I. — LES TRAITÉS ENTRE ROME ET CARTHAGE (509-279).Rome et Carthage se connaissaient depuis longtemps ; trois fois elles avaient scellé leur alliance par des traités, car elles avaient les mêmes ennemis : les pirates qui couraient la mer Tyrrhénienne et pillaient les côtes du Latium ; plus tard les Grecs italiotes et Pyrrhus. Nous avons encore ces monuments d’une bien vieille diplomatie
Polybe les a lus sur des tables de bronze conserves dans les archives des
édiles. Ils sont intéressants à double titre pour l’histoire des événements
politiques et pour celle du droit des gens. Le plus ancien, qui est à la fois
un traité d’alliance et un traité de commerce, fut négocié par Tarquin et
conclu par les premiers consuls de la république (509). Entre
les Romains et leurs alliés d’une part, les Carthaginois et leurs alliés de l’autre,
il y aura pais et amitié aux conditions suivantes : les Romains et leurs
alliés ne navigueront pas au delà du Beau Promontoire (cap Bon), à moins qu’ils n’y soient poussés par la tempête ou
chassés par leurs ennemis. Dans ce cas, il ne leur sera permis d’y acheter ou
d’y prendre que ce qui sera nécessaire pour le radoub des vaisseaux et les
sacrifices aux dieux, et ils devront en partir dans les cinq jours. Leurs
marchands pourront trafiquer à Carthage, mais aucun marché ne sera valable qu’autant
qu’il aura été fait par l’intermédiaire du crieur et du scribe publics. Pour
toute chose vendue en leur présence, la foi publique sera garante à l’égard
du vendeur. Il en sera de même en Afrique (sur le
territoire de Carthage), et Sardaigne et dans
la partie de Ce traité montre à quel degré de puissance Rome était
arrivée sous ses rois, comme elle protégeait alors ses sujets et ses alliés
latins, et quels avantages elle assurait à leur commerce jusque sur les côtes
lointaines de Le second traité est postérieur de plus d’un siècle et demi
(348). Rome
avait employé ces cent soixante-deux années à recouvrer ce que l’établissement
de la république lai avait fait perdre. Carthage, au contraire, à l’abri des
révolutions sous son gouvernement aristocratique, avait grandi en force et en
richesse. Parmi ses alliés, elle nomme cette fois Utique et Tyr, parce qu’elle
représente maintenant toutes les ambitions de la race phénicienne, unie
contre ces Grecs qui font aux anciens maîtres de Le troisième traité est de l’année 279. Pyrrhus, alors en Italie, inquiétant à la fois Carthage et Rome, ces deux villes renouvelèrent leur vieux pacte d’amitié. Elles stipulèrent qu’une des deux nations n’accepterait du roi des conditions contraires à l’alliance, et que si l’un des deux peuples était attaqué par les Épirotes, l’autre aurait le droit de le secourir[1]. Carthage fournira des vaisseaux de transport pour l’aller et le retour, mais les auxiliaires seront payés par l’État qui les enverra. Les Carthaginois porteront secours aux Romains sur mer, lorsque ceux-ci en auront besoin ; toutefois les équipages des navires ne seront pas forcés de descendre à terre, s’ils s’y refusent. Ces traités furent confirmés par des serments. Les Carthaginois jurèrent par les dieux de leurs pères ; les Romains, aux premiers traités, par Jupiter Lapis, au dernier par Mars et par Enyalius[2]. Le serment par Jupiter Lapis se faisait ainsi : Le fécial prend une pierre en sa main et après avoir juré par la foi publique que les conventions seront fidèlement observées, il ajoute : Si je dis vrai, qu’il m’arrive bonheur ; si je pense autrement que je ne parle, que tous les autres gardent tranquillement, dans leur patrie et sous leurs logis, leurs biens, leurs pénates et leurs tombeaux ; que moi seul je sois rejeté comme je rejette cette pierre. Et en prononçant ces derniers mots, il lançait la pierre au loin. On a vu que les Carthaginois, exécutant une des clauses du traité avant même d’en avoir été requis par Rome, envoyèrent à Ostie cent vingt galères[3]. Le sénat n’accepta point ce secours ; sous ce refus se cache ou la confiance qu’avaient les Romains de vaincre seuls, ou la défiance que leur inspiraient des alliés si empressés. D’Ostie, l’amiral se rendit à Tarente et offrit sa médiation à Pyrrhus[4]. Les Carthaginois étaient évidemment fort désireux de rendre le roi aux douceurs de sa royauté épirote. Lui, au contraire, ne rêvait que combats ; il passa en Sicile, y guerroya trois ans et en quittant l’île s’écria : Quel beau champ de bataille nous laissons aux Romains et aux Carthaginois ![5] II. - OPÉRATIONS EN SICILE (264).Ni Rome ni Carthage ne pouvaient abandonner à une
puissance rivale la grande île située au centre de Trois puissances se partageaient file : Hiéron, tyran de
Syracuse depuis l’an 270, les Carthaginois et les Mamertins, ou fils de Mars.
Ceux-ci, anciens mercenaires d’Agathocle[6], s’étaient
emparés par trahison de Messine, et de ce poste ils infestaient file entière.
Diodore les montre pillant jusque sur la côte méridionale, où ils dévastèrent
Géla, qui relevait ses ruines. Hiéron voulut en débarrasser
C’était, comme tous ceux de sa race, un homme énergique à qui rien ne coûtait pour atteindre son but. II passa le détroit au risque d’être enlevé par l’ennemi en arrivé à Messine, trouva Hannon établi dans la citadelle, qu’un pari lui avait livrée. Claudius voulut appeler à lui quelques troupes, mais les vaisseaux carthaginois fermaient le détroit. Pas une barque ne passera, dit Hannon, et pas un de vos soldats ne se lavera jamais les mains dans les mers de Sicile. Cependant il consentit à une entrevue avec le tribun ; au milieu ide la conférence, Claudius le fit saisir, et pour obtenir sa liberté, Hannon rendit la citadelle. A son retour à Carthage, il fut mis en croix, mais Rome ouvrait la période de ses grandes guerres par une perfidie qui, avec bien d’autres, sera oubliée de ses orateurs, quand ils flétriront dans le sénat et au Forum la foi punique. Hiéron et les Carthaginois s’unirent pour assiéger
Messine. Par une horrible précaution, les Carthaginois massacrèrent leurs
mercenaires italiens ; mais le détroit n’a guère plus de Ces heureux commencements engagèrent le sénat à pousser vigoureusement la guerre. Deux consuls et trente-six mille légionnaires passèrent l’année suivante en Sicile, où soixante-sept villes, et parmi elles Catane, au pied de l’Etna, tombèrent en leur pouvoir. Ségeste, la plus ancienne alliée de Carthage dans l’île, avait massacré sa garnison punique et invoqué sa prétendue descendance troyenne pour obtenir des romains de favorables conditions. Le sénat n’eut garde de repousser des gens qui trouvaient le moyen de se faire très nobles en flattant la vanité romaine, et qui donnaient de tels gages de leur consanguinité. Les Ségestains furent déclarés liberi et immunes. Hiéron, effrayé et réfléchissant que Syracuse avait plus à perdre, pour son commerce, avec Carthage qu’avec Rome, se hâta de traiter ; il rendit tous les prisonniers, paya 100 talents[8] et resta cinquante années le fidèle allié des Romains. Jamais Syracuse ne fit plus heureuse. Théocrite y était alors, maudissant la guerre et demandant aux dieux de rejeter dans la mer des Sardes l’ennemi qui détruisait les cités siciliennes[9]. Uri voudrait croire que ses idylles sont une peinture véritable, du bonheur de ce petit coin de terre, tandis que le reste du monde était ébranlé par le choc des deux grands peuples.
Le traité fait avec Hiéron assurait aux Romains l’alliance
du parti national en Sicile et les dispensait de faire venir du Latium des
vivres et des munitions que les flottes ennemies auraient pu intercepter. L’ambition
du sénat s’en accrut, et il résolut d’expulser les Carthaginois de l’île
entière, oit les excès de leurs bandes barbares avaient depuis deux siècles
rendu leur domination odieuse. Agrigente, fameuse entre toutes les villes
siciliennes par le nombre et les proportions colossales de ses monuments,
était très forte d’assiette, et les Carthaginois en avaient fait leur place d’arbres
dans l’île. Bâtie sur des rochers dont quelques-uns, ceux de la citadelle,
semblaient taillés à pic et entourée de deux cours d’eau qui se réunissaient
au-dessous d’elle pour tomber ensemble à la mer, fume
di Girgenti, elle eût été imprenable, si son éloignement du
rivage, 18 stades ou Ces trois campagnes et ce long siège avaient compromis déjà les finances de Carthage, et elle fut un instant forcée d’arrêter la page de ses mercenaires. Pour se débarrasser des trop vives réclamations de quatre mille Gaulois qui menaçaient de passer à l’ennemi, un général carthaginois leur promit le pillage d’Entella. Ils y coururent ; mais il avait fait avertir secrètement le chef romain, et les Gaulois, tombés dans une embuscade, périrent jusqu’aux derniers. Les légionnaires aussi étaient sans solde ; mais on n’entendait pas une plainte clans cette armée de citoyens. Un jour, devant Agrigente, nombre de soldats s’étaient fait tuer aux portes du camp pour donner aux légions dispersées le temps de se rallier, et si des querelles s’élevaient entre eux et leurs alliés, c’était pour avoir, dans le combat, le poste le plus périlleux[10]. Dès la troisième année de la guerre, Carthage ne possédait plus, en Sicile, que quelques places maritimes. Mais ses flottes ravageaient les côtes d’Italie, fermaient le détroit et rendaient toute conquête précaire[11]. Le sénat comprit qu’il fallait aller chercher l’ennemi sur son propre élément (261). Ainsi le but grandissait en reculant sans cesse. Il ne s’était agi d’abord que d’empêcher Messine de tomber au pouvoir des Carthaginois, puis de les chasser de l’île ; maintenant le sénat voulait les chasser de la mer. III. — OPÉRATIONS MARITIMES ; DESCENTE DES ROMAINS EN AFRIQUE (260-255).Les romains n’étaient pas aussi ignorants qu’on l’a prétendu des choses maritimes. Ils connaissaient la construction et la manœuvre des trirèmes ; on se rappelle que l’apparition d’une escadre romaine dans le port de Tarente avait provoqué la guerre de Pyrrhus. Mais ils n’aimaient pas la mer, ils se défiaient de l’élément perfide, et comme leur vie militaire s’était passée sur terre, ils n’avaient point de flotte permanente, quoiqu’ils nommassent des magistrats, duumviri navales, pour veiller à l’entretien d’uni certain matériel naval. D’ailleurs, quand ils avaient besoin de vaisseaux, ils en demandaient à leurs sujets étrusques et grecs. Mais, pour lutter conte Carthage, il fallait une flotte de ligne, c’est-à-dire composée de vaisseaux de haut bord, à cinq bancs de rameurs. Une quinquérème carthaginoise, échouée sur les côtes d’Italie, servit de modèle. Telle était alors l’imperfection de cet art, qui est devenu une science si difficile, que deux mois suffirent pour abattre le bois, construire et lancer cent vingt navires, former et exercer les équipages[12]. Tous ces hommes n’étaient point des marins novices ; les alliés avaient fourni beaucoup de matelots et de pilotes expérimentés. Il fallait néanmoins du courage pour aller affronter avec une telle flotte la première puissance maritime du monde. Le consul Cornelius Scipion fut pris, il est vrai, avec dix-sept vaisseaux, dans une tentative mal conduite contre les îles Éoliennes (Lipari) ; mais son collègue Duillius battit, près de Myles (Melazzo), la flotte carthaginoise (260). Dans les batailles navales de l’antiquité, les vaisseaux, armés d’un éperon à la proue, cherchaient à se percer vers la ligne de flottaison ; la légèreté du bâtiment, la rapidité des manœuvres étaient alors comme à présent, les premières conditions du succès, et la chiourme faisait plus que les soldats embarqués à bord, habituellement en très petit nombre. Athènes n’en mettait guère que dix sur ses trirèmes[13]. Dès la première campagne, le génie militaire des Romains leur fit inventer une nouvelle tactique. Leurs vaisseaux, grossièrement construits avec du bois vert, étaient de pesantes machines qu’on pouvait cependant à force de rames conduire droit à l’ennemi. A l’avant du navire Duillius fit placer un pont[14] qui, s’abattant sur la galère ennemie, la saisissait avec des crampons de fer, la tenait immobile et livrait passage aux soldats. La science des pilotes carthaginois devenait inutile ; ce n’était plus qu’un combat de terre ferme où le légionnaire retrouvait ses avantages, et Duillius en avait mis jusqu’à cent vingt sur chaque navire[15]. Quand les Carthaginois virent s’avancer la flotte romaine, ils coururent comme à une victoire assurée. Trente vaisseaux, qui formaient l’avant-garde, l’atteignirent les premiers ; saisis par les corbeaux, pas un n’échappa : la galère amirale, à sept rangs de rames, fut prise elle-même, et Annibal, l’ancien défenseur d’Agrigente, qui la montait, n’eut que le temps de se jeter dans une barque. Il lança cependant ses autres galères sur les flancs et sur l’arrière des vaisseaux romains. Mais, malgré la rapidité de leurs évolutions, toujours ils rencontraient en face d’eux le redoutable corbeau. Vingt galères furent encore prises ; déjà trois mille hommes étaient tués et six mille prisonniers, le reste s’enfuit épouvanté. L’armée de terre leva en toute hâte le siége de Ségeste, les troupes qui défendaient Macella laissèrent prendre la place d’assaut, et le général carthaginois, retiré avec quelques troupes en Sardaigne, y fut mis en croix par ses mercenaires mutinés. Ces succès furent les résultats matériels de la victoire ;
mais elle en eut un plus grand. Le prestige de la supériorité maritime de
Carthage était dissipé, et, quelques désastres que l’avenir réserve aux
flottes romaines, le sénat ne renoncera point à la mer. Il sait maintenant
que Carthage peut être vaincue, et les derniers événements lui ont appris que
c’est sur mer qu’on fait la conquête des îles. Déjà il dirigeait une flotte
contre Après la victoire de Myles, les Romains avaient partagé
leurs forces tandis que l’armée de terre délivrait Ségeste, le consul Corn.
Scipion, avec une partie de la flotte, poursuivit jusqu’en Sardaigne les
vaisseaux échappés au premier désastre, les détruisit et commença la conquête
de cette île et de Hic
cepit Corsicam Aleriamque urbem Dedit
Tempestatibus aidem merito. Carthage envoya alors à Panorme un grand général, Amilcar.
Un jour, par d’habiles manœuvres, il enferma les légions dans un défilé, d’où
elles ne sortirent que grâce au dévouement de Calpurnius Flamma. C’était un
tribun légionnaire qui s’offrit à occuper, avec quatre cents hommes, une
colline d’où il pourrait couvrir la retraite et arrêter l’ennemi. Je donne ma vie à toi et à la république,
dit-il au consul. Tous moururent, excepté le tribun, qui fut retrouvé vivant
sous un monceau de cadavres. Il reçut une couronne de gazon. Alors, dit Pline, c’était
la plus noble récompense[17]. Caton le
compare à Léonidas et se plaint des caprices de la fortune qui a laissé son
nom dans l’obscurité. Il oubliait que c’est le but pair lequel on meurt qui
donne l’immortalité à la victime. Calpurnius, comme tant de soldats dans nos
annales, ne sauvait qu’une légion : Léonidas avait sauvé sa patrie, Cependant la guerre languissait ; Hamilcar avait détruit
la ville d’Éryx, dont il ne laissa subsistera que le temple élevé, disait-on,
par Énée sa mère divine, La fortune de Rome paraissant baisser, il se produisit de
dangereuses défections. Au centre de l’île, Enna, la ville sainte dont la
divinité poliade, Cérès, était honorée de Ces succès dans l’intérieur de l’île et une nouvelle bataille navale que crut avoir gagnée prés de Lipari le consul Atilius décidèrent le sénat à l’entreprise la plus hardie : trois cent trente vaisseaux furent armés, cent mille matelots soldats, et les deux consuls, Manlius Vulso et Atilius Regulus, les montèrent avec la résolution de passer au travers de la flotte carthaginoise et de descendre en Afrique. Les deux flottes se rencontrèrent à la hauteur d’Ecnome[18]. C’était le plus
grand spectacle qu’eût encore vu Les débris de l’armée vaincue se réfugièrent à Carthage. On y arma en toute hâte des vaisseaux, on leva des troupes pour garder la côte. Mais la plus grande confusion régnait encore dans la ville quand on y apprit que les Romains, débarqués grès du promontoire de Mercure (cap Bon), assiégeaient déjà Clypea. Regulus n’avait pris que le temps de radouber les vaisseaux désemparés et de faire des vivres. Les troupes s’effrayaient d’une guerre en Afrique, cette terre des monstres, d’où leur venaient de si terribles récits, Africa portentosa[19] ; un tribun même avait osé murmurer. Regulus l’avait menacé des haches, et l’armée, malgré ses craintes superstitieuses, était partie. Clypea prise, et aucune place, aucune armée ne couvrant le pays, les Romains se répandirent à travers ces riches campagnes, qui, depuis Agathocle, n’avaient pas vu l’ennemi, et dont un habile système d’irrigations favorisait la fécondité. En peu de jours, ils firent vingt mille prisonniers et un immense butin. Le sénat, trompé par ces premiers succès, rappela Manlius
et set légions : c’était une faute. Regulus, dit-on[20], avait demandé
lui-même à rentrer, parce que le fermier qu’il avait laissé pour cultiver un
champ de 7 arpents, son unique patrimoine, s’était enfui avec la charrue et
les bœufs. Le sénat lui répondit que tout serait racheté, son champ cultivé,
sa femme et ses enfants nourris aux dépens du trésor. Il resta en Afrique
avec quinze mille hommes et cinq cents chevaux : ces forces lui suffirent
pour battre partout l’ennemi, prendre trois cents villes et s’emparer de
Tunis, à 3 lieues de Carthage, après une victoire près d’Ades, qui coûta aux
Carthaginois dix-sept mille morts, cinq cents prisonniers et dix-huit
éléphants. La ville était aux abois. Par l’énormité du tribut imposé à Leptis
Parva, un talent par jour, on peut conjecturer combien le joug de Carthage
était lourd. Au bruit de ses défaites, les sujets s’étaient soulevés, et les
Numides pillaient ce qui avait échappé aux Romains : on se décida à traiter.
Regulus demanda l’abandon de Carthage était sauvée. Cependant l’armée victorieuse fut repoussée au siège de Clypea, et une flotte carthaginoise, encore battue en vue de cette place. Mais la destruction de toute une année, la captivité d’un consul et. la difficulté de traverser sans cesse une mer orageuse pour ravitailler les légions de Clypea décidèrent le sénat à renoncer à l’Afrique. Au même moment, un affreux désastre leur en fermait la route : deux cent soixante-dix galères furent brisées par une tempête le long des côtes de Camarine ; c’était presque la flotte entière. Les Carthaginois se hâtèrent d’accabler leurs sujets révoltés : les chefs furent mis en croix ; les villes donnèrent 1000 talents et vingt mille bœufs ; puis les préparatifs furent poussés avec vigueur pour reporter la guerre en Sicile (255). IV. —
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[1] Polybe, III, 25.
[2] Enyalius, ou le belliqueux, fut d’abord un surnom de Mars ; plus tard on fit de lui un fils de ce dieu. Il tient probablement dans la phrase de Polybe la place de Quirinus.
[3] Justin, XVIII, 2.
[4] Justin, XVIII, 2. Tite-Live parle pour les années 342 et 306 de présents que Carthage envoya à Rome, en la félicitant de ses succès sur les Samnites, VII, 38 ; IX, 43.
[5] Déjà une querelle avait failli éclater au sujet de Tarente.
[6] Festus les regarde comme un printemps sacré des Samnites.
[7] Du nom de ses vaisseaux de transport, naves caudicariæ.
[8] Diodore (XXIII, 5) dit 150.000 drachmes, Polybe 100 talents, Orose et Eutrope, 200.
[9] Voyez l’Idylle XVI, surtout les vers 52-97. L’araignée tend sa toile légère sur les armes suspendues, et l’on n’entend plus le nom de la guerre, etc.
[10] Polybe, I, 17.
[11] Id., I, 20.
[12] Quelques mois suffiront aussi aux Carthaginois pour ouvrir une nouvelle issue à leur port intérieur et bâtir une flotte avec les débris de leurs maisons. On ne doit s’étonner que de voir rester si longtemps dans l’enfance un art pratiqué par tant de peuples.
[13] Durant la guerre du Péloponnèse. Thucydide, II, 25,102 ; III, 91, 95 et II, 76, 101. Cf. Bœckh, Staatsh., t. I, p. 590.
[14] D’après la description, d’ailleurs peu claire, de Polybe, ce pont, qu’on appela corbeau, pouvait glisser tout le long du bord, et s’abattre de l’avant, de l’arrière ou des côtés.
[15] Il y eut du moins ce nombre à Ecnome. (Polybe, I, 5.) D’autres portent à deux cents le nombre des soldats mis par Duillius à bord de chaque navire.
[16] Florus, II, 2, et Val. Maxime en parlent comme d’honneurs que Duillius se serait décernés lui-même. L’inscription de sa colonne rostrale serait un des plus vieux monuments de la langue latine, si le texte que nous en avons n’avait été refait vers le milieu du premier siècle de notre ère, quand on restaura le monument.
[17] Histoires naturelles, XXII, 11 ; Aulu-Gelle (III, VII) le nomme Cæcilius, d’autres Laberius.
[18] Montagne entre Géla et Agrigente.
[19] Tite-Live, XXXIV,
64. On sait l’histoire plus que suspecte du serpent du Bagradas, long de
[20] Val. Maxime, IV, IV, 6 ; Sénèque, de Consol., 12.
[21] On a accusé les Carthaginois de l’avoir fait périr en mer (Zonare, VIII, 13 ; Silius Italicus, VI, 682) ; mais ils n’avaient aucun intérêt à ce crime, contredit d’ailleurs par Polybe.
[22] Elle était bâtie sur un promontoire à pic, d’où son nom grec qui signifie tête ; c’est aujourd’hui Cefalù.
[23] Val. Max., II, IX, 7 ; Frontin, Stratagèmes, IV. Les chevaliers furent réduits à la condition d’ærarii. En 252, Aurelius Pecuniola ayant, en l’absence du consul Cotta, son parent, laissé brûler une redoute et presque enlever son camp devant Lipari, Cotta le fit battre de verges et le réduisit au rang de simple fantassin. (Val. Maxime, II, VII, 4.)
[24] Pline, Hist. nat., VIII, 6.
[25] Idem, ibid., VII, 45.
[26] Carm., III. Cf. Sil. Italicus, Pun., VI, 346-385.
[27] Resectis palpebris, illigatum in machina, vigilando, necaverunt (Cicéron, in Pison, 18).
[28] Diodore, Fragm. de Virt. et Vit., XXIV ; Aulu-Gelle, VII, IV, Zonare, VIII, 15, etc.
[29] Polybe ne connaît pas cette histoire des poulets sacrés, mais Cicéron la raconte.
[30] Le mont Erctè,
dont la mer baigne le pied, est défendu sur ses flancs par des rochers à pic et
séparé des montagnes qui courent à l’ouest de Panorme par une large plaine, de
sorte qu’il forme une vaste forteresse naturelle dominant la ville d’une
hauteur de
[31] Le mont Éryx, à 6
milles de Drépane, n’a que
[32] Ces courses obligèrent le sénat à fonder plusieurs colonies maritimes à Alsium, à Frégènes et à Brindes.
[33] Polybe, I, 56, 57.
[34] Zonare, VIII, 16
[35] Corn. Nepos, Amilcar.
[36] Zonare, VIII, 17.
[37] Polybe, I, 65. Cet historien est la source principale pour cette guerre.