PARIS - LIBRAIRIE BLOUD & Cie - 1910
CHAPITRE I.
- LE RÉCIT DE INTRODUCTION.L'Assyriologie n'a pas moins d'importance pour Les inscriptions assyro-babyloniennes sont dites cunéiformes, à cause de la forme des signes dont elles se composent. Tous les signes de cette écriture ont, en effet, la forme d'un coin en fer (en latin cuneus), dont se servent les paysans pour fendre le bois. Le stylet triangulaire prend diverses positions : tantôt il est vertical, tantôt horizontal, tantôt oblique, tantôt enfin tordu en forme de crochet, par suite de la fusion de deux signes en un seul. Outre ces diverses dispositions du signe simple, il y a aussi les répétitions des signes, ce qui donne de nouvelles combinaisons. Pour bien comprendre l'emploi du stylet, il est nécessaire de se rappeler la manière d'écrire des Assyriens et des Chaldéens. Ils dessinaient les signes en appliquant le stylet sur la brique molle, puis ils faisaient sécher cette brique au feu ou au soleil, et les inscriptions y restaient gravées. Les bibliothèques assyriennes ne sont autre chose que des amas ou des piles de briques couvertes d'inscriptions. C'est ainsi que s'était formée, pour citer un exemple, la bibliothèque d'Assurbanipal, découverte dans ce siècle à Khorsabad, et qui nous a livré tant de précieux trésors littéraires. Le déchiffrement des inscriptions cunéiformes a été une tache aussi laborieuse, plus laborieuse même que le déchiffrement des hiéroglyphes égyptiens. Nous ne pouvons signaler que les principales étapes de cette exploration à travers le champ de l'Assyriologie. Après les faibles tentatives de C. Niebuhr (1765), Tychsen (1798), Münter (1800), le premier sillon, vraiment sérieux, fut tracé par G. Fred. Grotefend. Ce savant hanovrien déchiffra les vieux cunéiformes persans, qui occupaient la première colonne des inscriptions achéménides : le 14 septembre 1802, il fixa lés noms de Darius, Xerxès, Hystapes, dans les deux premières inscriptions achéménides. En 1836, Eugène Burnouf, en France, et Christian Lassen, en Allemagne, complétèrent par leurs recherches l'alphabet élémentaire de Grotefend. L'anglais Henry Rawlinson, officier dans l'armée persane, copia (1835-1837) et déchiffra (1846) l'inscription de Behistoun. L'ancien alphabet persan fut fixé à 40 signes. Hincks, Oppert et Spiegel achevèrent tout ce qui avait trait aux inscriptions achéménides en rectifiant dans les détails les travaux de Rawlinson. Le déchiffrement des cunéiformes persans n'était qu'un acheminement à celui des inscriptions babyloniennes, assyriennes et mèdes. Les inscriptions trilingues de Persépolis et de Behistoun furent pour le déchiffrement des cunéiformes assyro-babyloniens ce que la stèle de Rosette avait été pour le déchiffrement des hiéroglyphes égyptiens. En 1846, Botta, consul de France à Mossoul, découvrit Ninive, et en 1849-1851, Layard exécuta des fouilles à Koyoundjik et à Nimroud. Ces deux événements furent le point de départ d'un nouveau mouvement. On mit au jour une masse considérable de documents et de tablettes que Rawlinson, Hincks et Fox Talbot, en Angleterre, de Saulcy et Oppert, en France, déchiffrèrent avec certitude. Depuis lors on n'a fait que progresser dans l'étude des cunéiformes. Qu'il me suffise de mentionner les principaux travailleurs, qui ont contribué soit au déchiffrement des textes, soit à la formation de la grammaire : en France : Fr. Lenormant, Menant, et, plus près de nous, Amiaud, Pognon, Heuzey, de Sarzec ; en Angleterre : Georges Smith, Sayce, Pinches ; en Allemagne : Fred. Delitzsch, Schrader, et Paul Haupt ; en Italie : Teloni. A l'heure actuelle on continue toujours d'avancer, et l'on précise de plus en plus des traductions antérieures, ou l'on traduit des inscriptions inédites. C'est un travail de patience dont les résultats ne peuvent qu'être profitables à la science. CHAPITRE PREMIER. — Le récit de la création.Nos lecteurs connaissent trop bien le récit biblique de la
création, contenu dans le premier chapitre de Lorsqu'il
n'y avait rien en haut qui s'appelât ciel, Rien en
bas qui eût le nom de terre, L'Abîme
primordial, qui les engendra, Et la
bruyante Tiamat [= la mer] qui les enfanta tout entiers, Mêlaient
leurs eaux en un, Roseaux
qui ne s'unissaient pas, Jonchaies
qui ne fructifiaient pas. Dans les débris de la troisième tablette nous voyons l'océan [Tiamat] à l'œuvre : ...
Elle [Tiamat] a enfanté des dragons, Leurs
dents aiguës ne lâchent pas. Elle a
rempli leur corps de venin au lieu do sang, Elle a
revêtu de terreur les monstres furieux... . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Elle a
mis en avant un serpent, un dragon, Lahamu. La tâche la plus importante incombe au dieu Marduk. La quatrième tablette nous le montre organisant le ciel : Il créa
l'univers [?], il fit des chefs-d'œuvre : Il la [Tiamat] fendit en
deux, comme un poisson qu'on sèche ; Et
prenant une moitié, il en forma le dôme des cieux ; Il mit
un verrou, installa un réservoir, Prescrivant
de ne pas laisser sortir ses eaux ; Il
attacha les cieux au bord de l'univers, Et il
leur fit faire face à l'abîme, demeure d'Ea ; Le
Seigneur mesura la circonférence des eaux, Il
installa un grand dôme, de même étendue, le firmament. Sur ce
dôme, le firmament, dont il fit le ciel, Il fit
habiter en leur lieu Anu, Bel et Ea. Le récit se continue sur les autres tablettes : Il
bâtit les demeures des grands dieux ; Il
rangea les étoiles, leurs images, en constellations. Il régla
l'année, il traça les signes ; Il
établit douze mois, à chacun desquels il attribua trois étoiles. Après
qu'il eut marqué par des signes les jours de l'année, Il
fonda la demeure de Nibiru, pour déterminer leurs limites. . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Il fit
briller Nannar et le chargea de gouverneur la nuit ; Il
voulut marquer par l'astre de la nuit la succession des jours : Tous
les mois, sans exception, instruits par le disque ; Au
commencement du mois, tu apparaîtras le soir ; Par les
cornes tu annonceras [les signes] du ciel ; Au
septième jour, le disque devra être à moitié rempli ; Au
quatorzième, tu seras en opposition... . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les lignes suivantes, tout à fait fragmentaires, sont le commencement d'une tablette, peut-être la septième : Lorsque
les dieux réunis créèrent... Ils
firent les... Ils
produisirent les êtres vivants... Les
troupeaux des champs, les bêtes des champs, les reptiles ; ...aux
êtres vivants... ...la
vermine des lieux habités... ...les
reptiles, toutes les créatures... La conclusion du poème est un hymne à Marduk, à qui est attribuée la création de l'homme. Nous lisons en effet dans cet hymne : Qui [Marduk] a créé les
hommes pour leur faire du bien ; Miséricordieux,
à qui il appartient de donner la vie ; Que sa
parole demeure et ne disparaisse jamais De la
bouche des hommes que ses mains ont créés. Ce récit, disions-nous, a de nombreuses ressemblances avec
le récit biblique. Il est bon pourtant d'en indiquer aussi les différences,
afin de montrer d'une manière palpable la divine supériorité des Livres
saints. 1° L'idée de création, ex nihilo, si simple et si claire dans CHAPITRE II. — Le Paradis terrestre.Dieu, après avoir créé l'homme, nous dit CHAPITRE III. — L'Arbre de vie.Dieu avait placé au milieu du paradis terrestre l'arbre de vie, l'arbre de la science du bien et du mal, Genèse, II, 9. Les textes cunéiformes ne nous ont fourni aucun renseignement décisif sur l'arbre de vie, mais des indications assez claires ne nous font pas défaut. Certains assyriologues avaient cru reconnaître l'arbre de vie dans un arbre sacré qu'on voit assez souvent représenté sur les monuments babyloniens au milieu de deux personnages. Mais cette représentation n'a pas convaincu tout le monde, et son interprétation est très incertaine. Quelques savants seraient portés à voir dans cette représentation la scène de la cueillette des spathes du palmier sacré. D'autres, et en plus grand nombre, pensent qu'il s'agit uniquement de la scène de fado-ration du palmier. On sait, en effet, aujourd'hui, que le palmier était un arbre sacré chez les Chaldéens, et qu'il suffisait presque à tous les besoins de la vie. Aussi lui avait-on voué une espèce de culte et l'entretenait-on avec le plus grand soin. Les dieux eux-mêmes avaient enseigné aux mortels la manière de féconder le palmier. Les deux personnages, qui sont de chaque côté de l'arbre, seraient donc dans l'attitude d'adoration devant le symbole sacré. Mais nous avons d'autres indications plus concluantes. Deux surtout méritent d'être signalées. La première se trouve dans la légende d'Adapa. Dans cette légende, il est question du pain de vie et de l'eau de vie que le dieu du ciel, Anu, offre à Adapa pour le rendre immortel. On n'ignore pas que l'arbre de vie du paradis terrestre conférait pour ainsi dire l'immortalité ; on sait aussi que c'est pour avoir mangé du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal, malgré la défense de Dieu, que nos premiers parents furent condamnés à la mort. —L'autre information nous vient du poème de Gilgamès, dont nous avons déjà parlé. Pour échapper à la mort, ou même pour se soustraire simplement aux douleurs et aux souffrances de la vie présente, il fallait aller chercher l'arbre de vie aux extrémités du monde, dans l'Ile bienheureuse. C'est pour aller chercher cet arbre de vie que Gilgamès entreprend courageusement sa longue et dangereuse pérégrination. Ce qu'il y a de plus curieux et en même temps de plus frappant, c'est que Gilgamès, après avoir traversé les ténèbres des monts de Màshou, se trouve en face d'un bois merveilleux. Un arbre attire ses regards : Dès qu'il le voit, nous dit le texte, il y court. Les fruits sont autant de pierres précieuses, les branches sont splendides à regarder, car les rameaux sont chargés de lapis et les fruits sont d'une apparence superbe. Ces paroles rappellent tout naturellement ce qui est dit de l'arbre de vie du paradis terrestre, Genèse, III, 6. CHAPITRE IV. — Les Chérubins.I. — LES CHÉRUBINS DU PARADIS TERRESTRE. Lorsque Dieu eut chassé du paradis terrestre nos premiers
parents à cause de leur transgression, il plaça
devant le Paradis des Chérubins pour garder le chemin qui menait à l'arbre de
vie, Genèse, III, 24. Son but était donc d'empêcher l'accès à
l'arbre de vie. On s'est demandé bien souvent ce qu'étaient ces êtres
mystérieux, appelés Chérubins ?
Beaucoup d'assyriologues modernes ont soutenu que les Chérubins du Paradis
terrestre étaient des taureaux ailés semblables à ceux qui étaient placés à
l'entrée des temples et des palais assyriens. Pour établir cette
identification, on s'est appuyé sur certaines analogies : d'abord l'identité de nom ; les taureaux ailés des portes
des palais assyriens sont appelés Kirubi,
qui est le nom sémitique keroubim de
nos Chérubins ; ensuite l'analogie de fonctions ; nous venons de voir que les
Chérubins du Paradis terrestre remplissaient un rôle protecteur : ils
défendaient l'entrée du Paradis ; il en est de même des taureaux ailés
assyriens ; ils n'étaient pas, en effet, de simples sujets de décoration,
comme on avait été porté à le croire ; on supposait qu'un être surnaturel
résidait dans leur corps et exerçait les fonctions de gardien et de
protecteur. Ces taureaux étaient pour les Assyriens des shedu, c'est-à-dire des génies surnaturels vivant
sous une enveloppe matérielle, mais exerçant l'office de gardiens puissants.
— Nos apologistes sont en général opposés à cette thèse ; ils pensent qu'il
n'est pas certain qu'on connût en Assyrie les Kirubi
à l'époque où fut composé le récit de II. - LES CHÉRUBINS DE L'ARCHE D'ALLIANCE. III. — LES CHÉRUBINS D'ÉZÉCHIEL. Le prophète Ézéchiel décrit ainsi les animaux qu'il vit sur les bords du fleuve Chobar : Au centre, apparaissaient quatre animaux. Voici leur aspect : ils avaient une ressemblance humaine. A chacun quatre formes, et à chacun quatre ailes. Leurs pieds étaient droits, et la plante de leurs pieds était comme la plante du pied d'un veau ; ils étaient étincelants comme l'airain poli. Il y avait des mains d'hommes sous leurs ailes sur leurs quatre côtés. Leurs ailes se rattachaient l'une à l'autre. Ils ne revenaient pas sur eux-mêmes dans leur marche et chacun s'avançait devant soi. Voici quelle était la ressemblance de leur forme : une forme d'homme et une forme de lion à tous les quatre à gauche, et une forme d'aigle à tous les quatre. Voilà leurs formes. Des ailes s'étendaient par-dessus ; elles se joignaient deux à deux, et deux d'entre elles recouvraient le corps. Chacun marchait devant soi ; là où l'esprit les poussait, ils allaient sans se retourner dans leur marche. L'aspect des animaux était celui de charbons de feu brûlant comme des flambeaux. Ce feu courait entre ces animaux ; il brillait et de ce feu jaillissait l'éclair. Et les animaux allaient et venaient, semblables à la foudre ; Ézéchiel, I, 5-14. Pour les Chérubins d'Ézéchiel, il n'y a aucun doute. En décrivant ces étranges animaux, le prophète avait sous les yeux les taureaux de Ninive. Tous les auteurs sont d'accord sur ce sujet. Dès lors, il est inutile d'insister davantage. CHAPITRE V. — Le glaive flamboyant.Il fit
un arc et le choisit pour arme, Il se
chargea d'un javelot et le prit en guise de trait. Et le
dieu éleva l'arme ; il la mit dans sa main droite ; Il
suspendit à son côté l'arc et le carquois, Il mit devant lui l'éclair, Il
couvrit tout son corps d'une flamme ardente ; etc. Dans les représentations figurées, Marduk tient aussi à la main une arme à six pointes, trois en haut et trois en bas ; la poignée est au milieu. Cette arme est la foudre même. Ce symbole fait également penser au glaive tournoyant. — Après la nature du glaive symbolique, sa position. Comment était-il placé ? Il est certain qu'il n'était pas tenu, de quelque façon que ce soit, par les Chérubins ; car, premièrement le texte ne le dit pas, et secondement le glaive est unique, tandis que les Chérubins sont au moins deux. L'assyriologie nous servira encore à éclaircir, à préciser le récit biblique. Sur une intaille du Louvre, l'éclair, dont il a été question plus haut, est représenté fixé sur un petit socle. Dès lors, en s'aidant de ces symboles assyro-babyloniens, il est légitime et naturel de conclure que le glaive flamboyant était placé sur un petit socle devant l'entrée du paradis terrestre. Quant aux Chérubins, ils devaient être placés de chaque côté de cette même entrée. De la sorte l'entrée aurait été barrée par le glaive flamboyant et gardée de chaque côté par les Chérubins. CHAPITRE VI. — Le Déluge.Il faut envisager le déluge sous différents aspects. C'est
ici que la concordance entre 1° La cause du Déluge.
— 2° Le fait du Déluge. — Le récit chaldéen du déluge est très long. Malheureusement il est mutilé. Nous ne pouvons pas transcrire tous les fragments découverts et publiés jusqu'ici ; nous nous bornerons à rapporter les passages qui sont absolument semblables aux passages correspondants de la narration biblique. Les dieux, indignés de la méchanceté des hommes, résolvent de détruire le genre humain. A cette époque Shamashnapishtim régnait dans la ville de Shourippak, la ville du vaisseau[5]. Ea décide de le sauver du naufrage général. Mais, d'autre part, il n'ose pas révéler directement à un mortel le secret des dieux Anu, Bel, Ninib, Innougi qui ont résolu de détruire l'humanité. Il lui parle donc de la manière suivante, en s'adressant directement n une maison de roseaux : Homme
de Shourippak, quitte ta maison, bâtis un navire, sauve ce que tu peux de
vie. Ils
veulent détruire la semence de vie ; mais toi conserve la vie, Et [fais entrer] la
semence de vie de toute sorte dans l'intérieur du vaisseau. Puis Ea lui indique les dimensions du navire ; le texte étant mutilé, les chiffres manquent. Après une réflexion de Shamashnapishtim, et une réponse mutilée du dieu, celui-ci continue : Apporte au milieu du vaisseau ton grain, tous tes biens, tes serviteurs, tes servantes, tes parents. Le bétail, les bêtes sauvages, autant que j'en voudrai conserver, je te les enverrai. Dans les lignes suivantes, qui sont à la fois mutilées et obscures, est racontée la construction du navire ; on y voit que Shamashnapishtim verse du bitume à l'intérieur et à l'extérieur du navire, pour en fermer les fissures. Le vaisseau est achevé. Shamashnapishtim entre dedans, et ferme la porte. Aussitôt le déluge commence. Ici est décrit un furieux ouragan : le tonnerre gronde, les vents se déchaînent avec furie, la terre est ébranlée, l'inondation des eaux atteint jusqu'au ciel. Cet ouragan dura six jours et six nuits. Le septième jour le calme se fait, et le vaisseau se dirige vers le pays de Nizir, où il s'arrête encore six jours. Le récit continue : A l'approche
du septième jour, Je pris
une colombe et la lâchai. La
colombe alla et retourna, Elle ne
trouva pas de place où se poser et elle revint. Je pris
une hirondelle et la lâchai. L'hirondelle
alla et retourna, Elle ne
trouva pas de place où se poser et elle revint. Je pris
un corbeau et le lâchai, Le
corbeau alla et vit la charogne sur l'eau. Il
mangea, se posa, erra au loin et ne revint pas. Ajoutons qu'une intaille chaldéenne représente Shamashnapishtim enfermé dans le vaisseau[6]. 3° L'arrêt de l'arche. — Nous savons par 4° Le sacrifice après le déluge. — Immédiatement après sa sortie de l'arche, Noé éleva un autel et offrit un sacrifice à Dieu, Genèse, VIII, 20. Le Noé chaldéen Shamashnapishtim fit de même : Je fis [tout] sortir alors
vers les quatre vents. J'offris un sacrifice, J'élevai
un autel sur le sommet de la montagne. Sept
par sept je disposai des vases d'un séah Et en
dessous je répandis des roseaux, du bois de pin et des épices. 5° Le sacrifice est agréé. — Dieu agréa le sacrifice de Noé et promit de ne plus détruire le genre humain, Genèse, VIII, 21. La même chose est affirmée dans le récit chaldéen : Les
dieux sentirent l'odeur ; les dieux sentirent une bonne odeur. Les
dieux se rassemblèrent comme des mouches sur le sacrifice. 6° Faveurs accordées à l'homme
après le déluge. — Là-dessus
la grande déesse [Ishtar] à son approche Éclaire
l'arc-en-ciel qu'Ami a créé... Les promesses faites à Shamashnapishtim sont aussi bien consolantes. Le dieu Bel bénit Shamashnapishtim et sa femme et il leur dit : Auparavant Shamashnapishtim était homme ; désormais que Shamashnapishtim et sa femme soient vénérés comme nous les dieux, et que Shamashnapishtim habite au loin, à l'embouchure des mers. S'il existe de fortes analogies, le récit biblique n'en est pas moins supérieur au chaldéen : 1° L'idée morale y &amine d'une manière prépondérante ; Dieu ne trouve qu'un juste sur la terre, Noé, et s'engage à le sauver, Genèse, VI, 8 ; VII, 1 ; 2° dans le récit biblique, Dieu domine absolument la création ; c'est toujours le Dieu transcendant ; dans le récit chaldéen, les dieux eux-mêmes sont saisis de terreur à la vue du déluge et cherchent à se sauver ; 3° le récit chaldéen nous montre les dieux s'assemblant comme des mouches autour du sacrificateur ; 4° dans le récit chaldéen, le sage Ea dit à Bel qu'il n'a pas réfléchi en faisant le déluge. — Tout cela dénote chez les dieux chaldéens peu de dignité avec pas mal d'étourderie. CHAPITRE VII. — Les exploits de Nemrod.Le chapitre X de CHAPITRE VIII. — La tour de Babel.Le récit de la construction de la tour de Babel, est
contenu dans le chapitre xi de CHAPITRE IX. — Abraham.Sur le père des croyants l'assyriologie nous a donné trois
indications très précises : sa patrie, sa victoire sur le roi Chodorlahomor,
et son nom. — Sa patrie d'abord. CHAPITRE X. — Le serpent d'airain.On lit dans les Nombres, XXI, 8-9, que Dieu ordonna à Moïse de faire un serpent d'airain pour guérir ceux qui avaient été mordus par les serpents. Le deuxième Livre des Rois, XVIII, 4, nous apprend que le pieux roi Ézéchias supprima les hauts lieux et détruisit le serpent d'airain, que Moïse avait fait faire, parce que jusqu'à ce jour les enfants d'Israël lui offraient de l'encens ; ce serpent s'appelait Nehoushian. — L'assyriologie pourra nous aider à mieux comprendre le serpent d'airain. Remarquons d'abord que dans le Livre des Nombres, ce serpent porte un nom tout particulier : il s'appelle saraph ; de plus il devait être placé sur une perche, comme celles qui servent aux enseignes militaires ; c'est la traduction exacte de l'hébreu al-ness. On a trouvé en Chaldée des symboles de ce genre. Sur certains anciens cylindres babyloniens, on voit deux serpents enroulés autour d'une longue perche, dont l'extrémité est passée dans une boule ; à une certaine hauteur les deux serpents se séparent, se détachent de la perche et gonflent leur gorge comme l'uræus des tableaux égyptiens. La figure de ce symbole parait répondre exactement au symbole biblique. En outre les inscriptions cunéiformes mentionnent deux Gal-Edin, dont l'un est appelé birdou et l'autre sharrapou. Ces expressions désignent, d'après le fameux assyriologue Jensen, les Gémeaux. On sait que les Gémeaux étaient deux manifestations du dieu Nergal. Ce sharrapou avait un caractère magique et talismanique, puisqu'il apparaît dans les formules d'incantation. Dès lors nous avons toutes les raisons de croire que ce symbole babylonien est l'équivalent du serpent d'airain ; toutes les coïncidences nous y convient ; il y a identité de nature : tous les deux sont des serpents ; il y a identité de nom : le serpent d'airain s'appelle saraph, le symbole babylonien sharrapou ; il y a identité de position : tous les deux sont placés sur une perche. N'y a-t-il qu'une simple coïncidence ou un emprunt réel ? Même dans ce dernier cas, il n'y aurait rien de nature à déprécier le culte d'Israël. CHAPITRE XI. — Les noms propres.La plupart des noms propres assyriens contenus dans 1° Noms de rois. — Theglathphalasar. Ce nom en assyrien se lit de
la manière suivante : TUKULTIPAL-ISHAR-RA, IV Livre des Rois, XV,
29 ; XVI, 7. Il signifie très probablement : Le
secours, la confiance du fils de Sarra [peut-être
du roi] ou le fils de Sarra est un secours.
— Ce roi prend aussi dans 2° Noms de villes et de
contrées. — Ur, la patrie
d'Abraham, Ourouk dans les textes
cunéiformes, devient Erech dans CHAPITRE XII. — L'histoire.I. — EMPIRE D'ASSYRIE. 1° Salmanasar II (860-825 av. J.-C.). — Les Livres historiques
de Éphraïm
a vu sa langueur Et Juda
sa plaie ; Éphraïm
est allé vers Assur Il a
envoyé au roi ennemi. Il ne
vous guérira point, Il ne pansera
point votre plaie... Éphraïm
se repaît de vent, Il
poursuit un souffle... Il a
fait alliance avec Assur... Assur
ne nous sauvera pas... [Le peuple] sera transporté à
Assur En
tribut au roi ennemi. Comme on le voit le prophète s'élève donc contre ces rois d'Israël qui, pour se défendre contre les Syriens, invoquèrent le secours des rois assyriens et se déclarèrent leurs tributaires. Cette politique fut suivie principalement par Jéhu. Les Annales de Salmanasar nous ont fourni des éclaircissements sur ces événements. Elles nous apprennent que le monarque assyrien fit la guerre à Hazaël, roi de Damas[10], et reçut le tribut de Jéhu. Voici comment l'inscription des taureaux raconte cette campagne : 1. Dans
ma dix-huitième année, pour la seizième fois, l'Euphrate 2. je
traversai. Hazaël de Syrie 3. sur la
force de ses soldats 4. se
confia, et ses soldats 5. en
foule il rassembla. 6. De
Saniru, un pic des montagnes 7. qui
sont vis-à-vis du Liban, sa forteresse 8. il
fit. Contre lui je combattis, 9. sa
défaite j'accomplis, 16.000 10.
hommes de son armée, avec les armes 11. je
détruisis ; 1.121 de ses chariots, 12. 470
de ses cavaliers avec ses bagages 13. je
lui pris. Pour sauver 14. sa
vie, il s'enfuit. Je le poursuivis. 15.
Dans Damas, sa ville royale, je l'assiégeai, 16. ses
plantations, je coupai. Vers les montagnes 17. du
Hauran j'allai, des villes 18.
sans nombre je renversai, je détruisis, 19. j'y
mis le feu, leurs prisonniers 20.
sans nombre j'emmenai ; 21.
Vers les montagnes da Bahlirahsi, 22. qui
touchent à la mer, j'allai. Une image de ma majesté 23. au
milieu je fis. En ces jours 24. le
tribut de Tyr 25. et
de Sidon, de Jéhu (Yahua) 26. fils d'Amri, je reçus[11]. La scène du tribut payé par les rois vaincus a été représentée sur l'Obélisque noir. D'un côté Salmanasar debout, accompagné de deux personnages de sa cour, dont l'un tient derrière lui le parasol d'honneur ; de l'autre côté on voit défiler les messagers. Le chef de l'ambassade se prosterne devant le monarque et baise la terre, tandis que les autres membres défilent tour à tour les vases en main, les coffres de métaux sur l'épaule ou sur la tête[12]. La légende placée au-dessus du tableau fait mention de Jéhu : [Ma]-da-tu
sha Ya-u-a aplu Hu-um-ri-t. Tribut
qui [de] Jéhu fils d'Amri. N'est-ce pas là la réalisation des paroles du prophète : Ils sont montés vers Assur,... Éphraïm a fait des présents à ses amis[13] ? 2° Theglathphalasar II
(745-727 av. J.-C.). —Les
renseignements que nous trouvons dans ... au
peuple d'Assyrie je les [les captifs] joignis et l'exécution du service comme
aux Assyriens je leur
imposai. Le tribut de Kustapi de Kumuka, de Rasin de Syrie, de Manahem de
Samarie, d'Hiram
de Tyr, de Sibiltibaal de Gebal, d'Urikki de Kui, de Pisiris de Carchamis,
d'Eniel de Hamath, de Pannamu, de Samhala, de Tarhulara de Gaugama, de Sulumal de Milid, de Dadil, etc. Il préleva aussi un tribut sur Phacée et Osée, rois de
Juda. Nous lisons, en effet, dans un fragment mutilé de ... les
grands... Je reçus le tribut. La terre de Bit Hu-um-ri [= Israël], la
lointaine... ses habitants les plus distingués. avec
leur fortune je transportai en Assyrie. Phacée, leur roi, je fis
mourir. J'établis A-u-si-é (Osée) sur
eux. Je reçus d'eux, comme tribut, dix talents d'or, mille talents d'argent
avec leurs... je les
portai en Assyrie, qui Samsieh, reine d'Arabie... Enfin Theglathphalasar reçut le tribut d'Achaz, comme le
raconte 57. [Tribut]
de Kustapi de Kumuka, Urik de Rui, Sibitlibaal de Gebal, Pisiris de
Carchamis, 58. Eniel de Kamath, Pannamu de Samballa, Tarhulara de Gaugama, Sulumal de Milid, Dadil de Kaska, 59.
Vassurmi de Tubal, Ushit de Tana, Urballa de Tuhana, Tuhammi d'Istunda, Urimini
de Husina, 60.
Mattaubaal d'Arvad, Salipu de Bit-Ammon, Salamanu de Moab, 61. Mitinti d'Ascalon, Ya-ka-ha-si[17] Ya-hu-da-ai [Achaz de Juda], Kemoshmelel d'Édom, Muz... 62.
Hannon de Gaza, or, argent, plomb, fer, antimoine, étoffes de leurs pays,
lapis-lazuli (?), 63....
produits de la terre et de la mer, pris des pays choisis pour mon royaume,
chevaux et ânes habitués au joug... 3° Sargon (722-705 av. J.-C.). — Ce roi est mentionné dans Isaïe, XX, 1 : L'année où Thartan, envoyé par Sargon, roi des Assyriens, vint à Azot, l'assiégea et la prit[18]... D'après ce passage on voit que Sargon s'empara de la ville d'Azot. Or, cet événement a été retrouvé dans les textes cunéiformes. Voici ce que nous lisons dans les Annales de Sargon : 1. En
ma neuvième année, au pays qui est au bord 2. de
la grande mer [ = 3. à
Ashdod [= Azot], j'allai. 4.
Azuri, roi d'Ashdod, pour ne pas apporter le tribut 5.
avait endurci son cœur, et aux rots autour de lui 6.
ennemis de l'Assyrie, il envoya [des messagers] et fit du mal 7. Sur
le peuple qui était autour de lui, je brisai sa domination 8. et
j'emportai... 9.
Depuis ce temps... 10. Ahimite,
fils de... 11. son
frère, à sa place, sur son royaume 12.
j'élevai et je l'établis [roi] 13. Des
taxes et des tributs [payables] à l'Assyrie, 14.
comme aux rois ses voisins, 15. je
lui imposai. Mais ses sujets 16.
mauvais, pour ne pas apporter les taxes et les tributs 17.
endurcirent leur cœur et... 18. ils
se révoltèrent contre leur roi, 19. et
pour le bien qu'il avait fait 20. ils
le chassèrent et... 21.
Yavan, qui n'était pas héritier du trône, 22.
dans le royaume au-dessus d'eux ils placèrent. Sur le trône 23. de
leur mettre, ils le firent asseoir 24. et
ils préparèrent leurs villes 25.
pour taire la guerre... 26. le
domaine... 27.
contre la prise ils se fortifièrent 28. san...
ils firent face... 29. et
autour de lui ils creusèrent un fossé, 30. de
vingt coudées de profondeur ils le firent 31. et
ils amenèrent les eaux des sources devant la ville. 32. Les
peuples de 33. et
de Moab, habitant à côté de la mer, apportant des tributs 34. et
des présents à Assur, mon Seigneur, 35.
parlèrent de trahison. Le peuple et ses méchants chefs, 36.
pour me combattre, au Pharaon, 37. roi
d'Égypte, prince qui ne pouvait pas les sauver, 38.
apportèrent des présents et ils recherchèrent 39. son
alliance. Moi, Sargon, le noble prince, 40.
révérant le serment d'Assur et de Mérodach, gardant 41.
l'honneur d'Assur, les fleuves du Tigre et de l'Euphrate, 42. au
moment de la plus haute crue, aux soldats de ma garde 43.
entièrement je fis passer. Et lui, Yavan, 44.
leur roi, qui sur sa propre force 45. se
confiait et ne se soumettait pas à notre pouvoir, 46. de
la marche de mon expédition au pays des Hatti entendit parler, et 47. la
majesté d'Assur, mon Seigneur, l'accable et 48. aux
frontières de l'Égypte, aux rives Mi fleuve, 49. à
la limite de Meroé..... sous les eaux 50.....
il prit part 51.....
un peu éloigné 52.....
il s'enfuit 53. et
son lieu de refuge ne fut pas vu. Les villes d'Azot 54. de
Gimzo des Azotéens 55.
j'assiégeai et je pris. Ses dieux, sa femme, ses fils et ses filles, 56. ses
meubles, ses biens et les trésors de son palais avec le peuple du pays, 57.
comme un butin je comptai, et ces villes une seconde fois 58. je
bâtis. Le peuple qui avait été conquis par nos mains 59. du milieu des contrées du soleil levant, au milieu d'eux je les plaçai, et [eux] je les plaçai au milieu du peuple d'Assyrie et ils firent ma volonté[19]. 4° Sennachérib (705-681 av. J.-C.). — Les Livres saints nous parlent d'une expédition de ce roi contre Ézéchias roi de Juda : La quatorzième année du roi Ézéchias, lisons-nous, Sennachérib, roi des Assyriens, monta vers toutes les villes fortifiées de Juda, et les prit. Alors Ézéchias, roi de Juda, envoya des messagers au roi des Assyriens, à Lachis, et lui dit : J'ai péché, retire-toi de moi, et je supporterai tout ce que tu m'imposeras. Le roi des Assyriens fit donc payer à Ézéchias, roi de Juda, trois cents talents d'argent et trente talents d'or. Et Ézéchias donna tout l'argent qui fut trouvé dans la maison du Seigneur, et dans les trésors du roi. En ce temps-là, Ézéchias brisa les portes du temple du Seigneur, et les lames d'or qu'il avait fixées lui-même, et les donna au roi des Assyriens[20]. — Les textes cunéiformes nous ont conservé le récit de cette campagne et du siège de Jérusalem. A diverses reprises Sennachérib est revenu sur cette expédition. Voici le récit que nous en fait le Cylindre de Taylor : COLONNE II, à partir de la ligne 34. 34.
Dans ma troisième campagne, je marchai contre la terre de Hatti. 35.
Luli, roi de Sidon, la terreur de ma majesté 36.
l'épouvanta, en un lieu éloigné 37. au
milieu de la mer il s'enfuit ; son pays à ma domination je soumis. 38. La
grande Sidon, la petite Sidon, 39. Bitzitti, Sariptav, Makalliba, 40. Hosah, Aksib, Acco, 41. ses
villes fortes, ses places murées, ses magasins 42. de
vivres, les lieux où étaient ses troupes, la terreur des armes 43.
d'Assur, mon Seigneur, les avait abattus. Ils se soumirent 44. à
moi. Tubai sur le trône royal 45. je
plaçai au-dessus d'eux et un tribut comme redevance envers nia majesté, 46.
annuel, perpétuel, je leur imposai. 47.
Manahem de Samsimuruna, 48.
Tubai de Sidon, 49. Abdilit
d'Arvad, 50.
Urumelek de Gubal, 51.
Mitinti d'Azdod 52.
Puduil de Bit-Ammon 53.
Kamosnadab de Moab 54.
Malikram d'Édom, 55.
tous les rois d'Aharri, tous [les
rois] des bords [de 56.
tous leurs riches présents et des choses précieuses, 57. en
ma présence ils apportèrent et ils me baisèrent les pieds. 58. Et
Zidka, roi d'Ascalon, 59. ne
s'était pas courbé sous mon joug ; les dieux de la maison de son père,
lui-même, 60. sa
femme, ses fils, ses filles, ses frères, la famille de la maison de son père, 61.
j'enlevai et je les envoyai en Assyrie. 62.
Sarludari, fis de Rukibti, leur ancien roi, 63. sur
le peuple d'Ascalon, j'établis et un tribut, 64.
comme signe de dépendance à l'égard de ma majesté, je lui imposai et il me
rendit obéissance. 65. En
poursuivant ma campagne, je marchai contre Beth-Dagon, 66.
Joppé, Benêbarak, Hazor, 67. les
villes de Zidka, qui m'avaient refusé obéissance, 68. je
les pris et en emmenai les habitants prisonniers. 69. Les
chefs supérieurs, les grands et le peuple d'Amgarunna, 70. qui
Padi, leur roi, tenant la foi et l'hommage 71. de
l'Assyrie, avaient enchaîné dans les fers, et à Ha-za-qi-ya-hu, 72. Ya-hu-da-ai
[= Ézéchias de Juda], l'avaient livré, lequel
l'avait enfermé [en prison], 73.
leur cœur fut saisi d'épouvante.., COLONNE III, à partir de la ligne 7. 7. ..... Padi, 8. leur
roi, du milieu de Ur-sa-li-im-mu [=
Jérusalem] 9. je
fis sortir et sur son trône 10. je
le fis asseoir et un tribut comme [signe de ma] souveraineté 11. je
lui imposai. Et Ézéchias 12. de
Juda, qui ne s'était pas soumis à moi, 13.
quarante-six de ses places fortes, des bourgades et petites localités 14. de
son royaume, sans nombre 15.
avec des pat-bu-us... [= engins
de guerre inconnus] 16.
l'attaque... avec des machines de siège je livrai l'assaut 17. et
je les pris. 200.150 hommes et femmes, grands et petits, 18. des
chevaux, des mulets, des ânes, des chameaux, des bœufs 19. et
des brebis sans nombre j'emportai 20. et
comme butin je comptai. Lui-même, comme un oiseau dans sa cage, dans Jérusalem, 21. sa
capitale, fut enfermée, etc. . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29.
..... Et lui, Ézéchias 30. une
puissante crainte de ma souveraineté le saisit, 31. les
Urbi [= Arabes ?] et ses soldats, et les gens 32. que
pour la défense de Jérusalem, sa capitale, 33. il
avait pris. Il me paya un tribut, 34.
trente talents d'or, huit cents talents d'argent, des métaux, des rubis,
des... [énumération de différents objets envoyés comme présents]. 40.
..... Pour le paiement du tribut 41. et pour faire sa soumission, il m'envoya ses ambassadeurs[21]. 5° Assarhaddon (681-668 av. J.-C.). — Nous savons par 12.
J'appelai les rois de Katti et de [la partie de] mon empire au delà de la mer
; 13.
Baal, roi de Tyr ; Mi-na-st-i shar ir Ya-hu-di, [= Manassé, roi de la ville de Juda] ; 14.
Kadumuh, roi d'Édom, Mussuri, roi de Mo [ab] ; 15.
Zillibil, roi de Gaza ; Mtinti, roi d'Ascalon ; 16.
Ituzu, roi d'Amgarunna, Milkiasaph, roi de Gubal ; 17.
Matanbaal, roi d'Arvad ; Abibal, roi de Samsimupuna : 18.
Buduil, roi de Bit-Ammon , Ahimelek, roi d'Azot ; 19. Ce
sont là douze rois des côtes de la mer. Ikistu, roi d'Idalie ; 20.
Pitaguru, roi de Citium ; Kinyras, roi de Salamine ; 21.
Ituander, roi de Paphos ; Insu, roi de Sole ; 22.
Damasu, roi de Kurii ; Rummisu, roi de Tamissus ; 23.
Damusi, roi d'Amathonte ; 24.
Unasagus, roi de Lidini ; Buhli,roi d'Aphrodisium ; 25. Ce
sont là dix rois de la terre de Yatnan, au milieu de la mer 26. En
tout vingt-deux rois de la terre de Katti sur les côtes de la mer et au
milieu de la mer ; 27. je
les mandai tous. 6° Assurbanipal (668-626 av. J.-C.) — Ce monarque fit surtout deux grandes expéditions auxquelles se trouva mêlé Manassé, roi de Juda, dont nous venons de parler. La première fut dirigée contre Ourd-Amon, roi d'Égypte. Au cours de cette campagne, Assurbanipal prit et saccagea Thèbes, Nô-Amon du texte hébreu, et Nîh des textes cunéiformes, s'empara de beaucoup de trésors, et força les 22 rois déjà tributaires de son père Assarhaddon à baiser ses pieds, c'est-à-dire à se reconnaître ses vassaux ; parmi eux est mentionné en seconde ligne Minsie, shar mat Iaudi, Manassé, roi de Juda. — Le prophète Nahum fait allusion à cette campagne (III, 7-10). Le Cylindre A, colonne I, à partir de la ligne 69, résume en peu de mots ces événements : 69.
Vers l'Égypte et l'Éthiopie je dirigeai ma marche. 70.
Dans le cours de mon expédition, 22 rois 71. des
bords de la [mer et du
milieu de la mer], tous 72.
tributaires, dépendants de moi, 73. en
ma présence [vinrent et
baisèrent mes pieds]. Un autre Cylindre, C, nous fait connaître le nom de ces 22 rois : 1. Dans
le cours de mon expédition, 2.
Baal, roi de Tyr, 3.
Manassé, roi de Juda, 4.
Kausgabri, roi d'Édom, 5.
Mussuri, roi de Moab, 6.
Zilbel, roi de Gaza, 7.
Mitinti, roi d'Ascalon. 8.
Ikasamsu, roi d'Accai on, 9.
Milkiasab, roi de Gebal, 10.
Jakinlu, roi d'Arvad, 11.
Abibaal, roi de Satnsimuruna, 12.
Aminaclab, roi de Bet-Ammon, 13.
Akimelek, roi d'Asdod, 14.
Ikistura, roi d'Idalium, 15.
Pilagura, roi de Kitros, 16.
Kisû, roi de Salamine, 17.
Ituander, roi de Paphos, 18.
Irisu, roi de Sole, 19. Damasu,
roi de Curium, 20.
Rummisu, roi de Tamissus, 21.
Damusi, roi d'Amathonte, 22.
Unasagus, roi de Lidini, 23.
Puzuz, roi d'Aphrodisium, 24. en
tout, 22 rois. L'autre campagne d'Assurbanipal eut lieu à peu près vers
l'an 647. Le monarque assyrien avait confié la vice-royauté de Babylone à son
frère Saminughès, en assyrien Shamash-shum-ukin. Celui-ci voulut se rendre
indépendant ; il suscita contre son frère un soulèvement général, auquel
prirent part mat Aram [= II. — EMPIRE DE BABYLONE. Les textes babyloniens ne nous ont pas fourni une aussi abondante moisson de renseignements relatifs aux récits bibliques que les textes assyriens. Ils n'ont pas non plus la même précision. A l'heure actuelle nous possédons trois documents babyloniens de la plus haute importance : 1° Les Canons éponymes, découverts par Henry Rawlinson en 1862 ; 2° L'Histoire synchronique d'Assyrie et de Babylone, publiée par le même savant, laquelle relate les péripéties des deux empires depuis 1500 jusqu'à 820 avant Jésus-Christ ; 3° Une Chronique babylonienne, publiée en 1887, dans laquelle sont racontés les événements arrivés en Babylonie et en Assyrie depuis 750 jusqu'à 650 avant Jésus-Christ, Les documents babyloniens nous ont apporté une indication historique absolument précise ; ils nous disent que Mérodach-Baladan fut roi de Babylone. Le texte biblique se trouve ainsi confirmé : « En ce temps-là Bérodach-Baladan, fils de Baladan, roi des Babyloniens, envoya des lettres et des présents à Ézéchias, car il avait appris qu'Ézéchias était malade[25]. III. — ROIS SYRIENS. 1° Benadad II. — Plusieurs rois ont porté ce nom dont les variantes sont Benadad ou Benader, Adadezer ou Adarezer. Seul Benadad II rentre dans notre cadre. Ce roi fut contemporain d'Achab, d'Ochozias et de Joram, rois d'Israël (917-885 avant J.-C.). Il fut vaincu deux fois par Achab : une fois sous les murs de Samarie, avec 32 dynastes syriens, ses vassaux ; une autre fois à Aphec où il fut fait prisonnier. Sous Joram il assiégea de nouveau Samarie, mais il ne réussit pas à s'en emparer à cause d'une terreur nocturne qui dissipa son armée. Il mourut quelque temps après à Damas, étouffé par un de ses officiers, Hazaël qui lui succéda[26]. Son nom a été retrouvé dans l'inscription de Salmanasar II, dite Inscription du Monolithe de Kourki, sous la forme de Raman-idri ou Dad-idri. Les mêmes inscriptions mentionnent aussi une fois, comme allié de Dad-idri contre les Assyriens, à la bataille de Qarqar (854), Ahabbu Siralai. Ahabbus [du pays de] Siral, qu'on identifie avec Achab d'Israël. Cette bataille de Qarqar fut longue et sanglante. Adadidri avait sous ses ordres : 1.200 chars, 1.200 cavaliers, 20.000 piétons de Damas, 700 chars, 700 cavaliers, 10.000 piétons d'Hamath, 2.000 chars et 10.000 piétons d'Akhab, 500 Qouéens, 1.000 montagnards du Taurus, 10 chars et 10.000 piétons d'Irkanata, 200 Aradiens, 200 Ousanatéens, 30 chars et 10.000 piétons de Shianou, 1.000 chameaux de Gindibou l'Arabe, et 1.000 Ammonites. Il parait que la bataille demeura indécise. Toutefois Salmanasar s'attribua la victoire. Le nombre des morts ennemis varie suivant les inscriptions : 20.500 dans l'Obélisque, lignes 65-66 ; 25.000 dans le Taureau n° 1, ligne 18, et 14.000 dans le Monolithe, lignes 97-98. 2° Hazaël. — Hazaël fut mêlé à la campagne de Salmanasar II de l'an 842. Le roi de Syrie, fortement retranché sur le Sanir avec ses troupes, attendit de pied ferme le monarque assyrien. Ce fut la bataille la plus sanglante que les Assyriens eussent livrée jusqu'alors. Hazaél fut défait et vaincu ; il perdit 16.000 fantassins, 470 cavaliers, 1.121 chars. Le souvenir de cette victoire s'est conservé sur l'Obélisque de Nimroud : 97.
Dans ma dix-huitième année, je traversai l'Euphrate pour la seizième fois.
Hazaël 98. de
Syrie vint pour me combattre, 1.121 de ses chariots, 470 de ses cavaliers
avec 99. ses
bagages, je lui pris. CHAPITRE XIII. —
|
[1] Les Origines de l'histoire, t. I, p. 125-126.
[2]
On peut voir le dessin d'une de ces barques dans le Dictionnaire de
[3]
On peut voir pour les diverses représentations de ce symbole, Vigouroux,
[4] Le récit chaldéen du déluge couvre la onzième tablette du poème de Gilgamés.
[5] Shamashnapishtim est le Noé du déluge chaldéen. Ce nom a été lu surtout de deux manières : Shamashnapishtim et Sitnapishtini. Les deux lectures sont identiques à l'exception du préfixe. A napishtim, la première préfixe Shamash, qui signifie le Soleil, le dieu Soleil, et l'autre Sit. Quant à la signification, on a proposé principalement celle de Soleil de vie, et celle de sauvé.
[6] Voir Maspero, Histoire ancienne, t. I, p. 569.
[7] On n'a pas pu encore identifier le pays de Nizir. Sayce pense qu'il correspond à peu près au Kurdistan actuel.
[8] Jastrow, Religion of Babylonia and Assyria, p. 471, 515, conteste pourtant l'identification de Nemrod et de Gilgamès.
[9]
Observons cependant que l'assyriologue anglais King n'admet pas la lecture du
P. Scheil. — En tout cas, tous reconnaissent que Kudur-lagamar
est un nom élamite et que vers l'époque abrahamique il a existé un vaste empire
élamite s'étendant jusqu'à
[10] IV Livre des Rois, VIII, 7-15.
[11]
Vigoureux,
[12] On peut voir cette représentation dans Maspero, Histoire ancienne des peuples de l'Orient classique, t. III, p. 86, 87.
[13] Osée, VIII, 9.
[14] IV Livre des Rois, XV, 29.
[15] IV Livre des Rois, XV, 19-20.
[16] IV Livre des Rois, XVI, 7-10.
[17] Ya, abréviation de Jahveh, est ici prosthétique d'un nom propre, quoique plus gourent il se mette à la fin.
[18] Thartan n'est pas un nom propre, mais un nom commun qui signifie général, chef militaire ; en assyrien ce mot se lit tourtarou.
[19]
Vigouroux,
[20] IV Livre des Rois, XVIII, 13-16. Lire pour plus de détails la suite de ce chapitre. Voir aussi II Livre des Chroniques, XXXII ; l'Ecclésiastique, XLVIII, 19-20 ; Isaïe, XXXVI.
[21] Les mêmes faits sont mentionnés aussi plus brièvement sur l'inscription de Constantinople, et avec quelques variantes sur l'inscription des taureaux. (Voir Vigoureux, ouvrage cité, t. IV, p. 206 et suiv.) — Le souvenir de l'extermination de l'armée de Sennachérib par l'ange de Iahveh, s'était conservé, sous une forme altérée. dans un conte populaire de l'ancienne Égypte. A la prière du grand prêtre Séthon, le dieu Phtah de Memphis avait envoyé, pendant la nuit, dans le camp des Assyriens, une légion de rats des champs, qui avaient rongé les cordes de leurs arcs.
[22] IV Livre des Rois, XIX, 37 ; Isaïe, XXXVII, 38.
[23] I Livre d'Esdras, IV, 2.
[24] II Livre des Chroniques, XXXIII, 11-13.
[25] IV Livre des Rois, XX, 12. Il y a une faute dans le texte. Le vrai nom n'est pas Bérodach-Baladan, mais Mérodach-Baladan, comme on le lit dans Isaïe, XXXIX, I, et les inscriptions cunéiformes.
[26] III Livre des Rois, XX, 1-31 ; IV Livre des Rois, VI, 21 ; VII, 6-7 ; VIII, 7-15.
[27] IV Livre des Rois, X, 32-33.
[28]
Vigoureux,
[29] Rawlinson, Cun. Ins. W. As., t. IV, pl. 10, col. 1, lig. 36-61 ; Col. II, lig. 1-6, 35-44. Tout ce morceau a été traduit en anglais par Sayce, dans les Records of the Past, 1e ser., t. VII, p. 151 et suiv., en français par Fr. Lenormant, Études Accadiennes, t. III, p. 118-152, en allemand par Delitzsch-Mürdter, Geschichte Babyloniens und Assyriens, 2e édit., p. 3839, par Hommel, Die Semitischen Völker, p. 317, et enfin par Zimmern, Die Babylonischen Busspsalmen, p. 61 et suiv.
[30] On peut consulter sur ce point Halévy, La croyance à l'immortalité de l'âme chez les Chaldéens, dans ses Mélanges de Critique et d'Histoire, p. 388 ; A. Jeremias, Die Babylonisch-Assyrische Darstellung vom Leben nach dem Tode, p. 51-57.
[31] Matériaux pour le Dictionnaire Assyrien, dans le Journal Asiatique, 7e série, 1881, t. XVII, p. 237.
[32]
Le texte de
[33] Ces paroles font penser involontairement à l'Inscription que Dante aperçut sur la porte de l'enfer : Lasciate ogni speranza, o voi che entrate, Laissez tout espoir, ô vous qui entrez.