I Sainte-Beuve a dit que l'on n'avait qu'à tailler dans la masse un peu informe des Mémoires de Sully pour lui élever une statue. J'essaye simplement d'y tailler un buste, une statuette. A sa mort (1641), Sully n'avait pas la bonne renommée qu'il a acquise avec le temps ; il était mal connu, mal jugé et détesté. Comme le fait remarquer le célèbre critique dont nous citions le nom en commençant cette introduction, l'impopularité de Sully dura jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Ce fut l'abbé de l'Ecluse qui, en publiant[1] une édition des Mémoires de Sully, altérée il est vrai, mais plus facile et plus agréable à lire que les éditions précédentes, appela l'attention du public sur le ministre et l'ami de Henri IV. L'abbé de l'Ecluse avait changé la forme, souvent le fond, et rajeuni le style des Mémoires. Blâmables au point de vue de la critique, ces changements eurent pour résultat de faire lire l'œuvre de Sully, d'appeler l'attention sur lui et sur ses actes, et de lui rendre favorable la société lettrée de ce temps, surtout les Economistes, qui trouvaient, avec raison, Sully de beaucoup supérieur à Colbert au point de vue de la liberté du commerce des grains. Bientôt l'Académie, en couronnant, en 1763, l'Eloge de Sully par Thomas, acheva l'œuvre commencée : la sévère et honnête figure de Sully devint populaire, et depuis elle est demeurée telle. Thomas commençait ainsi son Eloge : Une triste et honteuse expérience atteste à tous les siècles et à tous les pays que le genre humain est injuste envers les grands hommes qu'il a sous ses yeux. Nous ne pardonnons pas à ceux qui nous humilient. Tout ce qui est grand accable notre faiblesse. La postérité plus juste dépouille ce caractère. Un tombeau met un intervalle immense entre l'homme qui juge et celui qui est jugé. C'est là que l'envie se tait, que les persécutions cessent, que les petits intérêts s'évanouissent. Les passions, comme un limon grossier, se déposent insensiblement en roulant à travers les siècles, et la vérité surnage. A mesure que la postérité a imprimé ses pas sur les cendres de Sully, la gloire de ce grand homme a été plus reconnue. On a mieux vu le bien qu'il a fait, lorsqu'on a cessé d'en jouir ; on a plus admiré ses ressources, lorsqu'on a eu les mêmes besoins. Sa réputation, faible d'abord et incertaine, est devenue ce qu'elle devait être, semblable à ces arbres vigoureux qui naissent au milieu des orages, s'élèvent avec lenteur, se fortifient par les secousses et s'affermissent avec le temps. II Sully est un type spécial de ministre : du ministre ami de son roi. Henri IV appelle Sully mon ami, pour la première fois, dans ses lettres, en 1590, à la veille de la bataille d'Ivry. D'abord assez rare, ce titre d'ami lui est donné plus fréquemment à partir des derniers mois de 1593[2], et ce n'est pas un nom banal, ni pour le Roi ni pour le ministre. Quand Sully déchire la fameuse promesse de mariage faite à Mademoiselle d'Entragues, et que le Roi irrité s'écrie : Êtes-vous fou ? et que Sully lui répond froidement qu'il l'est en effet et voudrait l'être davantage, à la condition d'être le seul qui existât dans le royaume, l'amitié se manifeste d'une manière éclatante et bien honorable pour les deux acteurs de cette scène étrange. Sûr de cette amitié dévouée et solide, Henri IV se confiait entièrement à Sully. Les Mémoires sont pleins de ces entretiens familiers entre le Roi et le Grand-Maître, dans les longues allées des jardins de l'Arsenal, ou dans les galeries des magasins d'armes, entre les rangées de canons. Henri IV conte ses peines à son ami, ses chagrins domestiques ; il lui ouvre son cœur. Sully lui donne les meilleurs conseils ; mais le Roi ne les suit guère. Quand Henri IV, chassant ou bâtissant à Chantilly ou à Fontainebleau, ne peut voir son ministre, il lui écrit : Sully a reçu plus de 3.000 lettres du Roi Henri IV donne à cet ami qu'il aime bien les preuves d'une amitié sincère, en récompenses, en honneurs, en témoignages d'affection réelle ; et, peu à peu, l'amitié et les services importants amenèrent Sully à la haute position qu'il eut pendant les dernières années du règne de Henri IV, surtout depuis la guerre de Savoie. Ce fut alors qu'il eut un emploi quasi général en toutes sortes d'affaires, et si grande créance et absolue confiance dans l'esprit du Roi, qu'il semblait n'estimer rien bien dit ni rien bien fait qu'il ne lui en eût communiqué auparavant, voire qu'il n'eût approuvé et qui n'eût passé par son entremise, ne lui celant ni déguisant nulle de ses actions, désirs, desseins, secrets ni pensées, jusques à ses maladies, douleurs, déplaisirs, ennuis et fâcheries... tant il le réputait tout à lui et à son Etat, loyal, fidèle et sans passion pour nul autre qui lui pût préjudicier[3]. III Dans les temps de troubles, lorsque le pays manque d'une direction ferme et intelligente qui marque la voie, l'idée de la patrie disparaît facilement chez nous. Pendant la Ligue, l'Espagne était devenue la patrie d'un grand nombre. C'est en lisant Brantôme qu'on se rend compte combien l'influence de l'Espagne était puissante en France en ce moment. Henri IV avait arraché la France à la Ligue et aux Espagnols, et remis en honneur le nom de Français : Sully, qui avait eu sa part dans les combats, partageait les idées du Roi, et, comme lui, était bon Français. Lorsque la faction huguenote[4] voulut, en 1597, former une sorte de Ligue protestante, Sully écrivit à M. de la Trémoille, l'un des chefs : Recevez, je vous prie, de bonne part, les conseils que je vous donne, puisque j'en suis par vous requis et par une bonne conscience, loyale à sa partie. Sully se plaît à dire : le Roi et la France ; il fait graver à Henrichemont une inscription rappelant les services qu'il a rendus à son Roi et à sa Patrie. Henri IV dit volontiers : Moi et la France. Il écrivait, le 11 octobre 1600 : La France m'est bien obligée, car je travaille bien pour elle. Sully a une notion exacte de l'Etat ; il le veut puissant. Pour lui l'autorité royale n'est qu'un des moyens de rendre l'Etat fort, laquelle force est nécessaire à la Patrie, à la France, afin qu'elle puisse être grande, puissante et glorieuse[5]. Sous l'impulsion de Henri IV et de Sully, et à leur exemple, il se forma un milieu patriotique, bien français ; et s'il disparut en partie à la mort du Roi, pendant la régence de Marie de Médicis et le gouvernement de Concini, il se reforma bientôt sous l'impulsion de Richelieu et de Louis XIII, et brilla alors du plus vif éclat. IV Nous connaissons surtout la figure de Sully d'après le portrait de Porbus, gravé par Moncornet. Porbus l'a peint déjà âgé, chauve, le front sillonné de profondes rides, l'air sévère, dur. Sully n'a pas toujours eu cependant cet air rébarbatif et maussade. Il existe au Musée de Versailles[6] une copie d'un ancien portrait[7] de Sully, qui le représente âgé seulement de 42 ans, ayant une figure plus douce et un air presque aimable. Mais c'est le Sully de Moncornet qui est le type consacré et populaire ; et il faut convenir qu'il est bien d'accord avec ce que disent les contemporains. L'un, parlant à Henri IV de son surintendant des finances, lui dit : Votre grand financier avec son front négatif. Mézeray dit qu'il avait la négative fort rude. Tallemant des Réaux l'appelle un surintendant rébarbatif. Henri IV lui-même, ayant perdu au jeu une somme, énorme il est vrai, osait à peine en parler à Sully. Il était, dit encore Mézeray, impénétrable aux prières et aux importunités. On disait qu'il n'y avait en lui ni accueil ni douceur ; qu'il faisait profession de n'avoir point d'amis, afin que le Roi jugeât par ce fait qu'il avait renoncé à toute autre affection qu'à celle de son service et de son profit[8]. Sully refuse de l'argent à tout le monde ; il en refuse même au Dauphin, qui, mécontent, dit un jour : C'est pas du sien, c'est de celui à papa[9]. Mais c'est à l'aide de cette raideur, de ce refus obstiné à toutes les sollicitations des quémandeurs, que Sully put remettre l'ordre dans les finances, augmenter les revenus de l'Etat, diminuer les tailles et gabelles, et rassembler des millions dans les coffres de la Bastille. A l'occasion, malgré son sérieux habituel, Sully aime à rire. Au siège de Montmélian, en Savoie, Henri IV s'était obstiné, malgré Sully qui dirigeait les opérations du siège, à aller visiter des batteries auxquelles on ne pouvait parvenir qu'en courant les plus sérieux dangers. Henri IV passa sous un feu très vif et fit quelques signes de croix ; sur quoi Sully lui dit : Vraiment, sire, c'est à ce coup que je vous reconnais bon catholique, car c'est de bon cœur que vous faites ces croix. — Allons, allons, répliqua le Roi, car le séjourne vaut rien ici. Une autre fois, Marie de Médicis étant venue à l'Arsenal, Sully fit boire du vin blanc pour de l'eau aux filles italiennes de la Reine, et leur donna une gaieté qui amusa beaucoup Henri IV. Longtemps Sully fut vêtu simplement de drap gris, avec un pourpoint de taffetas, sans découpure ni broderie, au milieu des courtisans qui portaient sur leurs épaules leurs moulins et leurs bois de haute futaie. Sully était vif et colère. Quand il se laissait emporter, il disait mal à propos certaines paroles qu'on allait redire aussitôt au Roi. Il était d'une grande bravoure. Pendant les guerres de
religion, un jour il s'était engagé si avant, que le roi de Navarre dit à M.
de Béthune, cousin de Sully, d'aller le dégager, car,
ajouta-t-il, il est étourdi comme un hanneton.
Plus tard, il devint un général actif, avisé, prudent, instruit, fort habile,
surtout dans la guerre de sièges. On le voit dessiner des cartes et lever les
plans des villes qu'il assiège ; c'est un bon ingénieur et un bon officier
d'artillerie, qui mérite bien d'être le grand-maître de l'arme. Il est aussi
un habile et honnête administrateur militaire. Sully était protestant, mais n'appartenait pas à la faction huguenote, c'est-à-dire au parti calviniste exalté. Il était fort tolérant, et avait encouragé Henri IV à embrasser le catholicisme pour mettre fin à la Ligue et aux mauvais desseins de l'Espagne sur la France : l'amour de la Patrie l'avait décidé à donner ce sage conseil au Roi. Quant à lui, les plus belles propositions de Henri IV, l'épée de connétable, un grand gouvernement, s'il voulait changer de religion, ne purent le décider. La conviction, disait-il, pouvait seule lui faire abandonner le protestantisme ; l'intérêt, non. Le cardinal du Perron et le pape Paul V, qui l'estimaient beaucoup, avaient de l'amitié pour lui et trouvaient qu'il dirigeait les affaires de l'Eglise incroyablement bien[10], le sollicitaient d'abjurer ; mais il résista à leurs prières, comme il avait fait à celles du Roi (1605-1607[11]). Sully parle longuement. Henri IV disait qu'il n'était pas homme à un mot. Il est très instruit, en histoire surtout et en mathématiques[12]. Il est lettré, comme Henri IV ; mais, comme le Roi, il parle un français non mêlé de mots latins ou grecs, à peine francisés, comme le faisaient tant de littérateurs de ce temps. Il était, ainsi que Henri IV, de l'école de Malherbe, qui déclarait que, pour parler français, les crocheteurs du Port-au-Foin étaient ses maîtres. Son langage nous est parfaitement compréhensible. Cette habitude de parler français ne l'empêchait pas d'aimer les lettres latines et de les cultiver. L'occasion en revenait chaque année, quand il fallait composer les devises latines pour les jetons d'or que Sully donnait au Roi et à la Reine au jour de l'an. Il mettait ces devises au concours ; le prix était de 300 livres (1.800 fr.), et souvent il fut gagné par l'avocat Robert Etienne[13]. En 1610, Henri IV fit voir le jeton et sa devise, dont il était fort content, aux cardinaux du Perron et de Joyeuse, et au comte de Soissons, lesquels louèrent fort l'esprit de Sully et son jugement, disant qu'il se rencontrait rarement des personnes de qualité, intelligentes aux affaires, propres à la guerre, et qui s'adonnassent aux lettres[14]. Sully est peu modeste. Ses Mémoires racontent volontiers les éloges que lui adresse fréquemment Henri IV. Il a, pour s'excuser, le très légitime orgueil de faire son devoir quand tant d'autres ne le font pas ou le font mal, et d'être loué par un grand roi, vraiment grand celui-ci, et dont Sully pouvait apprécier toute la valeur. Henri IV trouvait que son ministre se vantait volontiers, et le Dauphin disait que Sully était un glorieux[15]. Comparant Sully à Colbert et Henri IV à Louis XIV, Thomas conclut justement en disant : D'après les talents des deux princes, on jugera que Sully dut quelque chose de sa gloire à Henri IV, et que Louis XIV dut une grande partie de la sienne à Colbert. Mais la dernière touche doit être mise au portrait par
Henri IV lui-même. Un jour de l'année 1609, qu'il s'était promené longtemps
avec ses ministres, il dit, en s'asseyant, à quelques-uns de ses courtisans,
qu'il était las d'avoir marché si longtemps le matin, et qu'il était resté
plus de deux heures avec trois hommes[16], sur de grands
discours, où il les avait trouvés aussi divers en
opinions qu'ils l'étaient en complexions et en desseins. — Un autre que moi, continua-t-il, aurait peine à s'en bien servir ; mais je connais
tellement leurs fantaisies que je tire même profit de leurs contestations et
contrariétés ; car, par le moyen d'icelles, toutes les affaires sont si bien
épluchées et approfondies qu'il m'est facile de choisir la meilleure
résolution. Vous les connaîtrez bien sans que je les nomme, dit-il ; car de l'un[17] aucuns se plaignent, et quelquefois moi-même, qu'il est d'humeur rude, impatiente et contredisante ; l'accusant d'avoir l'esprit entreprenant, qui présume tout de ses opinions et de ses actions, et méprise celles d'autrui, qui veut élever sa fortune et avoir des biens et des honneurs. Or, combien que[18] j'y reconnaisse une partie de ces défauts, et que je sois contraint de lui tenir quelquefois la main haute, quand je suis en mauvaise humeur, qu'il me fâche, ou qu'il s'échappe en ses fantaisies[19], néanmoins je ne laisse pas de l'aimer, d'en endurer, de l'estimer, et de m'en bien et utilement servir, pour ce que d'ailleurs je reconnais que véritablement il aime ma personne, qu'il a intérêt que je vive, et désire avec passion la gloire, l'honneur et la grandeur de moi et de mon royaume ; aussi qu'il n'a rien de malin[20] dans le cœur, a l'esprit fort industrieux et fertile en expédients, est grand ménager de mon bien ; homme fort laborieux et diligent, qui essaye de ne rien ignorer et de se rendre capable de toutes sortes d'affaires, de paix et de guerres ; qui écrit et parle assez bien, d'un style qui me plaît, pour ce qu'il sent son soldat et son homme d'Etat. Bref, il faut que je vous confesse que, nonobstant toutes ses bizarreries et promptitudes, je ne trouve personne qui me console si puissamment que lui, en tous mes chagrins, ennuis et fâcheries[21]. Henri IV pouvait mieux que personne faire le portrait de son ministre ; c'est lui qui l'avait formé. Les secrétaires de Sully, rédacteurs de ses Mémoires, lui disent[22] : Nous vous ramentevons (rappelons) ce que nous vous avons souvent ouï (entendu) reconnaître et confesser ingénument : à savoir, que ce que l'on remarquait de plus exquis en la vivacité de votre esprit, assiduité au travail, vigilance, diligence (activité), industrie et dextérité en toutes vos opérations, procédait de la bonne nourriture que dès votre première jeunesse vous aviez prise avec lui (le Roi), et qu'en la plupart de vos grandes recherches, instructions et inventions, il y avait plus du sien que du vôtre, y en ayant peu sur lesquelles vous n'eussiez reçu des ordres, règlements, ordonnances et commandements, voire (même) quelquefois des mémoires bien amples et bien instructifs. Et partant (en conséquence), comme nous avons rendu grâces à Dieu pour ses grandes libéralités envers le Roi, aussi devons-nous tous rendre grâces au Roi de vous avoir choisi, et, par son soin, affection, bons préceptes et enseignements, vous avoir rendu capable de bien et loyalement effectuer ses bonnes intentions et sages commandements. Et afin que cette grande et cordiale amitié qu'il vous portait ne soit trouvée étrange, et ne semble incroyable, combien que (malgré que), par une infinité de lettres à vous écrites de sa propre main, nous en puissions donner de suffisants témoignages, nous nous contenterons seulement, tant pour faire voir la sincérité d'icelle (l'amitié), que le style dont il vous écrivait, d'en insérer trois principales que vous trouverez à la fin du chapitre suivant. V Les premières charges dont Sully fut pourvu furent celles de conseiller de Navarre et de chambellan du roi de Navarre. Successivement il fut nommé : capitaine d'une compagnie de 50 hommes d'armes[23], conseiller d'Etat, conseiller au Parlement, membre du conseil des finances, grand-voyer de France et voyer particulier de Paris, et capitaine héréditaire des canaux et navigation des rivières (1597), surintendant, ou, comme l'on disait alors, superintendant des finances (1597), grand-maître de l'artillerie de France (1599), gouverneur ou capitaine de la Bastille (1602), surintendant des fortifications et bâtiments du Roi (1602), gouverneur du Poitou, de Mantes et de Jargeau, capitaine de la compagnie des gens d'armes de la Reine, forte de 200 hommes d'armes (1606), grand-maître des ports et havres de France (1606). Il fut à plusieurs reprises chargé d'ambassades auprès de Henri III, Elisabeth, Jacques Ier, Villars-Brancas, et divers chefs huguenots. En 1634, Louis XIII le nomma maréchal de France, quand il cessa d'être grand-maître de l'artillerie. Tant de fonctions civiles et militaires exigeaient un prodigieux travail, auquel il faut encore ajouter les audiences publiques que, par ordre du Roi, il accordait plusieurs fois par semaine à tous ceux qui se présentaient pour lui parler d'affaires ou lui adresser leurs réclamations[24]. Souvent Sully était dans son cabinet dès trois heures du matin. Heureusement on n'avait pas encore imaginé de noyer les ministres dans une paperasserie inintelligente et inutile ; sans quoi aucun de nos grands ministres n'aurait pu suffire à sa tâche administrative et à son travail sérieux. La manière dont la vie de Sully était réglée est ainsi décrite dans les Mémoires[25] : La principale charge de Sully était celle de confident du Roi, qui lui confiait tous ses secrets et ses pensées les plus intimes ; pour ce service, il n'y avait pas de jours, ni d'heures réglées : il se faisait aussi bien la nuit que le jour ; il était exécuté aussi promptement que possible, toutes autres affaires étant remises. Il se tenait le mardi, le jeudi et le samedi, deux fois le jour, conseils d'Etat et des finances, auxquels Sully ne manquait jamais de se trouver. Il y portait toutes les lettres et dépêches qui méritaient d'être examinées et promptement expédiées, et le plus souvent il apportait les arrêts tout dressés par lui ou les réponses qu'il y faisait. Aussi était-il toujours dès les quatre heures du matin, été et hiver, à travailler dans son cabinet, afin, disait-il, de nettoyer tous les jours le tapis. A six heures et demie, il était tout habillé ; à sept, il s'en allait au conseil, auquel, selon l'importance des affaires, il demeurait jusqu'à dix ou onze heures. Le Roi l'envoyait quelquefois chercher dès neuf ou dix heures, et se promenait avec lui, tantôt seul, tantôt avec MM. de Villeroy et de Sillery ; et discourant de ses affaires principales, leur faisait entendre ses résolutions, et donnait à chacun, selon ses charges et fonctions, ses ordres pour ce qu'il avait à exécuter en icelles. En sortant de là, il allait dîner, sa table étant de dix serviettes seulement, où étaient toujours sa femme, ses enfants et sa suite, très frugalement servie. Aussi n'y conviait-t-il guère de gens de grande qualité, surtout de ces friands et buveurs d'autant, pour lesquels il n'augmentait jamais rien à ses services, disant, lorsqu'on l'engageait à y ajouter quelque chose : S'ils sont sages, il y en a suffisamment pour eux ; s'ils sont fous, je les traite ainsi, afin qu'ils ne reviennent pas. Après dîner il entrait en sa grande salle[26], qu'il trouvait toute pleine de monde, afin de donner audience[27] à chacun ; et toujours il commençait par les ecclésiastiques, tant de l'une que de l'autre religion, et ensuite par les gens de village et autres simples personnes qui appréhendaient de l'approcher, et il ne partait jamais de là qu'il n'eût fait réponse à tous. Quant aux jours du lundi, mercredi et vendredi, il en affectait les matinées pour travailler aux affaires qui dépendaient de ses charges de Grand-Maître de l'artillerie, gouverneur de Poitou, de la Bastille et de Mantes, Grand-Voyer de France et surintendant des fortifications et bâtiments ; aux résolutions importantes desquelles deux dernières charges le Roi ne manquait pas de se trouver, et d'y appeler les gouverneurs des places et les officiers ordinaires, en la présence desquels ayant tout arrêté, il lui disait toujours : Or bien, voilà mes fortifications et bâtiments résolus ; et vous, que faites-vous en vos maisons ? A quoi lui répondant qu'il n'y faisait rien, faute d'argent, le Roi disait : Or sus, voyons vos plans et ce que vous y voudriez faire, si vous aviez de l'argent, et les ayant considérés, il lui donnait ordinairement 20.000 livres (120.000 fr.), à condition de les employer où il avait dit. Les après-dînées de ces trois jours-là, il les employait, si le Roi ne l'envoyait pas chercher, ou ne lui commandait rien d'extraordinaire, à donner des audiences, ou à ses affaires particulières, ou à passer son temps à voir faire les exercices à ses enfants, gendre, parents et amis particuliers, afin de se délasser l'esprit ; car l'Arsenal n'était jamais sans fanfares, réjouissances, bonnes compagnies et vertueux passe-temps. Le soir, dès l'heure qu'il avait soupé, il commandait de fermer les portes et défendait de laisser entrer personne pour affaires, si l'on ne venait expressément de la part du Roi ; mais de recevoir seulement ceux qui ne voulaient parler que de rire, jouer, se réjouir et lui faire passer le temps jusque sur les dix heures du soir, qui était celle où il se couchait toujours. VI Sully publia ses Mémoires pour défendre Henri IV contre les histoires d'Agrippa d'Aubigné et de Scipion Dupleix, qui attaquaient le Roi, et pour faire connaître le rôle qu'il avait joué dans ses armées et dans son gouvernement. Ces Mémoires, appelés Œconomies royales, nous donnent une précieuse histoire de Henri IV ; mais les longueurs, qui y sont fréquentes, et la forme bizarre de leur rédaction en rendent la lecture fatigante[28]. Ce n'est pas Sully qui parle ; ce sont ses secrétaires qui sont censés lui raconter et ramentevoir (rappeler) son histoire, qu'il sait mieux qu'eux, disent-ils, qu'il leur a racontée lui-même, lui disent-ils encore. Ainsi : Nous rappelons à Votre Grandeur que Monsieur votre père avait quatre fils... Et tout le temps la rédaction marche de ce pas, et Sully a l'air d'écouter. Les secrétaires sont censés connaître l'histoire de Monseigneur par les récits qu'il leur a faits autrefois, par les lettres qu'il leur a données à lire, par les mémoires et journaux qu'il a rédigés lui-même et qu'il leur a communiqués, et par ce qu'ils ont vu ou entendu eux-mêmes. Car, dans ce jeu puéril et fatigant des secrétaires et du maître, les secrétaires sont censés avoir assisté, quelquefois en secret, à bon nombre de scènes où il est impossible d'admettre qu'ils aient pu être présents : par exemple à la conversation très secrète entre Henri IV et Sully, dans une galerie, à l'entrée de laquelle deux Suisses ne parlant pas français avaient été placés, afin que personne ne pût entendre ce que disaient les deux personnages[29]. Il est certain que la mise en œuvre des Œconomies est due aux secrétaires ; qu'ils ont çà et là rédigé, d'après des documents authentiques, certains chapitres facilement reconnaissables à leur lourdeur, à leur style empâté, à la longueur des phrases, à la fréquence des incises. Nous croyons qu'en général on peut dire que tout ce qui est bon, alerte, ferme, est de Sully, et que les pages excellentes des Œconomies viennent des notes, des mémoires et journaux écrits de sa main, et dont l'existence est certaine[30] ; et que pour ces pages le rôle des secrétaires s'est borné à mettre le récit à la seconde personne. Dans les nombreuses citations que nous avons faites des Mémoires, tout en conservant scrupuleusement le texte, nous avons changé la forme : c'est Sully qui parle au lecteur, qui lui raconte sa vie, ou l'histoire du Roi. Il eût été impossible de faire lire à côté des lettres de Henri IV, si pleines de vivacité et d'esprit, un texte qui n'est lourd et fatigant que par la bizarrerie de la forme adoptée pour sa rédaction, et qu'il était si facile de rendre agréable ou au moins facile à lire. Quand Sully commença à rédiger ses Mémoires, il retrouva dans les petites ormoires de son cabinet vert du château de Sully[31] toutes sortes de documents qu'il avait rassemblés et classés dans le but de composer un jour son autobiographie : lettres de Sully au Roi, — lettres de Henri IV et de divers personnages adressées à Sully, — discours prononcés par Sully, — discours du Roi à Sully (1607) écrit de la main de Sully[32], — liasses de papiers administratifs, — notes sur divers sujets écrites de la main de Sully[33], — un journal de sa vie depuis sa jeunesse rédigé par Sully, mais avec des lacunes, — divers recueils de l'histoire de sa vie, rédigés aussi par lui, — mémoires sur les grandes affaires, — notes écrites parles secrétaires d'après les conversations avec leur maître, — le tout en grandes quantités, et en liasses cotées et datées[34]. Telles sont les sources que les secrétaires rédacteurs des Mémoires eurent à leur disposition. Les Œconomies s'arrêtent à l'année 1630[35]. Sully dut prendre de grandes précautions pour ne pas mécontenter ceux qui gouvernaient depuis 1610[36]. Les secrétaires disent même[37] : Un des principaux du conseil nous dit que l'on savoit bien que nous travaillions à ces Mémoires, et que nous devions nous garder d'y offenser personne. Aussi par prudence personnelle, autant que par une sage discrétion, Sully cache-t-il quelquefois[38] certains détails relatifs à Marie de Médicis et aux affaires personnelles du Roi. M. Poirson, dans son excellente histoire du règne de Henri IV[39] a établi d'une manière irrécusable la véracité des Mémoires de Sully contre les accusations d'un certain Marbault, dont il faut cependant dire un mot, bien qu'il mérite peu de créance. Ce personnage avait été le secrétaire de Duplessis-Mornay, huguenot exalté et mal disposé pour Sully, qui, dans ses Mémoires, le lui rend bien. Marbault rédigea des Remarques sur les Œconomies royales, dont Tallemant des Réaux connut le manuscrit, à l'aide duquel il rédigea l'Historiette de Sully. Les Remarques de Marbault[40] constituent un pamphlet haineux ou un roman plein de fables, d'inepties, de mensonges, de contradictions et d'impostures. Toutes les actions de Sully sont niées, conspuées, travesties. Pour Marbault, Sully est un voleur, un peureux, un fol vil et vaniteux, un débauché. Parfois Marbault relève quelques erreurs véritables ; il signale aussi certaines altérations dans les documents reproduits par les secrétaires ; il indique même quelques lettres absolument inventées. Ses Remarques peuvent servir à une étude critique des Œconomies royales ; mais Marbault a trouvé depuis quelque temps en Allemagne et en France assez de défenseurs pour que je n'en grossisse pas le nombre, et j'en reviens aux Mémoires de Sully. Sainte-Beuve trouve que, littérairement, ils sont bons. En effet, souvent le style en est clair, plus facile à comprendre aujourd'hui que celui de la plupart des écrivains de cette époque. Quelques-unes de ces pages sont excellentes, notamment celles dans lesquelles il décrit la chambre du Roi, pendant la nuit où arriva la nouvelle de la surprise d'Amiens par les Espagnols. Ce tableau si vivant fait songer à certaines descriptions écrites, peintes plutôt, par Saint-Simon. Citons encore les pages relatives au siège de Charbonnières, plusieurs conversations avec Henri IV, et quelques portraits spirituellement dessinés. Tout cela vient sans nul doute des notes et des journaux rédigés par Sully. Le manuscrit des Œconomies royales est à la Bibliothèque nationale[41]. Sully fit imprimer en secret dans son château de Sully les deux premiers volumes de ses Mémoires[42] qui vont jusqu'en 1605. Ils ne portent point de date ; mais M. Loiseleur, le savant bibliothécaire de la ville d'Orléans, a trouvé sur le premier volume de l'exemplaire que possède cette ville la mention suivante : Imprimé à Sully, suivant le contrat passé par-devant moi, Pichery, notaire, le 7 d'août 1638. Pichery était l'un des notaires de Sully, qui avait fait le contrat pour l'impression des Mémoires avec un imprimeur d'Angers. Sully donna le second volume à Pichery le dernier avril 1642[43]. Tirés à petit nombre, ces deux volumes ne furent distribués qu'aux amis du duc. — Le titre est long et bizarre[44].
Au-dessous de ce titre gigantesque vient une grande vignette carrée, à trois des côtés de laquelle on trouve ces mots : NUSQUAM MARCESCIT VIRTUS[45]. L'intérieur de la vignette renferme une couronne d'amarante, peinte en vert, et dont les fleurs sont en rouge ; c'est le symbole de la vertu qui ne se flétrit jamais. Au-dessous de la couronne, sont trois grands V, peints en vert[46], avec ces mots : Foi, Espérance, Charité. Enfin, au-dessous de la vignette :
Une explication et des commentaires ne sont pas inutiles pour comprendre les noms de ces libraires de fantaisie. Alethinosgraphe, signifie écrivain vrai, véridique. — Sainte-Beuve traduit Cléarétimélée par (de la ville de) Gloire et vertu-soin ; mais un helléniste me dit qu'il ne trouve aucune racine grecque dans ce mot. — Graphexechon veut dire écrivain supérieur, émérite, — Pistariste (de la ville) très digne de foi ou de haute probité. Ces deux volumes furent réimprimés en 1649, après la mort de Sully, et tirés cette fois à grand nombre[47]. Les deux derniers tomes ne parurent qu'en 1662, publiés par LE LABOUREUR. Les Mémoires de Sully ont été fort attaqués dans ces derniers temps. Sans parler des travaux faits dans la haineuse Allemagne, on a essayé, en France même, de jeter à bas de son piédestal le ministre de Henri IV, et de donner à Marbault une importance par trop grande. Que les Œconomies royales et les documents qu'elles renferment, que les faits racontés par Sully ou par ses secrétaires soient à l'abri de toute discussion : évidemment non. Mais quels sont les Mémoires absolument parfaits ? Ceux de Saint-Simon sont remplis d'erreurs : en sont-ils moins une des grandes sources de l'histoire de Louis XIV ? M. Jung[48] et M. Loiseleur[49] ont étudié de près et contrôlé certaines parties des Mémoires avec un esprit critique et savant, et ils y ont trouvé çà et là quelques erreurs, quelques lettres altérées, une ou deux certainement fausses. M. Loiseleur a établi que Sully est absolument inexact dans les pages qu'il a écrites sur le démariage de Henri IV et de sa première femme, Marguerite de Valois, — sur le mariage projeté de Henri IV avec Gabrielle d'Estrées, — sur la mort de Gabrielle. Il prouve que Sully a inventé une lettre de Marguerite de Valois et qu'il a aussi inventé une lettre de la Varenne, ou tout au moins qu'il a altéré et amplifié un billet de ce personnage. M. Jung a écrit d'excellentes pages sur les lettres de Henri IV adressées à Sully et imprimées dans les Œconomies royales. Il fait remarquer qu'on y trouve des erreurs de dates et des transcriptions inexactes dues à la négligence de l'imprimeur et des secrétaires ; — qu'elles renferment un assez grand nombre d'erreurs de détail : mots retranchés ou ajoutés, tournures changées, phrases entières ajoutées. La lettre du 15 avril 1596, que Sully avait brûlée, a été refaite de mémoire longtemps après. J'y ai trouvé un fait[50] qui prouve que, la fin exceptée, cette lettre, dans son état actuel, n'a pas été écrite par Henri IV. Elle n'en reste pas moins un document utile. M. Jung signale aussi une lettre du 17 mai 1603 qui a été très altérée. Cette fois, c'est la vanité qui fait agir Sully. Le Roi en danger de mort l'appelle auprès de lui pour régler tout ce qui regarde le changement de règne. L'original est fort différent[51]. La lettre du 25 mars 1604 est aussi très altérée et faussée ; ici c'est la haine contre Villeroy qui est le mobile de Sully. Un commis de Villeroy, ministre des affaires étrangères, a trahi son maître et vendu aux Espagnols la clef de son chiffre de correspondance. D'après la lettre, Villeroy aurait pris part à cette trahison, et cependant Henri IV lui a pardonné. Il est certain que le Roi n'eût pas pardonné ni maintenu au pouvoir un homme coupable d'un pareil crime. Ce n'est pas ici le lieu de faire un examen critique et complet des Œconomies royales ; il nous suffit d'indiquer qu'en certains cas il faut les lire avec précaution. Sully dit volontiers du mal de tous ceux qui l'entourent ; il exagère quelquefois son rôle et son action, et il est évident qu'il ne faut pas croire aveuglément à tout ce qu'il dit dans ses Mémoires ; mais c'est une règle générale qui s'applique à lui comme à tous les auteurs d'autobiographies et de Mémoires[52]. Il est certain que la vanité, que les rancunes, que des souvenirs inexacts ou incomplets, que les erreurs des secrétaires ou leur désir de flatter leur maître, peuvent donner à la relation, çà et là, un caractère plus ou moins inexact ; il est certain que quelques altérations dans les lettres, et, ce qui est plus grave, quelques inventions de documents, en très petit nombre heureusement, ont eu lieu. Il faut signaler tous ces faits ; mais, en général, les Mémoires de Sully comparés avec d'autres documents contemporains, et bien authentiques, sont absolument d'accord avec eux. Michelet, Henri Martin, Poirson, M. Lavisse[53], regardent les Œconomies royales comme un grand monument historique, et il n'y a pas lieu de modifier leur jugement. |
[1] En 1747. L'abbé de l'Ecluse des Loges était fort savant, et les notes qu'il a mises à son édition des Mémoires de Sully sont très bonnes.
[2] On a contesté ce titre d'ami donné à Sully par Henri IV, et on a prétendu que le Roi employait la formule ordinaire Mon Cousin en écrivant à son ministre. Des lettres de Henri IV, autographes, authentiques, portent cependant Mon ami. Sully a quelquefois changé, par vanité sans doute, le Mon cousin en Mon ami ; mais le Roi l'appelle certainement Mon ami.
[3] SULLY, Mémoires (Edition Petitot), IV, 68.
[4] L'expression est de Sully, qui désigne ainsi le parti huguenot exalté.
[5] Trois grands personnages dirent un jour à Sully (1605) qu'on l'accusait d'imprudence d'amasser au Roi tant d'or, d'argent, d'armes, canons et toutes autres sortes de munitions, qu'enfin il se rendrait du tout (entièrement) absolu en sa domination, ce que les sujets devaient toujours appréhender en leur prince. Sur quoi ils ne s'en allèrent pas sans réplique ; mais il leur répondit très bien qu'à la vérité cela était considérable en la personne d'un souverain prince qui serait malin (méchant), mais, ignorant et pusillanime, duquel les désirs et les volontés ne sauraient être trop retenues, restreintes et limitées, comme au contraire en un grand roi, sage, débonnaire, judicieux et courageux, tel qu'en vérité se pouvait dire le leur, ses puissances ne sauraient être trop étendues, ni son autorité trop absolue. (Mémoires, VI, 349.)
[6] N° 4127.
[7] Qui se trouvait dans la collection du château d'Eu. Ce portrait a été peint en 1602.
[8] Mercure françois, 1611, t. II, p. 31.
[9] Journal d'Héroard, I, 228.
[10] Expression du cardinal du Perron (Mémoires de Sully, VI, 47. Année 1605).
[11] Mémoires de Sully, VI, 46, 297. VII, 276. — En 1608, les huguenots craignaient cependant que Sully ne se fît catholique (VII, 362).
[12] Sully avait composé trois ouvrages militaires : Traité de la guerre, le Maréchal de camp, les Instructions de milice et police. Tous les trois se sont perdus.
[13] MARBAULT, collection Michaud et Poujoulat, p. 55.
[14] Henri IV avait donné le sujet à graver sur le jeton : on devait représenter un globe terrestre se soutenant en l'air par sa propre gravité, sans s'ébranler au milieu des vents et des vagues, comme faisait S. M. entre tant de traverses et d'affaires diverses, par sa seule vertu, y ayant ces mots écrits sur le corps de la devise : suo se pondere fulcit. — SULLY, Mémoires, VIII, 324. Année 1610.
[15] Un orgueilleux. — HÉROARD, I, 427 (mars 1610).
[16] Sully, Sillery, Villeroy.
[17] Sully.
[18] Malgré que, bien que.
[19] Pensées, idées, mais pas dans le sens moderne de caprices.
[20] Méchant.
[21] SULLY, Mémoires, VIII, 69-70.
[22] SULLY, Mémoires, III, page 261.
[23] Sa compagnie fut portée à 100 hommes d'armes après 1589.
[24] SULLY, Mémoires, IX, 214.
[25] Tome VI, page 39. — Année 1605.
[26] A l'Arsenal.
[27] Au tome IX, page 213, les Mémoires donnent de nouveaux détails sur ces audiences quotidiennes imposées aux ministres par la volonté du Roi.
[28] C'est pour faire disparaître cette forme bizarre et ces longueurs que l'abbé de l'Ecluse publia une édition des Œconomies, sur laquelle LÉVÊQUE DE LA RAVALIÈRE a publié un intéressant mémoire, en 1754, dans le recueil des Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. XXI, p. 511.
[29] SULLY, Mémoires, IV, 130. — Voir sur la rédaction des Mémoires : PERRENS, Mémoire critique sur l'auteur et la composition des Œconomies royales, dans les comptes-rendus de l'Acad. des Sc. mor. et polit., 1871, 1er semestre, 5e série, t. XXV, p. 118 et 545.
[30] Les secrétaires disent qu'ils se servent pour écrire l'histoire de 1598 des grands mémoires de la vie de Sully en forme de journal (tome III, p. 262) ; et plusieurs fois ils mentionnent des journaux et mémoires rédigés par Sully lui-même. Ils disent par exemple (1605, t. VI, p. 432) qu'ils ont employé au second tome de l'édition originale tout ce qu'ils avaient trouvé de mieux mis au net parmi les papiers et mémoires de Sully, mais surtout fait des extraits du journal que leur maître avait été curieux de ramasser de tout ce qui était venu à sa connaissance des dits, faits, actions et fortunes de leur grand Roi, et de ce qui se trouvait entremêlé des actions de Sully parmi celles de Henri IV.
[31] Mémoires, VII, 87.
[32] Mémoires, VII, 351.
[33] Mémoires, VIII, 25.
[34] Mémoires, VII, 162.
[35] Mémoires, IX, 151-152.
[36] Mémoires, VIII, 421, 472.
[37] Mémoires, VII, 162. — Sans donner la date.
[38] Mémoires, IV, 130 ; VII, 162.
[39] Tome IV, page 309.
[40] Les Remarques de Marbault ont été publiées à la suite des Œconomies royales dans la collection des Mémoires de Michaud et Poujoulat.
[41] PERRENS, loc, cit., p. 550.
[42] In-folio.
[43] LOISELEUR, Ravaillac et ses Complices, etc., 1 vol in-12, Paris, Didier, 1873.
[44] Voir pour l'explication de ce titre le tome III des Mémoires, p. 259, de l'édition Petitot. La pensée de Sully est de bien marquer son rôle secondaire comme ministre, et de laisser au Roi tout l'honneur de ce qui a été fait pendant son règne.
[45] La vertu ne se flétrit nulle part.
[46] D'où le nom de cette édition appelée l'édition aux V verts.
[47] GUI PATIN, lettre du 10 janvier 1650.
[48] Henri IV écrivain, 1855, in-8°, p. 48-56.
[49] Problèmes historiques, 1867, in-12. — Ravaillac et ses Complices, etc., 1873, in-12.
[50] Voir plus loin au chapitre IV, après le siège de la Fère.
[51] JUNG, page 52.
[52] M. Desclozeaux, dans la Revue historique (12e année, t. XXXIII, mars-avril 1887, p. 294), dit, mais sans citer les sources sur lesquelles il s'appuie, que l'ambassade de Sully à Londres, auprès de Jacques Ier, en 1603, est fausse, et qu'il n'a jamais fait ce second voyage en Angleterre. Il se contente de dire que ce mensonge de Sully a été démontré aux examens de l'agrégation d'histoire, il y a quelques années. Jusqu'à nouvel ordre nous admettrons que Sully a dit vrai, d'autant que Marbault (p. 64 de ses Remarques) constate par ses critiques acerbes la réalité de l'ambassade de 1603. Il accuse Sully de lâcheté pour avoir fait abaisser le pavillon de M. de Vic. Il l'accuse de diverses erreurs, et surtout d'avoir amplifié ou même fabriqué la longue lettre qu'il adresse à Henri IV. Duplessis-Mornay admettait donc la réalité de l'ambassade de 1603, et si cette ambassade n'avait été qu'un long mensonge, Marbault n'aurait pas manqué, et cette fois avec raison, de le reprocher à Sully.
[53] Sully et ses Mémoires (Revue des cours littéraires, 6e année, 1868-1869, page 403).