GRANDEUR ET DÉCADENCE DE ROME

 

TOME IV. — ANTOINE ET CLÉOPÂTRE

CHAPITRE III. — LE DÉSASTRE DE SCYLLA.

 

 

Au mois de septembre[1], Antoine, à qui une fille était née[2], partit pour Athènes. Malgré son mariage avec Octavie, il n'avait pas renoncé à son idée de transporter le centre de sa politique en Orient, et de faire la guerre à la Perse ; il y songeait au contraire plus que jamais. Tous les défauts des institutions latines, l'instabilité, la vénalité, l'insuffisance, le désordre, n'avaient fait que grandir depuis que les triumvirs avaient ouvert la république aux classes moyennes, réduit à six ou même à trois mois la durée des magistratures, et peuplé le sénat d'hommes sans valeur. Comment employer pour des œuvres sérieuses et difficiles des magistrats qui occupaient si peu de temps leurs charges, qui étaient le plus souvent mal préparés à [la tâche difficile du commandement, et qui n'avaient même pas le prestige que donnait le nom aux plus dégénérés des descendants des grandes familles ? Avec de tels instruments il fallait que les chefs et les coteries qui dirigeaient eussent beaucoup d'autorité et de prestige, si on voulait empêcher une dissolution totale de l'État. Mais les tumultes de Rome et la paix de Misène, qui avait été une véritable capitulation du triumvirat devant l'opinion publique, démontraient combien le triumvirat était faible. Il fallait donc, plus que jamais, faire un grand effort pour éliminer les causes principales de cette faiblesse, c'est-à-dire pour faire oublier, par un succès éclatant et fructueux, toutes les terribles déceptions de la politique des triumvirs. Antoine savait que les triumvirs n'avaient rien fait jusqu'alors d'universellement utile et bon ; qu'ils n'avaient même pas su rétablir l'ordre dans tout l'empire ; qu'ils s'étaient contentés de répartir des terres entre quatre ou cinq mille vétérans de César. C'était là trop peu de chose après tant de guerres et de massacres, après toutes les illégalités et les violences qui avaient été commises, et en échange des pouvoirs extraordinaires qui leur avaient été conférés. Pour toutes ces raisons la guerre de Perse s'imposait. Mais l'Italie était épuisée ; les dépenses de la république s'étaient encore accrues, tandis que les revenus diminuaient ; récemment encore, les triumvirs avaient dû donner aux soldats, aux officiers et aux fermiers beaucoup de promesses et peu d'argent ; le déficit augmentait et les dettes s'accumulaient[3]. S'il n'était pas facile au point de vue militaire d'accomplir l'expédition, il était encore plus difficile de trouver les moyens financiers nécessaires pour la préparer.

Dans la seconde moitié de l'an 39 Antoine, laissant en charge à Rome les consuls du second semestre, L. Cocceius et P. Alfénus, que le peuple appelait spirituellement les petits consuls, se rendit donc à Athènes, et il était bien décidé à hâter les préparatifs pour la campagne de Perse. Les nouvelles qu'il reçut d'Asie peu après son arrivée en Grèce, ne firent qui raffermir sa résolution[4]. Vers le mois d'août Ventidius Bassus, par un habile coup d'audace, avait surpris Labienus au pied du Taurus dans un endroit que nous ne connaissons pas, et l'avait défait et contraint à s'enfuir avec une faible escorte ; puis il était descendu en Cilicie, s'était dirigé résolument sur la chaîne de l'Aman et les défilés qui conduisent en Syrie ; il y avait rencontré une nouvelle armée de Parthes conduits par un général dont on ne sait pas bien le nom, et il avait encore défait cette armée[5]. Les Parthes, si bons défenseurs de leur pays, mais si mauvais conquérants, battaient en retraite et regagnaient les bords de l'Euphrate ; la Syrie était ouverte aux Romains ; Antigone résistait seul en Palestine, avec l'espoir que les Parthes reviendraient. Ces nouvelles causèrent beaucoup de joie à Antoine[6], qui se mit incontinent, pendant ces derniers mois de l'an 39, à remanier la carte politique de l'Orient, et d'une façon qui montre bien qu'il se défiait de plus en plus des gouverneurs de Rome et des forces de l'Italie, et qu'il considérait comme bien meilleures les institutions bureaucratiques des monarchies orientales. Non seulement il reconnut Hérode roi de Judée, mais il rétablit dans la personne de Darius, fils de Pharnace et neveu de Mithridate[7], la dynastie nationale du Pont, où Pompée avait organisé des républiques. Pour dompter les Pisides, vigoureux montagnards, capables de devenir d'excellents soldats aussi bien que de terribles brigands, au lieu d'envoyer un général dans leur pays, il leur donna un roi et choisit Amyntas, le secrétaire de Déjotarus[8]. Pour récompenser un certain Polémon, fils d'un rhéteur de Laodicée qui, soldat improvisé, avait bien défendu la ville contre les Parthes, il le fit roi de Licaonie[9]. Il chargea ses protégés de lui trouver de l'argent et des soldats[10] ; il ordonna à Darius de reconstituer l'ancienne armée du royaume de Pont[11], pour l'aider dans la guerre de Perse ; il partagea en trois corps l'armée que Pollion avait amenée, tout en reprenant, le long de la route, Salone qui s'était révoltée et en infligeant une défaite aux Parthins[12] ; il en envoya une partie passer l'hiver en Épire, et il employa les deux autres parties à de petites expéditions contre les barbares[13]. Puis il chercha à prendre de l'argent en Grèce et surtout dans le Péloponnèse, qui était destiné à Sextus Pompée[14] ; et pour lui enlever ses biens, il fit trancher la tête, ce qui était un procédé démocratique fort en usage dans les monarchies de l'antiquité, au plus riche propriétaire du Péloponnèse, un certain Lacharès[15]. Il voulut enfin goûter du culte divin que l'on avait pour les rois en Asie. Octave se contentait d'être fils du divin ; Antoine voulut être appelé dieu lui-même et nouveau Dionysos[16]. Il se substituait dans les cérémonies à la statue du Dieu, et il célébra à Athènes une sorte de mariage mystique avec Minerve, contraignant la malheureuse ville à lui verser une dot de mille talents[17]. Puis, la saison venue où la navigation était arrêtée, il s'adonna dans la célèbre et belle cité aux fêtes, aux jeux, aux conversations avec les philosophes et les rhéteurs, flattant ainsi l'hellénisme et s'appliquant à se montrer en tout, et même comme protecteur des arts et des sciences, un bon successeur d'Alexandre[18].

Octave de son côté était parti pour la Gaule, où les Aquitains s'étaient soulevés[19] ; mais il en revint après un court séjour, laissant là-bas Agrippa pour dompter cette révolte que l'on espérait devoir être la dernière[20]. Sur ces entrefaites, le 25 octobre, Asinius faisait son entrée dans Rome et célébrait son triomphe sur les Parthins[21] ; et Mécène, vers la fin de l'année, se trouvant un peu moins affairé, put se souvenir du jeune poète qui lui avait été présenté neuf mois auparavant, et lui fit savoir que les portes de son palais lui étaient ouvertes. Horace crut toucher le ciel, et secouant sa paresse, il écrivit la troisième satire dans laquelle il célèbre l'amitié et toutes les vertus qui la soutiennent, avec un attendrissement où certains critiques ont voulu voir sa reconnaissance pour Virgile[22]. Et pourtant il ne semble pas qu'il ait tiré au début le moindre profit de cette amitié, ni mime qu'il ait reçu quelque encouragement pour ses poèmes. Ce jeune homme était trop timide, il craignait trop d'être importun[23], pour demander quelque chose ; il écrivait très peu, et n'osait rien publier ; il ne montrait ses poèmes qu'à des intimes. Mécène semblait voir plutôt en lui un futur homme politique qu'un grand poète. Inquiet des récriminations faites par les hommes obscurs qu'il avait nommés dans sa seconde satire, il composait la quatrième satire pour se défendre, en invoquant l'autorité de Lucilius, et en affirmant qu'après tout il n'avait nullement l'intention de vendre ses vers, ni de les lire en public[24] ! C'était tout de même un grand avantage pour lui que de pouvoir fréquenter la classe lettrée et élevée ; car les intellectuels pauvres ne pouvaient s'imposer au public sans la protection des riches et des puissants, et les meilleurs d'entre eux étaient obligés de la chercher, s'ils voulaient se faire connaître. Que faire, hélas ! Ils n'étaient pas tous grands seigneurs, maîtres de leur temps, de leur corps, de leur cerveau comme Salluste, qui continuait à se venger des conservateurs en écrivant sa belle Guerre de Jugurtha, c'est-à-dire l'histoire du premier grand scandale aristocratique ; et qui racontait en détail dans les Historiæ les crimes, les fautes, les scandales et la chute du parti de Sylla, depuis la mort du dictateur jusqu'à l'an 67, sans laisser passer, quand elles se présentaient, les occasions de malmener Pompée. Tous les écrivains n'avaient pas non plus la chance de Virgile, qui, délivré des soucis de la pauvreté, protégé par les grands et admiré par le peuple, travaillait à son aise à son œuvre bucolique et composait sa dixième et dernière églogue, pour adoucir les chagrins d'amour d'un de ses amis. Issu d'une obscure famille de l'ordre équestre de la Gaule Cisalpine, Caïus Cornélius Gallus[25] était, dans la coterie politique d'Octave, un de ces nombreux italiens qui se disputaient les places laissées vacantes par l'aristocratie détruite : intelligent, arriviste, ambitionnant toutes les gloires, voulant faire parler de lui à tout prix, écrivain distingué, homme politique et soldat, ne dédaignant pas l'amour et les femmes, il avait eu pour maîtresse cette Cithéris qui déclamait à Rome les églogues de Virgile : abandonné par elle, le jeune homme avait demandé à Virgile une églogue destinée à le consoler et en même temps à faire savoir à la moitié de l'Italie qu'il avait été l'amant de la plus fameuse hétaïre de l'époque[26]. Et le bon Virgile consentait à lui rendre ce service. Il se déguisait en berger d'Arcadie ; il montrait les montagnes, les forêts, les lauriers, les tamarins, les troupeaux et les dieux eux-mêmes affligés des chagrins de Gallus ; et Gallus répondait qu'il voulait se retirer parmi les bergers d'Arcadie, dans les bois et dans les cavernes, pour y chanter des chants bucoliques, y donner la chasse aux bêtes sauvages, et y écrire sur l'écorce des arbres le nom de sa belle. Avec ce poème, Virgile achevait ses églogues, c'est-à-dire l'œuvre qui était alors la plus lue et admirée par le public de toute l'Italie, parce qu'elle répondait aux tendances et aux besoins du nouveau public plus nombreux et plus mélangé, qui maintenant lisait les livres à la place de l'ancienne classe cultivée, de l'aristocratie disparue. Ces petits poèmes, composés dans la manière de Théocrite et des autres poètes bucoliques grecs qui étaient alors à la mode, exprimaient par la bouche de bergers fictifs, de nymphes, de faunes et de dieux, les sentiments nouveaux qui fermentaient dans l'esprit italien par suite du mélange de tant de cultures diverses, et au milieu d'événements si terribles et si calamiteux ; ils disaient le désir de la paix, l'espoir d'un avenir meilleur, le plaisir mélancolique de la campagne, la curiosité philosophique qui s'éveille devant les mystérieuses origines du monde, les premiers frémissements du mysticisme qui commençait à envahir la vie et la politique. Aussi chacun dans le grand public y trouvait quelque chose qui lui plaisait, bien que peu de gens seulement pussent apprécier la délicatesse exquise de la forme et la sensualité imaginative et raffinée dont les églogues sont pleines. En outre ils étaient courts ; il fallait peu de temps pour les lire et pour les écouter ; on les apprenait facilement par cœur ; ce qui était un grand avantage pour ce public nombreux et superficiel d'aventuriers politiques, de spéculateurs affairés, de centurions et de tribuns militaires en train de s'enrichir, de jeunes gens qui faisaient leurs études, d'affranchis cultivés qui voulaient lire quelque chose, mais qui n'avaient plus ni le temps ni l'envie de lire les interminables poèmes d'Ennius et de Pacuvius.

Un soldat abandonné par une hétaïre et qui. pour se consoler de son chagrin, aurait chargé un poète à la mode de faire connaître à toute l'Italie son nom et son aventure, aurait encouru le mépris des anciens Romains. Mais, dans l'universel désordre, on perdait même ce sentiment de la dignité, qui empêchait jadis les hommes destinés à gouverner leurs semblables d'étaler en public les faiblesses des passions les plus humaines. Le dieu Éros montrait partout sa frimousse éhontée, aussi-bien dans les tentes des généraux qu'à la curie ; et le peuple avait maintenant pour ces faiblesses-là les mêmes indulgences que pour toutes les autres. Au commencement de l'an 38 on vit tout à coup le lascif et violent Octave s'éprendre d'un furieux amour pour la femme de Tiberius Claudius Néron ; on le vit divorcer aussitôt d'avec Scribonia, faire divorcer Livie, — c'était le nom de la belle, — et bien qu'elle fût enceinte de six mois, l'épouser avant même qu'elle n'eût accouché, malgré les prescriptions du vieux code sacerdotal de Rome[27]. Les pontifes complaisants avaient estimé que les anciennes prescriptions religieuses ne s'appliquaient pas à ce cas-là. La surprise, les rires et le scandale furent grands à Rome, quand on apprit que le mari avait doté Livie comme si elle avait été sa fille, et qu'il avait assisté au banquet nuptial[28] ! Octave avait-il agi ainsi dans une de ses crises habituelles de violence ? Il n'est pas douteux qu'il avait aussi des raisons politiques pour répudier Scribonia. Esprit timide et hésitant, qui facilement manquait de sang-froid dans le danger quand il fallait prendre une résolution soudaine, Octave possédait eu revanche ce que l'on pourrait appeler la vigueur lente ; quand il pouvait réfléchir à son aise, il savait se rendre compte très nettement de ce que réclamaient des entreprises difficiles, et il avait la force de mettre à exécution des plans longuement arrêtés, en triomphant de ses hésitations et de ses incertitudes. Après la capitulation de Misène, Octave avait aussi, comme Antoine, compris qu'il avait beaucoup baissé dans l'opinion publique ; et ne pouvant pas, quant à lui, tenter une grande entreprise, telle que la conquête de la Perse, il avait décidé au moins d'anéantir le fils de Pompée, pour empêcher que. grâce à l'admiration populaire, la famille rivale de la sienne ne reprit son ancienne puissance. Octave avait donc déjà dans les anciens mois de l'an 37 et dans les premiers mois de l'an 38, cherché des prétextes de discorde ; il avait écrit à Pompée des lettres où il lui reprochait d'accueillir des esclaves fugitifs, de ne pas réprimer la piraterie, de continuer les armements et de violer certaines conventions du traité de Misène[29]. Son divorce d'avec Scribonia était ainsi un moyen pour hâter sa rupture avec le maitre des Îles. Mais si Octave divorçait d'avec Scribonia pour des motifs politiques, ni ce but politique ni un autre ne peuvent expliquer la hâte avec laquelle il voulut épouser Livie, en blessant les scrupules superstitieux de la multitude, et en donnant cette occasion au public de se moquer de lui et de sa nouvelle femme. Fille de Livius Drusus, aristocrate de la vieille roche qui était mort à Philippes, Livie était une jeune femme d'une merveilleuse beauté, de beaucoup d'esprit et d'un charmant caractère. Il n'est pas invraisemblable que ce jeune homme intelligent, niais nerveux, impressionnable, qui allait continuellement de l'hésitation à la précipitation, de l'irritabilité à la faiblesse, se soit épris de cette femme, non seulement à cause de sa merveilleuse beauté, mais aussi à cause de son intelligence fine et de cette sûreté de jugement qui se rencontre souvent chez les femmes bien équilibrées. Ce mariage précipité devrait par conséquent être mis au nombre des coups de tête que son tempérament faible et violent lui fit commettre à cette époque.

Vers le temps où Octave faisait cet étrange mariage, un événement survint qui précipita la rupture avec Sextus Pompée. Ménodore, qui avait été nommé par Sextus gouverneur de la Sardaigne, se brouilla avec son protecteur et passa à l'ennemi, en livrant à Octave une flotte de soixante vaisseaux et trois légions[30]. Très heureux de reprendre sans aucun effort la Sardaigne, Octave l'accueillit à bras ouverts ; mais Sextus envoya, dès qu'il eut connaissance de la trahison[31], une flotte ravager les côtes d'Italie. Au commencement du printemps de l'an 33, la guerre avait donc éclaté de nouveau. Octave écrivit sans retard à Antoine en le priant de venir à Brindes où il voulait lui parler[32] ; il demanda à Lépide son appui[33] ; il ordonna à la flotte qui était mouillée à Ravenne de se rendre à Brindes pour y attendre Antoine[34], et à la flotte de Ménodore de se réunir aux autres vaisseaux sur les rivages de l'Étrurie[35] ; il fit construire de nouvelles trirèmes à Ravenne et à Rome[36] ; il rappela des légions de Gaule et d'Illyrie et les dirigea les unes sur Brindes et les autres sur Naples[37], de façon à attaquer la Sicile de deux côtés, si Antoine approuvait son dessein[38]. Mais Antoine en Grèce accueillit avec mauvaise humeur les nouvelles qui venaient d'Italie et cette invitation à se rendre à Brindes. Il avait passé l'hiver à Athènes, où il s'était beaucoup amusé ; l'hiver finissant, il s'était remis avec ardeur à l'exécution de ses projets, et il était alors occupé à faire passer en Asie, où il voulait la suivre, l'armée qui avait pris ses quartiers d'hiver en Épire et sur les confins de la Macédoine[39]. Et soudain Octave le rappelait en Italie pour une nouvelle guerre contre Sextus Pompée ! Antoine n'était pas disposé à interrompre ses projets orientaux et à différer sa revanche de la capitulation de Misène pour Favoriser la revanche d'Octave ; il partit donc avec quelques vaisseaux et une suite peu nombreuse[40], pour Brindes, décidé à empêcher le turbulent Octave de faire la guerre. Il était le plus âgé ; il avait plus de renom et d'autorité, il considérait volontiers son jeune collègue comme son subordonné ; il comptait donc régler toute l'affaire à sa volonté. Mais quand au jour fixé il arriva à Brindes, nous ne savons pour quelles raisons, Octave n'y était pas. Antoine ne s'attarda pas à l'attendre ; il repartit immédiatement après avoir écrit deux lettres sur un ton impératif, l'une à Octave à qui il enjoignait de respecter le traité de Misène, l'autre à Ménodore, l'avertissant que, s'il ne demeurait pas tranquille, il revendiquerait ses droits de patronat sur lui, à titre d'acquéreur du patrimoine de Pompée[41].

La déception était grande pour Octave, qui comptait beaucoup sur l'appui d'Antoine. La guerre, en effet, s'annonçait difficile pour lui. Lépide, indigné de ce que la paix de Misène eût été conclue sans son intervention, ne bougeait pas. L'opinion populaire était de plus en plus opposée à la guerre et montée contre Octave. Agrippa était au loin et faisait une campagne heureuse contre les Aquitains. Se risquer seul contre Sextus Pompée était téméraire. Mais Octave comprit qu'après les intimations d'Antoine et les provocations de Sextus Pompée, il se discréditerait complètement s'il avait l'air d'avoir besoin de son collègue et peur de son rival ; que, pour relever le prestige du nom de César qui baissait, et pour abaisser celui du nom de Pompée qui renaissait, il lui fallait, sur terre ou sur mer, une nouvelle Pharsale. Et iI crut qu'il pourrait à lui seul diriger la guerre. Il arrive souvent aux tempéraments nerveux de pécher tantôt par un excès de prudence, tantôt par un excès d'audace. Apprenant que les Parthes envahissaient de nouveau la Syrie, Octave s'imagina qu'Antoine, retenu en Orient, ne pourrait intervenir en Italie ; il se dit que s'il parvenait à écraser Pompée, il se couvrirait de gloire, justifiant tout par le succès ; et après avoir sollicité l'appui de tout le monde pour son entreprise, il se décida à diriger seul, sur terre et sur mer, l'exécution d'un plan de guerre ingénieux mais difficile. II mit Cornificius à la tête de la flotte qu'il avait déjà rassemblée à Brindes, et il lui donna l'ordre de se rendre à Tarente. Il confia le commandement des vaisseaux qui mouillaient dans les eaux d'Étrurie à Calvisius Sabinus, en lui donnant comme vice-amiral Ménodore, et il leur donna l'ordre de faire voile vers la Sicile. Enfin il conduisit lui-même à Rhégium l'armée qu'il comptait faire débarquer en Sicile, quand les deux flottes auraient détruit celle de Pompée[42]. Pour le tranquilliser au sujet des menaces d'Antoine, il avait inscrit Ménodore dans l'ordre des chevaliers.

La guerre dut commencer vers la fin de juillet. Mais Pompée avait nommé, à la place de Ménodore, un autre affranchi grec non moins intelligent, Ménécrate, qui sut profiter habilement de la division des forces ennemies et qui entreprit de détruire les deux parties de la flotte d'Octave avant qu'elles n'aient pu faire leur jonction. Il laissa donc Pompée avec une quarantaine de vaisseaux à Messine[43] ; il fit voile avec le gros de la flotte sur Naples, et ayant rencontré, dans les eaux de Cumes, Calvisius et Ménodore qui venaient d'Étrurie, il engagea la bataille. La flotte d'Octave était peut être moins nombreuse, et Calvisius qui la commandait avait peu d'expérience ; aussi subit-elle des pertes graves ; mais d'autre part, Ménécrate mourut dans la bataille, et Démocare, qui commandait en second, n'osa pas profiter jusqu'au bout de la victoire, et se retira lentement vers la Sicile, en laissant Calvisius et Ménodore clans le golfe de Naples, où ils purent réparer leurs dommages[44]. Cependant Octave était arrivé à Ithégium et après avoir disposé son armée le long du rivage, il avait pris le commandement de la flotte de Cornificius et, de Ithégium, il guettait Pompée ; craintif, agité, irrésolu, il passait son temps à interroger l'horizon ; il méditait du matin au soir ses plans d'attaque ; mais il attendait Calvisius et perdait toutes les bonnes occasions qu'il faut à la guerre savoir saisir très vite. Il ne sut même pas écraser Sextus dans le détroit, un jour qu'il n'avait avec lui que ses quarante vaisseaux[45]. Mais quand Calvisius et Ménodore, après avoir réparé leurs avaries, firent voile vers la Sicile, cet amiral, si hésitant jusque-là commit une imprudence si grande, qu'on est tenté de supposer qu'il avait entièrement perdu la tête ou que les historiens de l'antiquité ont négligé de nous rapporter quelque fait qui nous expliquerait la chose. Octave sortit en effet de Ithégium pour aller au-devant d'eux, laissant derrière lui à Messine, non plus seulement les quarante vaisseaux de Sextus, mais toute la flotte qui était revenue de Cumes. Immédiatement Démocare et Apollophane le poursuivirent et l'attaquèrent par derrière dans les eaux de Scilla. Le jeune amiral de vingt-cinq ans dut diriger sa première bataille navale[46] ; et il s'en tira très mal. Octave essaya d'abord de résister dans la haute mer, en réunissant ses vaisseaux qui étaient plus gros, plus pesants et chargés de meilleurs soldats ; mais, attaqué par Apollophane, il craignit bientôt d'être coulé ou fait prisonnier ; il se retira alors sur la côte et fit jeter l'ancre. L'ennemi cependant continua à poursuivre les lourds vaisseaux qui, une fois à l'ancre, se défendaient encore moins facilement[47] : les ordres de l'amiral devinrent confus et contradictoires ; beaucoup de soldats se jetèrent à la mer pour gagner le rivage. Octave perdit bientôt la tâte, et ce qui ne s'était guère vu chez un général romain, il commit à la fin un acte de lâcheté, en descendant à terre et en abandonnant le commandement, au plus fort de la mêlée[48]. Cette couardise d'Octave épargna du reste à la flotte un désastre complet ; car, lorsque le peureux et gênant amiral ne fut plus là Cornificius fit lever l'ancre et reprendre le combat, tenant bon jusqu'au moment où l'ennemi, ayant le premier aperçu Calvisius qui approchait, regagna Messine[49]. C'était déjà le soir ; le soleil baissa avant que Cornificius se fût aperçu que la flotte qui venait de Naples était tout auprès de lui ; de sorte que, dans la nuit, tandis qu'Octave était à terre au milieu de blessés et de fuyards faméliques, Cornificius fit jeter l'ancre, sans savoir ce qu'il était advenu de son chef, ni de Calvisius, ni non plus ce que l'on ferait le lendemain. L'aurore parut rassurer tout le monde ; des cohortes, venues de Rhégium, retrouvèrent sur le rivage Octave, qui n'était pas moins fatigué que les simples soldats ; Cornificius se rendit enfin compte de la présence de Calvisius ; les amiraux et leur général fuyard commencèrent à échanger des messages rassurants[50]. Mais tandis que la confiance renaissait, un formidable orage survint qui dura toute la journée et la nuit suivante, et détruisit la plus grande et la meilleure partie de la flotte d'Octave[51]. Les vents avaient achevé l'œuvre commencée par les amiraux de Pompée ; Octave n'avait plus de flotte ; l'entreprise de Sicile aboutissait à ce lamentable désastre.

Cet échec était d'autant plus grave que, pendant ce temps, Antoine remportait en Orient les plus beaux succès militaires. Les Parthes avaient de nouveau envahi au printemps la province romaine sous les ordres de Pacorus, le fils préféré du roi, alors qu'Antoine était encore en Grèce ; mais Ventidius, avec une rapidité et une habileté vraiment admirables, avait réussi à réunir toutes les forces romaines qui se trouvaient en Syrie et en Cilicie, et se portant à la rencontre de l'ennemi, il lui avait infligé une défaite mémorable, le 9 juin, à ce qu'il semble, c'est-à-dire seize ans après le désastre de Carrhes. Pacorus lui même était mort dans la mêlée[52]. Crassus était donc enfin vengé ! Un prince parthe expiait par sa mort la mort du proconsul romain[53]. L'enthousiasme à Rome avait été si grand, que le sénat, pour satisfaire l'opinion publique, avait décrété le triomphe non seulement à Antoine, chef de Ventidius, mais à Ventidius lui-même[54], ce qui ne s'était jamais fait. S'étant rendu en Asie peu de temps après la défaite de Gindarus, Antoine avait pris le commandement de l'armée de Ventidius qui avait déjà commencé la guerre contre le roi de Comagène, grand partisan des Parthes, et faisait le siège de Samosate ; et il continuait alors le siège commencé par son général[55]. A ces triomphes Octave ne pouvait opposer que les succès d'Agrippa en Aquitaine, et ils ne compensaient pas ses mésaventures de Sicile dont l'Italie tout entière s'était réjouie. L'argent se faisait rare ; l'état de l'opinion publique interdisait à Octave d'avoir recours à de nouveaux impôts[56] ; Antoine devait être fort indigné contre lui ; et pour augmenter son embarras, l'an 38, où l'on était, était le dernier du quinquennium du triumvirat, qu'on ne pouvait renouveler qu'après une entente entre collègues. Il ne gagnait pas grand'chose, dans de telles difficultés, à distribuer à pleines mains les magistratures, en nommant jusqu'à soixante-sept préteurs cette année-là[57]. Il avait espéré un moment qu'Antoine resterait en Syrie, retenu par la campagne contre les Parthes ; mais vers la fin de septembre il dut apprendre qu'Antoine, en se faisant donner une indemnité d'argent, avait fait la paix avec le roi de Comagène, qu'il se disposait à retourner en Grèce[58], certainement avec l'intention d'intervenir dans les affaires d'Italie. Il laissait comme gouverneur en Syrie Caïus Sossius ; c'était encore là un homme obscur qui faisait fortune en servant Antoine, et qui était chargé de faire la conquête définitive de la Judée pour la donner à Mérode, et de prendre Jérusalem, où Antigone continuait à tenir bon[59].

Octave prit alors le parti de déléguer auprès d'Antoine à Athènes Mécène[60], Lucius Cocceius et Caïus Fonteius Capiton[61], pour chercher à l'apaiser et à conclure avec lui un accord à l'amiable en vue du renouvellement du triumvirat. Horace, qui fut invité à accompagner Mécène jusqu'à Brindes, nous a donné une belle description de ce voyage dans la cinquième satire du premier livre. Parti en voiture de Rome, probablement dans la seconde moitié de septembre, et accompagné seulement d'un aimable rhéteur grec, Héliodore, Horace arriva le soir à Aricie, où il passa avec son compagnon la nuit dans une modeste auberge ; ils repartirent le lendemain matin et arrivèrent le soir à Forum Appi, à la lisière des marais pontins, où un canal navigable devait pendant la nuit les conduire à Terracine. Horace, qu'un mal aux yeux empêchait de boire du vin et qui le voulait pas de la mauvaise eau du village, se résigna à ne pas manger ce soir-là ; et tandis que les autres voyageurs dînaient à l'auberge, il s'en alla voir les mariniers et leurs jeunes esclaves qui équipaient le bateau et chargeaient les bagages. Au ciel scintillaient les premières étoiles. Le soir le bateau, tiré par une mule qui suivait le bord du canal, se mit en marche aux chants du marinier et des passagers ; peu à peu les voix se turent, les passagers s'endormirent et le marinier continua seul à chanter, mais le sommeil à la fin le saisit, lui aussi. A l'aube un voyageur s'aperçoit que la barque est arrêtée et que le marinier dort ; il le réveille de la bonne manière. Le troisième jour, à dix heures du matin, les deux voyageurs purent se laver le visage et les mains à l'auberge de la Fontaine Feronia, d'où ils partirent pour Terracine qui est à trois milles de là Ils y trouvèrent Mécène, Cocceius et Capito ; et Horace fit humecter de collyre ses yeux malades. Le quatrième jour ils reprirent tous ensemble la route de Capoue ; ils passèrent par Fundi où le prætor, le maire de l'époque, vint en grande pompe à leur rencontre et les divertit fort ; ils arrivèrent à Formie où ils passèrent la nuit et furent dans sa villa les hôtes de Lucius Licinius Muréna. Le lendemain matin arrivèrent de Naples Plotius, Varius et Virgile ; celui-ci venait peut-être des propriétés de Campanie qui lui avaient été données par Octave. La troupe ainsi grossie partit en voiture pour s'arrêter le soir du cinquième jour dans une petite auberge du pont de Campanie. Le jour suivant, ils s'arrêtèrent à Capoue, où Mécène, qui avait la passion des exercices physiques, alla faire une partie de paume. Le septième jour ils arrivèrent aux Fourches caudines et se rendirent dans la magnifique villa de Cocceius, où le dîner se prolongea bien avant dans la nuit, égayé par une querelle fantaisiste de bouffons. Le jour suivant ils étaient à Bénévent, où le patron de l'auberge, pour leur faire rôtir des grives, faillit mettre le feu à la maison. Mécène et ses amis durent tous aider à éteindre l'incendie. Au delà de Bénévent, le neuvième jour du voyage, Horace eut la joie d'apercevoir les montagnes de son pays natal : mais le soir il fallut passer la nuit à Trevico, dans une taverne fumeuse, où le poète tenta en vain de séduire une servante qui cependant n'était pas farouche. Deux jours plus tard ils étaient à Canusium, où Varius les quitta ; le douzième jour ils atteignirent Ruvo par des routes que la pluie avait rendues difficiles ; et le treizième Bari, le temps était redevenu beau, mais les chemins étaient pires que jamais. Le quatorzième jour ils étaient à Gnatia, où ils virent dans le temple le miracle de l'encens qui brûlait sans être allumé, et le poète se divertit fort de cette superstition, bonne, dit-il, pour des Juifs. Il ne croit pas, quant à lui, que les dieux s'occupent de ces sottises. Le quinzième jour, après avoir fait depuis Rome et presque toujours en voiture 360 milles (530 kilomètres), ils arrivèrent à Brindes, où Mécène s'embarqua pour la Grèce.

Le récit de ce voyage est un document intéressant. Il nous montre Mécène, c'est-à-dire un des grands personnages de ce temps-là obligé plusieurs fois, pendant ce court voyage de Rome à Brindes, de descendre dans d'affreuses auberges. Cela prouve que sur cette grande route il se trouvait alors peu de riches propriétaires pouvant donner l'hospitalité à ces illustres voyageurs ; et que sur cette antique voie d'Appius il y avait une quantité de villas désertes et abandonnées, qui n'étaient plus que les lugubres monuments funèbres de la ploutocratie détruite et de ce qui avait été l'aristocratie romaine.

 

 

 



[1] KROMAYER, dans Hermes, vol. 29, p. 561.

[2] PLUTARQUE, Antoine, 33.

[3] DION, XLVIII, 34.

[4] PLUTARQUE, Antoine, 33.

[5] DION, XLVIII, 39-41 ; FRONTIN, Strat., I, I, 6 ; II, V, 35-36 ; OROSE, VI, XVIII, 23.

[6] PLUTARQUE, Antoine, 33.

[7] APPIEN, B. C., V, 75.

[8] APPIEN, B. C., V, 75. Voy. STRABON, XIV, V, 6 (671) qui explique ainsi la fondation du royaume de Pisidie, sans l'attribuer à Antoine ; mais comme le royaume fut fondé par Antoine, il est probable que c'était bien là ce qu'il avait en vue.

[9] APPIEN, B. C., V, 75. STRABON, XII, VIII, 16 (578).

[10] APPIEN, B. C., V, 75.

[11] Cela est prouvé par ce fait que pour l'expédition de Perse, en l'an 36, il y avait un contingent de soldats du Pont.

[12] SERVIUS, ad Virg. Ecl. IV, 1 et VIII, 12 ; C. I. L., I, 461.

[13] APPIEN, B. C., V, 75.

[14] DION, XLVIII, 39.

[15] PLUTARQUE, Antoine, 67. Voy. Bulletin de correspondance hellénique, 1896, p. 155.

[16] C. I. A., II, 482, v. 22-23.

[17] DION, XLVIII, 39.

[18] PLUTARQUE, Antoine, 33 ; APPIEN, B. C., V, 76. Si l'on passe en revue tout ce qui fut fait pendant l'automne de l'an 34, comment peut-on dire avec un historien allemand, qui répète du reste ce que disent tous les historiens, qu'Antoine passa cet hiver thatenlos und in unwürdigen Genusleben ? (SCHILLER, Geschichte der Römischen Kaiserzeit, Götha, 1883, I, 401). Il y a sur Antoine une légende qui égare les historiens et les empêche de voir les faits les plus évidents.

[19] APPIEN, B. C., V, 75.

[20] Cela découle de ce que dit EUTROPE, VII, 5, et qu'il faut rapprocher de ce que dit APPIEN, V, 65.

[21] C. I. L., I, 461.

[22] Voy. CARTAULT, Étude sur les Satires d'Horace, Paris, 1899, 28 et suiv.

[23] HORACE, Sat., I, IV, 63 et suiv.

[24] HORACE, Sat., I, IV, 71 et suiv.

[25] Une inscription trouvée récemment en Égypte a démontré que son prénom était bien Caïus. Voy. Sitzb. Berl. König. Preus. Akad., 1896, vol. Ier, p. 478.

[26] SERVIUS, ad Ecl., X, 1.

[27] DION, XLVIII, 44 ; SUÉTONE, Auguste, 63.

[28] DION, XLVIII, 44.

[29] APPIEN, B. C., V, 77.

[30] DION, XLVIII, 45 ; APPIEN, B. C., V, 78 ; OROSE, VI, XVIII, 21.

[31] D'après APPIEN, B. C., V, 78 et 81, Ménodore n'aurait en réalité trahi que quand la guerre était déjà commencé. Mais DION, XLVIII, 45-46, nous dit au contraire que la trahison fut le motif dernier qui causa la guerre. Cette seconde version me parait la plus vraisemblable ; en effet celle d'Appien est eu contradiction avec un autre fait rapporté par Appien lui-même, à savoir que, quand Antoine vint à Brindes, il avait déjà connaissance de la trahison de Ménodore (chap. LXXIX). Or le voyage d'Antoine dut assurément avoir lieu quelque temps avant le commencement des hostilités.

[32] APPIEN, B. C., V, 78.

[33] DION, XLVIII, 46.

[34] APPIEN, B. C., III, 78.

[35] APPIEN, B. C., III, 78, dit à Pouzzoles ; mais au chapitre LXXXI on voit que cette flotte partit des côtes d'Étrurie. Ou Appien s'est trompé au chapitre LXXVIII, ou il y eut un changement dans les ordres donnés dont la raison nous échappe.

[36] APPIEN, B. C., V, 80.

[37] APPIEN, B. C., V, 78 et 80.

[38] APPIEN, B. C., V, 78.

[39] Nous n'avons aucun texte qui nous le dise, mais comme nous savons qu'une partie considérable de l'armée d'Antoine passa en Épire et en Grèce l'hiver de 39-38, et que l'hiver suivant toute l'armée était en Asie, il est nécessaire de supposer que le transport des troupes commença alors. Il faut peut-être voir une allusion à ce transport de troupes dans le passage d'APPIEN, B. C., V, 76, où est dépeinte l'activité militaire d'Antoine pendant le printemps de l'année 38.

[40] APPIEN, B. C., V. 79. Ce prompt retour et ces lettres adressées à Octave et à Ménodore montrent clairement qu'Antoine se rendit à Brindes avant que les hostilités ne fussent commencées, et que son intention était de maintenir la paix. Par conséquent, le récit de DION, XLVIII, 46, d'après lequel Antoine comptait aller rejoindre Octave en Étrurie, mais revint sur ses pas, enrayé par un loup qui serait entré dans son prætorium, n'est qu'une fable.

[41] APPIEN, B. C., V, 79.

[42] APPIEN, B. C., V, 80.

[43] Cela parait établi par la comparaison d'un passage d'APPIEN, B. C., V, 81, où il est dit que Pompée attendit César à Messine, avec un autre du même auteur, B. C., V, 84, où il est dit qu'Octave eut l'occasion d'attaquer Pompée auprès de Messine, avec quarante vaisseaux seulement.

[44] DION, XLVIII, 46 ; APPIEN, B. C., V, 81-84.

[45] APPIEN, B. C., V, 84.

[46] APPIEN, B. C., V, 85.

[47] APPIEN, B. C., V, 85-86. DION, XLVIII, 47, ajoute quelques détails précis sur la première partie de la bataille, mais il résume confusément et en quelques lignes la seconde partie, pour le récit de laquelle il faut recourir à Appien.

[48] APPIEN, B. C., V, 85.

[49] APPIEN, B. C., V, 86.

[50] APPIEN, B. C., V, 87-83.

[51] APPIEN, B. C., V, 89-90 ; DION, XLVIII, 48.

[52] DION, XLIX, 19-20 ; LIVE, Per., 428 ; PLUTARQUE, Antoine, 34 ; OROSE, VI, VIII, 23.

[53] PLUTARQUE, Antoine, 34.

[54] DION, XLIX, 21.

[55] PLUTARQUE, Antoine, 34 ; DION, XLIX, 21. Il était naturel qu'Antoine à son arrivée prit le commandement. La jalousie de Ventidius n'est donc qu'une fable.

[56] APPIEN, B. C., V, 92. C'est peut-être à ce moment-là qu'eut lieu la révolte contre les publicains à laquelle Dion fait allusion, XLVIII, 43.

[57] DION, XLVIII, 43.

[58] PLUTARQUE, Antoine, 34 ; DION, XLIX, 22 (il se trompe en disant qu'Antoine partit pour l'Italie).

[59] DION, XLIX, 22.

[60] APPIEN, B. C., V, 92.

[61] HORACE, Sat., I, V, 32.