ACCIUS NEVIUS, ou ACTIUS NAVIUS, l’un des augures romains du temps de Tarquin l’Ancien. Ce prince, étant en guerre avec les Sabins, voulut lever quelques nouveaux corps de cavalerie ; mais Accius, secondé de ses collègues, s’y opposa. Dans la vue de décréditer leur art, Tarquin les fit paraître devant lui en public, et demanda à Accius si ce qu’il pensait alors pouvait s’exécuter. Accius, ayant consulté ses oiseaux, déclara que la chose était possible. Je songeais, reprit alors le roi, à couper ce caillou avec ce rasoir. — Essayez, lui répondit Accius, et si vous n’y réussissez pas, faites-moi punir comme vous le jugerez à propos. Le roi, selon Denys d’Halicarnasse, coupa le caillou avec tant de facilité, qu’il se blessa même légèrement à la main dont il le tenait. Ici, comme en plusieurs autres circonstances relatives aux premiers temps de Rome, les historiens diffèrent ; car Tite-Live prétend que le caillou fut coupé par l’augure lui-même. Quoi qu’il en soit, le peuple fut transporté d’admiration ; Tarquin renonça à son projet, et dès lors on n’entreprit plus rien sans consulter les augures. Accius Nevius disparut peu après cet événement, et les fils d’Ancus Martius accusèrent Tarquin de sa mort. Le peuple les livra au roi, qui, par clémence, par politique, ou peut-être d’après les témoignages de sa conscience, ne les punit point. Au reste, Tarquin fit dresser à Accius Nevius une statue d’airain, qu’on voyait encore à Rome du temps d’Auguste. Le rasoir et le caillou, preuves matérielles du prodige, furent enterrés près de 1à, sous un autel, devant lequel ceux qui servaient de témoins dans les causes civiles prêtèrent serment dans la suite. Quoique tous les écrivains de Rome aient parlé du caillou et du rasoir d’Accius Nevius, et que quelques Pères de l’Église, en admettant la vérité de cette aventure merveilleuse, l’attribuent à la magie, l’opinion de Cicéron est la seule qu’on puisse adopter. Regardez, dit-il, avec mépris le rasoir et le caillou du fameux Accius : tout ami de la sagesse n’a aucun respect pour ces fables. |