
la vie que les amertumes et les inflexibles mélancolies, une certaine
intimité s'était établie. A cette époque, Marceline avait publié les Élégies
et les Romances, les Élégies et poésies nouvelles, les Pleurs,
Pauvres Fleurs et Bouquets et Prières. Cette poésie, si
caractéristique du sentiment féminin de la première moitié du dix-neuvième
siècle, ne pouvait pas manquer de plaire à la tragédienne, demeurée, vers la
fin du second Empire, comme une épave glorieuse du Romantisme de 1830.
Marceline, en outre, avait ce que Mlle George écrit si pittoresquement, de «
l'ortographe ». C'est donc à elle qu'elle
confia le soin de rédiger ses Mémoires, de les mettre plutôt en
valeur, d'élaguer, d'ajouter, d'écrire enfin le livre qui devait, aux yeux de
la postérité, montrer celle qu'avait aimée Napoléon. Mme Desbordes-Valmore
accepta, elle se résigna à cette besogne complaisante par amitié ; elle,
qui « ne chanta que parce qu'elle sut pleurer[11] », s'essaya à ce labeur
ingrat qui ne fut point achevé. Grâces, cependant, lui soient rendues C'est à
elle que nous devons la sauvegarde de ces précieuses feuilles de papier. Sans
doute, dans la débâcle des années de ruine, la grande tragédienne déchue les
eût égarées, perdues, oubliées. L'amitié de la mélancolique Marceline nous
les garda et c'est avec les premiers essais de son travail, avec les
premières pages des copies qu'elle en fit, que les Mémoires de Mlle George
furent vendus. « Mme
Valmore, écrit M. Claretie, croit de son devoir de rendre la prose de Mlle
George plus présentable. Elle la pare, elle l'apprête. Elle lui enlève ce qui
fait son charme, l'imprévu, le geste familier. C'est mieux et c'est moins
bien[12]. » A ce reproche littéraire,
nous ne nous arrêterons pas, car c'est le manuscrit de Mlle George qui nous
va fournir son texte original, et c'est pourquoi le lecteur y trouvera
souventes fois le nom de celle à qui il était adressé. On présume aisément
que l'annonce d'une vente évoquant de si glorieux souvenirs, trouva sa répercussion
sur les enchères. En effet, le manuscrit de Mlle George fut vivement disputé
par des collectionneurs, des amateurs, des historiens. Ce fut M. Cheramy qui,
au prix de 1.870 francs, l'emporta sur ses concurrents, avec une joie bien
légitime[13]. C'est grâce à son obligeance
que les Mémoires de la maîtresse de Napoléon seront connus[14]. Cette même vente révéla un
autre manuscrit que le catalogue définit en ces termes : N° 87.
GEORGE (Mlle). Entrevue de Napoléon et de
Mlle George au château de Saint-Cloud, 3 pages in-fol.
ObL Détails très intimes. Ces notes sont adressées
à Mme Desbordes-Valmore, elle lui dit : « Je n'ose pas laissé (sic) lire des détails à votre cher Hippolyte. » Ces
trois pages, acquises elles aussi par M. Cheramy, atteignirent le prix de 490
francs. Le lecteur les trouvera plus loin. Avec de
pareils documents, éclairés par les témoignages des contemporains, il est à
peu près possible de reconstituer les diverses phases de la liaison amoureuse
de Bonaparte et de la tragédienne. C'est par eux que nous connaîtrons un des
secrets de l'alcôve consulaire, et après tant d'autres contributions à
l'étude de la psychologie napoléonienne, ce sera un témoignage dont on ne
pourra ni contester le piquant, la valeur et l'authenticité. Chose curieuse
il s'est révélé cent ans après la liaison il a attendu un siècle pour être
recueilli et fixé désormais parmi les meilleurs des souvenirs sur Bonaparte
intime. * * * * * Nous ne
saurions clore les quelques notes un peu sèches de cet avant-propos, sans
rendre hommage ici à la courtoisie, la complaisance et l'amitié de ceux qui nous
apportèrent leur concours pour cette étude. Dire que M. Jules Claretie, le
ferme et digne administrateur de la Comédie-Française, s'est prodigué en la
circonstance, c'est répéter un lieu commun. Chacun de ceux que l'histoire,
dans ses moindres détails, préoccupe et intéresse, sait quelle amabilité M.
Jules Claretie met au service d'une merveilleuse érudition. Pour nous il a
évoqué le souvenir d'une George déchue, pour nous il a ouvert les Archives de
la Comédie-Française, sans se lasser de ce que nos demandes pouvaient avoir
d'importun. Dans le même hommage nous nous devons de joindre M. Armand
d'Artois, Parisien averti, qui a beaucoup vu et admirablement retenu. Grâce à
lui aussi ce livre est riche en notes diverses, en documents variés, et de
George à son déclin, il nous a communiqué un croquis qui est une véritable
eau-forte à la Félicien Rops. M. L. Henry Lecomte ne saurait être oublié ici.
Ses collections, véritablement uniques, avec lesquelles peu de bibliothèques
sauraient rivaliser, nous ont livré leurs curiosités et leurs trésors.
Caricatures, pamphlets, autographes, une inépuisable complaisance nous a
permis de les feuilleter, de les admirer, et nous n'avons, sous leur verre
protecteur, oublié les lauriers fanés de Virginie Déjazet, que pour admirer le
poignard de Frédérick Lemaître, brandi au soir de la première de Lucrèce Borgia.
Enfin, les indications et les références données par M. Henry Lyonnet, le
savant rédacteur du Dictionnaire des Comédiens Français, nous ont été
précieuses pour éclaircir divers points qui, sans elles, seraient demeurés
obscurs pour nous. Tous ont collaboré à cette œuvre avec une amabilité dont
nous leur gardons le reconnaissant souvenir. * * * * * Un
dernier mot. D'aucuns se seront peut-être étonnés de ne nous avoir point vu
sacrifier à l'usage qui veut qu'on écrive Georges au lieu de George. Par
l'étude des documents autographes que nous possédons, ou qu'on nous
communiqua, nous nous sommes convaincus, avec MM. Lecomte et Lyonnet, et
malgré Victor Hugo, Dumas, Jules Janin et autres contemporains de la
tragédienne, que George était l'orthographe de son pseudonyme et qu'elle-même
ne signa jamais autrement. C'est pourquoi, et pour réagir contre une habitude
qui altère la vérité, nous avons pris le parti de rétablir, partout où elle
était défectueuse, l'orthographe exacte. Si, de ce livre, dont Mlle George
est, dans l'ombre napoléonienne, l'héroïne tragique et amoureuse, elle ne
recueille que ce bénéfice, ne sera-ce point déjà quelque chose dont se
pourront apaiser ses mânes, désolées et éplorées d'avoir été si vite
bénéficiaires d'un oubli, dont elles n'étaient point tout à fait dignes ? HECTOR FLEISCHMANN. 1906-1908. |
[1]
Le Journal, 31 janvier 1903.
[2]
Catalogue des livres, autographes, gravures, dessins, tableaux, meubles et
curiosités, provenant de Mlle George, tragédienne, et de feu M. Tom Harel,
ancien directeur de théâtre, et dont la vente aura lieu Hôtel Drouot, salle
n" 8, le samedi 31 janvier 1903, à 2 heures précises de l'après-midi, par
Me Maurice Delestre, commissaire-priseur, 5, rue
Saint-Georges, assisté de M. Léon Sapin, libraire expert, 3, rue Bonaparte.
Paris, 1903. Ce catalogue, précieux par les prix marqués dont il est augmenté,
nous fut communiqué par M. Jorel, l'érudit libraire
théâtral, à qui nous en exprimons ici tous nos vifs remerciements.
[3]
La Revue Bleue du 23 janvier 1904, qui publia des fragments des
Mémoires, les fit précéder de cette note : « Le manuscrit autographe de Mlle
George comprend 170 grandes feuilles couvertes d'une écriture irrégulière. »
C’est la Revue Bleue qui a raison contre le Catalogue de la vente.
[4]
François-René Molé, né à Paris, dans la Cité, rue Saint-Louis, le 24 novembre
1734 ; débute à la Comédie-Française le 7 octobre.1754 ; sociétaire le 30 mars
1761, parti le 1er septembre 1791 ; membre de l'Institut,1795 ; mort à Paris,
rue Corneille, 1, le 20 frimaire an XI (11 décembre 1802) ; inhumé dans sa
propriété d'Antony (Seine). GEORGES MONVAL,
Liste alphabétique des sociétaires depuis Molière jusqu'à nos jours.
Paris, 1900, p. 88.
[5]
Jacques-Marie Boutet, dit Monvel, né à Lunéville, le 25 mars 1745, débute à la
Comédie-Française le 28 avril 1770, reçu sociétaire le 1er avril 1772 ; parti,
en juillet 1781, comme lecteur du Roi de Suède et directeur de la troupe
française de Stockholm ; membre de l'Institut en 1795 ; retraité le 1er mars
1806 ; mort à Paris, le 13 février 1812. G. MONVAL, ouvr.
cit., p. 92.
[6]
Jean Mauduit, dit de La Rive, entré le 3 décembre 1770 à la Comédie-Française,
mourut le 30 avril 1827.
[7]
« Mlle George écrit le nom de Talleyrand comme on le prononçait. » JULES CLARETIE, Une Reine
de tragédie ; le Journal, 7 janvier 1903. L'empereur lui-même
écrivait dans une lettre à Joseph, le 8 février 1814 « Si Tayllerand
est pour quelque chose dans cette opinion... » Baron A. DU CASSE, Supplément à la Correspondance de
Napoléon Ier ; Paris, 1887, p. 202.
[8]
Lisez : Chimay.
[9]
Lisez : Bagration.
[10]
De quel Cobentzel (ou Cobenzl) Mlle George
voulait-elle parler ? Le plus connu des membres de cette famille, Louis, comte
de Cobentzel, ambassadeur d'Autriche en Russie et
l'un des signataires du traité de Campo-Formio,
mourut à Vienne le 22 février 1808. Son cousin, le comte Philippe, ambassadeur
à Paris jusqu'à la veille d'Austerlitz, ne mourut que le 30 août 1810. Or le
départ de Mlle George pour Vienne est de mai 1808. Il semble donc bien que ce
soit de ce dernier qu'elle ait voulu parler, quoiqu'il ait vécu très retiré,
après une carrière politique et diplomatique des moins heureuses.
[11]
A. VAN BEVER, Méditation
sentimentale sur Desbordes-Valmore. Paris, 1896, p. 7. C'est à l'obligeance
de M. Van Bever que nous devons de donner ici le charmant et si mélancolique
portrait que fit de Marceline, Mlle Marguerite de la Quintinie.
[12]
JULES CLARETIE, les
Mémoires de Mlle George, le Journal, 21 janvier 1903.
[13]
« Il fallait voir de quels regards l'acquéreur, M. Cheramy, prenait possession
de ce précieux butin. » GUSTAVE
BARIN, Écho
de Paris, 1er février 1803.
[14]
En effet, au moment où nous donnons le bon à tirer de ce livre, nous apprenons
que M. Cheramy publie le manuscrit de la tragédienne. On ne peut que l'en
louer.