I. Égorgements à Mytilène et à Platée ; Cléon ; massacres à Corcyre ; affaire de Sphactérie (425)On en était à la quatrième année de la guerre (428), et les prévisions de Périclès s’étaient réalisées. Malgré les ravages annuels d’Archidamos, qui reparut encore cet été dans l’attique, les Athéniens conservaient l’avantage, car ils n’avaient rien perdu, et ils étaient maîtres de Potidée. Mais le grand politique n’avait pu prévoir le terrible mal qui s’était abattu sur la cité et en mourant il emporta la fortune des Athéniens. Peu de temps après éclata une révolte qui pouvait ébranler leur domination. Mytilène, comme toutes les cités grecques, avait deux partis. Les grands, qui tenaient le peuple dans une étroite dépendance[1], n’avaient accepté qu’avec douleur et par crainte des Perses la suprématie des Athéniens. Bien qu’Athènes fût restée pour Mytilène, comme pour Chios dans les termes de la primitive alliance, ils se rappelaient les jours brillants de Pittacos, et le temps où file entière de Lesbos leur était soumise. On les a vus solliciter secrètement, avant même la guerre de Corcyre, l’appui de Lacédémone. Encouragés par les Béotiens, qui étaient de leur race, ils augmentèrent la force de leurs murs et le nombre de leurs vaisseaux, forcèrent les habitants des petites villes du voisinage à s’établir dans leur cité, et soudoyèrent des auxiliaires. Méthymne et Ténédos dénoncèrent à Athènes ces préparatifs. Une ambassade pacifique envoyée à Mytilène ne rapporta que des paroles de guerre, et en même temps on apprit que Ies Péloponnésiens recevaient les révoltés dans leur alliance. Athènes, disaient ceux-ci, affaiblie et ruinée par la peste et la guerre, ne résistera pas à une vive attaque. Les Spartiates se hâtèrent de rappeler aux armes les alliés à peine de retour de leur troisième invasion dans l’Attique, et ils se disposèrent à traîner une flotte par-dessus l’isthme de Corinthe pour envelopper Athènes de toutes parts. On ne parle que de la constance romaine ; il faudrait parler aussi de la constance de ce peuple athénien qui, depuis quatre ans ne possédait plus, de son territoire, que l’espace couvert par les murailles de sa ville. Il avait déjà envoyé une escadre devant Mytilène, une autre voguait vers l’Acarnanie ; il semblait que le Pirée fut vide. A la nouvelle du projet des Lacédémoniens, il en sortit cent galères, qui, sous les yeux de l’ennemi étonné, vinrent ravager les côtes du Péloponnèse. En ce moment Athènes avait à la mer 250 navires, une armée devant Potidée, une autre à Mytilène, une troisième en Acarnanie ; et l’on admirera quels sacrifices elle s’imposait, en songeant que, au siège de Potidée, l’hoplite recevait 2 drachmes par jour, une pour lui, l’autre pour l’homme de service qui l’accompagnait, et que, sur la flotte, la solde était la même[2]. Afin de pourvoir à ces dépenses, les citoyens mirent sur eux-mêmes un impôt de 200 talents. Quand, l’été suivant (427), l’armée de la ligue envahit une quatrième fois l’Attique, le courage d’Athènes ne fut pas ébranlé ; pas une galère, pas un soldat ne furent rappelés de Mytilène; et cependant Périclès n’était plus là. Le Spartiate Saléthos avait pris la direction de la défense de cette ville. Mais à peine eut-il, pour une attaque générale des lignes athéniennes, fait distribuer des armes au peuple, que cette multitude longtemps opprimée se souleva contre les grands. Il fallut traiter et livrer la place à Pachès, le général athénien. Ici se place une tragédie. Les Spartiates avaient, dès le
principe, donné à cette lutte le caractère de cruauté féroce que les peuples
du Ce Cléon, l’indigne héritier de Périclès, était, à la grande joie d’Aristophane, qui tire de là d’intarissables plaisanteries, un corroyeur, fort ami des petites gens[4], et grand parleur, violent, impétueux, se démenant sans dignité à la tribune, où il portait non la tenue et la sévère éloquence de Périclès, mais la langue et les gestes du Pirée. Cléon, qui fut, une fois convaincu de vénalité, Cléon, médiocre orateur, mauvais général et flatteur de la populace, avait pourtant de l’énergie. Un jour elle le servira bien ; cette fois elle lui fit faire une mauvaise action. Quand on délibéra sur le sort des Mytiléniens, il soutint qu’un grand et crible exemple était nécessaire ; son opinion passa. Mais le peuple, meilleur que lui, revint le lendemain à des sentiments plus dignes d’Athènes. Le vaisseau à qui était remis l’arrêt de mort avait une avance de vingt-quatre heures. Chargé d’un tel message, il allait lentement. La galère qui portait le contre-ordre fit la plus grande diligence ; Pachès venait de lire sur la place de Mytilène le décret fatal et allait l’exécuter, lorsque la seconde trirème entra dans le port. Les mille partisans de Lacédémone envolés à Athènes n’en furent pas moins exécutés[5]. C’était déjà une assez sanglante boucherie. Quant à Mytilène, ses murs furent rasés, ses vaisseaux confisqués, et toute file, moins le territoire de Méthymne, fut divisée en trois mille parts. On en consacra un dixième aux dieux ; le reste fut donné par le sort à des Athéniens, qui affermèrent ces champs à des cultivateurs de Lesbos, au prix d’une redevance de 2 mines pour chaque lot. Mytilène pourtant ne tarda pas à se relever et à redevenir florissante. Un exemple, heureusement d’une autre sorte, fut en même temps donné par Athènes à ses alliés. Le conquérant de Lesbos, Pachès, commit contre deux femmes de Mytilène quelques-unes de ces violences qu’on ne pardonne pas. De retour à Athènes, il fut mis en jugement, et, prévoyant une condamnation, se perça de son épée au tribunal même. Athènes disait bien haut qu’elle ne voulait pas plus d’injustices que de révoltes (427). Le sang des Mytiléniens retomba sur la tête des Platéens. Les Spartiates s’acharnaient contre cette poignée d’hommes qui, depuis deux ans, résistaient héroïquement, haussant et réparant leurs murailles, ruinant les fortifications des ennemis, brisant leurs machines, bravant une ploie de feu, de soufre et de poix que les assiégeants lançaient sur eux, et les flammes qui dévorèrent une partie de leur ville. Enfin, menacés de la famine, ils allaient capituler, quand leur vint l’idée d’une audacieuse entreprise. Il s’agissait de franchir la double enceinte dont le camp lacédémonien s’était enveloppé et le. double fossé qui la couvrait. En comptant Ies briques, ils étaient parvenus à connaître la hauteur des murs et avaient construit des échelles assez longues pour en atteindre le faîte. Au moment de l’exécution, il n’y eut que deux cent vingt hommes, c’est-à-dire la moitié de la garnison, qui se risquèrent à tenter ce coup périlleux. Par une froide et obscure nuit de décembre, tandis que le vent soufflait et qu’il tombait une pluie mêlée de neige, ils sortirent de la ville, silencieux, éloignés les uns des autres, pour ne point entrechoquer leurs armes, tous ayant un pied nu, afin de ne pas glisser. Ils appliquèrent leurs échelles et montèrent. Les premiers n’avaient que leur cuirasse et un poignard ; ceux qui suivaient portaient des javelots, d’autres les bouclier. Une brique en tombant donna l’éveil aux soldats de garde qui coururent de tous côtés dans l’ombre, sans savoir où était le danger, et élevèrent des signaux de feu du côté de Thèbes pour avertir qu’un péril menaçait le camp. Les Platéens de la ville en allumèrent d’autres sur leur muraille, de sorte que la confusion des feux ôtait toute signification aux signaux des assiégeants. Ceux-ci cherchaient partout l’ennemi qui avait causé l’alarme ; mais les torches qu’ils portaient guidaient les coups, et les Platéens, invisibles dans l’ombre, frappaient à coup sûr. Les deux cents étant parvenus à franchir les retranchements et les fossés[6], se dirigèrent du côté de Thèbes pour tromper la poursuite, car ils voyaient, par la lumière des torches, qu’on les cherchait vers le Cithéron. Aspres avoir fait sis ou sept stades dans cette direction, ils tournèrent du côté des montagnes et deux cent douze arrivèrent sains et saufs en Attique. La garnison de Platée était diminuée, mais ce qui restait de vivres se trouva doublé, de sorte que la résistance se prolongea jusqu’au milieu de l’été suivant. Quand on fut réduit au dernier morceau de pain, il fallut bien capituler. Les Spartiates se vengèrent du temps qu’ils avaient perdu à ce siège par une froide cruauté, d’autant plus odieuse qu’ils y mêlèrent un appareil de justice. Cinq juges furent envoyés de Lacédémone, et les prisonniers comparurent un à un devant eux ; aucune accusation ne fut articulée ; on se bornait à leur demander si, dans cette guerre, ils avaient rendu quelque service aux Lacédémoniens ou à leurs alliés. A cette question dérisoire, les malheureux, interdits, gardaient le silence, et on les égorgeait, Deux cents Platéens et vingt-cinq Athéniens périrent ainsi ; leurs femmes furent réduites en servitude, leur ville rasée et le territoire donné aux Thébains (427). On s’étonne qu’Athènes n’ait rien fait pour les sauver. Toute la dureté antique avait reparu dans cette guerre fratricide : des deux côtés, on égorgeait, et chacun était d’avance résigné à subir le sort qu’il comptait infliger lui-même au vaincu. Comme ces braves à qui leur chef confie un poste dangereux en leur disant : Faites-vous tuer là, les Platéens, victimes volontaires, avaient, par leur sacrifice, servi la cause commune. On les admirait ; on ne les secourut point, parce qu’il eût fallu risquer un grand combat sur terre et qu’Athènes réservait toutes ses ressources pour la flotte. Cependant nous aurions aimé à citer une témérité héroïque ; ceux-là réussissent quelquefois qui espèrent contre toute espérance. Sparte avait joué dans cette affaire un rôle odieux : l’appareil mis en jeu, ce tribunal, ces juges, cet interrogatoire, cette dérision enfin de la justice, était plus abominable que le meurtre après le combat. Elle n’en prétendait pas moins avoir agi selon le droit strict. L’alliance avec Athènes était, disait-elle, une trahison envers l’Hellade, et il ne devait pas y avoir de merci pour les traîtres. Résister à Lacédémone devenait un crime inexpiable. A Corcyre, comme partout, l’aristocratie et le peuple, les riches et les pauvres, ceux-là soutenus par Lacédémone, ceux-ci par Athènes, se disputaient avec fureur le pouvoir. Longtemps ces discordes intérieures n’amenèrent d’autre catastrophe que l’exil du parti le plus faible ; maintenant que les vaincus peuvent appeler l’étranger à leur aide, ces luttes intestines prendront un caractère d’atroce cruauté. Les riches Corcyréens, faits prisonniers à la bataille de Sybota par Corinthe, avaient été choyés dans cette ville, puis relâchés comme de précieux instruments pour opérer une révolution à Corcyre. Depuis leur retour, ils s’efforçaient de remplir la secrète condition de leur mise en liberté, en entraînant l’île dans le parti des Péloponnésiens. Peithias, chef de la faction populaire, accusé par eux de trahir la patrie, accuse à son tour cinq d’entre eux, qui l’assassinent au milieu du sénat, égorgent soixante de ses partisans, promettent la liberté aux esclaves et appellent la flotte péloponnésienne. Le peuple, d’abord surpris, reprend courage ; douze vaisseaux athéniens accourent de Naupacte et donnent l’avantage au parti populaire. Mais cinquante-trois galères arrivent du Péloponnèse ; les Athéniens, malgré leur petit nombre, balancent la victoire dont le général spartiate ne sait pas profiter. Averti par les signaux de feux que soixante galères athéniennes approchaient, il s’enfuit ; alors commence un horrible massacre. Les nobles et leurs partisans s’étaient réfugiés dans un temple. Pour les en tirer, on leur promet un jugement impartial ; cinquante, qui l’acceptent, sont condamnés à mort et égorgés. Les autres se frappent eux-mêmes dans le sanctuaire. Pendant sept jours on tua dans Corcyre, et les passions déchaînées profitèrent de cet affreux désordre pour se satisfaire : des débiteurs tuèrent leurs créanciers ; des inimitiés personnelles se couvrirent du prétexte de la vengeance publique. Cinq cents de ces malheureux s’étaient échappés ; ils se fortifièrent sur le mont Iston et s’y défendirent deux années. Forcés par les Athéniens de se rendre, ils furent transportés sur un îlot pour y attendre le jugement d’Athènes. Jusque-là leur vie était sauve, mais à condition que pas un ne tenterait de fuir. Les chefs du parti démocratique leur tendirent un piège odieux. De faux amis les engagèrent à s’échapper et leur en offrirent les moyens. Quelques-uns acceptèrent ; aussitôt la sentence fut portée. On les retira vingt par vingt de leur prison, et on les fit passer, les mains attachées, entre deux haies d’hoplites qui frappaient et perçaient : des hommes armés de fouets hâtaient leur marche. Soixante furent ainsi emmenés et exécutés, sans que ceux qu’ils avaient laissés derrière eux s’en doutassent ; enfin, instruits de la vérité, ils refusèrent de sortir. Les Corcyréens enlevèrent le toit de l’édifice où ils s’étaient réfugiés et les accablèrent de projectiles. Les malheureux se tuaient eux-mêmes avec les flèches qu’on leur lançait, se pendaient aux lits de leur prison, ou s’étranglaient de leurs propres mains (425). — La même année, les Corinthiens, chassés d’Anactorion, à l’entrée du golfe d’Ambracie, furent remplacés dans ce poste important par des Acarnanes, leurs ennemis, et Athènes put désormais promener librement ses galères sur la mer d’Ionie sans qu’une voile corinthienne osât s’y montrer. Il en coûte à le dire : ce ne fut qu’après ces massacres que Corcyre retrouva la tranquillité. Il n’avait pas fallu moins, tant la haine des deux côtés était féroce, que l’extermination de tout un parti par l’autre pour que le calme se fit dans la ville épuisée de sang. Mais le signal de ces perfidies et de ces violences, qui l’avait donné ? Ceux qui, sans cause, voulurent détacher Corcyre d’Athènes et qui poignardèrent Peithias en plein sénat : la faction des grands. Dans cette guerre de Corcyre,
dit Thucydide, il se commit toutes les horreurs qui
arrivent ordinairement en de telles circonstances ; elles furent même
surpassées : car un père tua son fils ; des suppliants furent arrachés
des asiles sacrés ; d’autres égorgés au pied des autels, tant fut
cruelle cette sédition ! Elle le parut encore davantage parce qu’elle
était la première. En effet, Comme si la nature eut voulu concourir à ce bouleversement
général, des tremblements de terre ébranlèrent l’Attique, l’Eubée, toute Une preuve qu’il faut faire au peuple d’Athènes sa part
dans les grandes choses accomplies par Périclès, c’est que, depuis quatre
années qu’il avait perdu ce guide éclairé, il avait montré, contre le double
fléau de la peste et de la guerre, la constance que lui recommandait le grand
orateur : point de troubles dans la ville, point d’esprit étroit dans le
choix des chefs. Cléon pouvait bien monter à la tribune ; c’étaient les
généraux éprouvés par de bons services, fussent-ils nobles, riches et amis de
la paix, comme Démosthène et Nicias, qui commandaient les armées. À Mytilène,
à Corcyre, ceux qui avaient mis leur confiance dans Lacédémone avaient
péri ; la ruine de Platée était le seul échec qu’Athènes crut subi. Déjà
elle tournait les yeux vers Démosthène était un vrai général, entreprenant et habile ; pour lui la guerre était une science qui exigeait des combinaisons et pas seulement du courage. Laissant son collègue Nicias opérer dans les mers voisines d’Athènes, il reparut dans les eaux occidentales, pour détruire l’influence de Corinthe jusque dans le golfe qui porte son nom. Assisté des Acarnanes, il avait vaincu, l’année précédente (426), sur terre, par une tactique supérieure, les Péloponnésiens qui perdirent tant de morts à la bataille d’Olpée, que le général consacra dans les temples d’Athènes trois cents panoplies, sa part du butin. Mais cette guerre d’Acarnanie, que Thucydide raconte longuement, ne pouvait avoir de sérieux résultats. Une audacieuse entreprise de Démosthène parut un moment devoir tout terminer. Il avait été frappé, en naviguant autour du Péloponnèse, de la position remarquable de Pylos, promontoire de la côte de Messénie, qui domine la rade actuelle de Navarin, le meilleur port de la péninsule, et que les Spartiates avaient laissé désert depuis les guerres de Messénie. Il lui sembla que s’il pouvait l’occuper et y établir des Messéniens, il attacherait comme une torche enflammée au flanc du Péloponnèse. Il obtint du peuple la permission de tenter quelque chose ; mais lorsque la flotte qui allait à Corcyre et en Italie fut arrivée devant Pylos, les généraux qui la commandaient s’effrayèrent de son projet et refusèrent de l’exécuter. Les vents se mirent du côté de Démosthène ; en poussant les Athéniens à la côte, ils les forcèrent de relâcher. Dès qu’on fut à terre, les soldats, avec cette activité industrieuse qui caractérisait les Athéniens, improvisèrent d’eux-mêmes des fortifications et construisirent des murs, sans outils pour tailler les pierres, sans auges pour porter le ciment. Au bout de six jours le rempart était à peu près achevé ; Démosthène y resta avec cinq galères (425)[9]. Sparte fut justement effrayée à cette nouvelle, car c’était,
à l’occident du Péloponnèse, une excellente station pour les flottes
ennemies ; et de Pylos, les Athéniens allaient remuer toute Sparte, à ces nouvelles, fut dans la consternation. Le nombre des Spartiates n’avait en effet cessé de décroître depuis Lycurgue. Au temps du législateur, ils étaient 9000 ; au moment de la bataille de Platée, 5000 ; avant un quart de siècle, on n’en comptera plus que 700 ; la perte de ceux qu’Athènes tenait assiégés eût été irréparable. Les éphores se rendirent eux-mêmes à Pylos pour examiner l’état des choses, et ne virent d’autre moyen d’échapper à ce malheur que de conclure un armistice avec les généraux athéniens. Il fut convenu que des ambassadeurs partiraient de Lacédémone pour Athènes ; que, jusqu’à leur retour, Lacédémone livrerait tous les vaisseaux qu’elle avait dans la rade, soixante galères ; que les Athéniens maintiendraient le blocus de Sphactérie, mais qu’ils laisseraient passer aux quatre cent vingt, chaque, jour, deux chœnices attiques (2lit,6) de farine par homme, deux cotyles (0lit,54) de vin et un morceau de viande ; la moitié pour les valets. Les députés lacédémoniens parurent dans l’assemblée d’Athènes où, contre leur habitude, ils firent un long discours, offrant la paix en échange de leurs prisonniers et ajoutant que, dès qu’ils auraient traité, toute cité, à leur exemple, poserait les armes. Que devenaient donc les griefs tant reprochés à Athènes, au commencement de la guerre ? Pour sauver quelques-uns de leurs concitoyens, les Spartiates abandonnaient leurs alliés et ce qu’ils trouvaient naguère une cause si juste ! Mais, l’année précédente, n’avaient-ils pas trahi les Ambraciotes après la défaite d’Olpée ? Malheureusement Périclès n’était plus là pour imposer au peuple un désintéressement utile. Cléon poussa l’assemblée à exiger la restitution des places cédées lors de la trêve de trente ans. Les députés ne pouvaient accepter de telles conditions ; ils revinrent sans avoir rien fait. L’armistice cessa à leur arrivée, mais les Athéniens, prétextant la violation de quelque condition, refusèrent de rendre les vaisseaux. C’était se donner gratuitement le tort d’un manque de loyauté, car ces vaisseaux n’auraient pu être d’aucune utilité aux Spartiates. La famine était le plus grand péril que les assiégés eussent à craindre ; l’île, en effet, couverte de bois, était difficile et dangereuse à enlever de vive force. On promit la liberté à tout pilote qui parviendrait à y porter des vivres. Beaucoup tentèrent l’entreprise et réussirent. Les quatre cent vingt purent tenir jusqu’aux approches de l’hiver. Il était à craindre que, dans cette saison, les Athéniens de Pylos n’eussent eux-mêmes la plus grande peine à trouver des subsistances. Déjà l’armée souffrait; on le sut à Athènes. Cléon, qui avait fait rejeter les propositions des Lacédémoniens, s’en prit aux généraux. Si les hostilités traînaient en longueur, c’était, disait-il, qu’ils manquaient de résolution. Et il avait raison, car les Athéniens étaient à Pylos dix mille hommes contre quatre cent vingt. Nicias, toujours alarmé, croyait, même avec de telles forces, le succès impossible; et, pour mettre le démagogue au pied du mur, il lui dit d’aller à Sphactérie. Cléon d’abord hésita ; mais le peuple, pressé, lui aussi, d’en finir, le prit au mot. Il fallut s’exécuter. Cléon promit que dans vingt jours tout serait terminé. Il n’en fallait pas davantage, du moment qu’on était résolu à tenter sérieusement la descente. Prudemment il demanda qu’on lui adjoignit Démosthène pour collègue, et il eut la sagesse de ne rien faire sans consulter cet habile homme. Peu de jours avant sou arrivée à Pylos, un feu allumé pour cuire des aliments et mal éteint avait gagné le bois, et l’incendie, excité par un vent violent, avait dévoré la forêt. Cet accident faisait disparaître le principal danger de la descente. Démosthène la préparait ; il la fit avec Cléon. Une nuit ils assaillirent l’île avec toutes leurs forces. Ils avaient beaucoup de troupes légères. Elles gagnèrent rapidement les points les plus élevés, et de là harcelèrent les Lacédémoniens, qui n’étaient pas habitués à ces cris, à ces attaques d’ennemis fuyant dès qu’ils avaient frappé. Les cendres de la forêt nouvellement consumée s’élevaient dans l’air et les aveuglaient ; étourdis, ne distinguant plus rien, immobiles à la même place, ils recevaient de toutes parts des projectiles dont leurs cuirasses de feutre les garantissaient mal. Pour rendre le combat moins inégal, ils se retirèrent en masse vers un fort élevé à l’extrémité de l’île. Déjà ils étaient plus heureux dans cette position et commençaient à repousser les assaillants, lorsqu’ils virent paraître sur les rochers, au-dessus de leurs tètes, un corps de Messéniens qui les avait tournés. Il fallut se rendre. Ils obtinrent du moins la permission de consulter auparavant les Lacédémoniens qui se trouvaient sur la côte voisine ; ceux-ci répondirent : Les Lacédémoniens vous laissent libres d’agir comme vous l’entendrez, à condition que vous ne ferez rien de honteux. Ils se rendirent avec leurs armes. Apparemment, ce qui était jadis honteux pour Sparte ne l’était plus. Cent vingt-huit étaient morts dans l’attaque. Sur les deux cent quatre-vingt-douze survivants, il y avait cent vingt Spartiates appartenant pour la plupart aux premières familles. Quelqu’un vantait devant un des prisonniers le courage de ceux de ses compagnons qui avaient été tués. On ne saurait, répondit-il, avoir trop d’estime pour les flèches, si elles savent discerner le brave da lâche. C’est une réponse bien athénienne pour un Spartiate; Léonidas en avait d’autres (425). Le blocus avait duré cinquante-deux jours. Le succès de Sphactérie accrut considérablement la faveur
de Cléon auprès du peuple. Un décret lui donna le droit d’être nourri au
Prytanée par II. Nicias, Démosthène et Brasidas ; paix de 421L’équilibre était donc rompu ; la fortune penchait du
côté des Athéniens. Nais, tandis que Lacédémone promettait économiquement son
armée de terre de Les Athéniens n’en souffraient pas encore ; ils poursuivirent leurs succès avec une rare vigueur. Nicias, à la tâte d’un armement considérable, débarqua sur l’isthme, battit les Corinthiens, puis alla prendre Méthana, sur la péninsule qui, entre Trézène et Épidaure, s’allonge vers Égine. Un mur ferma l’isthme où une garnison fut laissée et, de ce poste qui, par des signaux de feu, communiquait avec le Pirée, les Athéniens firent de continuelles incursions dans l’Argolide (425). L’année suivante, Nicias enleva l’île de Cythère, voisine de la côte méridionale du Péloponnèse, commode, par conséquent, soit pour arrêter les navires qui en approchaient, soit pour y faire des, descentes. D’ailleurs elle regarde la mer de Crète et celle de Sicile, où Athènes, à ce montent même, avait une flotte pour soutenir les cités en guerre avec Syracuse. L’importance de la position de Cythère fit accorder à ses habitants de douces conditions. Nicias leur donna une garnison d’Athéniens, mais ne leur imposa qu’un tribut de 4 talents. Après avoir impunément ravagé pendant sept jours Pour le moment, Démosthène, plus sage, ne proposait qu’une
conquête qui aurait dû être faite ou tentée depuis longtemps. La discorde
régnait à Mégare ; une faction à la fin chassa l’autre, mais les proscrits,
retirés à Pagées, infestaient de là toute Ainsi Athènes prenait partout l’offensive, et Sparte,
paralysée, n’agissait plus; elle recourut encore au grand roi, avec de plus
vives instances que parle passé, pour obtenir de lui des secours, trahissant ainsi la cause de Le plan habile de Démosthène avait réussi ; le
Péloponnèse était enveloppé d’un cercle de postes ennemis. Il restait à
fermer l’isthme pour emprisonner les Spartiates dans leur presqu’île. On
pouvait le faire en occupant Mégare, mieux encore en entraînant Socrate avait pris part à cette bataille. Avec son ami Lachès et quelques autres braves, il s’était retiré pas à pas devant la cavalerie thébaine; pendant qu’il montrait cette froide bravoure, Aristophane écrivait sa comédie des Nuées. Sparte n’avait qu’un homme, celui qui avait sauvé Mégare,
menacé le Pirée et failli faire échouer Démosthène à Pylos, Brasidas.
Intelligent et brave jusqu’à l’audace, il possédait de plus une arme capable
de faire, surtout en Grèce, de cruelles blessures, et que les Spartiates maniaient
mal, l’éloquence. La mer lui était fermée ; il pensa que, sans quitter
la terre, on pouvait atteindre Athènes dans sa fortune et dans sa renommée.
Ce qu’elle avait fait contre Sparte à Pylos, à Cythère, à Méthana, Brasidas
conseilla de le faire contre elle dans Sa petite armée devait traverser Il s’empara de la même façon de Stagire ; Amphipolis elle-même tomba en son pouvoir. Il s’était introduit par surprise dans un des faubourgs de la ville ; comme elle se montrait disposée à résister, il gagna les habitants par la douceur des conditions qu’il leur offrit : il permettait à tous, Amphipolitains ou Athéniens, de rester, en conservant leurs droits et leurs biens; il accordait à ceux qui voudraient sortir, cinq jours pour emporter ce qui leur appartenait. Depuis longtemps la guerre ne s’était pas faite avec autant d’humanité, et c’était un Spartiate qui en donnait l’exemple ! Remarquons aussi le peu d’empressement des alliés d’Athènes à secouer un joug qui, d’après les faits, se montre moins odieux et moins dur que les réclamations des rhéteurs ne l’ont représenté. L’approche d’un ennemi aussi actif que Brasidas et les coups qu’il avait déjà frappés auraient dû engager les généraux d’Athènes, dans cette région, à concentrer toutes leurs forces sur le continent et non loin d’Amphipolis, le principal établissement d’Athènes de ce côté. L’un d’eux était alors avec sept galères à Thasos, où il n’y avait rien à garder, puisque l’île n’était et ne pouvait être menacée ; accouru trop tard, il sauva cependant Éion, le port d’Amphipolis. Sur la proposition de Cléon, le peuple punit cette négligence d’un exil qui dura vingt années. La postérité doit a cette sentence un chef-d’œuvre où de fortes pensées sont exprimées dans un style d’une âpre concision : cet exilé était Thucydide, qui employa ses loisirs à écrire l’histoire de la guerre du Péloponnèse. Le vrai coupable, Euclès, le commandant d’Amphipolis, s’était laissé, surprendre.
Brasidas employa l’hiver à parcourir deux des trois
péninsules rocheuses de Le roi Pleistonax, exilé de Sparte depuis 445, pour avoir
écouté les propositions de Périclès, s’était réfugié sur le mont Lycée en
Arcadie, auprès du temple vénéré de Zeus, afin d’y trouver au besoin un
asile. Il avait vécu là dix-neuf ans. Athènes n’était pas pour le moment plus belliqueuse. Elle
tenait prisonniers les Spartiates de Pylos, mais elle venait de perdre : à
Délion, mille de ses citoyens ; à Amphipolis, les clefs de Athènes et Sparte, en effet, semblèrent, à cette heure, d’accord : l’une pour diminuer ses dépenses, l’autre pour recouvrer ses captifs qui appartenaient aux plus influentes familles de la cité. Une trêve d’un an (mars 423) suspendit les hostilités, à la condition que chacun conserverait ce qu’il possédait. Les peuples de la ligue péloponnésienne furent autorisés à naviguer sur les mers qui baignaient leurs côtes et sur celles de leurs alliés; mais il leur était interdit d’employer des vaisseaux longs c’est-à-dire des galères de combat. Les signataires du traité devaient garantir à tous le libre accès du temple et de l’oracle d’Apollon Pythien ; ne point recevoir les transfuges, libres ou esclaves, protéger les hérauts et députés qui voyageraient par terre ou par mer pour accommoder des différends ; enfin, faciliter par tous les moyens la conclusion d’une paix définitive. Tandis que ce traité se concluait à Athènes, Brasidas entrait à Scioné, dans la presqu’île de Pallène, reçu à bras ouverts par les habitants, qui lui décernèrent une couronne d’or et lui ceignirent la tête de bandelettes, comme un athlète victorieux. Cette conquête avait suivi de deux jours la conclusion de la trêve ; elle devait être restituée ; Sparte s’y refusa, et la guerre recommença. Nicias, arrivé avec des forces considérables, reprit Scioné, puis Mendé, que le peuple lui livra, et ramena Perdiccas dans l’alliance d’Athènes, tandis que Brasidas échouait dans une tentative sur Potidée. L’année suivante Cléon fut nominé général. Il voulait qu’Athènes fit un vigoureux effort de ce côté, comme naguère à Pylos, et il avait raison ; car il fallait arrêter les progrès de Brasidas. Il s’empara d’abord, avec quelque habileté, de Toroné et de Galepsos, puis s’établit à Éion, pour y attendre des auxiliaires qui lui venaient de Thrace et de Macédoine. Mais ses soldats l’entraînèrent jusqu’en face d’Amphipolis. Brasidas était dans la ville ; il surprit les Athéniens dans un faux mouvement, et remporta une victoire complète qu’il paya de sa vie. Cléon périt aussi dans l’action. Selon Thucydide[15], il prit un des premiers la fuite ; selon Diodore, il mourut en homme de cœur. Brasidas, pleuré de tous les alliés, qui suivirent en armes son convoi, eut les funérailles des anciens héros. Son tombeau fut entouré d’une enceinte consacrée, et l’on institua en son honneur des jeux et des sacrifices annuels (422). La mort de ces deux hommes rendait la paix facile. Brasidas entretenait la guerre par son activité et ses succès, Cléon par ses discours. Si Athènes, qui venait d’éprouver un grave échec, perdait de sa confiance, Sparte n’en gagnait point, car la victoire d’Amphipolis avait été remportée, non par des troupes nationales, mais par des mercenaires sur lesquels on ne pouvait compter, et elle voyait durer, depuis dix ans, une guerre qu’elle avait entreprise avec l’espoir de renverser, en se jouant, la puissance athénienne ; une autre allait peut-être éclater à ses portes, la trêve de trente ans conclue avec les Argiens étant sur le point d’expirer ; enfin ses places maritimes étaient toujours occupées par l’ennemi, ses meilleurs citoyens toujours captifs. Dans les deux villes, l’influence revenait aux pacifiques : à Athènes, au prudent Nicias ; à Lacédémone, au débonnaire Pleistonax. Tous deux conseillèrent la paix ; elle fut conclue en avril 421. Il y eut deux traités. Le premier commençait, selon l’usage, par garantir à tous
les Grecs la faculté d’offrir des sacrifices à Delphes, d’y consulter
l’oracle, d’y envoyer des théories. Il fut convenu que chacun rendrait ce qu’il
avait pris dans la guerre ; excepté que les Thébains garderaient Platée,
et qu’en échange les Athéniens conserveraient Nisée, dans Un des articles du traité portait que, de part et d’autre, les prisonniers seraient rendus. Quand ceux de Sphactérie arrivèrent, on les dégrada de leurs droits de citoyens, afin de relever le renom du courage spartiate, en montrant que Lacédémone n’avait pas compris qu’ils eussent pu composer avec, le devoir, même en face de la mort. Il est vrai que, peu de temps après, on les rétablit élans leur première condition. Les Argiens, en voyant le mécontentement des alliés de
Sparte, crurent le moment favorable pour réclamer Le premier de ces traités, qui vint mettre un terme passager aux maux que les peuples souffraient depuis plus de dix années, porta le non, de l’homme honorable qui avait contribué à sa conclusion : on l’appela la paix de Nicias. Mais à qui avait profité tant de sang répandu ? Sparte n’avait accru ni sa gloire ni ses forces : Athènes gardait son empire, et les peuples n’avaient renoncé que pour un moment aux haineuses passions qui les avaient. armés les uns contre les autres. Personne n’y avait gagné, et la civilisation y avait perdu ce que dix années de paix eussent ajouté d’éclat au siècle de Périclès. |
[1] L’oligarchie de Mytilène interdisait à ses sujets d’enseigner à leurs enfants les lettres et la musique. Élien, du moins, le dit (Histoires variées, IX, 17).
[2] Thucydide, III, 17. Dans sa première Philippique, Démosthène parle d’une drachme par jour pour la nourriture de chaque cavalier et de 10 drachmes par mois pour celle d’un fantassin.
[3] Thucydide, II, 67.
[4] Il paraît, d’après
le scholiaste d’Aristophane, que ce fut Cléon qui fit porter l’indemnité des
juges à 3 oboles. Il a dû contribuer aussi au vote de la loi de 425 qui doubla
le tribut des alliés, élevé alors à 12 ou 1300 talents. Andocide, Sur
[5] Thucydide (III, 50) dit un peu plus de mille.
[6] Thucydide (III, 23) parle de glace qui, couvrant les fossés que la pluie avait remplis d’eau, se brisait sous les pieds.
[7] Les dieux ne
devaient pas voir un mort. Apollon, l’hôte d’Admète, s’éloigne lorsque Alceste
va mourir ; Artémis quitte Hippolyte avant qu’il expire : Adieu, lui dit-elle, reçois mon dernier
salut ; il ne m’est pas permis de voir un mort.
[8] Délos est aujourd’hui déserte et complètement dévastée. Depuis mille ans et plus, les habitants des îles voisines, Mykonos, Ténos et Syros, ont considéré ses monuments comme nue carrière. Ils ont brûlé les marbres les plus précieux pour en faire de la chaux (Lebègue, Recherches sur Délos). Cependant MM. Homolle, Hauvette, S. Reinach, etc., viennent d’y exécuter d’heureuses fouilles qui ont fait découvrir beaucoup d’inscriptions, de nombreuses sculptures et reconnaître les assises de plusieurs temples, celles aussi des magasins qui furent construits, quand, sous la domination romaine, Délos devint le grand emporium de la mer Égée.
[9] Dans l’Andromaque d’Euripide, jouée en 425, on trouve, contre Sparte, une explosion de colère ou le poète répondait à celle de ses auditeurs.
[10] Les Chevaliers furent joués au commencement de 424 ; les Acharniens avaient été représentés l’année précédente.
[11] Dès l’année 428,
les trésors des dieux et les réserves de l’État, moins les 1000 talents gardés
pour un cas extrême, étaient dépensés, et il fallait déjà que les
administrateurs des liens religieux fissent, à
[12] Thucydide, IV, 55 et 65.
[13] Aristophane montre dans les Acharniens (v. 760 et sq.), la profonde misère des Mégariens. Un d’eux vient vendre à Dicéopolis ses deux enfants pour une botte d’ail et un peu de sel.
[14] Ces mines d’or et
d’argent étaient très riches, mais ne rendaient pas tout ce qu’une exploitation
paisible aurait pu eu tirer à cause du voisinage des tribus belliqueuses des
Besses et des Satres (Cf. Hérodote, VII, 142 ; Appien, B. C., IV, 106 ; Heuzey, Mission
arch. de Macédoine). Celles qui étaient en exploitation régulière
appartenaient à des villes ou à des particuliers ; Thucydide en possédait à
Scapté-Hylé, et l’île de Thasos, qui n’est qu’à
[15] N’oublions pas que, d’après un des biographes de Thucydide, Cléon était l’auteur du bannissement de ce général. Quant à Aristophane, il avait eu de nombreux démêlés avec lui. Dans la comédie des Grenouilles, représentée bien longtemps après, en 405, il laisse échapper un mot qui expliquerait les animosités du parti oligarchique contre Cléon. Hercule avait volé les provisions de deux cabaretières ; l’une dit à l’autre : Va, appelle Cléon, notre protecteur, et Hyperbolos, que nous perdions ce misérable. Ainsi Cléon prenait, à Athènes, la défense des petits, système habituel aux démagogues. Un riche, dit M. Grote, sollicitait l’éloquence vénale d’Antiphon ; le pauvre implorait l’assistance gratuite de Cléon.