HISTOIRE GÉNÉRALE DE LA GUERRE DE 1870-1871

TOME SECOND

 

APPENDICES.

 

 

APPENDICE N° 1. — LISTE CHRONOLOGIQUE DES BATAILLES ET COMBATS PRINCIPAUX LIVRÉS PENDANT LA GUERRE DE 1870-1871.

 

1870

2 août. Affaire de Sarrebourg ou de Saint-Jean[1].

4 août. Combat de Wissembourg.

6 août. Bataille de Reichshofen, de Frœschwiller ou de Wœrth.

6 août. Bataille de Forbach ou de Spickeren.

9 août. Occupation du fort de la Petite-Pierre.

10 août. Occupation de Litchtenberg.

14 août. Bataille de Borny ou de Pange.

15 août. Capitulation de Marsal.

16 août. Bataille de Rezonville ou de Gravelotte, de Vionville ou de Mars-la-Tour. — Combat de Toul. — Combat de Rugen entre l'escadre française et quelques canonnières prussiennes.

18 août. Bataille de Saint-Privat, d'Amanvillers ou de Gravelotte.

24 août. Tentative des Prussiens sur Verdun.

25 août. Reddition de Vitry-le-François.

26 août. Affaires de Rupigny et de Malroy (Metz).

27 aout et 28 août. Combats de Buzancy (armée de Sedan).

29 août. Combat de Bois-les-Dames ou de Nouart (idem).

30 août. Combat de Beaumont-Mouzon (idem).

31 août. Combat de Bazeilles (idem).

31 août et 1er septembre. Bataille de Noisseville ou de Servigny (Metz).

1er septembre. Bataille de Sedan.

2 septembre. Capitulation de Sedan.

9 septembre. Capitulation de Laon.

17 septembre. Engagement de Créteil (Paris).

19 septembre. Combat de Châtillon (idem).

23 septembre. Combat de Villejuif (idem). — Capitulation de Toul.

27 septembre. Combat de Peltre (Metz).

30 septembre. Combat de Chevilly-l'Hay-Thiais (Paris).

2 octobre. Combat de Ladonchamp ou Saint-Remy (Metz).

4 octobre. Combat de Champenay (Est). — Combat d'Épernon (Paris).

5 octobre. Combats de Raon-l'Étape et de Saint-Dié (Est). — Combat de Pacy-sur-Eure (Paris). — Combat de Toury (Loire).

6 octobre. Combat de la Burgonce ou de Nompatelize (Est).

7 octobre. Combat des Tapes ou de Saint-Remy, ou de Woippy (Metz).

8 et 9 octobre. Affaire et incendie d'Ablis.

10 octobre. Combat d'Artenay (Loire). — Combat de Chérisy (Normandie).

11 octobre. Combat de Chevilly (Loire).

12 octobre. Combat d'Épinal (Est).

13 octobre. Combat de Bagneux. (Paris). — Bombardement et occupation d'Orléans.

16 octobre. Capitulation de Soissons.

17 octobre. Combat de Montdidier (Nord).

18 octobre. Combat et incendie de Châteaudun (Loire).

21 octobre. Combat de Rueil et de la Malmaison (Paris).

22 et 23 octobre. Combats d'Étuz et de Cussey (Est).

24 octobre. Capitulation de Schelestadt.

28 octobre. Capitulation de Metz. — Combat du Bourget (Paris). — Combat de Formerie (Nord).

30 octobre. Reprise du Bourget par les Prussiens. — Combat de Saint-Apollinaire (Est).

31 octobre. Occupation de Dijon par les Prussiens.

2 novembre. Combat de Roppe (Béfort).

3 novembre. Combat de Courville (Loire). — Combats d'Illiers-au-Bois et de Bonnières (Nord).

7 novembre. Combat de Saint-Laurent-des-Bois (Loire). — Capitulation du fort Mortier.

8 novembre. Capitulation de Verdun.

9 novembre. Bataille de Coulmiers (Loire).

10 novembre. Capitulation de Neuf-Brisach.

13 novembre. Capitulation de Montmédy.

17 novembre. Combat de Dreux (Loire).

18 novembre. Combat de Châteauneuf (idem).

19 novembre. Combat de Châtillon-sur-Seine (Est).

21 novembre. Combat de Bretoncelles (Loire). 24 novembre.

Combat de Ladon (idem).

24 novembre. Capitulation de Thionville. — Combat de Mézières (Nord).

26-27 novembre. Combat de Pasques (Est).

27 novembre. Capitulation de la Fère. — Bataille d'Amiens ou de Villers-Bretonneux (Nord).

28 novembre. Bataille de Beaune-la-Rolande (Loire). — Combats de Juranville et des Cotelles (idem).

29 novembre. Combats de l'Hay, de la Gare-aux-Bœufs et de la Malmaison (Paris). — Combat de Varize (Loire). — Combat d'Étrépagny (Nord).

29 et 30 novembre. Première affaire de Nuits (Est).

30 novembre. Bataille de Villiers (Paris). — Combat de Montmesly (idem). — Combat d'Épinay (idem). — Capitulation de la citadelle d'Amiens (Nord). — Combat de Maizières (Loire, 18° corps).

1er décembre. Combat de Villepion ou de Terminiers (Loire). — Combat d'Autun (Est).

2 décembre. Bataille de Chancipigny (Paris). — Batailles de Loigny et de Poupry (Loire).

3 décembre. Bataille de Chevilly (idem). — Combats de Chilleurs-aux-Bois et de la Neuville (idem). — Combat de Châteauneuf (Est).

4 décembre. Combats de Cercottes et de Gidy reprise d'Orléans par les Prussiens (Loire). — Combat de Patay (idem). — Combat de Buchy (Nord).

5 décembre. Occupation de Rouen.

6 décembre. Combat de Salbris (Loire).

7 décembre. Combat de Nevoy (idem).

7-11 décembre. Bataille de Villorceau ou de Josnes, ou de Beaugency (Loire).

9 décembre. Combats de Chambord et de Montlivault (idem).

9-10 décembre. Surprise et capitulation du château de Ham, occupé par les Prussiens (Nord).

12 décembre. Reddition de Phalsbourg.

13 décembre. Capitulation de Montmédy. — Occupation de Blois par les Prussiens. — Combats de Beaumont et de Serquigny (Nord).

14 décembre. Combat de Morée et de Fréteval (Loire).

15 décembre. Bataille de Vendôme (idem).

16 décembre. Second combat de Morée (idem). — Combat de Longeau (Est).

17 décembre. Combat de Droué (Loire).

18 décembre. Bataille de Nuits (Est).

19 décembre. Occupation de Tours.

20 décembre. Combat de Pérouse (Béfort). — Combat de Querrieux (Nord).

21 décembre. Combats du Bourget, de Drancy, de Buzenval et de la Ville-Évrard (Paris).

23 décembre. Bataille de Pont-Noyelles ou de l'Hallue (Nord).

27 décembre. Combats de Saint-Quentin et de Montoire (Loire).

30 décembre. Combats de la Bouille et de Moulineaux (Nord).

31 décembre. Combat de Courtalin (Loire). — Combats de Bel-Air, de Courtiras et de Danzé (idem). — Combat de Varennes (idem).

1871

2 janvier. Combats d'Achiet-le- Grand et de Béhagnies-Sapignies (Nord). — Combat de Lancé (Loire). — Capitulation de Mézières.

3 janvier. Bataille de Bapaume (Nord).

4 janvier. Combats de Bourgachard, de Bourgtheroulde et de Château-Robert (idem).

5 janvier. Capitulation de Rocroi.

5 et 6 janvier. Combat de la Fourche (Loire).

6 janvier. Combat de Villethion (Loire). — Combat de Nogent-le-Rotrou (idem).

7 janvier. Combat de Danjoutin (Béfort). — Combat de Villechauve (Loire). — Combats de Mazangé et des Roches (idem). — Combat du Theil (idem).

8 janvier. Combat de Vancé (idem). — Combat de Ruillé (idem).

9 janvier. Combat de Chahaignes (idem). — Combat de Brives (idem). — Combat d'Ardenay (idem). — Combat de Thorigné (idem). — Combat de Conneré (idem). — Combat de la Belle-Inutile (idem). — Capitulation de Péronne (Nord). — Bataille de Villersexel (Est). — Combat de Marat (idem).

10 janvier. Combats de Parigne-l'Évêque, de Changé, de Saint-Hubert et de Champagne (Loire).

11 janvier. Bataille du Mans (idem).

12 janvier. Combat de Clamart et de Châtillon (Paris).

13 janvier. Combats de Saulnot-Chavanne-Arcey (Est).

14 janvier. Combats de Longue et de Chassillé (Loire).

15 janvier. Combat d'Alençon (Loire). — Combat de Sillé-le-Guillaume (idem). — Combat de Saint-Jean-sur-Erve (idem).

15-16-17 janvier. Bataille d'Héricourt ou de Montbéliard (Est).

16 janvier. Combat du Bourget (Paris).

18 janvier. Combat de Vermand (Nord).

19 janvier. Bataille de Saint-Quentin (idem). — Bataille de Buzenval (Paris).

20 janvier. Combat de Pérouse (Béfort).

21 janvier. Combat d'Étuz (Est). — Occupation de Dôle par les Prussiens (idem). — Combat de Bernay (Normandie).

21-22-23 janvier. Combats de Talant, de Fontaine-lez-Dijon, de Plombières et de Messigny (Est).

23 janvier. Bombardement de Landrecies (Nord). — Les Prussiens essayent de surprendre la ville et sont repoussés. — Combat de Dannemarie (Est).

25 janvier. Combat de Pont-les-Moulins (idem). — Capitulation de Longwy.

26 janvier. Combat des Perches (Béfort).

28 janvier[2]. Combat de Blois (Loire). — Capitulation de Paris.

29 janvier. Combats de Sombacourt, de Chaffois et des Planches (Est).

30 janvier. Combat de Bulle (idem).

31 janvier. Combats de Bonnevaux, de Vaux et de la Planée (idem).

1er février. Combat et occupation de Pontarlier (idem). — Combats d'Oye et de la Cluse (idem). — L'armée française entre en Suisse. — Occupation de Dijon par les Prussiens sans combat.

16 février. Reddition de Béfort.

11 mars. Reddition de Bitche.

 

APPENDICE N° 2. — LES VOLONTAIRES DE 1792 ET LE SERVICE MILITAIRE OBLIGATOIRE.

 

La France a lourdement subi en 1870 les résultats de certaines erreurs accréditées par la plupart de ses historiens contemporains. Je n'ai pas à relever ici toutes les idées funestes dont les livres d'histoire et la plupart de nos journaux étaient infectés ; je ne veux parler que des volontaires de 1792 et 1793.

Où ne lit-on pas, en effet, que la Révolution a mis 1.400.000 volontaires sur pied ; que la Convention en avait formé quatorze armées ; que généraux et soldats, animés par le patriotisme et les grandes idées de 92, ont brisé de leur choc les vieilles bandes de la coalition ; qu'en conséquence les armées régulières et permanentes sont inutiles ; que la discipline tue le citoyen dans le soldat ; qu'il suffit à la France de frapper le sol de son pied énergique pour en faire jaillir des légions triomphantes, la victoire étant toujours assurée au progrès, à l'idée républicaine et aux armées qui combattent contre la tyrannie pour la liberté. On allait jusqu'à dire que tout était possible à de telles armées, et on citait, comme preuve à l'appui, nos hussards enlevant à l'abordage la flotte hollandaise arrêtée dans les glaces du Texel. Je crois même qu'on a représenté cet audacieux mensonge dans un tableau du musée de Versailles[3].

Il était donc admis dans un certain monde que les armées permanentes ne servaient à rien ; qu'au besoin on ferait la guerre, comme l'avaient faite nos pères, avec des volontaires et des francs-tireurs ; que les généraux se formaient par inspiration, et que le coup d'œil et l'enthousiasme leur suffisaient pour diriger les opérations et présider aux batailles.

Pour les uns, les volontaires de 1792 sont tout ; ce sont eux qui ont sauvé la France : cette assertion est fausse. Pour d'autres, ils ne sont rien : ce n'est pas plus vrai. Il y a deux points de vue : l'origine des volontaires, en 1792 et au commencement de 1793, et leur transformation, en 1794 et années suivantes. Prise isolément à chacun de ces deux points de vue, la question se juge mal ; il faut la voir d'ensemble. Au début, les volontaires ne sont que des masses turbulentes, indisciplinées, non organisées, mal commandées et hors d'état de faire la guerre contre des troupes solides et bien exercées. Ces levées en masse sont toutefois l'origine et le premier essai du service obligatoire pour tous, établi sous le nom de réquisition permanente, sans plan d'ensemble, par mesures successives et prises au hasard des événements. Au bout de deux ans d'anarchie et d'efforts stériles, les volontaires furent incorporés dans l'armée régulière, où la discipline les transforma et en fit d'excellents soldats.

Mais les soldats n'ont pas seuls sauvé la France ; c'est ce que je vais essayer de dire.

Lorsque la guerre éclata en avril 1792, la France avait une bonne armée régulière, peu nombreuse il est vrai, car elle ne se composait que de 218 bataillons, 206 escadrons et 14 bataillons d'artillerie. C'est dans cette armée solide que l'on incorpora les volontaires en 1793.

Dans les temps antérieurs, l'armée régulière et permanente s'augmentait, au moment de la guerre, des régiments de milices, créés par Richelieu et Louvois, et l'on sait quel parti le maréchal de Villars sut tirer des milices dans les dernières années de la guerre de la succession d'Espagne, avec quelle vigueur elles se battirent à Malplaquet et à Denain, avec quelle résignation elles supportèrent les privations que la famine de 1709-1710 imposait à nos armées. L'Assemblée constituante détruisit l'institution de la milice, et, remplaçant un fait par une théorie, elle ordonna, en 1791, une levée de 100.000 hommes recrutés par engagement volontaire, pour renforcer l'armée, dans les rangs de laquelle ils devaient être incorporés. Telle est l'origine des volontaires et de leur nom.

Mais les volontaires, au milieu de l'anarchie générale, se formèrent en bataillons indépendants de l'armée, mal organisés, mal équipés et complètement indisciplinés. Ces bataillons figurèrent en petit nombre et n'eurent qu'un rôle secondaire dans les batailles de Valmy et de Jemmapes. Ce sont les vieilles troupes qui vainquirent les Prussiens et les Autrichiens ; les fameuses hauteurs de Cuesmes, à la bataille de Jemmapes, furent enlevées par les anciens régiments d'Auvergne et de Navarre.

En 1792, après que l'Assemblée législative eut déclaré que la Patrie était en danger et eut ordonné la première levée en masse, les volontaires devinrent beaucoup plus nombreux ; mais le nom de volontaires ne leur convenait plus, puisqu'ils étaient levés de force. Leur nombre s'accrut encore en 1793[4]. Avec les bataillons de volontaires, il se forma aussi des bataillons de fédérés et des corps francs, tous désordonnés, sans instruction militaire, se sauvant au premier coup de fusil, en criant, comme toujours, à la trahison. En revanche, le vol, le pillage, l'ivrognerie, la désertion, sont des cas habituels. Les généraux se plaignent unanimement ; ils ne savent que faire de ces incommodes et inutiles soldats. Les officiers ne leur manquaient pas cependant ; ils pullulaient au contraire dans ces bandes, à tel point qu'après plusieurs licenciements opérés par la Convention, le Directoire, en 1796, en réforma encore d'un seul coup vingt-trois mille[5].

La coalition avait été vaincue en 1792, à Valmy et. à Jemmapes ; la Belgique avait été conquise. Mais en mars 1793, Dumouriez était vaincu à son tour à Nerwinde. L'armée française fut obligée d'évacuer la Belgique et ramenée sur notre frontière d'airain, c'est-à-dire sur les places fortes que Louis XIV et Vauban avaient élevées, et qui avaient déjà sauvé la France en arrêtant le prince Eugène et en le forçant à faire une guerre de sièges, de 1708 à 1712. Après la défection de Dumouriez, l'habile général Dampierre prit le commandement et rentra en France avec environ 60.000 hommes, la plupart des volontaires ayant profité de l'occasion pour déserter.

La coalition victorieuse envahit la France à son tour : les armées anglaise, hollandaise, autrichienne, prussienne, piémontaise et espagnole se jetèrent sur toutes nos frontières et assiégèrent nos places fortes. C'est cette guerre de sièges qui nous a sauvés ; les volontaires, les généraux révolutionnaires, les clubs, le souffle de la liberté, n'y sont pour rien. C'est cette guerre de sièges, ce sont encore les vieux régiments, chargés de défendre nos places fortes, qui ont arrêté l'ennemi pendant six mois et ont donné à la Convention le temps de réorganiser l'armée, ce qui ne fut terminé qu'au mois de septembre. Il faut ajouter que les généraux de la coalition nous accordèrent généreusement tout le temps dont nous avions besoin. La guerre ne se fait plus ainsi actuellement.

Pendant ce temps, la Convention écoutait des discours patriotiques, rendait des décrets, faisait des motions, mais n'organisait rien. En février 1793, elle décrétait encore une nouvelle levée en masse ; comme si, pour faire la guerre, il suffisait d'avoir des foules armées. Le comité de la guerre tenait ses séances en public, arrêtait ses projets devant tout le monde et les faisait imprimer à 30.000 exemplaires, pour les faire connaître à toutes les communes... et à l'ennemi. Non-seulement on n'organisait rien, absolument rien, mais on ne cessait de déclamer partout contre la seule force sérieuse qui existât encore, contre nos régiments réguliers, qui, en ce moment, arrêtaient l'ennemi devant les murs de Dunkerque, de Condé, de Valenciennes, du Quesnoy, de Maubeuge et de Landau. L'armée, disaient les révolutionnaires, étant un instrument de la tyrannie, doit être supprimée par la République. On débitait pour la première fois toutes les sottises qui ont été clichées depuis à l'usage des orateurs et des journalistes d'opposition.

Malgré les discours, les décrets et les motions, nous étions battus. Nos places, bien qu'elles résistassent avec énergie, succombaient les unes après les autres. Bientôt, malgré la lenteur de leurs mouvements et les dissentiments de leurs généraux, les armées coalisées allaient pouvoir marcher sur Paris. Paralysée par l'épouvantable anarchie qui existait alors, la France allait certainement être vaincue. Il est évident que les volontaires, malgré leur nombre et le souffle patriotique qui les animait, n'ont servi à rien jusqu'ici. Ce qui résiste encore, ce qui arrête l'ennemi à la frontière, c'est l'ancienne armée.

Il faut dire maintenant comment et par qui l'invasion fut repoussée.

La Convention, arrivée au bord de l'abîme, avait créé le Comité de salut public, en juillet 1793, et lui avait confié un pouvoir dictatorial. Mauvais ou détestable, — je n'ai pas à examiner le fait pour le moment, — la France avait enfin un gouvernement. Carnot et Prieur (de la Côte-d'Or), tous deux officiers du génie d'une grande valeur, furent chargés, le premier, des opérations militaires, le second, de l'administration et du matériel. Le service des approvisionnements et subsistances fut donné à Robert Lindet et à Prieur (de la Haute-Marne).

Le Comité, par la loi du 16-23 août 1793, mit tous les Français en réquisition permanente. Voilà, certes, le service obligatoire pour tous établi en principe ; on a seulement quelque peine à s'en rendre compte tout d'abord, à cause de cette dénomination inexacte de volontaires qui continue à être employée.

Le Comité se hâta de mettre de l'ordre dans l'effroyable confusion où se dissolvaient les volontaires. Il procéda à l'embrigadement de ces bataillons, c'est-à-dire qu'on les incorpora dans les anciens régiments de ligne. On forma ainsi 213 régiments ou demi-brigades, composées chacune d'un bataillon de ligne et de deux bataillons de volontaires[6] ; mais, comme il restait encore un assez bon nombre de ces bataillons, on en forma quinze autres demi-brigades. Encadrés dans nos vieux régiments, soumis à la discipline militaire, qui fut rétablie et sévèrement maintenue, les volontaires devinrent bientôt d'excellents soldats. Carnot allait avoir l'instrument qui lui était nécessaire pour vaincre et repousser l'ennemi. Il est intéressant de le constater, c'est chez nous que le service obligatoire a été établi et organisé pour la première fois ; et ajoutons qu'après des débuts pleins de confusion, il a donné à la France ses meilleurs soldats. Les hauts faits des armées de Sambre-et-Meuse, de Rhin-et-Moselle, et d'Italie, resteront toujours parmi les plus glorieux souvenirs de nos annales militaires.

En septembre et octobre 1793, les armées de la république étaient ainsi composées[7] :

1.

Armée

du Nord

Houchard puis Jourdan

106.000

hommes

2.

des Ardennes

152.000

3.

de la Moselle

Hoche

65.000

4.

du Rhin

Pichegru

90.000

5.

des Alpes

Kellermann

30.000

6.

d'Italie

Dumerbion

30.000

7.

des Pyrénées-Orient.

Dagobert

39.000

8.

des Pyrénées-Occid.

32.000

9.

de l'Ouest

98.000

642.000

hommes

On n'a pas besoin de grossir et d'exagérer les faits, le Comité avait neuf armées, fortes de 650.000 hommes. Tel qu'il est dans la réalité, l'effort est assez grand pour qu'il soit inutile de dire que nous avons eu alors quatorze cent mille hommes sous les armes, ce qui n'est ni vrai ni possible[8].

Des troupes même organisées et en état de combattre, quelque nombreuses qu'elles soient, n'assurent pas la victoire par le fait seul de leur nombre, de leur courage et de leur discipline, éléments indispensables cependant ; il faut à une armée, — et cette condition est encore plus nécessaire, — il lui faut une direction intelligente et savante. L'armée qui a eu la direction la plus intelligente et la plus savante a toujours été victorieuse, excepté dans quelques cas où le nombre lui a fait empiétement défaut, comme à la nôtre dans la campagne de 1814.

L'armée qui est conduite par le meilleur tacticien, l'armée qui emprunte aux sciences tout ce qu'elles peuvent lui donner, sera toujours victorieuse d'une armée commandée par des généraux routiniers et ignorants, quel que soit le nombre d'hommes qui la composent. Or, en 1793, nos armées firent la guerre avec une tactique nouvelle, et pour la première fois ceux qui la dirigeaient demandèrent à la science tous les secours qu'elle pouvait fournir pour la défense du sol. Carnot a organisé la victoire ; nous allons dire comment.

Les armées de 1793 ont eu une nouvelle tactique, qu'elles opposèrent à la tactique prussienne établie par Frédéric le Grand et adoptée par toutes les armées de l'Europe. On répète sans cesse que cette nouvelle méthode est l'œuvre du .hasard, qu'elle est le résultat de l'enthousiasme révolutionnaire[9]. Rien n'est plus faux. Il est même absurde de prétendre que l'exaltation révolutionnaire puisse créer une méthode. A toute époque et partout, l'exaltation révolutionnaire a engendré l'anarchie, la confusion, le chaos, et n'a produit d'autre méthode que celle du sauve qui peut.

A la reprise de l'offensive, en septembre 1793, l'ennemi fut attaqué par des nuées de tirailleurs que soutenaient des réserves ; il fut surpris ; on le chargeait ensuite à la baïonnette en colonne de bataillon, au pas de course ; on le culbutait et on lui enlevait ses positions. Cette manière de combattre était parfaitement d'accord avec l'élan, la bravoure et l'adresse du soldat français, qui se l'appropria aussitôt. Mais il y avait longtemps que cette méthode était étudiée, méditée, discutée dans de nombreux ouvrages ; on l'avait expérimentée en 1778, au camp de Vaussieux[10], où Louis XVI, pendant la guerre d'Amérique, avait rassemblé une armée[11] qu'il eut un instant l'idée de jeter en Angleterre. L'illustre maréchal de Broglie en avait eu le commandement.

Pour instruire ses troupes, le maréchal résolut de faire l'essai des nouvelles manœuvres proposées par le général Ménil-Durand, savant officier, élève du chevalier Folard, et complètement opposé au comte de Guibert, partisan fanatique de la méthode prussienne. Les discussions de Guibert et de Ménil-Durand, déjà anciennes, occupaient toute l'armée. Le premier, Guibert, prônait l'école prussienne, c'est-à-dire les feux d'ensemble, l'ordre mince, les deux lignes déployées, les longues marches en bataille, les manœuvres par ligne et fractions de ligne, la cavalerie placée sur les ailes, l'absence de tirailleurs et de réserves. Le second, Ménil-Durand, recommandait l'emploi des tirailleurs ; il voulait qu'on adoptât l'ordre profond, qu'on fractionnât les lignes en divisions et brigades, que l'on formât des colonnes d'attaque chargeant à la baïonnette, et que l'on .eût toujours des réserves. En résumé, Ménil-Durand proposait la méthode qui fut adoptée, plus tard, par nos généraux de la République et de l'Empire, avec quelques modifications. On ne saurait trop le dire et le répéter : les méthodes ne naissent pas de l'inspiration des chefs et de l'exaltation des troupes. L'inspiration, le coup d'œil, le génie, trouvent une manœuvre : par exemple, Condé à Rocroi. L'exaltation, l'enthousiasme, unis au dévouement et à la discipline, permettent aux troupes de faire un effort héroïque ; par exemple : la 23e demi-brigade, au combat d'Amberg, qui se fait tuer, mais sauve, par sa résistance, la division Collaud[12] ; la 32e demi-brigade, au combat de Monte Legino ; le passage du Lech, à la nage et sous le feu de l'ennemi, opéré par l'armée de Moreau, en 1796, etc. Mais la stratégie, la tactique, l'organisation d'ensemble, tout cela est le résultat de l'étude et de la réflexion.

Le maréchal de Broglie expérimenta donc le système de Ménil-Durand, et déclara qu'il était convaincu de son excellence, que tous les officiers l'avaient compris, qu'il satisfaisait à tous les besoins, et qu'il croyait qu'on ferait bien de l'adopter[13]. Tout au contraire, le ministère admit les principes de Guibert, d'après lesquels on rédigea l'ordonnance de 1791, qui organisait notre armée à la prussienne. Les partisans du comte de Guibert l'avaient emporté, et parmi ceux qui se trouvèrent à Vaussieux, nous citerons Rochambeau[14] et Wimpfen[15].

Cependant, après examen, les officiers de bonne foi et de bon sens demeurèrent convaincus que la vérité était entre Guibert et Ménil-Durand, esprits systématiques et poussant leurs théories à l'extrême. Déjà le maréchal de Broglie l'avait montré du doigt à tous ceux qui n'avaient pas refusé de voir. Plusieurs officiers, le major de Keralio[16] et le colonel de Bohan étudièrent à fond ces deux systèmes pour les comparer et les fondre ; ils gardèrent ce qu'il y avait de bon dans chacun des deux et firent un système mixte, qui était adopté par presque tous nos généraux lorsque éclata la guerre en avril 1792[17].

Telles sont les origines de la tactique nouvelle que Carnot eut à sa disposition, quand il prit la direction des armées, et à l'aide de laquelle il put organiser la victoire : tactique toute française, d'accord avec le tempérament du soldat français, adoptée par les généraux qui firent les campagnes de la République et de l'Empire, sans tenir compte de l'ordonnance de 1791.

Entre autres généraux illustres de ce temps, on peut citer Jourdan et Berthier, qui avaient assisté aux manœuvres de Vaussieux ; Desaix, aide de camp du général de Broglie, fils du maréchal, et Bonaparte, formé par Keralio à l'École militaire[18].

Il est donc établi que la Convention n'a pas seulement frappé de son pied le sol ensanglanté de la France pour lever des armées révolutionnaires, qui vainquirent par la seule force de leur enthousiasme républicain. Il est certain, indiscutable, que nous avons d'abord résisté à l'ennemi avec une armée régulière et organisée de vieille date ; qu'il a fallu près de deux ans avant de pouvoir tirer parti des volontaires en les encadrant dans l'ancienne armée ; que nos troupes eurent à leur tête des généraux instruits, intelligents, expérimentés, braves, énergiques et combattant l'ennemi avec une nouvelle et excellente méthode, qui mettait en défaut sa routine ; que l'ensemble des opérations fut dirigé par un homme très-habile et très-compétent, Carnot. Je n'hésite pas à répéter que nous avons perdu près de deux ans[19] dans des efforts stériles, et que cela était seulement possible dans un temps où la guerre se faisait lentement, très-lentement, avec des sièges réguliers et nombreux.

Ce n'est pas tout. Nous avions sans doute 650.000 hommes aux frontières, bien organisés et bien commandés ; mais nos arsenaux étaient vides : on manquait de poudre et de salpêtre pour en fabriquer ; on manquait de canons, et on n'avait ni cuivre ni étain pour en fondre ; on manquait d'acier pour faire les armes. La France,. bloquée par les escadres anglaises et les armées coalisées, ne pouvait plus se procurer ces diverses matières, qu'elle avait jusqu'alors tirées de l'étranger et qui lui étaient absolument indispensables. Carnot et ses collègues s'adressèrent à la science ; ils formèrent le bureau des savants, adjoint au Comité de salut public, et y firent entrer Monge, Berthollet, Fourcroy, Guyton-Morveau, c'est-à-dire une élite de savants de premier ordre, qui surent extraire le salpêtre des plâtras des écuries et des caves, le raffiner par des procédés nouveaux, et trouver les moyens de fabriquer la poudre avec rapidité. On se procura le cuivre et l'étain en fondant les cloches, et en séparant le cuivre et l'étain pour pouvoir les mélanger. de nouveau dans la proportion qui convient à la fabrication du bronze des canons. On trouva de nouveaux moyens pour fondre, forer et aléser les pièces. L'art de faire l'acier était ignoré chez nous ; on le créa, et l'on put fabriquer avec de l'acier français les armes et les batteries de fusils. On inventa une nouvelle manière de préparer rapidement les cuirs destinés à la chaussure de nos soldats. Les ballons, qui jusqu'alors n'avaient servi qu'à amuser la curiosité publique, furent employés aux armées, et, à la bataille de Fleurus, le général Morlot put surprendre les manœuvres de l'ennemi. A cette époque, Chappe inventait le télégraphe aérien et donnait au Comité et aux armées un moyen de communication rapide, qui rendit les plus grands services. Monge, dit son biographe[20], était l'âme de ce vaste, de cet immortel ensemble de travaux. Il parvint à extraire du sol de la France 12 millions de livres de salpêtre en neuf mois ; il établit 15 fonderies de canons de bronze, pouvant produire par an plus de 7.000 pièces ; 30 fonderies de canons en fonte de fer, pouvant produire 13.000 pièces par an ; 20 manufactures d'armes blanches ; des fabriques de fusils, parmi lesquelles celles de Paris fournirent 140.000 fusils dans l'année ; 188 ateliers de réparation pour les armes, etc.

Nous avons dit comment on avait formé les armées, d'où venait la méthode qui allait servir à les diriger, et comment on avait su fabriquer les armes et les munitions dont on avait besoin pour combattre. Il reste encore à dire où l'on trouva les généraux qui furent placés à la tête des troupes.

On n'a pas plus improvisé les généraux que les armées et la victoire. D'aucuns croient que les généraux de la République sortirent tous par enchantement des rangs des soldats ou de la mine inépuisable des sous-officiers, et devinrent des généraux de génie le lendemain, par le seul fait d'avoir changé leur épaulette de laine contre l'épaulette d'or, d'avoir ceint un sabre de grande dimension traîné avec fracas, et de s'être coiffé d'un vaste chapeau à prodigieux panache. Ce déguisement n'a produit que cette collection trop nombreuse de généraux ineptes qui ont fait partout massacrer leurs soldats, et dont il est inutile de faire sortir les noms de l'obscurité profonde où le juste mépris de l'histoire les a enfouis[21]. Mais les autres généraux, les vrais, ceux qui ont tenu tête à l'ennemi à la première heure : Beurnonville, Biron, le duc de Chartres, Custine, Arthur Dillon, Dumouriez, Kellermann, La Bourdonnaie, La Fayette, Luckner, Montesquiou, Rochambeau, Valence, Wimpfen, étaient déjà généraux dans l'ancienne armée. Ceux qui devinrent généraux un peu plus tard étaient déjà officiers dans l'armée en 1792 et depuis longtemps, tels que : Aubert-Dubayet, Beauharnais, Bernadotte, Berthier, Bonaparte, Bouchotte, Caffarelli, Carnot, Chasseloup-Laubat, Clarke, Dagobert, Dampierre, Dejean, Desaix, d'Hautpoul, Donzelot, Dubreton, Dugua, Duroc, Éblé, Espagne, Foy, Grouchy, Gudin, Hédouville, Houchard, La Riboisière, Lasalle, La Tour-d'Auvergne, Lauriston, Macdonald, Marmont, Mathieu-Dumas, Moncey, Nansouty, Richepance, Saint-Hilaire, Scherer, Sérurier, Steingel ; — Hoche, Montbrun, Murat, Ney, Rapp, Soult, étaient sous-officiers ou soldats dans nos vieux régiments. — Quelques-uns qui avaient été ou qui étaient encore soldats, sous-officiers ou officiers dans l'armée, furent élus capitaines ou chefs de bataillon par les volontaires et devinrent généraux de bonne heure ; parmi eux nous nommerons : Augereau, Bon, Clausel, Davout, Delmas, Drouet, Kléber[22], Friant, Jourdan, Lecourbe, Lefèvre, Marbot, Masséna, Moreaux[23], Mortier, Oudinot, Pérignon, Pichegru, Vandamme, Victor. — Beaucoup de généraux ne sortirent pas des rangs de l'armée, mais bien des rangs des volontaires ; parmi eux nous citerons : Belliard, Bessières, Boudet, Broussier, Brune, Cambronne, Championnet, Colbert, Daumesnil, Delonne-Franceschi, Delzons, Dessolle, Duhesme, Excelmans, Gérard (le maréchal), Gouvion-Saint-Cyr, Harispe, Joubert, Junot, Lannes, Leclerc, Mouton (maréchal Lobau), Maison, Marceau, Molitor, Morand, Moreau, Pajol, Partouneaux, Rampon, Reille, Reynier, Suchet.

Le nombre considérable de généraux illustres sortis des volontaires montre ce que le service obligatoire ou la réquisition, en mettant toute la jeunesse dans le rang, peut donner à l'armée d'intelligences d'élite[24].

Mais il leur fallut à tous, déjà officiers dans l'armée ou dans les volontaires, deux et trois ans, et quelquefois davantage, pour devenir généraux,. et cela malgré leurs aptitudes et malgré la rapidité prodigieuse de l'avancement. C'est donc encore un préjugé bien dangereux de croire qu'on improvise les généraux et que le génie de la République suffit pour les produire. On n'improvise. ni les soldats, ni les généraux, ni les méthodes.

Les armées étant formées, approvisionnées, commandées, une discipline de fer, quelquefois atroce, étant enfin établie, la guerre offensive commença en septembre 1793 ; et, après les victoires de, Hondschoote, de-Wattignies, du Geisberg (1793), de Tourcoing, de Fleurus, du Boulou, de la Mouga et de Saorgio (1794), la coalition était partout repoussée, la Belgique et la rive gauche du Rhin étaient conquises, la Hollande envahie ; la Convention signait la paix de Bâle (1795) avec la Prusse, la Hollande et l'Espagne ; la France n'était plus en guerre qu'avec l'Autriche et le Piémont. Cette heureuse campagne avait été dirigée par Carnot, qui prit une part importante à la victoire de Wattignies ; par Houchard, Jourdan, Hoche, Pichegru, Dugommier, Moncey et Dumerbion. Nos armées du. Nord, de Sambre-et-Meuse[25], de Rhin-et-Moselle, des Alpes, d'Italie, des Pyrénées orientales et des Pyrénées occidentales[26] avaient remporté vingt-sept victoires et livré cent vingt combats ; elles avaient tué 80.000 hommes à l'ennemi et lui avaient fait 91.000 prisonniers ; elles avaient pris 36 places fortes et 230 forts ou redoutes, 3.800 canons, 70.000 fusils, 1.900 milliers de poudre et 90 drapeaux.

C'était le bon temps ! Et que faut-il pour le voir revenir ? Il faut ce qu'on avait alors : du patriotisme, une direction intelligente et vigoureuse, des généraux éclairés, braves et obéissants, des officiers instruits, et des soldats vigoureux et disciplinés.

Les armées de la République étaient à ce moment dans un état splendide, qu'on n'a plus revu depuis. Le général Dubreton, l'illustre défenseur de Burgos, m'a dit plusieurs fois que les troupes de cette époque étaient admirables d'entrain et de bonne volonté, de bravoure et de discipline : ce qui ne l'étonnait pas, ajoutait-il, parce qu'on trouvait dans leurs rangs l'élite de la jeunesse française. Cette opinion est confirmée par le maréchal Soult. On lit, en effet, dans ses Mémoires[27] : Les généraux devaient choisir, sous leur responsabilité, parmi les chefs de bataillon, les plus capables, pour les désigner comme chefs de brigade. Les instructions des représentants du peuple portaient : les grades ne sont pas la propriété des individus[28], ils appartiennent à la République... Les officiers donnaient l'exemple du dévouement : le sac sur le dos, privés de solde, ils prenaient part aux distributions comme les soldats... on leur donnait un bon pour toucher un habit ou une paire de bottes. Cependant aucun ne songeait à se plaindre de cette détresse ni à détourner ses regards du service, qui était la seule étude et l'unique objet d'émulation... Je puis le dire, c'est l'époque de ma carrière où j'ai le plus travaillé et où les chefs m'ont paru le plus exigeants. Aussi, quoiqu'ils n'aient pas tous mérité d'être pris pour modèles, beaucoup d'officiers généraux, qui plus tard ont pu les surpasser, sont sortis de leur école. Dans les rangs des soldats, c'était le même dévouement, la même abnégation. Les conquérants de la Hollande traversaient par dix-sept degrés de froid les fleuves et les bras de mer gelés, et ils étaient presque nus ; cependant ils se trouvaient dans le pays le plus riche de l'Europe ; ils avaient devant les yeux toutes les séductions ; mais la discipline ne souffrait pas la plus légère atteinte. Jamais les armées n'ont été plus obéissantes ni animées de plus d'ardeur. C'est l'époque des guerres où il y a eu le plus de vertu parmi les troupes. J'ai souvent vu les soldats refuser avant le combat les distributions qu'on allait leur faire et s'écrier : Après la victoire, on nous les donnera ?... L'histoire doit consigner ces faits et dire quelles étaient alors ces armées françaises qui délivraient leur pays de l'invasion étrangère, qui conquéraient les plus belles provinces et qui faisaient trembler les vieilles monarchies.

Il faut être bien téméraire, après avoir cité une page si belle, pour oser la faire suivre de quelques réflexions. Il convient toutefois, en terminant, de dire encore que les volontaires, avant l'embrigadement, n'ont été rien autre chose que des masses confuses et absolument inutiles. Il faut opposer sans cesse cette vérité indiscutable aux sophistes ignorants qui trompent le pays en lui faisant croire que l'on peut faire la guerre avec une levée en masse, et qu'une armée régulière, permanente et bien exercée, n'est qu'un fléau. Il ne faut pas oublier qu'après l'embrigadement, les volontaires sont devenus de très-bons soldats, et qu'en définitive nous avons employé alors, pour obtenir la victoire, les mêmes moyens dont la Prusse s'est servie pour nous vaincre en 1870 : armée nationale bien organisée ; applications de la science à la guerre ; méthode nouvelle pour faire la guerre ; direction générale des opérations intelligente et énergique ; discipline de fer imposée aux généraux comme aux soldats. Disons enfin, à l'honneur de notre pays> que les Prussiens ont mis cinquante ans, en pleine paix, et nous deux ans, en pleine anarchie, pour faire cette œuvre ; et comparons notre armée de Pichegru, en Hollande, se conduisant comme vient de le dire le maréchal Soult, avec les soudards d'outre-Rhin pendant la guerre de 1870.

 

APPENDICE N° 3. — CONSTITUTION ACTUELLE DE L'EMPIRE D'ALLEMAGNE.

 

La Bavière et le Wurtemberg n'étaient entrés dans l'empire d'Allemagne qu'en imposant à la Prusse des conditions qu'elle leur accorda parce qu'elle avait absolument besoin de leurs soldats. En effet, ces deux États avaient obtenu, pour eux et pour la Saxe, des privilèges importants et une part d'action assez considérable dans la conduite des affaires diplomatiques de l'empire, dont voici la constitution :

L'empire d'Allemagne est une confédération, dont le gouvernement fédéral se compose de la Présidence de la Confédération, du Conseil fédéral et du Parlement de l'empire ou Reichstag. La présidence de la Confédération appartient au roi de Prusse, qui porte en cette qualité le titre d'empereur d'Allemagne et représente la Confédération auprès des puissances étrangères, et qui a le droit de déclarer la guerre, mais avec le consentement du Conseil fédéral, de faire la paix et de conclure des alliances au nom de la Confédération, de convoquer, de proroger et de clore le Conseil fédéral et le Parlement, de présider le Conseil fédéral et le Parlement, de promulguer et de faire exécuter les lois fédérales.

Le Conseil fédéral se compose des représentants des divers princes et villes libres de l'empire ; le nombre de ces représentants est de 58, dont 17 pour la Prusse, 6 pour la Bavière, 4 pour la Saxe, 4 pour le Wurtemberg, etc. — Le Parlement ou Reichstag est composé de 382 membres, nommés pour trois ans par le suffrage universel. La Prusse compte 236 députés au Reichstag, la Bavière 48, la Saxe 23, le Wurtemberg 18, etc.

Chaque État de l'empire d'Allemagne a son gouvernement particulier, qui dirige les affaires intérieures n'étant pas d'intérêt général ; toutes les affaires d'intérêt général (la guerre, les traités de paix et de commerce, les monnaies, les poids et mesures, l'armée, la marine, les postes et télégraphes, etc.) appartiennent au gouvernement fédéral de l'empire.

Il faut ajouter cependant que la Bavière et le Wurtemberg, en entrant dans l'empire d'Allemagne par les traités de Versailles des 23 et 25 novembre 1870, ont imposé à la Prusse des conditions qui assurent à ces deux États et à la Saxe des privilèges importants. En effet, la Bavière et le Wurtemberg conservent : pour les postes et les télégraphes, une administration indépendante ; une administration militaire indépendante ; le commandement de leur armée en temps de paix. Ces deux armées et celle de la Saxe conservent une existence distincte ; mais, en temps de guerre, ces armées, complètement recrutées[29], organisées et armées comme les troupes prussiennes, obéissent à l'empereur d'Allemagne. — La Bavière conserve ses ambassadeurs particuliers[30], qui remplacent de droit ceux de l'empire en cas d'empêchement de ces derniers ; elle préside le Conseil .fédéral en l'absence de la Prusse ; elle a un siège permanent au comité de l'armée de terre et des forteresses. — La Bavière a imposé à la Prusse l'obligation d'obtenir le consentement du Conseil fédéral pour la déclaration de la guerre, sauf le cas d'une attaque directe contre l'Allemagne ; ce qui oblige la Prusse, qui n'a que 17 voix audit conseil sur 58, à gagner 13 voix à sa cause pour avoir la majorité. — La Prusse a été obligée de consentir à l'établissement d'un comité permanent des affaires étrangères, composé de la Bavière, du Wurtemberg et de la Saxe, et présidé par la Bavière, auquel la Présidence de la Confédération est tenue de communiquer toutes les dépêches diplomatiques. — Pour assurer aux États secondaires de l'empire leurs privilèges et garantir ce qui leur reste, d'autonomie et d'existence indépendante contre les tendances ambitieuses de la Prusse, qui les couvre du prétexte de l'établissement de l'unité allemande, il a été décidé que tout projet de modification à la constitution fédérale sera considéré comme rejeté, s'il a contre lui dans le Conseil fédéral 14 voix, ce qui est le nombre des voix dont disposent la Bavière, la Saxe et le Wurtemberg.

Telle est l'organisation d'un État de 40 millions d'habitants, pouvant disposer de 1.500.000 soldats, et devant, d'après toutes les apparences, s'annexer un jour les provinces allemandes de l'Autriche et leurs 10 millions d'habitants. Tels sont les résultats de la politique impériale et de cette pompeuse déclaration faite par Napoléon III, que les traités de 1815 avaient cessé d'exister.

 

APPENDICE N° 4. — LES CORPS D'ARMÉE FRANÇAIS.

 

LA GARDE (ARMÉE DU RHIN).

Général BOURBAKI.

Général DESVAUX.

1re Division. Général Deligny.

2e Division. Général Picard.

Division de cavalerie. Général Desvaux.

1er CORPS (ARMÉE DU RHIN, ARMEE DE CHALONS).

Maréchal MAC-MAHON.

Général DUCROT.

1re Division. Général Ducrot ; général Wolf.

2e Division. Général Abel Douay ; général Pellé.

3e Division. Général Raoult ; général L'Hériller.

4e Division. Général de Lartigue.

Division de cavalerie. Général Duhesme.

2e CORPS (ARME DU RHIN).

Général FROSSARD.

1re Division. Général Vergé.

2e Division. Général Bataille ; général Fauvart-Bastoul.

3e Division. Général Laveaucoupet.

Division de cavalerie. Général Lichtlin ; général de Valabrègue.

3e CORPS (ARMÉE DU RHIN).

Maréchal BAZAINE.

Général DECAEN.

Maréchal LE BŒUF.

1re Division. Général Montaudon.

2e Division. Général de Castagny.

3e Division. Général Metman.

4e Division. Général Decaen ; général Aymard.

Division de cavalerie. Général de Clérambault.

4e CORPS (ARMÉE DU RHIN).

Général de LADMIRAULT.

1re Division. Général de Cissey.

2e Division. Général Grenier.

3e Division. Général de Lorencez.

Division de cavalerie. Général Legrand.

5e CORPS (ARMÉE DU RHIN, ARMÉE DE CHALONS).

Général DE FAILLY.

Général DE WIMPFEN.

1re Division. Général Goze.

2e Division. Général de Labadie d'Aydren.

3e Division. Général Guyot de Lespart.

Division de cavalerie. Général Brabant.

6e CORPS (ARMÉE DU RHIN).

Maréchal CANROBERT.

1re Division. Général Tixier.

2e Division. Général Bisson[31].

3e Division. Général Lafont de Villiers.

Division. Général Levassor-Sorval.

Division de cavalerie. Général de Fénelon[32].

7e CORPS (ARMÉE DU RHIN, ARMÉE DE CHALONS).

Général FÉLIX DOUAY.

1re Division. Général Conseil-Dumesnil.

2e Division. Général Liébert.

3e Division. Général Dumont.

Division de cavalerie. Général Ameil.

RÉSERVE DE CAVALERIE DE L'ARMÉE DU RHIN.

1re Division. Général du Barail.

2e Division. Général Bonnemain.

3e Division. Général de Forton.

Le 4e régiment de chasseurs d'Afrique (1re division) était resté à Châlons ; les 1er et 3e régiments de chasseurs d'Afrique (1re division) avaient quitté Metz le 16 août avec l'Empereur. Ces trois, régiments, auxquels on joignit le. 1er hussards et le 6e chasseurs de la division de Fénelon (6e corps), formèrent une division de cavalerie de réserve à l'armée de Châlons, sous les ordres du général : Margueritte.

RÉSERVE D'ARTILLERIE DE L'ARMÉE DU RHIN.

Général CAMU.

8e, 9e, 10e et 11e CORPS. COMMANDEMENTS TERRITORIAUX.

12e CORPS (ARMÉE DE CHALONS).

Général LEBRUN.

1re Division. Général Grandchamp.

2e Division. Général Lacretelle.

3e Division. Général de Vassoigne (infanterie de marine).

Divisions de cavalerie (du 6e corps). 1re. Général de Fénelon. 2e. Général Lichtlin.

RÉSERVE DE CAVALERIE DE L'ARMÉE DE CHALONS.

Division MARGUERITTE.

Division BONNEMAIN[33].

13e CORPS (ARMÉE DE CHALONS ET ARMÉE DE PARIS).

Général VINOY.

Ire Division. Général d'Éxéa.

2e Division. Général de Maud'huy.

3e Division. Général Blanchard.

4e Division. Général Corréard[34].

14e CORPS (ARMÉE DE PARIS).

Général RENAULT.

Général DUCROT.

1re Division. Général Caussade.

2e Division. Général d'Hugues.

3e Division. Général de Maussion.

15e CORPS (ARMÉE DE LA LOIRE, ARMÉE DE L'EST).

Général de LA MOTTE-ROUGE, Général d'AURELLE DE PALADINES, Général MARTIN DES PALLIÈRES, à la Loire.

Général MARTINEAU-DESCHENEZ, Général PEYTAVIN, à l'Est

1re Division. Généraux de Chabron, Martin des Pallières, Durieu et Dastugue.

2e Division. Généraux Martineau-Deschenez et Rébilliard.

3e Division. Général Peytavin[35].

Division de cavalerie. Généraux Reyau[36] et de Longuerue.

16e CORPS (ARMÉE DE LA LOIRE, 2e ARMÉE DE LA LOIRE).

Général POURCET[37].

Général CHANZY.

Amiral JAURÉGUIBERRY.

1re Division. Amiral Jauréguiberry, Généraux Deplanque et Cérez.

2e Division. Général Barry.

3e Division. Généraux Chanzy, Maurandy, Bourdillon et de Curten.

Division de cavalerie. Généraux Ressayre et Michel.

17e CORPS (ARMÉE DE LA LOIRE, 2e ARMÉE DE LA LOIRE).

Généraux DURIEU, DE SONIS, GUÉPRATTE et DE COLOMB.

1re Division. Généraux de Brémond d'Ars et de Roquebrune.

2e Division. Généraux Feillet-Pilatrie et Dubois de Jancigny.

3e Division. Généraux Deflandre, de Jouffroy d'Abbans et Maurandy.

Division de cavalerie. Généraux de Longuerue, de Sonis, Guépratte et d'Espeuilles.

18e CORPS (ARMÉE DE LA LOIRE, ARMÉE DE L'EST).

Général BILLOT[38].

1re Division. Général Feillet-Pilatrie.

2e Division. Colonel Perrin et Amiral Penhoat.

3e Division. Général Bonnet.

Division de cavalerie. Général de Brémont d'Ars.

19e CORPS (2e ARMEE DE LA LOIRE).

Général DARGENT[39].

1re Division. Général Bardin.

2e Division. Général Girard.

3e Division. Général Saussier.

Division de cavalerie. Général Abdelal.

20e CORPS (ARMÉE DE LA LOIRE, ARMÉE DE L'EST).

Général CROUZAT.

Général CLINCHANT.

1re Division. Général de Polignac.

2e  Division. Général Thornton.

3e Division. Général Segard.

21e CORPS (2e ARMÉE DE LA LOIRE).

Général FIÈRECK.

Amiral JAURÈS.

1re Division. Général Rousseau.

2e Division. Général Collin.

3e Division. Général De Villeneuve.

4e  Division (Division de l'armée de Bretagne). Général Gougeard.

Division de cavalerie. Général Guillon.

22e CORPS (ARMÉE DU NORD).

Généraux BOURBAKI, FARRE, FAIDHERBE et LECOINTE.

1re Division. Généraux Lecointe et Derroja.

2e Division. Généraux Paulze d'Ivoy et Du Bessol.

3e Division. Amiral Moulac[40].

23e CORPS (ARMÉE DU NORD).

Général PAULZE D'IVOY.

1re Division. Amiral Moulac et Général Payen.

2e Division. Général Robin[41].

24e CORPS (ARMÉE DE LYON, ARMÉE DE L'EST).

Général BRESSOLLES.

Général THIBAUDIN-COMAGNY.

Général CREMER (à Chambéry).

1re Division. Général Cremer.

2e Division. Général Thibaudin-Comagny.

3e Division. Général Carré de Busserolle.

La division Cremer ayant été formée en corps séparé, le 248 corps se trouva ainsi reconstitué :

1re Division. Général Daries.

2e Division. Général Thibaudin-Comagny.

3e Division. Général Carré de Busserolle.

RÉSERVE GÉNÉRALE DE L'ARMÉE DE L'EST[42].

Amiral PALLU DE LA BARRIÈRE.

3 régiments d'infanterie — 29e de marche, 38e de ligne et un régiment d'infanterie de marine.

2 régiments de cavalerie — 3e dragons, 2e chasseurs, d'Afrique de marche.

1 escadron du 5e lanciers de marche.

25e CORPS (SUR LA LOIRE).

Général POURCET.

1re Division. Général Bruat (fusiliers marins).

2e Division. Général De Chabron.

3e Division. Général Ferri-Pisani.

Division de cavalerie. Général Tripard.

26e CORPS.

Général BILLOT[43].

1re Division. Général Daries.

2e Division. Général Formy de la Blanchetée.

3e Division. Général De Bouillé.

Division de cavalerie. Général de Boerio.

CORPS DIVERS.

Armée de Rouen et du Havre.

Général Briand, Colonel Peletingeas et Général Loysel.

Armée du Morvan.

Général de Pointe-de-Gévigny.

Troupes de Bourg.

Général Pellissier.

Troupes d'Angers.

Général Cléret.

 

ARMÉES DE PARIS PENDANT LE SIÈGE.

1° Au 6 novembre 1870.

Première armée. Général CLÉMENT THOMAS.

(266 bataillons de garde nationale de marche).

Deuxième armée. Général DUCROT.

1er CORPS.

Général BLANCHARD.

1re Division. Général de Malroy.

2e Division. Général de Maud'huy.

3e Division. Généraux Blanchart et Faron.

2e CORPS.

Général RENAULT.

1re Division. Général Susbielle.

2e Division. Général Berthaut.

3e Division. Général de Maussion.

3e CORPS.

Général D'EXÉA.

1re Division. Général de Bellemare.

2e Division. Général Mattat.

Division de cavalerie. Général de Champéron.

Troisième armée. Général TROCHU.

Général VINOY.

1re Division. Général Soumain.

2e  Division. Amiral de La Roncière. (Séparée de la 3e armée dès le 8 novembre).

3e-2e Division. Général de Liniers.

4e-3e Division. Général Corréard.

5e-4e Division. Général de Beaufort-d'Hautpoul.

6e-5e Division. Général d'Hugues.

7e-6e Division. Général Amiral Pothuau.

Division de cavalerie. Général Bertin de Vaux.

2° Après la bataille de Champigny.

Deuxième armée. Général DUCROT.

1er CORPS.

Général DE MAUSSION.

1re Division. Général Susbielle.

2e Division. Général Berthaut.

3e Division. Général Courty.

2e CORPS.

Général D'EXÉA.

1re Division. Général de Bellemare.

2e Division. Général Mattat.

CORPS DE RÉSERVE.

Général FARON.

Brigade Comte.

Brigade de la Mariouse.

Brigade Lespiau.

Division de cavalerie. Général de Champéron.

Troisième armée. Général VINOY.

1er CORPS (DIT DE LA RIVE GAUCHE).

1re Division. Général Corréard.

2e Division. Général Maud'huy.

Division. Amiral Pothuau.

2e CORPS (DIT DE LA RIVE DROITE).

1re Division. Général de Malroy.

2e Division. Général de Liniers.

3e Division. Général de Beaufort-d'Hautpoul.

4e 1re Division. Général d'Hugues.

CORPS D'ARMÉE DE SAINT-DENIS.

Généraux DE BELLEMARE et BERTHAUT, Amiral DE LA RONCIÈRE.

Brigade Lavoignet.

Brigade Hanrion.

Brigade Lamothe-Ténet.

 

ARMÉE DE VERSAILLES (1871).

1° Organisation du 27 mars.

GÉNÉRAL EN CHEF : VINOY.

1re Division. Général de Maud'huy.

2e Division. Général Susbielle.

3e Division. Amiral Bruat.

4e Division. Général Grenier.

5e Division. Général Montaudon.

6e Division. Général Pellé.

7e Division. Général Vergé.

Division de réserve. Général Faron.

CAVALERIE.

1re Division. Général du Barail (3 brigades).

2e Division. Général du Preuil.

3e Division. Général Ressayre.

Réserve. Garde républicaine.

2° Organisation du 6 avril.

ARMÉE ACTIVE. MARÉCHAL MAC-MAHON[44].

1er CORPS.

Général DE LADMIRAULT.

1re Division. Général Grenier.

2e Division. Général Laveaucoupet.

3e Division. Général Monta udon.

Brigade de cavalerie. Général de Galiffet.

Réserve. Rég. de gendarmerie. Colonel Grémelin.

2e CORPS.

Général DE CISSEY.

1re Division. Général Levassor-Sorval.

2e Division. Général Susbielle.

3e Division. Général Lacretelle.

Cavalerie. 2e lanciers.

3e CORPS.

Général DU BARAIL (cavalerie).

1re Division. Général du Halna du Frétay.

2e Division. Général du Preuil.

3e Division. Général Ressayre.

4e CORPS[45].

Général DOUAY.

1re Division. Général Berthaut.

2e Division. Général L'Hériller.

5e CORPS.

Général CLINCHAMP.

1re Division. Général Duplessis.

2e Division. Général Garnier.

ARMÉE DE RÉSERVE.

Général VINOY.

1re Division. Général Faron (3 brigades).

2e Division. Amiral Bruat.

3e Division. Général Vergé.

Réserve. Garde républicaine.

 

 

 



[1] On a mis en italiques les noms adoptés par les Prussiens.

[2] On lit, plus haut, que le général Pourcet a battu l'ennemi le 27. C'est une erreur. La date du combat de Blois et de la reprise du faubourg de Vienne est le 25 janvier.

[3] Voici la vérité sur la flotte hollandaise ; on la trouve dans le rapport du général de brigade Salme. (Rapports décadaires, du 1er au 10 pluviôse an III. — Archives du ministère de la guerre.) On y lit : Des vaisseaux ennemis étaient arrêtés par les glaces au port d'Helder, vis-à-vis le Texel ; le général Dewynter fut détaché avec l'avant-garde et l'artillerie légère pour les sommer de se rendre ou les brûler en cas de refus ; il n'éprouva pas la moindre résistance, et tous les équipages furent faits prisonniers de guerre. Le fait est déjà assez extraordinaire sans qu'on l'exagère. — Les troupes qui composaient cette avant-garde étaient : le 3e bataillon de tirailleurs, le 8e hussards, une partie de la 4e compagnie du 8e régiment d'artillerie légère. (Situation de la 4e division de l'armée du Nord, du 1er au 10 pluviôse an III. — Archives du ministère de la guerre.)

[4] Le nombre des hommes levés de 1791 à 1794 est d'un million, (Voyez dans le Spectateur militaire, XXX, 584, l'excellent travail de M. Dolly, et dans le Journal militaire, an X, 2e semestre, p. 601, le discours prononcé par M. Daru au Corps législatif.) Les levées d'hommes de 1791 à 1815 ont été de 4.216.907. — A partir de la loi du 18 fructidor an VI, les levées furent faites d'après le système de la conscription, avec tirage au sort et remplacement.

[5] Voyez Camille Rousset, les Volontaires de 1792, 1 vol. in-12, 1870, chez Dentu.

[6] L'effectif de la demi-brigade fut de 2.500 hommes.

[7] Chiffres officiels, extraits des archives du ministère de la guerre.

[8] En juillet 1794, les armées comptent 718.000 hommes, ainsi répartis :

Armée du Nord : 126.000 ; de Sambre-et-Meuse : 145.000 ; de Rhin-et-Moselle : 126.000 ; des Alpes : 37.000 ; d'Italie : 58.000 ; des Pyrénées-Orientales : 49.000 ; des Pyrénées-Occidentales : 57.000 ; de l'Ouest : 120.000.

[9] Voyez Considérations sur la tactique de l'infanterie en Europe, par le général (belge) Renard, 1 vol. in-8°, chez Dumaine. — Je me suis beaucoup servi de cet excellent ouvrage, en le complétant par l'étude des pièces relatives au camp de Vaussieux, conservées aux archives du ministère de la guerre.

[10] Vaussieux est un village de Normandie, situé à quelques kilomètres au sud-ouest de Bayeux.

[11] Le camp de Vaussieux se composait de 60 bataillons, de 40 escadrons de dragons et de 40 pièces de canon.

[12] Au passage de la Vils, en 1796, pendant la retraite de l'armée de Sambre-et-Musa.

[13] Archives du ministère de la guerre (carton : camp de Vaussieux), dépêche du maréchal de Broglie au ministre, en date du 13 octobre 1778.

[14] Voyez ses mémoires, I, 225.

[15] Voyez, aux archives du ministère de la guerre (carton : camp de Vaussieux), sa lettre au comte de ***, dans laquelle il déclare que le maréchal de Broglie était un pauvre général, à réputation usurpée, et que toutes les manœuvres du camp n'ont produit qu'un désordre inouï.

[16] Professeur à l'École militaire, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.

[17] Les camps de manœuvres furent assez nombreux depuis Vaussieux. Les archives de Seine-et-Oise me font connaître : de grandes manœuvres à Borny (près de Metz), en 1782, dirigées par le comte de Broglie ; — un camp à Saint-Jean-de-Losne, commandé par le duc de Lévis ; un camp de dragons à Mattincourt, commandé par M. de Vioménil, un des généraux du maréchal de Broglie (sans date) ; — de grandes manœuvres exécutées à Montigny-lez-Metz, en 1788, sous les ordres du maréchal de Broglie ; le camp de Saint-Orner, également en 1788, commandé par le prince de Condé. — Pour ces deux derniers camps, on peut étudier leurs détails au Dépôt de la guerre.

[18] Bonaparte sortit de l'École avec le numéro 42, c'est-à-dire l'avant-dernier de sa promotion. (Dossier de l'Empereur, aux archives du ministère de la guerre, 1 vol. in-folio.)

[19] Exactement, dix-huit mois : la guerre est déclarée le 20 avril 1792, et Carnot prend l'offensive en septembre 1793.

[20] Arago. — C'est à cette excellente biographie que j'ai emprunté tous ces curieux détails.

[21] Quelques-uns cependant ne sont que trop connus : Henriot, Ronsin, Rossignol, Santerre, etc.

[22] Kléber avait été officier au service de l'Autriche.

[23] Trop souvent confondu avec Moreau.

[24] La richesse en hommes distingués, généraux et autres, que nous constatons à cette époque et que nous opposons-à la pauvreté actuelle, vient en grande partie du mode d'enseignement des deux époques. Autrefois, on apprenait à apprendre ; l'enseignement avait pour but exclusif de développer l'intelligence et de donner à chaque élève l'habitude du travail et de la réflexion, et de le mettre en état de devenir plus tard un homme intelligent, dans quelque condition qu'il se trouvât. Aujourd'hui, plus de méthodes sérieuses, plus de travail, plus de lecture, plus de réflexion, rien que des efforts de mémoire : il ne s'agit pas. de développer l'intelligence de l'élève en vue de l'avenir ; il faut subir des examens inutiles, et pour cela étudier des programmes saugrenus. On voit les résultats, et cependant on persévère.

[25] Ancienne armée des Ardennes.

[26] Leur effectif maximum s'est élevé en septembre 1794 à 750.000 hommes.

[27] Tome I, p. 199.

[28] Malheureusement cela a changé depuis, au grand détriment de l'armée.

[29] Le service obligatoire pour tous est imposé à tous les États de l'empire.

[30] En attendant, elle les a tous supprimés (octobre 1871).

[31] Trois régiments de cette division restent à Châlons et sont incorporés dans le 12e corps.

[32] La cavalerie du 6e corps reste à Châlons et est incorporée dans le 12e corps.

[33] La division Bonnemain, de l'armée du Rhin, était revenue à Châlons avec le 1er corps.

[34] Cette division, formée de mobiles, a été créée après la rentrée à Paris du 13e corps.

[35] Le général Peytavin, nommé au commandement du 15e corps dans les derniers jours de la campagne de l'Est, n'a pas eu de successeur au commandement de la 3e division.

[36] Détachée du 13e corps.

[37] Tombé malade, il fut remplacé par le général Chanzy et plus tard placé à la tête du 25e corps.

[38] Le général Bourbaki a eu le commandement du 18e corps, du 2 au 7 décembre, le colonel Billot étant son chef d'état-major général.

[39] Le général Briand a aussi commandé le 19e corps ; mais je n'ai pu établir si c'était avant ou après le général Dargent.

[40] A la formation du 23e corps, la division Moulac devint la première du nouveau corps.

[41] Ancien lieutenant d'infanterie de marine, homme taré, qu'il est regrettable de voir figurer dans une liste de généreux français. (Voyez Déposition du général Paulze d'Ivoy, p. 547.)

[42] Les troupes qui formèrent la réserve de l'amiral Pallu furent tirées du 15e corps.

[43] Formé à Poitiers et porté à Guéret à la fin de la guerre, le 26e corps n'a pas combattu. Le général Billot en a pris le commandement le 7 février.

[44] C'est dans cette armée que se trouvent les régiments provisoires.

[45] Le 2e et le 5e corps ont été créés le 24 avril.